Défier le Joueur de Hockey - Willow Fox - E-Book

Défier le Joueur de Hockey E-Book

Willow Fox

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Beschreibung

Je n'avais pas prévu de sortir avec un joueur de hockey. C'est arrivé comme ça.
Du moins, c'est ce que je dis à tout le monde. Sauf que, peut-être que je l'avais prévu. Peut-être que ce n'était pas du tout une coïncidence...
Jasper Greyson est sexy, dragueur et l'incarnation même des problèmes.
Mais il n’est pas accessible. C'est le beau-frère de ma sœur, ou du moins il est sur le point de l'être, ce qui fait de nous une sorte de famille.
Je devrais rester le plus loin possible de lui, mais j'aime bien sortir avec lui, le regarder sur la glace et prendre un verre avec lui et les autres. 
Oui, j'ai fait exprès de venir quand je savais qu'il serait au bar parce qu'il l'avait posté sur les réseaux sociaux. Je l'ai traqué.
Je continue à me dire que c'est un béguin inoffensif. Je peux me contenter d'ignorer mes sentiments.
Nous sommes amis. Je ne suis pas sûre qu'il me verra un jour comme autre chose. C'est le problème numéro un. Je suis dans la friendzone. 
Problème numéro deux. Mon appartement a pris feu et je n'ai pas d'assurance. Je n'ai nulle part où aller.
Et quand Jasper l'apprend, il insiste pour que je séjourne chez lui, dans sa chambre d'amis. Traquer mon crush en ligne est une chose. Vivre avec lui en est une autre.

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DÉFIER LE JOUEUR DE HOCKEY

ICE DRAGONS HOCKEY ROMANCE, LIVRE DEUX

WILLOW FOX

Défier le Joueur de Hockey

Ice Dragons Hockey Romance, Livre Deux

Par Willow Fox

Publié par Slow Burn Publishing

© 2024

Traduction par sarahlrnt

Relecture par marie_frcy & Juliette Str

v2

Couverture par Slow Burn Publishing

Cover Design by GetCovers

Tous droits réservés.

Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris par photocopie, enregistrement ou par tout système de stockage et de récupération d'informations, sans l'autorisation écrite de l'éditeur.

TABLE DES MATIÈRES

À propos de ce livre

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Épilogue

Remerciements et contenu bonus

A propos de l'auteur

Du même auteur

À PROPOS DE CE LIVRE

Je n'avais pas prévu de sortir avec un joueur de hockey. C'est arrivé comme ça.

Du moins, c'est ce que je dis à tout le monde. Sauf que, peut-être que je l'avais prévu. Peut-être que ce n'était pas du tout une coïncidence…

Jasper Greyson est sexy, dragueur et l'incarnation même des problèmes.

Mais il n’est pas accessible. C'est le beau-frère de ma sœur, ou du moins il est sur le point de l'être, ce qui fait de nous une sorte de famille.

Je devrais rester le plus loin possible de lui, mais j'aime bien sortir avec lui, le regarder sur la glace et prendre un verre avec lui et les autres.

Oui, j'ai fait exprès de venir quand je savais qu'il serait au bar parce qu'il l'avait posté sur les réseaux sociaux. Je l'ai stalké.

Je continue à me persuader que c'est un crush inoffensif. Je peux me contenter d'ignorer mes sentiments.

Nous sommes amis. Je ne suis pas sûre qu'il me verra un jour autrement. C'est le problème numéro un. Je suis dans la friendzone.

Problème numéro deux. Mon appartement a pris feu et je n'ai pas d'assurance. Je n'ai nulle part où aller.

Et quand Jasper l'apprend, il insiste pour que je séjourne chez lui, dans sa chambre d'amis. Traquer mon crush en ligne est une chose. Vivre avec lui en est une autre.

La comédie romantique « Défier le Joueur de Hockey » est le deuxième livre de la série Ice Dragons. Vous pourrez retrouver des personnages du premier livre, mais il n’est pas nécessaire de l’avoir lu. Pas de tromperie. Pas de cliffhanger. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

UN

Amber

Je ne suis généralement pas la fille qui invite un homme à sortir avec elle, mais c'est pourtant ce que j’ai fait. Les papillons dans mon estomac me rendent nerveuse et je me déplace maladroitement sur le tabouret du bar, me demandant s'il va me poser un lapin.

J'ai rendez-vous ce soir avec Tripp. Je ne connais pas son nom de famille. C'est probablement mieux comme ça. Je ne cherche pas de coup d’un soir, car je n'ai jamais tenté. Je suis la reine des « J’aime prendre mon temps », ce qui ne veut pas dire que je ne crush pas vite et fort.

J'ai écumé les sites de rencontre, mais je n'ai parlé à personne en ligne. Il y a quelques semaines, lorsque je suis passée chez Steele Concierge Medical pour récupérer mon amie Charlotte, qui avait glissé et s'était tordu la cheville en faisant du patin à glace, j’ai littéralement percuté M. Beau Gosse — alias Tripp.

Elle est celle qui a trébuché, et j’ai foncé droit dans la poitrine de cet homme. Et j'imagine que c'était une poitrine magnifique. Il avait certainement un six-pack, et ces lunettes à monture foncée le rendaient cent fois plus sexy.

Quand est-ce que je suis devenue si excitée pour inviter des gars à sortir avec moi, bordel ? Non pas qu'il y ait quoi que ce soit de mal à ce qu'une femme fasse le premier pas. C'est juste que ce n'est pas ce que je fais d’habitude, et je suis mal à l'aise à l'attendre seule au bar.

Je sors mon téléphone de mon sac à main et j'envoie un message à Charlotte.

Rendez-vous ce soir avec Tripp, l'infirmier de l'hôpital.

Charlotte et moi nous sommes rencontrées l'été dernier lors d'une fête de fraternité à l'Université de New York. Nous avons un accord : si on sort avec un inconnu, on le rencontre dans un lieu public, on se donne tous les détails, juste au cas où il s'agirait d'un kidnappeur prêt à nous charger dans son coffre.

Charlotte regarde un peu trop de true crime et je crois qu'elle commence à déteindre sur moi.

Détails, et envoie-moi un message quand tu seras rentrée.

Je me mords la langue, tentée de lui répondre par un « Oui, maman », mais je me ravise.

Bien sûr.

Je glisse mon téléphone dans mon sac. Je ne veux pas être cette fille lors de notre rendez-vous — celle qui fixe son téléphone et qui est plus intéressée par ses SMS que par l'homme avec qui elle converse.

Je commande un thé glacé Long Island et le barman veut vérifier ma pièce d'identité. Je sors ma fausse carte de mon portefeuille et la lui fais glisser sur le bar.

Il l'examine attentivement pendant une minute avant de me la rendre.

