Secret de tombe à Paimpol - Bernard Kopka - E-Book

Secret de tombe à Paimpol E-Book

Bernard Kopka

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Beschreibung

À la mort de sa grand-mère, Freddy se retrouve confrontée à des secrets... qui refusent de se révéler.

La mort d’une grand-mère et un caveau familial que l’on ouvre pour l’enterrer, c’est logique. En revanche, personne n’aurait pu imaginer que l’on y déterrerait un passé vieux de plus d’un siècle, et certainement pas Freddy. Notre héroïne est toujours à Paris pour ses études en histoire de l’art. C’est elle qui va se trouver confrontée à ce passé refaisant surface, car cette grand-mère paimpolaise récemment décédée, c’est la sienne…
Des vieilles pierres qui ne veulent pas parler, la glorieuse époque des goélettes et des valeureux marins en partance pour la pêche en Islande et surtout, sa propre famille bretonne dont il va falloir mettre au jour tous les secrets : la tâche ne s’avère pas des plus faciles !
Paimpol, Côtes-d’Armor, 29 janvier 2015 : premier jour d’enquête…

Que va-t-elle trouver en creusant autour des ses racines ?

EXTRAIT

Paris – Mardi 27 janvier 2015 – En soirée
Freddy est triste… Sa grand-mère est morte… Celle qui s’appelait Adélaïde de Kermoisan, née Le Vaillant, venait de quitter le monde des humains à 14 h 20.
Et avec la disparition de mémé Adèle, comme Freddy aimait l’appeler, le plus ancien lien avec le passé venait de se briser définitivement, après s’être effiloché pendant plusieurs années… Des années où la mémoire, réduite comme une peau de chagrin, s’était effacée à la vitesse de l’éclair, laissant désemparés et désarmés tous ses proches, celles et ceux dont l’existence même avait fini par être gommée du jour au lendemain…
Elle avait emprunté la machine à remonter le temps, remonter son temps, celui la ramenant jusqu’à la source, un peu comme le saumon. Cette machine qui déplace le curseur dans l’autre sens, transformant tous les gens de son entourage en parfaits inconnus… parce que, à son instant présent, elle ne les avait pas encore rencontrés ou parce qu’ils apparaissaient comme elle ne les avait encore jamais vus…
Et mémé avait mis la barre très haut. Née le 19 février 1916, elle venait de s’éteindre à trois semaines de son quatre-vingt-dix-neuvième anniversaire, presque un nombre à trois chiffres : avis aux amateurs, le concours était lancé…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Bernard KopkaBernard Kopka est né en Lorraine en 1961. Il a passé sa jeunesse dans le village de Trieux. Après des études universitaires et une vie professionnelle dans l’industrie, il s’installe en Bretagne, à Saint-Brieuc, où il réside depuis presque cinq ans. Passionné d’art, d’histoire de France, de vieilles pierres et d’enquêtes, il signe ici son premier roman policier.

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Couverture

Page de titre

Cet ouvrage de pure fiction n’a d’autre ambition que de distraire le lecteur. Les événements relatés ainsi que les propos, les sentiments et les comportements des divers protagonistes n’ont aucun lien, ni de près ni de loin, avec la réalité et ont été imaginés de toutes pièces pour les besoins de l’intrigue. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant ou ayant existé serait pure coïncidence.

REMERCIEMENTS

Je remercie les personnes qui m’ont soutenu pendant toute la réalisation de mon travail et tout particulièrement Isabelle, pour sa patience et son écoute, ses précieux conseils et ses compétences, pour avoir été la première à y croire et à avoir donné l’impulsion par ses encouragements.

J’associe également Axelle, Catherine, Annie et Dominique pour la pertinence de leurs remarques, le temps consacré à la lecture et aux corrections et, bien sûr, pour nos échanges toujours constructifs.

I

Paris – Mardi 27 janvier 2015 – En soirée

Freddy est triste… Sa grand-mère est morte… Celle qui s’appelait Adélaïde de Kermoisan, née Le Vaillant, venait de quitter le monde des humains à 14 h 20.

Et avec la disparition de mémé Adèle, comme Freddy aimait l’appeler, le plus ancien lien avec le passé venait de se briser définitivement, après s’être effiloché pendant plusieurs années… Des années où la mémoire, réduite comme une peau de chagrin, s’était effacée à la vitesse de l’éclair, laissant désemparés et désarmés tous ses proches, celles et ceux dont l’existence même avait fini par être gommée du jour au lendemain…

Elle avait emprunté la machine à remonter le temps, remonter son temps, celui la ramenant jusqu’à la source, un peu comme le saumon. Cette machine qui déplace le curseur dans l’autre sens, transformant tous les gens de son entourage en parfaits inconnus… parce que, à son instant présent, elle ne les avait pas encore rencontrés ou parce qu’ils apparaissaient comme elle ne les avait encore jamais vus…

