Tatianna, la chasseuse blanche - Tome 1 - Stéphane Chauvin - E-Book

Tatianna, la chasseuse blanche - Tome 1 E-Book

Stéphane Chauvin

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Beschreibung

Tatianna, une magicienne immortelle maudite depuis ses seize ans, chasse les mages noirs pour essayer de se libérer de sa malédiction. En arrivant dans un lycée de la banlieue de Tokyo, elle découvre qu’elle est bien plus que cela et trouve l’amour d’une famille, elle qui est seule depuis si longtemps. Suivez Tatianna dans ses aventures et son combat contre le dieu du mal, son pire ennemi…


À PROPOS DE L'AUTEUR


Geek et otaku, Stéphane Chauvin se passionne pour le Japon, les jeux vidéos et la culture populaire. S’inspirant de son vécu et de ses expériences, il place la magie de son héroïne dans un monde qui pourrait être le vôtre.

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Stéphane Chauvin

Tatianna, la chasseuse blanche

Tome I

Fragments de lumière

Roman

© Lys Bleu Éditions – Stéphane Chauvin

ISBN : 979-10-377-8501-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes sœurs, sans qui ce livre n’aurait jamais vu le jour.

Introduction

Je m’appelle Tatianna. Bien que je paraissais être une fille ordinaire, une lycéenne qui vivait seule, j’étais en réalité une chasseuse. Quand j’avais 11 ans, un sorcier voulut se marier avec moi, car j’étais soi-disant l’héritière de pouvoirs magiques immenses. Mes parents refusèrent, alors le sorcier les tua. Ils me permirent malgré tout de m’enfuir. Ne pouvant m’obtenir de gré ou de force, il me lança une terrible malédiction. Il me fit don de la vie éternelle afin que je voie mourir tous ceux avec qui je pourrais me lier d’amitié ou d’affection. Il me rendit aussi incontinente et contrainte de porter à jamais une couche scellée. Elle servait à recueillir mes excréments sans que je ne puisse rien faire. Ne pouvant pas sentir quand je faisais mes besoins, un sort s’activait dans la couche toutes les 6 heures pour me nettoyer. Il crut ainsi m’infliger une honte et un châtiment perpétuel.

Malgré tout ce que j’avais subi, un jour, mes pouvoirs apparurent. J’étais donc devenue chasseuse de sorcier, devenant son ennemie mortelle. Cela faisait 250 ans que je le traquais, lui et ses semblables maléfiques. Même si je devais perdre mon immortalité, même si je devais en mourir, je le tuerai, car c’était le seul moyen de me délivrer de cette prison éternelle.

Je n’avais jamais eu le moindre contrôle sur cette chose. À chaque fois que le sort se déclenchait, une rune apparaissait sur la couche. J’étais alors à nouveau propre, puis je ressentais une brusque bouffée de plaisir sexuel. Étant condamnée à rester vierge, je supposais que c’était pour me tourmenter. J’essayais de ne pas y faire attention et de me concentrer sur ma traque…

En revanche, je devais encore éclaircir bien des énigmes. Comme mes propres pouvoirs, mes parents n’en avaient pas. En attendant, je chassais les mages noirs en essayant de faire le bien autour de moi… sans jamais me lier à qui que ce soit. Même si quelqu’un de bien pouvait comprendre, c’était trop dur pour moi de perdre des êtres chers. Je restais donc seule… à jamais.

Du fait de mon immortalité, j’avais grandi jusqu’à avoir 16 ans environ, puis mon corps se figea pour toujours. Je devais toujours boire et manger, car sinon je souffrais énormément même si je ne pouvais pas mourir. Ainsi, j’avais vu le monde changer et devenir « moderne ». Pour la première fois, aujourd’hui, j’allais au lycée, car j’avais découvert qu’un des professeurs était peut-être un valet de celui qui m’avait maudite. J’avais un peu peur, car si jamais on découvrait ce que j’étais ou même simplement si l’on voyait ma couche. Ce que j’ignorais en revanche, c’est que ce jour-là, mon histoire allait réellement débuter…