J'aurai vingt et un ans dans quelques mois, mais ça fait plus d'un an que j’utilise cette fausse carte d'identité. Le bar est déjà bruyant, puis la porte d'entrée s'ouvre, laissant place à un groupe de mecs qui déboulent ensemble, heureux et pleins d'entrain.

L'un d'eux se penche sur le bar et demande au barman de changer de chaîne sur la télévision. Je jette un coup d'œil de l'écran au groupe, et je jure que celui qui a les cheveux noirs et le plus beau sourire est le même que celui qui apparaît à l'écran.

L'écran diffuse une interview après le match de hockey. Le nom en bas de l'écran affiche Jasper Greyson.

C'est bien lui, à moins qu'il n'ait un frère jumeau ou une doublure.

Je ne peux m'empêcher de le fixer, et lorsqu'il s'en aperçoit, il m'offre un sourire amical. Il se tient au comptoir, commande des boissons pour la table, puis s'en va sans même un bonjour.

Au moins, j'ai eu un sourire.

Même si je ne devrais pas m’en soucier.

J'attends que Tripp se pointe, et j'essaie de ne pas regarder ma montre, mais il a bien quelques minutes de retard.

Il n'a pas précisé qu'il devait travailler aujourd'hui, mais il est possible qu'il ait été retenu à l'hôpital. Il est infirmier aux urgences et il n'est pas rare qu'il doive faire des heures supplémentaires, ou enchaîner des gardes. C'est du moins ce que je pense en constatant qu'il est en retard.

Je sirote mon verre et jette un œil vers la porte.

Tripp entre, sexy à mort. J'expire faiblement, mes mains tremblent de nervosité.

Je suis vierge. Jamais embrassée. Aucune expérience avec les hommes. Mais ce n’est pas comme si je n'avais jamais eu de rendez-vous. J'aime juste prendre mon temps. Je ne veux pas me lancer tant que je ne suis pas prête, et franchement, tous les mecs du lycée et de l'université sont vraiment immatures.

Je bois une autre gorgée de Long Island, faisant de mon mieux pour calmer les papillons qui me donnent la nausée.

Je ne sais pas trop pourquoi ce type, Tripp, me rend nerveuse. C'est peut-être parce qu'il a quelques années de plus que moi. Il est aussi sexy. Assez pour que le regarder pendant quelques minutes me donne des fantasmes pour les deux prochains mois.

— Salut, Amber, me salue-t-il en me serrant amicalement dans ses bras.

Il est grand et sent bon. J'essaie de ne pas l’étreindre trop longtemps. Je ne veux pas paraître collante ou bizarre.

— Salut, réponds-je en me forçant à sourire.

J'ai l'estomac retourné et je désigne le siège à côté de moi au bar.

Tripp s'empare du tabouret et interpelle le barman pour commander un shot de vodka.

Je serais incapable de boire de la vodka d’entrée de jeu, mais j’essaie de ne pas le juger.

— Tu as travaillé aujourd'hui ?

Ce que je veux vraiment savoir, c'est s'il a passé une mauvaise journée. Ça expliquerait pourquoi il embraye direct sur un alcool fort.

Tripp secoue la tête.

— C'est mon jour de congé. Je suis de service pour les deux prochaines semaines à partir de demain.

— Oh, waouh.

Je suis surprise par son emploi du temps.

— L'hôpital te fait travailler quinze jours d'affilée ?

— J'aime les heures supplémentaires. Ça me tient occupé, et la paie est bonne.

Je bois une nouvelle gorgée de mon verre. Beau gosse. Ok. Bourreau de travail. Red flag. Mais c'est un adulte, et je suis encore à l'université. Peut-être que c'est comme ça quand tu sors de l'école ? Tu te tues à la tâche. Ça n'a pas l'air amusant.

En tout cas, c'est un red flag, je peux le voir. Et la vodka pourrait en être un aussi. Je ne sais pas. Il est encore trop tôt pour en être sûre.

— Et toi ? Tu es encore à l'école ?

Je rougis et acquiesce.

— Oui, j'étudie la microbiologie. Il me reste encore un an avant d'obtenir mon diplôme.

— Qu'est-ce que tu comptes faire avec ça ?

— J'espère trouver un emploi dans un hôpital ou un laboratoire universitaire.

— Fais-moi savoir quand tu auras ton diplôme. Je pourrai peut-être t'aider.

Tripp boit son shot de vodka et en commande un autre.

— Merci. Ça te plaît de travailler pour Steele Concierge ?

Il s'agit d'un centre médical privé situé en plein cœur de New York City. Charlotte a de l'argent, alors quand elle s'est blessée à la cheville, elle a indiqué au chauffeur de taxi de l'emmener là où il n'y aurait pas de longue attente aux urgences.

— Les journées de seize heures sont un peu brutales. Les infirmiers, tu n’imagines pas ce que certains peuvent faire.

— Comment ça ?

— L'infirmière en chef a été surprise dans la cage d'escalier avec un sachet de fentanyl, dans les vapes. On a cru un instant qu'elle avait fait une overdose.

— Oh mon Dieu. Ils l'ont renvoyée ?

Je ne peux pas imaginer qu'on puisse garder son emploi après un tel événement.

— Ils l'ont obligée à suivre une cure de désintoxication de trente jours. Elle a rechuté, elle était clean depuis un an...

— Comment n'a-t-elle pas perdu son statut d’infirmière ?

Je suis en état de choc.

Tripp hausse les épaules.

— Le conseil d'administration ne peut pas faire grand-chose puisque l'hôpital est l'équivalent d'un dealer. Lui faire administrer des médicaments aux patients, c’est la tenter.

Je reste sans voix et je le regarde comme si le monde n'avait soudain plus aucun sens.

— Mais elle a volé du fentanyl à l'hôpital.

— Elle n'était pas la seule à utiliser du fentanyl. Trois, non, quatre autres infirmières y participaient. Elles volaient toutes quelque chose et le partageaient entre elles. C'est très facile, les inhalateurs sont dans la même armoire que les narcotiques. Quand les virus respiratoires circulent où si un patient a une crise d’asthme, une infirmière déverrouille l'armoire, se précipite pour prendre ce dont ils ont besoin et ne prend pas la peine de la refermer à clé.

— C'est complètement dingue.

Je n'arrive pas à comprendre que ce soit acceptable ou même vrai. Mais il n'a pas l'air de mentir. Il a l'air stressé, avec des cernes sous les yeux et les doigts qui pianotent sur le comptoir du bar.

Tripp hausse les épaules comme si ce n'était plus si surprenant. Il s'y est habitué, comme si c'était un jour comme les autres à l'hôpital. Il termine son deuxième verre de vodka et en commande un troisième.

Peut-être qu'il se rend juste insensible pour se protéger.

— Je comprends. Je travaille seize heures par jour. J'ai dû demander des méthamphétamines aux médecins.

Je le regarde fixement, choquée par la tournure que prennent les événements. Parce que, déjà, mon esprit me signale que ça ne peut pas être bon.

