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Je suis Levi Luxenberg. Milliardaire de quarante ans. PDG de l’entreprise Luxenberg. Et apparemment, père d'un enfant.
Il y a une semaine, avoir des enfants ne faisait même pas partie de mes projets futurs.
Aujourd'hui, j'ai une fille de cinq ans qui ose à peine me regarder.
Je sais qu'Amelia est en deuil de sa mère, et je ne veux pas être un connard, mais j'ai sauté dans un jet privé pour Chicago à l'improviste, et la gamine ne me dit même pas un mot.
Comme si cela ne suffisait pas, notre pilote est malade et je dois prendre un vol commercial pour la première fois depuis des années.
Et non, ce n'est pas tout.
La cerise sur le gâteau ?
Amelia préfère interagir avec Clare, la femme divorcée, sans emploi et éméchée assise juste devant nous, plutôt qu'avec moi.
Elle discute avec elle, elle lui sourit, elle lui a même fait un foutu dessin.
Si je n'avais pas besoin d'une nounou, je serais furieux.
Depuis que mon assistante a foiré mon annonce de recherche et m'a fait passer pour un milliardaire grincheux cherchant désespérément une femme, Clare semble soudain parfaite pour le poste.
Elle n'a pas d'endroit où vivre, ne sait pas qui je suis et n'a aucun problème à devenir ma nounou à domicile à titre d'essai.
Le problème, c'est que je crois que je vais vouloir la garder plus longtemps...
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Le Milliardaire Grincheux
Père, célibataire et autoritaire Livre 1
Willow Fox
Publié par Slow Burn Publishing
© 2023
Traduction par sarahlrnt
Relecture par marie_frcy
v1
Couverture par Slow Burn Publishing
Cover Design by MiblArt
Tous droits réservés.
Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris par photocopie, enregistrement ou par tout système de stockage et de récupération d'informations, sans l'autorisation écrite de l'éditeur.
À propos de ce livre
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Sans titre
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Épilogue
Concours, Livres Gratuits et Plus de Cadeaux
A propos de l'auteur
Aussi par Willow Fox
Je suis Levi Luxenberg. Milliardaire de quarante ans. PDG de l’entreprise Luxenberg. Et apparemment, père d'un enfant.
Il y a une semaine, avoir des enfants ne faisait même pas partie de mes projets futurs.
Aujourd'hui, j'ai une fille de cinq ans qui ose à peine me regarder.
Je sais qu'Amelia est en deuil de sa mère, et je ne veux pas être un connard, mais j'ai sauté dans un jet privé pour Chicago à l'improviste, et la gamine ne me dit même pas un mot.
Comme si cela ne suffisait pas, notre pilote est malade et je dois prendre un vol commercial pour la première fois depuis des années.
Et non, ce n'est pas tout.
La cerise sur le gâteau ?
Amelia préfère interagir avec Clare, la femme divorcée, sans emploi et éméchée assise juste devant nous, plutôt qu'avec moi.
Elle discute avec elle, elle lui sourit, elle lui a même fait un foutu dessin.
Si je n'avais pas besoin d'une nounou, je serais furieux.
Depuis que mon assistante a foiré mon annonce de recherche et m'a fait passer pour un milliardaire grincheux cherchant désespérément une femme, Clare semble soudain parfaite pour le poste.
Elle n'a pas d'endroit où vivre, ne sait pas qui je suis et n'a aucun problème à devenir ma nounou à domicile à titre d'essai.
Le problème, c'est que je crois que je vais vouloir la garder plus longtemps...
Levi
« Un milliardaire grincheux cherche désespérément une nounou pour sa fille de cinq ans. Attendez-vous à travailler tard le soir, à ne pas avoir de vie sociale, à pleurer beaucoup, à ne pas boire d'alcool, à ne pas prendre de drogues, à ne pas faire la fête et à ne pas vous amuser. »
C'est l'annonce qui a été publiée ce matin. Mon assistante, lassée de mon mauvais caractère, a décidé de me faire goûter à ma propre médecine. Je n'arrive pas à croire que Nancy ait pensé que c'était ce que je voulais que l'annonce dise. Essaie-t-elle d'attirer toutes les michetonneuses du coin ?
Je dois admettre que je ne suis pas toujours tendre avec mon assistante. Je la fais souvent répondre à des appels d'anciennes filles pour leur dire que je ne suis pas intéressé.