Chapitre 1

La rentrée des classes

Je me rendis donc au lycée. C’était la première fois que je me retrouvais avec autant de monde autour de moi. Sur un tableau à l’entrée, la répartition des classes était affichée. Je m’étais inscrite en classe de seconde, vu mon âge apparent. Je vis que j’étais dans la classe de seconde deux. Un peu stressée, j’allai me ranger avec les autres élèves. Le lycée où j’étais répartissait les élèves en classe de vingt personnes. Autant de filles que de garçons. Dans le rang, je me sentis bizarre. Plusieurs de mes camarades me dirent bonjour, mais je fus incapable de leur répondre. Ils pensèrent sûrement que j’étais très timide. L’espace d’un instant, je croisai le regard d’une autre fille de ma classe. Elle me regardait intensément, comme pour me jauger. J’avais pour habitude de me méfier de tout le monde. Ayant la faculté de détecter la magie noire à distance, je m’assurai qu’elle n’était pas sorcière. Mais je ne sentis rien. Elle continua de me dévisager jusqu’à ce que notre professeur principal arrive. Il se présenta, puis nous demanda de le suivre jusqu’à notre salle. Dans le couloir, les autres élèves discutaient avec ardeur. Le numéro de notre classe 2-2 était marqué en haut de la porte. Je rentrai dans la classe, une salle de cours typique d’un lycée. Le professeur nous invita à prendre place et à faire silence. Je choisis une place près de la fenêtre, me disant que je serais plus à l’aise si j’avais besoin d’air. Le professeur se présenta à nouveau, puis nous demanda de tous nous présenter à notre tour. Quand ce fut mon tour, je me levai, un peu gauche, puis avec une voix chevrotante :

« Je m’appelle Tatianna et je viens de Tokyo (ma fausse identité). Je vis seule, car mes parents sont loin d’ici. »

La fille qui m’observait ne rata rien de mon intervention. Le professeur remarqua :

« Voici une élève très timide, je compte sur vous pour la mettre à l’aise. »

Le tour de classe continua, puis ce fut le tour de la fille qui me regardait avec insistance.

« Je m’appelle Océane, je viens d’Osaka, mes parents sont pécheurs et j’aimerais devenir chercheuse en océanographie. »

Une fois que tous les élèves se furent présentés, le professeur reprit :

« Bien, nous allons commencer par vos emplois du temps, puis les tâches administratives. Je sais que ce n’est guère amusant, mais c’est nécessaire. »

Notre programme était chargé, des cours cinq jours par semaine et deux samedis par mois. J’espérais que cela n’interfère pas avec mes autres « activités ». Une fois que les papiers et autres tâches administratives furent achevés, le professeur distribua les livres de cours puis la cloche de midi sonna.

« Nous nous retrouverons à 13 h, bon appétit à tous. »

Je m’étais préparée à manger pour ne pas avoir à aller à la cantine. Je choisis de m’isoler sous un arbre au fond de la grande cour. Mangeant seule, je levai le nez pour voir qu’Océane m’observait toujours, je me suis dit :

« Mais que me veut-elle ? Je ne sens aucune magie chez elle, mais c’est comme si elle connaissait mon secret. »

Soudain, elle prit dans sa poche un petit carnet, puis y nota quelque chose. Ensuite, elle détourna enfin les yeux. Respirant enfin, je pus finir mon repas. Le reste de la pause, j’observais les autres élèves discuter et jouer dans la cour. Je me demandais si ma vie serait aussi insouciante si je n’avais pas été maudite comme je le suis. Tout en observant, j’essayais de détecter si quelqu’un dans l’établissement portait de la magie noire en lui, mais je ne sentis rien de probant.

« Est-ce que ça va ? »

Surprise, je me retournai, une autre élève de ma classe s’était glissée derrière moi.

« Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur. Mais j’ai remarqué que tu étais mal à l’aise et que tu regardais tout le monde un peu bizarrement.

— Je…
— Tu es vraiment très timide. Si tu n’as pas écouté tout à l’heure, je m’appelle Eliane et je suis originaire d’Asahikawa.
— Tu… es d’Hokkaido ?
— En effet, mais je suis venue à Tokyo pour mes études. Dis-moi, pourquoi restes-tu toute seule ?
— Je… n’aime pas parler aux autres. Je suis comme ça. Excuse-moi, je dois aller… aux toilettes.
— D’accord, j’espère que nous pourrons être amie, je te trouve fort sympathique. »

Je partis, me rendant aux toilettes. Une fois à l’intérieur, je regardai ma montre, c’était l’heure. Ma couche s’activa et je sentis une nouvelle fois cette bouffée de plaisir. Puis je me mis à pleurer, ce que cette fille m’avait dit m’avait touchée. Pourquoi le destin m’avait-il condamnée à ne pouvoir me lier avec personne ? Puis la cloche sonna.