— Tu sais ce que c’est ?

Je ne suis pas née de la dernière pluie, mais mes connaissances en matière de drogues sont limitées. Je n'ai jamais consommé plus que quelques joints de marijuana. Je le regarde fixement, trop scandalisée pour répondre, et il continue à parler.

— De la meth ? Le médecin m'en donnait quand je devais travailler seize heures et conduire jusque chez moi après.

Je crois que ma mâchoire vient de percuter le sol. Je soulève mon verre, terminant le Long Island. Je fais signe au barman de m’en servir un autre car la conversation a pris une tournure à laquelle je ne m'attendais pas.

Et tous les sentiments chaleureux que j'avais à l'égard de Tripp sont devenus froids comme de la glace.

Le béguin a disparu.

Je devrais sortir mon cul du bar en vitesse et partir pendant que je suis assez sobre pour conduire jusqu'à chez moi. Non pas que je sois techniquement assez sobre pour conduire légalement, vu que j'ai vingt ans, mais peu importe.

Les rires et les applaudissements détournent brièvement mon attention de Tripp.

Je détourne mon attention sur le groupe qui s'agite à l'arrière et je parierais que ce sont les Ice Dragons qui boivent un verre après une victoire. C'est l'une des équipes de la NHL de New York. Je ne connais pas grand chose sur eux, mais d'après la courte séquence diffusée aux informations, je reconnais quelques visages.

L'homme qui a demandé au barman de changer de chaîne et payé une tournée pour ses amis, Jasper Greyson, me regarde dans les yeux.

Du moins, je pense. Il est potentiellement attiré par l'écran de télévision, mais j'aime à penser qu’il m’a remarquée. J'aimerais qu'il y ait un signal secret que je puisse lui donner pour qu'il vienne me sauver.

On peut rêver, non ?

Tripp parle, et je suis reconnaissante lorsque mon deuxième Long Island arrive parce qu'il m'aide à atténuer mes sens et le fait que mon intérêt pour lui est en train de s'évanouir. D'accord, il est complètement parti, mais je ne sais pas comment m'excuser et m'enfuir.

Je suis trop gentille.

Trop amicale.

Il semble penser que je suis intéressée parce qu'il pose sa main sur ma cuisse.

Mes yeux s'écarquillent et je retire sa main pour la remettre sur sa jambe. Tripp continue de parler, et je ne suis pas sûre qu'il ait remarqué mon désintérêt. Il est en train de raconter comment il a vandalisé le skatepark local une nuit en arrachant la clôture métallique avec ses outils parce qu'il ne pouvait pas accepter sa fermeture.

— Les enfants devraient avoir un endroit où faire du skate, affirme-t-il.

Je le regarde avec un sourire en coin.

— Ma meilleure amie, Charlotte, travaille pour le centre de loisirs.

Il me fait des yeux ronds comme des soucoupes.

— Tu dois me promettre de ne pas lui révéler.

Je ne promets rien. Je me contente de le toiser comme s'il était le plus grand con du monde en train de me confesser ses péchés. De plus, il n'a aucun remords pour ce qu'il a fait.

Je ne lui demande pas s'il était sous méthamphétamine quand il a décidé de détruire la clôture métallique du skatepark. Honnêtement, je m'en fiche.

— Je pense que je devrais y aller, annoncé-je, rassemblant enfin le courage de me barrer d’ici avant qu'il ne commence à penser qu'il va se passer quoi que ce soit, parce que ce type ne sait clairement pas lire les signaux.

Tripp pose sa main sur mon bras, me ramenant sur le tabouret.

— Ça ne fait qu'une heure. La nuit vient de commencer.

Il se déplace et se lève, m'empêchant de me lever. Il y a le bar derrière moi et un petit groupe qui se tient de l'autre côté, m'empêchant de sortir facilement à travers la foule.

— On vient à peine de se rencontrer.

— Oui, Tripp, et ça ne va pas marcher.

J'essaie d'être directe et aussi gentille que possible. Ses pupilles sont dilatées, et je ne sais pas si c'est parce qu'il est sous méth ou si c'est à cause de l'éclairage du bar.

— Il y a une alchimie entre nous. Ça n'a pas besoin d'être sérieux. Tu as déjà eu un coup d’un soir ?

— Ne compte pas là-dessus. Il faut que j'aille aux toilettes, coupé-je en attrapant mon sac à main.

Il se décale et je me dirige vers l'arrière du bar.

Il doit bien y avoir une sortie par ici.

Je me précipite dans le couloir, je passe devant les toilettes et je cherche la sortie arrière. Le panneau sur la porte indique « sortie de secours uniquement ». C'est une urgence, mais s’il y a une alarme, je ne suis pas sûre qu’ils se montrent très compréhensifs. Je n'ai jamais été très rebelle.

Les mains tremblantes, je reste dans le couloir près des toilettes, essayant de trouver un autre moyen de sortir du bar sans être vue. Pour partir, je vais devoir passer devant Tripp.

Jasper Greyson se dirige vers les toilettes pour hommes.

— J'ai besoin de..., chuchoté-je, la voix tremblante, en essayant de le coincer.

— Tu veux un autographe ? coupe-t-il avec un sourire chaleureux en penchant la tête vers moi.

Ses sourcils se froncent à mesure qu’il décrypte mon expression.

— Tu vas bien ?

Il s’avance d’un pas souple et hésitant, une main tendue vers mon bras.

Mon souffle se bloque dans ma gorge, amplifiant son inquiétude.

— J'ai besoin d'aide.

Il acquiesce lentement et jette un coup d'œil derrière moi.

— Rendez-vous catastrophique ?

Il n'a aucune idée de ce qu’est un « rendez-vous catastrophique », là tout de suite.

— Le type avec qui je suis a apparemment pris de la méthamphétamine, et je ne sais pas… Il est peut-être sous l'emprise de quelque chose en ce moment. Je veux sortir d'ici, mais c’est le barman qui a ma carte de crédit, et la sortie de derrière est une porte de secours. Je suis un peu en train de paniquer.

— Je peux récupérer ta carte auprès de Pamela au bar. Tu veux que je t’accompagne jusqu'à ta voiture ?

J'hésite.

— Je promets de garder mes distances. Je veux juste m'assurer qu'il ne te suivra pas jusqu'à ta voiture.

— Merci, ce serait super, accepté-je.

— Attends-moi une seconde.

Jasper se précipite vers le bar et se tient à quelques mètres de Tripp. Il se penche en avant et parle avec la barmaid. Ça a l'air intime ; quelqu'un d'autre pourrait penser qu'il flirte, mais elle jette un coup d'œil vers moi et fait un signe de tête.

Une minute plus tard, Jasper me rejoint rapidement dans le couloir et me tend ma carte bancaire.

— Honnêtement, le toxico aurait pu payer tes boissons.

Je remets la carte dans mon sac et attrape mes clés.

