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Les 5 volumes de la serie mariages Mafieux.
Vœu Secret
Vœu Captif
Vœu Sauvage
Vœu Non Consenti
Vœu Impitoyable
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Mariages Mafieux: Toute la série
Willow Fox
Publié par Slow Burn Publishing
© 2023
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Vœu Secret
1. Dante
2. Nicole
3. Dante
4. Nicole
5. Dante
6. Nicole
7. Dante
8. Nicole
9. Dante
10. Nicole
11. Dante
12. Nicole
13. Dante
14. Nicole
15. Dante
16. Nicole
17. Dante
18. Nicole
19. Dante
20. Nicole
21. Dante
22. Nicole
23. Dante
24. Nicole
25. Dante
26. Nicole
27. Dante
28. Nicole
29. Dante
30. Nicole
31. Dante
32. Nicole
33. Dante
34. Nicole
35. Dante
36. Nicole
37. Dante
38. Nicole
39. Dante
Épilogue
Vœu Captif
1. Paige
2. Paige
3. Moreno
4. Paige
5. Moreno
6. Paige
7. Moreno
8. Paige
9. Paige
10. Moreno
11. Paige
12. Moreno
13. Paige
14. Moreno
15. Paige
16. Moreno
17. Paige
18. Moreno
19. Paige
20. Moreno
21. Paige
22. Moreno
23. Paige
24. Moreno
25. Paige
26. Moreno
27. Paige
28. Moreno
29. Paige
30. Moreno
31. Paige
32. Moreno
33. Paige
34. Moreno
35. Paige
36. Moreno
37. Paige
38. Moreno
39. Paige
40. Moreno
41. Paige
42. Moreno
43. Paige
Épilogue
Vœu Sauvage
1. Karina
2. Karina
3. Aurielo
4. Karina
5. Aurielo
6. Karina
7. Aurielo
8. Karina
9. Aurielo
10. Karina
11. Aurielo
12. Karina
13. Aurielo
14. Karina
15. Aurielo
16. Karina
17. Aurielo
18. Karina
19. Aurielo
20. Karina
21. Aurielo
22. Karina
23. Aurielo
24. Karina
25. Aurielo
26. Aurielo
27. Karina
28. Karina
29. Aurielo
30. Karina
31. Aurielo
32. Karina
33. Aurielo
34. Karina
35. Aurielo
36. Karina
37. Aurielo
38. Karina
39. Aurielo
40. Karina
41. Aurielo
42. Karina
Épilogue
Vœu Non Consenti
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Épilogue
Vœu Impitoyable
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Épilogue
À propos de l’auteur
Aussi par Willow Fox
Sa manière de danser me fait ressentir des choses que je sais mauvaises.
J'avale cul sec un autre verre de whisky, en essayant de refouler l'envie de m'approcher et de presser mes lèvres sur les siennes.
– Dites-moi que vous n'envisagez pas de coucher avec Nicole DeLuca, dit Moreno.
Il est mon bras droit, mon meilleur ami, et surtout d'une honnêteté flagrante, même quand je ne le veux pas.
Il sait aussi que je bande pour Nicole depuis le moment où j'ai appris l'existence de la fille de Gino.
J'aime les défis, et elle est inaccessible. Cela rend la partie beaucoup plus intéressante.
– Est-ce que tu m'as vu ne serait-ce que lui parler ?
Je lance un regard noir à Moreno pour qu'il la ferme. Quelque part, je doute qu'il fasse ce que je lui demande.
C'est un bon gars, si on peut dire une chose pareille sur la famille Ricci.
– Vous ne faites que boire et la fixer. Elle va finir par vous remarquer, dit Moreno.
Peut-être que c'est le but. Je veux qu'elle me remarque. Je veux qu'elle me craigne comme son père, Gino, craint ma famille.
Nicole se dandine sur la piste de danse. La lumière tombe en cascade sur ses cheveux noir corbeau.
Elle se trémousse et se balance, les bras en l'air.
Je veux enlever ce sourire de son visage joyeux avec un coup de rein.
C'est une femme forte, et je suis l'homme qui va bouleverser sa vie.
– Prenez un autre verre. Je vous invite.
Moreno fait signe au barman, et il s'approche et verse un autre whisky.
– Tu m'invites ? Je rigole.
Je suis le propriétaire de ce foutu bar.
Il peut me payer tous les verres qu'il veut. Je bois gratuitement ici.
– Ça ne veut pas dire que vous ne devez pas donner de pourboire au staff.
Moreno glisse un billet de 50 au barman, dont j’ai oublié le prénom. C’est Ren-quelque chose je crois. Je l'ai engagée après que le dernier gars m'ait causé un mal de tête et un patron mort.
Il vaut mieux laisser certaines choses dans le passé.
Être Don a ses avantages, y compris celui d'avoir toutes les femmes que je veux.
Ce soir, cette femme est Nicole DeLuca.
Je bouge sur le tabouret de bar.
D'habitude, je prends la banquette dans le coin. Il y a une pancarte réservée pour les occasions où je voudrais venir prendre un verre ou parler affaires avec un associé.
– Vous avez besoin de trouver une autre femme. Quelqu'un de moins mortel, dit Moreno.
Je ris doucement et sirote mon whisky.
– Tu parles comme si elle était une tueuse.
– Son père l'est.
Je fais un signe de la main en l'air.
– C'est un vieil homme, Gino. Il me fait chier.
Il est aussi un problème dont il faudra s'occuper, mais ce sera pour un autre jour.
Ce soir, je suis ici pour me défouler et m'amuser.
– Si vous baisez cette fille, il vous traquera, prévient Moreno.
Il fait signe au barman de venir et lui servir un verre.
Je lève un sourcil. Je n'ai pas vu Moreno boire depuis, eh bien, depuis toujours.
S'il boit, la situation est mauvaise.
– Merde, je te fais boire. Ça doit vraiment être la fin du monde, me moque-je.
Il se pince l'arête de son nez crochu. Il le doit à une bagarre de bar où il a défendu mon honneur, il y a près de vingt ans. J'étais jeune, naïf, et sur le point d'avoir dix-sept ans. Je savais me battre comme un enfant, pas comme un homme.
Moreno a remédié à cela. Il m'a appris tout ce que je sais sur l'entreprise familiale.
– Promettez-moi seulement que vous la laisserez tranquille, patron.
Moreno sirote son whisky.
Il est évident pour tous ceux qui le connaissent qu'il déteste le goût, mais il boit comme un pro pour quelqu'un qui ne le connaît pas.
– Tu n'as pas besoin de te tuer pour moi, je plaisante en désignant le whisky. Je vais boire ça si tu as du mal.
– Ai-je l’air d’avoir du mal ? demande Moreno.
– Très bien. Alors, pendant que tu apprécies ce whisky, je vais travailler mes pas sur la piste de danse.
– Dante, Moreno prononce mon nom avec un ton qui contient plus que de simples signes d'avertissement.
Il me crie de l'écouter.
Mais quand ai-je déjà écouté ?
Le plus drôle est que je suis son patron, et je ne reçois pas d'ordre de Moreno ou de quiconque. Bien que j'apprécie son inquiétude, c'est tout ce que c'est pour moi, et je vais faire ce que je veux.
Ne l'a-t-il pas encore compris ?
Je descends du tabouret de bar et me dirige vers la piste de danse. Je ne danse pas. Ce n'est pas la peine.
Je suis en mission, et elle est ma cible.
On se regarde, et elle rougit à mon approche.