Est-ce que c'est sa façon de se venger ?
Je réponds à mon téléphone. C'est mon assistante.
— Quoi ?
— Vous avez reçu le texto annonçant l'annulation de votre vol de retour ?
— Non, grogné-je en mettant Nancy en haut-parleur pendant que j'ouvre mes messages.
Il y a des dizaines, voire plus, de courriels qui ont été ignorés.
Je suis un homme très occupé et je n'ai pas eu le temps de me consacrer à mon travail au cours des dernières quarante-huit heures. Je viens de découvrir que je suis père, et la petite fille a été placée dans une famille d'accueil temporaire après le décès de sa mère dans un accident de voiture.
Mon avocat s'est occupé du test ADN et j'ai vu la vérité sur papier. De toutes manières, après avoir regardé la jeune fille, dont les yeux sont aussi bleus que les profondeurs de l'océan, je sais que cette enfant est sans aucun doute la mienne. Elle a les cheveux blonds et la carrure de Katelyn et son acte de naissance porte bien mon nom en tant que père. Aussi, sa date de naissance correspond à l'époque où Katelyn et moi étions ensemble.
Amelia n'a pas dit pas un mot depuis que je l'ai rencontrée. Je suis sûr qu'elle parle, mais le silence est plus lourd que tout ce que j'aurais pu imaginer.
Je devine que c'est parce qu'elle est en deuil.
Moi aussi.
Mais pour des raisons différentes.
Je ne suis pas prêt à être père.
Je jette un coup d'œil à la petite fille assise en face de moi. Elle ne touche pas à son petit déjeuner. J'ai pratiquement commandé tout le menu parce qu'elle a refusé de donner sa commande à la serveuse.
— Je peux vous réserver deux billets de première classe directs de O'Hare à JFK.
— Informez Douglas de la situation du voyage et qu'il faudra venir nous chercher à JFK.
— Je m'en occupe, dit Nancy. Je vous enverrai les détails du vol par SMS.
— Je déteste les vols commerciaux.
— Je suis désolé, M. Luxenberg.
— Oui, moi aussi.
Je raccroche et range mon téléphone dans la poche de ma veste.
Amelia me regarde fixement, ses pancakes intacts. Tout comme le milkshake à la fraise, avec la crème fouettée qui dégouline sur le côté du verre.
Je lui vole un morceau de bacon, et ses yeux se rétrécissent comme si c'était à elle et que je ne devais pas y toucher. Mais elle ne me dit rien.
Je n'ai droit qu'à un silence supplémentaire. Je préférerais presque qu'elle crie, hurle, pleure et fasse une crise de colère. Non pas que je sois capable de gérer ce genre de crise, mais le silence me fait tellement mal au cœur.
Je ne sais plus où j'en suis, et j'ai désespérément besoin d'une nounou, de quelqu'un qui sache s'y prendre avec les enfants.
Mon téléphone émet un bip dans ma poche et je l'attrape, jetant un coup d'œil au SMS de Nancy confirmant l'assignation des sièges. Nous sommes tous les deux sur le même vol, mais Amelia est assignée à la rangée devant moi.
Les sièges ne sont pas ensemble.
— Merde !
Les yeux d'Amelia s'écarquillent et sa mâchoire se décroche alors qu'elle me fixe.
— Ne dis pas ce mot, la grondé-je avant qu'elle ne puisse le répéter.
Nous finissons et nous nous dirigeons directement vers l'aéroport. Je n'ai pas de bagage à enregistrer, seulement une valise de cabine et un sac à dos. La petite n'est pas venue avec beaucoup de vêtements, seulement un petit sac à dos avec une poignée de tenues.
Hier soir et ce matin encore, Amelia refuse de quitter son tutu à froufrous rose vif, ses collants blancs et son tee-shirt de la même couleur C'est étonnant qu'il soit encore propre après qu'elle a dormi à l'hôtel.
Têtue.
Une autre raison pour laquelle j'ai besoin d'une nounou. Je ne suis pas la personne la plus patiente.
Nous embarquons tôt dans l'avion, et j'explique à l'hôtesse de l'air la disposition de nos sièges. Le vol est plein, mais la femme assise à côté de moi propose gentiment de changer de place. Elle est mignonne, avec de longs cheveux blonds et une silhouette généreuse qui m'attire le regard.
