Elle s’aime le bonheur - Sophie Carré - E-Book

Elle s’aime le bonheur E-Book

Sophie Carre

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Beschreibung

Elle s’aime le bonheur plonge dans le parcours de Léa, une jeune femme qui réorganise son emploi du temps dédié aux personnes âgées à l’hôpital, afin de coacher de jeunes entrepreneurs désireux de réaliser leurs rêves. Elle jongle avec aisance entre sa vie familiale, ses patients, les animaux et les enfants défavorisés, leur offrant une perspective de vie plus positive et inspirante.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Dans un style d’écriture fluide, Sophie Carré allie l’humour, l’amour et la spiritualité dans ses récits sur le développement personnel. Elle s’inspire de ses rencontres pour placer dans ce nouveau roman des mantras et des notes bienveillantes, pour tendre encore un peu plus vers le bonheur. Après son premier roman "Le bonheur se trouve au quatrième étage" et le second "Les bonheurs intérieurs", Sophie nous propose cette troisième suite qui clôture la trilogie du bonheur.

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Sophie Carré

Elle s’aime le bonheur

Roman

© Lys Bleu Éditions – Sophie Carré

ISBN : 979-10-422-2852-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Le bonheur de recevoir une invitation…

Depuis combien de temps n’ai-je pas reçu une invitation ? Même pas une seule. Je ne parle même pas de quelques propositions de soirées, de soupers, de promenades ou même d’accompagner une amie faire des courses : rien !

J’aurais même pris du plaisir à pousser un caddie pour quelqu’un d’autre, à déménager un pote qui vient de se séparer dans la douleur, ou à consoler la copine inconsolable. Mais rien !

Il faut dire que quand on a un bébé de quatre mois, ce n’est pas évident pour les autres de se mettre à notre place.

Je le sais très bien, parce que j’étais comme ça avant. Dès qu’un bébé était présent à un kilomètre à la ronde, je devenais la championne du monde de l’excuse !

Obsolète « j’ai piscine » ou « j’ai poney », j’étais plutôt du genre : « ma grand-mère est morte suite à un saut à l’élastique », « mon chien s’est fait opérer des dents de sagesse » ou « mon père a été arrêté pour trafic d’organes ».

Je ne jette de cailloux à personne, même pas à Pierre, car il est vrai que par respect ou par discrétion, les gens autour de nous se font très… discrets ? Pudiques ? En tout cas, ils se font très rares !

C’est peut-être aussi la peur de se faire séquestrer ou exploiter comme baby-sitter, le temps d’une évasion en tant que couple, ce que je peux comprendre…

Quand notre petite Aurore est née, Alex et moi avions promis que ça n’affecterait pas vraiment nos vies. Elle prendrait le train en marche avec nous et tout serait parfait dans le meilleur des mondes. Où ça ?

Mais étant autour de la quarantaine tous les deux et en sachant très bien que notre fille sera unique, nous voulons aussi profiter un maximum d’elle, et si je suis totalement honnête, c’est aussi nous qui avons pratiquement hiberné ces quatre derniers mois.

J’avoue quand même que mon amie, Nina, est assez présente : seule pour un petit encas, de passage en coup de vent, avec son chien Albator, avec son mari Marc et, quelquefois, avec leurs deux enfants, mais cette dernière proposition est la case que je cocherais en tout dernier, voire pas du tout.

Bien qu’ils soient adorables tous les deux, leur changement de voix fait parfois sursauter ma petite. Je comprends bien qu’ils n’ont pas le choix de muer, mais je préférerais qu’ils le fassent ailleurs.

De plus, je trouve que ça ressemble franchement à un violon mal accordé. Certains animaux perdent leurs poils, d’autres leurs plumes ou leur peau. Mais chez l’humain, on a décidé de faire dans le ridicule, le temps de la mutation.

Soit, je me ravise, je suis un peu dure là, j’aime parfois trop jouer ma drama queen.

C’est vrai que nous sommes invités parfois et c’est plutôt de mon côté que la crainte se fait sentir.

Après analyse, je ne suis pas si exigeante que ça, mais comme dans quelques mois, Aurore va commencer à se déplacer sur les fesses ou à quatre pattes, je demande juste à nos hôtes que les meubles soient surélevés ou au minimum que les coins soient calfeutrés, je leur laisse au moins le choix.

Chez Nina, c’est passé crème, mais elle m’aime beaucoup, c’est mon amie.

Et puis, elle est sa marraine de cœur, donc je crois que si je lui demandais de faire Couvin-Ostende à cloche-pied et sans ravitaillement, elle le ferait. Mais perso, je ne vois pas vraiment l’intérêt… Même si on aime vraiment les moules.

Il y a bien quelques visites occasionnelles chez mon père aussi. Il habite seul, en appartement, depuis plusieurs mois.

En couple avec Fiona, c’est sa première expérience de vie en solitaire et je trouve que ça lui réussit plutôt bien. Je n’aurais pas misé une mirabelle sur lui, à part dans l’eau-de-vie, et pourtant son mental s’est amélioré au quotidien.

De nature pessimiste, il a dû prendre sur lui parfois, mais on peut dire que maintenant, il gère ses journées, avec parfois de petits incidents, mais sans gravité.

Les fonctions grill/micro-ondes du four, ainsi que la gestion de la température de la machine à laver, n’ont maintenant plus de secret pour lui.

Après quelques plastiques fondus sur ses repas ou des chemises sorties de la machine à laver deux tailles en dessous et dans des couleurs improbables, il est blindé maintenant ! Parfois vêtu de rose, mais blindé !

Il nous reçoit souvent avec plaisir ma fille et moi, c’est un vrai bonheur. Il prend son rôle de papy très à cœur. Même si son nouveau statut lui hérisse encore les poils !

Alex nous accompagne rarement. Patron de sa petite entreprise de confection artisanale de bougies naturelles, il consacre beaucoup de temps à la création, mais surtout, il met un point d’honneur à ce que le personnel se sente bien. C’est sa priorité.

Il me répète souvent qu’un cadre de travail agréable et respectueux améliore grandement la qualité des produits et la rentabilité de l’entreprise. Donc, tout le monde y gagne.

J’adore converser avec l’amie de mon père, Fiona, elle est très ouverte à ce que peut nous apporter l’univers.

Ensemble, nous discutons de comment fonctionnent la loi de l’attraction, les synchronicités, le pouvoir des émotions, la pensée positive ou on s’échange des mantras à répéter sans modération. On se prête des livres ou on partage un avis sur nos auteurs préférés comme Virginie Grimaldi, Mélissa Da Costa, Valérie Perrin, Laurent Gounelle et bien d’autres.

Tous ces bons conseils, je les ai notés dans un carnet que j’ai intitulé : « Les bonheurs intérieurs ».

C’est un peu la même chose avec mon amie Nina. C’est elle, entre autres, qui est la grande responsable de mon ouverture d’esprit sur ce que l’univers peut nous apporter quand on est dans la gratitude, et je ne la remercierai jamais assez pour ça et pour toutes ces nouvelles expériences.