Bien. Elle n'a pas l'air de me connaître. Au moins, elle n'a pas remarqué que je suis le bâtard qui essaie de tuer son père.
– Je suis avec des amies, dit-elle comme si cette phrase allait me faire partir.
– Sympa de leur part de te planter, dis-je.
Elle avait dansé pendant les quarante dernières minutes, seule. Les quelques types qui avaient essayé de la draguer n'ont pas eu de chance.
L'un d'eux me regarde avec excuses.
Je ne l'ai pas encore vue avec un shot ou un verre à la main, non plus.
– Comment sais-tu qu'elles ne sont pas aux toilettes ? demande Nicole.
– Si elles y sont, elles ont dû se sauver par la fenêtre.
Elle lève les yeux au ciel.
– Tu sous-entends que je suis barbante à ce point ?
– Au contraire, je ne sous-entends rien, seulement que tu es une jolie femme qui danse seule.
– Je parie que cette réplique marche sur toutes les autres filles, dit Nicole.
Elle a raison. Il n'en faut pas beaucoup pour qu'elles tombent à mes pieds. J'ai la chance d'être beau et d'avoir un corps superbe. Ne le remarque-t-elle pas ?
– Et si je te payais un verre, et si tu ne veux plus jamais me voir...
– Ok.
Sa réponse me prend par surprise.
Je la conduis vers la banquette réservée et lui fais signe de s'asseoir en premier. La banquette est incurvée, et je fais en sorte de m'asseoir près d'elle, nos cuisses se touchant.
J'ai envie de la toucher, de la séduire, de lui procurer toutes sortes de plaisirs décuplés.
– Tu es sûr qu'on peut s'asseoir ici ? demande Nicole. Ça disait bien « réservé ».
Je hausse simplement les épaules. Je ne veux pas révéler qui je suis, surtout si elle n'est pas au courant de ma position de pouvoir. Elle ne doit pas le savoir.
– On verra bien ce qui se passera, dis-je.
Elle lève un sourcil curieux mais n’en dit pas plus.
La serveuse de tout à l'heure arrive, et je fais signe pour deux verres, un par personne. Je n'ai pas besoin de donner ma commande à la barmaid. Elle prend le meilleur alcool, le plus haut de gamme de la collection.
– Je ne connais pas votre nom, dit Nicole.
– Daniel, réponds-je.
C'est un mensonge. J'ai toujours été Dante.
Il est clair qu'elle ne me reconnaît pas, et je ne peux pas laisser mon prénom éveiller les soupçons.
– Je m'appelle Nikki, dit-elle en posant une main sur ma cuisse.
Son ton a changé depuis que je l'ai rencontrée il y a quelques minutes sur la piste de danse, mais je ne sais pas trop pourquoi. Est-ce que ça m'intéresse ?
– Enchanté de te rencontrer, Nikki, dis-je, comme si j'essayais de me souvenir de son prénom.
Je ne pourrais jamais l'oublier. Je la surveille depuis qu'elle est arrivée en ville et a emménagé avec son père, mon pire ennemi : Gino DeLuca.
Tout ce que je veux, c'est le détruire, et dans la foulée, je serai obligé de la ruiner pour les autres hommes.
Dommage.
Elle est belle, avec ses longs cheveux noirs et ses yeux ambrés.
Mignonne et sexy.
Et elle pourrait avoir une vie normale si je n'étais pas en guerre contre son père.
Les lumières sont faibles, le bar n'est pas vraiment bondé pour un vendredi soir.
La musique ralentit, et je suis heureux que nous soyons déjà sur la banquette. Bien qu'un slow soit agréable parfois, ça ne collerait pas au moment. Pas quand j'ai envie de me frotter à elle.
La barmaid revient avec deux verres. L'un est un whisky pour moi et le deuxième un whisky sour avec glaçons pour elle. C'est fort mais sucré, trop féminin pour moi, mais les dames ne le refusent pas habituellement.
Je ne m'attends pas à ce qu'elle soit différente.
Mais j'ai tort.
Elle fait glisser son verre vers moi et attrape le mien avant que je puisse le porter à mes lèvres.
– Je vais boire ce que tu bois.
Elle parle de mon verre de whisky.
Merde, ce truc est cher.
Les filles prennent toujours le « off-label », et comme c'est mélangé, elles ne peuvent pas sentir la différence.
Elle sourit timidement et bat de ses longs cils noirs, mais c'est juste une comédie.
À quel jeu joue-t-elle ce soir ?
– J'espère que ça ne te dérange pas. Je préfère les bonnes choses, l'or liquide.
Nicole engloutit le whisky en quelques secondes et claque le verre sur la table en bois.
Son regard ambré et chaleureux est parsemé d'or, et plus elle m'observe, plus je me plonge dans son regard.
Mais putain, qu'est-ce qui se passe ?
– Tu veux aller quelque part ?
Je le veux plus que tout, mais mes tripes me disent non.
– Et si je te ramenais chez toi ? proposé-je.
Je sais déjà qu'elle vit chez son père, mais je me demande quelle excuse elle va me donner.
Quatre Heures Plus Tôt
– Descends un moment, Nicole, dit Papa.
Je suis son animal de compagnie, son prix qu'il aime vanter auprès de ses partenaires commerciaux. Il se vante d'être fier de moi, mais il n'est fier que de lui-même.
Je déteste mon père mais il est ma famille. Déménager n'était pas mon idée, mais je n'ai nulle part où aller, je n’ai pas d’emploi, j’ai tout récemment été diplômée de l'université.
Je descends l'escalier. Mes pieds nus effleurent le parquet froid.
– Oui, papa ?
– Viens, assieds-toi avec moi dans mon bureau.
La peur me monte directement au ventre. À chaque fois que mon père veut que je me rende dans son bureau, cela signifie que je l'ai déçu d'une manière ou d'une autre.
Qu'est-ce que j'ai fait cette fois ?
– Comme tu le sais, j'ai tenu ma langue et je t'ai laissé poursuivre tes études et obtenir ton diplôme dans cette école ridicule, dit Papa.
Mes joues brûlent, et je serre les lèvres pour éviter toute réaction émotionnelle.
– Maintenant que tu es à la maison et que tu as vingt-deux ans, tu vas faire ta vie avec un jeune homme de mon choix.
– Papa !
J'ai l'impression d'être un enfant en l'interrompant.
Et il me traite comme tel.
Sa main me gifle violemment le visage.
– Ne me coupe pas la parole, me réprimande-t-il.
Je baisse la tête, honteuse. C'est ce qu'il veut, après tout, le contrôle.
– J'ai réfléchi longuement et sérieusement à la question, Nicole. Il est dans l'intérêt de tous que tu te maries avec...
– Non ! Je ne veux pas l'entendre. J'attends qu'il me gifle à nouveau, mais il ne le fait pas. Je ne vais pas épouser quelqu'un que tu penses que je devrais épouser. C'est une notion tellement dépassée ! crié-je de dégoût en me précipitant hors de son bureau.
– Jeune fille, je n'ai pas fini de te parler !
Je m'en fous, et il reçoit le message quand je me précipite vers la porte d'entrée. J'enfile une paire de chaussures et sors en trombe par l'entrée principale.
Je n'ai pas réfléchi.
Je n'ai pas de voiture.
Pas d'argent.
Et personne à appeler ou sur qui compter.
Je me dirige vers la route principale, ignorant les gardes qui m'interrogent en sortant, me demandant si j'ai besoin d'un chauffeur. Même si j'en ai envie, je sais aussi qu'ils diront tout à mon père, y compris où je suis allée.
