Zaxia Tracker - Tome I E-Book

Richard Bouskila

• Herausgeber: Le Lys Bleu Éditions
• Kategorie: Für Kinder und Jugendliche
• Serie: Zaxia Tracker
• Sprache: Französisch
• Veröffentlichungsjahr: 2020

Seitenzahl: 816

Beschreibung

Zaxia est une Xation, une princesse guerrière descendante de la mythologie grecque. Elle est née une nuit de guerre au palais d'argent. Son pouvoir est renforcé par le soutien d'autres Xations tous nés sur cette planète. Luttant contre Enfer, alias Typhon, le diable en personne, elle découvre et s’empare d’armes ultrapuissantes capables d'exterminer l'univers tout entier.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Richard Bouskila est né en décembre 1982 à Paris 18.
Très tôt, il montre des aptitudes à l’écriture et publie 15 poèmes lors d’un premier concours organisé par la mairie du 19ème arrondissement de Paris. Il est ensuite repéré par une maison d’édition qui publiera en 2005 La vie en poèmes, son tout premier recueil. Après des études en comptabilité et en informatique, il se passionne désormais pour l’écriture de romans, plus précisément de littérature jeunesse et de fantasy.

Leseprobe

Richard Bouskila

Zaxia Tracker

Tome I

La Vial

Roman

© Lys Bleu Éditions – Richard Bouskila

ISBN : 979-10-377-0768-0

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Prologue

Dans la mythologie gréco-romaine, Zaxia est une princesse guerrière dotée de super pouvoirs. Elle montre très tôt des prédispositions au combat et à la magie. Elle développe ses dons psychiques innés par l’hypnose et devient maîtresse de la matière et déesse Channelling. Aux côtés de Yasou, Slash, et Xalta, elle déjoue les plans macabres de Typhon, réincarnation du serpent dans la Genèse, ayant contraint Adam et Ève à recevoir le châtiment ultime de Dieu. Zaxia et Yasou sont leurs naïades réincarnées. Yollow, un roi guerrier, et Merauda, une reine guerrière, trônent fièrement au palais d’argent sans cesse assiégé par les sbires de Typhon, l’ange de la destruction, qui veut appâter la reine Merauda pour faire son jeu et asseoir sa domination. C’est un vaillant soldat, le bras droit du roi, le plus puissant, le plus brave. Au Japon, Yollow Tracker, un sage aumônier, est très rapidement confronté aux forces du mal. Il est protégé par le père Vaxius qui peut compter sur le soutien inconditionnel de Slash et Xalta, ses fidèles et vaillants disciples, qui gardent secrète l’existence future de la Vial, selon les prémonitions du chaman. Le frère de Yollow n’est autre que le roi d’Angleterre lui-même, qui l’ignore jusqu’au jour où, dans une arène, il est confronté à lui, transformé pour l’occasion en un redoutable gladiateur. Il ressort victorieux, et accède rapidement au trône. Il devient le digne successeur de Yollow Tracker. Il épouse Merauda devant l’assemblée composée des loyaux sujets de Sa Majesté, et par cette union magique, nait l’artefact mythique. Zaxia. Des combattants d’élite ont pour mission de protéger l’Univers de la destruction finale qui éteindra toute étincelle de vie. Typhon entend en finir définitivement avec le genre humain et vise à détrôner le roi Yollow au palais d’argent pour prendre le contrôle sur les dieux. Les guerriers du Bien, aussi appelés les Xations, n’ont que soixante-douze heures pour libérer la Terre, et la reine Merauda de la triste agonie dans laquelle elle se retrouve plongée.

Dans l’excitation d’un pouvoir intense et immortel jalousement gardé par les voies célestes du clergé suprême, Zaxia, semi-nippone, semi-britannique, jeune princesse guerrière intrépide, jeune nymphe fondamentale des eaux et des fontaines, florilège du Cosmos et de la Voie Lactée, née sur la planète Xation, envoyée sur la planète Terre pour sauver le monde du chaos qui le précède, est âgée de quinze ans et demi au moment où elle dit définitivement adieu à son passé, surmonte, piège après piège, toutes les embûches du monde, acculée par des adversaires de plus en plus puissants et pervertis.

Elle côtoie la magie, possède de super pouvoirs, manie les armes concédées par son aura bienveillante, devient une pure déesse Channelling. Dans la mythologie gréco-romaine où elle naquit une nuit de guerre et de révolte sanglante, elle porte sur elle le poids du monde décimé. Aux côtés d’adjuvant, elle doit mener une quête sans retour. Avec eux, elle doit mener un combat sanglant contre les Illuminati, les prêcheurs des ténèbres, et surtout Typhon, le monstre de la mythologie gréco-romaine réincarné une fois tous les mille ans lors des passations de pouvoirs entre rois et reines de royaumes perdus sur Terre. Mêlant amour et tendresse, née sang royal, elle incarne une divinité personnifiée au cœur pur, et protège dans son sein l’arme suprême convoitée par tous les capitaines, tous les généraux de l’Univers qui tapissent dans l’ombre de dieux et de déesses aussi épouvantables les un(e)s que les autres.

Zaxia Tracker est non seulement l’arme de guerre par excellence mais c’est aussi un personnage ancestral et occultiste devant mener un combat impitoyable contre les soldats de la magie noire, et contre son grand-oncle Yollow Tracker, le frère de son père Yollow Tracker, un sage aumônier, lequel meurt tué par son frère pour le trône. Capables de se matérialiser dans les corps les plus incestueux, ils combattent contre leurs semblables jusqu’au déchirement du Chaos dans le temps et de l’espace cinglant.

Dans une épopée prolongée et fastidieuse, chaque arme luttant contre les Illuminati se voit aboutir à une horreur sans pareille où règnent sans partage la mort et la haine. La Vial demeure comme étant le secret, le bijou scellé, la construction de l’Univers dans tout son paroxysme. Il est le seul trésor que maints sorciers et sorcières des cieux tentent de protéger, et secrètement de dérober dans l’intention de s’en servir à son propre gré. Sans s’en rendre compte, Zaxia mènera une double quête, car elle devra non seulement protéger ce qu’elle est vraiment, mais aussi empêcher l’anéantissement du temps par les dieux, trônant sur de hauts-sièges en or, auteurs de conspiration destinées à faire capituler un monde plongé dans le désarroi et le cataclysme qui le sévit. Le malin cherche à atteindre par tous les moyens la forteresse appelée « le palais d’argent ».

Sbires, trolls, roses démoniaques, cyborgs lata, et tant de terreurs tentent d’étouffer les monstres qui naissent tout en furie, et qui arrivent sans cesse de plus en plus nombreux sur Terre par l’entrée secrète du royaume des ténèbres où trône Typhon, l’épouvantable Dieu. Escarmouches et estafettes s’insurgent pour lui en menant des bataillons entiers jusqu’au sentier de la destruction massive. Ils le font passer d’un monde à l’autre, créent des brèches informes pour infiltrer leurs guerriers Illuminati dans le globe terrestre et prendre d’assaut toutes les armées du monde, lèvent les glaives en signe de victoire et démolissent tout sur leur passage. Jusqu’à l’apparition de ceux qui ont juré de protéger toutes les constellations des quatre galaxies. On les surnomme : les Xations, défenseurs de la paix, de la justice, et prônant un monde parfait basé sur l’équité. Ils monteront une armée d’élite qui tentera de leur résister, mais pour combien de temps ?

I

Les Trackers

En ce jour de cataclysme, le ciel était noir sur toute la surface de la Terre. Des troupes de chevaux assiégeaient les ruines sanguinolentes. La soldatesque paladin, qu’elle fut jadis palefrois ou laborieux dioscures, n’avait pas fini d’en découdre contre les esclaves qui peuplaient les villes d’une barbarie récalcitrante. En ce temps-là, il n’existait ni le bien ni le mal. Tous les guerriers étaient sur même un pied d’égalité. La lutte se poursuivit ainsi longtemps, assez longtemps pour nous permettre d’élaborer de nouveaux plans d’action. Il fallait nous venger des sbires et des vassaux qui avaient souillé nos armures et réduit nos âmes en lambeaux.