Nous avons déjà fait des séances de méditation guidée ensemble, et souvent, ça commence bien, car nous sommes très motivées et concentrées.

Nous sommes chacune dans notre coin, un plaid sur les épaules, entourées de quelques bougies et d’encens. Rien ne peut nous déloger de ce moment de connexion à l’univers…

Mais si par malheur, la voix de l’orateur est un peu trop spéciale ou nasillarde, un accent à couper à l’éplucheur économique mal aiguisé, ou qu’on perçoit une drôle de respiration, un râle pendant les moments de silence, c’est parti, on s’imagine n’importe quoi et on est écroulées de rire.

Et pourtant, on se retient, les yeux fermés, on résiste, mais si une des deux laisse échapper un léger rictus, même un son à peine audible, on peut être certaines qu’on va se payer une belle tranche de rire jusqu’aux larmes.

La méditation sert à entraîner son mental à se libérer ! Et de fait, quand on pouffe de rire comme ça, pas d’inquiétude, plus aucune pensée négative ne traîne par-là, on a tout évacué à coup d’éclat de rire ! C’est que du bonheur.

Dans la famille Aubène, je demande la fille, c’est moi, Léa, quarante et un ans, travaillant au quatrième niveau d’un hôpital, le merveilleux étage des personnes âgées.

Mais pour le moment, je suis à l’arrêt, pour cause de bébé accroché à mes seins.

Ensuite, je demande le père Aubène, retraité, évoluant lentement spirituellement, mais progressant quand même de jour en jour et acceptant difficilement le grade de Papy depuis mi-décembre. Ce changement d’identité l’amuse moyennement.

Et pour terminer, je demande la mère Aubène, vivant à l’étranger depuis plusieurs années, et communiquant avec sa fille par courrier principalement. Avec le père Aubène, elle ne communique plus trop, on peut même dire que les conversations sont légèrement gelées et glaciales depuis des années.

J’apprécie tout particulièrement ce style d’échange avec ma mère, car je peux peser chaque mot que je ressens pour retranscrire de vrais sentiments et les partager avec elle.

Elle était bien sûr au courant de ma grossesse et de la venue de notre petite Aurore et il était convenu qu’elle débarque dans la région pour l’été. Ma mère a besoin de chaleur pour son bien-être.

En ce matin de février, quand on a sonné à la porte, j’ai d’abord sursauté.

Bien que je sois relativement sociable, j’ai rarement de la visite. Je me pose d’ailleurs des questions parfois. Est-ce que je fais peur le matin, sans maquillage ? Ou est-ce que je fais peur tout court ? Suis-je suffisamment agréable quand on me dérange chez moi trop tôt ?

Soit, ces questions resteront en suspens, car là, je dois aller ouvrir.

Et : surprise ! C’est un chauffeur de taxi qui stagne devant ma porte.

Avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, je vois ses yeux exorbités, en découvrant que sous une serviette qui part de mon épaule, il devine la tête d’un bébé de deux mois.

Oui, je sais, l’allaitement debout en ouvrant une porte, ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique, ni de plus esthétique.

Quoiqu’à ce stade, l’esthétisme, on s’en fout un peu, vu qu’en plus, je n’ai pas réservé de taxi ! Et là, moi non plus, je ne vois pas le rapport !

— Oui ?
— Madame Aubène ?
— Mademoiselle Aubène.
— OK, mademoiselle Aubène ?
— Oui, c’est bien moi.
— Je suis venu pour vérifier votre adresse.
— C’est bien ici, merci, au revoir, dis-je en refermant la porte, qui ne se referme pas.
— Mais attendez, je dois vous déposer un « colis ».

Je ne comprends pas trop ce que cet homme a voulu dire avec ses deux doigts en guillemets au-dessus de « colis », affublé d’un grand sourire niais.

— Je n’ai rien commandé, merci.

Re-tentative de fermeture de porte ! Re-pied écrasé !

À croire qu’il a fait un stage chez les Jéhovahs, avec supplément formation spécifique « blocage de porte », car avant que celle-ci ne claque, il avait à nouveau glissé subrepticement son pied dans l’entrebâillure.

— Mais attendez, c’est un « colis » spécial. Est-ce que votre maison est bien chauffée ?
— Mais vous, attendez ! Vous n’avez pas l’impression que vous me dérangez un tout petit peu là ? Vous voulez me vendre des appareils de chauffage ou quoi ?
— Désolé, c’était une petite blague avec ma cliente, elle m’a dit que vous comprendriez !
— Quoi ? Votre cliente ? Quelle cliente ?
— Cette charmante dame !

Et c’est là que le chauffeur de taxi décide quand même d’ôter sa grosse chaussure blindée de mon entrée et de se reculer, pour que je puisse apercevoir… ma mère ?

— Mais non, maman, mais qu’est-ce que tu fais là ? En février en plus ! Rentre vite !
— Ma chérie, je viens juste te saluer, et te dire que j’ai pris une chambre pour la semaine.
— Mais non enfin, remballe ton taxi et rentre, que je te présente au moins ta petite-fille.
— OK, mais je reprends un taxi tout à l’heure, je ne veux pas vous déranger.

Je vais payer ce charmant jeune homme, prendre mon sac et j’arrive.

— Très bien.

Je vois que ce chauffeur et elle rigolent bien, on dirait qu’ils ont monté cette petite blague ensemble depuis des heures, ils kiffent grave !

— Quel charmant jeune homme !
— Je vois ça.
— Ma chérie, ce jeune homme a la moitié de mon âge, mais ça ne m’empêche pas d’être agréable avec lui et d’apprécier une chouette conversation depuis l’aéroport.
— C’est vrai, excuse-moi, je suis si surprise de te voir.
— Ronaldo…
— Qui ?
— Ronaldo, le chauffeur de taxi, ne connaissait pas le phénomène qui me glace depuis tant d’années et qui m’oblige à vivre au chaud.
— Ah oui, ça surprend toujours, en effet.
— Il trouve que c’est pratique comme excuse, pour s’expatrier au soleil !
— C’est un peu vrai.
— Tout à fait, mais je ne tenais plus une minute loin de vous. Froid de février ou pas, il fallait que je voie ma petite-fille.
— Eh bien, je ne me suis pas rendu compte qu’elle avait arrêté de boire. Viens, allons nous asseoir.

Quand j’enlève la serviette qui la recouvre, pour éviter que notre ami Ronaldo ne se rince l’œil, je découvre une Aurore repue, souriante et endormie.

Délicatement, je la place sur mon épaule pour qu’elle puisse se reposer, et éventuellement roter.

C’est chose faite quelques secondes plus tard. On n’aurait d’ailleurs pas pu ignorer ce rot, qui nous fait nous demander, à ma mère et à moi, s’ils n’étaient pas plusieurs là-dedans !

Avec un tympan en moins, on éclate de rire toutes les deux. Enfin, moi j’essaye de rire en sourdine, pour ne pas la réveiller.

Rire en catimini n’est pas chose facile, surtout pour moi !