* * *
Je me dirige vers le bar de la ville la plus proche. Marcher ne me dérange pas. Le temps est agréable, ensoleillé et plaisant, ce qui est mieux que mon humeur.
Je veux me bourrer la gueule, mais j'ai oublié mon portefeuille. Je pourrais flirter avec le barman ou peut-être un mec canon au bar. En supposant que n'importe qui dans cette ville étrangement petite soit beau et mérite mon temps.
Ça n'aide pas que je n'aie nulle part où aller. Le retour à la maison me pèse comme une tonne de briques.
Je ne bois pas et me faufile directement sur la piste de danse. La musique entraînante me réveille intérieurement et me fait oublier ma journée agitée. Je rejette les deux premiers gars qui se disputent mon attention.
Ils ne m'intéressent pas. Ils sont trop souriants et parfaits.
Il y a un homme au bar qui est canon.
Bien habillé, les yeux sombres, et l’air en forme sous son costume.
Il essaie trop fort d'impressionner les dames.
Mon regard s'attarde sur lui plus longtemps que prévu, et je me détourne, me déplaçant pour danser au milieu de la piste, mes pieds tapant sur le sol. Se lâcher est une sensation merveilleuse.
Si seulement je pouvais couper les ponts avec ma vie.
Ce ne serait pas si difficile si j'avais trouvé un poste de prof. Mon diplôme n'était qu'un bout de papier, sans valeur.
J'aurais dû analyser le marché du travail avant d'obtenir mon diplôme d'enseignement primaire. Ce n'était pas comme si je ne pouvais pas trouver de travail. Quelques endroits embauchaient, mais ce n'était pas dans les meilleurs quartiers.
Cela ne me préoccupait pas vraiment.
C'était le fait que des familles rivales dirigeaient ces territoires.
Je resterais toujours une cible tant que mon père serait Don.
Il n'avait pas toujours été Don, mais il avait été le bras droit d'Angelo DeLuca pendant des années. Je ne me souviens pas d'un moment où Angelo et Papa n'étaient pas amis.
Quand Angelo est mort, Papa a repris l'affaire familiale avec fierté et admiration.
Il était un salaud avec moi quand il était bras droit. Je frissonne au souvenir de sa main qui me gifle. Papa n'avait jamais été gentil, mais il m'avait aussi laissé assez tranquille.
Maintenant qu'il était Don DeLuca, la noirceur qui s'installait dans son cœur grandissait.
Il voulait être craint de tous.
Le bel inconnu au regard sombre et mystérieux s'avance vers moi. Il ne fait pas semblant de danser. Étonnamment, il ne se frotte pas non plus à moi.
Ça ne m'aurait pas dérangé, si j'avais bu quelques verres avant.
Son nom est Daniel. Il est simple à prononcer. Il ne ressemble pas à un Daniel, mais qu'est-ce que j'en sais ?
Il flirte et je finis par mordre à l'hameçon. La vérité est que j'ai besoin de sortir de cette ville, et si cela implique de voler ses clés de voiture ou son portefeuille, ainsi soit-il.
Je le rejoins pour boire un verre, vole son whisky, et l'instant d'après, je lui demande s'il veut partir d'ici.
Je ne peux pas retourner chez moi, même si je le voulais. Une partie de moi veut l'amener à Papa et humilier mon père.
– Ils fumigent chez moi.
Je mens si facilement.
Je ne peux pas lui laisser savoir que je suis la fille de Don DeLuca. Je ne sais pas qui travaille pour mon Papa et qui il a contrarié. Il s'est fait de nombreux ennemis. Ce n'est pas un secret. Les DeLuca ne se font pas des amis facilement.
– C'est drôle, c'est ce qui se passe chez moi, dit Daniel.
Je souris en secouant la tête.
– Tu as l’air exceptionnel.
Je touche sa poitrine. Je ne sais pas trop pourquoi ni ce qui me prend, mais j'ai le besoin pressant de ressentir autre chose que de la colère et du ressentiment.
Je déteste mon Papa.
J'attrape Daniel par la cravate et le tire vers moi pour l'embrasser.
Je le prends par surprise. La plupart des hommes ne sont pas habitués à ma fermeté et à mon audace. Je suis habituée au pouvoir, aux autres qui l'exercent sur moi. C'est agréable d'avoir la chance d'avoir le contrôle.
Je jure que je l'entends grogner.
Mon dieu, je veux le dévorer.
– J'ai une meilleure idée, murmure Daniel à mon oreille et me tire sur ses genoux.
Je porte une courte robe noire qui arrive au-dessus des genoux. Les bretelles spaghetti n'arrêtent pas de glisser sur mes épaules et, pour la première fois ce soir, je ne prends pas la peine d'essayer de les remonter.
Je peux sentir sa chaleur me piquer par en dessous.
Mes doigts s'agrippent à ses cheveux tandis que nos lèvres fusionnent.
Il n'est pas le seul à grogner. Je pense que je viens de faire un bruit en même temps.
On ne devrait pas.
On ne peut pas.
Pas dans le bar.
Pas dans un lieu public où tout le monde peut voir ce qu'on fait.
Mon Dieu, j'ai envie de lui.
Il mord ma lèvre inférieure et je gémis.
La musique couvre mes bruits, mais je suis sûre que Daniel peut entendre chaque son que je fais.
Il écarte mes jambes, et explore ce qui est caché sous ma jupe. Il touche ma culotte. Sait-il qu'elle est trempée à cause de lui ?
Ses doigts sont rudes et rapides, poussant ma culotte sur le côté. Je ne suis pas sûre qu'il n'ait pas déchiré le tissu en soie.
Ses lèvres se rapprochent de mon oreille, son souffle me chatouille et m'excite.
– Tu mouilles pour moi, Chaton.
La façon dont il le dit fait frémir tout mon corps.
Il pince mon clito, envoyant une onde de choc à travers mon corps et jusqu'à mon cœur.
Je lutte pour me recentrer, pour garder les yeux ouverts. Ma respiration est plus profonde. Chaque inspiration est un halètement.
Il couvre ma bouche, chaude et rêche, et il déplace légèrement mes hanches, juste assez pour me détacher de lui pendant qu'il sort sa bite de son pantalon.
Et puis il est violent, il me pénètre.
Je gémis, convaincue que le bar entier peut entendre les bruits, et tout le monde sait ce qui se passe.
Daniel couvre ma bouche. Sa langue explore mes lèvres tandis qu'il remue les hanches et que ses mains se posent sur mes hanches.
On bouge ensemble en harmonie. Ses mouvements sont profonds et puissants.
Soudain, il soulève mes hanches et me retourne pour que je m'assoie sur ses genoux. Il me pénètre à nouveau, mes entrailles palpitant à cause de la sensation de l'approche de l'orgasme et de son retrait momentané.
J'ouvre la bouche pour demander ce qu'il fait, mais il est déjà plongé dans ma chaleur et mon humidité.
Ses mouvements deviennent plus rapides, plus brutaux alors qu'il s'enfonce en moi et que je me crispe.
– Pas encore, ordonne-t-il.
J'halète et je me sens au bord du gouffre.
La sensation augmente à l'intérieur de moi. Mon cœur bat contre mes côtes, ma respiration est haletante et je suis en sueur.
Je tremble et me serre contre son membre, il m'attrape le menton et me tire la tête sur le côté pour que je le regarde.
– Je t'ai dit que tu pouvais jouir ? demande-t-il. Son ton est dur.
Je sursaute en entendant ses mots. J'attends qu'il me frappe, mais il ne le fait pas.
– Je ne l'ai pas encore fait.