Seulement, tout près des catacombes en ruine, bien loin de ce théâtre tragique sanguinolent, on distinguait des cadavres entreposés dans des sarcophages blancs. Ce carnage perdura mille ans. Les chevaux hennissaient épouvantablement à travers les dunes du désert à la recherche des templiers. Le vent soufflait sur le palais d’argent à Londres où il ne restait plus que le roi Yollow qui gouvernait avec l’aide souveraine de la reine Merauda au visage d’ange, mais au cœur obscur. Parmi son armée, cent mille soldats furent décimés au cours d’une guerre sans merci. Seul Typhon avait réchappé au châtiment cruel réservé par la reine Merauda et le roi Yollow. C’était un combattant unique, craint dans tout l’Univers pour ses pouvoirs méphistophéliques. On ignorait tout ce qu’il incarnait mais ses pratiques horribles et ignobles en faisaient un homme qui échappait à tout contrôle de pratiques occultes et ancestrales. Pour demeurer jeune, il engloutissait toutes les âmes qu’il trouvait sur son passage. Il était à la tête de l’armée la plus puissante au monde.

Mais un jour, lors du 40ème anniversaire de la commémoration de l’empire Tracker, il surprit une conversation tumultueuse entre Yollow et Merauda dans la salle du trône. Le roi révélait à la reine la possibilité d’un lieu légendaire où pouvait se terrer la Vial, et découvert grâce à l’un de ses fidèles vassaux. Il connaissait l’existence de cette rose légendaire, fille des Dieux, disait-on dans les mythologies ancestrales, mais savait aussi que nul ne pouvait l’acquérir sans provoquer le courroux du ciel. Yollow comptait s’en servir pour contribuer à la renaissance et à la résurrection du royaume d’Angleterre, le palais d’argent.

Ainsi, la lutte entre deux puissances illimitées commença car la nouvelle annoncée fit bien des envieux. Et, à partir de cet instant, s’engagea alors la longue quête de Typhon qui ne rêvait que d’être délivré de la servitude dans laquelle Yollow l’avait emprisonné. Enfer, alias Typhon, pensait que la Vial allait lui permettre de détrôner le roi, de prendre possession de toute l’Angleterre et de devenir le nouveau maître de l’univers. Depuis le temps qu’il était en quête de la rose divine, il n’aurait plus besoin d’absorber des âmes pour rester jeune. Il aurait la jeunesse éternelle. Yollow ne se doutait de rien, croyant en la loyauté et en la sincérité de son fidèle lieutenant qui entreprit même de faire assassiner le roi. Mais son projet fut un échec à cause des turpitudes et des mesquineries réciproques de Son Altesse Royale, Sa Majesté la reine Merauda, à son égard. Ainsi, Typhon quitta l’Angleterre non désemparé, emportant avec lui une carte au trésor qui le conduirait tout droit à la rose légendaire. Les soldats, qu’il recruta selon leur vaillance implacable, commencèrent à entreprendre des recherches qui furent longues mais inlassablement infructueuses. La soldatesque exécutait docilement les ordres du tyran. Ils sillonnèrent tous les pays du monde en quête de la Vial. Cependant, quand ils vinrent présenter leur rapport, ils furent mis à mort sur le champ. Aucun d’entre eux ne parvenait à accomplir cette mission insurmontable et à revenir sain et sauf – tous périssaient tragiquement et mystérieusement ; – car claquemurées ou emmurées vivant – dans les tréfonds de la honte et de la lâcheté. Ne se souciant des embûches, tous succombèrent les uns après les autres.

C’était du moins ce que pensait Typhon, car quelques miraculés parvenaient malgré tout à surmonter les obstacles mais périssaient eux aussi en osant poser la main sur la Vial. Ils connurent le repentir dans un acte de contrition. La carte au trésor que Typhon déroba à son roi n’avait pas menti. Cette rose du ciel légendaire existait bel et bien. Il ne se découragea pas, et continua malgré tout à envoyer ses hommes assiéger les territoires ennemis, en vain. Son armée de troll obstruait les sentinelles. Elle n’épargnait rien ni personne et, petit à petit, elle avait exterminé plus de la moitié de la population.

Autodidacte, Typhon se mit à la recherche d’un homme qui n’aurait d’autre choix que d’obéir aveuglément à ses ordres, et qui aurait le cœur suffisamment pur pour traverser les différentes épreuves. Le peuple fuyait à son approche. Cela dit, il restait infiniment persuadé que les villageois et les mendiants en savaient plus qu’ils ne voulaient le dire. Il traversa une multitude de villages qu’il laissa à feu et à sang, sans succès. Il avait tenté en vain de leur délier la langue en les blessant et en les terrorisant avant de les exterminer.

Dans un village ardent, il trouva néanmoins le chéneau manquant d’une cathédrale lointaine située dans les contrées perdues du Japon et tenu par un célèbre prêtre du nom de Vaxius lequel protégerait depuis des temps immémoriaux l’existence d’un trésor légendaire. Les vestiges d’un vieux manuscrit laissés pour compte dévoilaient comment y aller. Typhon partit avec son cheval en direction du Japon, espérant ainsi avoir trouvé l’âme idéale, et qui aurait le cœur assez pur pour partir en quête de la Vial.

Yollow, encore appelé Yollow l’aumônier de l’église, un homme sage dont le courage faisait défaut, se dressa sur son chemin. Et, ayant senti la présence des forces du mal, il exerça contre eux l’immunité de sa magie blanche avec l’énergie du désespoir. Il combattit Typhon sans relâche dès son apparition, mais alors qu’il était sur le point de succomber au poids démoniaque, deux jeunes guerriers des noms de Slash et de Xalta apparurent devant lui ; et sauvèrent Yollow in extremis d’une mort affreuse sous le regard hautain et dédaigneux de Vaxius, le prêtre, qui chassa Typhon de la cathédrale à l’aide d’une croix du christ et d’eau bénie.

— Esprit du mal ! Je t’ordonne de quitter ce sanctuaire de paix et de prière ! s’exclama le courageux prêtre en agitant sa soutane et en manifestant la présence de Satan en ces lieux bénis et sous la protection de la vierge Marie.

— Maudit sois-tu, curé de malheur ! Oh non, le processus a déjà fait son effet. Si seulement la Vial était mienne, j’aurais la jeunesse éternelle. Je pars mais nous nous retrouverons, répondit Typhon, et alors j’en finirai avec vous tous.

Typhon s’échappa sur son cheval en direction de l’Ouest. Néanmoins, Slash et Xalta, farouches guerriers, se lancèrent à sa poursuite et se perdirent chacun de leur côté dans une autre dimension. Aussi, se posèrent-ils tous deux les mêmes questions. Ils avaient perdu de vue le fuyard qui était parvenu à leur échapper. Ils n’avaient pu réussir à le localiser en ces lieux hostiles que chacun d’eux affrontait. On les vit tous deux dans l’ombre de la mort sous différents aspects. L’un était blond aux yeux pourpres. L’autre était rouge sang, vêtu de bleu et portant une cape noire et violette.

— Slash, où es-tu ? s’écria Xalta. Quel est donc cet endroit étrange ? Oh… Oh…

— Où suis-je ? Qu’est-ce que je fais ici ? Où es-tu, mon ami ?

— Je me noie. Je me perds. Que faire ? Vaxius, mon maître, où êtes-vous ? À l’aide !

— Hé ! Ho ! Hé ! Ho ! Est-ce que quelqu’un m’entend ? Au secours !

Ils continuèrent longuement à se chercher l’un et l’autre sans se retrouver.

