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George Dandin, une comédie de Molière, est une œuvre incontournable du théâtre français du XVIIe siècle. Publiée en 1668, cette pièce met en scène les déboires d'un riche paysan, George Dandin, qui tente désespérément de s'intégrer dans la haute société.
George Dandin, marié à une jeune et belle aristocrate, Angélique, se retrouve constamment humilié et ridiculisé par sa femme et sa belle-famille. Malgré sa richesse, il est considéré comme un simple roturier et subit les moqueries incessantes de son entourage. Déterminé à faire valoir son statut, George Dandin se lance dans une série de stratagèmes pour prouver sa valeur et obtenir le respect qu'il mérite.
Cette comédie de mœurs met en lumière les conflits de classe et les jeux de pouvoir au sein de la société de l'époque. Molière, avec son style satirique et son humour incisif, dépeint avec finesse les travers de la noblesse et la vanité des privilégiés.
George Dandin est un personnage attachant, maladroit et naïf, qui suscite à la fois la pitié et le rire. À travers ses mésaventures, Molière soulève des questions intemporelles sur l'importance de l'apparence sociale, la quête de reconnaissance et les conséquences de l'ambition démesurée.
Cette pièce, toujours d'actualité, nous invite à réfléchir sur les rapports de pouvoir et les préjugés sociaux qui persistent encore aujourd'hui. George Dandin est un chef-d'œuvre du théâtre comique, où l'ironie et la dérision se mêlent pour nous offrir un spectacle divertissant et profondément humain.
Extrait : " GEORGE DANDIN : Ah! qu'une femme Demoiselle est une étrange affaire, et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus de leur condition, et s'allier, comme j'ai fait, à la maison d'un gentilhomme!..."
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Seitenzahl: 59
Veröffentlichungsjahr: 2015
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GEORGE DANDIN, riche paysan, mari d’Angélique.
ANGÉLIQUE, femme de George Dandin et fille de M. de Sotenville.
M. DE SOTENVILLE, gentilhomme campagnard, père d’Angélique.
Mme DE SOTENVILLE, sa femme.
CLITANDRE, amoureux d’Angélique.
CLAUDINE, suivante d’Angélique.
LUBIN, paysan, servant Clitandre.
COLIN, valet de George Dandin.
La scène est devant la maison de George Dandin.
George Dandin.
Ah ! qu’une femme Demoiselle est une étrange affaire, et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s’élever au-dessus de leur condition, et s’allier, comme j’ai fait, à la maison d’un gentilhomme ! La noblesse de soi est bonne, c’est une chose considérable assurément ; mais elle est accompagnée de tant de mauvaises circonstances, qu’il est très bon de ne s’y point frotter. Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens, et connais le style des nobles lorsqu’ils nous font, nous autres, entrer dans leur famille. L’alliance qu’ils font est petite avec nos personnes : c’est notre bien seul qu’ils épousent, et j’aurais bien mieux fait, tout riche que je suis, de m’allier en bonne et franche paysannerie, que de prendre une femme qui se tient au-dessus de moi, s’offense de porter mon nom, et pense qu’avec tout mon bien je n’ai pas assez acheté la qualité de son mari. George Dandin, George Dandin, vous avez fait une sottise la plus grande du monde. Ma maison m’est effroyable maintenant, et je n’y rentre point sans y trouver quelque chagrin.
George Dandin, Lubin.
Que diantre ce drôle-là vient-il faire chez moi ?
Voilà un homme qui me regarde.
Il ne me connait pas.
Il se doute de quelque chose.
Ouais ! il a grand-peine à saluer.
J’ai peur qu’il n’aille dire qu’il m’a vu sortir de là-dedans.
Bonjour.
Serviteur.
Vous n’êtes pas d’ici, que je crois ?
Non, je n’y suis venu que pour voir la fête de demain.
Eh ! dites-moi un peu, s’il vous plaît, vous venez de là-dedans ?
Chut !
Comment ?
Paix !
Quoi donc ?
Motus ! Il ne faut pas dire que vous m’ayez vu sortir de là.
Pourquoi ?
Mon Dieu ! parce.
Mais encore ?
Doucement. J’ai peur qu’on ne nous écoute.
Point, point.
C’est que je viens de parler à la maîtresse du logis, de la part d’un certain Monsieur qui lui fait les doux yeux, et il ne faut pas qu’on sache cela ? entendez-vous ?
Oui.
Voilà la raison. On m’a enchargé de prendre garde que personne ne me vît, et je vous prie au moins de ne pas dire que vous m’ayez vu.
Je n’ai garde.
Je suis bien aise de faire les choses secrètement comme on m’a recommandé.
C’est bien fait.
Le mari, à ce qu’ils disent, est un jaloux qui ne veut pas qu’on fasse l’amour à sa femme, et il ferait le diable à quatre si cela venait à ses oreilles : vous comprenez bien ?
Fort bien.
Il ne faut pas qu’il sache rien de tout ceci.
Sans doute.
On le veut tromper tout doucement : vous entendez bien ?
Le mieux du monde.
Si vous alliez dire que vous m’avez vu sortir de chez lui, vous gâteriez toute l’affaire : vous comprenez bien ?
Assurément. Eh ! comment nommez-vous celui qui vous a envoyé là-dedans ?
C’est le seigneur de notre pays, Monsieur le vicomte de chose… Foin ! je ne me souviens jamais comment diantre ils baragouinent ce nom-là, Monsieur Cli…. Clitande.
Est-ce ce jeune courtisan qui demeure…
Oui : auprès de ces arbres.
C’est pour cela que depuis peu ce Damoiseau poli s’est venu loger contre moi ; j’avais bon nez sans doute, et son voisinage déjà m’avait donné quelque soupçon.
Testigué ! c’est le plus honnête homme que vous ayez jamais vu. Il m’a donné trois pièces d’or pour aller dire seulement à la femme qu’il est amoureux d’elle, et qu’il souhaite fort l’honneur de pouvoir lui parler. Voyez s’il y a là une grande fatigue pour me payer si bien, et ce qu’est au prix de cela une journée de travail où je ne gagne que dix sols.
Eh bien ! avez-vous fait votre message ?
Oui, j’ai trouvé là-dedans une certaine Claudine, qui tout du premier coup a compris ce que je voulais, et qui m’a fait parler à sa maîtresse.
Ah ! coquine de servante !
Morguéne ! cette Claudine-là est tout à fait jolie, elle a gagné mon amitié, et il ne tiendra qu’à elle que nous ne soyons mariés ensemble.
Mais quelle réponse a fait la maîtresse à ce Monsieur le courtisan ?
Elle m’a dit de lui dire…. attendez, je ne sais si je me souviendrai bien de tout cela…. qu’elle lui est tout à fait obligée de l’affection qu’il a pour elle, et qu’à cause de son mari, qui est fantasque, il garde d’en rien faire paraître, et qu’il faudra songer à chercher quelque invention pour se pouvoir entretenir tous deux.
Ah ! pendarde de femme !
Testiguiéne ! cela sera drôle ; car le mari ne se doutera point de la manigance, voilà ce qui est de bon ; et il aura un pied de nez avec sa jalousie : est-ce pas ?
Cela est vrai.
Adieu. Bouche cousue au moins. Gardez bien le secret, afin que le mari ne le sache pas.
Oui, oui.
Pour moi, je vais faire semblant de rien : je suis un fin matois, et l’on ne dirait pas que j’y touche.
George Dandin.