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Dans l’ombre, l’Apocalypse guette. Sélène a disparu et l’énigmatique scientifique caché dans le ciel prétend vouloir anéantir le mal dans le cœur des Hommes. Le temps, lui aussi, dissimule bien des mystères. Tatianna devra rassembler son courage pour sauver ses sœurs perdues, affronter plusieurs dangers et découvrir enfin le vrai pouvoir des éléments.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Geek et otaku,
Stéphane Chauvin se passionne pour le Japon, les jeux vidéos et la culture populaire. S’inspirant de son vécu et de ses expériences, il place la magie de son héroïne dans un monde qui pourrait être le vôtre.
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Seitenzahl: 276
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Stéphane Chauvin
Tatianna, la chasseuse blanche
Tome III
Secrets du ciel et du temps
Roman
© Lys Bleu Éditions – Stéphane Chauvin
ISBN : 979-10-422-1444-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cela faisait deux jours que nous étions rentrées de Paris. Nous avions fait la découverte de mon fragment de plaque, mais également d’un nouvel ennemi, un Cavalier de l’Apocalypse. Et surtout, plus terrible encore, en rentrant, nous nous étions aperçues qu’Hortense était inconsciente dans son potager et que Sélène avait disparu.
J’étais terriblement inquiète et je m’en voulais, car c’était moi qui avais voulu aller à Paris. Même si désormais, il ne manquait plus qu’un seul fragment à ma plaque, je ne me pardonnerais jamais de les avoir laissées seules au manoir.
Je m’éveillai d’une courte nuit peu réparatrice et j’allai dans la chambre d’Hortense. Nous l’avions couchée dans son lit. Toujours inconsciente, Éliane la veillait.
« Tu as réussi à dormir ?
Elle se leva et vint me prendre dans ses bras. J’avais bien évidemment essayé de soigner Hortense quand nous étions rentrées, mais elle n’avait aucune blessure physique. Et comme Sélène avait disparu…
J’allai ensuite me chercher un gâteau à la cuisine puis j’allai voir Océane. Elle prenait souvent des nouvelles d’Hortense, mais elle passait le plus clair de son temps dans notre QG. Elle était obsédée par le fait de comprendre ce qui s’était passé. Je la retrouvai derrière ses écrans.
« Bonjour, Tatianna, ça va ?
J’allai ensuite sur le terrain d’entraînement. Océane m’avait prêté ses clés pour les râteliers d’armes. Je ne voulais pas qu’Eliane quitte Hortense alors j’avais décidé de m’entraîner seule avec les fusils. Je pris d’abord un pistolet 9 millimètres. Après avoir compris son maniement, je commençai à tirer quelques coups. Ma précision augmenta rapidement et je fis mouche au bout de trois essais. Je vidai plusieurs chargeurs. Je pris ensuite un fusil de sniper léger. C’était ma catégorie d’armes « favorite ». Je me mis en position et fis apparaître des cibles au fond du stand. Je fis un carton. Alors que je reposai le fusil pour aller déjeuner, mon bracelet bipa.
« Océane, Tatianna ! Hortense commence à bouger et à se réveiller, venez vite. »
Je remontai aussi vite que je pus avec Océane. Nous arrivâmes dans la chambre. Hortense bougeait comme si elle faisait un cauchemar, elle respirait rapidement. D’un coup, elle prononça un mot :
« Dominaria, Dominaria…
Brusquement, Hortense se rendormit. Elle semblait de nouveau paisible. Ses chats étaient tous là auprès de leur maîtresse. Je m’étais occupée d’eux depuis que nous étions rentrées. Ils allaient au quatrième étage pour se nourrir et faire leurs besoins puis revenaient pour veiller sur leur maîtresse. Océane prit son téléphone et rechercha le mot qu’Hortense avait prononcé.
« Cela vient de Sélène. Dominaria est l’un des mondes où se déroule l’histoire de son jeu de cartes.