Pendant ce temps, de retour au château, Typhon redéploya la carte au trésor du roi Yollow. Cependant, lui et ses hommes l’y avaient précédé. Fou de rage, Typhon – qui avait élaboré un plan pour faire sienne la Vial – n’avait plus qu’une seule idée en tête. Il voulait la mort du roi. Il envoya toute son armée en Angleterre. Il se mit en route sur son cheval noir pour accompagner ses soldats, et se remettrait aussitôt après en quête de nouvelles contrées d’un cœur pur. Malheureusement, Typhon et ses hommes échouèrent aux portes du palais d’argent, et la guerre fut remportée par les Trackers. Et dire qu’il n’avait pas absorbé d’âmes depuis un siècle entier, et il lui fallait trouver à présent une grande quantité d’énergie pour le régénérer et le rassasier. Ses nouveaux mercenaires avaient récupéré des pierres précieuses que les villageois s’évertuaient à dissimuler dans les minerais ainsi que des saphirs, rubis, et tout autre bijou, puis ils les revendaient à prix d’or au marché aux esclaves. Ainsi, Typhon fit du commerce avec des pots de vin et des dessous de table, et parvint à imposer son règne de terreur qui perdura, ce qui terrifia Yollow, qui ne se sentait plus capable de gérer ses fonctions d’aumônier. Ainsi -t-il sa démission à Vaxius avant de quitter le Japon pour devenir un vagabond.

Typhon ne parvenait toujours pas à mettre la main sur la Vial tandis que les jours, les semaines, et les mois s’écoulèrent. N’ayant pas trouvé d’âmes à son goût, il ne dormait plus, ne mangeait plus. Il se laissait dépérir et de sa peau aride pelait le feu. Constamment affaibli par sa perte d’énergie vitale, il vieillissait et agonisait dans la déchéance de sa nudité organique.

Par une nuit de tempête semblable à celle-ci, un éminent visiteur allait cependant lui redonner de l’espoir en vainquant ses angoisses et ses frustrations. Malin qu’il dit être, grâce à lui, Typhon devint immortel et récupéra alors toute son énergie. Il devint même plus fort que jamais. Pour cela, Typhon dut lui vendre son âme. C’était le diable qui, très attiré par son âme obscure, et son cœur noir rempli de haine, s’était introduit en lui. Il l’avait intronisé après une proposition marchande malicieuse consistant à son invulnérabilité en échange de quelques bienheureux services.

Grâce à lui, il pourrait vaincre n’importe quel obstacle, récupérer la Vial, et obtenir la vie éternelle.

Typhon accepta vite. À dater de ce moment, il devint un ange déchu. Il était lui-même un serviteur de Satan ayant la nécessité d’une enveloppe charnelle pour instaurer sa puissance, et assouvir sa soif de pouvoir. Le démon suprême avait fait des promesses à Typhon qu’il ne tiendrait pas et il le savait. Il lui avait promis qu’il pourrait compter sur lui pour instaurer son règne. Mais il eut à accepter pour régénérer son immortalité et récupérer sa jeunesse passée et oubliée dans les trappes de l’abîme. Et quand la tempête passa, Typhon prit la ferme initiative de partir seul en quête de la Vial sur son cheval noir, pensant que son armée de troll n’était plus digne de le servir. Il n’hésita pas à mettre fin aux vies de ses soldats, et à recruter d’autres mercenaires à travers l’Univers.

Au beau milieu de la brume du Nord cachait la présence de Yollow qui entra dans une auberge, cherchant à se protéger des grosses tempêtes qui menaçaient un ciel triste. Il ôta sa ceinture et son chapeau de plomb, sous le regard d’une clientèle hostile qui rôdait autour de lui. L’aubergiste demanda au grand seigneur, le client roi, ce qu’il voulait boire. Il n’avait emporté qu’une bourse en sachet contenant de vieilles pièces d’or qui appartenaient à l’église. Il montra à l’aubergiste ce qu’il avait sur lui, et lui demanda de le servir pour cette somme d’or. Il se désaltéra avec du saké. Les habitués du coin ne voyaient pas l’arriviste d’un bon œil. Ils allèrent vers lui chacun leur tour en l’humiliant et en le provoquant, mais il restait neutre devant eux. L’aubergiste sentit le danger. Il s’éloigna. Une rixe éclata brusquement.

L’homme reprit sa ceinture et son chapeau de plomb. Il quitta l’auberge, laissant derrière lui les hommes à terre, et déposa sur un comptoir une bourse et un pourboire. Le déserteur continua d’errer d’auberge en auberge, de taverne en taverne, tout en contemplant sur son chemin les ruines, et le massacre que Typhon et ses soldats avaient propagé le transporta tout droit jusqu’à la forteresse des Tracker située en Angleterre. Il se présenta dès son arrivée comme étant un messager venu du futur. Alors que les gardes se montraient intraitables au point de lui barrer la route quitte à l’accabler de coups, Merauda, la reine guerrière, fit son apparition. Elle injuria ses loyaux sujets pour le châtiment indigné réservé à cet homme. Il gagna l’estime de Sa Majesté qui vanta la longue route que leur hôte avait dû accomplir pour parvenir jusqu’ici. L’hospitalité de la reine était inattendue pour Yollow qui fut cordialement invité à un bal masqué précédé d’une cérémonie au palais d’argent.

La nuit tombée, l’aumônier fut jeté dans une arène où il dut être confronté au roi lui-même, Yollow Tracker, sous l’aspect d’un gladiateur qui ne jura que par sa perte. Yollow engagea la bataille malgré lui sans connaître l’identité de son adversaire, et parvint à le vaincre au prix d’une lutte acharnée. Il sortit grand vainqueur de ce combat, et apprit par la reine qu’il croyait veuve que celui qui était à ses pieds n’était autre que le roi lui-même. Yollow vit que c’était son frère. Merauda l’avait mis devant une épreuve inattendue. Il quitta l’arène sous les rires et les applaudissements des hôtes du bal masqué qui n’avaient point assisté à un aussi beau spectacle depuis fort longtemps.

Au petit matin, il fut convoqué pour rejoindre Sa Majesté dans la chambre sacrée, laquelle était assise sur son trône sous le regard de l’assistance composée principalement de son gouverneur, de ses ministres et de ses loyaux sujets qui s’étaient réunis à l’occasion pour récompenser le gagnant. Après son funeste triomphe, Merauda décerna à Yollow la médaille du roi. L’aumônier jadis devint ainsi le nouvel empereur d’Angleterre. Cette victoire avait pour lui un goût amer. Il avait assassiné son frère Yollow Tracker qu’il n’avait pas revu depuis des années, ignorant qu’il était devenu roi. L’aumônier avait rejoint son abbaye et intégré la cathédrale de l’église du Japon aux côtés du prêtre Vaxius.

Plus tard, la reine tomba enceinte, mais Yollow n’assistera pas à l’évènement de l’accouchement, étant partie en guerre avec ses hommes livrer bataille contre les serviteurs de Typhon venu pour ravager le palais d’argent. Quand il revint à Merauda, ce fut pour déplorer la perte de mille hommes, lesquels avaient tout fait pour conduire le peuple d’Angleterre jusqu’à la victoire de cette guerre impitoyable. Malgré tout, ils avaient réussi à repousser les assauts. Le roi pouvait compter sur le soutien de la reine qui lui montra un berceau dans lequel y pleurait un bébé. Cette petite fille représenterait plus tard l’espoir dans le cœur de l’humanité tout entière. Elle symboliserait la vengeance. Elle fut baptisée Zaxia en hommage à l’éminence responsabilité de Sa Majesté l’ancien aumônier qui reconquit son titre ayant impliqué le nom de la salvatrice étoile de naissance dans la nuit suprême. Sous le regard dur de la reine Merauda, Yollow prit le bébé dans ses bras en le brandissant vers le ciel telle une épée, et prédit la venue de la paix, entouré de l’assistance. Ce fut un Dimanche 25 Décembre, jour du Seigneur, qui ne manqua pas de semer le doute et le désordre dans la mémoire des opprimées et des superstitieux.

Cette nuit-là, dans une pièce d’or de la forteresse tout de piliers, on aperçut deux jeunes filles que l’on crut sourdes et muettes en train de jouer avec le bébé. Elles se prosternèrent devant le roi Yollow sous l’apparence attendrissante de sœurs jumelles, et une attitude moqueuse et discourtoise.

— Ève et Ester ont protégé mon peuple qui a été attaqué par les vassaux de Satan. Elles veillent sur moi et sur la protection du palais d’argent, dit Merauda.

— Je comprends. Ainsi, vous avez pu réchapper aux mauvais traitements de Typhon.

— Nous sommes des marquises guerrières. Nous veillons sur la princesse Zaxia, Votre Majesté, lâchèrent Ève et Ester simultanément en maintenant un ton aigu. Prenez donc place sur votre trône !