On baisse instinctivement d’un ton, pour respecter son sommeil.

— Que je suis heureuse d’être là !
— Je me doute, mais je ne comprends pas pourquoi tu ne m’as pas prévenue ?
— Parce que je te connais. Tu aurais tout nettoyé et tout rangé dans la maison, fait les courses, préparé des petits plats et tu aurais essayé de me trouver un logement.
— C’est pas faux. C’est vrai qu’habituellement, je vis dans un souk !
— Je suis là pour apprécier ma petite-fille, et pour te donner un coup de main, si tu le souhaites et quand tu le désires.

Un bébé de deux mois, ce n’est pas rien.

Mais dis-moi, il fait bien calme ici, pas de comité d’accueil… Ne me dis pas que Truc est… ?

— Non non. Il est chez Nina. Elle aussi a recueilli un chien, Albator qui est maintenant le meilleur ami de Truc. Elle le prend en vacances parfois, elle est fan des dog’s party !
— Oh, mon Dieu, j’ai eu si peur. Je sais à quel point tu tiens à ce chien.
— En effet, et j’ai adopté un chat aussi, il s’appelle Astuce. Il doit être caché sous un meuble pour mieux t’observer.
— Comme c’est comique ces choix de noms. Tu es incroyable toi avec tes animaux.
— Ils me font tellement de bien et nous rendent tellement heureux.
— Je sais, et tout se passe bien avec Aurore ? Il ne lui a pas encore mangé un pied ? Mis un coup de patte ?
— Non, jusque-là ça va, ma fille a bien tous ses orteils !
— Pourvu que ça dure !
— Mais j’ai totalement confiance. Ce n’est pas vraiment son truc les orteils !
— Je suis aussi pressée de rencontrer ton futur mari. J’aurais deux ou trois petites choses à lui dire, avant qu’il ne te passe la bague au doigt.
— Mais non quoi !
— Ben quoi ? Il doit exactement savoir à qui il a à faire hein !
— Ah ah ! Mais tu es folle, tu vas lui faire peur.
— Mais non, je vais juste lui dire que, quand tu étais petite, tu mangeais parfois de la terre.
— Même pas vrai !
— Si, c’est vrai. Tu découpais des vers de terre dans ta dînette !
— Mais ça, je ne les mangeais pas ?
— Ah non, juste la terre.
— Ah ben, ça va, alors ! Et puis, c’est mignon, un ver de terre, quand on a trois ans… Quoi d’autre ?
— Tu avais rasé la tête de ton chien aussi.
— Ça, je m’en souviens.
— Pauvre Sushi, une crête rasée au milieu et des poils hirsutes sur les côtés, on aurait dit la coiffure du chanteur « M ».
— Et quoi d’autre ? Histoire que je le prévienne des casseroles que tu vas lui sortir.
— On peut parler là d’une batterie de cuisine…

On avait remplacé le sol de ta chambre par un magnifique tapis blanc tout moelleux, quand tu as eu l’âge de pouvoir jouer seule dans ta chambre.

Tu en as profité pour y dessiner une esquisse d’un mètre de diamètre qui aurait pu rendre jaloux René Magritte !

— Oups ! Ça par contre, je ne m’en souviens pas du tout. Et comment avez-vous réagi ? Mal, je suppose ?
— Différemment !
— Comment ça ?
— Eh bien, pour ma part, j’ai trouvé ça très joliment fait, très artistique, avec une pointe de talent même. Et puis, à la réflexion, c’était ta chambre, si tu te sentais bien avec cette « œuvre » sous tes pieds, c’était le principal pour moi.
— Je trouve ça très juste.
— Tu y repenseras quand ta fille te fera une belle déco murale en craboutchas.
— Je me doute. Et papa ?
— Doit-on vraiment se rappeler sa stupéfaction d’abord, son grondement ensuite pour poursuivre par des cris ?
— J’ai pris cher, je suppose ?
— Non, moi j’ai pris cher !
— Parce que tu m’avais laissée sans surveillance ?
— Non, parce que j’étais morte de rire et qu’il n’a pas apprécié du tout !
— Ah oui, je reconnais bien là son côté…
— Coincé ?
— C’est ça.
— Ou limité, mais dans le sens enfermé dans ses convictions et principes, ne pensant pas une seconde au plaisir que tu as dû ressentir quand tu as réalisé ce dessin.

Est-il toujours comme ça ?

— Ça va mieux, sa compagne et moi y travaillons.
— C’est chouette, je suis heureuse pour lui. Et ton boulot ? Toujours le pied avec tes petits vieux ?
— En effet, mais dès que j’ai terminé mon repos d’allaitement, je reprends seulement à mi-temps.
— Ah bon, c’est chouette ça. Pour t’occuper de ta fille ?
— Entre autres, mais aussi parce que je voudrais faire un travail complémentaire à la maison, en tant que coach de vie.
— Mais c’est génial ça ! Quand on cherche le mot « empathie » dans le dictionnaire, on trouve ton nom à côté.
— C’est super gentil, ma chère mère, mais tu exagères un peu, je crois.
— Mais non, pas du tout, tu as tout à fait la capacité d’être en relation avec les gens et de te connecter à eux pour les inspirer et les conseiller. Tu commences quand ?
— En juillet, mon congé se termine. J’ai mis bout à bout tous les congés possibles que j’avais pour tenir jusque-là.

Mon directeur a eu un peu de mal à accepter ma demande, mais me donne quand même mon mi-temps. C’est ma collègue Aline qui va reprendre l’autre mi-temps comme responsable du quatrième étage.

— Mais attends, Aline, ce n’est pas celle qui est tête en l’air ?
— Si, un peu, mais je pense que lui donner ce chalenge va la responsabiliser.
— C’est un risque quand même ? Ce n’est pas l’écrevisse la plus oxygénée de la rivière, il me semble.
— Maman !
— Ben quoi ? Je dis ce que je pense.
— Et moi, je pense que ça va aller, j’ai confiance en elle, et puis je la dirige déjà maintenant, elle sera prête en juillet.
— Ah bon, je vois que tu as déjà commencé tes séances de coaching !
— C’est pas faux…
— Et le mariage ? Dis-moi que vous faites ça en été ?
— Probablement septembre ou octobre, mais c’est à confirmer.
— Tu es certaine que tu veux vraiment te marier ?
— Maman !
— Ben quoi, je connais juste très bien ma fille. Tu as tenu ce discours pendant tellement d’années sur le célibat, l’indépendance, la liberté, le non-engagement, etc., que je suis en droit de me poser la question… Il t’a menacée, torturée, ou privée de nourriture pour que tu dises oui ?
— Ah ah ! Mais non ! Mais il est vrai qu’Alex est arrivé dans ma vie comme une évidence et que ça a un peu changé mes préjugés sur le mariage.
— Ne me dis pas que tout est facile et parfait avec lui ?
— Eh bien si, plus ou moins, on peut dire que nous avons beaucoup de chance d’être autant connectés. Je ne garantis pas que nous soyons des flammes jumelles, mais j’ai envie de croire à des âmes sœurs.
— Génial, je suis très heureuse pour toi.
— Merci. Tu vas dormir ici ?
— Hors de question d’être réveillée toutes les trois heures par un bébé affamé, non, mais ! Je vais plutôt appeler un taxi et on se revoit demain de toute façon, en pleine forme. Je te laisse te reposer, tu vas déjà devoir donner à boire à Aurore à mon avis.

