Je ne voudrais même plus être un chien - Jean-Marie Meyer - E-Book

Je ne voudrais même plus être un chien E-Book

Jean-Marie Meyer

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Beschreibung

"Je ne voudrais même plus être un chien" vous offre une vision critique de notre ère numérique sous l’emprise du capitalisme de surveillance. L’actuelle société où l’information et l’informatique règnent en maîtres et dans laquelle l’individu est politiquement dirigé par un manque de connaissance. Il devient ainsi manipulable par des algorithmes et une intelligence artificielle qui collectent et contrôlent les données.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marie Meyer, impliqué dans le monde animé du textile et de la mode, a été témoin d’événements majeurs des dernières décennies. Sa réactivité face aux défis de ce domaine dynamique et sans frontières se reflète dans Je ne voudrais même plus être un chien.

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Jean-Marie Meyer

Je ne voudrais même plus

être un chien

Essai

© Lys Bleu Éditions – Jean-Marie Meyer

ISBN : 979-10-422-2760-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

De cette époque jusqu’à nos jours, Le Lys Bleu éditions, 2022 ;

Le bon sens, Le Lys Bleu éditions, 2022 ;

Des rythmes, un rythme, le rythme, Le Lys Bleu éditions, 2023.

Prologue

Hier en me promenant tranquillement comme à mon habitude dans la belle forêt communale aux confins du Jura, jouxtant le Jardin zoologique d’où venaient les effluves de fauves, je me souvenais des années antérieures lors de ces mêmes promenades, il y avait nettement moins de joggeurs harnachés et de vélocyclistes avec leur dring-dring presque insultant dans les allées du genre « Poussez-vous ! » simple promeneur du dimanche.

Ma vie durant, je me promenais avec mon chien, un bel animal intelligent : un berger allemand et lui ne cessait pas de courir autour de moi dans un périmètre où nous étions dans le champ de vision de l’autre.

Nous marchions, sortions sous la pluie, avec la neige comme compagnon, rien ne nous arrêtait et chaque fois de retour à la voiture qui devait nous ramener à la maison, si nécessaire après s’être l’avoir essuyé, moi de même, rien de meilleur qu’un bon cigare…

Aujourd’hui, cette séquence de vie est impossible, le chien devrait être sans arrêt à la laisse ou la longe… et il n’y a plus de cendrier dans les voitures non polluantes, donc obligé, si vous êtes fumeur, de jeter les cendres et les mégots à l’extérieur, c’est un beau geste très écologique…

Le chien n’a plus de liberté au nom de la liberté ! Le chauffeur et fumeur n’a plus de liberté au nom de la santé !

Il est tout aussi difficile d’être un chien heureux qu’un humain comblé de nos jours, mais par contre notre liberté va s’exercer dans le virtuel. Nous sommes en somme devenus les ilotes de la technologie et de la soi-disant solidarité fraternelle de la considération de la liberté envers les autres.

Aujourd’hui, notre liberté se réduit à naviguer sur les réseaux sociaux et autres possibilités digitales, mais en ne s’occupant plus des autres en en direct, nous sommes dans une prison virtuelle. Adieu les beaux principes, il faut simplement sauvegarder aujourd’hui une apparence qui convient à quiconque, une personne sans personnalité à part entière, c’est-à-dire à vous-même.

Chapitre I

Dans les Antimémoires, André Malraux résumait ce qu’il nommait la métamorphose de l’humain en quelques lignes qui sont encore aujourd’hui d’une actualité brûlante, elles ont toujours la même pertinence et force et je me permets de vous la citer :

« Bien que ma jeunesse soit comme l’Orient semblable à un vieil Arabe sur son âne dans l’invincible sommeil de l’Islam, les deux cent mille habitants du Caire sont devenus quatre millions, Bagdad remplace par les canots automobiles les nasses de roseaux et de bitume où pêchaient ses paysans babyloniens et les portes de mosaïque de Téhéran se perdent dans la ville, comme la Porte Saint-Denis à Paris. L’Amérique connaît depuis longtemps les villes-champignons, mais ces villes-champignons n’effaçaient pas une autre civilisation, ne symbolisaient pas la métamorphose de l’homme… »

Quels sont les facteurs essentiels dans la métamorphose de l’homme :

– l’évolution de l’économie ;
– l’évolution de son savoir ;
– l’évolution de son milieu ;
– l’évolution de sa culture ;
– l’évolution de sa société ;
– l’évolution du sentiment.