— Enchanté de faire votre connaissance, dit le roi. Vous avez l’air en pleine possession de vos moyens. Allons, je porterai un toast ce soir à ma table. Vous pouvez disposer. Il voit alors les jumelles se plier avec un geste de la main sur leur poitrine. Osèrent-elles se moquer lui, ou était-ce leur instinct de tueuse qui refit surface ?

— Allez-vous-en, les marquises ! s’exclama la reine Merauda qui ne voulut pas être dérangée, et elle avait encore beaucoup de choses à dire au roi. En réalité, elle appréhendait la réaction de ces jeunes filles qui conservaient sans doute un semblant de rancune contre la reine. Les parents d’Ève et Ester avaient péri pendant la guerre de Troie. Ils furent tués par des soldats d’élite, des héros d’un autre temps, tandis qu’ils furent pendant longtemps sous les ordres d’Albion surnommé Lion Tracker, le roi, qui gouvernait sans partage sur l’Angleterre et sur tout le royaume du palais d’argent. Ève et Ester furent recueillies par Merauda qui – après les avoir anoblies – en fit les nouvelles marquises guerrières du palais d’argent, avec comme soumission et mot d’ordre d’être les protectrices de l’Univers.

Depuis la naissance de la petite fille prodigue, le palais d’argent ne s’était jamais aussi bien porté. Il y eut des festins chaque jour, et chaque nuit, et des hôtes arrivèrent du monde entier assister et participer à différentes cérémonies célébrant la naissance de la petite fille prodigue. Son baptême du feu arrivera bientôt pour elle. Zaxia était dotée d’un tempérament difficile, et souvent colérique. Plus le temps passait, et plus Ève et Ester avaient des difficultés à tempérer les ardeurs, l’énergie, et la fougue grandissante et intempestive de Zaxia qui ne tarda pas à leur imposer sa domination, laquelle demeurait néanmoins entourée de ses parents dans la forteresse et de ses servantes.

À l’approche d’un grand évènement, toutes les souches royales se réunirent à la cour. Aussi, et chaque année, la coutume de l’étoile salvatrice voulait un festin au saké que l’on prépara depuis la naissance de Zaxia. Il y eut des cadeaux pour chacun d’où cet attrait événementiel qui n’hésita pas à attirer la stupeur des uns et des autres. C’était le jour préféré des marquises, le 25 de chaque année, commémorant la coutume de célébration depuis la naissance de Zaxia qui se leva pour porter un toast à toute l’assemblée en commençant par son père.

« POUR YOLLOW TRACKER, sage roi, pour son usage au combat, je lui offre mon sabre.

POUR MERAUDA TRACKER, sage reine, son épouse, je lui offre ses boucles d’oreille et une robe d’or qu’elle portait à son mariage.

POUR ÈVE ET ESTER, sages marquises, je leur offre un miroir doré avec leurs initiales pour les unir et faire en sorte qu’elles trouvent un jour des époux de leur niveau.

POUR MES SERVITEURS, sages conseillers, ambassadeur, mon cher gouverneur, je vous offre ce bâton de lune.

POUR MON TUTEUR, sage précepteur, sérieux, mais méchant en toute circonstance, je lui offre ma reconnaissance, et un échange équitable après tout ce qu’il m’a appris sur la manière d’être. Il m’a bien sûr appris à lire, à écrire et à compter. Toute l’assistance se mit à rire sur ces paroles, mais Zaxia se rattrapa in extremis.

POUR MON ROYAUME, je propose l’installation de nouveaux travaux, et pour les villageois, plus d’or et de diamants dans les minerais.

POUR NOTRE EMPIRE, je souhaite voir un avenir.

POUR NOS ESPOIRS, et pour que nos visages ne cessent jamais de resplendir de joie et de bonheur, moi princesse, je déclare la nouvelle session ouverte. »

Elle leva la coupole de saké et l’engloutit d’un seul volume. Les autres en firent autant sous un tonnerre d’applaudissements. Ils jugeaient néanmoins les manières de Zaxia à table qui n’avait aucune classe. Ils avaient certainement des sentiments d’animosité – ou de la jalousie ou autre chose – à l’égard de la princesse. Ils méprisaient quelquefois ses tenues rustiques. Elle aimait conserver ses vêtements déchirés, même ceux où elle combattait pendant quinze longues années. Elle disait que cela lui servait de souvenir, et qu’en les voyant, elle se remémorait les blessures infligées par ses anciens adversaires.

Elle avait déjà évolué à une vitesse impressionnante. Elle faisait plus grande que son âge visiblement si bien que dans le Château, on la surnommait, et pour cause, « extraterrestre ». Elle était brune aux yeux bleus cristal, une robe d’or, des boucles d’or et d’argent aux oreilles, des bottes en diamant, qu’elle portait chaque jour. Malgré une certaine rivalité entre elles, Zaxia était bien entourée. Elle s’était vu développer des dons de médium ainsi que des pouvoirs surnaturels dont elle ignorait elle-même l’existence. Elle avait été initiée à contrôler ses pouvoirs psychiques grâce à l’hypnotisme, et maîtrisait de mieux en mieux imperceptiblement la psychotélékinésie. Cependant, elle l’utilisait bien souvent à mauvais escient si ce n’était pour épater la galerie, ce qui exaspérait Ève et Ester, lesquelles tentèrent de s’initier à ce don merveilleux. Pour elles, ce fut plus compliqué, mais elles n’abdiquèrent pas. Elles avaient bien sûr beaucoup de sentiments pour Zaxia et une admiration sans faille. Elles pratiquaient le Kakémono, et une dévolution artistique pour les geishas. D’ailleurs, elles reçurent leur éducation de femmes guerrière au Japon appartenant chacune d’elle à une tribu respective. Elles allaient souvent en Chine pour perfectionner leur entraînement, et méditer ainsi sur leurs connaissances des arts martiaux.

Yollow et Merauda trônaient fièrement côte à côte, lorsqu’une nouvelle guerre contre les soldats de Typhon vint troubler la paix qui régnait. Il continuait de recruter de plus en plus de troll tandis qu’il ignorait qu’Albion avait été vaincu par son frère Yollow Tracker – le nouveau roi d’Angleterre – lequel semblait pressé d’en découdre, espérant ainsi prendre sa revanche. Il était beaucoup plus volontaire et courageux que son prédécesseur, et parvint avec l’aide d’Ève et Ester à repousser l’offensive. Typhon se retira alors un long moment, pensant qu’il était temps de consacrer toutes ses forces et toute son énergie à retrouver la Vial qui lui permettrait d’obtenir tout ce qu’il souhaitait. Son armée poursuivit les recherches, en vain.

Le temps n’effaça en rien les blessures. Ainsi, on repensait encore à cette guérilla ayant entraîné tant de pertes. La victoire arrachée de Yollow et de ses hommes lors de la précédente guerre n’avait entraîné que vengeance et rébellion, tandis que la légendaire Vial fascina de plus en plus ses partisans qui tentèrent de la dérober, en périssant toujours d’abominations indescriptibles. La reine Merauda et le roi Yollow menaient à présent une vie calme et sereine dans le palais d’argent, espérant bien la préserver. Ils n’étaient toutefois pas insoucieux de ce qu’il allait advenir de la Terre si Typhon décidait tout à coup de plonger le monde dans la destruction en parvenant à s’emparer de la légendaire Vial. Il fut d’ailleurs informé tardivement de la naissance de Zaxia par un messager, et sut que la fille de l’aumônier intenterait à ses projets de destruction. Il rassembla ses fidèles sujets autour de lui, et parvint à les pétrifier de terreur au prix de menaces et de parjures. Le monstre mit un plan à exécution en décidant de jeter un sort à la reine Merauda. C’était le seul moyen pour lui de se venger de Yollow et de s’assurer la vie éternelle en dérobant la Vial avant Zaxia. Pour cela, il condamna Merauda à l’inertie dans des supplices insupportables. D’ailleurs, les premiers symptômes et les premières fièvres de cet affreux sortilège ne tardèrent pas à faire leur apparition quand un nouveau jour de guerre éclata laissant les cadavres dépravés et la perpétration de phénomènes mystérieux ; puis une autre succincte dans la foulée des chevaux fougueux aux jours qui suivirent ; puis dans les mois et les années s’étendait le règne des ténèbres tout autour de la citadelle.

