Tatianna, la chasseuse blanche - Tome 2 - Stéphane Chauvin - E-Book

Tatianna, la chasseuse blanche - Tome 2 E-Book

Stéphane Chauvin

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Beschreibung

Après avoir détruit le proviseur du lycée, Tatianna et ses sœurs découvrent un indice pouvant les mener à la cachette de la déesse de la Terre. Leur voyage sera émaillé de surprises et d’émotions. Seulement, des ténèbres, une menace bien plus grande pèse sur Tokyo et sur l’humanité. Tatianna parviendra-t-elle à affronter une noirceur qui lui semble pourtant familière ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Geek et otaku, Stéphane Chauvin se passionne pour le Japon, les jeux vidéos et la culture populaire. S’inspirant de son vécu et de ses expériences, il place la magie de son héroïne dans un monde qui pourrait être le vôtre.

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Stéphane Chauvin

Tatianna, la chasseuse blanche

Tome II

Terre et ténèbres

Roman

© Lys Bleu Éditions – Stéphane Chauvin

ISBN : 979-10-377-9287-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1er

Conséquences

Comme nous l’avions décidé ensemble, après avoir passé une bonne nuit, nous retournâmes au lycée le lendemain. En arrivant, je remarquai que les professeurs étaient presque tous dans la cour. Comme d’habitude, nous allâmes nous ranger pour le premier cours. Sélène partit avec sa classe. Le professeur de mathématiques arriva. Il nous dit :

« Messieurs, mesdemoiselles, il y a un problème. Monsieur le proviseur et trois surveillants sont portés disparus depuis hier soir. Le proviseur adjoint nous a demandé de vous en informer et de, pour l’instant, continuer les cours. »

Nous l’accompagnâmes jusqu’à la classe. Une fois à nos places, il nous demanda :

« Je sais qu’il n’y a peut-être pas lieu de s’inquiéter, mais je dois vous poser la question. L’un ou l’une d’entre vous a-t-il la moindre information ? »

Nous avions envisagé cette possibilité avec Océane. Nous voulions éviter que Sélène utilise sa télépathie autant que possible. Je me levai :

« Oui, mademoiselle Tatianna ?

— Hier soir, monsieur le proviseur m’a convoquée dans son bureau. C’est l’un des surveillants qui m’a demandé d’y aller.
— Et que vous a demandé le proviseur, si ce n’est pas indiscret ? Je ne suis pas policier, vous n’êtes pas obligée de me répondre.
— Cela ne me gêne pas. Il m’a demandé si je voulais être candidate au grand concours interlycée de culture générale du mois prochain. Connaissant ma… timidité, il a voulu me poser la question personnellement. Je lui ai répondu que j’appréciais le fait qu’il ait pensé à moi et que j’y réfléchirai. Il me remercia puis je pris congé. Je suis ensuite redescendue au parking où mes… amies m’attendaient pour me raccompagner chez elles.
— Ah oui, vous vivez au sanctuaire des illuminées maintenant, avec mademoiselle Océane et mademoiselle Eliane.
— Oui, monsieur.
— Très bien, je vous remercie infiniment pour votre témoignage. Cela peut être important. Je vous tiendrai au courant si nécessaire. À présent, reprenons les cours. »

Bien que stressée d’avoir menti, je fus heureuse d’avoir pu dire tout cela sans presque bégayer. Le cours reprit. Je me doutais qu’il y aurait très certainement d’autres conséquences. Océane m’avait prévenue que si cela allait trop loin, Sélène interviendrait, mais ce serait difficile. Ce n’était pas manipuler une personne isolée pour qu’elle ne révèle pas notre secret. À l’heure du déjeuner, nous nous retrouvâmes toutes les quatre à la cantine. Évidemment, la disparition soudaine du proviseur et des surveillants était sur toutes les lèvres. Anthony vint me voir :

« Bonjour, Tatianna, est-ce que tout va bien ? J’ai appris pour le proviseur et que tu as été convoquée hier soir.

— Bonjour… Anthony, dis-je en rougissant. Oui, j’ai déjà raconté ce qu’il s’est passé. Mais je n’en sais pas plus. Une fois qu’il m’eut demandé pour le concours, je suis partie et je suis rentrée avec Océane et les autres.
— Ah. Très bien. En tout cas, si tu as le moindre souci, tu peux me demander ce que tu veux. Bonne journée. »

Il partit et Eliane me fit un clin d’œil coquin. Je sus ce qui m’attendait.