— Merci, ajouté-je, ma voix prenant un peu plus d'assurance.

— Viens, je vais t'accompagner jusqu'à ta voiture.

Il reste à ma droite, s'approche de moi sans me toucher pour me protéger de Tripp.

Dès que je sors du couloir et que je suis de retour dans le bar, ce dernier m’aperçoit. Il se lève et s'approche de nous.

— Qu'est-ce que tu fais ? questionne Tripp en fixant Jasper.

Il ne croise pas une seule fois mon regard.

— Recule. Elle ne veut pas de toi.

Tripp pousse un soupir.

— Et tu crois qu'elle te veut ? Allez, poupée, je te ramène à la maison si c'est là que tu veux aller.

Tripp s’approche, mais Jasper l'arrête avant qu'il ne puisse poser la main sur moi, en tirant le bras de l'homme derrière son dos.

— N’essaye pas de la toucher et reste putain de loin d’elle.

Jasper grogne et le jette vers le bar, faisant trébucher Tripp quelques mètres plus loin.

Tripp souffle et se rassoit sur le tabouret.

— Vous les sportifs sans cervelle, vous êtes tous pareils.

Jasper l'ignore. Son attention est entièrement tournée vers moi. Son niveau de dévotion me fait chavirer l'estomac.

— Où est ta voiture ?

— Je me suis garée sur le côté, précisé-je en faisant un geste vers la droite.

Je pourrais probablement marcher jusqu'à mon véhicule à ce stade, mais il y a quelques personnes à l'extérieur et il fait sombre. Le parking n'est pas très bien éclairé.

— Allons-y.

Il m’accompagne à la sortie du bar et m’ouvre la porte alors que je m'avance dans l'obscurité.

Jasper m'accompagne jusqu'à ma voiture cabossée à deux portes.

— Je sais qu'elle ne ressemble pas à grand-chose, mais elle tient la route.

Il garde le silence, et s'il juge ma voiture, il ne le montre pas.

— Est-ce que ce drogué sait où tu habites ?

Je secoue la tête.

— Non.

J'appuie sur le bouton de déverrouillage de la voiture, j'attrape la poignée de la porte et je l'ouvre d'un coup sec.

— Merci.

— Je ne connais pas ton nom, informe Jasper.

— C'est parce que je ne te l’ai pas donné.

Il me regarde monter dans la voiture et fermer la portière. Je la verrouille avant de démarrer, et il recule d'un pas, vérifiant que je pars pour s'assurer que je suis en sécurité. Je sors de la place de parking lorsqu'il retourne vers le bar.

J'espère que Tripp ne lui causera pas d'autres ennuis.

Mais je ne peux pas m'inquiéter pour Jasper Greyson, et je suis presque sûre qu'il peut très bien se débrouiller, étant un joueur de hockey et tout ça.

En sortant du parking, je compose le numéro de Charlotte, et je lui raconte tous mes dramas de la soirée.

DEUX

Jasper

Six mois plus tard...

— Non pas que je veuille t'en dissuader, mais es-tu sûr d'être prêt à t'engager à ce point ? demandé-je à mon frère aîné.

Il n'a que trois ans de plus que moi, mais je jure qu'il y a parfois des décennies entre nous.

Il s’est rangé. Non pas qu'il ait eu le choix, avec une fille de six ans et une carrière en NHL en jeu. Il a saisi une bonne opportunité, en investissant la moitié de l'assurance-vie de nos parents quand ils sont décédés.

Kyler a toujours veillé sur moi. Je ne suis pas jaloux de lui, juste de ce qu'il a avec sa nouvelle petite amie, qui est plus compliqué qu'un feuilleton télévisé.

Je suis heureux pour eux, la plupart du temps.

Traîner avec Kyler me manque, et je ne le vois presque jamais après les matchs, ou pour aller boire un verre et passer du temps ensemble. Il passe toujours son temps avec sa fille et sa fiancée. Même si, à la base, sa fiancée était sa fausse petite amie.

Longue histoire.

J'essaie encore d’assimiler tout ça dans ma tête.

— Je suis amoureux d'Em, annonce mon frère.

Je suis heureux pour lui. Il est évident qu'il a des sentiments pour elle depuis des mois, mais je n'arrive pas à savoir s'ils sont réels ou si c'est plus de la luxure. Ça fait un moment qu'il ne s’est pas envoyé en l’air. De toute façon, il a un enfant. Kyler ne peut pas ramener des femmes chez lui quand il veut, pas sans que Bristol pose un millier de questions. Et cette gamine parle beaucoup.

— Oui, mais est-ce que c’est suffisant ? Elle est mignonne et, d'après ce que je sais, elle est très gentille avec ta fille, mais est-ce que vous êtes vraiment connectés ? interrogé-je, en mimant un rapport sexuel avec mes mains.

Il frappe l’arrière de ma tête.

— Je ne te parlerai pas de notre vie sexuelle.

Je lève les mains en l'air.

— Ok, ok.Tu regretteras quand tu l’épouseras et te rendras compte qu’elle est prude.

— Crois-moi, elle n'est pas prude, répond Kyler. Merde, tu l'as même vue me faire une fellation quand j'ai invité les copains.

Je ris. C'était il y a près d'un an.

— Ouais, c’est vrai. Je n'aurais jamais cru être témoin de ça. Noah, ça aurait pu, il est toujours en train de se taper tout ce qui bouge, mais toi tu es plus prudent depuis que tu as eu ta fille. Tu as peur de te retrouver avec une deuxième progéniture ? blagué-je.

Il me frappe à nouveau l'arrière de la tête.

— Surveille ton langage. Nous avons rendez-vous avec la sœur d'Em chez le bijoutier.

— Elle a une sœur ?

Je lui ai posé la question une fois, si elle avait des frères et sœurs. Elle s’est contentée de balancer que sa sœur aimait la chatte, mais est-ce qu’elle n'essayait pas simplement de me dire d'aller me faire foutre ? C’est bien le style d’Emerson.

— Oui, Amber Ryan. Elle nous rejoint chez Tiffany’s.

— Bien sûr.

Pourquoi est-ce que je penserais une seule seconde qu’il veuille acheter une bague de fiançailles ailleurs ?

— Tu sais qu'Em se fiche de l'endroit où tu achètes la bague, n'est-ce pas ? Elle ne t'épousera pas pour ton argent.

Je ne connais peut-être pas bien Emerson, mais je n'ai jamais eu l'impression que c’était une michetonneuse. Et je suis plutôt doué pour analyser les gens.

— Je sais, mais je veux la surprendre, et avec la fausse demande au stade de hockey, je lui en dois une vraie.

Je tapote le dos de Kyler.

— Eh bien, avec un peu de chance, elle acceptera.

La mâchoire de Kyler se crispe.

— Tu crois qu'elle pourrait refuser ?

Je n'ai jamais vu mon frère aîné avoir l'air inquiet. D'habitude, il a les idées claires, et quand ce n'est pas le cas, il le cache plutôt bien au reste du monde.