À propos d’Aurore, tu vas au cimetière parfois ?

— Oui, mais je n’ai pas besoin d’y être pour penser à elle.
— On a rarement une connexion aussi forte avec une personne, comme tu as eu avec cette patiente.
— C’est vrai, elle me manque souvent, mais elle est là, je pense que c’est mon ange gardien, je sais qu’elle veille sur nous et qu’elle me guide.
— D’y croire fortement est une belle conviction. Tant que ça te fait du bien, c’est le principal. Gratitude à la vie d’avoir mis cette sage dame sur ton chemin.
— C’est vrai…
— À demain, merci pour cette chouette conversation. Ta fille est merveilleuse.
— Tu peux le dire, elle n’a fait que dormir. Attends d’entendre ses vocalises associées aux hurlements de Truc et tu apprécieras moins.
— J’ai hâte. À demain, je t’aime…

Chapitre 2

Le débarquement imprévu de ma mère tombe à pic.

Même si je suis en congé de maternité, je vais encore régulièrement à l’hôpital pour prendre des nouvelles de nos patients, mais aussi pour faire la gestion d’un planning d’activités, que j’exerce en tant que bénévole.

Grâce à l’héritage d’un de nos patients, Alfred Gabelet, nous bénéficions d’une petite salle située entre l’hôpital et l’école.

Elle permet, entre autres, de mettre en relation les patients du quatrième étage, et les enfants du pensionnat et de l’école d’à côté.

Nous avons déjà fait l’expérience auparavant, les mercredis après-midi ou les week-ends, et cette connexion entre ces deux générations est super bénéfique pour tout le monde.

Habituellement, je viens à l’hôpital avec Aurore, que je n’ai aucune difficulté à caser, tellement mes collègues sont tous fous d’elle.

Mais aujourd’hui, c’est un peu spécial, car je suis là pour tout l’après-midi et j’ai préféré confier ma petite fille à sa Yaya, comme le disent les Grecs.

Ma mère se fera un plaisir de la cajoler pendant ces quelques heures, surtout qu’elle repart déjà vers le soleil à la fin de la semaine.

Pour ma part, je passe en mode carnaval !

J’avais mis un message sur les réseaux sociaux, pour faire un appel aux dons pour des déguisements, des chapeaux, des boas, du maquillage, etc. Tout ce qui s’apparente au carnaval, sauf des confettis !

Ça non, je refuse, même pas en rêve que je vais nettoyer la salle après la fête, avec les confettis tout collés partout, que les plus petits vont transporter jusque dans le parking, et que les plus grands emmèneront jusque dans leur chambre, avec leur chaise roulante ou leur canne. Surtout qu’on n’est pas à l’abri d’une glissade de canne sur confettis mouillés : confettis 1/résident 0, à coup sûr !

Des serpentins, à la limite, je veux encore bien, mais le premier qui franchit la porte avec un sac de confettis, je l’épingle au mur jusqu’au soir ! Ou je lui verse le paquet entier dans son slip, pour qu’il comprenne à quel point c’est désagréable !

Et je ne parle même pas du bonheur de voir des confettis dériver dans le cacao, pour finir leur vie collés dans le fond de la gorge.

Cette sentence sera exclusivement attribuée aux enfants, bien entendu, car j’ai une totale confiance en mes résidents. Quoique…

Quand j’arrive à l’hôpital, trois sacs de vêtements m’attendent avec de quoi tenir tout un après-midi d’amusement. Quel bonheur cette solidarité ! Je suis vraiment émue !

Aline, ma collègue, vient me donner un coup de main pour faire un premier tri.

D’abord, séparer les affaires pour les adultes et pour les enfants. J’irai directement mettre les plus petits vêtements dans la salle, étalés sur une table, pour que les enfants puissent choisir à leur arrivée.

— Aline, pourquoi mets-tu cette blouse à paillettes sur ce tas ?
— Eh bien, parce que c’est une chemisette pour dame.
— Ah bon ? Pas sûr…
— Ben si, regarde, c’est flagrant !
— Eh bien, je te mets au défi de l’enfiler.
— Avec plaisir, attends, je passe mes mains, attends, hein…
— J’attends…
— C’est un peu étroit, mais ça va passer, je crois…
— Honnêtement, moi, je ne crois pas.

Veux-tu que je t’appelle un homme d’entretien avec un pied de biche pour te dégager de cette robe pour fillette ?

— Mais pas du tout ! À part s’il est canon !
— Ah oui, toujours célibataire ?
— Oui, célibataire, mais en recherche active !
— Ah bon ?

Tu t’en sors ?

— Oui oui, OK, c’est une robe pour… fillette, peut-être…
— Un coup de main ?
— Je veux bien.
— Plie-toi en deux et tends les mains vers moi, je remonte le tout, doucement, histoire de ne pas embarquer ton soutien-gorge avec la robe ! Ah ah !
— Ça va passer, si je me dandine comme une chenille.
— Et donc, tu recherches activement un homme, mais où ça ?
— Je me suis inscrite sur un site de rencontre.
— Et ça marche ?
— Pas fort pour les rencontres, mais je dois dire que je rigole bien. Tu veux que je te montre ?
— Seulement si on rigole, mais qu’on ne se moque pas ?
— Évidemment ! Regarde.

Alors, si lui, il est pilote de chasse, ma grand-mère, elle fait du vélo !

— Et elle fait du vélo ta grand-mère ?
— Non, elle est morte.
— Ah bon. Un autre ?
— Alors celui-ci, je crois qu’il parle plus l’ouzbek que le français, mais il ne le sait pas.
— En effet, je ne suis pas contre une faute d’orthographe qui passe outre, mais là, le début de son message est franchement illisible. Par contre, il t’offre une maison, si tu lui dis oui !
— Ooooh, c’est dommage, j’ai déjà ma maison… Tu crois que c’est parce qu’il louche, qu’il écrit comme ça ?
— Je ne sais pas trop… Ou alors c’est à cause de sa mèche blonde juste devant ses yeux…

Le suivant ?

— Alors Johnny, il se prend en photo en slip, mais il cache sa tête, j’ai pas compris…
— Moi j’ai compris.
— Ah oui ?
— Next…

Mais c’est fou l’utilisation des filtres, c’est abusé, regarde celui-là, il est tout déformé et il fait genre ! On dirait un personnage de dessin animé avec sa face en plastique et il croit qu’il va matcher comme ça ? Un autre peut-être ?