Ce sont ces points que nous allons aborder sans aucun ordre de préférence dans cet essai en gardant en mémoire les paroles du toujours même : André Malraux :

Si les civilisations ne survivent qu’à travers la métamorphose, alors le monde est fait d’oubli.

Nous passerons d’abord par l’économie sans rentrer dans le détail statistique des pays, mais en regardant, réfléchissant sur les grands blocs, en somme nous serons dans la réflexion macro-économique ; les comportements, les politiques mis en place par les états ou les tendances.

Nous verrons ainsi l’économie à l’échelle des continents orientaux et occidentaux, avec les quelques exceptions bien à propos.

Suivons l’ordre chronologique de l’ère moderne (les siècles récents : le 19e, 20e et 21e sont ceux retenus).

Nous partirons d’Europe pour aller en Amérique et terminer notre périple en Extrême-Orient (Chine, Japon, Corée).

Le départ de toutes les modernes métamorphoses est l’Europe occidentale, par cela j’entends :

– l’Angleterre ;

– la France ;

– l’Allemagne.

Ce sont les pays leaders au XIXe siècle, ils furent très rapidement suivis par les États-Unis d’Amérique qui prirent la même voie.

Ces pays ont mis en avant dans leur culture l’impermanence, cela revient à dire librement « Non », c’est une révolte pacifique et individuelle qui est possible. Comportement mis en avant par Albert Camus dans L’homme révolté.

Comment ne pas réfléchir à la personnalité de l’individu en ces jours actuels. Tout y contribue, y amène dans ces pays, que cela soit l’économie, le social, la politique, la culture ou même à l’extrême, le sport.

Les exemples pris dans cet espace nous amène jusqu’à la Russie Impériale avec des Dostoïevski, Tchekov, Tolstoï, et les adaptations faites par Albert Camus d’œuvres russes au théâtre comme Les Justes ou Les Possédés.

Si hier la Russie fut le berceau intellectuel de la révolte, aujourd’hui le cadre a changé, le leadership de la pensée intellectuel à laisser place à un totalitarisme stalinien. Hier, la révolte était contre l’aristocratie russe, elle fut la genèse du communisme qui lui-même subira différents stades avec l’avènement de différents autocrates ayant chacun une ligne de pensées autre, alors que de l’autre côté en Europe et Amérique le capitalisme lui-même subira différentes métamorphoses en étroite corrélation avec celles survenues en Russie. Celui-ci va arriver au point qu’à ce jour il en va exactement de même, malgré la chute du mur de Berlin et la Pérestroïka, mais nous reviendrons sur ces sujets sans que nous ayons à nous cachons dans notre propre existence, et je trouve cela pas anodin ni anormal.

Nous sommes en Occident en zone démocratique, géographiquement et majoritairement, c’est un constat. Mais celle-ci doit se relever, relever sa tête pour ne pas dépendre dans les années qui viennent du capitalisme de surveillance, nous devons être dans l’impermanence, nous réveiller, être dans la colère et le deuil pour avoir été abusés et cambriolés dans notre vie privée et personnelle. Nous devons admettre que nous avons été dépouillés de notre personnalité.

Pas seulement de toutes les données personnelles, ce qui est le jeu avec notre impermanence par rapport à la situation présente, nous devons revenir à l’attente humaine, au retour de la souveraineté de la personne, l’indépendance de sa propre vie, donc existence ; d’être le créateur et de ce fait l’auteur de sa propre expérience.

Il nous faut gérer l’expérience propre et intérieure grâce à laquelle nous arriverons à former une volonté à vouloir dans tous les espaces qu’ils soient privés ou publics et où nous pourrons avoir une interaction et même une action sur les évènements qui nous concernent.