Nous arrivons devant le bâtiment, et il y a une jolie brune avec des mèches rouges. J'essaie de ne pas la dévisager, mais je la reconnais. La dernière fois que je l'ai vue, elle était complètement brune et ses joues étaient rouge vif.

C'est la fille du bar — la jeune et jolie brune qui m'a supplié de la sauver. Enfin, plus précisément, de l’aider.

Je doute qu'elle se souvienne de moi.

Elle fait un petit signe de la main et un sourire avant de resserrer sa veste. L'air est frais ce matin.

— Salut, je suis Amber.

— Merci de nous avoir rejoints, Amber. Je m'appelle Kyler et voici mon frère, Jasper.

Est-ce qu'elle me reconnaît ?

— Enchantée, répond-t-elle, et je suppose qu'elle ne se souvient pas de moi.

Je n’ai pas dû la marquer.

— De même, salué-je en lui tendant la main pour me présenter.

Elle prend ma main et la serre, et je la garde un peu plus longtemps que nécessaire, guettant le moindre signe de souvenir sur son visage.

Elle sourit et me lâche la main pour attraper la poignée de la porte. Elle ajoute :

— On entre ?

Elle entre la première, et je suis sûr à cent pour cent qu'il s'agit de la même fille que j'ai sauvée il y a des mois lors de son rendez-vous infernal. Je suis curieux de savoir ce qu'elle devient, si ce drogué l'a ennuyée depuis, et un certain nombre d'autres questions fugaces. Kyler interrompt le fil de mes pensées :

— Jasper, est-ce que tu écoutes un mot de ce que je dis ?

— Manifestement pas, répond Amber avec un sourire.

Je me racle la gorge.

— Désolé, vous avez tous les deux toute mon attention.

Kyler regarde les bagues et s'intéresse à l'opinion d'Amber sur ce qu'elle pense que sa sœur aimerait, surtout le style et la coupe. Amber l’aide également à propos de la taille, et à part savoir que ses doigts sont fins, il n’est pas complètement sûr de la taille à choisir. Apparemment, elle n’a aucune bague pas trop chère chez eux qu’il aurait pu emprunter pour comparer.

Je parcours le magasin, mais les bagues les plus luxueuses sont présentées à Kyler pour qu’il puisse les admirer sans qu’elles soient protégées par une vitre.

Lorsque le bijoutier informe mon frère des prix, je suis sur le cul.

— Ma sœur n'a jamais aimé le tape-à-l'œil, annonce Amber, mais je pense qu'elle aimera celle-ci.

— Tu crois ? questionne Kyler, et de la sueur perle sur son front.

Il prend un mouchoir dans sa poche et le tamponne.

— Frangin, j'ai besoin de ton avis.

Je m’avance et jette un coup d'œil à la bague que Kyler a choisie pour Emerson. C'est un énorme diamant qui coûte manifestement un rein, mais l'argent n'a jamais été un problème pour mon frère aîné. Il est milliardaire et joue dans la National Hockey League (NHL).

Quand on est une femme de joueur de NHL, on s'attend à du tape-à-l'œil.

— Je pense que c’est très bien, pour vous deux.

Je n'ai pas vraiment d'opinion sur les bagues de fiançailles. Je suis sûr que c'est pour ça qu'il a amené Amber. Je suis juste là pour lui apporter un soutien moral.

Kyler rit.

— Tu préfèrerais mourir que d’acheter ça, pas vrai ?

Je souris.

— Yep, tu me connais trop bien.

— Pendant que je finis ici, tu veux aller nous chercher trois cafés en bas de la rue ? propose Kyler.

Amber se lève.

— Mon travail ici est terminé. Je me joins à toi, affirme-t-elle.

J'esquisse un sourire.

— Ce serait cool.

Nous laissons Kyler terminer avec le bijoutier et payer la bague. J'ouvre la porte et me dirige vers l'air vif de l'automne avec Amber à mes côtés.

— Alors, toi et ton frère, vous jouez tous les deux pour les Ice Dragons ? m’interroge Amber.

— Oui. Je suppose qu'Emerson te l'a dit.

Un sourire orne son visage. C'est mignon. Ses joues rougissent, mais l'air extérieur en est peut-être à l’origine.

— Elle parle souvent de hockey. Nous n’en avons jamais regardé quand nous étions enfants, mais j'ai commencé à m'y intéresser dernièrement.

— Tu joues ?

Nous attendons au passage piéton, attendant que le feu passe au vert.

Elle saute d'un pied sur l'autre pour essayer de se réchauffer. Elle porte un manteau de laine noir boutonné qui lui arrive à mi-cuisses. Elle enfonce ses mains dans ses poches et récupère une paire de gants violets, qu'elle enfile alors que nous attendons de traverser la rue.

Je n'ai pas besoin de tergiverser si elle a froid ou non. Notre souffle crée un nuage de vapeur, et elle frissonne à mes côtés. Je sors mon bonnet de ma poche et l’enfonce sur sa tête.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je t'aide à te réchauffer.

Emerson me tuera si sa petite sœur prend froid, surtout avant le mariage. Je ne sais pas quand Em et Kyler se marieront. Il n'a pas encore fait sa demande officielle.

Enfin si, officiellement, il l'a fait sur la glace pendant un match, mais ce n'était pas réel. Ils ont fait semblant d'être un couple, et entre faire semblant et passer du temps ensemble, ils sont tombés amoureux.

— Merci, ajoute Amber, et cette fois, je suis sûr qu'elle rougit. Le feu…

Elle désigne le feu qui est maintenant vert et nous marchons l'un à côté de l'autre en traversant la rue et en marchant encore quelques mètres jusqu'au café.

Je lui ouvre la porte, la laissant entrer dans la pièce où la température est agréable, et je la suis. Nous commandons trois cafés et, une fois la commande passée, elle prend le sien et un gobelet d’eau et se dirige vers la porte.

— Où vas-tu ? l’interpelé-je en la ralentissant.

Je porte mon café et celui de mon frère.

Elle pointe sa main gantée vers la porte.

— Je retourne à la bijouterie.

— Kyler nous trouvera. Et je ne pense pas qu'ils acceptent les boissons dans leur magasin.

Amber pince les lèvres.

— Tu as raison.

Elle cède et me suit jusqu'à une table libre dans un coin. Avant de s'asseoir, elle pose son café sur la table, puis enlève ses gants et le bonnet noir avant de me le rendre.

— Merci.

Elle passe une main dans ses cheveux en désordre. Amber a l’air absolument adorable, comme si ses cheveux étaient en bataille suite à une nuit de folie, mais je garde cette pensée pour moi.

J’ai presque envie de lui proposer de garder le bonnet, sauf qu’avec ce temps frais, lorsqu’on partira chacun de notre côté, je voudrais sûrement le récupérer. J’avais prévu d’aller m’entraîner à la patinoire et j’apprécierais un peu de chaleur.