Et mémé avait mis la barre très haut. Née le 19 février 1916, elle venait de s’éteindre à trois semaines de son quatre-vingt-dix-neuvième anniversaire, presque un nombre à trois chiffres : avis aux amateurs, le concours était lancé…

II

Mercredi 28 janvier 2015 – Vers 14 heures

Incalculable semblait être le mot le mieux adapté pour être associé au nombre de fois que Freddy avait regardé le film Midnight in Paris de Woody Allen… Et imaginé à moult reprises sa rencontre avec Hemingway, dans une folle nuit parisienne… Pour que ces instants magiques se prolongent bien au-delà du générique de fin, elle avait sélectionné dans la liste de ses favoris Sydney Bechet et le titre Si tu vois ma mère. Elle baignait encore dans l’atmosphère du film et, les yeux rivés au plafond de sa chambre, les notes sortaient, tentant de chasser avec force cette tristesse qui l’avait envahie et s’était ancrée.

La sonnerie de son téléphone portable la ramena à la réalité.

— C’est Amélie…

— Coucou, ça va ?

— Oui… enfin presque… Je t’appelle parce qu’il y a un problème !

— …

— Comme papa ne s’est pas bien remis de son opération de la hanche, il m’a demandé de m’occuper des formalités pour l’enterrement…

— Et ?

— Je suis passée chez les Karadec pour déclencher les festivités, d’ailleurs Yann et Thibault t’embrassent, et c’est après que les ennuis ont commencé…

— …

— Oui, quand ils ont ouvert le caveau pour préparer l’arrivée du cercueil de mémé… eh bien… Il n’y a pas de place de disponible, bafouilla-t-elle, enfin, il n’y en a plus…

— Je ne comprends pas, c’est un caveau six places et il y a cinq occupants, rappela Freddy.

— Oui, sauf que s’il y a bien cinq noms gravés sur le marbre, dans le caveau, il y a six cercueils !

— Eh ben, merde, ne put s’empêcher de lâcher Freddy.

— Comme tu dis…

— Je vais venir plus tôt, annonça-t-elle. Normalement, il était prévu que j’arrive vendredi en voiture avec mes parents… Je vais avancer mon voyage d’une journée et venir en train. Je louperai mes cours…

— Super !

— Je regarde les horaires sur le site de la SNCF et je t’appelle pour te dire… Tu pourras venir me chercher demain à la gare de Saint-Brieuc ?

— Quelle question !

III

Saint-Brieuc – Jeudi 29 janvier 2015 – 10 h 05

Que dire du voyage entre Paris et Saint-Brieuc ? RAS. À part que Freddy a failli louper son train malgré son avance initiale… À trop tarder dans les couloirs du métro à Montparnasse, à se délecter avec les chants d’une partie des Chœurs de l’Armée rouge… Encore la faute des Russes !

Pour le reste, pendant le trajet, sieste matinale, images de mémé, musique, re-sieste, un DVD de L’Âge de Glace 8 ou 9, toujours des images de mémé et musique encore…

Avec ses écouteurs aux oreilles et sa valise roulante, sur le quai de la gare, Freddy mit un point d’honneur à terminer les dernières notes de la chanson en cours avant de rejoindre sa cousine. Et pour cause, Sultans of Swing…

— Salut, Freddy, lui lança Amélie depuis le haut des escaliers réservés à la zone « Arrivée ».

— Coucou, Amélie, ça va ? répondit sa cousine, concentrant ses ultimes efforts sur sa valise et les dernières marches à gravir avant de se retrouver à la surface.

*

Quelques bisous échangés et plein de blablas entre filles plus tard…

— Paimpol, tu préfères qu’on y aille par les terres ou par le bord de mer ?

— Je suis obligée de répondre à cette question ? demanda Freddy à sa cousine.

— Non, pas du tout, dit-elle, en mettant son clignotant pour quitter la N12 et longer la côte.

— Tu as fait bonne route ?

— Super, tant qu’on ne me demande pas de conduire le train… Vivement mi-2017 : Paris ne sera plus qu’à 2 h 15 de Saint-Brieuc par le TGV…

— Ouais, ça va être cool ! affirma Amélie, enjouée.

— Tu viendras plus souvent à Paris pour me voir ? demanda Freddy.

— Non, pourquoi ?

— Comme ça…

— Je suis contente que tu sois venue pour t’occuper de ce problème ! Tu t’en rends compte…

— Ben oui, c’est un truc de ouf ! Vous avez bien regardé ?

— Moi, non ! C’est Yann qui m’a appelée pour me le dire…

— J’y passerai en début d’après-midi. Les Karadec ont toujours leur marbrerie à côté du cimetière ?