— Celui-ci, il est marathonien, qu’il dit…
— Entre deux clopes, probablement…
— Oui, une dans chaque main !
— Tu dis ça pour ses doigts jaunes ou pour ses dents brunes ?
— Celui-là, il a fait une photo avec sa maman ! Tu crois qu’ils fournissent le package avec la mère qui fait la vaisselle, le ménage et tout ça ?
— Je n’espère pas pour toi ! La vache, c’est du lourd, hein !
— Ah, le suivant, Octave, il confirme que « son praufile es vraie », ah ben je ne vois pas pourquoi il mentirait le gars hein !

Il dit aussi qu’il est très.

— Très ? C’est tout ? Il ne termine pas sa phrase ?
— Non non, je dois deviner probablement ! C’est pratique, comme ça, je choisis l’adjectif que je veux.
— Je crois que tu vas devoir trouver une autre manière de faire des rencontres !
— Mais parfois, ça va… Mais pas souvent, j’avoue.

En fait, si j’enlève celui qui met une bagnole en photo de profil, au cas où j’aurais envie de fricoter avec un radiateur, celui qui place exclusivement ses enfants en avant, celui qui présente de beaux paysages, mais qui s’oublie sur les photos, ou celui qui porte un chapeau, des lunettes de soleil et qui est à moitié de dos, alors on peut dire que ça va.

— C’est ça, regarde le suivant.

Voilà Georgi le King, le petit dernier pour la route, qui prend sa photo en contre-plongée et on voit que son nez n’est pas très propre. Tu crois que ce sont de fausses dents ?

— Je ne pense pas non, sinon, il peut attaquer son dentiste au tribunal, il gagne à tous les coups !
— Courage, ma belle, courage.

On aurait peut-être dû appeler l’homme d’entretien finalement, il n’est pas mal, je crois. Lui aussi est très. Ah ah !

— Ah oui ? Et si je me coinçais à nouveau dans cette petite nuisette ?
— Aline… Même pas en rêve.
— Ben quoi ?
— On se remet à trier ?
— D’accord !
— C’est génial, tu as vu tous ces chapeaux ?
— Terrible !
— Pour nos résidents en chaise roulante, on se limitera à un loup ou à un boa, une chemise à enfiler grand max.
— OK. Est-ce que monsieur Guillot est de la partie ?
— Victor, je suppose, il rate rarement un événement, comme son voisin de chambre d’ailleurs, monsieur Dupont.
— J’espère qu’il ne va pas encore faire d’absences. Ça allait mieux ces derniers temps, je pense.
— Oui, c’est vrai. On a beaucoup de chance que monsieur Dupont veille sur lui.
— C’est quand même dingue qu’un directeur d’hôpital accepte cette situation, je trouve…
— Voilà le tri terminé, on peut commencer à descendre les résidents.

Les enfants arrivent pour quatorze heures.

— Tu as vu le nouveau résident ?
— Non, j’ai juste vu sur la feuille des entrées que c’était monsieur Milo Catini et qu’il était dans la chambre 402…
— Oui, la chambre qu’occupait madame Aurore.
— Je sais, il faut bien que cette chambre continue de faire des heureux.
— C’est vrai, c’est bien dit, ça ne peut être que quelqu’un de bien.
— Mais la prochaine entrée, il faut vraiment que ce soit une femme, si on ne veut pas être cernées exclusivement par des hommes. Le suivant, on refuse et on sélectionne.
— On peut faire ça ?
— Ben non va Aline, voyons… Tu sais que tu me fais peur parfois.
— Moi aussi !
— C’est rassurant !

Finalement, ma mère a peut-être raison. Laisser les commandes du quatrième de l’hôpital à mi-temps à Aline est peut-être une erreur.

Parfois, je me pose des questions sur son manque de logique, mais quelquefois, c’est de l’humour, je ne distingue pas toujours…

De toute façon, jusqu’à juillet, c’est toujours Jasmine qui gère l’étage. Ça me laisse de la marge pour y réfléchir.

Et c’est quand même mon directeur qui aura le dernier mot.

Le premier à choisir son déguisement, c’est Victor. Il trouve que le nez rouge lui va bien, ainsi que la perruque multicolore crollée.

— Merveilleux Victor, ça vous va rudement bien le déguisement de clown.
— Ah ben, je ne suis pas un clown, je suis Yvette Horner !
— Yv… En effet, en effet, ça m’a échappé, c’est tout à fait ressemblant !
— Merci, je trouve aussi. Les enfants arrivent à quelle heure ?
— Ils ne devraient plus tarder. Vous êtes impatient ?
— En effet, je sens déjà l’odeur du chocolat chaud.
— Bien vu !
— Je n’ai parfois plus toute ma tête, mais j’ai encore du pif ! Ah ah !
— Tout juste !
— Il me manque juste un accessoire, vous auriez ça ?
— Un accordéon, je présume ?
— Pourquoi un accordéon ?
— Eh bien, pour ressembler à Yvette !
— Quelle Yvette ?
— Horner !
— Je ne connais pas. C’est une amie à vous ? Une collègue ? Une nouvelle infirmière peut-être ?
— Heu non…
— Ah OK, vous semblez à côté de vos pompes aujourd’hui ma chère Léa, et c’est le clown que je suis qui vous le dit !
— Ah oui, juste, je vous laisse, monsieur Guillot, je vais accueillir les enfants.
— Quels enfants ? Viennent-ils en ambulance ?

Je vois Aline à l’autre bout de la salle, je me précipite pour la prévenir.

— Aline, décrochage de Victor Guillot à midi ! À surveiller de très près.
— Ben non, il est quatorze heures.
— Aline, c’est pour te le situer, à midi ! Devant toi !
— OK. Très bien, à midi… mais il est quatorze heures quand même !
— Mais vous vous êtes passé le mot ou quoi ? C’est une caméra cachée ou ça se passe comment ?
— Juste, à propos de caméra, est-ce qu’Alex vient filmer l’après-midi, comme la fois passée ?
— Oui, il arrive justement ! Ouf !

Je me précipite vers lui comme mon sauveur.

— Que ça me fait du bien de te voir, c’est le foutoir ici !
— Moi aussi je suis heureux de te voir, ma chérie. Tu me sembles, quelque peu, comme qui dirait, nerveuse ?
— Tu as raison, faut que je me calme, mais rien ne va ici.
— Attends un peu, prends du recul et vois comment ça se passe…

Oui, en effet, les enfants crient, tous les costumes sont retournés, mais le temps que les gosses choisissent et j’irai ranger, t’inquiète.

Regarde, Jasmine, Philippe et Aline ont terminé de déguiser les résidents.

Et ton « décrocheur » de Victor est sous la surveillance de monsieur Dupont, tout roule, tu vois ?

— Oui, c’est vrai, je me suis emballée et finalement, quand je lâche prise, tout va tout seul.
— Et tu es bien entourée donc tu dois apprendre à déléguer, à faire confiance. Ce que tu ne fais pas, les autres le feront.

De plus, tu es encore en repos, je te signale, c’est seulement ta première grosse activité depuis l’arrivée d’Aurore, c’est normal que tu stresses.

