Zaxia Tracker - Tome X - Richard Bouskila - E-Book

Zaxia Tracker - Tome X E-Book

Richard Bouskila

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Beschreibung

Embarquez pour les tombes du Paradis, l’ultime quête d’Eurybie. Au cours de ce dernier combat, Zaxia et ses alliés joignent leurs forces pour lutter contre les ténèbres qui menacent la Terre plus que jamais.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Richard Bouskila est né en décembre 1982 à Paris 18. Très tôt, il montre des aptitudes à l’écriture et publie 15 poèmes lors d’un premier concours organisé par la mairie du 19ème arrondissement de Paris. Il est ensuite repéré par une maison d’édition qui publiera en 2005 La vie en poèmes, son tout premier recueil. Après des études en comptabilité et en informatique, il se passionne désormais pour l’écriture de romans, plus précisément de littérature jeunesse et de fantasy.

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Richard Bouskila

Zaxia Tracker

Tome X

Eurybie et les tombes du Paradis

Roman

© Lys Bleu Éditions – Richard Bouskila

ISBN : 979-10-377-0948-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Celui qui avance le temps vivra moins longtemps que celui qui revient dans le temps présent et qui vivra lui beaucoup plus longtemps.

I

L’oiseau Iricon

Lorsque nous revînmes des mondes parallèles dans la nuit, après un long pèlerinage dans le temps, Priape le magnifique nous apprit en courant vers nous le long du fleuve de barax que les Telchines avaient colonisé furtivement toutes nos terres en regroupant et en recrutant des monstres presque invincibles qui n’avaient pu leur tenir tête. Toutes les armées de Jérusalem étaient tombées une à une face à la monstruosité implacable de la soldatesque Larienne qui les a laissés pour morts. « Ils étaient plus nombreux et plus puissants que nous », eut-il à me dire. Parmi eux, les Trachines, Les Teras surpuissants, les pestiférés, les Grands Moines, les Zuzux, les Karamix de fortune, les Corybantes et les Curètes régnaient en vassaux surpuissants. Les armageddons de Typhon et les chasseurs de prime annonçaient fébrilement leur retour. On les vit s’insurger en prenant d’assaut tout le parc de Demolark. Les Harpies capturèrent les enfants et défilèrent de long en large de part et d’autre des très nombreux éparpillements dans la vallée d’Excq. Tous les pétro de sanskrit et toutes les bâtisses de sépultures d’obélisque construites à mon effigie pendant la nouvelle ère des temps anciens furent anéanties sous le piétinement des barbares. Ils progressèrent terre après terre, milles après milles, en rampant comme des animaux à carapaces vides et en glissant sous les murailles des terres de lointaines contrées abandonnées aux maléfices des pièges et des sortilèges, à chaque gouffre, à chaque parcelle. Ils tendirent des embuscades à la douane et réussirent à passer les frontières de Jérusalem grâce au subterfuge de métamorphose.

La surpopulation Larienne combattit et remporta ainsi le prix de vaillance et de témérité, agrémentant leurs esprits libres sur les champs de bataille. Priape, le pape et gouverneur en chef de nos missions, nous reprochait d’avoir pris trop de soldats avec nous sur notre longue route traversière dans les dimensions des temps futurs. En conséquence, très peu étaient restés pour protéger le temple de Jérusalem au grand dam de la ville qui pensait ses plaies. Priape bénéficiait de la protection du fief mais ce fut le vœu d’Iricon et de Jaspéra d’épargner la vie du pape afin qu’il annonce à Eurybie Wills la nouvelle de leur passage de destruction. Iricon et Jaspéra devenaient inarrêtables et incontrôlables sous l’emprise d’esprits de plus en plus puissants. Les cyclopes bâtisseurs travaillaient désormais pour les Alakiens lesquels réussirent à les corrompre bien qu’ayant prêté serment de fidélité et d’allégeance à Phorcys et à Eurybie, à Jérusalem sur les traces des terres du paradis. Malheureusement, cette infâme trahison s’accompagna d’autres plus terribles et impitoyables encore que tous les plus vils coups de poignards. Iricon voulut regagner la base Alakienne sur les Hiboux Grands-Ducs. Eux aussi finirent par changer de camp après la mort de Zéphyr et des autres inénarrables : il n’y avait plus personne pour les dompter et les ramener à la raison en leur faisant prendre conscience qu’ils étaient dans le mauvais camp. Tous devinrent fous sur les terres du passé, libératrices d’obscurité, d’ombres folles et errantes, de fantômes et d’âmes. Des Stryges et des Satyres nous regardèrent de haut pendant longtemps avant de partir, observant le théâtre de leur malheur et riant du fait que la magie blanche eut assisté à cela en revenant des terres futures.

Des aérocarp dansaient, debout sur leurs chevaux, en agitant leurs postérieurs avancés comme fiers d’avoir tout détruit sur les terres sacrées de Jérusalem. Ces pertes à déplorer étaient abondantes et accompagnées des cadavres de personnes que nous avions connues pendant la Batrachomyomachia. Les Telchines ne repartirent pas les mains vides puisque non contents d’avoir décimé toutes nos armées, ils avaient également dérobé notre texte sacré resté sous la protection du pape qui baissa la tête de honte n’ayant rien pu faire pour les arrêter. Notre terre d’exil était devenue informe et il faudrait bien plus de bras pour reconstruire tout ce qui avait été détruit. Même l’immortalité que m’a conférée Batrichkamon ne m’aurait pas suffi. Elle, la mère de Seth, unissant son destin au mien et à celui de Batrichka, à l’Univers Erainc et au royaume de Jezentz, était notre mère à tous. C’était elle le messie. Le seul moyen de rendre à notre terre son aspect originel, c’était la jarre aux maléfices. Malheureusement, elle avait été détruite lors de la bataille du futur et nos chances de revoir un jour notre royaume intact étaient minces. Nous ne pensions pas devoir mener une quête pour espérer la résurrection de la seule terre divine que nous avons embrassée la première fois que nous l’avions frôlée. En revenant de notre mission à travers le temps, nous n’aurions jamais imaginé trouver un jour un tel désastre sous nos yeux. Jérusalem rougeoyait et nous ne faisions que les observer de loin en train de nous fausser compagnie, emportant avec eux nos chars et nos trésors. Les soldats de Jérusalem avaient été vaincus. Pas un seul ne se releva. Il n’y eut aucun blessé. Ils étaient tous morts à notre arrivée.