— Oui, rien n’a changé…

— Il faut démêler cet imbroglio…

— Je te laisse faire. Moi, je dois m’occuper des fleurs, de l’article dans le journal, du permis d’inhumer en mairie et puis il y a encore autre chose… mais je ne sais plus quoi ! Ils seront en plus très contents de te voir… les Karadec !

— Moi aussi.

— Tu dors à la maison ? Je t’ai préparé une chambre.

— Non, je préfère dormir chez mémé, j’ai toujours la mienne, répondit Freddy.

— Sinon, tu vis la mort de mémé comment ?

— Beaucoup de tristesse, répondit Freddy, mais heureuse tout de même que son calvaire soit terminé. J’ai repensé à tout ce qu’elle m’a appris, des milliers de choses, comme les grandes marées et la pêche à pied… coques, couteaux, myes… les praires et les palourdes à Port-Lazo… sans parler de leur préparation, et aussi les algues… et puis les jours de tempête où l’on ne se parle plus, où seuls les yeux absorbent les images qui s’entrechoquent et où l’on finit par tout oublier, même ce que l’on ne savait pas. Mémé disait toujours : « Il faudrait être tout en haut d’un phare, perdu en pleine mer, à guetter et espérer cette vague capable de te submerger et te faire disparaître, pour renaître quelques instants plus tard dans une gerbe d’écume et de lumière… » C’était beau, ce qu’elle disait…

Lorsqu’elles arrivèrent sur place, Amélie tira sur le frein à main et appuya sur le bouton entraînant l’ouverture du coffre. L’option « sortie de valise » n’existait pas.

— On t’attend vers 12 h 30 pour le déjeuner…

IV

Il existe des métiers que des générations d’hommes d’une même famille ont pratiqués, parfois pendant plusieurs siècles et aux mêmes endroits. Les bourreaux, par exemple, avec la famille Sanson, pendant presque deux cents ans. À Paimpol, et depuis des temps immémoriaux, les Karadec sont fossoyeurs depuis toujours et même depuis avant toujours… Il semblerait que l’homme n’était pas encore arrivé sur terre que cette illustre famille bretonne enterrait déjà les premiers dinosaures !

*

Jeudi 29 janvier 2015 – 15 heures – À côté du cimetière Dunant

Freddy se tenait debout contre l’encadrement métallique de la porte d’entrée de la marbrerie Karadec et observait, dans un bruit infernal, les deux hommes en action à leur poste de travail. Thibault, l’aîné des deux frères, s’appliquait à surveiller la coupe d’un marbre sur une scie circulaire pouvant découper un autobus en deux. Yann, de son côté, effectuait une opération de ponçage devant assurer un effet “miroir” sur un granit labrador vert. Depuis que la science avait fait des progrès considérables et qu’elle augmentait chaque année la durée de vie des concitoyens, les Karadec, déjà du temps du père, avaient décidé de se diversifier. On trouvait ainsi, en complément des prestations de base, des plans de travail pour cuisines et bureaux, tablettes décoratives, dessous-de-plat, tables de salon et tables basses… en marbre ou en granit, de quoi faire un catalogue aussi épais et fourni que celui de “Manufrance”. Tout était bon pour rentabiliser l’entreprise familiale.

Que dire de ces deux hommes en pleine action, à part qu’ils culminent à 1,70 mètre pour 75 kilos chacun. Que le gras était en option et qu’ils ne l’ont pas pris, et qu’ils ne sont pas inscrits à la salle de fitness, celle qui vient d’être inaugurée en ville ! Qu’à l’heure où les gamins de leur âge grandissaient en apprenant leurs leçons et en s’amusant, eux creusaient des trous à la pioche et à la pelle et déplaçaient des brouettes de terre… Quand il ne s’agissait pas, pour ne pas user le pont roulant, d’aider le père et l’oncle à porter, à bras, des plaques de marbre…

Freddy les connaît depuis toujours. Thibault en tête est né l’année avant la sienne alors que Yann, son petit frère, celle d’après.

Elle profita d’une trêve du bruit au moment où les deux hommes arrêtèrent presque simultanément leur tâche en cours.

— Salut, les croque-monsieur, lança-t-elle en s’approchant pour les embrasser. Ça fait du bien quand ça s’arrête…

— La plus belle, annonça Yann, en la serrant dans ses bras.

— Tu m’en laisses un morceau, ne put s’empêcher de dire jalousement Thibault à son frère.

Après les traditionnels échanges à propos de la santé, de la forme et des formes de chacun, du fait que Freddy ne venait jamais les voir, que Paris, c’était bien mais que Paimpol, c’était mieux et d’autres reproches faisant penser à une chanson de Michel Delpech, le sujet sur le gril fut abordé.

— Alors, demanda Freddy, racontez-moi.