Ce qui est en jeu, c’est le principe dominant de l’ordre social dans une civilisation où l’information, la nouvelle, est reine et tous nos droits aussi bien dans le cercle privé et individuel que sociétal et public doit vous donner les réponses : qui sait ? – qui décide ? – qui décide de qui décide ?

Il est évident que le capitalisme moderne, celui de la surveillance qui s’est arrogé autant de nos droits dans de nombreux domaines est simplement scandaleux, malgré de belles promesses et les belles possibilités offertes et potentielles dans ce que l’on nomme le numérique, faites lors de sa conception et naissance il y a quelques années.

La démocratisation du savoir, la satisfaction de nos désirs contrecarrés pour une vie affective que le futur qui sera invariablement numérique, ce qui est une chose, mais avant tout qu’il soit humain.

Quelles issues avons-nous pour arriver vers une individualité propre ? Selon Nelson Mandela :

L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde.

Or c’est elle qui aujourd’hui est en danger, elle est attaquée sur tous ses flancs. Les possibilités sont nombreuses avec le modernisme, les réseaux sociaux, le numérique, le capitalisme, les loisirs…

Dans la métamorphose, la mutation, la métamorphose, l’impermanence, l’éducation malheureusement suit le chemin de la dépréciation de la politique du non-effort, cependant il y a des sociétés qui se remettent en question ; l’éducation numérique, elle fut à la pointe, pionnière en Suède, mais vingt ans après l’avoir lancé elle est remise en question au niveau de l’État, le décideur suprême, contre l’avis du corps enseignant en se basant sur des données neurologiques donc scientifiques.

L’organisme P.I.S.A. (programme de l’O.C.D.E. signifiant Programme International Student Assessment) démontre que les résultats avec le numérique sont totalement inversement proportionnels et il nuit à la progression des élèves.

Il est reconnu que le cerveau retient mieux ce qu’il lit dans un papier que sur un écran digital. La Suède a ainsi scellé sa décision au regard des données issues des recherches scientifiques contre l’opinion de la classe professorale, enseignante (qui se trouve inconsciemment dans la politique du moindre effort). L’on aborde également la question du retour de l’enseignement de la lecture avec la méthode syllabique (c’est en France que l’on se repose cette question).

Il y a un petit courant de reconnaissance du passé et de son savoir à enseigner et inviter les gens à la connaissance et à l’effort à faire, comme d’un autre côté il y a une vaguelette constituée de personnes qui commence à rejeter le smartphone, aliénateur de la liberté de soi. Il est important et vital que la gent humaine de tout âge retrouve la spiritualité du travail et non du loisir ou de la distance à parcourir lors d’un jogging, le retrait est la condition moderne de la liberté individuelle.

Notre civilisation occidentale est basée sur un des principes datant des évènements du 18e siècle, les révolutions française et américaine qui ont donné les clés qui permettaient d’envisager la conception puis la création d’une démocratie : c’est-à-dire une liberté pour chacun. Si l’on se réfère aux temps anciens ce qui n’est guère plus de coutumes, vu que le passé aujourd’hui est perçu comme une situation obsolète, mais dans ma démarche je suis obstiné et je ne puis m’empêcher d’y prendre garde et de m’y référer. Il faut de toute évidence admettre que ce que nous sommes ce que nous sommes c’est bien grâce au passé, avec en exemple les découvertes médicales ou aéronautiques pour aller au plus court.

L’édition d’émancipation de septembre 1791 accorda aux Juifs, la peine citoyenneté et l’on posa, ainsi, le principe d’une possibilité de la diversité fondée sur une séparation entre le privé et le public.

Ainsi chaque personne peut manifester, dans sa vie privée, avoir ses goûts, pratiquer et avoir ses croyances particulières, mais cette personne par contre se doit de s’afficher comme simple citoyen lambda dans sa vie sociale et publique.