Une colère monumentale m’envahit lorsque je vis mon père et ma mère partant lâchement en arborant un sourire fier et orgueilleux. Le clergé séculier était noyé dans les flammes. Ils comptèrent les gravats et dénombrèrent les chutes de pierre empilées dans les hécatombes. Le feu heureusement n’atteignit pas le mur des Lamentations qu’ils tentèrent toujours en vain d’escalader. Ils n’eurent pas à prendre d’assaut notre forteresse par le mur des Lamentations, mais en empruntant de fausses apparences d’oiseaux pour qu’on les laisse pénétrer la terre défendue aux tyrans et aux calomnies de nos oppresseurs. Si nos soldats sont morts, c’est qu’ils ont mérité de mourir, me forçai-je à penser. Ils n’auront pas servi dignement le royaume que nous leur avons confié. Ils furent piégés par des apparences trompeuses et des illusions. Jamais ils n’avaient pensé un seul instant pouvoir être dans l’erreur la plus grossière, au point de compromettre la réussite de notre mission. Ce retour à la réalité m’obligeait à prendre les devants. Je reformai toutes les armées et plaçai sous le commandement de Phorcys. Il s’enfonça dans les flammes, espérant sauver ce qu’il restait à sauver. Tout le reste tomba sous nos yeux. Les tourelles s’effritèrent deux par deux. Il ne nous restait plus rien si ce n’est du regret et de l’amertume. Les Dactyles Idéens avaient été enlevés par les aérocarp presque sous nos yeux avec leurs épouses, les Dactyes Idéennes, victimes de la cruauté des Satyres qui ne nous laissèrent pas le choix. Ils asséchèrent toutes nos mines et dérobèrent tout ce que nous possédions. À peine revenait-on du futur qu’il nous fallait repartir immédiatement en guerre contre les Telchines. Nous parvînmes à les arrêter, du moins à les retarder... La lutte se poursuivit pendant de longues heures qui se transformèrent en jours entiers. Nous ne nous arrêtions que pour les difficiles prises de décision visant à élaborer sagement et avec soin les courtes haltes qui nous permettaient de rattraper notre retard.

Grâce à la baguette de la sorcière, je transformai mes gardiennes en faucon pour les atteindre jusque dans les montagnes servant de boucliers aux larcins sur le Col du mont Caras et du mont Sa. On ne leur laissa aucun répit durant ces mille dernières heures. La magie noire aura repoussé une magie blanche essoufflée après de multiples batailles menées depuis le futur. Notre tonicité finit par nous quitter. Nous voilà moins vaillants. Il nous fallait compter le temps qui passait et dénombrer des pertes sans cesse plus nombreuses au fil des jours. Après le retour de maladies incurables, déchaînées d’un chapelet ardent aux sortilèges effroyables, les robustes et redoutables titans retrouvèrent leur apparence normale après avoir tenté de nous arrêter. Heureusement qu’Erhebennia et les autres sorcières étaient là pour m’aider. Même avec deux fouets et deux cœurs, je ne parvenais pas à repousser les assaillants puritains et les jeteurs de sorts de puissants sorciers. C’étaient des anges destructeurs aux pouvoirs inégalables. Les Perdreaux nous défendirent contre les corbeaux et les aigles percés au bec rougeoyant. Si la lutte des oiseaux ne faisait que commencer, la nôtre finit par s’achever. Mes affins renoncèrent à se battre et à lutter, et nous voilà condamnés à nous rendre à l’évidence : il nous fallait battre en retraite pendant que toute la rancune et le courroux contre la tyrannie noire s’éloignaient de plus en plus jusqu’à disparaître totalement dans la lumière des étoiles de la nébulosité de la centième nuit. Cette dernière nous permit de faire vœu de chasteté et serment d’abnégation. Les soldats nous accompagnant durant les longues luttes refirent serment d’allégeance à l’égard d’Eurybie et de Phorcys, jurant solennellement de défendre notre peuple au péril de leurs vies. Toutes nos prières montèrent à Erainc. On les vit briller dans un ciel étoilé sous les flocons de neiges hivernales de janvier à la vue du delta du Princisme dans le Gange de monticule du fleuve de barax dont le barrage du lit, coupé en deux par deux blocs de pierre superposés, s’étendait par-delà les fracas des contrées du Nord.

En l’absence de nos chevaux dans l’étable, tous dérobés ou morts à l’issue de la dernière bataille, j’ordonnai qu’on nous attribue des chevaux de rechange. Cela ne fut qu’une simple formalité car Jérusalem regorgeait de chevaux que même l’armée Telchinienne nous enviait au point de nous en avoir dérobé une centaine. Toutefois, la perte des Hiboux Grands-Ducs qui se léguèrent contre nous fut la pire de toutes. Les nobles se hâtèrent de nous apporter de grands mandarques pour nous faciliter le cheminement. Barons, Contes, Vicomtes, Ducs, Marquis, et Princes, se prosternèrent à nos pieds comme au premier jour d’affin en nous jurant à nouveau la fidélité et l’amour d’humbles petits serviteurs sans sourciller. Le clergé se divisa pour former une armée à part entière qui combattra l’ordre de la chevalerie d’Alakranne, et anoblit des cavaliers un à un en entamant des recrutements généraux. Ils surent que la clé des ténèbres était de les concurrencer non pas sur la force mais sur le nombre. Tout Demolark détruit, seul le pape eut ce pouvoir et l’autorisation d’y parvenir. Beauté Heins, la fille de Priape du futur, sage prophète qui mourut au village d’Obanarek, affirma sans se tromper que son père était encore en vie ; et ne voulut pas accepter la dure réalité. Elle demeurait dans cette illusion. Hippolyte et Mimas se mirent tous deux à lui ouvrir les yeux. Ce Priape-là était différent de l’autre, il n’y avait qu’à voir qu’il était plus jeune pour s’en convaincre. De plus, ce Priape soutint ne pas la connaître. Peut-être était-il devenu amnésique tout comme le fut Eurybie il y a un temps. Mais cette éventualité n’était pas envisagée. Il ne se souvenait véritablement pas de Beauté. Il niait purement et simplement reconnaître son existence. Ce fut presque un désaveu de paternité pour la petite Beauté qui se mit à pleurer. Elle demeurait inconsolable.

Nous ne rêvions plus d’Echidna la nuit mais des Telchines et de Typhon : qu’était devenu notre existence par leur faute… Nous étions assoiffés de vengeance... Il m’arrivait de rêver des apparitions de Batrichkamon me remontant sans cesse les à-coups pour que je n’abandonne pas. Seth me le soufflait tout bas dans les seules nuits où je pouvais fermer les yeux. Je la distinguai très clairement malgré la distance qui nous séparait. Chaque réveil me permettait de prier encore un peu plus chaque jour.

Dans la fumée dense d’une nuit blanche, goules et lutins accompagnés de nymphes terrestres, célestes, et frêles aquatiques luttant elles-mêmes contre les nymphes infernales Alakiennes, aussi appelées les chastes chasseresses du Bon Dieu, de Cygnes d’or et d’argent ruisselants, de cerfs et de sangliers, d’elfes et de sylphes, d’aigles et de tourterelles, de chouettes et de griffons ainsi que de quelques chevaux et juments accoururent vers nous comme pour nous remercier ou nous demander grâce. Il fut un temps, en effet, où les prêtres de notre clergé avaient accepté de marier des créatures non compatibles entre elles.

Au nom de leur gratitude à notre égard, eux aussi jurèrent serment et fidélité à un empire désormais détruit. Néanmoins, nous continuions d’espérer un miracle. Nous n’abandonnions que l’idée de renoncer, mais ne voulions pas impliquer d’innocents dans notre bataille. Pourtant, nombreux sont ceux qui moururent de cette façon. Il fallait reprendre nos armes et recommencer les routes longues et incertaines contre ceux qui ont juré notre perte. C’est ce que nous comptions faire le lendemain de la centième nuit. Maintes conversations aboutirent à un accord. Phorcys conduirait les troupes de patrouille et je serais là pour le seconder. Bien sûr, les appeaux toujours à notre portée nous aidèrent à ne jamais nous séparer si des escarmouches venaient à se diviser pour des raisons particulières. Il fallait également nous méfier des Telchines car les connaissant, ils avaient certainement laissé quelques traces de leur passage : quelques monstres-espions ou quelques fauves d’attaque dans les parages si jamais nous essayions de les traquer. Enfin, on pensait à nous disperser en nous donnant rendez-vous à Alak pour l’ultime bataille en attendant de pouvoir trouver le moyen infaillible de conjurer le sort scellant l’anéantissement du paradis. Erhebennia conduirait une patrouille de son côté au Sud. Je mènerai la mienne à l’Ouest. Phorcys conduira à l’Est avec Priape, leur général en chef, le clergé régulier d’Huruguard et ce séculier de Jérusalem incluant un grand nombre de savants et exégètes. Mais il y en eut encore beaucoup d’autres. Nous nous échangeâmes les armes et les oracles, les parchemins et les boussoles pour nous orienter ainsi que les chapelets. Cela éviterait de nous rencontrer sur les chassés-croisés avant que nous soyons jetés de nouveau au cœur de la bataille sur les terres occultes et ancestrales du proche inconnu.