Je suis au bord du gouffre.
– Putain, dit-il.
Plusieurs autres coups de reins, et il gonfle en moi, au bord du gouffre.
– Jouis pour moi, Chaton.
Je fais ce qu'il ordonne, me contractant, le serrant alors que je tremble sur ses genoux. Je mords ma lèvre inférieure, la tirant entre mes dents pour retenir mes gémissements.
Daniel me soulève et me repose sur la banquette à côté de lui. Il se réajuste dans son pantalon et remonte sa fermeture éclair. Ses yeux brillent lorsqu'il sort de la cabine que nous partagions.
– Attends, dis-je et je l'attrape par la cravate. Je le serre fort pour un dernier baiser.
Mais ce n'est pas tout ce que je cherche. J'ai besoin de ses clés ou de son portefeuille. Ce que je peux prendre en premier sans qu'il s'en aperçoive.
Avec une main accrochée à sa cravate, je fais attention à le voler sans qu'il ne se doute de rien.
Je mets ses clés dans mon dos et je fais attention à ne pas les faire entrechoquer.
– Passe une bonne nuit, dis-je avec un sourire timide.
Il traverse la pièce et se dirige vers le bar où se trouve son ami. Il s'assied, je me glisse hors de la banquette et sors par la porte d'entrée avant que Daniel ne réalise que j'ai volé ses clés et n'appelle les flics.
– Tu es prêt à partir ? demandé-je à Moreno.
Il a l'air de s'ennuyer, et j'en ai marre maintenant que je me suis amusé.
Mon regard parcourt le bar, mais je ne vois aucun signe de Nicole. Elle doit déjà être partie. Je ne sais pas pourquoi je m’y intéresse. Au moins, il n'y a pas d'autres hommes qui dansent avec elle.
Un étrange sentiment de jalousie me frappe comme un éclair.
Je ne devrais pas m'en soucier. Je fais signe au barman pour un autre whisky.
– Je conduis, dit Moreno en me tendant la main.
Il attend que je dépose mes clés dans sa paume.
– Très bien.
Je ne suis pas d'humeur à me disputer avec lui et, franchement, je suis un peu plus que pompette. Je n'ai pas besoin de prendre le volant et de planter mon 4x4. D'ailleurs, c'est pour cela que des bons éléments comme Moreno m'accompagnent.
Occasionnellement, j'ai aussi des chauffeurs. Mais j'aime conduire, me mettre derrière le volant et avoir un contrôle total. Il y a quelque chose de spécial à rouler seul en tout-terrain, sur des terrains rocailleux et dans des vallées dangereuses.
J'avale le dernier verre de whisky que la barmaid m'apporte.
Elle est mignonne.
Jeune. A peine vingt et un an.
Bon sang, Nicole avait à peine l'air assez vieille pour être dans ce bar.
Depuis quand ai-je commencé à courir après des filles qui ont presque la moitié de mon âge ?
Putain.
Quand est-ce que je suis devenu si vieux, bordel ?
Je me lève, en posant fermement mes pieds sur le sol. Je ne veux pas montrer que je suis éméché, même à Moreno. Il ne me laisserait jamais oublier ça.
Je fourre ma main dans la poche de mon pantalon pour prendre mes clés.
Non, pas là.
Je vérifie mon autre poche. Mon portefeuille est là mais pas mes clés de voiture.
Expirant lourdement par le nez, je me dirige vers la banquette que j'avais occupée plus tôt avec la beauté aux cheveux corbeau.
Il n'y a aucune trace de mes clés sur la banquette ou sous la table.
– Vous cherchez quelque chose, patron ? demande Moreno. Il se tient derrière moi et sourit.
Est-ce que c'est une blague ?
– Je t'ai déjà donné mes clés ?
Je jure que je ne suis pas si bourré que ça. Juste un peu pompette. Mais putain, la pièce tourne comme un manège de foire quand je me penche.
Moreno ne sourit pas et ne plaisante pas. Il n'a pas l'air amusé.
– La fille, elle vous les a volées.
– Nicole ? Je passe une main dans mes cheveux noirs courts.
Non. Elle ne me volerait pas. N'importe qui avec un demi-cerveau sait qu'il ne faut pas contrarier la famille Ricci.
Mais elle ne savait pas que j'étais Don Ricci, le patron de la famille Ricci.
– Dante, et si j'appelais un des gars pour qu'il nous amène une voiture ? suggère Moreno.
Je lui fais signe de faire ce qu'il doit faire pendant que je me dirige vers la porte. Je sors et la nuit s'est un peu rafraîchie. C'est l'été, chaud et oppressant, mais la fraîcheur de l'air me fait désirer les jours plus frais qui arriveront bientôt.
L'un des avantages d'être dans les montagnes, c'est que les nuits sont assez agréables.
Je ne vois pas mon 4x4 dehors, non pas que je pense qu'elle l’a laissé. Si Nicole a volé mes clés, alors elle a volé mon 4x4.
Étonnamment, elle n'a pas touché à mon portefeuille.
C'était un jeu pour elle ?
Savait-elle qui j'étais lorsque nous nous sommes rencontrés et se jouait-elle de moi ?
* * *
Je me lève tôt après une nuit de sommeil merdique.
Moreno a eu la présence d’esprit ne pas dire un mot à propos du 4x4 alors que Sawyer nous récupérait et nous ramenait à la maison.
Je tournais et me retournais, incapable d'avoir un sommeil décent à cause de cette beauté aux cheveux noirs, Nicole.
Je n'ai pensé qu'à elle la nuit dernière.
Elle est encore tout ce à quoi je peux penser.
Mais j'ai du travail, et même si détruire son père et la voler pour moi semble prometteur, j'ai un business à gérer.
Je titube jusqu’à la salle de bain. J'allume la lumière et j’ouvre la douche.
Il y a de l'agitation en bas, plus que d'habitude.
Je l'ignore. Quoi que ce soit ou qui que ce soit, cela peut attendre pendant que je me lave pour une poignée de réunions que j'ai plus tard cet après-midi.
Les affaires n'attendent pas, même pour le patron.
Mais les affaires ne se montrent pas si tôt.
Est-ce que ça pourrait être Nicole ? Viendrait-elle rendre mon 4x4 ?
Je m'empresse de me laver et d'éteindre la douche. Je ne devrais pas penser à elle, mais je ne peux pas arrêter les souvenirs qui envahissent mon esprit et inondent mes sens.
Ma bite durcit en me rappelant la façon dont elle se contractait et frémissait dans mon étreinte.
Elle ne devrait pas avoir cet effet sur moi. J'ai couché avec des tas de femmes. Je peux avoir toutes les femmes que je veux, mais il y a quelque chose chez Nicole qui me tente pour une nouvelle partie avec elle.
Je me sèche et passe une serviette dans mes cheveux pour chasser les dernières gouttes d'eau quand on toque à la porte de ma chambre.
Est-ce que c'est elle ?
– Patron, dit Moreno en se raclant la gorge. Le shérif Nelson veut vous voir.
J'enroule une serviette autour de ma taille et ouvre la porte de la chambre pour parler à Moreno en privé.
Qu'est-ce que le shérif me voulait ? Nous avions pris soin de garder nos activités en règle depuis qu'Enzo s'était fait exécuter.
Je l'ai tué.
Il fallait le faire. Il rabaissait la famille et ruinait le nom Ricci. Son implication dans le trafic d'êtres humains me fait encore monter la bile à la bouche.