— Bonjour, je m'appelle Clare, dit-elle en souriant à Amelia.
Amelia serre plus fort sa licorne en peluche. Sa crinière est arc-en-ciel et scintillante, c'est le seul jouet qu'elle a apporté avec elle.
— Elle est timide, dis-je, sans vouloir expliquer à cette étrangère le traumatisme récent qu'elle a subi.
— J'étais timide aussi quand j'avais son âge, dit Clare, les yeux entièrement rivés sur Amelia. C'est comme si je n'existais pas.
— Comment s'appelle ton amie ? demande-t-elle en désignant la licorne.
Clare se glisse dans sa nouvelle rangée devant nous dans l'avion. Elle ne s'assoit pas, mais s'appuie sur l'appui-tête, essayant de dialoguer avec Amelia.
Amelia ne répond pas, mais je réponds à sa place. Et c'est plutôt mordant.
— C'est assez de questions pour aujourd'hui, dis-je en me mettant en colère
Je lui fais signe de se retourner sur son siège.
— Vous n'avez pas besoin d'être impolie, dit Clare en se retournant et en s'asseyant sur son siège.
Le nez d'Amelia se fronce, et je ne peux pas savoir ce qu'elle pense. Elle porte la licorne à son visage et sa bouche bouge doucement, mais je ne peux pas entendre ce qu'elle dit. C'est comme un secret entre elle et sa peluche.
Je ne m'excuse pas auprès de la fille assise dans la rangée devant nous. Peut-être que je devrais le faire puisqu'elle a eu la gentillesse de changer de place.
— Tu as déjà pris l'avion ? demandé-je à Amelia.
Elle ne me répond pas. Sa mère n'a pas toujours vécu à Chicago. Je l'ai rencontrée à New York. Nous avons vécu une brève histoire d'amour qui a brûlé très tôt.
Au décollage, Amelia s'accroche au fauteuil. Je pose ma main sur la sienne.
— C'est juste un peu cahoteux. C'est normal, lui dis-je.
Elle ne fait aucun signe de tête et ne dit rien qui puisse indiquer qu'elle me comprend. Sa mère, Katelyn, ne parlait pas d'autres langues, pour autant que je sache.
Lorsque nous atteignons notre altitude de croisière, l'hôtesse de l'air nous demande nos boissons. Je m'abstiens de boire de l'alcool. J'aimerais pourtant boire quelque chose de fort, mais cela ne m'aidera pas à oublier pourquoi j'étais à Chicago.
Je sors du sac à dos quelques menus pour enfants et des crayons de couleur. D'un côté, il y a des dessins à colorier avec le menu, et de l'autre, il n'y a rien. Heureusement, le restaurant nous en a donné en plus pour le vol. Je pose le tout sur la petite table devant Amelia et la laisse colorier.
Elle les regarde fixement, puis me jette un coup d'œil.
Je lui dis :
— Vas-y, tu peux colorier.
Je ne connais pas grand-chose aux enfants, et encore moins à leur éducation. Mon frère cadet, Connor, est un abruti, et Dieu merci, il n'a pas procréé.
J'ai essayé de m'occuper de lui. Je lui ai même donné un poste de manager à l'hôtel de New York. Mais il a le don de virer les bons employés ou de leur donner envie de démissionner. Mais je ne vais pas lui donner un salaire sans l'obliger à se rendre au travail cinq jours par semaine. Où puis-je le mettre ?
J'ai peut-être hérité de l'entreprise, mais je l'ai aussi transformée. Elle était à peine rentable quand je l'ai reprise après la mort de notre père. Je n'ai pas eu d'autre choix que de faire bouger les choses et d'améliorer la situation, car sinon, qui se serait occupé de maman ?
Papa m'a laissé l'entreprise, ce qui signifie que je devais m'occuper de ma mère et de mon jeune frère. Je ne suis pas un connard. Je n'ai mis aucun des deux à la rue, même si c'était tentant avec Connor.
Le voyant d'attachement de la ceinture s'éteint, et la fille de la rangée devant nous se retourne, observant Amelia.
— Qu'est-ce que tu dessines ? demande Clare.
Amelia fronce le nez. Le papier est complètement vierge.
— Et si tu faisais un dessin de ton père qui sera bientôt chauve.
— Je ne serai pas bientôt chauve, grogné-je.