Les sorciers et sorcières iraient dans une autre direction. Nérée fut désigné pour servir de bon capitaine et chef de file avec Elpirak, son fidèle assistant, menant Lunedemiel et leurs filles à Xizion c’est-à-dire les fées, les elfes, les sylphes, les dryades et les hamadryades. Annabeth, Froisarine, Peria, et Danucia suivraient toutes les quatre Erhebennia au Sud avec les amazones. Coranne la Stratenne dirigerait au Nord la patrouille ailée de Bebelia et Elgrandsaks que suivrait sa fille Hippolyte et son fils Hyperbios. Quant à Beauté et Mimas, elles me suivraient en compagnie de mes chauves-souris pendant que je serais leur seule guide avec les nymphes. Mon fils Thanatos, à présent redevenu enfant mais conservant toujours ses facultés de métamorphose, irait avec Eunomie et Hespéris suivre Lialagol la sylphe, Les cygnes, les cerfs, les sangliers, les tourterelles, les chouettes et les griffons iront aussi avec elles au Sud. Quant à la disposition des armes de feu, le bouclier irait dans mon bras avec le disque d’émeraude. Le sceptre du vent resterait à Eunomie avec l’ordinateur de son père. Hespéris garderait l’égide, héritage d’Antios et Eosia, en cas de rencontre avec les spectres de l’au-delà en remplacement du médaillon chasseur d’esprit détruit dans le futur.

Décidées, nous partirons sur la vallée du Sheref dès l’aurore en conviant toutes nos nouvelles recrues et nos anciens affins à se joindre à nous pour défendre notre bonne cause basée sur la justice et l’équité de notre combat. Nous nous scinderons à l’interfluve, au mur d’intersection du prochain virage du talweg que nous gardions en point de mire. Le fleuve de barax sera nos yeux. Il est notre guide à tous selon Beauté Heins la prophétesse, laquelle allait devoir se couper de son passé si elle voulait devenir une bonne guerrière : Mimas sera là pour l’y aider. Écoutant les souhaits de nos mages archéologues Hippolyte et Hyperbios suivaient la patrouille dirigée par Coranne la Stratenne. Quand tout fut dit et que nous parvînmes à vaincre notre angoisse et notre frustration, les trompettes de Cors et les roulements de tambour signifièrent pour nous un départ à vive allure. Sur les cimes rougeoyantes du mont Caras et du mont Sa, les tourbières déferlantes qui nous retinrent disparurent en courant à notre départ, ne laissant que planer derrière nous le parfum d’un vent glacial.

Sur les terres Alakiennes, le retour fut triomphant. Les soldats rirent entre eux de la tête que faisait le clergé à son arrivée. L’oiseau Iricon et le corbeau Jaspéra réalisèrent après avoir retrouvé leurs apparences normales qu’Eurybie était revenue de son voyage dans le temps et qu’ils allaient pouvoir lui prendre le trésor des Wills, ignorant qu’elle ne le possédait plus depuis qu’elle eut à unir son destin à celui de Batrichkamon. Tous deux se persuadèrent que la magie blanche continuerait à les défier à présent qu’ils avaient dérobé leurs rouleaux sacrés. Iricon craignait que les mondes parallèles ne les aient profondément affectés et ne renonçait pas à les persécuter lorsqu’il apprit par les Stryges estafettes et aérocarp qu’ils venaient de repartir sur les routes en quête de la renaissance d’une dynastie détruite. Il grogna, serra du poing et dit à ses fidèles de ne pas leur laisser le champ libre et de les exterminer un à un jusqu’au dernier soldat prônant encore la parole du clergé. Ils espéraient voire le règne du Chaos et sentaient qu’ils étaient sur la bonne voie sous un ciel obscurci voué au feu des éclairs et des torrents de pluie jusqu’au grondement insurgé du tonnerre, de la grêle et du sang. Les orages noirs voilaient le ciel abîmé d’un manteau d’hiver recouvrant chaque terre et chaque parcelle sous le déferlement des tempêtes de la marée haute. Les méfaits des Telchines avaient commencé depuis longtemps, mais rares furent les cyclones et les typhons déchaînés aussi fort et aussi rapprochés en amont.

La Terre était frappée par bien des horreurs noires du genre humain. Les Alakiens eurent bien du mal à organiser le regroupement de leurs soldats encore dispersés de part et d’autre depuis leur retour de mission à Alak. Il y en eut même qui tondaient encore le gazon, mais les arracheurs d’herbes noires les absorbèrent de façon démesurée. Pendant que d’autres buvaient au fiasy dans les tavernes de l’auberge, les monstres épousèrent les Dactyles Idéens. Ils les violèrent, les forcèrent à danger, à ignorer les Jacinthes, les Acacias, et l’odeur du Sorbier des forêts et des arbres de la nature blanche. Sous un déferlement de trompettes et de tambour, on vit les Harpies et les Hiboux Grands-Ducs en train de se mouvoir dans une querelle. Elles s’arrêtèrent devant eux et engagèrent une conversation devant la présence des corbeaux hélas coupés par l’intervention des chasseurs de prime qui armèrent leurs arbalètes automatiques et leur tirèrent dessus avec des balles d’argent en éclatant de rire.

— Je voulais inaugurer cette arme, mais j’ai fait quelques dégâts. Je leur avais dit à ces sales Harpies de toujours rester sur leurs gardes à chaque circonstance. Tu ! Tu ! Tu ! Hé ! Hé ! Tu ! Tu ! Par ici, ma beauté ! Par ici ! Tu ! Tu ! Tu ! Vous dégagez mes petites soûlardes, allez cuver ou je vous allume dare-dare !

— Fous-leur la paix, tu veux ! s’exclama un autre troll du banditisme de sa grosse voix méchante et grave. Tu ne devrais pas leur parler ainsi. Un jour, les Harpies t’auront à leur plat de résistance, et ce seront elles qui te tireront dans les pattes.

— Modère ton langage, je te rappelle que je suis ton frère, tu me dois le respect, sale pourriture. Et puis je faisais rien de mal. Je voulais juste leur donner quelques conseils. Quoi ? J’ai pas de compte à te rendre, et même si t’es l’aînée, ça te donne pas tous les droits, t’as compris ?

— Bon, comme tu veux. Moi, je me sauve. J’en ai ras-le-crâne de toi et de tes facéties de sale gosse.

— C’est ça ! DIS BONJOUR DE MA PART AUX GRANDS MOINES ! Ces pisseurs de bas de gamme. Ils savent même pas diriger leurs tuyaux. Moi, je suis un hors la loi, mais je suis propre.