Je suis un homme aux multiples talents et affaires. J'ai vendu de la drogue, des armes illégales, tout ce que vous imaginez, je l'ai fait, mais je ne tolérerai pas un comportement aussi inhumain que de vendre des femmes et des enfants.
C'est une autre raison pour laquelle j'ai l'intention de détruire la famille DeLuca. En ce qui me concerne, ils sont la raison pour laquelle j'ai été forcé de tuer Enzo.
– Une idée de ce qu'il veut ? demandé-je. Je lui fais signe de fermer la porte de la chambre.
Il ferme la porte derrière lui.
Je prends des vêtements dans ma commode et dans mon armoire et les emporte dans la salle de bain. Je laisse la porte ouverte pour que nous puissions parler en privé.
Ce que je me demande vraiment, c'est si sa visite est due à la disparition d'Enzo. Nous nous sommes assurés qu'il n'y avait pas de corps à retrouver, mais cela ne signifie pas que les fédéraux et le département du shérif local ne vont pas creuser pour trouver des informations.
– Quelque chose à propos de votre 4x4, dit Moreno.
Je ne peux pas le voir pendant que je m'habille, mais je peux sentir l'inquiétude qui se dégage de lui et se dirige vers moi.
– Alors on va s'en occuper, je dis.
On peut gérer n'importe quel problème que Nicole jette sur le pas de notre porte.
Je zippe mon pantalon et boutonne ma chemise, m'assurant d'avoir l'air d'un patron. Je ne peux pas laisser le shérif local me regarder de haut.
J'ai une réputation à préserver.
Et je la préserverai.
– Finissons-en, dis-je et je fais signe à Moreno d'ouvrir la porte de la chambre et de sortir le premier.
Il me conduit en bas des escaliers et au salon où notre invité attend.
Le shérif Nelson n'est pas assis. Il est debout, une main sur son arme. Il semble anxieux, mais je ne sais pas trop pourquoi.
Nous avons gardé nos affaires pour nous et avons fait de notre mieux pour ne pas attirer l'attention des autorités.
Je n'ai pas besoin que mes hommes soient envoyés en prison. Ça ne me dit rien qui vaille.
– Monsieur Ricci, dit le shérif Nelson.
– Dante, lui dis-je pour le corriger, laissant cette visite devenir familière et amicale, essayant d’influencer son comportement.
Je veux lui faire comprendre que nous sommes amis et qu'il n'a rien à craindre chez moi. La première façon de le faire est de le laisser utiliser mon prénom.
– Dante, dit le shérif Nelson. Il fait un petit signe de tête. Nous avons des images de surveillance de votre 4x4 volant du carburant dans une station-service. J'ai parlé avec le propriétaire, et sachant que vous êtes un citoyen honnête dans cette communauté, il a accepté de ne pas porter plainte si vous allez payer pour cette petite erreur.
Moreno ouvre la bouche pour parler, et je lui lance un regard noir. Il est hors de question qu'il m'interrompe.
Personne ne m'interrompt.
Il baisse la voix.
– Bon, j'ai vu la vidéo. Je sais que ce n'était pas vous. Si vous préférez me donner le nom de la fille qui a fait ça, je serai heureux de l'arrêter et de l'enfermer.
– Ce n'est pas nécessaire, je dis.
Pourquoi est-ce que je couvre Nicole DeLuca ?
Je pourrais la faire jeter en prison.
Elle devrait faire face aux conséquences de ses actes, surtout après avoir volé mon 4x4, mais la dénoncer aux autorités n'est pas la façon dont nous, les Ricci, faisons les choses.
Non, nous faisons justice nous-mêmes.
Elle va payer pour ses crimes, mais pas auprès du bureau du shérif local.
– Je vous assure, Shérif, je vais m'occuper de ce problème tout de suite.
Je prends mon portefeuille et un autre trousseau de clés de voiture. Elle a volé mon 4x4, mais au moins elle n'a pas volé la Maserati.
– Je suis sûr que vous comprenez que je dois vous suivre à la station-service, dit le shérif Nelson.
– Bien sûr, je n'en attendais pas moins de vous.
* * *
Je suis furieux quand je rentre à la maison.
Je n'arrive pas à croire que Nicole a non seulement volé mon camion, mais qu'elle a aussi décidé, lors de sa petite virée, de ne pas payer l'essence.
Essayait-elle de se faire arrêter ?
J'aurais peut-être dû le dire aux autorités qui ont mis la main sur mon 4x4, mais ce n'est pas comme si je ne pouvais pas me le payer.
On peut dire la même chose d'elle. Elle est la fille de Gino DeLuca.
Cette fille vaut facilement un million, peut-être deux. Quand son père mourra, elle héritera de son empire.
Une autre raison pour laquelle je dois détruire Gino et garder un œil sur Nicole. Je ne vais pas la laisser devenir la prochaine Don.
Absolument pas.
– Tout est réglé, patron ? demande Moreno alors que j'entre en trombe dans la maison.
– Je veux que la propriété des DeLuca soit surveillée. Je veux savoir tout ce qui se passe dans cette maison concernant Nicole.
Moreno jette un coup d'œil à son cousin Halsey, un capo. Il est encore relativement nouveau dans le métier et jeune.
C'est parce qu'il est tout frais dans le métier que DeLuca ne le reconnaîtrait pas.
– J'ai des contacts locaux, dit Halsey. On peut couper son flux internet et le forcer à appeler le fournisseur d'accès.
– Fais-le. J'agite la main, indiquant qu'il est congédié.
Je me dirige vers le couloir vide où Halsey vient de sortir.
– Tu penses qu'il peut le faire ? demandé-je.
Je fais confiance à Moreno. Il a recommandé Halsey pour diriger les soldats et donner des ordres. Je ne suis pas sûr qu'il ait l'étoffe d'un capo, mais c'est une excellente opportunité, et nous devons saisir cette occasion.
S'il fout tout en l'air, je n'aurai pas à le tuer. DeLuca le fera pour moi.
J'abandonne le 4x4 sur le bord de la route, pas très loin de la maison. Ramener le 4x4 à la maison ne ferait qu'énerver Papa qui se demanderait où je suis allée et ce que j'ai fait.
Ce satané réservoir était presque vide, alors j'ai fait le plein à la station la plus proche.
J'avais prévu de m'enfuir, mais je ne pourrais pas aller bien loin sans un endroit où dormir.
Pas de carte de crédit, et si j'avais apporté la mienne avec moi, Papa aurait pu facilement la tracer.
Pas de monnaie.
Je n'allais pas dormir à l'arrière du pick-up.
Douce maison, ma prison.
Mais j'ai le droit d'aller et venir comme je veux. Bien que Papa ait insisté pour que j'amène un garde avec moi, il n'a pas semblé se soucier que je m'enfuie la nuit dernière.
Je me faufile à l'intérieur bien après minuit.
Papa dort et les gardes n'ont pas l'air très surpris de me voir.
Je me glisse à l'intérieur de la maison. La porte grince derrière moi.
Il ne m'attendait pas. A-t-il seulement remarqué que je me suis enfuie ?
Je n'avais pas été très discrète à ce sujet. De plus en plus, il se concentre sur le fait d'être Don. C'est tout ce qui compte pour lui et je le gêne.
Je monte l'escalier et entre dans ma chambre sur la pointe des pieds. J'ai l'impression d'être à nouveau une adolescente, qui sort et rentre en douce après le couvre-feu.
* * *
J'évite Papa du mieux que je peux.
Il est d'une humeur massacrante, hurlant sur ses hommes, ses collègues.
Je peux l'entendre de ma chambre, la porte fermée.