« Il est plutôt beau gosse, cet Anthony. Et il a l’air d’être gentil et serviable. Tu en pinces pour lui, je me trompe ? »

On aurait pu faire cuire un œuf sur mes joues. Eliane rigola devant ma tête.

L’atmosphère était étrange. Nous seules savions ce qu’il s’était réellement passé. Le proviseur était en réalité un suppôt de Chaos et les surveillants, ses complices. Je les avais anéantis la veille quand ils avaient essayé de me faire tuer mes sœurs. Mais, à la dernière seconde, je les libérai et le détruisis en déchaînant un pouvoir qui m’était inconnu jusque-là. Sélène et Eliane avaient géré les conséquences directes grâce à leurs pouvoirs, mais la magie ne peut pas tout résoudre. J’espérais maintenant que les conséquences s’arrêtent là.

Mais bien sûr, ce ne fut pas le cas. Après le cours de géographie, en me rangeant devant la salle de musique, je remarquai que deux voitures de police étaient garées sur le parking du lycée. J’en fis la remarque à Océane.

« Oui, j’ai vu. Surtout, ne stresse pas. Ils ne découvriront rien. »

Plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand, en plein milieu du cours, un autre surveillant frappa à la porte.

« Veuillez m’excuser de vous interrompre. Mademoiselle Tatianna, le proviseur adjoint souhaite vous voir immédiatement. »

Je me levai. Océane m’encouragea du regard et je sortis derrière lui. Il m’accompagna jusqu’au bureau. Il frappa et le proviseur adjoint lui dit de rentrer. Je le suivis. Il y avait également deux policiers en civil dans la pièce.

« Monsieur le proviseur adjoint, mademoiselle Tatianna.

— Bien, je vous remercie, vous pouvez disposer. »

Il s’inclina et sortit. J’étais très mal à l’aise, mais j’essayais de ne pas le montrer trop ouvertement. Le proviseur adjoint était plus jeune que le proviseur, mais son air grave m’impressionnait.

« Je m’excuse de vous avoir convoquée de cette façon, mademoiselle Tatianna, mais ces messieurs veulent vous poser quelques questions. Je vous en prie, messieurs.

— Mademoiselle, à la suite de votre témoignage à votre professeur de mathématiques, voudriez-vous nous répéter ce que vous lui avez dit sans omettre de détails ?
— Oui… monsieur. »

Je lui répétai donc ce que j’avais dit au professeur quasiment mot pour mot.

« Bien, merci déjà pour cela. Ensuite, nous aimerions vous demander, le proviseur vous a-t-il paru stressé, nerveux ou différent de d’habitude ?

— Je ne l’avais croisé qu’une seule fois depuis que je suis ici. Je ne pourrai pas vous dire. Cela étant, il ne m’a pas semblé stressé. Il était vraiment désireux de me voir participer à ce concours. Quand je l’ai laissé, il ne me semblait pas différent.
— Auriez-vous remarqué un détail autre que son comportement ? Un objet dans la pièce ou une chose anormale ?
— Non, monsieur.
— Et quand vous êtes repartie, même chose, rien de bizarre ?
— Non, à l’heure qui l’était, j’étais seule et je rejoignis mes amies au parking.
— Hum. »

Quelque chose dans le regard du deuxième policier m’interpellait. Il ne disait rien, mais…

« À présent, il faut que vous compreniez que nos services enquêtaient sur cet homme depuis plusieurs années. Il serait lié à diverses malversations et peut-être à des disparitions de personnes.

— J’ai beaucoup de mal à croire que notre proviseur soit mêlé à quoi que ce soit d’illégal, messieurs.
— C’est pourtant peut-être le cas. Nous avons fouillé son bureau et nous n’avons rien trouvé. Mais nous pensons qu’il a été fouillé avant que nous arrivions. »

Mon cœur se mit à battre à tout rompre. À tout moment, j’étais prête à appeler Sélène à l’aide. Eliane avait effacé nos traces du mieux possible, mais cela n’avait pas suffi apparemment.

« Revenons-en à vous, mademoiselle…

— Lieutenant, je crois que c’est bon, cette jeune fille vous a dit ce qu’elle savait. Si elle n’a été témoin de rien d’illégal, son témoignage prouve qu’elle veut simplement nous aider.
— Je… oui, mon capitaine. »

Je soufflai un grand coup intérieurement. Mais…

« Je voudrais malgré tout m’entretenir en privé avec elle quelques instants, me permettez-vous ?

