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Il y a 30 000 ans, dans la grotte Chauvet, un artiste crée des fresques magnifiques dont la beauté suscite encore aujourd’hui l’admiration de tous. La jalousie de son frère entraîne sa perte, touchant profondément Urnaa et son clan. Située dans les majestueuses gorges de l’Ardèche, cette saga préhistorique décrit la bataille acharnée du clan pour reprendre le masque d’Ursus, un puissant symbole de magie qui leur a été dérobé. Leur quête épique pour retrouver cet artéfact forge une brèche qui relie mystérieusement les temps.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Armand Guérin puise dans un imaginaire riche en images et en recherches historiques, ainsi que dans les lieux qu’il fréquente pour façonner des personnages réels ou inventés. Il les intègre dans des dédales aventureux, où fiction et réalité s’entremêlent subtilement.
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Armand Guérin
Urnaa
Le masque d’Ursus
Roman
© Lys Bleu Éditions – Armand Guérin
ISBN : 979-10-422-3818-6
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– Les flammes de l’Archange, bande dessinée avec Fabien Lacaf, Éditions Glénat, 2009 ;
– Le mystère tour Eiffel, bande dessinée avec Fabien Lacaf, Éditions Glénat, 2010 ;
– Cévennes, roman en autoédition, 2023.
À Urnaa, Uranchimeg Davaajav,
notre petite protégée de Mongolie
qui m'a prêté son surnom.
À Sodoo, qui sans le savoir,
a inspiré le personnage détestable
qui porte son nom.
Assis en tailleur sur le sommet d’un gros bloc de roche grise, Haouz regarde fixement depuis des heures en direction des terres humides.
Son regard s’attarde sans cesse sur la ligne douce de la steppe, juste éclairée par une forte lune, là, où tous les matins se lève le soleil.
Targuth, son maître, lui a ordonné de s’arrêter et de le laisser poursuivre son chemin seul.
Haouz, obéissant, s’est alors perché sur ce promontoire naturel pour mieux surveiller le retour du grand Chaman (1), celui de son Clan, celui de la rivière profonde.
Un fort vent descend du nord, traînant avec lui les froidures des grands glaciers.
Des bourrasques de neige parcourent en tourbillonnant les hautes herbes y créant à l’infini une danse endiablée.
Haouz, impassible, drapé dans une chaude peau de renne n’a pas bougé depuis que la haute silhouette du vieil homme a disparu à l’horizon.
Targuth n’a rien dit de ses intentions, juste demandé à son élève de le suivre dans la nuit, ce qu’il avait fait sans poser de question, la tête embrumée de sommeil.
Arrivé aux confins du territoire du Clan, il lui a ordonné de l’attendre.
Haouz a protesté, arguant de grands dangers qui rôdent sur la steppe, et proposé de continuer avec lui.
Targuth a refusé, il ira seul. Haouz attend donc, obéissant, on ne discute pas les ordres de Targuth.
Haouz a été recueilli au foyer de Targuth et de sa sœur Raouda, orphelin, lorsque le grand lion des cavernes a tué sa mère et son père alors qu’ils étaient à la recherche dans les grottes d’un abri pour l’hiver, il y a maintenant de nombreuses lunes.
Un chasseur solitaire issu d’un clan ancien inconnu, Araak, attiré par des pleurs l’avait retrouvé à côté des restes de ses parents à moitié dévorés par le monstre.
Étrangement il l’avait épargné, peut-être à cause de la couleur de sa peau presque blanche, albinos (2), et sa chevelure, une crinière rousse, comme les petits lions.
L’homme au visage marqué d’une arcade sourcilière prononcée et au corps étrange, vivant seul dans une caverne au bord de la grande rivière, avait apporté le jeune enfant au foyer du grand Chaman.
Celui-ci et sa sœur ont décidé de l’adopter et de l’instruire dans l’art de guérir et d’invoquer les puissances de la nature et « la Mère », créatrice de toute vie, la couleur de sa peau indiquant pour Targuth une prédestination pour communiquer avec les esprits et les animaux.