Océane redescendit. Je restais auprès d’Hortense le temps qu’Eliane aille nous chercher un repas à la cuisine. Je mangeai sur le pouce. Puis Océane m’appela de nouveau.
« Tatianna, j’ai trouvé. Descends, s’il te plaît. »
Je redescendis aussitôt.
« Le mot Dominaria n’était pas un mot de passe. C’est le nom d’un fichier qu’elle a caché dans le PC d’Eliane. Et ce fichier permet de décoder le message chiffré. Sélène a de sacrées compétences en informatique. Elle est presque aussi douée que moi.
Nous attendîmes puis un texte apparut sur l’écran, nous le lûmes ensemble :
« Mes sœurs, j’espère que ce message vous parviendra. Depuis que vous êtes parties à Paris, je suis victime de quelqu’un qui communique avec moi au niveau télépathique. La première chose qu’il ait faite est de m’empêcher de vous prévenir. Mais contrôler quelqu’un de cette façon est complexe. Je me sers de la partie de mon esprit qui vous aime comme d’un refuge. Quand il m’a ordonné d’aller sur l’ordinateur dans la salle de jeux pour m’infiltrer dans le système, j’en ai profité pour laisser ce message chiffré pour vous. J’ai alors ressenti une attaque mentale vers Hortense. Juste de quoi la mettre KO. J’ai juste eu le temps de lui envoyer par télépathie la clé de ce message. J’ignore qui et ce qui se passe, mais je sais que vous m’aiderez. Soyez prudentes, car quelqu’un ou quelque chose qui peut atteindre l’esprit d’une déesse doit être d’une puissance extraordinaire. Je vous aime. Sélène. »
Je relus plusieurs fois le message. Un profond soulagement me traversa, car Sélène ne nous avait pas trahies. J’eus honte de moi d’avoir douté d’elle. Océane dit :
« Petite sœur, je jure de trouver qui a fait ça et de te ramener parmi nous. Courage.
Cela prit plusieurs heures. Océane trouva finalement.
« Ce malin s’est protégé derrière des serveurs à VPN. Mais ce doit être un radin, il en a utilisé un gratuit. Ces services conservent les logs de connexions pour les revendre. Ce n’est pas illégal et c’est comme ça qu’ils se financent. Bref, je me suis introduite dans leur base de données et j’ai trouvé la source : la bibliothèque de notre quartier. Pas très loin du lycée.
Nous avertîmes Eliane. Elle voulut rester auprès d’Hortense. Océane et moi prîmes la voiture.
« J’ai également averti Bastien de la disparition de Sélène. Il a commencé une enquête discrète, mais comme il doit remplir ses fonctions de capitaine de police, il ne peut pas faire ça à plein temps. Il m’a dit que si j’avais besoin, je pouvais l’appeler. »
La bibliothèque était située à trois rues du lycée. Océane se gara devant un grand bâtiment à deux étages. Nous étions en fin d’après-midi et pendant les vacances il n’y avait pas foule. Nous rentrâmes. L’intérieur ressemblait beaucoup à notre bibliothèque. Océane alla nous inscrire à l’accueil.
« Nous sommes étudiantes dans le lycée voisin. Nous voudrions nous inscrire pour étudier.
Une fois l’inscription faite, Océane demanda :
« Un ami m’a laissé un travail sur un des postes informatiques, j’ai son autorisation pour le récupérer. C’est le poste numéro 6. Pouvez-vous m’indiquer ?
Nous montâmes au deuxième étage. Tout l’intérieur sentait le papier. Il n’y avait pas grand monde. Je reconnus quand même un ou deux élèves de notre lycée. Ils nous saluèrent. Au Japon, les études étaient prises très au sérieux et beaucoup d’élèves continuaient à travailler même pendant les vacances ou les fêtes. Nous arrivâmes dans la section histoire et géographie. Le poste était situé au fond de l’allée près d’une fenêtre. Océane s’y installa, car il était libre. Elle sortit son propre ordinateur, brancha une clé USB sur un des ports et ouvrit une session.