— Et je sens déjà la fatigue alors que ça n’a pas encore commencé.
— Pour te rassurer, je suis passé à la maison, et ta mère gère comme une cheffe !
— Ah oui, zut, je n’ai même pas pensé à l’appeler.
— Je pense que si elle avait eu besoin, elle se serait manifestée.
— Oui, c’est vrai, merci pour ta bienveillance et ton soutien.
— Avec plaisir. Allez, caméra en route ! C’est parti ! On monte le son ! Youhouuu !

Et d’un coup, les enfants arrêtent de crier et se mettent à chanter, à tourner autour des résidents pour faire une farandole.

Je vois que Victor a trouvé de grosses lunettes, il se sera finalement déclaré clown pour l’après-midi. Je l’espère, plus de décrochage aujourd’hui, ce serait cool.

— Tiens, mon cher monsieur Harold Sangène, comment allez-vous ? Je suis heureuse de vous voir ici, en pirate.
— Vous n’auriez pas dit ça il y a quelques mois.
— Vous exagérez, j’ai bien eu un peu de mal à comprendre votre humour sans-gêne, mais…
— D’ailleurs, vous n’êtes pas déguisée en masseuse ?
— Ah ah, très drôle !

Non, je dirais même que c’est intéressant d’avoir un patient plus jeune que la majorité, à notre étage. Vous restez chez nous j’espère ?

— Tant qu’il n’y a pas de place disponible pour moi en psychiatrie, je reste dans la chambre 412 !
— C’est une bonne chose. Les enfants du pensionnat adorent votre participation aux activités, surtout les filles, je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs…
— Aaah ! Vous voyez, vous aussi vous pouvez avoir un tout petit peu d’humour, parfois !
— Ah ah ! Je suis morte de rire ! Je me gausse, je ne sais pas si je vais m’en remettre !

Non, mais sérieux, je voulais vous dire, malgré votre burn out, vous êtes très positif en leur présence, et ça fait plaisir à voir.

— C’est incroyable comme ces gosses me font du bien. C’est mon antidépresseur naturel de voir tous ces sourires !
— Je suis d’accord avec vous, pour une fois ! Allez, je vous laisse cher pirate, je vais…
— Allez vous déguiser moussaillon, c’est un ordre !
— Oui, c’est vrai, je n’y ai même pas pensé. Merci…

En m’approchant de la table, je vois une belle perruque blonde, c’est tout à fait pour moi ça ! J’attrape une longue robe style Nellie Oleson, très large, que je pourrai aisément passer sur mes vêtements, et l’affaire est faite.

Même Alex ne m’a pas reconnue tout de suite, quand j’ai passé ma main subtilement sur ses fesses. Il a sursauté, puis écarquillé les yeux puis éclaté de rire. Sympa !

— Rassure-moi, bien que le blond t’aille à ravir, promets-moi que tu resteras brune ?
— Je ne sais pas trop, à voir… Tu n’as jamais fantasmé sur une belle Marilyn ?
— Heu non, pas trop, Marilyn Manson, ce n’est pas trop mon truc !
— Ah ah, en effet, là on est un peu plus dans le dark !Mais ça me va aussi ! Je me demande s’il n’y a pas un fouet et des menottes dans les déguisements… Ça me donne des idées, vivement ce soir…
— Ma chère Léa, c’est acté ! Et j’en ai la preuve, la caméra enregistre toujours.
— Oups ! Eh bien, mission première demain, couper au montage !
— Oui, je préfère. Allez belle blonde, va bosser…

C’est vrai, depuis l’arrivée d’Aurore, nous ne nous accordons plus beaucoup de temps rien que tous les deux. Nina m’a rassurée, c’est normal après un premier enfant, il faut déjà qu’on se remette physiquement, mais aussi mentalement.

La fête bat son plein, le chocolat coule à flots et les chaises roulantes tournoient au centre de la piste, parfois même en wheeling. Pourvu que personne ne soit malade !

Je peine à reconnaître certains résidents, tellement ils sont bien maquillés ou déguisés.

Aline a de nouveau assuré sur ce coup-là. Je suis certaine qu’elle fera une bonne responsable. Elle est jeune et un peu distraite parfois, mais elle assure pour son travail et ça passe super bien avec les résidents.

Et puis, je sais que je peux compter sur Jasmine pour la seconder en cas de besoin. En tant que remplaçante pour différents services de l’hôpital, elle en connaît un rayon sur à peu près tous les étages.

Et avec l’arrivée de Philippe, ce petit nouveau très motivé, je suis tranquille pour assurer un mi-temps à l’hôpital et un mi-temps complémentaire en coaching chez moi. J’ai hâte.

C’est un résident que je ne connais pas qui me sort de mes songes.

— Mademoiselle Aubène ?
— Oui ? Monsieur ?
— Je suis le nouveau patient de la chambre 402.
— Ah oui, monsieur Catini ?
— Milo, c’est bien moi.
— Enchantée. Je vois qu’à peine arrivé, vous faites déjà partie de la troupe des gais lurons ?
— En effet, c’est la meilleure manière de faire connaissance.
— C’est tout à fait vrai !
— Excusez-moi, mais je peux voir vos mains ?
— Mes mains ? Les voici…
— Magnifique !
— Ben non, pas spécialement, je les trouve même assez abîmées.
— C’est bien ce que je dis, magnifique ! Quand vous aurez un peu de temps, passez me voir chambre 402, je vais accomplir des miracles avec vous !
— Ah bon ?
— Je vous laisse, j’ai d’autres mains à voir !

Ah ben, celui-là, on peut dire qu’il m’a clouée sur place.

Super, encore un loufoque dans mon étage, ça promet !

— Comment ça va, Aimé ? Tout roule pour vous ?
— Jusque-là oui, mais Martin va m’apprendre à danser la Macarena, me dit-il, et comme je ne sais pas ce que c’est, j’ai dit oui, mais j’ai peur de le regretter.
— Ne vous inquiétez pas, évitez juste le sursaut à la fin avec le quart de tour et tout ira bien !
— Mais je ne maîtrise rien !
— C’est normal ! Laissez-vous aller ! Et chantez !

Alors Charles, mollo sur le cacao hein, pensez à votre foie !

— Je gère ! Promis, à deux litres, j’arrête !
— Non hein !
— C’est fou comme c’est facile de vous faire marcher. Vous, c’est déjà pas mal, mais alors la petite Aline, c’est plus courir qu’elle fait, elle galope ! Ah ah !
— Ah ah, mdr ! C’est vrai que je suis peut-être un peu naïve, mais c’est ça qui fait mon charme…

Tout va bien, monsieur Gabelet ?

— À merveille ! Mais je ne comprends pas comment vous m’avez reconnu ?Je suis pourtant parfaitement camouflé, sous ce treillis militaire ?
— Certainement ! À vos chaussures peut-être ?
— C’est vrai, ça doit faire au moins dix ans que j’ai les mêmes chaussures. Avant, c’était ma folie, ma femme me disait toujours que j’en avais plus qu’elle. C’était drôle, et c’était vrai !
— Ah oui ?
— Je vous assure. Il faut dire que maintenant, mes pieds ne changent plus, et nous n’usons guère nos chaussures ici.
— Comment ça ! Monsieur Gabelet, désirez-vous user vos chaussures avec moi sur cette danse ?
— Eh bien, ma chère, avec plaisir ! Usons nos godasses ! Ah ah !