Raouda ne s’est pas alliée à un homme pour se consacrer à son frère et à cet étrange enfant.
Elle est une formidable guérisseuse, pour le corps, mais aussi pour les âmes.
Elle a trouvé ainsi en Haouz un fils respectueux, dévoué et reconnaissant pour l’accueil qu’il a trouvé auprès d’eux.
Targuth, lui, dont on ne connaît pas l’âge, a hérité de la connaissance transmise par Rorg, connaissance qu’il tenait lui-même de Nuur.
Il connaît aussi le secret des breuvages sacrés qui permettent de rejoindre l’esprit des anciens pour les consulter dans leur grande sagesse, ceux aussi qui donnent la force et le courage sans borne.
Il connaît les passages secrets qui conduisent aux sources de la nature, de toute vie.
Rorg, en mourant, lui a confié le masque sacré, le Masque sans lequel le voyage vers les esprits est vain.
Lui, Haouz sera à son tour le maître de la grande caverne, la plus profonde, la plus sacrée, aux confins du monde des esprits et des initiés, là où est déposé le masque sacré, le Masque d’Ursus.
Il en sera le gardien ultime ! C’est là sa destinée, lui a dit Targuth.
Cette pensée le rend fier.
Il sera digne de la confiance de son maître, il sera lui aussi un jour un grand Chaman, mais il lui reste encore beaucoup à apprendre…
***
Targuth s’est arrêté lorsque l’aube naissante lui a permis de distinguer au loin la ligne bleue des hautes montagnes blanches, au-delà des terres humides.
De l’autre côté de ce monde inconnu seraient venus un jour les ancêtres du Clan. Les anciens l’ont appris à Targuth, et ce sont les ancêtres des anciens qui le leur avaient raconté.
Bordant la steppe, au pied des falaises et d’une pente abrupte s’étale une large vallée hostile, immense marécage où court un grand fleuve aux eaux grises venu des glaciers.
À cette heure, la vallée dort sous une immense mer de nuage.
C’est un monde de roseaux et de marécages où vivent des hommes aux visages blanchis, guerriers à la réputation sanguinaires, dont les incursions sur les terres de chasse du Clan sont souvent meurtrières.
Targuth le sait, il décide donc d’attendre là, aux confins de ces deux mondes.
Les bois, jetés sur le sol de la caverne sacrée, ne peuvent mentir, deux hommes doivent venir vers lui, au lever du soleil.
Deux hommes envoyés par les forces de l’au-delà pour accomplir un grand destin, il en est certain.
Campé droit sur la crête rocheuse, son grand bâton sacré à la main, le Chaman fixe comme hypnotisé la lueur naissante qui commence à poindre, faisant miroiter les immenses pans de glace qui couvrent les montagnes à l’horizon.
Un monde hostile sur lequel il sait que peu d’humains se sont hasardés.
Son visage émacié par une peau brune burinée par le temps et le froid rend encore plus solennel et figé l’attente qui s’éternise.
— Es-tu Targuth, le grand Chaman du Clan de la rivière profonde ?
Targuth sursaute au son d’une voix rauque venant de nulle part.
Un homme grand et puissant, le dos encombré d’armes de jet vient se camper à quelques pas du vieil homme, il ne l’avait pas vu venir.
— Je le suis en effet, répond le vieil homme, fixant impassible l’inconnu.
Un autre homme s’avance, sortit lui aussi sans bruit de l’obscurité de la pente.
— Je suis Sodoo, Munk est mon frère d’esprit et de chair, dit le premier homme en le désignant du doigt.
Sodoo s’est approché et Targuth découvre son visage rond, la peau grêlée et cuivrée.
Ses yeux sont fins et bridés, d’épais cheveux, raides et noirs tombent sur ses larges épaules.