« Voyons, l’attaque contre le manoir a bien été menée d’ici. L’IP correspond. Il va me falloir un peu de temps.
Je parcourus la section géographie et me choisis un livre sur l’archipel d’Hawaï. Je m’installai à une table avec un petit cahier en faisant semblant de prendre des notes. Bien sûr, je n’en avais pas besoin grâce à mon omniscience, mais je voulais me fondre dans le décor. À un moment, je levai le nez vers la fenêtre et je remarquai une perturbation, comme un flou dans l’air devant le carreau. Je ne sentais aucune aura magique. Je me levai et cela disparut. Aurais-je mal vu ?
« Océane, je crois que j’ai vu quelque chose par la fenêtre.
Je sortis de la section et je retournai aux escaliers. Il y avait un accès au toit. Je me dis que ce serait la meilleure solution. Je montai une volée de marches puis je m’appuyai sur la barre de la porte. Elle était ouverte. Je sortis sur le toit. Il n’y avait rien mis à part le toit bétonné et une ou deux craquelures dans le sol. J’allai au-dessus de la fenêtre où j’avais cru voir quelque chose. Il n’y avait rien. Je commençai à me dire que mon inquiétude pour Sélène allait me rendre folle. J’entendis un message par la porte :
« Mesdames, messieurs, la bibliothèque va fermer ses portes dans cinq minutes, veuillez-vous diriger vers les sorties, merci. »
Mon bracelet bipa.
« Je n’ai pas encore fini, je vais essayer de me cacher pour qu’on se fasse enfermer ici. Où es-tu ?
Je vis les visiteurs quitter la bibliothèque puis les employés fermèrent les portes et s’en allèrent.
« C’est bon, il ne doit plus y avoir personne.
Le soleil baissait et je me demandais vraiment ce que j’avais vu. J’étais encore plongée dans mes pensées quand je vis non pas une, mais deux taches floues se diriger vers moi. Je ne sentais aucune magie. D’un seul coup, deux espèces de machines volantes noires apparurent. Elles avaient des sortes d’armes et des caméras sur le devant. Elles semblaient me viser. Un faisceau rouge me traversa alors le corps, mais je ne ressentis rien. Je ne bougeais pas, car je ne savais pas comment réagir. D’instinct, j’aurais bien démoli ces trucs, mais je craignais de faire du bruit et surtout des dégâts. Le problème fut réglé quand j’entendis un bip et que l’une d’entre elles me tira dessus avec un missile. Je me transformai aussitôt et me protégeai de mon bouclier. Le missile explosa dessus. L’autre me contourna et m’en envoya un aussi. Même résultat. Je n’avais plus le choix. Tout en modérant ma magie, j’envoyai une volée d’aiguilles de lumière dans leur direction. Elles les esquivèrent. Océane arriva en trombe par l’escalier.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Elle vit les deux machines autour de moi. Passer l’étonnement, elle me cria :
« Ce sont des drones de combat. Démolis-les ! »
Il ne m’en fallut pas plus. Je tendis ma main gauche pour en ralentir un avec ma magie du temps puis j’activai ma lance et je le coupai en deux. Il explosa et je reportai mon attention sur l’autre. Il me tira dessus avec sa mitrailleuse. Je me protégeai à nouveau. Océane se transforma à son tour et d’un jet d’eau le déstabilisa. Je m’élançai pour l’achever de la même façon. Les restes des deux machines retombèrent sur le toit.
« Bon sang, mais c’est quoi ce cirque ?
Océane redescendit rapidement et alla chercher son ordinateur. Nous allâmes ensuite dans la salle de sécurité et elle prit soin d’effacer les enregistrements, mais en fit une copie avec sa clé avant. Nous ressortîmes par le toit puis, en sautant, nous atterrîmes sur le parking. Océane démarra la voiture. Une voiture de police nous croisa un peu plus loin.