— D’abord, attaqua Yann, on veut que tu saches qu’on est désolés pour ta grand-mère. On la voyait encore régulièrement avant qu’elle ne tombe malade. Moins ces dernières années, c’est sûr, mais elle passait toujours nous voir à l’atelier ou au cimetière lorsqu’on y travaillait. On l’aimait beaucoup…

— Vous savez, c’est mieux comme ça, lança Freddy. Puis elle ajouta : une des dernières fois où je suis allée la voir, j’étais arrivée tout sourire et l’avais serrée longuement dans mes bras avant de l’embrasser… Et là, après l’étreinte, elle m’avait dit « bonjour, Madame »…, conclut Freddy, les yeux chargés, prêts à déverser des flots en cataracte.

Thibault attendit quelques secondes avant de reprendre le flambeau.

— On a appris son décès par ta cousine, qui est passée mercredi matin, pour qu’on fasse le nécessaire pour l’enterrement.

— Et donc dans la foulée, enchérit Yann, on a ouvert le caveau et là, surprise… On a découvert que la dernière place théoriquement disponible ne l’était finalement pas ! On a alors appelé Amélie pour l’informer…

— Et moi, j’ai pris le train ce matin à 7 heures, expliqua Freddy. On peut aller voir ?

— Sûr ! On n’a rien touché pour l’instant.

— L’enterrement, c’est demain vendredi, à 15 heures, rappela Freddy.

— On sait, répondirent presque en chœur les deux frères.

— Je ne vous cache pas l’angoisse lorsque ma cousine m’a téléphoné ! Les premières secondes, j’ai d’abord cru à une blague, aussi vraie qu’un 30 °C relevé un 22 décembre dans la rade de Brest…

Ils traversèrent le cimetière et arrivèrent devant l’une des deux tombes familiales. Yann précisa que, par erreur, il s’en était fallu de peu pour qu’ils ouvrent l’autre tombe des Le Vaillant et de Kermoisan, située à une dizaine de mètres de la première. Freddy se rappela les moments quand, petite et en vacances en Bretagne, sa grand-mère l’emmenait au cimetière pour l’entretien et pour fleurir les tombes, mais aussi pour parler à son mari qui s’y trouvait depuis 1966. Elles allaient aussi à pied, mais moins souvent car plus éloignés, aux cimetières de Lanvignec et Kergicquel, où l’on trouvait les traces les plus anciennes de la famille.

— Comme pour nous, ajouta Thibault, nos familles sont enterrées aux mêmes endroits.

— Je sais, répondit Freddy, on passait également sur les tombes des Karadec quand on faisait la tournée avec ma grand-mère et elle me racontait toujours qui était qui…

Les deux Karadec en retrait, Freddy se recueillit un instant devant cette tombe qui allait voir arriver pour l’éternité et à partir du lendemain, le cercueil de sa grand-mère. Une pierre tombale rectangulaire et plate, recouvrant toute la sépulture, et une stèle en trapèze couverte par un chapeau de gendarme et surmontée d’une croix portant un Christ se partageaient les inscriptions gravées relatives à la famille ainsi qu’une liste détaillée des occupants. L’ensemble en granit proposait sur sa semelle le nom de famille des artistes qui l’avait réalisé : « Karadec – 1901 »… Après avoir ôté les planches condamnant provisoirement l’accès frontal au caveau et grâce à une petite échelle en aluminium, le plus jeune des deux frères descendit à l’intérieur avec une lampe de poche et invita Freddy à le rejoindre : elle faillit prendre ses jambes à son cou ! Même dans les situations les plus graves, Yann gardait toujours un certain sens de l’humour.

Étage par étage, il annonça les noms des occupants se trouvant inscrits sur une plaque de laiton vissée sur chaque couvercle. Ainsi, Freddy et Thibault entendirent successivement les noms et prénoms des grands-parents de sa grand-mère au niveau le plus haut puis les parents et enfin, le cercueil de son grand-père. Avec les femmes rangées à gauche et les hommes à droite.

Au niveau deux, la présence, côté féminin, d’un cercueil anonyme !

Yann sortit sa tête du trou, l’air interrogatif, et Freddy prit la parole.

— On peut le sortir et voir ce qu’il y a dedans ? demanda-t-elle.

— Bien sûr, répondit Thibault, on le pose à terre et on déballe, comme à la braderie…

— On ne peut pas le ramener à votre atelier et regarder discrètement ?

— On a vachement le droit de se promener avec un cercueil sous le bras, répondit Yann, toujours avec sa tête à fleur de sol. Un permis d’exhumer, ça te dit quelque chose ?

— Et quand vous organisez une fête dans le cimetière le soir d’Halloween et que vous courez déguisés en vampire après les filles en hurlant, vous avez le droit ? Vous aviez une autorisation pour ça ? ajouta-t-elle pour enfoncer le clou.

