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« Si la nature nous a pourvus de deux yeux, c’est qu’auparavant elle avait créé les montagnes et que cela aurait été dommage de ne pas les voir. L’horizontalité étant rasoir à la longue – oh morne plaine ! – il était intéressant de convoquer la verticalité, c’est aussi ce qui a fait sens chez les cruciverbistes. »
À PROPOS DE L'AUTEUR
Initié à la lecture par Jean Vautrin,
Pierre Campagnolle a toujours été attiré par les textes qui ne laissent pas indemne, avec un vif intérêt pour la chose philosophique.
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Seitenzahl: 65
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Pierre Campagnolle
Pas dans la vie pour rigler
Couillonnades
© Lys Bleu Éditions – Pierre Campagnolle
ISBN : 979-10-377-5725-8
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Aux deux Yvette
Tac, tac, tac. La balle rebondit, tel le coucou d’une horloge sur la table de bois.
Coup droit. Revers. Revers. Coup droit. Le geste est celui d’un métronome. Le regard hypnotique ne lâche pas la trajectoire fulgurante du capricieux petit morceau de celluloïd.
C’est ainsi que, dans les années 80, j’ai connu Pierre Campagnolle, alors joueur de tennis de table de niveau international, discipline qui n’a rien à voir avec le ping-pong dont le seul but est de parier l’apéro les soirs d’été.
Pierrot était la vedette du sport-études du lycée Vaugelas de Chambéry. Champion de France juniors et bientôt champion d’Europe par équipes. Une épée. Un cador.
Je rêvais de devenir journaliste de sport et ce grand escogriffe tout aussi capable de mettre un masque pour mieux dormir que de dévisser consciencieusement toutes les vis des salles de classe avait la nonchalance stylée du mec qui cultivait de belles valeurs.
Il m’a expliqué le top spin. Je lui ai fait découvrir Springsteen.
On a grandi, rigolé, dragué, pleuré, couru, chanté ensemble.
On a même eu le bac.
Pierre a continué sa route jusqu’à ce qu’il glisse dans l’escalier qui mène vers les sommets du sport. Il en a gardé la culture et, sans acrimonie, le goût de l’effort. Il a migré plus au sud, dans le Languedoc et a construit sa vie, authentique exploit à notre époque, avec la femme qu’il a rencontrée au sortir de l’adolescence.
Pas tout à fait passé au ping-pong, il reste à bientôt soixante ans, une valeur refuge du tennis de table. Il a avancé à son rythme, à l’aise dans ce monde de brutes, lucide sur le sens de la vie. Loin, tellement loin, de la machine à gagner du lycée Vaugelas mais toujours aussi attachant.
Parfois, les potes de lycée disparaissent de votre univers. On les voit moins. On ne les entend plus. Pierre fait partie des gens avec qui, des années après, la phrase reprend là où on l’avait laissée, avec juste quelques cheveux gris sur les tempes en plus.
Un SMS. Pierre est devenu un homme moderne. Un mail. « J’ai écrit des couillonnades. T’en penses quoi… »
J’ai mis du temps à comprendre qu’il voulait que j’ouvre le bal et que je pose mes mots sur les siens.
J’ai lu. C’est drôle. C’est tendre. C’est corrosif. À l’image du garçon qui dans sa vie a aimé Borg, Dire Straits, Isabelle Martinet, Cioran, Dragan Surbeck, Desproges, Patrick Munier et a joué au tennis de table plutôt qu’au ping-pong.
Tac. Tac. Tac. Un mot. Une phrase. Ce ne sont pas des couillonnades, mon Pierrot. C’est juste une autre belle page de ta vie.
Yves Perret
Le rire est calorique, il est même hyper protéiné puisqu’il équivaut à un steak, mais qu’en est-il pour les végans ? Lorsqu’ils rient à gorge déployée, obtiennent-ils la même compensation en légumes et graines germées ?