Les oiseaux ténébreux s’agitèrent de reploiement ramifié autour du seul chasseur de prime charognard et affreux pour se tirer lui-même une balle dans la jambe droite de sa grosse arbalète de feu automatique. Sa pipe tomba de sa bouche. Quelques cendres de mégots tombèrent sur le parterre des tourbières. Cela suffit à l’éveil des pestiférés, lesquelles ne naquirent que du sol Alakien. Ils dépendaient des souffres et des cendres pour s’amplifier plus nombreuses charognes à travers les abysses. Le troll du banditisme avait un nouveau crime sur les bras après cela. Les chirurgiens de Typhon les attaquèrent en les griffant et ébouriffant de leur scalpel noir à la gorge. La plaie cicatrisa aussitôt. Ils rejoignirent les tavernes à leur tour boire dans les calices et les kylix. Ils en avaient bien besoin. Les émotions, ça creuse. Et après l’explosion de tout à l’heure, ils surveillaient leurs arrières. Les Teras surpuissants engloutissaient des Orques et des Ogres comme s’ils avaient des boules trapues. Ils marchaient en courant et les avalaient en se baissant pour les ramasser tellement ils étaient grands comme s’il cueillait des joncs ou ramassait des escargots. Il y en eut même qui leur échappèrent la vue, et ceux qui se conservèrent loin d’eux furent dénoncés par d’autres monstres avec qui ils avaient des comptes à régler. Les Teras les engloutissaient tous, même ceux qui trouvaient les meilleures cachettes Alakiennes. Il marchait sur les ombres folles des Grands Moines en découdre entre eux-mêmes et les escarmouches contre les Karamix de fortune. Les nymphes infernales se baignèrent dans le bain de sang quand elles furent toutes éclaboussées jusqu’aux yeux quand les centaures jetèrent les petits lutins et ce furent eux-mêmes jetés par les titans Hécatonchires. Quand ils sortirent, ils déployèrent les catapultes infernales d’Alakranne, empire renouvellement construit grâce aux cyclopes bâtisseurs qui travaillaient désormais pour le camp de l’ennemi, mais aussi les trésors de richesse qu’Iricon et Jaspéra eurent dérobés à Alak suffisait à la renaissance d’un empire détruit. Dans Iricon vivait toujours Syranth II cherchant toujours à ressusciter son père Syranth le premier, ignorant d’ailleurs que ce dernier était tombé dans le futur sous le poids de la magie blanche et de la reine du ciel et de la galaxie Batrichkamon. Les monstres se battirent longtemps entre eux, n’ayant aucune crainte de se tourner eux-mêmes en ridicule. Ils se prônèrent des tumultes de guerres entre les clans. Les nymphes du bain de sang à peine sorties furent emportées par les titans et violées à leur tour. La discorde se changea en pandémonium. On aurait cru qu’ils n’avaient plus de garde-fou pour les empêcher de faire tout ce qu’ils voulaient, mais quand Iricon et Jaspéra s’en mêlèrent, ils constatèrent les dégâts, et réprimandèrent à coups de sortilèges effroyables tous les monstres qui ne savaient se contrôler ni se retenir d’un quelconque désir qui dépasserait leurs pensées. Ils renâclèrent les drapeaux multicolores et les arabesques de leurs nez en grimpant sur les tours hautes de chapiteaux sculptés à la mousse encore fraîche. Du tranchant de leurs haches, ils levèrent en signe de victoire le hurlement de la libération et du renouveau d’Alakranne. Iricon ne pensait pas revoir un jour le royaume de son père. Dans Alak vivait Alakranne désormais. La facétie des monstres exaspérait Jaspéra qui remit de l’ordre entre les monstres et les soldats. Les pilleurs de tombe furent changés en statue de sel par Jaspéra qui ne supporta plus longtemps leurs excès. Elle punit aussi les Orques, les Ogres et les Hécatonchires en leur donnant quelquefois des apparences de Corbeaux, de Perdreaux ou de Harpies. Quant aux chasseurs de prime, ils montèrent en grade. Ce fut en partie en grâce à eux si la conquête de Jérusalem était couronnée de succès. Ils avaient tué bien de ceux qui gouvernaient le royaume du paradis et prirent d’autres farouches pour les rallier à leur cause. Ils renforcèrent leurs armes, mais Jaspéra pensait que la bataille était loin d’être terminée, car à présent la magie blanche allait vouloir se venger. Les estafettes ne mentaient pas. Les espions ne se trompaient jamais. Et les nuits hantées de Jaspéra lui firent dire qu’Eurybie et les siens reviendraient les charger d’ici très peu de temps, mais qu’au cas où, elle avait laissé quelques monstres établir des mines de part et d’autre, et ces mines étaient remplies d’explosifs. Il suffirait qu’Eurybie s’en approche pour qu’elle explose et que ses lambeaux se dispersent horriblement. Iricon et Jaspéra trônaient deux couronnes noires sur la tête portant chacun d’eux un trident à la main droite et en bas d’eux gisait des tigres et des panthères, des serpents et des moustiques, ainsi que quelques nymphes corrompues qui se roulèrent dans la fange des bêtes. Ils trônaient sur un char qui se déplaçait grâce aux sirènes gorgones. Les trônes étaient tout sculptés de noirs en pont. Jaspéra se tenait droite la tête toujours levée de sa grande présence et posture. Elle mesurait au moins cinq ou six pieds de hauteur, et sa tête dépassait de son trône tellement elle paraissait grande, et Iricon encore plus qu’elle. Il donnait les ordres aux gorgones derrière de venir lui masser le dos, et aux nymphes à ses pieds de tordre ses orteils, en disant qu’à chaque fois qu’il craquait ses os, il se relaxait d’un bien fou, et Dieu sait qu’il en avait besoin, pensèrent toutes les nymphes qui se firent une joie de se précipiter à Iricon. Jaspera en fut parfois même jalouse et jeta des sorts aux nymphes trop belles. Elle châtiait la beauté des autres en les rendant des créatures hideuses de vampire à corne hurlant à la langue du postérieur d’un mandarque désarçonné. À ses pieds traînaient des pierres brûlantes. Mais les Satyres voulant charmer la reine Jaspéra reçurent pareil traitement d’Iricon qui les métamorphosa en loup-garou infâme au corps de corbeau, à la queue d’un cheval et à la taille d’un serpent de mer. Depuis leur funeste triomphe, Iricon et Jaspéra se détestaient parfois au point de s’attaquer eux-mêmes. Ils ne se contrôlaient plus si bien que le roi se changea en oiseau pour échapper à la furie répulsive et destructrice de la reine. Il lui échappa jusqu’aux berges des rives ripisylves d’Alak en longeant toute la Baie tumultueuse de l’Étang des gouffres occidentale jusqu’aux pièges des racines de typha où vivent au milieu des érables argentés, des Saules et des Sycomores les Gorilles et les Ours à l’intérieur même de la forteresse d’Alakranne où se loge les monstres les plus abjects. Il ne réapparut que dans les lumières vespérales rougeoyantes au sommet de la dernière tour maudite armé de son trident de lumière surdimensionné à la tête de sphinx, et cessa d’être un oiseau torpilleur pour donner de nouvelles instructions au mercenariat du fief féodal descendant les Bardiches derrière leurs épaules de fer, et aux Hallebardiers des gladiateurs de la soldatesque casquée des ténèbres. À sa voix haute, froide et rude de gravité, tous l’écoutèrent lorsqu’il hocha la torche de feu pour s’exprimer devant l’assemblée comme le fut l’usage d’Alakranne en conformité avec toutes les anciennes coutumes et traditions occultes et ancestrales des Telchines. Chacun de ceux qui l’écoutèrent à présent était armé de scramasaxes, d’angons, de piques, de francisques, de framées, d’arbalètes, de sarbacanes, de poignards, de haches et d’épées en tout genre. Les nymphes infernales tenaient des torches lumineuses serrées entre leurs dents de furie rugissante. Quand le calme fut instauré, Iricon monta encore une marche déclenchant des hostilités. Les échos du Château résonnèrent de part et d’autre au son de ses respirations. Il monta jusqu’au drapeau d’Alakranne qu’il contempla de trois quarts avant de se tourner vers ses sujets. La magie blanche a été balayée par notre mutante magie noire. Il n’en reste que la colère et la frustration de nos adversaires. Nous avons gagné la bataille et nous avons gagné la guerre. Vous appartenez au peuple élu qui plus tard sera mentionné dans les légendes comme ayant été la consécration d’Alak que de voir son plus vieux frère Alakranne renaître de ses cendres. Vous savez aussi bien que moi que mon père Syranth le premier a été décimé par les quatre bêtes de l’apocalypse il y a longtemps, et que reines et rois l’ont fait enfermer dans la jarre aux maléfices. Pourtant, je crois encore aujourd’hui que le trésor des Wills le ramènera parmi nous. Nous avons repris les parchemins sacrés qui appartenaient à mon père, et qu’Erhebenne nous a lâchement pillés. Dans ces rouleaux sont mentionnées les dernières volontés de mon père qui tenait à ce que la magie blanche soit anéantie par la nôtre. Je me sens soulagé d’avoir respecté son testament grâce à vous. Cependant, je me vois dans le regret de vous dire qu’après des siècles de bataille, la magie blanche continue de nous défier. Le pape de la basilique et le roi de Jérusalem mènent des patrouilles en ce moment même contre Alak, et parce qu’ils espèrent nous voir tomber avant eux. Aussi est-il de votre devoir de les en empêcher. Je vous ordonne de vous séparer et de vous rendre sans tarder jusqu’à chaque patrouille menée et de les éliminer. Je veux un rapport détaillé toutes les vingt-quatre heures des hauts fonctionnaires des ténèbres. J’applique une loi dès à présent visant à l’artillerie de toutes nos bases militaires jusqu’au Q.G. de nos ennemis. Je veux un dispersement sur chaque terre et chaque parcelle en commençant par Obanarek. Vous irez ensuite sur les terres qui régissent les contrées cardinaux, septentrionaux, occidentaux, méridionaux, hexagonaux. Xizion à l’extrême Est, Delspirak, Dagareth, Sitarnel, Palaorma, Varouxan, Babirouak, Palimos, Schwazani Dragonade, Vaplaike, Schwazani, Zoaksize, Uruspri, Valvaguard, Huruguard, Jezentz de l’Ouest au Sud en passant par le Nord et les voies du Sud-Ouest, du Nord-Ouest, du Est-Ouest, du Nord-Est, du Est-Sud, du Nord-Sud. Je veux un déploiement quasi général sur toute la surface du globe terrestre. J’enverrai des missiles, des chars, des bombardiers pour compléter les terres inoccupées. On rasera les villages, pilleras les marchands d’armes, volera de la nourriture, violera et tuera. J’ordonne à ce que tout soit permis pour protéger nos vies, et ne vous inquiétez ni des agents des douanes ni des bases militaires ennemies, car là où ils se trouvent, ils ne feraient pas peur à une mouche. Ceux que j’appelle devront traverser le rideau de flamme. Ceux-là même m’accompagneront sur les chevaux. D’autres feront les routes à pied en sens inverse et interdit. Les Orques et les Ogres iront terroriser les villages de Xizion et kidnapperaient les enfants en échange de rançon en attendant la manifestation de la patrouille conduite par Nérée et Elpirak qui seront ensuite enfermés dans le mitard. Les Minotaures et les centaures pourront les seconder. Ils feront les routes ensemble. Je ne les laisserai pas s’échapper. Les reptiles, les araignées, les moustiques, et les libellules partiront quant à eux avec les nymphes infernales chasser Thanatos, Eunomie et Hespéris avec les fées et les oiseaux de mers et de terre conduite par Lialagol la sylphe à la pointe Sud. Les Hiboux Grands-Ducs, les corbeaux et les Harpies iront chasser les chauves-souris gardiennes d’Eurybie. Les lutins iront chasser les castors, les écureuils, les renards, les lapins, les chèvres, les brebis, les paons, jusqu’aux cèdres des forêts. Les reptiles, les araignées, les moustiques, et les libellules iront chasser la patrouille menée par Erhebennia. Les cyclopes et les Hécatonchires iront chasser l’armée conduite par Coranne la Stratenne. Quant à moi, je m’occupe de celle conduite par le roi Phorcys et le pape gouverneur. Les autres je vous garde en réserve comme botte secrète. C’est-à-dire les armagueddons de Typhon, les chasseurs de prime, les Ducs d’Or, les Trachines, les monstres du passé, Les Teras surpuissant, les pestiférés et les putréfactions, les Grands Moines, les spectres, les Curètes, les Petits-Ducs et les Moyens-Ducs d’Or, les Corybantes, les Zuzux, et les Karamix de fortune. Vous me suivrez de loin et vous interviendrez seulement quand je vous le dirai. Autrement dit, je garde les meilleurs pour la fin. Ah, encore une chose. Je soumets des appeaux à chacun de vous. Si jamais un monstre ou un soldat venait à me désobéir, il saura quel sort je lui réserverais. Quant à la reine Jaspéra, elle restera ici à Alak pour veiller sur le royaume en notre absence et à ce que les détenus du mitard ne s’évadent pas comme cela le fut de nombreuses fois à cause de notre relâchement et nos failles de résistance. Mais elle sera informée de toutes nos interventions grâce aux chapelets. J’espère que vous savez à présent ce que j’attends de vous. Alors, partons ! Iricon redescendit de la tourelle sous la hâte des soldats et des bêtes qui s’apprêtèrent à partir. Vingt-cinq patrouilles défilèrent dans les tourbières à la tombée de la nuit. Lorsqu’il fut l’heure du Cor, le cri de guerre d’attaque vint facilement à la bouche des meneurs de chaque patrouille. Le temps était venu pour eux de rassembler toutes leurs émeutes. Les chars lancés à pleine vitesse, le moment crucial arriva. Très vite, ils disparurent d’Alak et d’Alakranne, laissant Jaspéra seule sur le trône tenu en expectative par les promesses du roi Iricon.