De retour en classe, je fis mon possible pour faire bonne mesure. Le premier cours fut un cours d’histoire. Notre professeur était une jeune femme à la voix fleurie. J’appréciai particulièrement ce cours, car j’avais vécu ce qu’elle racontait : l’expansion japonaise avant la Deuxième Guerre mondiale. Elle fut surprise quand, posant une question difficile, je répondis à la volée sans même réfléchir.

« Eh bien, voilà une élève très douée en histoire. Tu dois être passionnée pour savoir tout ça sans même avoir eu le temps d’apprendre ton livre.

— Merci… madame. »

La fin des cours sonna puis Eliane vint me dire bonsoir :

« Je ne voudrais pas t’embêter à nouveau, mais mon amie Océane voudrait que je te donne ceci. »

Elle me tendit un morceau de papier, puis me souhaita bonne soirée. Ne sachant pas pourquoi, je notai un ton malicieux dans sa voix. Je pris le papier plié en quatre, puis j’attendis d’être seule dans le couloir pour l’ouvrir. Mon cœur s’arrêta de battre quand je le lus :

« Je connais ton secret, tu es une magicienne avec de très grands pouvoirs. Je parie aussi que tu es immortelle. Mais te connais-tu vraiment ? Sais-tu vraiment ce que tu es ? Viens me rejoindre ce soir dans la salle informatique du troisième étage, si tu veux comprendre. »

Je n’arrivais plus à respirer, comment une fille qui n’avait aucun pouvoir pouvait savoir ce que j’étais ? Et pire que ça, il y avait une rune de dessiner sous le message. Ce n’était pas celle de ma couche, mais celle qui apparaissait sur mon front quand j’activais mes pouvoirs pour me transformer et me battre. Ne sachant que faire, je pensai à prendre la fuite et à ne jamais revenir. Mais quelque chose me disait que c’était peut-être enfin une chance de comprendre ma vie, les choses que mes parents n’avaient pas eu le temps de m’expliquer avant de mourir. Je regardai à nouveau l’heure, dix-huit heures trente, le soleil baissait à travers les fenêtres.

Sans vraiment l’avoir décidé, je me dirigeai vers les escaliers puis je montai au troisième étage. Je ne connaissais pas encore cette partie du lycée. Je n’étais pas venue pour la visite de prérentrée. À tout instant, j’étais prête à activer mes pouvoirs pour me défendre. Je trouvai la salle informatique un peu plus loin. La porte coulissante était entrouverte et la lumière allumée.

Je fis un bond en arrière quand Eliane ouvrit la porte à la volée.

« Tu es bien peureuse pour quelqu’un d’immortel !

— Mais, mais comment ?
— Ne t’inquiète pas, nous t’avons fait venir ici pour te dire ce que nous savons.
— Vous ?
— Oui. »

Derrière, il y avait Océane et une fille d’une autre classe que je ne connaissais pas. Je tenais à peine sur mes jambes.

« Allons, calme-toi. Viens, nous avons fait du thé et Sélène a apporté des cookies.

— Je n’arrive pas à y croire, comment savez-vous ?
— Je te promets de tout t’expliquer, mais je t’en prie calme-toi, à moins que ce ne soit ta malédiction qui t’en empêche ?
— Je, non, ce n’est pas ça.
— Alors, rentre, ce que nous avons à te dire va changer ta vie. »

Elles savaient même pour ma malédiction, je ne pouvais pas y croire. Elle me rattrapa alors que j’allais tomber. Elle me porta gentiment dans la salle puis m’assit dans le fauteuil du bureau du professeur. Océane ferma la porte, puis elles regroupèrent trois chaises autour de moi. L’autre fille, Sélène, servit le thé et les gâteaux. Visiblement, elles attendaient que je me calme. Chez aucune de ces filles, je ne sentais la moindre trace de magie noire, aucune magie du tout. Je me suis dit que sans magie, elles ne pourraient rien contre moi. Je me calmai un peu.

« Bien, je pense que les présentations sont déjà faites, dit Océane. Maintenant, j’ai une question à te poser : quel est ton élément ?

