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Damien, 15 ans, passionné de photographie est frappé par la foudre lors d’un orage. Il recueille malgré lui l’esprit de son double, Neimad, venu d’un autre espace-temps.
Les 2 garçons ne font plus qu’un et partagent désormais la même vie.
Au fil des jours, Damien découvre les capacités exceptionnelles que son nouveau compagnon met à son service. Capacités qui s’avèrent bien utiles lorsque l’adolescent se retrouve pris à partie dans une affaire de cambriolages.
Avec l’aide de ses amis Arthur et Clémence accompagnée de son chien Moutisque, notre jeune héros va vivre des instants palpitants au cœur de la forêt de Paucourt près de Montargis.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Andréa Waguener est née en 1955 dans le département de la Meuse. Après quelques années passées en région parisienne, elle choisit de s’établir en région Centre où elle reprend finalement ses études pour obtenir un diplôme universitaire en Management.
Après son recueil de nouvelles
Tranches de vies publié par Le Lys Bleu Editions, elle nous revient cette fois avec ce roman palpitant.
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Andréa Waguener
Damien et son double
Roman
© Lys Bleu Éditions- Andréa Waguener
ISBN : 979-10-377-1490-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
— Ferme la fenêtre Damien, tu fais entrer de l’eau !
En cette fin de matinée de juillet, ma mère pénètre dans ma chambre, portant une pile de linge qu’elle a consciencieusement repassé.
— J’admire le paysage, m’man. Regarde comme c’est beau.
Accoudé à l’embrasure grande ouverte, j’observe la pluie tomber en trombes généreuses sur le sol caillouteux de l’allée qui mène au portail de la maison familiale. Les gouttes, en touchant terre, rebondissent et forment une multitude de petits jets d’eau dans lesquels se reflètent les rayons mourants d’un soleil pâle. Au loin, le tonnerre gronde. Le bouquet de bouleaux planté au milieu de la pelouse ondule sous le vent naissant. Son feuillage bruisse, malmené par les vagues d’un souffle invisible.
Maman passe derrière moi, ouvre la porte vitrée de mon armoire et dispose mes habits propres sur les étagères.
— Sois raisonnable, tu vas prendre froid.
Je reconnais bien là ma mère, toujours encline à prendre soin de ma santé, à me dorloter, à me chouchouter comme si j’étais encore un enfant. J’ai pourtant quinze ans et une certaine maturité d’esprit. Il faut dire qu’avec un père dans la gendarmerie, officier de police judiciaire pour être précis, j’ai grandi dans un milieu où la rigueur est la règle de base. Très tôt, mes parents m’ont inculqué le respect des valeurs fondamentales. Respect envers les autres, respect envers soi, respect envers la loi. J’ai fort peu d’atomes crochus avec les jeunes de mon âge, c’est pourquoi je compte mes amis sur les doigts d’une main. Non pas que je sois asociale, mais je n’éprouve aucune attirance vers les distractions qu’apprécient la plupart de mes camarades de classe. Je n’aime ni boire à outrance ni m’écorcher les oreilles en écoutant de la musique criarde. Je ne fantasme pas sur le dernier téléphone portable et ne passe pas des heures à jouer en ligne. Bref, je suis étonnamment mesuré compte tenu du nombre de mes années.
Je me destine à une carrière scientifique ou médicale, je ne sais pas encore trop. Élancé, sportif, j’adore la nature. Observer la vie animale est ma passion, un hobby que je partage avec Clémence et Arthur, mes deux potes de bahut. Je me verrais bien ornithologue ou vétérinaire, tout comme Clémence qui dispose d’un formidable don avec les animaux. Elle les dessine aussi avec beaucoup de ressemblance. C’est une véritable artiste.
Dès que j’ai du temps libre, je pars en balade d’observation, mes jumelles en bandoulière.
Je suis fan de la fourmi qui transporte aisément 1000 fois son poids en nourriture. J’admire les possibilités olfactives du chien capable de reconnaître 500 000 odeurs. Je suis impressionné par la souplesse du chat qui lors d’une chute vrille son corps pour retomber sur ses pattes. Je suis émerveillé par la dextérité qu’ont les oiseaux à bâtir leur nid. Je suis attentif à tous ces petits riens qui forment le règne animal.