Mon estomac gargouille, mais je ne veux pas être confrontée à sa colère alors qu'il est déjà terrifiant à côtoyer. J'avais oublié ce que c'était que de ne pas sentir ce lourd poids d'anxiété peser sur ma poitrine.
Partir à l'université avait été la meilleure chose à faire pour moi.
Revenir à la maison avait été mon enfer personnel.
Pourquoi avais-je fait ça ?
Oh, c'est vrai. Je n'avais pas d'autre argent que celui de Papa. Chaque centime que j'avais gagné à l'université avait été dépensé pour mon logement, ma nourriture et mes transports. J'étais allé à Northwestern, une école qui n'était pas donnée, et Papa avait payé les frais de scolarité sans sourciller.
Je m'assieds au bord de mon lit. Je ne devrais pas être encore en train de penser à l'homme d'hier soir, celui du bar.
J'avais volé son pick-up.
C'était par nécessité, pas par envie. Et si jamais je le revoyais, il me détesterait probablement.
Cela n'avait pas d'importance. Je n'avais pas l'intention de rester longtemps à Breckenridge. J'avais deux options, trouver un moyen de voler de l'argent à Papa ou trouver un travail.
La première serait plus difficile, mais il devait y avoir du liquide dans son bureau.
J'ouvre la porte de la chambre. Les charnières grincent, et je reste là comme une biche dans la lumière des phares, attendant de voir si je vais être la prochaine victime de Papa.
– Comment ça, son 4x4 est juste devant le portail ? Papa crie à Marco depuis le hall d'entrée.
Marco a quelques années de plus que moi, mais il porte bien son âge. Il est grand et sombre, avec une épaisse chevelure noire de jais.
Parfois, j'ai envie de passer mes doigts dedans, mais je n'ai pas l'impression qu'il s'intéresse à moi.
Est-ce parce que Papa est son patron ?
C'est un jeu.
On danse sur la ligne de ce qui est permis et de ce qui ne l'est pas.
Je l'ai embrassé dans le fond du placard de l'entrée et je l'ai sucé dans la cuisine avant que tout le monde soit réveillé.
C'était quand j'étais au lycée, et il m'avait mis à genoux, exigeant que je fasse ce qu'il disait.
Mon estomac se retourne à ce souvenir.
Quatre ans loin du château, et je suis une fille différente. Je ne suis plus Nicole. Je suis Nikki.
Nicole n'aurait jamais volé le 4x4.
Peut-être que quatre ans n'ont pas été suffisants pour me débarrasser de mon identité. Je ne suis pas différente des hommes en bas. Qui volent.
Bien que je n'aie encore tué personne.
Je ne peux pas en dire autant de Marco. Et je sais que Papa a tué beaucoup d'hommes en son temps. J'ai été témoin d'atrocités brutales dans le donjon où je n'avais pas ma place.
– Et fais fonctionner ce putain d'internet ! crie Papa.
– J'ai déjà appelé la société. Ils envoient quelqu'un ce matin, dit Marco.
Depuis quand est-il promu coursier ?
Je me faufile entre les cris et les hurlements et me précipite à pas légers et invisibles vers la cuisine.
Mon estomac gargouille, et je pense que cela pourrait trahir ma position, mais personne ne semble le remarquer ou s'en soucier.
* * *
Après le petit-déjeuner, je prépare un sac et je prends mon sac à dos, que je mets sur une épaule. Je l'emmène avec moi dans le bureau de Papa.
Papa est toujours en pleine conversation avec Marco, et cette fois, Vance, son second, s'est joint à leurs discussions.
J'entends des morceaux quand je passe. « Guerre... territoire... Ricci. »
Certaines choses ne changent jamais. D'aussi loin que je me souvienne, les familles DeLuca et Ricci ont toujours été en guerre.
Peu importe la ville ou l'année. La guerre continue.
Je me faufile dans le bureau de Papa et je me glisse à l'intérieur quand je vois un garçon qui n'a pas l'air assez vieux pour boire, debout sur un escabeau, en train de tripoter le plafond suspendu.
Il se racle la gorge.
– Presque fini, m'dame.
Mes yeux parcourent sa tenue. Sa chemise identifie le fournisseur pour lequel il travaille, et il semble sincèrement nerveux.
– Le routeur semble avoir court-circuité. Je l'ai remplacé par notre dernier modèle qui a une meilleure portée que l'édition précédente et je l'ai branché à travers le plafond pour obtenir.
– Peu importe, dis-je en le coupant.
Je n’en ai rien à foutre. Je veux qu'il sorte du bureau de Papa pour que je puisse fouiner et trouver sa réserve d'argent cachée.
Il sourit poliment, descend de son escabeau, le plie et l'appuie contre le mur avant de sortir du bureau.
Eh bien, c'était rapide.
J'attends de m'assurer qu'il ne reviendra pas, puis je me précipite vers le bureau. Je fouille les tiroirs, mais il n'y a que des papiers et des gribouillages de notes. Rien de valeur.
Je me dirige vers le meuble de rangement, j'ouvre d'un coup sec un tiroir, puis le second.
Jackpot !
Dans une pochette en papier kraft se trouvent plusieurs milliers de dollars. L'argent est impeccable et emballé comme s'il avait été récupéré à la banque. Je dépose plusieurs liasses de billets dans mon sac et le referme.
Je ferme le tiroir en vitesse au moment où la porte du bureau s'ouvre.
– Nicole ?
Les sourcils de Papa se froncent. Il fait un geste vers la chaise, ignorant ou ne remarquant pas le sac sur mon épaule.
Connaissant Papa, il est probablement en train de l'ignorer. Il a un don pour faire fi des détails.
– Assieds-toi.
C'est un ordre qui sort tout naturellement de sa bouche. Il m'indique le siège vide en face de son bureau.
Je sais que je ne peux pas fuir.
Il a trop d'hommes qui peuvent m'arrêter.
Avec un peu de chance, il ne demandera pas à voir ce qu'il y a dans mon sac à dos. Il y a surtout des vêtements, quelques provisions de base, les clés du pick-up, et maintenant plusieurs milliers de dollars en liquide.
– Le micro est installé et fonctionne. Je n'ai pas pu finir de mettre une caméra en place, dit Halsey au téléphone. Une jeune fille est entrée et a presque ruiné l'opération.
Il vient de quitter leur propriété.
– Une autre chose, patron. Gino et ses hommes se disputaient à propos de votre 4x4. Je suis passé devant en arrivant là-bas.
– Mon 4x4 ? j'essaie de ne pas avoir l'air trop surpris. Il est où, bordel ?
Tant pis. Je ne peux pas arrêter la colère qui monte en moi, comme un lion en cage prêt à s'échapper.
Halsey s'arrête une seconde avant de répondre à ma question.
– Vous l'avez garé juste à côté du portail, à environ deux kilomètres au sud, dit-il sans connaître la vérité.
– Bien sûr, en effet, je marmonne.
Mais à quoi pensait Nicole ? Essayait-elle de me faire tuer ? Les DeLuca pensaient-ils que je surveillais leur propriété ?
Halsey a de la chance de ne pas être mort.
Je termine l'appel avec le jeune capo et fais signe à Moreno de se dépêcher. Je ne suis pas doué pour la patience ou l'attente.
Moreno sort la surveillance audio. Je ne m'attends pas à grand-chose, mais on écoute.
– Je suis fatigué de tes jeux égoïstes et de ton attitude, Nicole. Tu es exactement comme ta mère, dit Gino. Son ton est ferme et rempli de mécontentement.
– On a fini ? demande Nicole.