— C’était il y a longtemps… ça ne compte plus, répondit Thibault sérieusement, laissant ensuite défiler dans sa tête pendant quelques secondes et avec le sourire le film associé à l’événement. Il y a prescription, se défendit-il, levant l’index vers le ciel avec une mine impavide, semblant s’adresser au président d’un tribunal.

— Tu crois ? J’ai pas l’impression… J’en fais encore des cauchemars, répliqua Freddy. Et j’avais quinze ans !

— On était jeunes, justifia Yann.

— C’est d’ailleurs ce soir-là que Pierrick était tellement bourré que vous l’avez couché dans le caveau de madame Legal, qui devait être enterrée le lendemain. Et qu’en plus, tu avais bouché le trou avec des planches et posé une pierre de dix tonnes dessus, ajouta Freddy en regardant Yann dans les yeux, le coupable. Le pauvre, quand on l’a récupéré le lendemain matin, il s’était fait dessus… Je suis sûre qu’aujourd’hui la tétanie n’est toujours pas passée ! Et vous aviez un permis d’inhumer pour faire ça ?

— Écoute, Freddy, annonça solennellement Thibault, il fait nuit avant 17 heures. On va sortir le cercueil et le ramener à l’atelier. Passe après 19 heures, on aura fini notre journée et on avisera.

— Ça me va, je vous laisse bosser. D’ailleurs, se reprit-elle, sans vouloir en rajouter, si ce cercueil s’est trouvé dans cette tombe, c’est qu’un Karadec l’a mis. Rien d’étonnant donc que ce soit un autre Karadec qui le sorte !

Puis, se retournant pour partir, elle conclut par un « à tout à l’heure ».

Faisant rapidement demi-tour après quelques pas, Freddy revint vers les deux frères et leur dit :

— C’est quand même bizarre, que l’on découvre seulement aujourd’hui la présence de ce cercueil, vous ne trouvez pas ?

— On s’attendait à cette question, répondit Thibault, et on a échangé sur le sujet avec mon frère. Après un laps de temps, il reprit. Les deux derniers arrivants ont été enterrés par notre père et, comme tu sais, il ne suçait pas que des glaçons… Il y a des fois où il ne trouvait même plus la porte d’entrée du cimetière alors, de là à s’interroger sur le nombre de cercueils dans un caveau… Tu m’as compris ?

Après un signe de tête, Freddy se remit dans le sens de la marche. Sortie du cimetière, elle rentra à pied au centre-ville, jusqu’à la demeure familiale ; le dernier lieu où sa grand-mère vivait encore avant qu’Alzheimer ne frappe à la porte, comme un vent glacial chargé d’embruns s’invitant dans une nuit d’hiver. En chemin, elle mit ses écouteurs et lança un best of d’Amy Winehouse qui commença par Our day will come.

V

À 19 heures précises, fredonnant Crocodile rock d’Elton John, Freddy arriva à la marbrerie des frères Karadec et Yann lui fit signe de se diriger vers le bureau, au fond de l’atelier. Juste à côté, dans un endroit à l’abri des regards, caché par une montagne de plaques de granit, le cercueil avait été déposé sur deux tréteaux métalliques…

Thibault dévissa successivement les fixations et fit glisser le couvercle, qu’il leva et posa contre le bardage du bâtiment. Le cercueil en bois, modeste et de simple facture, dévoila le corps d’une femme dans des habits de style 1900. La morte portait une jupe en deux nuances de grenat, l’une uni et l’autre en brocart, soie rehaussée de dessins brochés de fils imitant or et argent et assurant le contraste. Une veste à col et manches à volants décorés laissait apparaître un chemisier blanc ras du cou bordé de dentelles finement ciselées et ajourées. Ces cheveux étaient encore coiffés en chignon et l’état de conservation de son visage et ses mains semblait vouloir adresser un pied de nez à des dynasties de souverains égyptiens. Jointes sur son sternum, elles tenaient un paquet au format d’une demi-enveloppe, emballé dans un tissu. Tout en douceur, Freddy procéda à sa récupération. En prenant légèrement appui sur la cage thoracique, elle se rendit compte que cette dernière était en partie enfoncée, côté cœur, certainement écrasée. Sous les yeux des Karadec, qu’elle regarda successivement comme pour obtenir leur approbation, elle déboutonna le chemisier méticuleusement. En cercle autour du cercueil, tous constatèrent dans un silence monacal que sternum, côtes et cartilages étaient brisés, cause certaine de la mort. La suite de l’observation de la bière permit à Freddy de trouver également le long du corps de la défunte, calée et cachée en partie sous son bras droit et sous sa jupe, une boîte en bois de section carrée de dix centimètres de côté et de presque soixante centimètres de long. Aidée par Yann, Freddy la sortit délicatement. Elle vérifia ensuite le côté gauche, qui ne dévoila rien de plus. Avant de refermer le chemisier avec les mêmes soins, elle cribla la scène de photos, comme l’aurait fait un spécialiste de la police scientifique et technique. Pendant tout ce temps, aucun mot ne fut échangé par les trois protagonistes, la beauté éclatante de cette dame ayant fait oublier pendant quelques instants le côté macabre de la situation.