« Décidément, j’aimerais bien comprendre ce qui se passe.
De retour au manoir, nous tînmes une réunion avec Eliane.
« On n’avait pas assez des démons, maintenant ce sont des machines qui nous attaquent !
Eliane retourna auprès d’Hortense. Je descendis au QG avec Océane. Elle brancha la clé sur un des ordinateurs.
« Bien, voyons, la backdoor a été utilisée à 14 h 10 quand nous étions en train d’atterrir. Il y a deux caméras par étage plus une à l’entrée et une sur le parking. Je vais remonter une heure avant. Je vais commencer par celle du deuxième étage où l’on voit le pc. »
Elle cala l’image une heure avant. On voyait l’intérieur de la bibliothèque en noir et blanc. Nous commençâmes à visionner en léger accéléré. On voyait l’heure en bas de l’image. Pendant près de cinquante minutes, personne ne vint dans la section ni se servit de l’ordinateur. Puis, brusquement, un jeune garçon s’approcha. Il s’assit devant et inséra une clé USB dedans. L’angle de la caméra permettait de voir ce qu’il faisait.
« Nom d’un chien. C’est bien lui. Regarde, il accède au système du manoir et… il désactive le bouclier et les détecteurs. C’est bien comme ça que Sélène a été enlevée. Sans bouclier, n’importe qui peut rentrer ici.
Nous reportâmes notre attention sur les images. Le garçon devait avoir quatorze ou quinze ans, habillé en tenue d’été. Seul son comportement semblait un peu bizarre. Il avait les yeux dans le vague, comme quand on se réveille mal. Une fois son œuvre achevée, il reprit sa clé et partit. Océane le suivit avec les caméras jusqu’à l’entrée. Les employés ne firent pas attention à lui. Il ressortit et une fois sur le parking, il sembla attendre pendant une minute. Une rafale de vent balaya quelques feuilles puis, soudainement, il fit un pas en avant et disparut de l’image.
« Mais comment ?
Je remontai avec plus de questions dans ma tête que de réponses. Pourquoi ce jeune garçon nous avait attaquées ou du moins participé à l’enlèvement de Sélène ? Qui lui donnait ses ordres ?
J’arrivai à la chambre d’Hortense quand j’entendis un cri. Je me précipitai. Hortense venait de se réveiller pour de bon.
« Eliane, mais, qu’est-ce qui s’est passé ? J’étais au jardin et…
J’avertis aussitôt Océane. Tous les chats d’Hortense fêtèrent son réveil par un concert de ronronnements. Elle les caressa tous.
« Vous étiez tous terriblement inquiets. Merci d’avoir veillé sur moi. »
Elle s’assit sur le bord de son lit. Océane arriva.
« Hortense ! Quel soulagement !
Océane lui fit un résumé de la situation. Notre retour, nos découvertes et notre rencontre explosive sur le toit de la bibliothèque.
« Je ne comprends pas. Je jardinais tranquillement quand j’ai eu brusquement une envie irrépressible de dormir. Au point de me coucher dans le jardin.
Au même moment, le téléphone d’Océane vibra. Elle mit le haut-parleur :
« Bonsoir Océane.
Elle raccrocha. Nous passâmes le reste de la soirée avec Hortense.
Le lendemain matin, Océane reçut une réponse de Bastien.
« Il n’a pas eu à chercher bien loin. Le jeune garçon est le fils de l’un des plus grands scientifiques américains spécialisé dans la technologie militaire. Il y a trois ans, il a disparu avec son fils alors qu’il venait de perdre sa femme. L’affaire a fait grand bruit à l’époque. Je me suis servie de certains de ses travaux pour créer le système de défense du manoir. Cela ne m’étonne pas qu’il ait pu désactiver nos défenses comme ça.
Dans le QG, un bip se fit entendre.
« C’est quoi ?