— Si Tatianna est d’accord, je n’y vois pas d’inconvénient.
— Je… oui, je suis d’accord. »

L’adjoint et le lieutenant se levèrent. Ils sortirent tous deux et je restai seule avec lui. Je m’étais assurée de ne pas ressentir de magie noire en rentrant dans la pièce, mais comme les mages noirs pouvaient, comme nous, dissimuler leur magie, j’étais très méfiante. On ne m’y reprendrait pas deux fois. Le capitaine referma la porte puis prit une chaise et s’assit en face de moi.

« Quelle tête de Turc celui-là. Je m’excuse de son comportement. »

Je ne répondis pas.

« Si j’ai demandé à te parler seul à seule, c’est pour te révéler quelque chose, Tatianna. »

Chapitre 2

Une aide providentielle

Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire. Savait-il ? Il mit alors la main dans son col et en sortit un pendentif en cristal de roche. Le cristal brillait légèrement. Il se l’enleva et je sentis soudainement une aura de magie, mais de magie blanche. Il me sourit puis le remit.

« Vous… vous êtes ?

— Tu as dû le sentir, je suis un mage, mais je suis totalement du côté des dieux de lumière. Le pendentif que tu vois là me protège et empêche qu’on détecte mon aura.
— Vous savez donc…
— Je ne sais pas tout, mais je pense que tu es responsable de la disparition du proviseur et des surveillants.
— Mais comment ?
— Mon collègue te l’a dit, nous surveillions le proviseur depuis un moment déjà. Et quelle ne fut pas ma surprise quand, hier soir, je fus témoin du plus beau feu d’artifice de ma vie ? »

Je le regardai avec des yeux ronds.

« L’une de tes amies doit avoir des capacités télépathiques exceptionnelles et savoir manier les boucliers magiques. Et une autre peut reconstruire tout un lycée à l’identique en moins de cinq minutes. Quant à toi, tu manies une magie si puissante qu’elle pourrait anéantir n’importe quoi, je me trompe ?

— C’est… c’est impossible, vous avez tout vu ?
— Oui, j’étais en planque à quelques dizaines de mètres du lycée, seul, hier soir. Je porte en permanence ce pendentif pour me dissimuler des ténèbres. Je savais que le proviseur était bien plus puissant que moi. Je ne pouvais prendre aucun risque. Seulement avec mes appareils de surveillance, j’ai filmé tout ce qu’il s’est passé. Ton amie ne m’a pas détecté pour les mêmes raisons. »

Je restai sans voix. Il existait donc des mages du côté du bien. Je me sentis un peu mieux…

« Que… qu’allez-vous faire maintenant ?

— Ne t’inquiète surtout pas. Après t’avoir vue faire, j’ai immédiatement détruit tous les enregistrements. Je m’en suis juste servi pour t’identifier pendant que tu combattais. Je suis un mage du bien, nous sommes peu nombreux et bien moins puissants que nos adversaires, mais nous avons juré de défendre les humains contre les ombres. C’est en revanche la première fois que je rencontre une personne de ta puissance. Mais j’aimerais te poser une question. Qui es-tu en réalité ? Si tu ne veux pas me répondre, je devrais le découvrir par moi-même.
— Je… je ne sais pas si je peux vous répondre. Je ne vous connais pas.
— Et je comprends que c’est difficile de faire confiance à quelqu’un dans notre monde, mais tu fais confiance à tes amies du sanctuaire, non ? Tout ce que je veux savoir, c’est à qui j’ai affaire.
— Bon, très bien. Je m’appelle Tatianna et je suis la fille de la déesse suprême, Création et d’Arcanes, son mari. Je suis une déesse vivant sur Terre. »

Ce fut à son tour d’ouvrir des yeux ronds. Il se leva puis se mit à genoux devant moi.

« Majesté, pardonnez-moi. Je n’avais pas conscience de qui vous étiez. »

Je n’aurais pas pu être plus gênée.

« Je… je vous en prie, relevez-vous, je ne veux en aucune façon être adorée ainsi.