Yann proposa un café au bureau, que chacun prit comme une échappatoire, un moyen simple et efficace pour tous de refaire surface et d’aller respirer ailleurs.

Après quelques minutes dans un silence entrecoupé de bruits de cuillères qui s’ennuient et tournent en rond, Freddy déballa le contenu du tissu et découvrit deux négatifs sur verre. Elle les présenta successivement vers la lumière que le néon du plafond diffusait : l’un représentait la morte en pied, certainement dans la même tenue que celle découverte quelques instants auparavant et l’autre, l’intérieur d’une grande pièce, un château peut-être… En enlevant l’une des extrémités et en introduisant index et majeur dans la boîte en bois, elle réussit à extirper puis à faire glisser sur quelques centimètres une toile de peinture roulée sur elle-même. La montrant aux frères Karadec, elle annonça :

— Je terminerai de la sortir et regarderai tranquillement à la maison, en essayant surtout de ne pas l’abîmer ! Je vous dirai…

Là-dessus et d’un commun accord, le couvercle du cercueil fut revissé. Freddy reprit la parole.

— Ce que je vous propose, on laisse passer l’enterrement demain après-midi et, avant de refermer le caveau, vous remettrez le cercueil en le déposant au niveau le plus bas, en partie centrale, entre mémé et pépé !

— C’est la seule chose à faire, lança Thibault devant cette solution idoine, et en attendant, reprit-il, on le laisse ici sur les tréteaux.

— C’est l’affaire de moins de quarante-huit heures, conclut Freddy. De mon côté et avec les indices que je possède, je vais mener mon enquête pour tenter de trouver qui est cette dame et pourquoi elle se trouve là…

— Banco, dit Yann en prenant une bâche en plastique afin de couvrir l’ensemble et le dissimuler.

— Attends, laisse-moi faire encore quelques photos du cercueil avant…

Freddy s’en approcha et commença à intégrer dans la carte mémoire de son appareil les images de la bière.

En faisant la mise au point sur un agrandissement, elle constata un détail que les trois personnes n’avaient pas encore vu. Au pied du cercueil, il était gravé « Marcel Karadec – 1899 ».

— Marcel, c’était le frère de notre arrière-grand-père Baptiste. Ils étaient trois, Baptiste, Émile et le dernier, Marcel, expliqua Thibault.

— C’était le menuisier, c’est lui qui fabriquait les cercueils, compléta Yann. À la maison, on a encore ses rabots, ajouta-t-il fièrement.

— Marcel et Émile, dont leurs fils uniques respectifs sont morts en Islande avec un arrière-grand-oncle à toi… Je ne sais jamais le rang, rappela Thibault à Freddy…

C’est vrai qu’au cimetière de Ploubazlanec, sur le mur des disparus consacré à l’Islande et à Terre-Neuve, une plaque commémorative rappelait la disparition en mer de la goélette Marie-Louise en février 1905. Et avec elle, vingt-six membres d’équipage parmi lesquels les marins de Paimpol, Guillaume et Yves Karadec, et Loïc Le Vaillant. Naufrage parmi les naufrages, la Bretagne avait continué à payer un lourd tribut.

— Les deux seuls Karadec de la lignée qui ne voulaient pas exercer le métier de fossoyeur, conclut Yann, secouant la tête de rage, comme si l’événement s’était passé hier matin.

— Et même s’il y a eu la bénédiction des goélettes d’Islande à la mi-février, avant le départ, vous voyez où ça les a menés. Ils n’ont jamais revu la fin de l’été, surenchérit Thibault.

Freddy emballa minutieusement les plaques photographiques dans leur tissu de protection d’origine puis les rangea dans la poche intérieure de son blouson. Elle coinça ensuite sous son bras le tube en bois contenant la toile, embrassa les deux Chippendale, qui en attendaient bien plus, et rentra en ville.

— À demain après-midi, leur lança-t-elle en sortant de l’atelier, bonne soirée.

Freddy repassa chez sa grand-mère pour y déposer la toile et ne rien avoir à dire chez son oncle. Elle en profita pour prendre dans sa valise son pull à col roulé, qu’elle passa par-dessus sa chemise molletonnée et son Damart.