— Mon élément ?
— Doucement, laisse-lui le temps de souffler, ça a dû être un sacré choc.
— Ok, mais on va y passer la nuit à ce rythme.
— Tu es pressée ?
— Non, tu le sais bien. »

Elles rigolèrent. Je remarquai que Sélène n’avait pas dit un mot depuis que j’étais là. Je me décidai à leur parler.

« Que… que veux-tu dire par mon élément ?

— Enfin, elle parle. Je voulais dire quel type de magie tu utilises quand tu te transformes, quand tu te bats.
— Je… ma magie a toujours été faite de lumière, de lumière pure. Je peux en faire ce que je veux, arme, bouclier, projectile, sort et même guérison de moi ou des autres. »

Elles se regardèrent, puis Océane dit :

« Impossible, c’est elle, enfin.

— Mais enfin, allez-vous me dire ?
— On dit qu’une image vaut mieux qu’un long discours. Nous allons te montrer. »

Ma vie allait effectivement changer ce jour-là et plus que je ne l’imaginais.

Chapitre 2

Un drôle de club

Océane, Eliane et Sélène se levèrent. Se plaçant au centre de la pièce, chacune commença une incantation. Je ne pouvais pas détacher mes yeux du spectacle qui suivit.

« Déesse de l’eau, je t’invoque, dit Océane.

— Déesse du feu, je t’invoque, dit Eliane.
— Déesse de l’air, je t’invoque, dit pour la première fois Sélène. »

Elles se transformèrent alors toutes les trois en chasseuses de mages, comme moi. Chacune avait une rune sur le front. Une armure de la couleur de leur élément et une arme dans leur main, différente pour chacune. Un fouet pour Océane, une épée pour Eliane et un arc pour Sélène. Soudainement, je ressentis une formidable aura magique, mais une aura de pure magie blanche. Puis, fermant les yeux, elles reprirent leur forme de jeunes lycéennes normales.

« Je, non, c’est impossible.

— Croyais-tu vraiment que tu étais la seule dans ton cas ?
— Je n’y avais jamais réfléchi, je n’avais jamais rencontré d’autres chasseuses comme moi.
— Comment nous as-tu appelées ?
— Chasseuses, pourquoi ? C’est bien ce que nous sommes ?
— Tu es bien loin du compte…
— Laisse-la se remettre de ses émotions, elle sait qu’elle est en sécurité avec nous, c’est ce qui compte. Prenons le thé. »

Elles se rassirent autour de moi. Je regroupai mes pensées, comment ces trois filles pouvaient être comme moi ? Elles en savaient bien plus sur moi et mes pouvoirs.

« Du sucre ?

— Heu ?
— Tu veux du sucre dans ton thé ?
— Heu, non, merci, je le bois sans sucre. »

Elle déposa une tasse devant moi, puis servit les autres. Je bus un peu puis d’une voix tremblante :

« Allez-vous enfin m’expliquer ?

— Nous allons tout te dire, tu es bien plus qu’une chasseuse, Tatianna, tu es une déesse. »

J’avalai ma tasse de travers et m’étranglai.

« Tu pourrais y aller mollo !