Pourquoi ne peut-elle pas se retourner et s'occuper de ses affaires ?
— D'accord, dit Clare. Comment vous appelez ça, alors ?
Elle fait un geste au-dessus de sa tête, comme si ses cheveux s'élevaient à deux mètres de haut.
Amelia s'esclaffe et désigne ma tête.
— Cheveux de troll, dit-elle en riant.
Je suppose que c'est mieux que de se faire traiter de chauve à mon âge.
— Tu trouves que j'ai des cheveux de troll ?
Je force un sourire, reconnaissant d'avoir entendu la voix de la petite Amelia.
Celle-ci hausse les épaules, son sourire s'évanouit, et mon cœur se serre.
Je veux l'entendre rire et être insouciante. Elle a cinq ans. Elle devrait être folle de curiosité et bavarde. Ce côté silencieux est frustrant à gérer.
Clare nous fixe, et avant que j'aie le temps de comprendre ce qu'elle fait, ses doigts passent dans mes cheveux. Ils sont hérissés et se dressent sur ma tête.
Amelia s'esclaffe et sourit à pleines dents en pointant ma tête du doigt.
— Cheveux de troll.
— Tu peux me dessiner un troll ? demande Clare.
Amelia acquiesce et attrape le crayon violet, qu'elle tient fermement avant de commencer à colorier la feuille blanche.
Je pousse un soupir de soulagement et passe ma main dans mes cheveux en bataille, essayant de les remettre en place avant que notre avion n'atterrisse. Il y a suffisamment de journalistes à New York pour me repérer à la minute où je descends de l'avion, et je n'ai pas besoin de photos ridicules de moi avec des cheveux de troll dans les journaux et sur les réseaux sociaux.
Dans l'état actuel des choses, je vais devoir publier un communiqué de presse et faire une annonce publique au sujet d'Amelia avant d'être accablé d'accusations.
Clare me fait un sourire à mille feux, mais il est manifestement forcé. Elle se retourne et se dirige vers l'hôtesse de l'air en lui disant quelque chose à voix basse.
Leurs deux yeux s'accrochent à moi avant de se détourner.
J'ai l'habitude des regards et de la curiosité. Elle a dû comprendre que je suis le milliardaire Levi Luxenberg. J'ai fait la couverture de magazines et j'ai été interviewé par des célébrités. J'ai l'habitude de l'attention. D'habitude, je l'ignore.
Mais maintenant, je ne m'occupe plus seulement de moi. J'ai Amelia, et je ne peux pas garder ma fille secrète. Je dois juste demander à tout le monde de respecter notre vie privée.
Je garde un œil sur l'hôtesse de l'air une fois que Clare a regagné son siège, pour m'assurer que personne ne prend de photos d'Amelia et moi dans l'avion.
Trente minutes plus tard, Clare se retourne pour prendre des nouvelles de la petite.
— Comment avance le dessin ?
Amelia travaille toujours très dur sur son dessin de troll. Je ne m'attendais pas à grand-chose, mais la petite a un don. Elle ne répond pas à Clare, mais ce n'est pas grave car je sais qu'elle en est capable et qu'elle finira par parler quand elle sera prête.
L'hôtesse de l'air apporte à Clare une mini-bouteille de vodka qu'elle mélange à du jus d'orange et qu'elle tient tout en parlant. Je n'ai pas fait attention à ce qu'elle buvait devant nous, mais ce n'est pas la première fois qu'on lui sert un verre.
J'ai choisi de donner à Amelia un jus de pomme. Elle n'a bu que quelques gorgées.
Clare a les joues rouges et les lèvres brillantes.
— J'aimerais que nous puissions rester dans les airs pour toujours, continuer à voler.
— Pourquoi ? demande Amelia en levant les yeux de ses crayons.
Mon enfant semble être captivé par la femme éméchée assise dans la rangée devant nous. C'est très bien.
— Je ne veux pas affronter New York. Après un mariage sans amour et après avoir eu les couilles de quitter mon ex narcissique et émotionnellement abusif, je dois trouver un travail et une maison. J'ai été institutrice pendant six ans et j'ai adoré chaque minute. Mais dès que nous nous sommes mariés, il m'a fait quitter mon travail. Il n'aimait pas que je ne sois pas à la maison quand il n'y était pas. Il craignait que j'aie une vie en dehors de lui. Un connard jaloux...
Elle se met une main sur la bouche et regarde Amelia.