Pour tranquilliser mes amis, j’ai accepté qu’Arthur télécharge sur nos téléphones une application qui permet de nous situer réciproquement.
— Quand tu pars en vadrouille, tu n’es pas à l’abri d’un accident, a-t-il sagement expliqué. En cas de problème, je viens à ton secours. Et si tout simplement l’un d’entre nous égare son portable, l’autre peut le retrouver.
Ma mère est redescendue, me laissant à ma contemplation. Dehors, le vent souffle maintenant en grandes rafales et le temps s’est assombri. Les nuages courent entre horizon et terre, se poursuivent et se chevauchent. J’imagine une horde de mustangs, ruant et cavalant à travers une immense plaine. Les éléments sont déchaînés. Des zébrures fouettent le ciel qui déverse à présent des torrents de larmes. Le boucan du tonnerre s’est rapproché. L’orage est juste au-dessus de nous. Un grondement assourdissant se joint au claquement des flashes qui sillonnent l’atmosphère.
Braoum ! Un éclair vient de se fracasser sur le sol à une centaine de mètres me rappelant à la prudence. Il est temps d’écouter le sage conseil de ma mère, d’autant que la pluie tombant en cascade sur le rebord extérieur éclabousse bel et bien le parquet de ma chambre. Rien de grave, je le sais vitrifié. Un coup d’éponge et rien ne paraîtra. Mon visage ainsi que mes épaules sont trempés. Je fais un pas en arrière, tout en saisissant dans chaque main un vantail de la fenêtre pour la refermer.
Alors que j’ai les bras écartés, le ciel s’embrase. Un feu d’artifice illumine l’espace environnant. J’entends un bourdonnement comme celui provoqué par un essaim d’abeilles puis un claquement sourd fait vibrer mes tympans. La foudre est tombée dans la cour, à quelques mètres de moi. Bien que je sois au premier étage, mon corps ressent une formidable décharge. Mes cheveux bruns se dressent sur mon crâne. L’onde électrique me traverse en une fraction de seconde me coupant le souffle. J’ai l’impression que mon cerveau explose. Sous le choc, je recule de quelques pas et me retrouve assis sur le lit, un peu abruti.
— Ça va, Damien ?
Ma mère vient de m’interpeller du bas des escaliers.
— Oui, oui, tout va bien, maman. Ne panique pas !
— L’orage est au-dessus de la maison. Tu as bien fermé ta fenêtre ?
— C’est fait !
Inutile de l’inquiéter davantage. Je me sens groggy, mais dans l’ensemble je vais bien. À part un léger fourmillement dans la moelle épinière, je ne ressens rien. J’ai lu des reportages sur des gens frappés par la foudre. Les dégâts physiques auraient pu être importants : arrêt cardiaque, brûlures au troisième degré…
« Pfft… je m’en tire plutôt bien. Mais, qu’est-ce qui m’est arrivé ? »
Comme à mon habitude, je parle tout seul. Plus exactement, je m’exprime sans émettre aucun son. Je soliloque dans un dialogue silencieux avec moi-même. C’est une manie que j’ai depuis que je suis tout petit. J’échange avec mon subconscient comme d’autres discutent avec leur frère ou leur sœur. Je suis fils unique ; je compense. Personne ne m’entend, car je cause dans ma tête. Heureusement d’ailleurs, sinon on me prendrait pour un fou. Peu de gens savent que le dialogue intérieur, bien loin du signe d’un désordre mental, est une pratique qui révèle une certaine maturité d’esprit. Je m’interroge, j’analyse, je pèse le pour et le contre.
Je me lève et me tiens face au miroir de mon armoire, poursuivant mon monologue.