Yollow savait que Typhon était sur ses traces, et tenterait de partir seul en quête de la Vial. Voyant mère prise de dépourvue, la médium conjura père de lui dire la vérité. Elle savait qu’il lui cachait quelque chose de mystérieux et de si particulier. Yollow admit alors à sa fille qu’il était inutile de lui mentir plus longtemps. Il se confessa pour elle, et se mit à genoux devant la reine pour implorer à sa femme et à sa fille sa grâce et son pardon. Il murmura avoir chercher à les protéger avant tout, et qu’il culpabilisait d’être à l’origine de tout ce gâchis. Il mit Zaxia en garde encore une fois de se méfier des horrifiants pouvoirs de son adversaire. Attention à lui.

— La légende veut qu’un cœur pur parvienne à s’emparer de la Vial, lui répéta-t-il. Je t’ai déjà expliqué l’histoire. Toi seule peux sauver Merauda. L’humanité est avec toi. Ramène la paix dans le monde ! Je compte tellement sur toi. Merauda prit la main de Zaxia en lui demandant de l’embrasser pour la dernière fois avant qu’elle ne pense aux heures qu’il lui reste à vivre. En profitant de la présence de sa fille, le roi Yollow vint lui transmettre à genoux un message ultime, une sorte de grande mise en garde solennelle. Si tu trouves Typhon sur ton chemin, ne regarde pas ses yeux, ne le fixe pas du regard, car si tu le faisais, tu mourrais, dit-il.

— Relevez-vous, père ! s’exclama Zaxia.

Le roi se tourna vers elle, et lui annonça également qu’elle devrait braver mille dangers pour trouver la Vial. Il lui donna donc quelques recommandations avant son départ, et lui fit don d’un modeste présent.

— La poudre de diamant restaure les forces des combattants blessés. C’est un pouvoir de régénération qui t’aidera à survivre dans la forêt d’Eden, dit-il. Va au Japon ! Prends les bateaux ! Traverse les mers ! Chevauche les embûches ! Trouve le prêtre ! Il s’appelle Vaxius.

— Merci, père.

— Reste, Zaxia, ne pars pas ! lança Ester, l’aînée des marquises.

— Laisse-nous t’accompagner plutôt, dit Ève. On ne sera pas trop de trois pour mener cette tâche à bien.

Cette mission ne concerne que moi, rétorqua Zaxia. Je refuse d’impliquer des innocents. La vie de ma mère est en jeu, et je ferais tout pour ce que je pourrais pour la sauver, et ce même au prix de mon sacrifice. Peu importe si je dois y laisser la vie, mais je jure sur mon honneur que plus jamais le mal ne viendra gouverner le monde.

— Je t’implore à genou, murmura Ester. Reste !

— Allons, sois raisonnable, lâcha Ève. Faisons confiance à Zaxia, et croisons les doigts pour qu’elle revienne saine et sauve.

— Promets-moi de ne pas prendre de risque et si les choses tournent mal, reviens ! s’exclama Ester.

— Ne vous inquiétez pas pour moi, les filles. COURAGE ! répondit-elle bien décidée.

La jeune princesse guerrière intrépide était inconsciente. Elle était loin de se douter des dangers qui la guetteraient et de ce qui l’attendrait comme piège tout au long de son parcours qui allait s’avérer très périlleux. De plus, Typhon avait mis en place une armée de soldats qui pourrait retrouver la Vial avant elle ainsi que des gladiateurs levant haut et fort le glaive de la victoire, de véritables monstres possédant des pouvoirs hors du commun. Il trouva Malbi, un nain garantissant de lui ramener la Vial, qui prêta ainsi serment et fidélité quand il le nomma à juste cause son humble et dévoué serviteur. Il lui donna l’ordre d’éliminer Zaxia. À cet instant, Malbi se lança alors à la poursuite de la Vial avant elle, tirant avec lui sa funeste cargaison, mais il ne fut pas le seul, car Achitana, la déesse du diable, ayant également juré serment et fidélité à Typhon, accompagna le nain dans sa quête. Achitana ordonna à Malbi d’aller surveiller étroitement les endroits et de fouiller les moindres recoins pour débusquer Zaxia, et l’éliminer, quand il attaqua brusquement, et sans crier gare, la déesse du diable.

— Raz de tout le bol ! C’est toujours moi qui dois tout faire. Toi, tu ne fais jamais rien !

— Moi ? Je ne suis pas une naine comme toi alors fais ce que je te dis, et n’oublie pas les ordres de notre maître vénéré.

— Je vais faire dans mon pantalon. Qu’allons-nous faire de ce croque-mort ? Il ne sert à rien qui plus est. Tu m’écoutes quand je parle ? Hé, déesse !

— Inutile de crier ! Je ne suis pas sourde, petit nain !

— Tu devrais ranger ta flûte. Elle doit peser lourd sur ta conscience, ex-gardienne du temple des enfers.

— Je n’ai pas de leçon à recevoir de toi, petit gringalet d’un mètre qui ne sait même pas mettre ses chaussettes.

— Bon, ça va. Je vais au Nord et toi à l’Est et avance tes pas à mille deux cent vingt mètres de moi pour que je ne t’entende plus aussi longtemps que je vivrai, vieille hippie sans mari !

— Je suis célibataire mais je préfère l’être quand je te regarde, petit mec.

— Voici notre point de repère, jeune fille, dit-il en traçant un cercle autour d’un arbre qui ne convainquit nullement la déesse du diable. Tu sais bien que tu ne peux pas te passer de moi. Autrement, Typhon te supprimera.

— Je préfère avoir affaire à Typhon qu’à toi. Et je n’aime pas ce ton familier que tu emploies avec moi, petit nain, dit Achitana. Misérable petit déchet humain, et pour ce qui est de ce cadavre, je le brûle, regarde !

— Une chose que je n’aurais pas à faire, dit Malbi en rallumant son vieux cigare.

— Fais attention, petit nain, tu devrais arrêter ! Fumer tue ! s’exclama Achitana.

— Oh ça va, répondit Malbi hochant de la tête, il se mit à tousser en s’éclaboussant tout sur lui. Je n’en fume qu’une seule.

— Une, mais une de trop ! J’étouffe ! Arrête ! Tu as gagné, je m’en vais. Je te souhaite bon vent à six pieds sous terre, déchet humain organique.

— Tu périras avant moi dans ces bois, s’écria Malbi au loin en avalant toute la poussière et toute la fumée avant d’aller accomplir sa mission. Derrière lui, des arbres perdirent leurs feuillages. Ainsi, Malbi et Achitana se séparèrent pour atteindre la méthode idéale pour se débarrasser définitivement de l’empêcheuse de tourner en rond.

On aperçut plus tard dans la forteresse des Trackers un Yorkshire-terrier qui rongeait son os tout blanc. Sans aucun doute béni des Dieux aux couleurs noir et feu, Aura, un animal domestique, était capable de se déplacer dans les airs au moyen d’ailes, et avait la faculté de lire dans les pensées. On vit Aura qui fuyait, apeuré et craintif, Ève et Ester, qui voulurent jouer avec lui. Les deux chipies s’entichaient du Yorkshire-terrier qui déploya ses ailes pour les semer, et lisait dans leurs pensées. Il se rendit ainsi dans la chambre sacrée, surprise par la reine Merauda qui ordonna aux marquises de cesser immédiatement de faire peur à cette pauvre bête sans défense. Les marquises contemplèrent toutes deux la reine en fronçant les sourcils avant d’aller vaquer à leurs activités. Elles furent arrêtées par Zaxia qui utilisa ses pouvoirs psychiques pour les agripper au plafond. Les serviteurs de la reine surprirent la princesse qui faisait encore des siennes, et prévinrent tout le royaume en hurlant. Aura gémissait et aboyait intempestivement. La reine Merauda ordonna à sa fille de les faire redescendre, mais Zaxia était bien décidée à leur faire payer toutes les humiliations qu’elles lui avaient fait subir durant son enfance. Elle était dotée d’un caractère indomptable, et d’un très fort tempérament. Finalement, tout rentra dans l’ordre, mais les marquises songeaient de plus en plus à se rebeller contre la dictature de la princesse.