Dans les deux camps, les patrouilles furent menées de bout en bout du Nord, Sud, Est et Ouest. Chaque terre jouait à présent un rôle, et chacun s’observa de près aux dépens de l’autre. Les soldats chevauchèrent sur de longues terres interminables quand d’autres prirent des routes sur les montagnes, les faussées, les bassins, les collines, les fleuves, les rivières, les flots des mers en apercevant le mât des bateaux de traverse, les plaines, les estuaires, les gouffres, les cirques, les cascades, les roches, les vallons, les pentes en contrebas, les fougères, les roselières, les marécages, les lits, les embouchures, les granges, les rameaux, les villages, les maisons, les vallées en suivant trait pour trait les reliefs géographiques dessinés sur les cartes et en respectant scrupuleusement les prédictions des oracles et des boussoles. Les estafettes de-ci de-là rapportèrent à Jaspéra le message que les patrouilles avaient bien commencé à assiéger les contrées de part et d’autre. Ils ne tarderaient plus maintenant à retrouver les chefs de file des patrouilles adverses. Ils se hâtèrent toujours autant lorsque vint la première halte où ils surent être sur le bon chemin. Quant aux autres, ceux de la magie blanche, ils en firent tout de même, en ignorant que les Telchines s’élancèrent aussi à leurs trousses. Seul un oracle pouvait encore leur dire.