« Tu as eu chaud, petit gars. Tu reviens de loin. Mais tu l’as bien cherché. Qu’est-ce qu’il t’a pris de rester à la fenêtre alors qu’il y a un orage ? Tu sais bien que c’est dangereux. »
Paupières baissées, je passe la main droite sur le sommet de mon crâne pour vérifier l’absence de lésion. Lorsque je les relève, je suis interloqué. Quelque chose m’apparaît anormal. Mais quoi ? Je me tâte de nouveau la tête. J’écarquille les yeux. Je ne comprends pas. Je frotte plus fort. Mon rythme cardiaque accélère. J’approche de la glace à la toucher. Mon reflet est là qui me sourit, immobile, imperturbable. Je lève un bras puis l’autre. Rien n’y fait. Mon image reste figée.
Avec précaution, je tâte le miroir pour déceler un éventuel défaut. La surface lisse glisse sous la paume de ma main, mais mon apparence demeure stoïque. Je recule d’un pas. Mon reflet ne bouge pas.
« Bon sang, mon cerveau est atteint. Je suis devenu neuneu. »
« Pas de panique, me répond une voix intérieure. Il ne s’agit pas de folie, ce n’est que moi. »
« Qui ça, moi ? »
« Moi, ou plutôt toi dans une autre dimension, dans une vérité différente, dans un monde parallèle. »
« Je débloque complètement. »
« Non, réfléchis. Si tu divaguais, comme tu le dis, tu te distinguerais quand même tel que tu te comportes. Tu as étudié les lois de la physique ; la glace ne peut pas refléter une autre personne que la tienne. »
« Mais je reçois une image dissemblable de celle que j’envoie. C’est incompréhensible. Je suis forcément devenu fou. Le choc électrique a altéré mes facultés. »
« Rassure-toi, ton cerveau n’a pas été malmené, mais je le contrôle momentanément pour te faire prendre conscience de ma présence. Je lui suggère ce que tu captes. D’ailleurs, à part toi, personne ne peut me voir. D’autres n’apercevraient que ton propre reflet. »
— Tu te trouves beau ?
Ma mère était remontée, portant des pantalons posés sur cintres. Elle poursuit sur le ton de la plaisanterie :
— Depuis quand te contemples-tu comme Narcisse ?
Je me sens rougir tandis que mon double éclate d’un rire muet. Il se tient plié en deux, hilare.
Mon regard va de ma mère au miroir et du miroir à ma mère. Comment va-t-elle réagir ?
Nullement interloquée par la scène qui se joue, elle continue son interrogatoire, gentiment goguenarde.
— Tu as un bouton sur le nez ?
Elle ne semble rien remarquer d’anormal. Il faut que j’en aie le cœur net. Je me campe en face de la glace et pose un doigt sous mon œil droit, gardant les deux yeux ouverts.
— Là… un cil coincé.
— Montre-moi ça.
Elle se positionne près de moi, devant l’armoire.
De mon index gauche, j’appuie sur la surface lisse du verre, à l’endroit où se situe le prétendu poil.
Mon reflet joue à l’imbécile. Il grimace et tire la langue. Je suis vert d’inquiétude.
Ma mère suit mes mouvements, mais ne manifeste aucun étonnement.
— Je ne vois rien. Place-toi bien en face… il n’y a aucun corps étranger. Le cil a dû tomber tout seul. Pousse-toi s’il te plaît, que je range le linge.
Elle ouvre la porte vitrée de l’armoire alors que mon double poursuit ses pitreries et imperturbable, ajuste les cintres côté-penderie avant de redescendre.
Cette fois, c’est certain : je suis le seul à visualiser ce reflet.
Il m’apostrophe de nouveau.