— Alors, ton frère et ma sœur, commence Amber en sirotant son café.

Elle porte une écharpe bleu clair assortie à ses yeux et un pull en laine crème qui descend aux genoux.

— C'est la première fois que tu rencontres Kyler ?

— Oui, rit-elle. Honnêtement, je pensais que ma sœur me le présenterait avant qu'il ne m'appelle pour me proposer d'aller chercher une bague avec lui.

Je souris. Mon frère ne fait jamais les choses dans l’ordre.

— C'était audacieux. Et tu as accepté.

— Je voulais le rencontrer avant le mariage.

Je ne peux m'empêcher de rire.

— Il y a d'autres façons de le faire, comme dîner ensemble.

Amber hausse les épaules.

— C'est plus amusant qu'un dîner minable où tout le monde se comporte comme il faut. Comme ça, j'ai l'occasion de vous rencontrer.

Elle joint ses mains sur la table et me regarde fixement.

— Alors, crache le morceau. Tu es son frère. Quels sont ses défauts ?

Elle sourit, et je bascule la tête en riant. La liste pourrait être très longue.

— A part le fait qu'il soit têtu et qu'il me fasse chier ?

— Tous les frères et sœurs sont comme ça, pas vrai ? Quoi d'autre ? Je veux des détails croustillants.

— Honnêtement, c'est un type plutôt génial, et d'après ce que j'ai vu, ils se rendent heureux tous les deux.

Elle plonge ses doigts dans son gobelet d'eau et me l'envoie au visage.

— C'était pour quoi ça ?

Je ris en essuyant les gouttes humides qui tombent sur mes joues.

TROIS

Amber

Je l'ai aspergé d'eau comme une enfant parce que je suis vraiment nulle pour flirter. Il prend deux serviettes sur la table pour s’essuyer, l'air renfrogné, mais aussi légèrement amusé.

— Réjouis-toi que ton frère ne m'épouse pas. On aurait été une famille.

— On est en quelque sorte une famille, plaisante Jasper.

Mon sourire s’évapore.

— C'est vrai.

Je bois une gorgée de mon café bouillant, grimaçant quand il me crame le palais.

— As-tu eu des nouvelles de ce type ? Comment s'appelait-il ?

Il se souvient de moi.

— Tripp, et non, j'ai fait en sorte de bloquer son numéro de téléphone.

— Bon choix.

— Oui, même si je ne sortirai plus jamais avec un infirmier. Heureusement que je ne suis pas une habituée du Concierge Medical Center, où il travaille.

Jasper sourit.

— Il faudrait peut-être déménager si c'était le cas, ou ne jamais appeler d’ambulance pour t’y emmener.

Je grimace. Il marque un point.

— Je devrais sortir avec quelqu’un d’une autre ville.

Jasper acquiesce.

— Ce n'est pas une mauvaise idée. Comme ça, tu ne les croiseras pas à l'épicerie. Ça peut être très gênant à mort, surtout quand il est marié ou qu'il a des enfants.

Il a piqué mon intérêt.

— Tu parles par expérience ?

C’est sûr, parce que cela semble bien trop spécifique pour être autre chose.

Jasper boit une gorgée de son café, ignorant ma question.

— Ce truc est délicieux. Tu viens souvent ici ?

— Au café ?

Je le regarde en riant.

— Tu traînes trop avec tes potes si c’est ta phrase d’accroche ?

Il s'esclaffe et Kyler pénètre dans le café. Il nous remarque et nous fait un signe de tête en s'approchant.

— Ce n'était pas une phrase d’accroche. J'étais vraiment curieux, insiste Jasper.

Kyler attrape la chaise vide à côté de nous et la tire vers l'arrière pour s'asseoir.

— Pas de bague ? interrogé-je, ne voyant pas de sac dans sa main.

Lorsque nous sommes partis, il était sur le point de dégainer sa Black Card pour l'acheter.

— Elle est en train d’être mesurée pour la taille. Ils l'auront plus tard dans la journée.

Je jette un coup d'œil à ma montre. Ma matinée a été agréable, mais j'ai des cours cet après-midi que je ne peux pas manquer.

— Je dois y aller, préviens-je en me levant.

— Donne-moi ton téléphone. Si jamais tu es dans le pétrin et que tu as besoin de moi pour t'aider lors d’un autre rendez-vous catastrophique, envoie-moi juste un texto.

— Ce n'est pas nécessaire, refusé-je en tripotant mon téléphone dans ma main.

Jasper tend la paume de sa main et je lui tends mon téléphone.

Kyler observe l'échange entre nous mais garde le silence. Je suis sûre qu'au moment où je partirai, il harcèlera son frère de questions à ce sujet. J'espère qu'Emerson n'en sera pas informée parce qu'elle ignore que j'ai une fausse carte d'identité, et si elle apprend que j'étais dans un bar, que j'ai eu un mauvais rendez-vous et que Jasper m'a aidé à m'en sortir, je suis vraiment dans la merde.

— Je me suis envoyé un texto. Sauvegarde-moi comme contact.

Je jette un coup d'œil à mon téléphone et l’ajoute.

— Je dois vraiment y aller. C'était sympa de te rencontrer, Kyler, et c'était sympa de te revoir, Jasper.

J'attrape mon café et me précipite dans le froid, emportant ma boisson chaude avec moi.

* * *

— Tu as vu Jasper Greyson ?

La bouche de Charlotte percute presque le sol.

— Genre, en personne ?

Je lui montre le texto sur mon téléphone.

— Il m'a donné son numéro.

Elle donne des coups de pied dans l’air et pousse un cri en s'allongeant sur le lit de mon studio.

— Oh mon Dieu ! Il faut que tu l'appelles.

— Je ne peux pas faire ça.

Je verrouille rapidement l'écran de mon téléphone pour que Charlotte ne puisse pas m'embarrasser. Nous sommes meilleures amies, mais cette fille a plus de cran que je n'en aurai jamais.

— On devrait aller à un de ses matchs de hockey.

— Quoi ?

Mes yeux s'écarquillent et j'inspire difficilement.

— Ma sœur sera là.

— Elle est la fiancée d'un des joueurs, c'est ça ?

Elle écarte les mèches rousses de ses yeux et se fait un chignon sans même avoir besoin d'un miroir.

Je suis aussi capable de le faire, mais c'est impressionnant de voir à quel point elle peut rendre sexy un look naturel, ça la met carrément en valeur. Cette fille est un dix sur dix. Belle. Bien foutue. Drôle. Je ne sais pas comment elle peut être encore célibataire. Après, elle ne veut pas en avoir un tant qu’elle est encore étudiante en travaillant à plein temps. Je ne sais pas comment elle fait les deux. J'ai déjà du mal à travailler à temps partiel et à aller à l'école.

— Oui, elle sort avec Kyler Greyson.