— Très bien. Il se releva. Je m’excuse de vous avoir brusquée. Mais j’ignorais complètement que des déesses vivaient sur Terre. On m’a appris que les dieux vivaient dans leur royaume et protégeaient la création de Chaos et du mal. Est-ce que vos amies aussi ?
— Oui, toutes les trois. »

Il parut encore plus choqué.

« Lorsque nous prêtons serment, nous jurons sur nos vies de défendre la création de… vos parents et les humains. Je savais qu’il y avait des choses louches qui se passaient ici. C’est de là que vient l’enquête que je mène.

— Et votre lieutenant ?
— Il ne sait rien de mes activités annexes. Ce n’est pas un mauvais bougre, mais c’est un acharné.
— Et maintenant ?
— J’aimerais rencontrer vos amies et vous aider dans la mesure de mes moyens bien sûr.
— Je vais leur demander.
— Bien, si vous souhaitez me contacter, je vous laisse ma carte avec mon numéro de téléphone. »

Je pris sa carte puis il me dit que je pouvais aller rejoindre ma classe. Je sortis du bureau et il dit à son adjoint :

« Nous en avons terminé. Cette jeune fille ne sait rien de plus, lieutenant.

— Très bien, capitaine. »

Le temps que je retourne en classe, la cloche de fin des cours sonna. Océane et Eliane m’attendaient devant la classe. Je leur fis un signe pour leur dire qu’il faudrait qu’on parle à l’abri des oreilles indiscrètes. J’allai récupérer mes affaires dans la classe puis nous allâmes dans la salle informatique. Sélène nous y rejoignit.

« Alors, qu’est-ce qu’ils t’ont dit ?

— Ils m’ont d’abord interrogée puis l’un des deux policiers a voulu me parler seul à seule. Et j’ai eu une sacrée surprise !
— Ne me dis pas que…
— Au contraire, je crois que c’est un mage du bien. J’ai senti son aura de magie blanche. Je ne savais pas qu’il existait des gens comme lui.
— Nous en avons seulement entendu parler.
— Apparemment, il m’a dit qu’il défendait la création de nos parents et essayait de protéger les humains des ombres.
— Mouais, je ne suis pas convaincue. Tu es sûre que c’est une aura de magie blanche que tu as sentie ?
— Certaine et il y a autre chose. Il avait un pendentif en cristal de roche, il m’a dit que c’est comme ça qu’il a échappé à la télépathie de Sélène et qu’il a pu tout voir.
— Je pense que nous devrions le rencontrer. Déjà pour savoir ce qui nous attend et s’il peut être digne de confiance.
— Pas au manoir quand même ?
— Non, je pense à un lieu public comme un café. »

Sélène approuva, mais je vis à sa tête qu’elle était contrariée. Sûrement le fait que quelqu’un avait réussi à échapper à ses pouvoirs. Océane prit son téléphone portable et composa le numéro :

« Je me suis mise en appel privé et mon téléphone a un cryptage sécurisé, il ne pourra pas tracer mon appel. »

Quelques secondes après :

« Allo ? Vous êtes le policier qui est venu au lycée cet après-midi ? Bien, Tatianna nous a parlé de vous. Nous souhaiterions vous rencontrer. Vous connaissez le restaurant dans la rue commerçante à proximité du lycée ? Nous allons y aller, vous pouvez nous y rejoindre ? Bien, à tout à l’heure alors. »

Elle raccrocha.

« C’est bon, on va aller l’attendre là-bas. On passera reprendre ma voiture après. »

Nous sortîmes du lycée et allâmes jusqu’au restaurant en question. C’était un petit établissement qui était dans la même rue que le magasin d’art que je fréquentais. Nous nous assîmes à une table et commandâmes des boissons.

« On ne va quand même pas tout lui dire ?

— Bien sûr que non, c’est juste pour savoir s’il est fiable. Après tout, avoir un allié comme lui pourrait être très utile. Surtout maintenant. »

Je vis alors une voiture se garer devant le restaurant. Ce n’était pas une voiture de police. Il en descendit et rentra. Il s’approcha de nous. Sélène traça un cercle discrètement avec sa main. Je compris qu’elle s’assurait de la confidentialité de notre discussion. Il frissonna quand il passa le cercle.

« Je suppose que vous avez créé un bouclier pour que nous puissions être tranquilles.