Refusant d’ailleurs toujours l’aide d’Ève et d’Ester, celle-ci décida de partir seule en quête de la rose. Rien ne s’opposerait à son courage, à sa volonté et à sa détermination. Avant de partir, elle ordonna à Aura, toujours là, de bien veiller sur la sécurité du palais d’argent pendant sa longue absence. Ainsi découvrit-elle avec ses yeux la splendide forêt d’Eden qu’elle devrait traverser, et qui serait pour elle le premier obstacle à franchir, et une longue route à parcourir. Elle salua une dernière fois les marquises, en leur disant de ne pas s’inquiéter, et que tout se passerait bien. Du moins, c’est ce qu’elle espérait. Il n’y eut plus de temps à perdre. L’adolescente partit dans la nuit. Elle marcha tout droit sur un parcours rectiligne avant de dévaler une pente descendante. Sous les pluies torrentielles qui firent leur apparition, elle regretta de ne pas avoir emporté une tenue plus appropriée avec une écharpe ou un manteau de fourrure. Le froid la submergeait, mais il n’y eut aucune grotte, aucun endroit où s’abriter. Pas question pour elle de rebrousser chemin après des heures et des heures de marche sans s’arrêter, mais elle ne savait où aller, rongée par la faim, la soif et la fatigue accumulée. Elle trouva les bois entourés d’arbres géants, de voûtes, de rochers, de collines, de marécages, d’étangs. Il y eut aussi des montagnes au loin au milieu des verts pâturages, des fermes à proximité, du foin abandonné en hauteur trempé par les pluies enneigées, des granges aux portes qui s’ouvrent et qui se ferment à volonté, des auberges barricadées sans âme à l’intérieur, les villages des plaines saccagés, des tunnels inondés de pluie longèrent les arbres arrachés par la pression exercée par le vent, et dévastèrent tout sur leur passage.

Les broussailles enflammées, des tentes arrachées, des cabanes et des maisons brûlées en mille morceaux. Tout n’était que ruine et désolation. Zaxia continuait de rechercher en vain un abri, mais impossible pour elle d’échapper au son et à la lumière de l’éclair et du tonnerre de plus en plus puissants. Elle cria à chaque porte pour que quelqu’un l’entende, qu’on la voie, qu’on l’aide avant qu’elle ne meure, mais hélas, c’était peine perdue. Elle était livrée à elle-même ici-bas. Elle entendit des hurlements de loups, elle distinguait des reptiles, des hiboux, des oiseaux qui s’envolaient alors que l’orage redoublait d’intensité. Elle n’avait guère le choix que de continuer tout en redoutant l’issue de cette quête qu’elle commençait à regretter. Cependant, elle était prête à prendre tous les risques, n’ayant que l’objectif en tête de sauver Merauda de cette effroyable tragédie durant laquelle elle demeurait inerte.

Zaxia continua de marcher à pas lent quand soudain, la pluie se changea en foudre, puis en grêle, puis en neige, et en feu. Affaiblie par la perte de son énergie vitale, et après avoir cherché refuge pendant des heures sans succès, elle trébucha au pied d’un arbre enflammé, et perdit connaissance au beau milieu de la forêt. À son réveil, elle découvrit un endroit merveilleux dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. Elle fut sauvée par un jeune gars mystérieux qui l’emmena dans sa forteresse abandonnée du monde, et elle se réveilla dans un lit près d’un feu de cheminée aux prémices du jour.

— Bienvenue dans mon humble demeure, fascinante demoiselle ! Vous l’avez échappé belle, mais heureusement que j’étais au bon endroit au bon moment. Que faisiez-vous en ces lieux dangereux ?

— Où suis-je ? Que fais-je ici ? Qui êtes-vous ?

Mais qui pouvait être cet étrange garçon beau comme un Dieu, vêtu tout de vert, portant une ceinture bouclée autour de la taille et une épée noire et or dans le dos ? Devant ses grands yeux verts, Zaxia laissa couler ses larmes sur son visage, et après plusieurs minutes d’hésitation intense autour d’un breuvage sucré, elle passa aux aveux, confiant qu’elle avait été amenée à une quête dont l’issue demeurait incertaine, et restait infiniment persuadée qu’elle ne ferait pas de vieux os.

C’est décidé, je pars avec vous dans votre quête d’autant plus que j’ai de vieux comptes à régler avec Typhon. J’appartiens à une longue lignée de grands guerriers, treizième empereur, je me nomme Yasou. Enchanté !

— Déesse Channelling, naïade des eaux, médium, maîtresse de la matière, et de toute chose qui existe sur la Terre et dans l’Univers. Je suis belle et gracieuse ! Je m’appelle Zaxia Tracker. Enchantée !

— Quelle modestie ! Mais vous au moins, vous connaissez votre nom de famille.

— Mais vous me parliez de votre mère tout à l’heure ? Quelle est-elle ?

— J’ai perdu la mémoire après un accident. Ce serait trop long à expliquer. Je me souviens de mon père et de ma mère, oui. Ils ont tous deux été tués par Typhon et ses sbires, m’a-t-on conté quand j’étais petit au palais royal. Je suis seul ici désormais à avoir réchappé aux mauvais traitements des offensives. La seule chose qu’il me reste d’eux, c’est ceci, dit Yasou en tirant de son dos une épée étincelante qui resplendissait de toutes les couleurs. En croyant que cette arme avait été conçue dans la nuit pour la supprimer, Zaxia se mit sur ses gardes, prit peur et invoqua la psychotélékinésie qui jeta l’épée à terre.

Elle ordonna à Yasou qu’il ne pointe pas son arme sur elle, sinon sa colère serait monumentale et pourrait détruire l’Univers à jamais. Littéralement fasciné par le caractère intempestif et extraverti de la jeune fille, Yasou la rassura malgré lui en ne pouvant s’empêcher de rire, et de se moquer d’elle.

— Je suis moi aussi une naïade. Sauf que moi, je suis moitié garçon, moitié fille.

— Souffririez-vous d’une malformation ? demanda Zaxia sourcillante.

— Rien de ce que vous voyez en moi ne reflète la vérité ! En tout cas, je vous félicite ma petite. À part ma mère, vous êtes la première jusqu’ici à avoir malmené mon épée. Elle et moi sommes liés. C’est Spitus, ainsi l’ai-je nommé pour sa rapidité. C’est mon épée magique. Je la porte toujours sur moi, car moi aussi je suis un brave, un lutteur, tout comme vous.

Le prince Yasou n’avait pas d’épouse, pas même une compagne. Sa vie avait été chamboulée dès qu’il fit la rencontre de Zaxia. On lui avait présenté des possibilités, mais il refusait toutes ses prétendantes. Le guerrier maîtrisait le Spitus mieux que personne, et décida de la conserver sur lui en accompagnant Zaxia dans sa quête qui pouvait alors compter sur un compagnon de route, et ils partirent ensembles en quête de la Vial. Cependant, le danger guettait Zaxia et Yasou. Typhon était sur son trône à lire le livre de la tombe, et buvait son Za : thé mystérieux. Il avait un jardin recouvert de roses démoniaques. Elles s’invectivaient. La rose verte était celle de la souffrance, la bleue était celle qui rendait aveugle, l’orange était celle qui provoquait des morsures partout, la rouge était la plus traître de toutes, car elle était celle qui suçait le sang de tous ceux qui tentèrent de l’effleurer. Malbi était toujours en train de ronchonner dans son coin. Ses pouvoirs étaient, malgré sa petite taille, bien plus effrayants encore que les autres soldats de Typhon, car il avait la particularité de se servir de sa voix comme d’une bombe hyperpuissante pour tout détruire sur son passage. Achitana, quant à elle, détenait une flûte qui rendit sourds tous ceux qui eurent le malheur de l’écouter. Dans la forêt d’Eden, Yasou s’arrêta net devant Zaxia en sortant de son dos le Spitus, son épée magique, tandis qu’elle continuait à marcher. Après quelques pas hésitants, elle s’arrêta, et se retourna en fixant la terre et le paysage qui l’entourait.