— J'ai vu ça aux infos. C'était super romantique de la demander en mariage sur la glace. J'espère que je me trouverai un homme à moitié aussi gentil.

— Toi ? Et moi donc ! blagué-je.

Je ne peux pas lui dire que tout était faux. Emerson me tuerait, on se voit peu, pourtant j'ai toujours beaucoup de respect pour elle. Je suis sûre qu'elle sait ce qu'elle fait.

De toute façon, Kyler et elle se fiancent pour de vrai, loin des projecteurs.

— Alors, tu vas envoyer un message à Jasper ? minaude Charlotte.

— Absolument pas !

L'idée me fait tourner l'estomac comme du lait périmé. Il est gentil, mais je ne suis pas douée avec les dates et les mecs. Je suis trop anxieuse, et après le dernier rendez-vous avec Tripp, j'en ai marre des hommes.

— Alors, c'est réglé. Il faut qu'on aille voir un des matchs à domicile des Ice Dragons.

Je gémis faiblement.

— Et si je tombe sur ma sœur ?

— Tu ne la croiseras pas, et qu’est ce que ça fait ? questionne Charlotte en haussant les épaules. Tu n'as pas le droit d'aller à un match de hockey, parce que quoi ? C’est son aréna, peut-être ?

— Non, bien sûr, c'est pas ça.

Charlotte attend que je développe.

— Elle ne doit pas savoir pour Jasper !

Je m'écroule sur le lit à côté de Charlotte.

— Elle paniquerait si elle savait pour Tripp, la drogue, le fait que je sois allée dans un bar, la fausse carte d'identité, et j'en passe.

— Tant pis, vis un peu.

Charlotte se redresse et m'attrape par les bras, me tirant hors du lit avec elle. Elle prend son téléphone et cherche la date du prochain match.

— Deux billets pour vendredi soir. Pas d'excuses.

Elle me lance un regard de défi.

— Très bien, mais que si on peut être loin du premier rang.

Elle rit.

— Ouais, ok. On va prendre des places au premier rang derrière la vitre pour que tu puisses faire des signes à Jasper et lui envoyer des bisous pendant le match.

— Je vais peut-être devoir te tuer, murmuré-je.

Je prie pour qu'elle plaisante. Elle ne peut pas vraiment se le permettre, sauf qu'elle a tendance à utiliser la carte de crédit de son père et qu'il ne semble jamais remarquer ou se soucier de ce qu'elle achète.

Le vendredi arrive, et je porte un maillot Greyson. Pour être honnête, je ne sais pas si c'est le numéro de Jasper ou celui de Kyler. J'ai voulu me renseigner auprès de la vendeuse, mais elle n'en avait pas la moindre idée, et je n'avais pas de réseau à l'intérieur. J'ai essayé d'envoyer un texto à Charlotte, mais elle n’a pas répondu avant que je quitte le magasin.

J'ai envisagé d'acheter les deux et d'en rendre un, mais cela impliquerait d'avoir l'argent d'avance, et si je rembourse Charlotte pour les billets de hockey, j'ai déjà dépassé mon budget mensuel.

Je pourrais faire des heures supplémentaires au Mad Tea Shop, mais j'ai déjà posé un vendredi de congé à la dernière minute, et au SMIC, il me faudra un certain temps pour couvrir le coût d'un maillot et d'un billet de hockey.

Une fois mes cours terminés, je me rends à pied à l'appartement de Charlotte, déjà habillée pour le match. Je n'ai même pas besoin de monter à l'étage parce qu'elle m'attend sur la dernière marche, dehors, en train de parler à l'un de ses voisins.

Parler, ou plutôt flirter. Elle fait tourner ses boucles rousses et rit de tout ce qui sort de la bouche de ce type. Je doute que ce soit si drôle que ça.

— Je dois y aller, s’éclipse-t-elle en lui faisant un petit signe de la main avant de m'attraper par le bras et de se diriger avec moi vers le métro.

— Qui était-ce ? questionné-je, en essayant de ne pas jeter un coup d'œil par-dessus mon épaule pour voir s'il nous observe.

— Juste Kingsley, mon voisin de palier.

— Est-ce que Kingsley a un prénom ?

Charlotte me jette un coup d'œil.

— C'est tout ? De toutes les questions que l'on peut se poser, son prénom est tout ce qui te vient ?

Elle desserre son étreinte et lui jette un coup d'œil par-dessus son épaule.

Elle est intéressée, mais on dirait qu'elle veut se faire désirer. Cette technique de la meuf difficile à avoir et ce petit jeu de chat et de la souris, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi Charlotte le fait. Parce que je l'ai vue avec des garçons, et elle n'est vraiment pas difficile à avoir.

— Qu'est-ce que j'aurais dû demander ?

— Trop tard, rit-elle. Allez, viens.

Elle m'attrape par la main et se précipite dans les escaliers pour prendre le métro. Il y en a bien un en bas — j'entends le grondement lorsqu’il s'arrête — mais ça ne veut pas dire que c'est notre ligne.

Mais je la suis quand même, parce que c’est ce que je fais toujours. Parfois, je pense que nous sommes complètement opposées, mais nous nous complétons.

Quand je suis calme, c'est elle qui parle fort.

Quand je suis timide à une fête, elle a la ténacité de me faire sortir de ma coquille et de m'inciter à me mêler à la foule.

Parfois, j’ignore ce que je lui apporte, puis je me souviens que je l'empêche d'échouer dans ses cours. Si je ne lui rappelais pas qu'il faut rentrer dormir, elle resterait debout toute la nuit, à faire la fête. Tous les soirs.

Mais je l'aime comme une sœur.

Bien que j'aie une sœur, Emerson, j'ai parfois l'impression que deux mondes nous séparent. Elle ne m'a même pas annoncé qu'elle sortait avec un joueur de hockey ! J'ai dû apprendre aux infos qu'elle s'était fiancée.

Il s'est avéré que toute la patinoire l'avait appris avant moi.

Je suis un peu amère à ce propos, mais j'aime Emerson. C'est juste que parfois, honnêtement, c’est compliqué. C'est probablement parce que je n'ai plus l'impression de la connaître. Elle est allée à Quantico pour devenir agent du FBI. Elle a passé ses tests avec facilité. Je m'en souviens parce que j'ai plaisanté sur le fait de lui offrir des boissons alors que je n'ai pas l'âge requis, et elle m'a interrogé pour comprendre comment c'était possible.

J'ai omis de mentionner la fausse carte d'identité, elle est tout de même agent fédéral, et je n’ai pas besoin de me faire confisquer mon pass illimité pour les boissons.

Et d'une manière ou d'une autre, entre le fait qu'elle soit devenue un agent fédéral et sa vie en tant que petite amie d’un joueur de hockey, je ne sais pas où elle travaille. Ce n’est pas l’agence. Les journaux ont consacré un article à Kyler et elle et il n’a jamais été mentionné qu’elle travaille pour le FBI, juste qu’elle est « sous contrat ». Je ne sais pas ce que ça signifie. Sous contrat pour qui ?