Pour nous rendre la vie plus légère, ne boudons jamais une occasion d’actionner nos zygomatiques. L’existence étant ce galimatias tragi-comique, cela nous laisse la moitié de la journée pour nous dérider. Quant à la moitié tragique, rien ne nous empêche de la grignoter mais en certaines circonstances, la bienséance nous demandera de nous en tenir à un rire intérieur.
Quand tout fout le camp, que reste-t-il à part le salutaire pouffement ? Laissez-vous contaminer par les riants et les drôles, voyez où sont vos limites : chez le dentiste peut-être, quand il a démonté vos mâchoires et qu’il a été radin sur le liquide anesthésique ; ou quand les doigts sont restés coincés dans la porte, et là, votre hurlement ne peut être confondu avec un rire franc et massif.
J’ai un beau-frère surnommé la baleine qui ne manque pas une occasion de faire admirer ses fanons. N’hésitez pas à vous référer à des exemples de cocasserie, comme ce condamné trébuchant sur une marche menant à l’échafaud et s’écriant : ça commence bien !
Et que reste-t-il sur le faciès du bouddha quand il a tout évacué, souffrance, maladie, vieillesse, mort, comment je m’habille ce matin : un énigmatique sourire !
Vous prenez la vie au sérieux : vous allez être payé en retour.
Le rire est la politesse du désespoir ; mais oui, quand tout fout le camp, relativisez, vous n’êtes qu’un parmi la centaine de milliards d’individus à s’être succédé sur cette planète, faites dégonfler ce nombril hypertrophié, moucherons parmi les moucherons mais plutôt moucherons hilares !
Quel meilleur moyen pour contrebalancer l’inquiétude et l’angoisse ? Convenons que souvent, c’est quand même bien moins grave que si c’était pire, on croyait à tort être au bout de sa vie, un pied dans la tombe et l’autre sur une peau de banane…
Dites-vous qu’un Occidental à sa naissance aura comme principale tâche la gestion et maîtrise de son anxiété ; alors certes, ce n’est pas chose aisée, et les occasions de se prendre les pieds dans un verre d’eau ou de se noyer dans la moquette seront multiples, mais échangeriez-vous votre vie contre celle d’un Africain ou d’un Asiatique dont la principale tâche est la survie ? Quand en plus celui qui a tout tire la gueule, alors que celui qui n’a rien fait montre d’un sourire jusqu’aux oreilles ?
Résumons-nous : accueillez toutes les formes et couleurs du rire, du sou, du fou, du jaune, mais ne versez pas dans la vulgarité, ça déborde déjà de partout !
Ce n’est qu’après dix minutes d’essais-erreurs que j’ai trouvé la solution : la photocopieuse-imprimante-scan (mais pas cafetière) se charge par le haut ! J’avais beau approcher la feuille vierge et essayer de la rentrer en variant les angles, rien à faire : la sortie c’est la sortie ! Autant la mémoire peut être impeccable dans les domaines qui nous intéressent et dont l’utilité reste à démontrer (les villes hôtes des Jeux olympiques d’été depuis 1896, le nombre des symphonies de Wolfgang), autant elle nous joue des tours quand il s’agit de se frotter aux dernières technologies, pas si récentes que ça à la réflexion (on t’a montré plein de fois), mais quand ça veut pas, ça veut pas !
Comme le souligne à l’évidence le ton plus sel que poivre de ma toison crânienne, je suis resté à l’argentique, pas pris le virage du numérique. Pas réussi à surmonter le trauma de la fin des bonnes vieilles pellicules photos (tu verras, maintenant c’est génial, t’en fais autant que tu veux).
Oui mais moi ce qui me plaisais, c’était le côté unique d’une photo, resté un nostalgique de l’antenne-râteau. Pas emballé par la box et sa fibre (regarde ça marche pas, faut tout réinitialiser), bref, plus c’est dernier cri plus on enrage.