— En effet.
— C’est un honneur de vous rencontrer. Il s’inclina devant nous.
— Arrêtez avec ça, nous ne voulons pas être considérées ainsi. Faites comme si nous étions de simples adolescentes avec qui vous discutiez.
— Comme vous voulez, mais je crois ne pas m’être présenté correctement. Je m’appelle Bastien, je suis capitaine de police officiellement et mage de la lumière officieusement.
— Asseyez-vous. Il s’assit et commanda un café à la serveuse.
— Je me doute que vous devez être méfiantes. Surtout si vous n’avez jamais rencontré d’autres personnes comme moi.
— Nous savions que d’autres personnes pouvaient éventuellement être de notre côté, mais, oui, c’est la première fois qu’on en rencontre une. »

La serveuse amena le café et frissonna à son tour.

« Votre café, monsieur. Puis, en se retournant. Il faudrait que j’avertisse le patron, il y a des courants d’air dans la salle. »

Sélène sourit.

« Je suis venu avec ma voiture personnelle afin de ne pas attirer l’attention.

— À présent, que voulez-vous ?
— Je voulais simplement faire votre connaissance et si vous avez besoin d’aide, je pourrais vous aider.
— Bien, commençons par les présentations, alors. Vous connaissez déjà Tatianna, qui manie la lumière et le temps. Je suis Océane, guerrière de l’eau et de la glace.
— Je suis Eliane, guerrière du feu, reconstructrice en chef et boute-en-train de service.
— Et voici Sélène, guerrière de l’air et spécialiste de la télépathie et des boucliers.
— Pardonnez ma question, mais pourquoi votre amie ne parle pas ?
— Chaos nous a infligé à toutes une malédiction le jour où nos pouvoirs se sont manifestés. Sélène ne peut pas parler sans se transformer. Je ne peux pas dormir et Eliane ne peut pas toucher de métal sans le faire exploser. Quant à Tatianna… »

Elle devint rouge et il reprit :

« Vous n’êtes pas obligées de tout me dire si cela vous gêne.

— Merci, sa malédiction est assez particulière.
— N’en parlons plus alors. Je suis heureux de vous rencontrer. Je soupçonnais que quelqu’un protégeait la ville de Tokyo de la magie noire. Cette ville a une activité criminelle comparable aux autres villes du Japon, mais pour ce qui est de la magie noire…
— En effet, cela fait soixante ans que nous sommes ici.
— Mais… quel âge avez-vous en réalité ?
— Nous avons toutes 250 ans. Notre histoire est longue et complexe, vous comprendrez donc que…
— Moins j’en saurais et mieux c’est. Je comprends. J’aurais une dernière question. Il existe cinq éléments, alors…
— Nous ne connaissons pas encore notre sœur de la Terre.
— Ah, très bien. J’en sais assez. Je ne veux pas vous mettre en danger.
— Merci. À présent, j’aimerais savoir où en est votre enquête sur le proviseur.
— Comme je l’ai dit à Tatianna, les services de police soupçonnaient le proviseur de mener des activités louches. Plusieurs fois, il a été remarqué dans des lieux clandestins mal famés. Ce que nous ignorions, c’est qu’il avait des complices. Bien évidemment, moi seul connaissais sa véritable nature. En revanche, je ne savais pas qu’il était aussi puissant.
— Vous avez donc vraiment assisté à toute la scène ?
— À distance, mais oui. J’ai même hésité à intervenir quand j’ai cru qu’il allait vous tuer, mais mes pouvoirs n’auraient jamais suffi. Puis, Tatianna vous a sauvées de manière magistrale. »

Ce fut à mon tour de rougir.

« Quelles sont vos intentions, maintenant ?

— Si vous avez besoin d’aide ou de couverture pour quelque chose, je peux vous arranger cela.
— Pour l’enquête sur le proviseur…
— Je ne peux pas classer l’enquête, vous vous en doutez. Mais je vais faire en sorte que Tatianna et vous ne soyez pas inquiétées. Après tout, ils ont pu partir du lycée après vous. En revanche, pour les caméras de surveillance…
— Cela fait bien longtemps que j’ai installé un mouchard dans le système.
— Et cela explique pourquoi on n’a pas pu récupérer les enregistrements. Mais je m’en doutais. Bien, je suis ravi de vous avoir rencontrées. Continuez de défendre cette ville et si vous avez besoin…
— Nous vous contacterons si nécessaire, mais en attendant, il vaut mieux se voir le moins possible.
— Évidemment. Bonne chance. »

Il se leva et alla régler son café. Puis, il nous salua et sortit. Nous vîmes sa voiture s’en aller. Je demandai à Océane :

« Qu’en penses-tu ?