J'ai renoncé à poser des questions à Emerson parce qu'elle n'était pas vraiment disposée à fournir des réponses, et lorsque j'ai appelé pour demander des précisions sur les fiançailles, elle m'a pratiquement raccroché au nez.

Nous en avons parlé, au moins un peu, plus tard dans la nuit, mais nous n'avons pas vraiment discuté depuis. C'est typique d'Emerson, elle est absorbée par sa propre vie.

Je suis sûre que je suis en partie responsable. Ce n'est pas comme si je l'invitais à sortir le vendredi soir ou que je l'appelais, sauf pour son anniversaire. Nous ne sommes pas étrangères, juste deux personnes différentes. Un jour, nos chemins se croiseront à nouveau, et tout s'arrangera, mais ce n'est pas pour aujourd'hui.

Charlotte me fait passer les tourniquets et descendre sur le quai alors que le métro qui arrive, et qui se trouve être le nôtre, s'approche.

— Tu as les billets ? interrogé-je, en faisant référence aux billets de hockey.

— Dans mon téléphone. Tout est numérique de nos jours, idiote, blague Charlotte.

Elle me prend la main alors que les gens descendent et montent. Elle veut s'assurer que nous ne soyons pas séparées, et je suis d'accord, d'autant plus qu'elle a mon ticket.

— Tu n'as pas de maillot, constaté-je.

Elle porte un pull vert foncé et un legging noir. Cette fille peut porter n’importe quelle tenue et être magnifique. Et avec ses seins parfaits, c’est la cerise sur le gâteau.

Je n'ai pas eu autant de chance dans ce domaine, vive les soutiens-gorge rembourrés. J'espérais ne plus en avoir besoin après le lycée, mais maintenant que je suis en première année d'université, ils me permettent toujours d'avoir une poitrine généreuse.

Elle me lâche la main et attrape la barre métallique pour s'y accrocher lorsque le métro se met en marche. Il n'y a pas de sièges vides et nous ne sommes qu'à quelques arrêts de la nouvelle aréna construite pour les Ice Dragons.

— Je peux acheter un maillot au stade, précise Charlotte.

Elle jette un coup d'œil au dos du mien.

— Quel Greyson soutiens-tu ?

Elle esquisse un sourire et me regarde en coin.

— Je ne sais pas.

— Tu ne t'es pas renseignée ?

Elle écarquille les yeux, surprise que je lui aie envoyé un texto sans chercher à connaître la réponse à ma question.

Je grimace.

— Je veux dire… j'ai déjà acheté le maillot. Si je me suis trompée, je ne veux vraiment pas le savoir.

Elle rejette la tête en arrière et rit, sa main agrippant la barre métallique qui la maintient debout alors que le wagon avance à toute allure et se déplace d'un côté à l'autre.

— Tu es vraiment pas possible, parfois.

Mon estomac se retourne. Je suis la reine de l'anxiété. Et Charlotte vient de déclencher mon prochain épisode. Merci.

— Est-ce que je devrais vérifier ? questionné-je.

Je fouille dans mon petit sac à main qui contient mon téléphone portable, ma carte bancaire, mon billet de train et quelques dollars en liquide.

— Non, assure Charlotte en secouant la tête. Comme tu l'as dit, tu le portes déjà. C'est un peu tard maintenant.

— Mais si je me suis trompée, tu pourrais acheter le bon maillot, et on pourrait échanger ?

Elle grogne.

— Absolument pas ! J'en achète un des Island Bruisers ce soir.

— Quoi ?

Je n’en reviens pas.

— Tu vas soutenir l'autre équipe ?

Elle est folle ? Je croyais qu'on était amies.

— Opposées. Je te le dis, si tu soutiens les Dragons, je dois soutenir les Bruisers. C'est comme ça que fonctionne l'amitié.

Je me dis que ce n'est pas grave. Ce n'est pas comme si Jasper allait nous voir au match. Nous serons invisibles dans la foule.

Nous arrivons à la patinoire, passons rapidement la sécurité et Charlotte m'entraîne dans la boutique de maillots. Elle s'achète le maillot le moins cher des Island Bruisers, car même si elle a la carte de son père, elle essaie d'éviter qu'il ne s'aperçoive de l'énorme facture qui arrivera à la fin du mois.

Elle chuchote quelque chose à l'employé, qui sourit et acquiesce. Je remarque qu'il enregistre deux maillots. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

— Un acheté, un offert, nous annonce-t-il en me tendant un maillot identique des Island Bruisers.

Je me force à sourire et marmonne « Merci ». Je lance un regard à Charlotte. Les maillots ne sont jamais offerts lors d'un match de hockey professionnel. Elle essaie juste de s’en sortir en toute impunité.

— Vous voulez un sac ?

— Non, on va les mettre.

Elle enfile le sien.

Pense-t-elle que je vais me laisser prendre à son petit jeu ? Je pince les lèvres. Je peux jouer aussi.

— Sérieusement, ils doivent s’en débarrasser parce que personne n'en veut, affirmé-je en lui renvoyant le maillot des Island Bruisers.

— On devrait toutes les deux porter le maillot des Bruisers, rétorque Charlotte en souriant.

— Pourquoi ?

— Je te parie les billets pour le match que si tu portes le maillot des Bruisers, Jasper te remarquera.

Je croise les bras sur ma poitrine et me mords la lèvre inférieure.

— C'est le pire pari. Si je perds, je ne pourrai pas payer les deux billets, Char. Déjà un seul et le maillot que j’ai déjà, c’est presque trop, et tu m’as pris celui-là.

Elle roule des yeux.

— Porte le maillot des Bruisers, et je paierai ton billet.

— T’es tarée !

Charlotte sourit et hausse les épaules innocemment.

— Je gagne plus que toi. C’est papa qui paye, alors tout va bien.

— Tu n'aurais pas dû faire ça, je te paierai le billet. Dis-moi combien il coûte et je t'enverrai l'argent via mon appli bancaire.

— Mets ce maillot, ordonne-t-elle en désignant le maillot bleu dans mes mains.

Je gémis, stressée.

— Il va me tuer.

— C'est le but. Je veux qu'il te remarque.

J'ai des palpitations et je grimace en enfilant le maillot par-dessus celui des Ice Dragons que je porte.

Nous montrons nos billets à l’employé et sommes conduits juste derrière la vitre.

— Putain de merde, meuf, tu ne plaisantais pas à propos des places.

Je suis choquée. Je ne pensais pas que nous serions vraiment au premier rang.

Je m'assois et mon pied vibre avec agitation.

Et si Jasper me voit avec le maillot des Island Bruisers ?

Il me verra.

Charlotte me prend la main.

— Tu veux bien te calmer ? Tu me rends nerveuse.