Je remontai et je sortis. J’allai jusqu’au portail et j’ouvris l’arrière de notre boîte à lettres. Il y avait deux lettres. L’une d’elles venait d’Anthony et l’autre n’avait pas d’expéditeur. J’ouvris d’abord la lettre d’Anthony.
« Ma chère Tatianna, j’espère que tu vas bien et que tes vacances se passent bien. J’ai bien reçu tes lettres. Mais comme tu ne m’as pas laissé d’adresse en France, je t’écris chez toi. Pour ma part, mes vacances sont reposantes à défaut d’être agréable. Ma famille vit dans un endroit reculé. J’ai encore beaucoup de mal à communiquer avec mon père. Ma mère est en revanche fière de moi. J’aimerais un jour te les présenter.
Je passe mon temps à étudier et je participe à la vie de ma famille malgré tout. J’aimerais vraiment avoir des relations comme toi et tes sœurs. Cela doit te paraître idiot, mais il n’y a qu’à toi que je peux ouvrir mon cœur.
Sache que quoi qu’il arrive, je t’aime et la pensée de te revoir me donne l’énergie pour déplacer les montagnes. J’attends ta réponse avec impatience. Avec tout mon amour, Anthony. »
Avec la lettre, il y avait une carte postale d’une région boisée à une centaine de kilomètres de Tokyo. Je relus la lettre plusieurs fois. En rentrant, Eliane remarqua que je la serrai contre mon cœur.
« Oh, toi, tu as reçu une lettre d’Anthony ! »
Je devins plus rouge que les tomates d’Hortense. Elle rigola.
« Je suis contente pour toi. Après tout, tu es celle qui mérite le plus d’avoir un petit ami. C’est quoi l’autre lettre ?
Je la décachetai.
« Mesdemoiselles les déesses. Je me dois de me présenter. Je m’appelle Kévin et je suis le garçon que vous avez dû voir sur les enregistrements vidéo de la bibliothèque. Je suis bien celui qui a attaqué le système de votre manoir et permis le départ de votre amie.
Je tiens tout d’abord à vous dire que votre amie va bien et qu’elle est à mes côtés avec mon père. Si nous avons utilisé cette méthode pour le moins cavalière, c’est parce que nous travaillons sur un projet qui va changer la face de ce monde. Plus de guerre, plus de violence, plus de mal. Je ne puis vous en dire plus pour des raisons que vous comprendrez.
Notre grand projet nécessite l’intervention de votre amie. C’est pourquoi nous l’avons invitée contre son gré. Nous ne pouvions risquer un refus. À présent, je vous invite à votre tour à nous rejoindre. C’est la condition qu’a posée votre amie pour nous aider. Votre démonstration avec nos drones a convaincu mon père de votre puissance. Si vous êtes d’accord, rendez-vous ce soir à minuit sur le toit de la bibliothèque. Je vous y attendrai. Si je ne vois personne, je repartirai simplement. Sélène vous veut à ses côtés et une fois notre projet accompli, vous serez de nouveau ensemble et en plus, vous serez libres. En espérant vous rencontrer. Kévin. »
J’en avais les mains qui tremblaient. Celui qui avait enlevé Sélène osait nous écrire et nous inviter comme ça. Je retournai au QG et Océane lut la lettre.
« C’est gonflé quand même ! fit Eliane. Il kidnappe notre sœur et maintenant il nous invite.
La décision fut prise à l’unanimité. Nous nous préparâmes bien que nous ne sussions vraiment pas ce qui nous attendait. Le soir, nous prîmes la voiture et allâmes jusqu’à la bibliothèque. Océane se gara. Visiblement, les stigmates de notre combat avaient été effacés efficacement. Un simple panneau sur la porte indiquait que l’accès au toit était désormais interdit. À l’heure qu’il était, il n’y avait pas un chat. Océane prit quelques instants pour neutraliser les caméras.