Je suis heureuse de voir qu’Alex n’a rien raté de cette scène, ça nous fera des souvenirs à la fête annuelle de l’hôpital, quand on visionnera ça tous ensemble.

NB : ne pas oublier de couper une certaine scène au montage…

Sur la piste de danse, j’aperçois Jacques Dupont qui danse avec la petite Annabelle. Vu d’ici, on dirait plutôt qu’il lui laboure les pieds, mais ça la fait bien rire, avec la complicité de ses amies Hannah et Léonie.

Je peux voir aussi que notre nouveau résident, monsieur Milo Catini, passe de main en main. Je ne pense pas qu’il lise l’avenir, car c’est très bref, mais il semble surprendre les gens qu’il croise. Il faut que j’approfondisse cela dès que possible.

— Léa, tu passes un bon moment ?
— Oui, super Aline. Et toi ?
— Excellent ! Ce carnaval est un vrai succès !
— Je trouve aussi. Ce mélange des générations fait tellement de bien à tout le monde !
— C’est vrai ! Et puis ça change de leurs échanges habituels, lors des cours de rattrapage.
— Ici, ils peuvent vraiment s’amuser. Et nous avons de plus en plus de monde, c’est chouette.
— Tu as vu qu’il y avait une nouvelle entrée prévue bientôt ?
— Ah, non. Qui est-ce ?
— Madame Loiseau, je crois, ou c’est madame Pivert, je ne sais plus, en tout cas, c’est une dame, on en parlait justement.
— Ne me dis pas que tu as sélectionné…
— Ben non, évidemment que non ! Est-ce mon genre ?
— Oui.
— Eh bien, là, non. Son médecin a téléphoné, il hésite encore à l’hospitaliser, car son problème pourrait se régler sans séjour. C’est sa sœur qui l’amènera.
— J’essayerai d’être là, comme ça, nous ferons l’entrée ensemble.
— C’est vrai ? Je pensais que Jasmine allait s’en occuper.
— C’est toi qui seras responsable du quatrième en alternance avec moi, et ce, dès juillet.
— Oui, je sais…
— Tu penses que tu seras prête ?
— Oui, je crois.
— Quand je t’ai parlé de ce poste, je t’ai dit que le doute et la peur allaient diminuer ta confiance en toi, tu te souviens ?
— Oui, mais c’est normal d’avoir un peu peur, non ?
— Bien sûr, mais tu seras encadrée, et je serai toujours là comme responsable principale. Jamais je ne te laisserai tout gérer seule, je serai toujours ta référente.

Au moindre problème, tu pourras toujours me contacter.

— OK.
— Excuse-moi deux secondes.

Louis et Louis, veuillez descendre de cette table tous les deux ! Et je me fous de savoir qui a eu l’idée ! On se demande vraiment qui est l’enfant entre les deux ?

— C’est Louis !
— Merci, Louis, très drôle ! Si vous tenez à votre col du fémur, je préfère vous voir les deux pieds au sol !

Pardon pour cette interruption. Il faut vraiment avoir les yeux partout. De neuf à nonante-neuf ans, de vrais gamins !

Aline, as-tu confiance en toi ?

— Oui…
— C’est un tout petit oui ça, parce que moi j’ai hyper confiance en toi, je sais que tu vas gérer, car je crois en toi.
— C’est vrai ?
— Évidemment, tu crois vraiment que je prendrais le risque de cramer mon étage ?
— C’est au sens figuré ?
— Ben oui. Là par contre, tu me fous les jetons !

Excuse-moi.

Albert, si vous sortez votre sac de confettis, je…

— Vous ?
— Je… je ne sais pas encore, mais je vous promets que je vais improviser une sentence impitoyable !
— Style ?
— Heuu… Plus de dessert pendant trois semaines, par exemple !
— Vous êtes sérieuse ?
— Vous voyez mes yeux là ? Ils disent : « Oh la meuf, elle est on ne peut plus sérieuse ! »
— Vous ne pouvez pas supprimer la douche plutôt ?
— Ah non ! Albert, je compte sur vous pour montrer le bon exemple aux jeunes !
— D’accord…

Et c’est à ce moment-là que tout a basculé…

Tout se passait pourtant si bien, je pensais vraiment maîtriser la situation, et puis…

Quelques gamins se sont mis à scander : Al-bert ! Al-bert ! Al-bert !

Ils nous ont ensuite encerclés, Albert et moi, tout en dansant la farandole.

Lui, sur le point de percer son sac de confettis et moi, pointant vers lui mon index.

Difficile dans ces conditions de garder mon sérieux, surtout en voyant Alex derrière, qui filme la scène, et qui n’attend qu’une chose, l’explosion de confettis ! Le traître !

J’ai l’impression que cette scène dure un temps fou. Mais non finalement, assez rapidement, le sac est éventré et se retrouve en grande partie sur ma tête, sous l’hilarité générale.

Pour le fun, je dois continuer le rôle de la responsable fâchée, mais tout le monde a compris que ce n’était pas si grave et que je marchais dans le jeu. Mais qu’ils étaient quand même tous consignés au nettoyage de la salle, après la fête, jusqu’à exterminer la dernière petite tache de couleur que mes yeux de lynx détecteraient.

Quel bon moment de rire et de fête !

Les plus petits se sont jetés au sol pour récupérer les confettis et les envoyer sur leurs copains ou sur les aînés.

— Pas de confettis donc ?
— Oh, les chameaux, j’en ai jusque dans mes sous-vêtements, je sens déjà que ça gratte !
— Mais qu’est-ce que c’était drôle !
— J’avoue, c’était un bon moment.

Finalement, dès la fin de la fête, je ne dois pas faire le service d’ordre. Mes collègues remontent les résidents dans leur chambre pour le souper et les enfants de l’école, m’aident à balayer les dernières traces d’une fête bien réussie pour tout le monde.

Dès notre retour à la maison, Truc et Astuce me font une inspection complète. Je me laisse faire bien sûr, mais mon envie est partagée entre le fait de profiter de mon chien et de mon chat, et d’aller retrouver ma petite fille.

Je décide donc de m’installer sur un plaid au sol et d’appliquer notre rituel depuis la naissance d’Aurore.

— Truc, couché ! C’est bien. Bon chien. Pas bouger !

Astuce, fais ce que tu veux, comme d’habitude de toute façon, c’est toi le boss, tu n’en feras quand même qu’à ta tête.

Quand Truc est bien calme, je m’assieds avec Aurore posée sur mes cuisses. Truc approche sa tête, et pose son museau sur ses jambes. J’adore ce moment.