— Oops, je voulais dire un mec jaloux.
Elle ne se laisse pas décontenancer et continue de parler sans s'arrêter.
— Ma meilleure amie m'a permis de rester à Chicago avec elle pendant le divorce, mais je ne suis plus la bienvenue depuis qu'elle s'est mariée. Vous voyez pourquoi je préfère rester dans les airs et voler librement ?
— Et vous pensiez que dépenser de l'argent pour un billet d'avion en première classe serait intelligent ?
— Cela ne vous regarde pas, mais j'ai volé ces miles à mon ex.
Je lui offre un sourire en coin.
— Tant mieux pour vous.
Amelia regarde Clare, perplexe. J'imagine que la conversation lui échappe complètement.
— Quels sont vos projets lorsque vous arriverez à New York ? lui demandé-je.
Elle boit une gorgée de jus d'orange et de vodka dans le gobelet en plastique transparent.
— Je ne sais pas. Je suis en mode survie depuis huit mois. Mon ex m'a dépouillée avec le divorce. Je vais probablement retourner travailler dans un fast-food ou quelque chose comme ça et dormir dans une boîte en carton.
Amelia tend le dessin de troll à Clare.
— C'est pour moi ? demande-t-elle, les yeux écarquillés. Amelia acquiesce.
— Pourquoi ne le donnes-tu pas à ton père ? Je suis sûre qu'il aimerait l'accrocher sur le frigo.
— Je n'ai pas de père, murmure Amelia en fixant Clare.
Son commentaire me serre l'estomac.
— Je suis son père, dis-je en me raclant la gorge.
Clare me regarde fixement comme si elle ne me croyait pas.
— La petite ne pense manifestement pas que vous l'êtes. Je devrais peut-être m'asseoir avec elle.
— Pardon ?
Je suis consterné par sa suggestion.
— Tu veux que je m'assoie avec toi, ma chérie ? demande Clare à Amelia.
Amelia jette un coup d'œil de moi à Clare. La petite ne comprend pas ce qui se passe, pas plus que la femme assise une rangée devant nous. Amelia détache sa ceinture et passe au-dessus de moi pour sortir de la rangée. Je l'attrape par la taille. Ce n'est ni le moment ni l'endroit pour qu'elle soit libre.
— Monsieur, je vais devoir vous demander de retirer vos mains de la petite fille, dit l'hôtesse de l'air en échangeant un bref regard avec Clare.
— Pour l'amour du ciel, je suis son père !
— Vous devez vous calmer, monsieur, dit l'hôtesse.
Les yeux d'Amelia s'écarquillent et elle s'éloigne de moi après que je me suis emporté contre l'hôtesse de l'air. Elle grimpe sur les genoux de Clare, ce qui n'arrange rien.
— C'est ma fille, dis-je.
L'hôtesse se penche au niveau d'Amelia.
— Cet homme est-il ton père ? demande-t-elle à la petite fille.
Les yeux d'Amelia s'écarquillent, et elle regarde de moi à l'hôtesse. Nous sommes tous confrontés au silence.
Merde.
— Amelia, reviens à ta place, fulminé-je, en faisant de mon mieux pour ne pas élever la voix, mais ma mâchoire est crispée et mes mains se serrent en poings.
Je n'en veux pas à Amelia. Ce sont l'hôtesse de l'air et la blonde fouineuse qui ont décidé de se mêler de mes affaires. Amelia ne me répond pas, et pourquoi le ferait-elle ? Nous nous connaissons à peine. Ne comprend-elle pas que si elle me quitte, elle retournera dans une famille d'accueil ? Elle a dû être placée d'urgence dans une famille jusqu'à mon arrivée. Veut-elle y retourner ?
— Monsieur, asseyez-vous à votre place, dit l'hôtesse de l'air.
— C'est ainsi que vous traitez vos passagers de première classe ? Vous enlevez leurs enfants ?
— Vous avez raison, monsieur. Je m'excuse. Et si vous nous montriez des photos de votre fille sur votre téléphone ? Nous pourrons ainsi dissiper tout ce malentendu avant d'avoir à faire intervenir les autorités.
Amelia est sous ma garde depuis moins d'un jour. Je n'ai pas de photos d'elle sur mon téléphone.
— Je ne peux pas, dis-je.