Sur la route orientale de l’Ouest qui mène Eurybie et ses chauves-souris avec Beauté, Mimas et les nymphes, on distingua des runes géoglyphe très impressionnant à vue d’œil. Elles comprirent –, en particulier Eurybie qui n’avait pas revu les terres de son passé depuis qu’elle était devenue aveugle – réalisé combien un temps de séparation pouvait changer non seulement la face du monde, mais le pourtour géographique qui ne ressemblait plus à ce qu’il était avant. Ce retour dans le temps engendra un paysage moins dense et touffu qu’il n’était par le passé. C’était comme si les vents déchaînés avaient refait un monde d’épuisement tellement il avait été secoué. La route de l’Ouest menant à Schwazani était parsemée d’embûche d’autant qu’il commençait à pleuvoir de plus en plus fort, et que les averses de grêlons se changèrent presque en tourbillon de lumière blanc. Du point d’où elles étaient parties, elles arriveraient à Schwazani dans quelques jours. Elles trouvèrent heureusement un abri pour se protéger des averses de plus en plus contraignantes. On aurait dit le toit d’une grotte par où tomber les monticules de pluie. Elles pénétrèrent à l’intérieur de la voûte en espérant que les pluies cessent et que la vue brouillée devienne meilleure. Elles priaient pour ceux qui sont partis à l’Est au Comté de Vaplaike qu’ils puissent évoluer sur de meilleures routes, ignorant qu’à cette heure, les corbeaux, les Harpies et les Hiboux Grands-Ducs étaient à leurs trousses. Mais à l’Est, là où se dessine la patrouille de Phorcys et de Priape conduisant tous les clergés bénéficiant de hautes protections rapprochées, ils ignoraient qu’ils avaient Iricon et ses bombardiers sur leurs talons. Une lourde patrouille de soldats suivait leur roi sur des palefrois et des destriers vêtus comme des chevaliers et des paladins avec leur écu et leur vétusté de gladiateur. En plein milieu d’une halte très avancée, ils consommèrent les premières provisions. Une à deux heures après, le premier crépuscule dessina à l’horizon couvert d’une petite grisaille froide sous un ciel bleu et noir un petit fond tout rose d’Erainc. Priape n’avait pas vu un ciel aussi beau depuis qu’il menait les troupeaux de bergers. Il ne restait plus que les étoiles pour que son souvenir éphémère ne se bonifie. Mais très vite, de gros nuages d’obscurcissement se voilèrent au firmament, ne laissant apparaître et entrevoir qu’un petit jeu de jour encore au lointain. La nuit arriva presque en tombant comme si elle s’était écrasée à l’Est du côté du Comté de Vaplaike. Toutes les routes depuis Vaplaike étaient signalées soit comme étant trop dangereuses ou trop périlleuses, soit comme étant trébuchantes d’intempéries prévenant des risques de chutes d’hécatombe. Dans tous les cas, la vigilance était de mise sur les routes de l’incertitude menant les patrouilles en dent de scie sur des secteurs de pièges et d’embûches aux sortilèges infâmes de la magie noire. Des monstres étaient restés à la pointe du combat pour cerner les patrouilles qui parviendraient jusqu’à eux. Les haltes se poursuivirent tandis que les patrouilles continuèrent leur progression non sans faiblir, voulant pousser jusqu’au bout d’eux-mêmes pour aller plus loin dès le premier jour. Ils ne se reposèrent que lorsqu’ils n’en purent vraiment plus, soit dans les forêts, dans les versants de montagne, ou dans les collines, tentant de trouver des refuges à défaut d’aller à l’auberge ; mais qui étaient encore très loin du lieu où on les voyait, soit dans des opposés, dans des routes escarpées, d’autres plus denses et vastes ; et ils ne voulurent point ébruiter les présences des patrouilles lorsqu’ils apprenaient que les Alakiens étaient en train de les traquer depuis les terres ennemies. Les feux allumés dans les camps ravivèrent les questions et les doutes de chacun au sujet de cette nouvelle bataille menée contre les Telchines. Ceux qui se posèrent le plus de questions étaient à l’extrême Est dans les roues des moulins tournantes. C’était la patrouille menée par Nérée marchant sur les herbes vertes enrobées de jaunes de part et d’autre. Sans doute des fleurs variantes et distinctes par leur bonne odeur. Nérée, vraisemblablement gêné par les pluies rouant l’hélice qui tournent et tournent, ne comprit toujours pas pourquoi on l’avait désigné pour être impliquée dans une mission de ce genre à la tête d’une des patrouilles de guerre les plus prestigieuses de Jérusalem. Il s’en plaignit à son fidèle assistant Elpirak, lequel demeura neutre sous ses sollicitations, trop occupé l’imaginait-il à étudier les nouveaux éléments des contrées universelles. Ils avaient été contraints de s’arrêter ici pour la nuit. Les autres, à part Nérée, supportaient très bien le bruit des moulins. Lunedemiel, Irisdetune, Pieddebiche, Liqueurdevie, Coccinelledejoie observèrent toutes cinq bien tristement Nérée. L’une d’elles poussa les ailes trop grandes des dryades dans le campement de fortune voué à l’étroitement. On vit Nérée se débattre un peu des ailes de Lunedemiel qu’il considérait comme persécutrices. Cette dernière était assise juste à côté de lui sur une pierre fraîche en arrondis lorsqu’elle se leva brusquement, appelée de loin par ses filles. Lui fut rejoint rapidement par son homologue préféré Elpirak qui s’affaissa sur ses plis recourbés, clignant souvent des sils. Il caressa son bras comme s’il voulait gratter un peu de poussière et fixa la paume de sa main sans ligne.

— Je me demande si les autres ont plus de chances que nous, dit-il en train de se faire estourbir par les ailes plus nombreuses que jamais lorsque les dryades rejoignirent leur maîtresse qui déserta le campement au loin au milieu de la brume dense et du brouillard renâclant le fumet épais de gris.

— Arrêtez de vous plaindre ! s’exclama farouchement Elpirak qui alla s’asseoir à côté de lui tandis qu’il transpirait d’avoir essayé d’installer le camp à sa manière très personnelle. Cela devient encombrant à force, ajouta-t-il de manière très persuasive. Il voulait que chaque chose soit à sa place, et que chaque gourde soit disposée de manière arrondie, et que chaque herbe lui serve de lit où dormir.

— J’ai le droit de me plaindre du froid. J’ai le droit de revendiquer. J’ai le droit de contester en tant qu’ancien roi d’Huruguard. J’ai le droit de me plaindre que la reine Eurybie aurait pu me convier à une autre place. Si j’avais été mis dans la confidence, je ne serais jamais venu. Jouer les modestes généraux et capitaines et conduire une Baroud d’Honneur, c’est bon pour les putréfactions Amphion et compagnie. Moi, ma place est à Huruguard avec Peria. Ma chère épouse, vous me manquez horriblement. Je me las pas de vous. Je vous aime, ajouta-t-il en jetant des fleurs dans le ciel avec sa main avant de s’allonger sur la verdure en gémissant du froid, il s’encapuchonnait en serrant bien haut le manteau espérant qu’il l’aiderait à lutter contre les vents insoumis et inébranlable de ses contrées funestes.