— C’est peut-être quelqu’un de bien, mais je préfère être méfiante. Si déjà il peut nous éviter des ennuis avec leur enquête, ce sera toujours ça.
— Je suis d’accord. Sélène approuva de la tête.
— Bien, rentrons maintenant. »

Nous allâmes payer nos boissons et nous rentrâmes au manoir.

Chapitre 3

Entraînement intensif

Le dernier jour de cours de la semaine se passa sans incident. Un panneau à l’entrée informa les élèves que, pour le moment, le proviseur adjoint dirigerait le lycée et que les surveillants seraient remplacés. Le soir, en rentrant au manoir, Eliane me fit une proposition :

« J’ai envie de me dégourdir un peu, ça te dit que j’essaie de prendre ma revanche ? »

Je n’avais pas réutilisé mes pouvoirs depuis que je m’étais déchaînée contre le proviseur et je n’avais pas vraiment envie de me battre à nouveau. Surtout si je risquais encore de les blesser.

« Je ne sais pas…

— J’aimerais vraiment voir si j’ai progressé. Mais si tu ne veux pas, je ne te forcerai pas.
— Et si je m’entraînais avec toi ? écrivit Sélène.
— Ha, tu m’intéresses et Tatianna pourra regarder cette fois-ci.
— D’accord, allons au terrain d’entraînement, fit Océane. »

Nous descendîmes toutes au terrain d’entraînement. Sur l’un des écrans de la salle des ordinateurs, je remarquai une carte en gros plan de l’île de Tashiro-jima. L’île où nous pensions que peut-être notre sœur de la Terre se cachait.

« J’ai commencé la reconnaissance et la surveillance de l’île. Elle est située à plus de 400 kilomètres de Tokyo, donc mon détecteur de magie noire ne peut pas aller jusque-là. Mais j’ai des contrats avec des entreprises qui gèrent des constellations de satellites de surveillance. S’il se passe quelque chose, je le saurai très vite.

— Il y a beaucoup de monde sur l’île ?
— Le dernier recensement en 2019 indiquait qu’environ 35 personnes vivaient sur l’île, mais c’est une destination touristique. Nous n’aurons pas de mal à nous y rendre.
— J’espère juste qu’on arrivera les premières.
— Nous avons fait le choix de continuer à aller au lycée. Nous ne pourrons y aller que pendant les vacances d’été. En attendant, je vais continuer de surveiller l’île d’ici. »

Je rentrai ensuite dans la salle d’entraînement. Eliane et Sélène se mirent en position et les lignes autour du terrain apparurent.

« Comme d’habitude, celle qui pose le pied hors de la zone verte ou qui heurte le bouclier perd le combat. »

Je m’assis en compagnie d’Océane. Elle me tendit le maillet.

« À toi l’honneur, cette fois.

— Merci. 3, 2, 1, c’est parti. »

Je fis teinter la cloche. Au fond de moi, j’étais excitée, car c’était la première fois que je regardais un combat entre deux de mes sœurs. Elles se transformèrent puis passèrent une seconde à s’observer. Comme je m’y attendais, Eliane bougea la première. Elle dégaina et se jeta sur Sélène. Sélène sauta alors hors de sa portée. Elle semblait littéralement se propulser dans les airs.

« Elle se sert de l’air autour d’elle pour esquiver.

— Tu es toujours aussi vive pour te sauver ! fit Eliane.
— Je ne vais pas t’affronter au corps à corps alors que je n’ai qu’un arc, lui répondit Sélène. »

Elle banda alors son arc et lui décocha plusieurs flèches. Eliane tendit la main et envoya des boules de feu les intercepter. Cela provoqua une explosion à chaque fois. Je remarquai que la puissance de ses boules de feu avait augmenté par rapport à notre combat. Les explosions me firent siffler les oreilles. Leur duel à distance dura quelques secondes. Puis Sélène se posa et tendit les mains vers son adversaire.

« Ah, tu veux jouer à ça ? »

Eliane se mit également en position, les deux mains jointes. Sélène fit apparaître une petite sphère jaune entre ses mains. Je reconnus son attaque à dépressurisation atmosphérique. Elle lui lança.