« Te voilà rassuré ? »
« Preuve s’en suit que tu n’es personne. Je suis incontestablement zinzin. »
« Ne te mets pas martel en tête et accepte la situation. Tu bénéficies maintenant de deux personnalités très voisines. En fait, je suis toi, mais comme j’arrive d’un autre monde, j’ai vécu des expériences différentes, un point c’est tout. Je vais t’aider à appréhender les choses sous un angle nouveau. De toute façon, nous sommes obligés de cohabiter. »
« Un autre monde ? Qu’est-ce que tu me racontes ? Il n’y en a pas trente-six ! »
« Effectivement, il n’y en a pas QUE trente-six ! Je suis désolé d’ébranler tes certitudes, mais il en existe beaucoup plus. Nous avons découvert que la vie fonctionne comme un livre interactif. Chaque fois que tu fais un choix, un couloir-temps se crée. Si dans un autre univers ton semblable opte à l’identique, il emprunte le même continuum ; sinon, un nouvel espace apparaît et autour de lui se dessine une vérité parallèle. C’est pourquoi le système est en perpétuelle extension. »
« Je ne veux pas que tu restes en moi. Allez, casse-toi, dégage, retourne d’où tu viens ! »
« Crois-moi, je le désire aussi, mais cela est impossible. Tu as la chance de vivre chez toi. Moi, je vais probablement terminer mon existence dans ce milieu inconnu. Alors, de toi ou de moi, lequel mérite qu’on le plaigne ? »
Il baisse le front, visiblement peiné. Un soupir soulève ses épaules avant de les laisser retomber sans vigueur.
Ému, je me radoucis.
« Bon, admettons que tu vis vraiment. Comment es-tu arrivé dans mon crâne ? »
« Nos destinées se ressemblent. Comme toi, je scrutais un orage lorsqu’un éclair cosmique chargé d’énergie psychique m’a frappé et emporté dans l’espace-temps en me dématérialisant. J’ai voyagé dans la galaxie jusqu’aux abords de votre astre du jour. Le souffle d’une violente explosion solaire m’a redirigé vers cette planète. La force était si importante qu’elle a traversé le bouclier protecteur qui entoure la terre et est entrée dans l’atmosphère, se confondant avec la foudre. En touchant le sol, mon psychisme a été attiré vers la forme statique la plus proche compatible. Si tu n’étais pas moi, je n’aurais pas survécu et toi non plus, puisque nos destins sont liés. Tu serais mort foudroyé et moi je n’aurais pas retrouvé d’enveloppe charnelle. Nous nous sommes mutuellement sauvé la vie. »
« Si j’admets tout cela. Comment dois-je t’appeler ? »
« Tu ne verras jamais que mon image au travers de la tienne. Appelle-moi Neimad. »
Je ne peux pas garder pour moi un tel secret. J’éprouve le besoin de le partager avec quelqu’un. J’appelle mon copain.
— Arthur, tu es libre cette après-midi ? J’ai un truc cocasse à te raconter. On se retrouve au chêne à 15 h. Passe chercher Clémence.
« Si j’étais toi, je ne dirais rien. Personne ne va te croire. Tu as tout intérêt à garder le silence. »
« Tais-toi Neimad. Savoir que tu squattes en moi m’est déjà assez pénible. Tu ne vas pas me pourrir la vie. Je ferai ce que je veux. »
« Bon, bon… je t’aurai prévenu. »
Sur ce désaccord, mon double, boudeur, s’enferme dans le silence.
— À table !
Ma mère a lancé son cri de ralliement. Mon père vient sans doute de rentrer. Je descends les marches deux par deux, l’estomac dans les talons et une certaine appréhension au ventre. Va-t-il s’apercevoir de quelque chose ?
— Salut fiston ! Tu as bien dormi ?
— Bonjour, papa. Oui, pas mal.
— Qu’est-ce que tu comptes faire aujourd’hui ?
— Je vois mes potes tout à l’heure. On ira faire un tour à vélo.
— Entendu, mais ne rentre pas trop tard. Ce soir, ne m’attendez pas pour dîner. Avec l’été, les cambriolages ont repris, j’ai du pain sur la planche. D’ailleurs, poursuit-il en s’adressant à ma mère, si tu t’absentes, ferme bien toutes les portes et fenêtres. On n’est jamais trop prudent.
Sur cette recommandation, nous nous mettons à table. Je suis rassuré. Aucun de mes parents ne semble remarquer en moi le moindre changement. D’ailleurs, cela fait un moment que mon double ne s’est pas manifesté. J’en viens à penser que j’ai été victime d’une hallucination passagère. Tout va bien, je vais pouvoir reprendre le cours tranquille de mon existence.