— C’est en juillet et en août qu’il fait très chaud en Bretagne, vingt-cinq degrés, rappela-t-elle fièrement puis rajouta, onze le matin et quatorze l’après-midi ! En attendant l’été, il s’agit de ne pas attraper la crève et rentrer malade à Paris…

VI

Freddy rentra du dîner de famille chez son oncle vers 23 h 30. Elle mit en marche le radiateur électrique afin de diminuer la froideur de cette pièce qui était sa chambre depuis toute petite, dans la grande demeure familiale de sa grand-mère. Compte tenu de sa journée et malgré une curiosité exacerbée, elle passa rapidement faire une toilette à la salle de bains et s’enfonça sous la couette pour y disparaître. Au programme du lendemain : arrivée des parents en voiture en provenance de Paris, théoriquement vers midi, repas de famille toujours chez l’oncle, église à 15 heures puis cimetière, brioches, spécialités bretonnes et café à la salle des fêtes à partir de 16 h 30, afin de recevoir toutes celles et ceux venus rendre un dernier hommage à la défunte et souhaitant échanger avec la famille. Et surtout, à partir de demain matin, le début de l’enquête : il fallait donc impérativement commencer par dormir…

Vers 8 h 15, Freddy sortit de sa léthargie mais traîna encore vingt bonnes minutes, le temps de mettre ses idées au clair et surtout, de pouvoir bouger sa carcasse et la sortir du lit. Le petit-déjeuner fut pris avec ce qu’elle trouva, se limitant à un café, dont les grains avaient dû être ramassés par ce gringo de Jacques Vabre, lui-même, et quelques gâteaux devant dater du siècle dernier.

Elle entreprit ensuite son analyse de la situation, en portant son attention sur chaque plaque de verre, commençant par celle représentant la grande salle. Malgré la difficulté liée au côté “négatif”, Freddy ne découvrit rien de plus, à part la présence d’un haut plafond constitué de poutres et d’une très grande cheminée en pierre sur l’un des deux murs visibles, cheminée dans laquelle un homme à cheval aurait pu presque se tenir. La loupe de mémé fut d’une grande utilité, la grande lampe articulée de bureau également. La vue représentant la morte, une femme élégante, confirma la même tenue que celle portée pour son ultime voyage, avec en plus d’un sourire radieux, un chapeau chargé de fleurs ainsi que la présence d’une ombrelle blanche tenue dans sa main gauche. Pour ces deux négatifs, il lui fallait absolument un tirage “papier”. Un coup de fil à un ami parisien lui permit d’apprendre qu’il s’agissait de plaques au gélatino-bromure d’argent, de la société Lumière, et qu’il pourrait les lui développer dans les deux jours suivant la livraison. Il lui précisa que, compte tenu de la dimension des négatifs de douze centimètres par huit, les tirages pourraient être d’une très grande qualité.

Freddy s’attacha ensuite à retirer méticuleusement de son logement en bois la toile, qu’elle fit glisser. En tentant de la dérouler, elle se crispa en constatant la difficulté et comprit instantanément le risque de dégradation qu’elle lui faisait courir. Avec la même attention, la toile retourna dans son abri et Freddy saisit son téléphone portable. Elle envoya un SMS à son amie du Louvre, Laure Descombes, pour lui expliquer qu’elle aurait besoin des compétences de son équipe afin de mettre à plat et sans dommage une toile enroulée depuis environ une centaine d’années. Elle précisa également qu’elle passerait dans le courant de la semaine prochaine pour la déposer.

Ce que Freddy avait globalement déduit, c’est que le cercueil intrus n’avait pu arriver qu’après l’installation du premier habitant dans le caveau. Et en l’occurrence, la première de ces messieurs-dames, c’était Berthe Le Vaillant, née Le Naour, grand-mère de mémé, née le 12 mars 1849 et morte le 9 novembre 1901. Et ceci même si la date gravée sur le cercueil était 1899 ! Quant aux vêtements Belle Époque de la défunte, ils situaient et confirmaient bien une période allant de la fin du XIXe siècle au début de la Grande Guerre…

Le timing des festivités du reste de la journée fut respecté, pratiquement à la lettre. Freddy revit pour quelques instants les deux Karadec au moment du café. Yann lui confirma discrètement que, dans la journée du lendemain, le cercueil de l’inconnue rejoindrait comme convenu le caveau des Le Vaillant avant fermeture définitive, et liquidation totale, précisa-t-il, avec son sourire Signal 2 au fluor. Freddy en profita pour annoncer qu’elle poursuivrait les recherches depuis Paris et qu’elle les informerait. Elle récupéra leur numéro de portable.

Opportuniste, Thibault prit les devants sur son frère en annonçant à Freddy que son appartement était très fonctionnel et bien chauffé et que si par hasard le vent de la solitude venait à souffler sur la demeure de sa grand-mère, lors de sa prochaine venue à Paimpol, c’est avec une joie non dissimulée qu’il pourrait l’héberger. Yann laissa son frère sortir sa tirade et ne dit rien, se contentant de dodeliner de la tête en pestant. Pour simple réponse, Freddy annonça que, la prochaine fois, elle serait sûrement accompagnée de son ami Brice et qu’elle ne manquerait pas de le leur présenter. Sur ce, Yann se vengea en terminant d’une seule bouchée un kouign-amann tout juste entamé. Il emboîta le pas de son grand frère, qui sortit de la réception complètement dégoûté de la vie.