— Vous oubliez que votre royaume a été détruit, et vous auriez probablement perdu la vie si je ne vous avais pas secouru à temps en vous évitant le pire, dit Elpirak.

— C’est vrai, dit Nérée. Vous aussi aviez perdu votre royaume à Palimos en plus de votre résidence secondaire. Maudits Ogres ! Avili créatures sans cervelle !

— Ne parlez pas des Ogres de cette façon, malheureux ! Ils pourraient nous entendre. Delken, mon frère, a perdu son royaume à Varouxan et sa vie. Il ne vit qu’à travers Froisarine désormais.

— Mon pauvre Elpirak, de pis en pis, dit Nérée d’un air profondément désolé lorsqu’il posa sa grande et grosse main blanchâtre sur l’épaule du précédent avant de mettre les bras dans le dos pendant que les Xizionautes préparaient des tantes étroitement hautes servant pour dormir. Elles dirent que l’intérieur est propre et que dans de telles conditions de survie, c’était chacun pour soi. Elpirak rit. Nérée bouda dans son coin et s’évanouit, ignorant que les Orques et les Ogres allaient le réveiller très fort.

Dans le campement d’Erhebennia à la pointe Sud, on essayait d’être plus vif au déploiement des provisions. Ils n’étaient pas tombés dans les mines pleines de dynamite grâce à Eunomie et à l’ordinateur de son père qui indiquait la route à suivre et celles qu’il fallait éviter. Annabeth, Froisarine, Peria, et Danucia avec les amazones erraient à présent en pleine forêt dense et vaste avec Erhebennia comme chef de file, guettant l’orée de la lisière et l’horizon ; ainsi que les ombres qui s’écartaient au loin en marchant ou en volant. Eunomie s’assied sur les feuillages d’un arbre vieux perdant chacune de ses feuilles à la saison des moissons.

— L’entrée secrète du royaume des ténèbres diffère à chaque époque que nous traversons. Sauf maintenant que nous sommes revenus dans le passé, je dois encore faire des recherches pour la localiser. Car elle n’est pas la même dans notre monde. Dans le futur, tout était plus facile. Les mondes parallèles m’aidaient. Mais là, c’est différent. L’ordinateur localise des données existantes avec des informations qu’on lui communique. Il n’a pas d’autonomie propre sauf pour les recherches détaillées de la calculatrice.

— Donc on ne trouvera jamais cette entrée ? demanda Erhebennia à Eunomie. Si vous n’y arrivez pas, je ne vois pas qui pourrait. Je commence à désespérer. Il aurait mieux fallu nous renseigner avant d’accepter cette mission. Eurybie est vraiment inconsciente. Cette chère enfant manque de lucidité. Quelle reine inexpérimentée !

— Ne vous inquiétez pas pour cela. Il suffit qu’Eunomie entre les données de l’ennemi. Les monstres viennent de plus en plus nombreux. Ils proviennent bien de quelque part, dit Hespéris.

— On finira par trouver ce que nous cherchons, dit Eunomie.

— Espérons-le, mes filles, chuchota Erhebennia de sa majestueuse robe longue écarlate. Vouons aux créatures des ténèbres tout l’intérêt qu’ils nous portent. Je me fais du souci pour les autres campements. J’espère qu’ils n’ont pas été attaqués par le comité d’accueil d’Iricon et Jaspéra.

— Oh, mais vous êtes redevenu Gilgamesh ! s’exclama tout à coup Hespéris à Thanatos.

— J’ai senti comme des ondes me traverser de part en part, chuchota Thanatos ceignant son trident et le bouclier de feu après avoir débouclé sa ceinture légèrement en écoutant les oiseaux de la forêt sombre et lumineuse Niklarienne. Il reprit derechef. Non, Hespéris, c’est là que vous vous trompez. Je ne suis point redevenu grand, répondit Thanatos. Je n’ai jamais cessé de l’être en réalité, dit Thanatos. Le fait que nous ayons quitté le futur et que la malédiction a été brisée ne m’empêche pas de conserver mes pleines facultés de métamorphose. Je redeviens Gilgamesh quand je le veux comme vous, je suppose.

— Pour ma sœur et moi, c’est pareil, dit Eunomie d’une voix grave en faisant allusion à Hespéris. Nous redevenons les bêtes de l’apocalypse Lamie et Lilith quand nous le voulons. Les Cygnes, les cerfs, les sangliers, les tourterelles, les chouettes et les griffons accompagnèrent toujours Lialagol la sylphe la forgeronne de Vaplaike avec ses filles, les sœurs d’Héra, mère d’Hespéris. Lialagol la sylphe trouvait que leurs transformations leur allaient mieux dans cette dimension. Ils paraissaient plus puissants à en juger aux apparences et aux longues perceptions de la forgeronne qui trouvait que l’égide avait besoin d’être retravaillée. Elle se souvenait de l’époque où elle forgeait la merveilleuse épée laser appelée Lune appartenant au père d’Eunomie, le bien nommé Antios. Toute la nuit, Thanatos parla des épéistes d’Ismaelion à l’époque où Jérusalem était encore dissimulé par la vieille montagne soufflante d’Isca. C’était l’activité des Dactyles Idéens en dehors de leur métier de riverain et de bâtisseur d’aile et de fer. Lialagol parlait aussi des ébénistes du Comté de Vaplaike. Elle les considérait comme les fils de Vaplaike.

— Chut… Écouter ! redit Thanatos soudain en se levant d’un coup.

Les ondes que Thanatos avaient ressenties ne firent que s’accentuer, et dans l’ombre tapi au loin d’eux des monstres les traquant jusqu’aux cèdres et aux Yeuses de la forêt quand soudain, descendant des chênes verts, un nid de reptile montèrent sur les appeaux. Ils étaient accompagnés d’araignées, de moustiques, de libellules, d’abeilles, de bourdons. Eunomie lâcha son ordinateur en se levant, et recula avec Hespéris pendant que Thanatos se rapprocha d’eux le bâton du trident à la main en train de faire du bout pour les pousser. Eunomie se précipita plusieurs fois avec hésitation pour reprendre l’ordinateur de son père avant qu’il ne se fasse déchiqueter ou dévorer. Quand elle le prit, il s’éteignit. Erhebennia surprit quant à elle derrière eux la présence des rampants. Parmi eux, les castors, les écureuils, les renards, les lapins, les chèvres, les brebis, les paons aux yeux tout rouges d’étoiles et aux dents d’acier les fixèrent hostilement, s’apprêtant même à les attaquer en bondissant sur eux derrière les buissons. Mais les Cygnes, les cerfs, les sangliers, les tourterelles, les chouettes et les griffons s’interposèrent au milieu d’eux pour les défendre. Ils furent tous encerclés sans pouvoir bouger. Seules les amazones tentèrent encore de bouger, attisant la colère des créatures volantes qui s’amoncelèrent sur elles. Celles-ci les attaquèrent de lances et d’épées sans crainte, elles hurlèrent à la vaillance et s’adonnèrent au combat. Annabeth et Froisarine se séparèrent toutes deux de Peria et de Danucia pour combattre les autres créatures derrière les buissons qui jaillirent d’un saut effroyable sur elles. Il fallut tout le déploiement de magie blanche pour paralyser et neutraliser leurs proies jusqu’à ce qu’Erhebennia mène les autres aux combes d’un vallon ruisselant à l’orée de la forêt que l’ordinateur d’Eunomie localisa à l’approche. Thanatos se protégea des créatures volantes en collant le bouclier de feu très près de son visage, il avançait en bon gladiateur d’un pas ferme les yeux clos. Les amazones combattirent à ses côtés pendant qu’il leur donna les instructions sur comment il fallait dégainer les archers ; et lancèrent les flèches pluvieuses sur les rapaces regagnant les buissons à toute vitesse comme le firent seulement les Ducs d’Or dans les villages abandonnés. Les amazones se replièrent massivement en défense lorsque Peria, Danucia, Annabeth et Froisarine surprirent la fuite de l’ennemi et écoutèrent elles aussi les sons de Cor, mais ce n’étaient pas des appeaux, mais des trompettes.