— Pourquoi dégainez-vous votre épée maintenant ?

— Je sens un danger !

— Que dites-vous ?

— Il y a des bruits assourdissants tout autour de nous, la terre est fraîche, et l’air devient de moins en moins respirable.

— Je le sens aussi ! Sans compter les arbres qui semblent vieillir aussi soudainement. C’est étrange. Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Je l’ignore, mais méfiance ! J’ai la sensation qu’un grand malheur va nous arriver.

Yasou ferma les yeux pour se concentrer sur ce qu’il pressentait et il aperçut un rocher différent des autres, il utilisa alors Spitus pour le détruire. Son instinct ne l’avait pas trompé, car au-dessous de ce rocher, se terrait une nouvelle arme. Ils se réjouissaient à eux deux d’avoir trouvé le boomerang, et se disputèrent comme des enfants gâtés pour le posséder.

— Vous possédez déjà Spitus. Laissez – moi cette arme pour me défendre s’il vous plaît. Nous devons unir nos forces pour survivre dans cette forêt.

— C’est moi qui l’ai trouvée, elle est donc ma propriété.

— C’est vous qui parliez de malheur depuis une heure.

— Ce boomerang ? Oh, et puis après tout, qu’en ferais-je ? Je vais être bon prince en acceptant de vous la céder pour une bouchée de pain.

— Comment pourrais-je vous remercier ?

— Par un baiser universel.

— Pardon ? murmura Zaxia en rougissant. Pas de flirt !

— Allez, un petit bisou sur la joue !

— Non.

— Alors je reprends le boomerang ?!

— Bon d’accord, petit prince ! Goujat ! Alors fermez les yeux, et comptez jusqu’à dix !

— Un, deux, trois, quatre… jusqu’à dix.

Yasou chercha Zaxia, qui avait disparu, partout. En réalité, elle était derrière et était parvenue à lui subtiliser Spitus, son épée magique. Elle lui fit du chantage de lui rendre son épée à condition qu’il lui laisse le boomerang et qu’il lui fasse un bisou sur la bouche. Yasou refusa. Pourtant, devant la résistance acharnée de la demoiselle, il dut s’incliner. Il l’embrassa avant de se camoufler, il était si embarrassé, tout rouge et intimidé.

— Après ce baiser, plus question de se vouvoyer, n’est-ce pas ?

— Je ne suis pas celui que vous croyez ! s’exclama Yasou poussé dans ses derniers retranchements. Si je l’ai fait, c’est uniquement pour moi. Vous me dérangez ! Vous ne comprenez pas. Je n’attends rien de vous. Ne l’oubliez point.

— C’était une blague ! Détendez-vous, mon chéri !

Tout en se chamaillant sur le bord de route, ils repartirent du bon pied sur la route universelle qui allait les mener jusqu’à la voie tracée par leur destin. Yasou se servait de Spitus pour couper toutes les lianes afin d’évoluer plus aisément dans la forêt hostile à laquelle ils devaient faire face. Zaxia le suivait de près. Tandis que les visions se troublaient, cet endroit maussade et pourpre devenait de plus en plus étrange sous de violents orages qui se préparaient et couvraient le ciel d’étranges lueurs transparentes. Ils avancèrent toujours dans la lumière de la peur. Depuis une heure, une voix était pressentie de la part de Zaxia qui s’arrêta net en croyant entendre un appel de détresse, alors que Yasou continuait toujours à avancer, mais à quelques encablures plus loin, ils se perdirent l’un et l’autre dans la forêt d’Eden. Ils avaient pris des directions opposées. La nuit laissa place au déferlement des tempêtes, aux nouveaux coups de tonnerre, et aux éclairs où ils se cherchèrent désespérément. Les minutes, les heures passèrent, et l’on entendait plus que leurs voix à l’un comme l’autre sous une tempête de pluie, les regards terrifiés.

— Zaxia, répondez-moi ! s’exclama-t-il paniqué en répétant ces mots enchaînés.

— Yasou, où es-tu ? Je suis perdue ! répondit-elle dans le même état que lui.

— Zaxia, restez en vie ! cria-t-il à nouveau. Zaxia !

— Yasou ! Je ne vois plus rien, je tombe. Aide-moi. Viens vite ! Je suis en danger. J’ai tellement mal.

Ils tombèrent dans un piège. Les jambes prirent le filet, et en voulant se dépêtrer de cette fâcheuse position, elle ne fit que s’égratigner les pieds. Au même moment, un arbre vivant arriva en marchant vers elle à bonne allure tout sourire. Ne pouvant se relever, elle utilisa son pouvoir de psychotélékinésie pour saisir des petits rochers, des feuillets coupants, de la terre morte, et les projeta, mais l’arbre vivant résistait aux ondes de choc. La branche d’arbre vacilla, et en tombant, la libéra. Yasou continuait de la chercher alors qu’il était lui-même en train d’en découdre contre un autre arbre vivant où il montra toute la maestria de Spitus dont il se servit pour trancher l’ennemi en deux en le décapitant à la racine, le tenant ainsi en respect. De son énergie, il lui porta le coup de grâce, et se releva en continuant d’appeler Zaxia pour qu’elle lui réponde, mais la jeune fille perdait de plus en plus d’énergie, et devait gérer en plus l’absence de son compagnon d’infortune qu’elle ne distinguait plus dans la brume, pensant qu’il l’avait abandonné à son triste sort. Alors que tout semblait perdu, ils se retrouvèrent, mais au moment même où Yasou voulut lui prêter secours et l’aider à se relever, il fut lui-même attaqué par un autre arbre vivant qui le contraignit à rebrousser chemin.

— Laisse-moi passer ! s’écria Yasou.

— Pour cela, il te faudra me battre, mais sache que tu n’es pas de taille contre moi, répondit le monstre de la nature.

— Sauvons-nous ! Hâtons-nous ! répliqua le jeune combattant qui ne s’en laissa pas compter, et fit appel à toute la force de son épée magique.

Malgré tout, il ne parvint pas à terrasser son adversaire. Zaxia avait vaincue l’arbre vivant qui lui donnait tant de fil à retordre, et retrouva Yasou plus mort que vif. Ne pouvant assister à cela sans rien faire, elle décida alors de faire appel à ses dons de télékinésie en envoyant le boomerang qu’elle détenait dans sa main sur le monstre de puissance qui s’était dressé devant un Yasou déconcerté devant une telle force prodigieuse. En prenant les flammes brillantes dans son cœur, il prononça les dernières paroles d’un mourant.

— Vous ne réussirez jamais à tuer Typhon. Il est immortel. C’est le diable réincarné.

— Nous verrons s’il est si fort que cela.

Yasou l’acheva avec le Spitus en lui assignant le coup final. L’arbre devint alors fumé, et se volatilisa dans le néant. Zaxia se souvint alors des conseils de son père, qui veillait toujours au repos de sa femme, lui disant d’utiliser de la poudre de diamant pour survivre dans la forêt d’Eden. Elle soulagea ses blessures ce qui a eu pour effet d’arrêter le sang qui coulait de son pied. C’est ainsi qu’après de multiples dangers, ils s’arrêtèrent en pleine forêt pour dormir et reprendre la route à l’aube. Ne se doutant de rien, Zaxia et Yasou dormaient paisiblement, entourés par des bruits sombres et symphoniques. Nul ne se doutait à ce moment qu’un nouveau grand danger guettait la forêt d’Eden. Au premier chant des oiseaux, Zaxia et Yasou quittèrent leur campement.

Yollow veillait bien sagement sur Merauda qui était allongée et qui souffrait de plus en plus du mal infligé. Ève et Ester étaient également aux côtés de la mère de Zaxia pour lui apporter leur aide, des soins alimentaires et une veille permanente. Ève et Ester demandèrent à l’époux de Merauda la raison pour laquelle ils en sont arrivés là, eux qui étaient si heureux avant que Typhon ne décide de se venger de Yollow en l’attaquant quinze années après avoir tenté de dérober la Vial. Ève et Ester voulurent en savoir plus. Curieuses qu’elles étaient à vouloir tout savoir ! Yollow n’arrêta pas de geindre, mais les sœurs jumelles et marquises guerrières le rassurèrent de leur mieux. Il se confiait à elles de son histoire tragique et malheureuse depuis son commencement.