Je souris au son de sa voix.
Je ne devrais pas. Je devrais être en colère contre elle pour m'avoir volé, mais c'est un problème à régler un autre jour.
– Pas du tout. J'étais sérieux à propos du mariage arrangé. Ce n'est pas un choix, Nicole. Tu es ma fille, et je te marierai à l'homme que je jugerai acceptable.
– Je ne suis pas un prix à gagner à la foire, dit Nicole. Je m'en vais et tu ne peux pas m'en empêcher.
Le silence emplit le vide.
Je jette un coup d'œil à Moreno.
– J'aurais vraiment aimé avoir la vidéo.
C'est probablement la partie égoïste de moi qui veut revoir Nicole. Mais je peux encore la voir, la sentir blottie fermement contre ma bite.
Elle était serrée, comme une vierge, avec ce tout petit trou que j'ai baisé.
Mon Dieu, j'ai envie d'elle.
Intérieurement, je gémis et je me précipite vers mon bureau. J'ai besoin de quelques minutes. De silence. Un moment pour moi.
J'ai toujours mon téléphone à la main, et Moreno a installé le programme pour que je puisse entendre Gino à tout moment quand il est dans son bureau.
Je le laisse allumé, attendant de voir si Nicole revient en trombe pour avoir le dernier mot.
Ça semble être son genre.
– Ferme la porte, dit Gino.
Je ne sais pas à qui il parle, mais l'autorité dans sa voix est impérieuse.
– Ma fille est un problème qui doit être réglé.
Ça pique ma curiosité et mon intérêt.
Elle est un problème. Mon problème.
Je ne sais pas quel est le problème de Gino avec Nicole. Bien que je n'aime pas l'idée que quelqu'un choisisse l'époux de quelqu'un d'autre, je comprends cette notion. Notre famille a fait des mariages arrangés pendant des siècles. C'est notre façon de faire.
Le mariage de mon père était un arrangement entre familles. Ils semblaient tous les deux heureux. La plupart du temps.
– Oui, patron, dit une voix masculine. Elle est rauque et épaisse. Pas le moins du monde jeune ou nouvelle. Il parle avec autorité, comme s'il était à l'aise avec Gino.
Je sais que ce n'est pas Vance, le second de Gino. Je reconnaîtrais sa voix les yeux fermés.
– Nicole va s'enfuir. Elle est en colère contre moi, et je ne vais pas l'arrêter. Elle m'a volé plusieurs milliers de dollars. Je veux qu'elle soit capturée par notre opération. Nos hommes ne doivent pas savoir qu'elle est ma fille.
– Mais, monsieur
– Non ! La voix de Gino beugle. C'est pour son propre bien. Elle doit découvrir ce que c'est que d'être vendue à un monstre.
Mon sang bouillonne. La pièce est chaude comme un sauna, et de la sueur coule de mon front. Je l'essuie.
Je défais les trois premiers boutons de ma chemise et j'envoie mon poing contre le mur. Mes articulations brûlent et mon poing picote, mais cela ne fait rien pour atténuer la douleur dans ma poitrine.
Gino est le monstre, et Nicole n'a aucune idée de ce qui l'attend.
Je jette le sac à dos sur mon épaule, enfile ma paire de baskets bleu ciel préférée et me dirige vers la porte d'entrée.
Papa n'a même pas regardé dans ma direction.
Il ne se soucie pas que je fuie. Je ne suis qu'une gêne pour lui.
Dehors, le soleil est aveuglant et chaud. Je passe devant les gardes sur la pelouse pour atteindre le portail.
– Vous avez besoin d'un chauffeur ? me demande un des gardes.
– Non, c'est bon. Je vais marcher.
J'ai bien l'intention de sortir les clés du 4x4 une fois que j'aurai passé le portail et que je serai hors de vue.
Le portail s'ouvre en grinçant dans un bruit strident qui me donne des frissons. Je l'ignore.
Il y a plus d'hommes qui montent la garde que d'habitude.
Papa était en colère ce matin. S'inquiétait-il que nous soyons en plein milieu d'une autre guerre de territoire ? J'avais entendu des bribes de conversation et je ne suis pas idiote.
Papa et les Ricci ne s'entendent pas. Ils ne se sont jamais entendus. Et ne s'entendront jamais.
Je passe le portail ouvert. Je remercie les gardes d'un signe de tête et je regarde le virage de la route principale. C'est là que j'ai garé le pick-up.
Il n'était pas hors de vue. Il était tard quand je suis rentrée, mais je doute que quelqu'un y ait prêté attention. Les voitures tombent en panne tout le temps, et elle était juste avant la route privée qui mène à la maison.
J'atteins le 4x4 et laisse tomber mon sac sur le sol. J'ai besoin de mes clés, et je ne les ai pas sous la main.
Enfin, les clés de Daniel. Je m'accroupis et ouvre la fermeture du sac à dos. Mes doigts examinent le contenu, écartant d'abord les liasses de billets, puis fouillant dans mes vêtements.
J'aurais dû laisser les clés dans la poche extérieure. Ça aurait été intelligent, mais je n'ai pas réfléchi ce matin.
Papa me rend toujours nerveuse.
Mes mains tremblent. J'expire lourdement et me retourne juste au moment où je sens un sac passer sur ma tête et mes mains être bloquées dans mon dos.
Des menottes s'enfoncent dans ma chair.
Il ne s'identifie pas. Ce n'est pas un officier de police.
– Qui êtes-vous ? Ma question reste sans réponse.
Des bras puissants me soulèvent, et le vrombissement du moteur d'un autre véhicule se fait entendre.
– Laissez-moi partir ! Je me tortille et crie, faisant de mon mieux pour me débattre, mais mes bras sont bien attachés derrière moi, et je n'ai aucune chance sans un peu d'aide.
– Vous savez qui je suis ? Vous ne pouvez pas faire ça ! Je suis Nicole DeLuca. Mon père va vous tuer ! crié-je aux hommes qui me kidnappent.
Ils me poussent à l'arrière d'un véhicule. Il semble plus près du sol.
Je ne suis pas dans le pick-up que j'avais volé.
Où m'emmenaient-ils ?
Ils ignorent mes suppliques, mes cris, mes appels à l'aide.
C'est parce que j'ai volé le 4x4 de ce mec canon hier soir ? Est-ce qu'il me donnait une leçon ?
Des bras forts se rapprochent. Je ne vois pas grand-chose d'autre que de la lumière et des ombres à travers le capuchon sombre.
Des mains soulèvent légèrement le capuchon autour de mon cou. Sont-elles en train de l'enlever ?
Au lieu de cela, je sens le cuir froid d'un collier, et la boucle est serrée - des dents en métal s'enfoncent dans mon cou.
Je grimace et gémis à cause de l'inconfort.
– Tais-toi ! me souffle une voix épaisse.
Une décharge d'électricité me frappe.
Je tremble. Je tressaille. Je convulse.
Je ne sais pas si j'ai été électrocuté par le collier ou par un taser. Y a-t-il une différence ?
Le courant s'arrête, mais mon corps brûle toujours et me fait souffrir. Mon cou est douloureux. Ma gorge me fait mal jusqu’à l'intérieur de ma bouche.
Je ne me défends pas.
Je baisse la tête. Je suis une lâche et je cède à ces hommes. Tout ce qu'ils veulent, je le leur donnerai.
Tout pour ne plus jamais sentir cette brûlure palpitante dans mon corps.
– Tu n'envisages pas sérieusement de t'impliquer ?
Moreno est debout, les bras croisés.
Il ne semble pas le moins du monde amusé.