Dès lors qu’ils eurent le champ libre après la soudaine éclipsée des bêtes, Erhebennia donna l’ordre de faire remballer tout le campement et d’aller s’installer ailleurs. Ils virent alors des vapeurs d’eau enrobant les hautes combes sédimentaires des vapeurs d’eau. Ils quittèrent la forêt sans regret et après les vapeurs d’eau, ils trouveraient une surface agréable où ils pourraient camper dans la nuit lorsque les pluies cessèrent pour réapparaître dans le Nord où Coranne dirigea sa patrouille de magiciens conduits par son fils et sa fille Hippolyte et Hyperbios, tous deux inquiets pour Beauté et Mimas restées avec Eurybie sur les terres inhabitées de l’Ouest. Ici aussi pourtant les pluies et les vents secouèrent les appeaux qu’elles portaient comme pendentif autour du cou pour s’assurer de ne pas les perdre. Les appeaux émettaient de larges signaux dont plusieurs vibrations émises par les échos des vents. On les entendit bouger, claquer, tanguer, tournoyer, sonner des cloches contre l’armure portée par les gladiateurs autour de la taille. Plus ou moins de patrouilles enfilaient les appeaux autour du cou, mais cela gênait et troublait leur habileté au combat. Ce fut là l’excuse qu’ils évoquèrent pratiquement tous sans exception, tandis que certains éclaircissements se précipitèrent à l’exception de la patrouille du Nord mené bon train comme dit précédemment par Coranne la Stratenne. Bebelia et Elgrandsaks survolaient quant à elles les landes des montagnes et des falaises du Nord en citant les expressions défendues et dangereuses de ses contrées ayant envahi leurs terres il y a cent ans, les terres de Sitarnel furent particulièrement touchées par ces citations. Ils erraient dans les ruines d’un sentier, mais Hippolyte et Hyperbios unirent leurs magies sur ordre de leur mère pour détruire des sépultures et des Monolithes marbrés jusqu’à la pointe du Nord où ils pourraient trouver des choses intéressantes si l’ennemi était passé par là. Coranne monta devant les petites montagnes répétées en les enjambant et en les escaladant quatre à quatre sans avoir à monter ou à franchir de gros obstacles surélevés. Le dolmen par où ils passaient dans la nuit sur la lande grise les menèrent jusqu’au versant du plus près des montagnes et des sépultures mégalithiques. Soudain, Bebelia fit signe sur son balai de baisser la tête et de se dissimuler derrière la fissure longeant le petit renfoncement. Ils entendirent sans bouger des força exilés menottés de la tête aux pieds marcher difficilement sous l’ignominie des geôliers, en particulier de Virgile et de Crassus, jusqu’à leurs généraux qui les attendirent un peu plus bas derrière les landes. Les vents secouèrent toujours les appeaux et à cause des signaux qu’ils émettaient, ils furent presque localisés. Cependant, le son fut confus quand deux vents se rejoignirent en s’éclatant littéralement l’un contre l’autre dans le tumulte d’un croisement. On vit les bourrasques se déchaîner de part et d’autre. Les Stratins cachés derrière la montagne eurent bien des frayeurs. Ils faillirent se faire repérer, mais les vents les sauvèrent juste à temps. Mais alors que les exilés et les geôliers se rejoignirent, trois cyclopes et un Hécatonchires arrivèrent de leur immensité titanesque. Ils reçurent l’ordre de la part des généraux de faire disparaître un trop plein de força dont ils n’avaient plus rien à faire en faisant passer bizarrement leurs morts pour une dérobade pendant la promenade du soir. Coranne la Stratenne se demandait pourquoi toute cette étrange machination à travers une organisation Alakienne basée sur la trahison et le mensonge. Jaspéra à Alak ignorait cela. Mais les cyclopes et les Hécatonchires furent depuis Alak lancés par Iricon pour retrouver la patrouille conduite par Coranne la Stratenne, laquelle redoutait cette conspiration. Hippolyte et Hyperbios, les deux archéologues appréciés d’Eurybie, se souvinrent de ce qui s’était passé à l’époque où ils étaient à Delspirak dans le futur. Hyperbios avait même été capturé une fois dans le mitard Alakien. Il venait à conclure que le mitard devait contenir trop d’âmes enfermées dans les prisons de l’enfer pour qu’Iricon et Jaspéra acceptent plus d’exilés ; alors ils se débarrassèrent de ceux dont ils n’avaient plus rien à faire. Cela les blanchissait et les lavait de tout soupçon, eux et leur fausse grande sympathie à l’égard des bagnards et des proscrits. Elgrandsaks suggéra qu’on les suive de loin, mais faire marche arrière dans les landes était risqué. Mais alors que les geôliers discutaient entre eux depuis une heure, et qu’ils s’apprêtaient à repartir Alak, ils virent les gravats de pierre défoncés et surélevés en superposition d’explosions récentes, de celles provenant de la magie blanche, selon l’odeur flairée par les cyclopes. Dès lors, ils changèrent d’avis et retournèrent plus haut dans les landes sauf qu’entre temps, ceux qui s’y cachaient eurent le temps de disparaître plus haut jusqu’aux précipices des montagnes et des falaises, là où ils ne purent plus avancer au milieu d’un gigantesque cul-de-sac. Ils se mirent à l’abri ici en pensant avoir assez de temps pour élaborer une stratégie. Ils hésitèrent à siffler des appeaux pour prévenir les autres, pensant qu’il valait mieux attendre de quitter les landes à l’aube. Hippolyte et Hyperbios restèrent tous deux debout pendant que Coranne se penchait pour savoir si les Telchines étaient parties. Les cyclopes et les Hécatonchires furent rejoints conjointement par de mystérieux lutins jaunes qui grimpèrent les montagnes avec force et courage. Ils trouvèrent un passage étroit entre deux pierres menant à une mine ou à une embouchure. Ils palpèrent les pierres avec leurs mains ; et en voulant frotter une poussière accumulée sur le muret, déclenchèrent un levier d’activation qui ouvrit une porte juste derrière eux. Bebelia s’écarta le regard circulaire Nord, Est, Sud, Ouest, faillant recevoir l’ouverture de la porte sur elle. Tous les lutins reculèrent avant de pénétrer dans un tunnel. Ils disparurent des landes, des montagnes et des falaises si tôt après être retournés à l’intérieur. Coranne la Stratenne exhorta la patrouille à suivre les lutins dans le passage qu’ils avaient trouvé ou qu’ils connaissaient déjà sans doute. Et bizarrement, les geôliers ne les suivirent pas. Ils repartirent en bas des landes en direction opposée du Nord.