— C’est ma faute. Typhon était sur mon chemin. Il avait torturé des centaines de milliers d’êtres humains pour les obliger à parler. Il avait violé la prophétie des anges, répandant horreur et destruction sur son passage, laissant derrière lui ruine et désolation. Quand Typhon était arrivé jusqu’à nous, j’ai suggéré à Vaxius de rester dans l’ombre, mais il ne m’a pas écouté.

— Tout est votre faute, majesté ! C’est à cause de vous si Zaxia risque sa vie aujourd’hui, c’est vous qui êtes à l’origine de toutes ses péripéties ! s’exclama Ester.

— Non, ce n’est pas sa faute, il ne pouvait pas savoir, répondit Ève. Essaye de comprendre, elle n’a pas le choix, sa mère va mourir si elle échoue.

Ester claqua la porte, mais convaincue par sa sœur cadette, retourna auprès de Yollow en présentant des excuses pour s’être emportée de cette façon. Merauda, mourante et agonisante sous l’œil des docteurs, ouvrit les yeux et contempla Yollow.

— Je t’aimerai toujours, chéri, lâcha-t-elle.

— Repose-toi, Merauda ! Tu dois reprendre des forces, tout se passera bien.

— Je tenais à ce que tu saches que même si je venais à mourir, je te demanderai de ne jamais m’oublier d’autant plus que j’ai un secret à te révéler. Yollow était toujours en larme, il prit la main de Merauda, et la consola.

— Zaxia reviendra pour te sauver, ne t’inquiète pas, et faisons confiance à notre fille, car elle tient ton destin entre ses mains et elle le sait. Maintenant, ne parle plus, et dors ! Merauda remercia Ève et Ester avec ses yeux qui ont acceptés de la veiller. Yollow eut brusquement une vision.

Je vois quelque chose, elle est en danger.

— Mais de qui parlez-vous, majesté ? demanda la cadette des marquises.

— Ma fille ! Oh non, ma fille ! Il faut aller à son secours !

— Calmez-vous, majesté !

Dans la forêt d’Eden, Zaxia faisait face à son destin. Bien que courageuse en diable, elle regrettait amèrement d’avoir dit oui à cette quête sans merci, et devant Yasou, s’effondra littéralement en sanglotant.

— Arrête de pleurer, Zaxia. On finira par le trouver ce prêtre, je te le promets.

— Je ne sais plus quoi penser, répondit-elle.

— Courage ! Tiens bon ! dit Yasou.

Ils poursuivirent toujours leur progression face aux obstacles. Soudain, Yasou aperçut une fontaine d’or qui s’écoula à partir d’un conduit qui les aurait transportés au cœur de la forêt d’Eden. Yasou appela alors le Spitus et le trempa instinctivement dans l’eau avant de se matérialiser en or, devenant ainsi encore plus puissant qu’il ne l’était auparavant sous le regard ébahi de Zaxia.

— Ton épée peut se retourner contre nous à présent, dit-elle.

— Jamais Spitus ne me fera de mal ! s’exclama Yasou.

— Ce que tu peux être prétentieux et arrogant quand tu t’y mets !

L’épée de Yasou fut recouverte d’or, mais voyant cela, Zaxia ne pouvait s’empêcher du fait de sa curiosité d’invoquer le boomerang et de le tremper à son tour dans l’eau, et, tout comme le Spitus, se changea en or. Zaxia et Yasou étaient à présent en possession de deux armes hyperpuissantes avec une puissance de feu décuplée qui pourrait venir à bout du prince du mal. Yasou voulut se servir de son épée pour la tester, et trancha un arbre vivant qui se divisa en deux parties égales, chose que Yasou ne pouvait pas faire avec le Spitus avant. Tout en contemplant une source d’or jaillissante, une idée ingénieuse lui vint à l’esprit. Il rangea Spitus, et convia la jeune fille à le suivre.

— Zaxia, viens ! On va suivre ce conduit ! s’exclama-t-il.

— Pourquoi ? Pour quelle raison ? demanda-t-elle étonnamment.

— C’est très simple. Si nos armes ont été matérialisées en or, c’est que cette eau est bénite et qu’au bout du chemin, nous trouverons peut-être ce que nous cherchons. Allez, viens ! Ne restons pas là ! Il faut partir maintenant ! Suis-moi !

Zaxia décida de l’écouter en le suivant sur le chemin de l’eau qui les conduirait peut-être à elle et à lui jusqu’au prêtre, mais peut-être aussi qu’au milieu de l’or d’une trop grande curiosité et d’un ronchonnant dévouement et persistance insensée, ils affronteraient la mort à nouveau. Au cœur de la forêt d’Eden, nos deux amies continuèrent de progresser toujours aussi vivement, mais arrivés à un cul-de-sac, ils finirent par mettre les freins. Yasou sentit du sable sous une terre friable, se recula, et frappa Spitus sur le sol plusieurs fois. Une trappe se forma juste au-dessous ses pieds sous la forme d’une dalle scellée. Au-dessous, il y eut une salle obscure immense qui menait on ne sait où. Zaxia passa la première, ayant fait confiance à l’étranger, qui, aussi beau que traître, referma la trappe.

— Il n’y a que du vide autour de nous ! Tu m’as conduite dans un traquenard, imbécile !

— Ce chemin est un souterrain. À toi l’honneur ! Passe d’abord ! s’exclama Yasou.

— Pourquoi moi ? demanda Zaxia.

— Ne discute pas, je sais ce que je fais, répondit-il.

— Ce petit escalier ne me dit rien qui vaille, chuchota Zaxia. Laisse-moi sortir ! Je croyais que tu étais un allié dans ma quête.

— Ha ! Ha ! Ha ! On a fait un bout de chemin ensemble, mais je n’irai pas plus loin avec toi. Je suis navré. Il faut que je retrouve la Vial avant Typhon, dit Yasou en prenant la fuite.

Zaxia était enfermée, seule dans l’obscurité la plus totale, se demandant ce qu’elle faisait ici, et ce qu’il allait encore lui arriver. À la fin d’un mini escalier, l’idée d’utiliser la poussière d’étoiles lui effleura tout à coup l’esprit. Devant faire face au vide, elle en jeta quelques poignées spontanément dans le néant. Une lueur morte apparut presque instantanément. Au beau milieu d’un escalier de glace qui prit forme, elle descendit, marche après marche, se tenant à la rambarde, elle se faisait épier sans le savoir par des forces vives d’ondes néfastes très puissantes sans qu’elle ne puisse les distinguer. On avait l’impression que cet escalier aurait duré une éternité pour finalement se fissurer, et s’effondrer exponentiellement depuis son commencement. Zaxia accourra alors pour ne pas tomber dans le vide, et une fois en bas, des chauves-souris mutantes envoyées par Typhon, qui se dissimulaient tout en haut de la pièce du départ, déployèrent leurs ailes, et passèrent à l’attaque. La princesse guerrière brandit le boomerang d’or. Une à une, les chauves-souris moururent telle une pluie de chute. Néanmoins à terre, une dernière dissimulée dans un recoin de la pièce tenta de prendre Zaxia par surprise, mais craquelant un des murs de la salle qui explosa en mille morceaux, Yasou, qui avait tournoyé le Spitus, venait encore une fois de lui sauver la vie. Elle put ainsi respirer, soulagée d’être encore en vie.

— Je te dois quelques explications, lui dit Yasou. Je ne suis pas un traître, mais on m’a tendu un piège. Au moment où je devais avancer vers toi, quelqu’un doté d’une puissance si perfide m’empêchait de te rejoindre et me força à agir contre ma volonté. Écoute, quelqu’un ne t’aime pas si tu veux mon avis et cette entité que nous rencontrerons encore certainement en route ne te fera aucun cadeau, ça tu peux me croire, c’était une puissance méphistophélique.

— Tu te moques de moi, murmura-t-elle. Voulais-tu m’éliminer et si oui, pourquoi ?

— Non. Il faut me croire. J’ai pensé tout ce que je disais. C’est une terrible méprise.