— Léa, Aurore a déjà pris son bain.
— Ce n’est pas grave maman, je changerai le pyjama avant le coucher s’il est souillé. Je veux conserver ces moments privilégiés avec mes fauves, tu sais. Je ne veux pas qu’ils se sentent exclus de notre famille, c’est important.
— Oui, c’est vrai. Tu as raison, pour éviter les jalousies.
— Tout s’est bien passé ?
— Oui, elle a bu aux heures prévues. Par contre, elle a peu dormi et a été un peu ronchonne cet aprèm.
— On lui manquait sûrement.
— Je pense. Et vous ? Ça s’est bien passé ?
— Super ! Très bonne ambiance.
— Génial. Et qu’est-ce que je vois dans tes cheveux ? Est-ce que tu n’avais pas dit que les confettis étaient interdits ?
— Si…
— Hum, tu as beaucoup d’autorité sur tes enfants, il me semble ?
— Pire que ça, sur mes petits vieux !
— Mais non ?
— Eh si, c’était cocasse.

Merci d’avoir gardé la petite. Ça m’a fait du bien de décrocher quelques heures aussi. Tu veux qu’on regarde le film ensemble ?

— Ah génial ! Avec plaisir ! Hâte de voir ce foutoir !
— Alex, peux-tu nous passer le film de l’après-midi, s’il te plaît ?
— Heu, non, ça ne va pas être possible…
— Ben pourquoi ?
— Ben, je n’ai pas encore supprimé les rushes, me dit-il avec de grands yeux suggestifs.
— Eh bien, ce n’est pas grave, on en tiendra compte, ne t’inquiète pas.
— Je préfère faire le montage avant.
— Tu as peur qu’on juge ton talent de cinéaste ?
— Oui, c’est ça…
— Attends Alex, c’est à cause de notre scène ?
— Ben, c’est un peu gênant.
— Quelle scène, se demande ma maman ?
— Eh bien en fait, pendant le tournage, Alex et moi avons échangé sur nos projets d’un soir, de reprendre des déguisements, style menottes et fouet.
— J’avais dit que c’était gênant.
— Oh tu sais Alex, il faut bien reprendre votre vie sexuelle le plus rapidement possible, et puis, j’en ai vu d’autres, tu sais, et bien pire qu’une légère conversation. D’ailleurs, une fois, avec le père de Léa…
— Maman, non, ça ne sera pas nécessaire, parce que là, ça va vraiment devenir embarrassant.
— Ah, tu vois, me dit Alex, en dodelinant de la tête.
— Allez, deux votes pour, on regarde le film.
— Très bien, je m’incline…

Chapitre 3

Ça fait maintenant quelques semaines que ma mère est rentrée chez elle, mais nous continuons à échanger notre courrier régulièrement.

Elle me manque parfois, mais depuis qu’on a décelé sa maladie, elle n’a pas d’autre choix que de vivre au soleil.

Nous sommes mi-avril et nous profitons déjà de beaux jours printaniers, même s’il fait encore un peu frais le soir.

Enfin, ça, c’est moi qui le dis, car je trouverais n’importe quelle excuse pour faire une petite flambée en fin de journée.

C’est le seul regret que j’ai, en voyant partir l’hiver : un feu de bois, mon bébé, mon amoureux, mon chien, mon chat, quelques bougies, une musique douce et un bon livre.

Mais cet après-midi, l’heure est plutôt à la balade.

Nina vient chercher Truc et l’emmène avec Albator jusqu’au lac du Ry de Rome à Couvin, comme ça je suis libre d’emmener Aurore et la nouvelle super poussette de compétition, qui finalement, va prendre toute la place dans le coffre !

C’est la seule solution pour partir ensemble. Ou alors, je dois mettre Aurore dans le coffre avec la poussette, et le chien devant, mais bon, ça ne se fait pas, je pense.

J’arrive au lac un peu avant Nina, car sur la route, elle a dû faire la loi entre les deux chiens, m’a-t-elle dit. Truc insistait trop pour conduire à sa place, donc elle a dû remettre les pendules à l’heure en précisant que seul Albator avait le droit d’être devant, à la place du convoyeur !

De toute façon, quand elle arrive pour se garer, je suis encore en train de me battre avec la poussette que nous avons payé un prix de dingue, pour être certains que les manipulations soient rapides et fonctionnelles, et ce, avec une seule main, au cas où, par hasard, l’autre main serait encombrée par un mini-humain !

Je ne pense pas avoir le niveau d’études requis pour l’utilisation de cet engin, que je secoue dans tous les sens, sans me soucier d’avoir l’air d’une dingue auprès des promeneurs.

Une dame, un peu plus âgée que moi, me regarde avec un petit sourire, comme pour me dire : « hé oui, je sais… »

Ben, viens m’aider alors, si tu sais ! C’est de la « non-assistance à personne qui rame grave avec ce système de m… »

— Ça va ? Tu t’en sors ?
— Tout à fait Nina ! Tu le vois bien, je suis en nage et légèrement décoiffée, à force de me battre avec ce truc de m… malheur !
— Léa, là, tu n’as pas vu ? Il y a un petit bouton rouge, où il est écrit « push ».
— Mais bien sûr que je l’ai vu, mais ça m’amuse de faire semblant de tourner autour pour voir si je trouve de nouvelles fonctions, comme un compresseur, un autocuiseur ou un fer à lisser, tu vois ?
— Ah ah ! Je vois, sinon, le bouton rouge libère les deux lanières qui entourent les quatre roues, ce qui permet d’accéder à la poussette…
— Aaaaah, OK ! Mais attends, c’est hydraulique ce truc ?
— Faut pas exagérer, mais ça a été bien pensé, quand on trouve le bouton rouge.
— Je sais, ça a été conçu par une femme et finalisé par un homme ?
— C’est possible…
— Les chiens sont déjà nazes, à force de tourner autour de nous.
— Allez, on y va, ça nous fera du bien, je sens que tu es, je ne sais pas comment dire… un peu énervée… ou légèrement agacée…
— Oui, c’est vrai, il faut que je respire et que je me calme…

Je ferme la voiture et c’est parti pour cinq kilomètres.

— Léa, en résumé, on a fait tout ce chemin, tu t’es battue avec ce siège à roulettes de malheur, pour finalement laisser Aurore dans la voiture ?
— Oh zut, je ne l’ai pas mise dans la poussette !
— Ben oui, on est venues jusque-là, on va la prendre quand même !
— Je suis un peu tête en l’air parfois…

Allez, c’est vraiment parti cette fois…

Houlà Nina, mais c’est quoi ces enjambées de fou ? Tu oublies que je n’ai plus fait d’exercices physiques depuis…

— Justement, et n’utilise pas la poussette pour te reposer, mais pousse-la !
— Oh, mais, oh là, c’est l’armée ici ou quoi ?
— Tu vas voir qu’avec moi, encore deux mois et tu auras perdu tes kilos superflus.
— Moi je veux bien miser sur quatre mois, j’ai le temps. Et puis j’aime bien mes petits kilos en trop. En tout cas, ils ne me dérangent pas.
— Ah oui ? Je pensais que c’était ta phobie ? Désolée, je ne voulais pas te forcer.
—