Il n'y a pas non plus de courriels de l'assistante sociale concernant Amelia. Tout a été géré par téléphone ou par mon assistante.
— C'est ce que je pensais, dit l'hôtesse de l'air.
— Vous ne savez pas de quoi vous parlez.
Je me lève pour expliquer la situation sans qu'Amelia ne l'entende à nouveau.
— Monsieur, vous allez devoir vous asseoir. Nous allons bientôt atterrir.
Je grommelle et m'enfonce dans mon siège. Je jure que je ne prendrai plus jamais de vol commercial.
Le jeune homme qui occupait le siège 1A se faufile à côté de moi, échangeant sa place avec Amelia pendant que Clare boucle sa ceinture. C'est moi qui devrais attacher sa ceinture et m'occuper d'elle. C'est ma fille.
Au moment de l'atterrissage, l'équipage annonce que personne ne doit se lever de son siège parce qu'il y a eu un problème et qu'il faut faire monter les autorités dans l'avion. Diantre. Cette semaine pourrait-elle être pire ?
* * *
Les autorités sont amenées dans l'avion et me demandent de me lever et de les suivre.
— Seulement si ma fille m'accompagne, dis-je.
— Amelia n'est pas sa fille, dit Clare, provocante.
— C'est votre fille, madame ? demande l'officier.
— Non.
Au moins, Clare n'essaie pas de l'enlever.
J'attrape le sac à dos sur le sol et j'ouvre le compartiment supérieur pour y prendre mes bagages. J'aide Amelia à se détacher et la soulève dans mes bras. Un bras tient ma fille contre ma hanche tandis que l'autre tire les bagages derrière moi.
Je ne laisserai personne s'interposer entre elle et moi.
— Nous réglerons cela dès que nous serons à l'intérieur, dit l'agent.
Clare nous suit, qu'elle y soit invitée ou non.
— Elle est obligée de venir ? demandé-je en désignant la blonde derrière moi.
— Oui, elle doit faire sa déposition pendant que nous enquêtons.
— Qu'est-ce qu'il y a à enquêter ? J'ai pris l'avion pour Chicago afin de récupérer ma fille. Vous voulez savoir où est sa mère ? Elle est morte.
Clare halète.
— Vous l'avez tuée ?
— Pardon ?
Je tourne sur mes talons.
— Non, je ne l'ai pas tuée, espèce de psychopathe. Elle est morte dans un accident de voiture.
Amelia éclate en sanglots et se tortille dans mes bras. À sa place, je voudrais moi aussi m'enfuir loin de moi.
Je ne la lâche pas, ma prise est ferme sans faire mal à la petite fille.
— Je sais, ma chérie. Tu manques aussi à ta maman, dis-je en essayant de la consoler.
Ses larmes se transforment en sanglots hystériques et elle cède, déversant son chagrin dans mon cou et ma poitrine.
Clare semble ne plus savoir où donner de la tête pendant un moment.
— Je suis désolée, dit-elle finalement en me tapotant maladroitement l'épaule.
Je jette un coup d'œil à sa main sur moi.
— Retirez votre main de mon épaule. Nous ne sommes pas amis. Vous n'êtes qu'une femme qui a trop bu et qui a décidé de lancer des accusations farfelues.
L'officier s'éclaircit la gorge alors que nous nous approchons de son bureau.
— Malheureusement, comme je vous ai fait sortir de l'avion, je dois rédiger un rapport et mener une enquête. Tout se passera bien si nous restons calmes, et vous pourrez tous repartir d'ici peu.
Ce n'est ni court ni rapide. Et rester calme n'est pas facile non plus.
Un officier recueille la déclaration de Clare tandis qu'Amelia est gardée avec moi dans une pièce séparée. Il n'y a pas de fenêtre donnant sur l'extérieur, seulement un miroir sans tain.
Je ne suis pas un terroriste.
Je n'ai pas enlevé ma fille.
C'est absurde.
Après que l'agent a confirmé qu'Amelia est légalement sous ma garde, on me dit que je peux partir. Il amène mon sac à dos et mon bagage à main dans la pièce, qui ont apparemment été fouillés sans ma permission.
Je referme les compartiments.
— Pas même des excuses.
Je suis dégoûté par leur traitement et leurs accusations sans fondement.
— Vous pouvez déposer une plainte auprès de...
— Oh, j'ai l'intention de le faire, en plus de vous poursuivre en justice, dis-je.