– De la façon dont je le vois, dit Moreno, ça résout un problème.
Je secoue la tête.
– Non.
Je suis peut-être un monstre, mais j'ai une conscience. Je ne vends pas de femmes ni d'enfants. J'ai passé plusieurs mois à la tête de la famille Ricci à travailler pour détruire les DeLuca.
La méthode la plus simple est de s'attaquer à leur trafic d'êtres humains.
Mes motivations ne sont pas entièrement désintéressées.
Je veux détruire Gino.
Je ne sais pas ce que je ferai de Nicole si je pose les yeux sur elle. Je n'arrive pas à comprendre comment gérer ce problème.
Je suis trop investi émotionnellement.
Moreno le voit aussi. Il me connaît presque aussi bien que je me connais moi-même.
Ce serait risqué, de débarquer - peut-être en mission suicide - pour sauver une fille qui m'a volé.
– J'ai des contacts. Mais vous êtes peut-être mieux équipé pour trouver l'adresse de la vente aux enchères, dit Moreno.
J'ai coupé des ponts.
Je ne peux pas juste appeler un ancien collègue, un associé qui travaille maintenant pour l'ennemi. Il est autant un flic pour moi qu'un agent de sécurité privé.
Je ravale ma bile à l'idée de m'associer à Jayden Scott.
– Il travaille pour la Tactique de l’Aigle, je dis, et mes lèvres supérieures se retroussent de dégoût. Ces hommes ont fait tomber Angelo DeLuca quand Angelo était Don.
Dans un sens, ils m'ont fait une faveur. Cela a aussi conduit à ma décision d'exécuter Enzo. C'était lui ou moi.
Il aurait rejeté toute son opération de contrebande sur moi.
Je n'allais pas laisser ça arriver. C'est pourquoi j'ai été prudent.
Tactique de l’Aigle s'en est aussi pris à Sergio, le capo d'Angelo. Pour autant que je sache, ils l'ont tué ou peut-être que les filles qu'il avait enlevées l'ont fait. Je ne suis pas sûr et je m'en fous.
Sauf que Sergio n'organise plus la vente aux enchères. Je ne sais pas d'où l'opération sera lancée.
Seulement quand.
C'est toujours à minuit.
* * *
Je ne devrais pas faire ça.
Mais quel autre choix ai-je ?
Je quitte la propriété et me dirige vers les bureaux de Tactique de l’Aigle. Ces gars ne vont pas être contents de me voir.
Je me gare au bout de l'allée et je marche vers le bâtiment. Je sors mon téléphone et j'envoie un SMS à Jayden Scott.
J'ai besoin d'une faveur.
Je n'aime pas faire des faveurs parce que ça veut dire que je lui en devrai une. Mais il devrait être ravi de m'aider. Ces gars de Tactique de l’Aigle sont pratiquement comme les Boy Scouts avec leur code d'honneur et tout ça.
Mon téléphone s'allume avec une réponse.
Va te faire foutre.
Je souris et je ris doucement. Je ne peux pas faire ça, ou plutôt, je ne le ferai pas.
Sors et dis-le-moi en face.
Je ne me tiens pas juste devant la porte. Je suis sur le côté, les bras croisés sur ma poitrine. Je prends le risque qu'il vienne ici avec un pistolet chargé et qu'il me tire dessus.
Nous n'avons pas vraiment été en bons termes ces derniers temps. Enzo a attrapé sa fiancée et l'a livrée aux DeLuca.
Enzo ne m'avait pas beaucoup parlé de la situation, et quand je lui ai dit que j'étais contre, il m'a dit de fermer ma gueule.
Donc, c'est ce que j'ai fait.
Je savais à quoi m'en tenir. Je n'étais pas le patron à l'époque. Maintenant je le suis.
Maintenant, c'est moi qui donne les putains d'ordres.
La porte d'entrée s'ouvre, et Jayden sort. Ses yeux sont crispés, et ses mains sont serrées en poings.
Heureusement, il ne brandit pas d'arme, et s'il en a une, elle est rangée, cachée.
Ça me convient.
Ce n'est pas comme si j'allais où que ce soit sans mon arme fixée à ma hanche et une arme de secours à ma cheville.
Ma police d'assurance.
– Quel culot tu as de venir ici ! Jayden me crie dessus.
Je m'attends à voir des yeux attentifs à la fenêtre, mais c'est trop difficile de voir si quelqu'un nous observe ou non.
– Je sais. Crois-moi. Tu n'es pas le premier à qui je voulais faire appel non plus.
Ce n'est idéal pour aucun de nous deux.
En ce qui me concerne, on l'a trahi, et il nous a doublé. Tout ça devrait être derrière nous. D'une certaine manière, je ne pense pas qu'il ressente ça avec la vapeur qui se dégage de lui.
En fait, je ne suis pas sûr qu'il nous ait trahis. J'ai des soupçons, et il a certainement invité un rat dans notre maison. Ça veut dire que soit il est un connard, soit il est idiot.
Il se jette sur moi, mais j'esquive le premier coup et je lui attrape le bras, le coinçant derrière lui tandis que mon autre bras serre son cou.
– Ça suffit !
La porte d'entrée s'ouvre, et Jaxson Monroe se précipite sur moi.
– Laisse-le partir !
Je jette Jayden sur Jaxson.
– Je ne suis pas là pour me battre.
– On aurait pourtant cru le contraire, dit Jaxson. Ses yeux clignent, et sa lèvre inférieure est serrée, inébranlable. Des tatouages couvrent ses avant-bras. Ce n'est pas une surprise pour un gars qui a servi dans l'armée.
– Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-il.
– Gino DeLuca, ce nom te dit quelque chose ? demandé-je.
Bien sûr, ça lui dit quelque chose. Il serait idiot de ne pas connaître le second de l'homme qu'il a éliminé. Il m'a fait une faveur, en coupant la tête du serpent. Enfin, au sens figuré, bien sûr.
– Je ne nettoie pas ta merde. Quelle que soit la querelle entre les DeLuca et les Ricci, on reste en dehors de ça, dit Jaxson. Il fait signe à Jayden de rentrer dans le bureau.
Jaxson est le chef.
Intéressant.
Je savais que Jayden était nouveau dans l'équipe de sécurité. Il avait travaillé pour moi avant son implication avec ses anciens copains militaires. Je n'aurais jamais dû lui faire confiance, et voilà que je refaisais la même erreur.
– DeLuca continue de trafiquer des femmes. Peut-être des enfants.
Je n'ai aucune preuve qu'il fait du trafic d'enfants, mais je sais que sa fille était impliquée dans cette histoire, et si je peux atteindre Jaxson, tirer sur sa corde sensible et jouer avec ses émotions, alors peut-être qu'il me donnera les informations dont j'ai besoin.
La main droite de Jaxson se transforme en un poing serré à son côté. La gauche passe dans ses cheveux. J'ai déjà vu ce regard chez beaucoup d'hommes, mes hommes même. Il est partagé.
– Qu'est-ce que ça peut te faire ? Vous n'êtes pas tous les mêmes voyous de la mafia ? Jaxson s'approche.
Il n'a pas peur de moi.
Mais il devrait avoir peur.
– Je ne suis pas un saint, mais je ne pense pas que des femmes devraient être contraintes à la servitude sexuelle. Tu n'es pas d'accord avec moi ? demandé-je.
Bien sûr, il est d'accord avec moi. C'est un des bons gars. Ou du moins il prétend l'être. Il a probablement ses démons, comme nous tous.
Personne n'est vraiment un saint.