— Il faut bien commencer quelque part.
— Une… une quoi ?
— Une déesse, et sans doute la plus puissante d’entre nous.
— Attendez, vous êtes en train de me dire que je suis une… une divinité ?
— En effet, maintenant écoute-moi attentivement, tu es une déesse qui a été envoyée sur Terre par ses parents divins à sa naissance et ce dans le but de combattre le seul dieu qui a été banni du royaume céleste, Chaos, le dieu du mal et tous ceux qui lui sont fidèles, mages noirs, sorcières, démons, créatures de la nuit, etc.
— Mais… j’avais des parents humains. Je me souviens très bien d’eux. Ils m’ont sauvée d’un sorcier malfaisant.
— Et je parie que c’était il y a 250 ans.
— Oui.
— Tes parents n’ont pas dû t’expliquer comment ils t’ont trouvée. Ou ils n’en ont pas eu le temps.
— Quoi ?
— Notre histoire à toutes les trois est la même. Nous avons cru être nées comme des humaines normales, mais le jour de nos 16 ans, nos parents nous ont dit qu’ils nous ont en réalité trouvées là où ils travaillaient, en mer pour moi, une forge pour Eliane et un moulin à vent pour Sélène. Ils voulaient que nous ayons une enfance normale. Ils nous remirent à toutes trois une plaque gravée de runes qu’ils avaient trouvées avec nous. Gravées d’une langue indéchiffrable pour eux, nous, on pouvait les lire sans même l’avoir apprise. C’est comme ça que j’ai appris que j’étais la fille de la déesse de l’eau et du dieu de l’océan. Eliane est la fille de la déesse du feu et du dieu des volcans, quant à Sélène, elle est la fille de la déesse de l’air et du dieu des tempêtes.
— Impossible ! Je ne peux pas y croire.
— Tes parents sont sûrement morts avant de te révéler tout ça. Ta plaque a dû être perdue ou volée par le mage noir. Nos pouvoirs se sont révélés aussitôt que nous avons été en danger pour la première fois. Pour ma part, j’ai protégé mes parents terrestres aussi longtemps que je le pouvais, mais étant immortelle, ils finirent par mourir de vieillesse. Ce n’est que bien des années plus tard que je rencontrai Eliane puis Sélène et enfin toi.
— Alors mon immortalité n’est pas une malédiction. J’ai toujours pensé que le mage noir m’avait fait ça pour que je voie mourir tous ceux avec qui je pourrais me lier.
— On dirait un mythe grec. Aucun mage noir n’a assez de pouvoir pour rendre quelqu’un immortel. C’est plutôt eux qui prolongent leur vie en faisant le mal. Être immortel n’empêche pas de se lier d’amitié avec des mortels même si je reconnais que c’est dur de les voir partir. Perdre tes parents comme ça a dû te traumatiser et je le comprends. »

Je ne savais que penser. Toute ma vie, j’avais cru que j’étais simplement une magicienne prise au piège d’une malédiction, en parlant de malédiction :

« Et pour ma malédiction ?

— C’est Chaos, le dieu du mal qui se vengea de nos parents célestes le jour où il apprit qu’ils nous avaient envoyées sur Terre pour le combattre. Je suis incapable de dormir. Eliane ne peut pas toucher de métal sans le faire exploser et Sélène ne peut pas parler sauf quand elle utilise ses pouvoirs. Et toi, quelle est-elle ?
— Vous allez vous moquer de moi.
— Je jure sur ma mère céleste que non. »

Je relevai alors ma jupe d’étudiante et les trois virent ma couche entre mes jambes. C’était la première fois que je la montrais à qui que ce soit.

« Une couche ?

— Oui, elle est scellée sur moi depuis que j’ai 16 ans. Je suis incontinente et toutes les six heures, elle me nettoie et me donne du plaisir sexuel sans que je ne puisse rien y faire.
— Je reconnais bien là la perversité de Chaos.
— Mais si ce n’était pas mes vrais parents, qui sont-ils ? De quels dieux suis-je la fille ?
— Suivons la logique : il existe cinq éléments dans la nature, le feu, l’eau, la terre, l’air et la lumière.
— Je suis donc la lumière.
— En effet, tu dois être la fille de la déesse suprême, Création, celle qui créa le monde physique et la lumière et de Arcanes, son mari, créateur de toute magie blanche et du royaume céleste. »

J’en avais mal au crâne. Moi, une déesse, fille des deux plus puissants dieux qui soit. Je voulais bien que ma magie soit puissante et m’avait permise de vaincre plusieurs sorciers, mais de là à penser…

« Je sais que cela fait beaucoup de choses à assimiler. Prends ton temps, nous ne sommes pas pressées, tu t’en doutes.

— Mais comment m’avez-vous ? Enfin, les chances qu’on se rencontre sont minces.
— Pour attirer les deux autres déesses qui devaient être sur Terre, nous avons créé ce club un peu particulier, le “club des illuminées”. Tu reconnaîtras le sens de l’humour d’Eliane. Puis, nous avons fait courir la rumeur qu’un mage noir se cachait parmi les profs. Nous savions qu’un jour ou l’autre, cela marcherait et tu es arrivée. Tu as dû le remarquer, nous sentons la magie blanche comme noire, c’est comme ça que j’ai su qui tu étais.
— Mais je ne vous ai pas senties du tout.
— Normal, nous avons appris à cacher nos auras, mais pas toi apparemment.
— Et la fille de la Terre ?
— Nous ne l’avons pas encore trouvée. »

Je me sentais étrange. Je ne savais que penser. Tout ce que ces filles m’avaient dit était parfaitement logique et en même temps complètement absurde.

« Mais si vous êtes immortelles, comment cachez-vous ?