« Construction, protège-moi ! »

Eliane se servit du sol pour faire apparaître un mur de roche devant elle. La sphère la percuta. Pendant une seconde, je n’entendis plus le moindre bruit. Une sphère jaune plus grosse apparut sur le mur puis explosa violemment. Le résultat fut un gros trou dans le mur. Je vis alors un javelot de feu passer à travers. Sélène sauta de justesse pour l’éviter. Le javelot finit sa course dans le bouclier et explosa comme une bombe. Une tornade commença alors à se former devant elle. Elle était visible grâce au débris des explosions précédentes.

« Vas-y, continue. J’ai une nouveauté pour toi ! »

Eliane leva la main et je vis apparaître une sorte de forme enflammée au-dessus d’elle. La chaleur devint si intense que l’air dans le bouclier devint flou. Je me disais que le pouvoir de Sélène devait attiser ses flammes. Les flammes prirent rapidement la forme d’un oiseau. Eliane s’écria :

« Phénix de flammes ! »

Sélène se posa alors brusquement et tendit elle aussi la main vers le haut.

« Contrôle atmosphérique total ! »

La tornade disparut brusquement et je n’entendis à nouveau plus aucun son du terrain. Eliane sembla brusquement être au bord du malaise. Le phénix disparut avant qu’elle ne puisse en faire quoi que ce soit. Elle tomba à genoux et son armure devint terne, presque grise. Sélène s’avança alors lentement vers elle et sembla sur le point de lui mettre un simple coup pour l’éjecter du terrain. Mais Eliane, visiblement dans un dernier réflexe, fit apparaître une sphère violette dans sa main et intercepta le pied de Sélène au moment où elle frappait. Une violente explosion silencieuse les éjecta de chaque côté et elles finirent leurs courses dans le bouclier toutes les deux.

« Match nul », dit Océane.

Nous nous levâmes et allâmes les aider à se relever. Je pris Eliane par le bras, elle avait du mal à reprendre son souffle. Océane releva Sélène.

« J’ai besoin de vacances… c’était quoi cette attaque ? J’ai cru ne plus pouvoir me servir de mes flammes.

— C’est une nouvelle attaque que je te réservais. Je sais que tu utilises l’oxygène de l’air pour tes flammes. J’ai donc pris le contrôle de l’air sur le terrain et supprimé tout l’oxygène pour te neutraliser. Ma tornade n’était qu’une diversion. Mais toi, tu utilises plus que ton javelot maintenant.
— Tu crois quoi ? Je ne passe pas le plus clair de mon temps à jouer à la console. Je m’entraîne dur. J’espère juste que tu as apprécié mon baroud d’honneur !
— Comment as-tu fait sans oxygène ?
— Il n’y a pas que ça dans l’air.
— Ah, je comprends. Tu t’es servie des autres gaz pour créer un plasma surchauffé qui a explosé en se détendant. La couleur violette venait de l’azote.
— Je crois que nous avons fait match nul, non ?
— En effet, bravo, tu es une sacrée adversaire.
— Toi aussi, mais je te dois aussi une revanche maintenant. »

Elles se rejoignirent au centre du terrain. Elles désactivèrent leurs pouvoirs et se prirent dans leurs bras.

« Bon bah, j’ai plus qu’à réparer ça. »

Elle remit le terrain en état, puis se tourna vers moi et Océane.

« Dites donc, et si vous faisiez un tour de manège vous aussi ?

— Je veux bien, mais est-ce que Tatianna voudra ?
— Je ne… sais pas. Je n’ai pas envie de te blesser.
— Je te l’ai déjà dit, ne crains pas tes pouvoirs. Et puis, je suis un peu plus maligne qu’Eliane.
— HE, J’AI ENTENDU. Tu as de la chance que je sois fatiguée sinon…
— Allez d’accord. Je n’utiliserai pas mon dard simplement.
— Merci. »

Eliane et Sélène allèrent se mettre sur le banc. Océane et moi prîmes leurs places sur le terrain. Le bouclier se réactiva et Eliane donna le top départ.

« C’est parti pour le spectacle. 3, 2, 1, go. »

La cloche tinta. Nous nous transformâmes et passâmes nous aussi les premières secondes à nous observer. Je commençai par lui envoyer mes aiguilles de lumière. Elle fit apparaître deux jets d’eau sous ses pieds et se propulsa en l’air. Elle m’envoya à son tour des pics de glace que je contrai avec mon bouclier. Elle atterrit un peu plus loin puis posa une main au sol. Aussitôt, l’intégralité du terrain se recouvrit de glace.