Je glisse le sac à dos sur mon épaule et soulève Amelia dans mes bras.
— Il est temps de rentrer à la maison, petite.
Je tire la poignée télescopique et je traîne le bagage à main derrière moi.
Amelia est redevenue silencieuse. Comment aurais-je pu m'attendre à autre chose après ma crise de colère à l'aéroport ? J'ai essayé tant bien que mal de garder mon sang-froid, mais se retrouver avec un enfant du jour au lendemain, c'est dur à porter. Et je ne parle pas de poids.
Nous sommes escortés hors des arrière-salles et entrons dans la zone principale de l'aéroport. Nous n'avons pas de bagages supplémentaires, alors je sors mon téléphone de ma poche et j'appelle mon chauffeur, Douglas, pour lui dire que nous sommes prêts.
Il est probablement en train d'attendre dans le parking le plus proche pour venir nous chercher. Je lui ai demandé d'acheter un siège auto spécial pour une fillette de cinq ans. Douglas a lui-même des enfants, je suppose donc qu'il savait quel type de siège auto acheter, alors que moi, je ne sais pas du tout. Il y en a trop pour que je sache lequel acheter.
Je raccroche, glisse mon téléphone dans ma poche et aperçois Clare qui se dirige vers la même sortie.
— Encore vous, fulminé-je.
Ses yeux sont brillants et lourds, de la couleur de l'eau de mer, d'un vert bleuté.
— Je suis désolée, dit Clare, mais cela ne sert à rien.
— Il est trop tard pour vos excuses.
J'enlève mon manteau, je l'enroule autour d'Amelia et je l'emmène dehors. C'est le mieux que je puisse faire en si peu de temps. Il fait assez chaud à Chicago pour un début d'octobre et je n'ai pas pensé à lui prendre une veste. Mais il est tard dans la nuit et l'air est frais.
J'enfile à nouveau le sac à dos et garde Amelia blottie contre ma poitrine. Entre la chaleur de nos corps et le manteau, elle a au moins assez chaud pour ne pas trembler. Heureusement, nous ne sommes pas encore en plein hiver.
Clare sort avec moi.
— Ecoutez, je suis vraiment désolée pour ce qui s'est passé plus tôt.
— J'ai compris. Vous vouliez protéger ma fille.
— Oui, dit Clare. Elle n'avait pas l'air d'être à l'aise avec vous. Il ne m'est jamais venu à l'esprit que c'était peut-être à cause de ce qui s'est passé.
Elle contourne les mots car je tiens Amelia dans mes bras.
— Je suis vraiment désolée, monsieur. Si je peux faire quoi que ce soit pour me faire pardonner. Je vous jure que je ne faisais que veiller à ses intérêts. On entend parler d'enfants kidnappés ou victimes de trafics, et je voulais juste aider.
— Excuses non acceptées. Vous avez essayé de me faire arrêter, ma chère. Comment expliquez-vous vos accusations sans fondement ?
Clare soupire lourdement.
— C'est moi qui suis à blâmer. C'est ma faute.
— Oui, c'est votre faute, dis-je en la fixant du regard. Et je me suis dit, wow, cette fille sait vraiment comment interagir avec les enfants. J'ai honte de m'être fait avoir par votre discours "pauvre de moi, je vais devenir sans-abri".
— Mon quoi ?
— Vivre dans une boîte en carton et retourner des hamburgers.
J'écoute un peu trop bien parfois.
Elle grimace quand je répète ses mots.
— Encore une fois, je suis désolée. Si je peux faire quoi que ce soit pour me faire pardonner, quoi que ce soit...
Amelia se tortille dans mes bras, tendant la main vers Clare.
— Non, ma chérie. Tu dois rester avec ton père, dit Clare.
Amelia se penche en arrière, pousse contre moi, s'efforçant de comprendre ce qui se passe. La journée a été fatigante. Elle veut descendre, et je serais d'accord avec ça si j'étais sûr que la petite ne se jettera pas devant une voiture.
J'ai des problèmes de confiance en ce moment, avec Clare et Amelia.
Amelia tend à nouveau les bras à Clare. La petite préfère cette étrangère à moi, même si je ne suis pas vraiment une personne qu'elle connaît non plus.
— Tu n'as vraiment pas d'endroit où loger ? demandé-je la mâchoire serrée.