— Le fait de ne jamais vieillir ? Sélène est experte en magie mentale, dès que quelqu’un se doute de quelque chose, elle le manipule pour qu’il oublie tout. C’est comme ça que cela fait plus de 60 ans que nous sommes dans ce lycée sans que personne ne se doute de rien. C’est juste barbant de se taper la même rentrée chaque année, mais c’est la meilleure couverture qui soit. Voilà, tu sais tout maintenant. »

 

 

 

 

 

Chapitre 3

Faisons équipe !

 

 

 

La nuit était tombée sur le campus. Seule la salle informatique restait allumée. Les profs savaient que le club des « illuminées » y restait tard le soir. Des élèves un peu atypiques ou surdoués qui avaient besoin d’un lieu où se réunir. Personne ne se formalisa que le club n’était composé que de trois personnes chaque année. Je pensai :

« Mais alors, mon vrai prénom, je ne le connais même pas.

— Bien sûr que si, nos parents terrestres choisirent nos prénoms, sûrement inspirés par nos parents célestes. Tu t’appelles Tatianna, ce qui signifie “fée”, quel magnifique prénom pour la fille de la déesse de la lumière.
— Je ne peux… peux pas y croire, je…
— Écoute, tu as bien vu nos runes sur nos fronts. C’est le symbole des dieux. Nous n’avons pas choisi d’être des déesses, mais c’est ainsi, et crois-moi, ce fut dur à accepter le jour où j’ai compris tout ça.
— Et cette histoire de Chaos ?
— Chaos est le dieu du mal et de la destruction. Au moment de la création de l’univers par Création et Arcanes, il régnait sur le néant. Création, dans sa grande bonté, l’invita à se joindre aux dieux dans leur royaume. Elle pensait sûrement pouvoir le convertir au bien, mais ce fut tout le contraire. Il cherchait en permanence à détruire ce que tes parents avaient créé. Finalement, les dieux le bannirent de leur royaume et il tomba sur Terre, le royaume des mortels. Il créa alors “les enfers”. Son royaume souterrain de substitution. Depuis, ses forces infiltrent le royaume mortel dans le but de trouver un moyen de détruire la création et les dieux. Nous pensons qu’il se nourrit du mal que génère l’espèce humaine pour redevenir puissant et attaquer le royaume de nos parents.
— Mais… pourquoi maintenant ? Pourquoi sommes-nous sur Terre maintenant ?
— Hélas, cela fait partie des choses que nous ignorons. J’espère avoir répondu à tes questions du mieux que je pouvais. »

Tout se chamboulait dans ma tête. Je savais peut-être enfin qui j’étais et en même temps, c’était tellement incroyable. Comment faire confiance à des filles que je connaissais depuis à peine une journée ?

« Bien, Tatianna, nous t’avons gratifiée de notre transformation. Pourrais-tu nous montrer la tienne ?

— Vous voulez voir ma transformation ?
— Bien sûr, si cela ne te dérange pas.
— Très… très bien.
— Il faudrait que tu sois un peu moins timide à l’avenir, plaisanta Eliane. »

Je me levai, m’y reprenant à deux fois tellement j’étais bouleversée. Puis je me mis au centre, là où elles s’étaient mises quelques minutes auparavant. Je me transformai donc en activant mes pouvoirs. Aussitôt, je sentis la magie affluer dans mes veines. La rune apparut sur mon front et une armure de pure lumière blanche m’entoura intégralement. Mon arme, une lance à double fer, apparut dans ma main droite, un bouclier dans ma main gauche et au-dessus de ma tête, une auréole d’or. Eliane et Océane s’exclamèrent :

« Elle n’a même pas dit d’incantation. Et cette auréole !

— Mais je n’ai jamais eu besoin d’incantation, mes pouvoirs obéissent à ma pensée et cette auréole, je l’ai toujours eue en me transformant.
— Incroyable, ton niveau de magie dépasse celui de nous trois réunies. J’en ai mal aux yeux.
— Tu n’es pas la fille de la déesse suprême pour rien. »

Je me rechangeai en ma forme humaine. Je regardai ces trois inconnues qui venaient de bouleverser ma vie. Je voyais dans leurs yeux une joie immense, mais en même temps, je savais que cela pouvait être un énorme piège.