« Essaie un peu de marcher maintenant. »

Je regardai mes pieds et je sentis mes appuis glisser. Je vis alors le fouet d’Océane s’enrouler autour d’une de mes chevilles. Elle me déstabilisa et m’envoya droit dans le bouclier, juste devant Eliane et Sélène. Je me suis dit que je ne pouvais pas perdre en trente secondes. Je mis ma main vers le bouclier.

« Lance de lumière. »

L’impact contre le bouclier me repropulsa de l’autre côté. Mais comme le terrain était une vraie patinoire, je ne pouvais pas m’arrêter. Sauf si je plantai ma lance dans la glace. Je pus finalement me stopper à deux centimètres de la ligne verte. Je décidai de me motiver un peu. En utilisant ma lance comme appui, je lui lançai cinq shurikens de lumière. Ils n’étaient même pas à mi-chemin qu’elle les détruisit avec un jet d’eau. Je me suis dit que je devais me débarrasser de cette glace et faire diversion. L’attaque d’Eliane me donna une idée. Je tendis ma main libre vers le haut. Ma lumière prit alors la forme d’un dragon blanc avec des yeux d’or. J’y mis une bonne partie de mes forces.

« Espèce de copieuse ! s’écria Eliane.

— Dragon de lumière ! »

Le dragon partit et se précipita sur Océane. Elle essaya de le détruire avec ses jets d’eau, mais j’avais fait en sorte qu’il soit si chaud que l’eau ne pourrait rien. Elle l’esquiva, mais elle ne devait pas avoir prévu que je pouvais le contrôler à distance. Je lui fis opérer un demi-tour et il replongea sur elle. Elle aperçut son reflet dans la glace et l’esquiva à nouveau. Elle semblait littéralement danser sur la glace. Je plaçai mon dragon devant moi.

« Jolie bête, mais… »

Elle tendit la main. Aussitôt, une énorme stalactite de glace se forma juste au-dessus de lui. Je n’eus pas le temps de le faire bouger. La glace et la lumière explosèrent alors et dégagèrent un énorme nuage de vapeur. Lorsque le nuage se dispersa, je vis Océane en train de former une sphère d’eau entre ses mains.

« Attention, c’est son raz-de-marée !

— Voilà pour toi, fureur des océans ! »

Elle me lança la sphère qui éclata juste devant et forma une gigantesque vague d’eau. Je n’avais aucune échappatoire, mais je souris intérieurement. Je fermai les yeux et au moment où la vague allait me toucher :

« Onde thermique !

— Hein ? fit Eliane. »

Je commençai alors à repousser la vague d’eau en provoquant un énorme nuage de vapeur. Océane essayait de la pousser sur moi. La glace sous mes pieds fondit et je récupérai mes appuis. C’était maintenant un duel de volonté. J’avançai lentement vers elle tandis qu’elle voulait m’engloutir.

« Puisque c’est comme ça, léviathan des mers. »

Trois têtes de léviathan se formèrent dans la vague et me crachèrent chacun un jet d’eau sous pression. Je n’eus qu’une seconde pour réagir. Je tendis ma main gauche en imaginant protéger Eliane de cette eau. Aussitôt, les jets d’eau et la vague se stoppèrent quasi complètement et le temps accéléra à nouveau pour moi. Je me lançai à travers la vague qui s’évapora au fur et à mesure. Arrivant devant Océane, je vis à sa tête qu’elle avait compris, elle me sourit. Je lui donnai un coup de poing dans l’épaule qui l’envoya contre le bouclier. J’entendis alors un craquement sinistre. Le reste de l’eau retomba puis disparut. J’avais gagné.

Eliane et Sélène l’aidèrent à se relever. Je me précipitai sur elle.

« Bien joué. Tu as gagné.

— J’espère que je ne t’ai pas fait mal.
— Je crois que j’ai juste l’épaule un peu déboîtée.
— Désolée, je vais t’arranger ça. »

Je tendis mes mains et activai ma magie de guérison. Ce fut réglé en dix secondes.

« Merci, Tatianna.

— Comment as-tu fait pour repousser le raz-de-marée ? C’est quoi cette “onde thermique” ?
—