*

Samedi 31 janvier 2015 – Vers 7 h 30

Dans la voiture la menant à la gare de Saint-Brieuc, Freddy se garda bien d’expliquer à sa cousine Amélie l’épisode de l’ouverture du cercueil et les indices trouvés. Elle se contenta de lui dire que ce dernier resterait dans le caveau familial et qu’elle allait chercher à comprendre…

À 11 h 17, Freddy remontait l’interminable quai de la gare Montparnasse pour récupérer la ligne 4 du métro. Trop longue, la rue de Rennes à pied avec une valise donc descente à Saint-Michel, et le reste tranquillement jusqu’à son studio du 55, rue de Seine.

Pendant le voyage de retour, Freddy avait eu le temps de lister les premières questions pour lesquelles une réponse était nécessaire :

« – Qui est l’inconnue du cercueil ?

– Pourquoi a-t-elle été assassinée ?

– Quand ?

– Qui l’a cachée dans le caveau familial des Le Vaillant et pourquoi ?

– Qui a déposé des indices dans le cercueil ?

– Où se trouve la grande salle représentée sur le négatif sur verre ?

– Pourquoi une photo de la morte ?

– Que représente la toile de peinture ? »

Sans compter toutes les questions qui allaient arriver au fur et à mesure des réponses trouvées…

Pour Freddy, le début du mois de février allait commencer sur les chapeaux de roues.

VII

Lundi 2 février 2015

Malgré un retour de Bretagne le samedi vers Paris, la suite du week-end n’avait pas permis à Freddy l’exécution du moindre travail. Perdue dans ses pensées et focalisée sur les événements de cette fin de semaine, elle n’arrivait pas à évacuer de sa tête la scène où elle avait vu disparaître le cercueil de sa grand-mère dans le caveau familial. Elle entendait encore, frottant sur les poignées et contre le bois de la bière, le bruit du glissement des deux cordes remontant à la surface et scellant ainsi le dernier acte. Et avec lui, cet instant où l’on prend définitivement conscience, car nos yeux l’ont vu, que l’être cher aimé dormira cette nuit et toutes les suivantes sous ce lopin de terre…

La nature a horreur du vide et ce n’est pas dans le studio de Freddy que la règle allait trouver sa première exception. Au cours des derniers mois, même le début d’un laps de temps n’avait pas été consacré à du rangement, et rigueur et austérité monastiques se devaient de pointer le bout de leur nez et s’imposer. L’objectif semblait donc de retrouver le côté sobre et dépouillé que ce lieu de vie n’avait jamais eu. Parti très tôt chez un client, Brice l’avait poussée le matin même à se changer les idées en rangeant un peu. Même le son n’arrive plus à se propager, lui avait-il lancé. Et c’est vrai qu’en écoutant l’album où l’on trouvait Instant Karma de John Lennon accompagné du Plastic Ono Band, elle approuva le fait que l’on entendait moins bien la musique : Brice ne semblait pas dire que des bêtises ! Elle passa donc le matin du lundi, ainsi que le début de l’après-midi, à déplacer des piles de livres et provoquer une transhumance de la poussière, ranger des feuilles volantes et des dossiers, et surtout chercher, ce qui prouvait la gravité de la situation, les deux négatifs sur verre qu’elle était sûre d’avoir posés là. Le problème était de savoir où se trouvait « là » ! N’étant pas dans une période de chance, comme frappée d’un anathème, elle se sentait vraiment capable de gagner à une tombola un billet pour une traversée allant de Southampton à New York sur un paquebot insubmersible de la compagnie White Star Line…

Vers 16 heures, après avoir pris le frais en marchant dans ce Paris épuisé d’espérer encore l’arrivée des beaux jours, elle monta à la station Saint-Michel dans une rame de la ligne 4 afin de se rendre jusqu’à Château d’Eau. Une petite rue perpendiculaire au boulevard de Strasbourg allait lui permettre de retrouver son ami Arnaud. Ce n’était pas tant le photographe qu’elle allait solliciter mais l’homme capable de lui développer les deux négatifs sur tirage papier.

— Comme je te l’ai dit au téléphone, rappela Arnaud en regardant les deux plaques, on peut faire des agrandissements qui permettent de révéler beaucoup de détails, compte tenu de leurs dimensions.

— Quel format me proposes-tu ?

— Je peux sortir les tirages en sept pouces par neuf et demi, ça fait dix-huit centimètres par vingt-quatre, précisa-t-il. Ça rentre dans un format A4 et c’est suffisamment grand. Pour la taille au-dessus, il te faut un porte-documents si tu veux les transporter, sinon tu les abîmes !

— OK, lâcha Freddy. Et tu peux me les faire pour quand ?