« Tatianna, nous te proposons de rejoindre notre club. Nos buts à présent sont de trouver la dernière déesse sur Terre, de combattre Chaos et de lever les mystères de nos origines.

— Je… ne sais pas. Je vous connais à peine.
— Décidément, quelle timide ! »

Elle sauta du bureau quand, soudain, un énorme bruit de verre cassé se fit entendre au rez-de-chaussée. D’instinct, je sus que c’étaient des ennuis.

« Bon sang, mille contre un que l’aura de Tatianna aura attiré un monstre des enfers ici. Les magies blanches et noires s’attirent comme les deux pôles d’un aimant. Nous allons devoir le démolir.

— Mais… je n’ai rien fait.
— Ne le prends pas mal, mais tu ne caches pas ta puissance quand tu te transformes, c’est pour ça que nous cachons nos auras, pour éviter ce genre de désagrément.
— Tu parles d’un désagrément !
— Bon, on discute ou on se le fait ?
— On se le fait, tu viens, Tatianna ? »

Le temps qu’elle me pose la question, une énorme épine noire transperça le sol de la salle et alla se ficher dans le toit.

« C’est du lourd, allons-y, reste là si tu veux, on va gérer ça !

— Mais tu es la bienvenue, hein, dit Eliane avec un clin d’œil. »

Elles sortirent toutes les trois en trombe de la pièce. C’était trop d’émotions pour moi. Je dus me rattraper à une chaise. J’entendis leurs pas dévaler les escaliers où j’étais montée auparavant. En bas, un énorme fracas de verre brisé retentit, puis une nouvelle épine traversa le sol juste devant mes pieds. Celle-ci traversa carrément le toit. Je me retins de pleurer, le danger ne me faisait pas peur, mais là. J’entendis à nouveau un énorme impact en dessous de moi. De la fenêtre du couloir, je vis un puissant flash rouge puis des petits traits de lumière jaune et bleu. Je me suis dit qu’elles avaient dû se retransformer. Je pris sur moi d’aller jusqu’au couloir et de regarder dehors. Le combat s’était visiblement déplacé dans la cour. Je voyais très bien les trois filles, leurs auras colorées correspondants à leurs éléments, rouge pour le feu, bleu pour l’eau et jaune pour l’air. En revanche, je voyais à peine le monstre qui nous attaquait. Il était énorme à n’en pas douter, mais si sombre que de nuit, on ne voyait qu’une ombre informe et quelques pics dépassant çà et là. Il s’en servait d’ailleurs comme projectile. J’ouvris la fenêtre quand l’un d’entre eux frôla Eliane. Océane lui cria :

« Ce truc est rapide, fais gaffe !

— Tu m’étonnes, évite de te prendre un coup de queue !
— Derrière toi, Océane ! C’était la deuxième fois que j’entendais Sélène.
— Ce truc commence à me courir, je vais l’immobiliser avec mon fouet, Sélène, va le distraire avec ses flèches et tu lui trancheras la tête avec ton épée.
— Reçu, chef.
— Tu peux arrêter de rigoler 5 minutes quand on se bat !
— C’est plus fort que moi, tu le sais bien. »

Comment ces filles pouvaient-elles rigoler au beau milieu d’un combat pareil ? La première partie du plan d’Océane se déroula à merveille. Je la vis manier son fouet avec dextérité et entourer le monstre pour l’immobiliser. Sélène décocha une volée de flèches vers ce que je pensais être la tête du monstre et Eliane s’élança avec son épée qu’elle enflamma de flammes rouge écarlate. Le monstre tourna la tête vers elle et deux puissants faisceaux d’énergie noire comme la nuit jaillirent de ses yeux et vinrent frapper Eliane de plein fouet. Je la vis être propulsée de l’autre côté de la cour. Elle se rattrapa, mais je vis que son armure avait été transpercée et qu’elle était blessée.

« Eliane ! cria Océane.

— Ne t’inquiète pas, ça va aller, mais il ne m’a pas loupée.
— Sélène, protège Eliane et couvre-moi à distance.
— D’accord, fais attention. »

D’un bond, elle retourna à la charge, mais cette fois-ci, ce fut une pluie de pics qui l’accueillit. Elle en para certains avec son fouet, mais elle finit par en prendre un dans l’épaule, transperçant son armure. Je regardai alors mon reflet dans la vitre. Je me fis honte et, prenant la meilleure décision de ma vie, je me transformai à nouveau et je sautai dans la cour.