L’homme arbore un franc sourire.
— Rouanna nous a vanté les mérites de ton enseignement et la sagesse de tes conseils.
— Je connais Rouanna, cette femme est savante, acquiesce le Chaman dont le regard perçant fixe interrogateur le visage de Sodoo cherchant à percer ses intentions.
— Nous avons parcouru un long chemin pour devenir tes disciples, homme sage et érudit, pour, à notre tour, honorer la Mère et Ursus dans le pays de nos ancêtres.
— Pouvoir soigner et guider, instruit de ton savoir nos frères et sœurs, ajoute Munk qui s’est rapproché de son frère.
Son visage est plus fin, ses traits plus gracieux, Targuth le trouve très beau.
— Nous voulons comme toi entrer en relation avec les esprits de nos anciens. De plus, ma main sait tracer et faire vivre les animaux sur le rocher, je pourrais la mettre à ton service pour honorer la Mère et attirer ses bienfaits sur ton groupe, faciliter la chasse, ajoute ce dernier.
— Nous t’avons aussi apporté des présents pour toi et ton Clan. Rouanna a ajouté des plantes que tu ne possèdes pas, et qui te seront très utiles. Des plantes des terres froides, renchérit Sodoo.
Les mains des deux hommes chargées de colliers d’ambre, de pierres magnifiques et de statuettes se tendent alors vers Targuth.
Ce dernier ne résiste pas et se saisit d’une magnifique statuette de femme callipyge (3) ciselée finement dans de l’ivoire de mammouth…
— La Mère, dit-il tout bas. La Mère, créatrice de toute chose, de la vie.
Encouragé par l’attitude positive du Chaman, Munk, plonge ses mains à l’intérieur d’un sac en peau, et en ressort une fourrure d’une finesse et d’une blancheur éclatante.
Il la tend au vieil homme qui la caresse subjugué.
— Pour ta compagne Targuth, elle vient des grandes montagnes.
À cet instant, le soleil fait son apparition au-dessus de l’horizon, illuminant comme par magie la merveilleuse fourrure.
Le Chaman le visage subitement éclairé remercie d’un regard.
— Nos armes sont aussi pour ton Clan ! ajoute Sodoo en les posant respectueusement aux pieds de Targuth.
Le vieil homme lève alors ses maigres bras et tend son bâton sacré vers le soleil qui maintenant irise les brumes du pays d’en bas.
Les yeux fermés il marmonne des phrases incompréhensibles avant de se retourner et de s’engager rapidement sur la piste de la grande rivière.
Les deux frères se regardent un instant, hésitent, ramassent leur paquetage et se lancent sur les pas du Chaman.
***
Haouz est maintenant transi de froid.
Toujours perché sur le grand rocher, il se frotte vigoureusement les bras et les jambes pour se réchauffer.
Le soleil depuis peu illumine la steppe quand, sur la grande crête apparaissent des silhouettes.
Haouz se dresse d’un bond, arme à la main, il saute du rocher et court en hurlant en direction des trois hommes.
Sodoo instantanément, se sentant menacé par l’apparition subite de cet étrange personnage à la crinière de feu, se saisit de sa sagaie, prêt à se défendre.
Haouz poursuit sa course effrénée en hurlant de plus belle.
Targuth médusé lui fait signe par sa main tendue de s’arrêter, sans effet sur le jeune homme.
De l’autre il retient fermement le bras de Sodoo pourtant d’une force peu commune.
Alors que Sodoo s’apprête malgré tout à lancer son projectile, Haouz bifurque soudainement et d’un geste puissant propulse le sien en direction d’un gros buisson.
Le cri rauque d’un fauve retentit.
Haouz s’est arrêté, essoufflé, il contemple fièrement la hyène monstrueuse qu’il vient d’abattre.
***
Comme à son habitude, quand le soleil décline, Targuth s’est perché sur un escarpement rocheux non loin du porche de la grotte sacrée.