« Même méthode qu’eux. J’ai placé une backdoor dans le système de la bibliothèque. On ne risque rien. Je fais tourner les images en boucle pour que ce ne soit pas suspect. »
Grâce à Hortense, nous sautâmes sur le toit sans effort. Je regardai ma montre : vingt-trois heures cinquante. Nous inspectâmes le toit, mais il n’y avait rien. Minuit sonna. J’entendis brusquement un bruit de moteur qui semblait se noyer dans le vent.
« Je n’ai jamais entendu d’appareil faire ce bruit ! Ce n’est pas un hélicoptère ni… »
La seconde d’après, un appareil noir assez grand se matérialisa sous nos yeux. Dans la nuit, même mes yeux ne l’avaient pas vu venir. Une rafale de vent accompagna son arrivée. Il avait deux moteurs à l’arrière et semblait flotter dans les airs. Il se posa et les moteurs se rétractèrent dans la structure. Le bruit disparut. Une porte à l’arrière bascula. Le jeune garçon descendit. Il était seul et sans arme à première vue. Ses yeux étaient toujours dans le vague. Sa voix était claire en revanche.
« Bonsoir, mesdemoiselles les déesses. Je vous remercie de ne pas m’avoir abattu dès que vous m’avez vu.
Nous hésitâmes puis je pris la tête et je montai. L’engin était divisé en deux, un cockpit avec deux sièges et un écran devant et un grand espace à l’arrière pour les passagers. Mes sœurs montèrent derrière moi. Le garçon monta en dernier et appuya sur un bouton. La porte se releva et se ferma rapidement.
« Bienvenue à mon bord. Vous pouvez vous asseoir. Nul besoin de vous attacher. Cet appareil est conçu pour amortir les vibrations et les accélérations. L’une d’entre vous peut même venir devant avec moi. »
Il alla s’asseoir dans le fauteuil de gauche et j’allai avec lui dans celui de droite. Le tableau de bord était simple. Un écran et des commandes. Rien de plus. L’appareil se remit à faire du bruit sans que ce soit désagréable. Je sentis une légère secousse et nous décollâmes. J’entendis les moteurs se remettre en place et nous filâmes à une vitesse impressionnante. Il n’avait pas touché aux commandes.
« Notre vol est entièrement automatisé. Nous en avons pour deux heures environ.
Il tourna son fauteuil vers l’arrière et j’en fis autant.
« Je suis effectivement le fils d’un des chercheurs américains les plus éminents. J’ai aujourd’hui 15 ans. Mon père travaillait pour la DARPA, l’organisme américain de recherche militaire. Les drones et cet appareil, que nous appelons aérojet, sont un exemple de ce que mon père a développé. Ma mère quant à elle était une journaliste. Elle avait accepté le fait que mon père ne pouvait pas tout lui dire. C’était un contrat entre eux.
Il y a trois ans et demi, ma mère commença à investiguer sur totalement autre chose. Quelque part au Colorado, un événement très étrange avait eu lieu. Dans une zone très retirée, une vingtaine de corps humains avaient été découverts. Un véritable massacre. Les corps portaient des blessures très étranges et aucune arme ne fut découverte. Les services de police locaux et même le FBI n’avaient aucune piste. Toutes les victimes étaient des marginaux, voire des gens sans aucune identité. L’affaire fut rapidement oubliée, mais ma mère s’acharna à découvrir la vérité. Elle réussit à remonter la piste d’un des groupes grâce à des tatouages sur les corps. Des glyphes que les légistes avaient pris pour de simples symboles gothiques. Ma mère était convaincue que c’étaient les marques d’une secte. Elle parvint à localiser un repaire dans une petite ville non loin. Elle essaya donc d’infiltrer ce groupe. Malheureusement, elle découvrit trop tard que les personnes sans aucun pouvoir n’intéressaient pas ces gens et surtout qu’ils étaient le mal incarné. Ma mère fut retrouvée écorchée vive avec un glyphe gravé sur le ventre. »
Il s’arrêta un instant. Je ne percevais presque aucune émotion chez lui.