Pourquoi cette question ? Pourquoi est-ce que j'envisage de lui offrir un toit ? Cette fille est un problème. Je devrais m'en aller et ne plus jamais la revoir. Ce serait mieux pour tout le monde.
— Je vais me débrouiller. Je pourrai négocier une place sur le canapé de mon amie. Je veux dire, en supposant que son fiancé de la mafia russe accepte.
Je tousse à ses mots.
— Tu n'es pas sérieuse.
Plus nous parlons à Clare, plus Amelia semble se calmer. Ma petite fille repose sa tête sur mon torse, observant la blonde sans jamais la quitter des yeux.
Et moi aussi. Elle est magnifique et sexy, mais elle m'irrite en même temps. Sans parler de la différence d'âge. Je dirais qu'elle a à peine dépassé la trentaine, et je viens d'atteindre la quarantaine.
C'est frustrant.
— J'aimerais bien plaisanter. Mais il est canon, et peut-être qu'il a un frère qui est disponible, dit Clare avec un sourire en coin.
Je prie pour qu'elle plaisante, mais quelque chose me dit le contraire.
— Absolument pas.
Je m'arrête un instant, hésitant à prononcer les mots suivants.
— J'ai besoin d'une nounou pour Amelia. Vous pouvez rester avec nous.
Elle a mentionné dans l'avion avoir passé six ans à travailler dans une école maternelle.
— Pardon ?
Ses yeux s'écarquillent et elle penche la tête, me regardant comme si j'avais perdu la mienne. Je pense que c'est le cas, après ce qui s'est passé aujourd'hui. Il est tard ; le manque de sommeil et le fait de me retrouver maintenant avec un enfant ont fait quelque chose dans mon esprit.
Ai-je tellement besoin d'une nounou que j'ai proposé à la fille de l'avion de travailler pour moi ?
— Vous serez logée et nourrie. Il y aura une période d'essai. Si vous ne foutez pas tout en l'air, je pourrais vous embaucher définitivement.
Amelia me regarde fixement, ses longs cils noirs se refermant. Elle semble se détendre dans mes bras, comme si le poids du monde venait d'être enlevé de sa poitrine.
Du mien aussi.
En supposant que Clare dise oui.
Clare
— Vous voulez m'engager après ce qui s'est passé plus tôt ? demandé-je, en faisant un geste vers l'aéroport.
J'ai commis une grave erreur en mettant mon nez dans ses affaires.
Un SUV noir, spacieux et luxueux, s'arrête devant l'homme. Je ne sais toujours pas son nom. Il ne me l'a pas donné, et j'étais trop occupée à le harceler pour le lui demander.
Je pense vraiment qu'il va me dire que c'est une blague cruelle et que je devrais aller me faire voir.
— Je ne veux pas, mais je pense que vous êtes ce dont Amelia a besoin.
Je glousse à sa remarque.
— Et le salaire ?
— Nourrie, logée, blanchie pendant la période d'essai, dit-il d'un ton bourru.
Je sais qu'il peut se permettre plus, vu la voiture de luxe et le chauffeur, mais il a peut-être engagé quelqu'un pour venir le chercher. Ce n'est pas comme s'il avait toujours un chauffeur, si ?
Je n'ai nulle part où aller, et je pourrais chercher un autre travail pendant que je vis sous son toit. Au moins, il y aura un lit pour dormir et de la nourriture dans le frigo. De plus, mon ex-mari ingrat, Zander, ne saura pas où je suis. Il ne devinera jamais que je suis chez un étranger. Ce qui veut dire que je serai en sécurité.
— C'est d'accord.
Son chauffeur ouvre la porte arrière et aide Amelia à s'asseoir dans le siège pour enfant. Il a l'air d'avoir plus d'expérience que le troll qui l'emploie. Non pas qu'il ressemble à un troll, car ce n'est pas le cas. Les trolls ne sont pas agréables à regarder et ne font pas se pâmer les cœurs.
J'ai vraiment cru que c'était un méchant qui enlevait une petite fille. Je traîne trop avec Sadie, j'écoute ses histoires abracadabrantes après qu'elle m’a fait jurer de garder le secret. Ouais, comme si l'une de nous deux pouvait garder un secret.
J'ouvre la portière pour m'asseoir à l'avant, et il secoue la tête.
— Siège arrière, dit-il en me mettant à l'arrière avec Amelia.