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Dans une autre critique, celle de la créolité, l’auteur a rappelé l’arrivée sur la scène culturelle et politique des personnages dont l’écrivain Édouard Glissant répond aux critères, annonce faite par Frantz Fanon, grand écrivain révolutionnaire martiniquais. En effet, Fanon, combattant pour la libération de l’Algérie, a fait remarquer que là où se trouve une nation, il doit y avoir une revendication nationale ; quand celle-ci ne se manifeste pas, nous tombons dans un état de confusion néo-libérale universaliste. Ainsi, l’auteur pense que Glissant, dont l’œuvre traite exclusivement de la colonisation, se sert de la créolisation qui conduira au Tout-monde comme artifice pour cacher la décolonisation indispensable des Antilles. Il commet donc cet ouvrage qui porte sur la comparaison grammaticale entre le créole des Antilles, celui de la Guyane et une langue de la côte ouest-africaine qui a fourni beaucoup d’esclaves.
À PROPOS DE L'AUTEURE
D’origine martiniquaise, Max-Auguste Dufrénot pense qu’il est grand temps de refuser le qualificatif de créole pour désigner la langue des Haïents, des Martiniquais, des Guadeloupéens, des Guyanais et habitants des Mascareignes ainsi que celle des Réunionnais. Pour cela, il a mené une étude profonde qu’il livre aux lecteurs dans cet ouvrage.
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Max-Auguste Dufrénot
Syntaxe africaine des langues « créoles » des pays antillais francophones
© Lys Bleu Éditions – Max-Auguste Dufrénot
ISBN : 979-10-377-5491-2
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Préface
Je dois, avant d’entamer cette étude, renouveler mes remerciements sincères et mes sentiments reconnaissants à deux de mes neveux par alliance, Éric et Yuku Aithnard. Ils m’ont, avec patience et toute la malice de leur jeune âge à l’époque de mon premier séjour estival au Togo, enseigné les rudiments de leur langue maternelle, le mina. Ils étaient encore à l’école primaire.
C’est à partir de la matrice qu’ils m’ont inculquée en 1966 que j’ai pu faire des progrès quelques années plus tard quand de 1972 à 1988 j’ai occupé les fonctions de professeur à la faculté de médecine, à l’École des assistants médicaux et à l’IUT de santé de l’université du Bénin, dans le cadre de la coopération française.
Ce livre se donne pour but d’apporter un éclairage sur l’apport africain dans la grammaire dite « créole ». Nous n’avons nullement l’intention de contester le travail important effectué par l’équipe du GEREC en Martinique et plus particulièrement de mon ami Jean Bernabé. Il a fourni un travail, en un sens, remarquable dans l’étude de notre langue. Il l’a codifiée dans sa thèse d’étudiant et dans une grammaire d’une remarquable justesse, rédigée avec la collaboration du Martiniquais d’adoption Pierre Pinalie.
Je l’avais reçu au Togo lors de la conférence des universités totalement ou partiellement de langue française ; étant professeur antillais, j’ai eu la charge de recevoir la délégation des Antilles-Guyane.
Je regrette simplement que leur travail n’englobe que le « créole » de Martinique, Guadeloupe, Sainte-Lucie et Dominique, en excluant un référant de plus de 10 millions de locuteurs qu’est l’haïtien ; mais ceci relève d’un autre débat.
Jean Bernabé a étudié le créole avec le bagage qu’il a reçu par sa formation. Il a reçu une formation française et il ne pouvait effectuer l’analyse qu’avec les outils que lui a fournis sa formation française. Toute son analyse sera donc le produit du filtre de ses repères français. Son travail sera juste, ses résultats et ses déductions seront pertinents ; mais il leur manque une autre dimension, provenant d’un regard non français, mais africain.
Et cela nous rappelle la pertinence de l’ancien secrétaire général de l’UNESCO, Ahmadou Matar Mbow, qui préconisait que pour explorer la culture antillaise il fallait des équipes mixtes formées d’Antillais et d’Africains.
L’analyse des chercheurs du GEREC serait complète si le « créole » était un dérivé du latin comme le français ou l’espagnol ; mais il se trouve que le « créole » est une langue complexe, composite selon la dénomination d’Édouard Glissant, qui dérive de l’interaction des populations en présence dans la colonie sous l’esclavage.
Étaient présents dans la société esclavagiste les maîtres européens et les esclaves descendants d’Africains. Il est donc logique que l’on trouve dans le créole des éléments africains à côté des éléments européens.
Mais la question qui vient spontanément à l’esprit est de savoir vers quelles langues se pencher ou plutôt, quelles langues africaines ont marqué notre créole.
Pour nous embrouiller davantage et nous décourager à chercher où que ce soit, l’on nous a appris que les esclaves sur un même territoire provenaient de toute l’Afrique et que par conséquent les nègres étaient incapables de se comprendre entre eux.
Il nous faut dans un premier temps essayer de rétablir la vérité en nous penchant nous-mêmes sur ce qui nous concerne :
Nous avons dans un premier récit sur nos ancêtres africains, démontré la fausseté de cette assertion.
En effet plusieurs travaux et en particulier ceux du sociologue brésilien Arthur Ramos, qui a écrit un livre important intitulé Cultures noires dans le Nouveau Monde, nous ont appris que les différentes îles sont marquées du sceau d’ethnies différentes qui correspondaient à la provenance des différentes cargaisons. Ces cargaisons variaient en fonction de la nationalité des trafiquants.
Ce n’est pas attenter à l’honneur de la France que de reconnaître que ce pays n’était pas le plus fort à l’époque de la traite dans la navigation. Les Français exploitèrent la Côte des esclaves et ensuite le Congo.
Nous avons repris une liste d’esclaves débarqués dans les premiers voyages en Guadeloupe ; ils avaient bien leur nom ; ceci est rapporté par l’abbé Germain dans son livre de géographie. Ils n’étaient pas encore créolisés et débaptisés.
En voici la liste avec leur provenance d’après leurs noms, et la signification de leur nom adja-éwé :
Il s’agit de quarante-quatre noms provenant du premier recensement en Guadeloupe en 1664, cité dans la grammaire créole de l’abbé Germain.
Sur ces quarante-quatre esclaves, sept portent des noms français ou francisés : Bonheur, Dumoulin, Glaude, Maquerel, Mathurin, Péculard, et un Thomy. Anglais ?
Ces esclaves sont visiblement débaptisés et rebaptisés, on ne peut pas trouver leur appartenance sauf au vu des signes de cicatrices ethniques sur les visages qui ne nous sont pas décrits. Il reste trente-six esclaves, tous avec des noms africains ; sur les trente-six, je reconnais dix-huit noms adja-éwé. En effet, les noms et pseudonymes ont un sens en Afrique ; ce sont des sociétés orales où l’état civil s’établit différemment qu’en occident.