De nos jours, les frontières entre le public et le privé sont devenues inexistantes ; que cela soit dans la vie familiale de tous les jours, c’est-à-dire la courante vie quotidienne ; ou dans les domaines publics en l’attaquant de manière choquante et éhontée comme cela se déroule aujourd’hui en provoquant des détériorations d’œuvres ; qu’elles soient picturales, statutaires, musicales ou littéraires, théâtrales.

C’est aussi au nom d’une fausse liberté que l’on arrive à réduire à néant toutes les avancées sociologiques, philosophiques, scientifiques qui sont dues aux hommes du passé qui ont élaboré l’édifice fragile de notre véritable liberté qu’elle soit privée, intellectuelle, collective, sociale.

Toutes ces nouvelles polémiques finissent avec un « isme » mettent à mal notre force civilisationnelle, qui elle s’est constituée à partir de l’art, l’art qui mène au populaire pas populiste a forgé l’âme des individus et ouvert l’esprit à la curiosité. Curiosité veut dire éveil et éveil amène à une intelligence, ce qui n’est pas souhaité aujourd’hui. C’est ainsi qu’André Malraux en parlant de Picasso disait de lui :

Il est l’homme et le peintre des invariants de la condition humaine.

Picasso ne croyait pas aux sujets, mais aux thèmes : la naissance, la grossesse, le couple, la mort, la révolte, le baiser.

En parlant de l’art Philippe Roth, lui-même décrié en ces temps modernes parlait de la seconde naissance, la sienne au moment de la rencontre avec les grandes œuvres du passé, où « l’on saute de joie à découvrir toute l’intelligence stockée dans la planète ; autoriser les jeunes à sauter de joie en découvrant les œuvres de Balthus, Gauguin, Picasso, Van Gogh, avoir des ressentis en écoutant Mozart sans polémiques sur l’enlèvement au Sérail ou Don Giovanni ; être dans la salle d’un théâtre avec une représentation de Carmen sans parler de féminisme au Casse-Noisette sans critiquer les danses tziganes ou chinoises, voilà la liberté, ce ne sont hélas que quelques exemples, ils sont malheureusement nombreux et essayent d’endoctriner les populations pour les rendre serviles.

L’erreur de nos temps modernes a été à la place d’assouvir la machine, de se soumettre à celle-ci pour pencher vers le non-effort et le loisir en courbant l’esprit des hommes, bridant l’intelligence et le savoir de ceux-ci, les encourageant dans une recherche permanente d’un bien matériel virtuel et factice.

La démarche aurait dû être relever l’esprit de l’humain, le tourner vers l’acceptation de la diversité, l’orienter vers la conscience, vers le beau, vers l’art, le juste et le vrai sans artifices, rechercher le désintérêt et la grandeur.

C’est de cette manière que l’humanité et seulement ainsi que l’on arrivera à conquérir la paix de l’homme avec lui-même et donc en déclinaison directe, en conséquence avec la société.

L’homme n’est pas dans son for intérieur un aventurier, il veut, souhaite être le plus tranquille possible avec le moins de bouleversements, révolutions possibles, sachant qu’il aura toujours le libre arbitre de réagir si la nature ou les éléments jouent en sa défaveur.

Le premier élément qui est dans l’impermanence de façon originelle est la musique à partir de l’émission et ceci jusqu’à l’écoute, d’où les sentiments procurés, les ressentis.

Le deuxième élément qui est dans cette même impermanence est la science fondamentale, c’est sans cesse la remise sur la table, le questionnement permanent avec les résultats obtenus qui entraîneront de nouvelles questions plus pointues que celles déjà posées.

Le troisième élément est la culture, qui elle est basée sur des fondements séculaires qui eux demandent à être renouvelés en fonction des décomptes scientifiques. André Malraux disait de par la science, nous allons entrer dans une civilisation sans temple… la science ne fait pas la civilisation encore moins « l’homme ».

Ne nous y trompons pas, la nouvelle civilisation est bien entendue comme celle de la machine. Non seulement la civilisation nouvelle a détruit les anciennes conditions de travail, la notion de sacré, elle a aussi anéanti les structures des anciennes civilisations qui étaient des générations avec la culture de l’esprit et de l’âme.