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Dévasté par une tragédie personnelle, Jean part pour le Japon avec l’intention de mettre fin à ses jours. Au détour d’une rencontre inattendue, il croise le chemin de Kazuko, une femme dont les rêves de mariage se sont effondrés avec leur séparation. Deux âmes brisées qui, sans le savoir, sont liées par un même désir : retrouver un sens à leur vie. De retour au Québec, Jean semble renaître de ses cendres, et de nouvelles activités viennent lui redonner le goût de vivre. Kazuko de son côté organise sa vie de façon satisfaisante. Leurs destins sont-ils réellement dissociés, ou un lien invisible continue-t-il à les unir dans l’ombre ? "Jean et Kazuko" est un récit bouleversant où chaque page vous plonge dans les méandres de la résilience, du renouveau et du pouvoir inattendu du destin.
À PROPOS DE L'AUTEUR
S’inspirant de ses nombreux périples, particulièrement au Japon,
Alain Bongard immortalise, par l’écriture, les souvenirs et les expériences riches vécus lors de ces voyages. Il est l’auteur de trois romans, "Henriette et Henri", "Sayonara" et "Kazuko", parus respectivement en 2022, 2023 et 2024 chez Le Lys Bleu Éditions.
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Seitenzahl: 592
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Alain Bongard
Jean et Kazuko
Tome I
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alain Bongard
ISBN : 979-10-422-4774-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Henriette et Henri, Le Lys Bleu Éditions, 2022 ;
Sayonara, Le Lys Bleu Éditions, 2023 ;
Kazuko, Le Lys Bleu Éditions, 2024.
Jean revient du Japon où il a passé quelques semaines et où il a failli épouser Kazuko, une jeune Japonaise qui voulait, grâce à ce mariage, quitter le Japon. Celle-ci doit partir et sur les conseils de son mentor, monsieur Choi, elle doit rompre avec Jean. Elle va liquider tout ce qu’elle a au Japon et se résout à aller vivre à Los Angeles avec un Américain que son amie Naoko lui a présenté.
Jean poursuit son voyage et, après quelques visites, décide de rentrer au Québec.
***
À Los Angeles, comme les formalités de douanes avaient été faites à Hawaï, Jean put se rendre directement au carrousel pour reprendre sa valise. Il prit un chariot et se dirigea vers le comptoir d’Air Canada qui était assez loin. En passant devant un carrousel, il vit une silhouette qu’il connaissait. Kazuko était là. Elle se tourna et le vit. Il s’arrêta, ne sachant pas comment réagir ni très bien quoi faire. Un porteur saisit les trois valises de Kazuko et se dirigea vers le bureau des douanes. Elle le suivit et disparut. Jean poursuivit son chemin troublé par cette rencontre.
Kazuko passa la douane et retrouva Peter qui, tout heureux, la serra dans ses bras. D’avoir revu Jean, l’avait profondément troublée. Elle se demandait s’il y avait une signification particulière à cette extraordinaire coïncidence. Peter parlait sans arrêt. Elle le suivit. Une nouvelle vie commençait.
***
Jean embarqua dans le vol d’Air Canada qui était direct de Los Angeles à Montréal. À part les facéties des plus jeunes joueurs d’un club de hockey qui voulaient fêter une victoire à laquelle ils n’avaient pas participé, il ne se passa rien de marquant pendant ce vol. L’avion était encore à moitié vide et il put s’allonger et dormir un peu.
À Dorval, pour le douanier, il inventa qu’il revenait d’un voyage d’agrément réussi au Japon, qu’il ne rapportait que de petits souvenirs et il put poursuivre sa route. Il y avait peu de monde autour des carrousels et il put récupérer rapidement sa valise.
Marcel et Atsuko l’attendaient à la sortie et faisaient de grands gestes dans sa direction de derrière la vitre. Il était assez content de les voir même s’il ne s’y attendait pas. Il jugea que c’était le deuxième des signes qu’il attendait après avoir revu brièvement Kazuko à Los Angeles, mais il ne savait vraiment pas comment les interpréter. Il serra Marcel sur son cœur et salua Atsuko en se penchant très bas. Elle lui rendit son salut, les yeux baissés en se penchant encore plus bas. Elle avait mis, pour cette occasion, un joli kimono uni qui lui allait très bien.
Marcel les entraîna vers un petit bar désert du 1er étage. Il lui raconta comment il avait pu suivre ses dernières journées au Japon et prévoir son arrivée à Dorval, grâce à l’amitié de quelques personnes qui travaillaient chez Air Canada. Il lui demanda de raconter son voyage. Jean s’empressa de le faire en japonais. Marcel était éberlué. De temps en temps, il revenait au français, mais retournait rapidement au japonais. Dans l’ensemble, Marcel comprenait tout ce qu’il disait, mais il n’en revenait pas qu’en si peu de temps, il soit arrivé à une telle maîtrise de cette langue. Il y avait même, quelques expressions, que Jean utilisait et qu’il ne comprenait pas. Atsuko approuvait en silence avec un sourire amical.
Il leur parla de tous les lieux qu’il avait pu visiter et de cette merveilleuse chaîne de rencontres qu’il avait pu faire malgré sa timidité naturelle. Il leur dit à quel point il avait aimé tout ce qu’il avait fait, vu, essayé et goûté. Il leur parla de Kazuko, de ce qu’il avait vécu avec elle, et de l’incompréhension qu’il avait de leur rupture.
Aimerais-tu retourner au Japon ? lui demanda Atsuko.
Il sentait bien qu’après ce qu’il venait de dire, il aurait dû répondre oui, tout de suite. Mais rien n’était simple. Le cinq décembre (date prévue pour son suicide) n’était pas passé et il ne fallait pas qu’il fasse de projets qu’il ne tiendrait pas. Il fit une réponse évasive qui n’était ni un oui ni un non.
Marcel travaillait comme cameraman avec deux équipes américaines, mais ce n’étaient que des remplacements occasionnels et il n’avait pas la première responsabilité. Atsuko avait été engagée pour un petit rôle dans l’un des films, mais cela devait se terminer bientôt. Ils lui confièrent qu’ils rêvaient tous les deux de retourner au Japon, même pour un bref séjour.
La classe de japonais avec Toyoko sensei a continué après ton départ, dit Marcel, mais c’est presque fini. Nous avons prévu d’aller manger ensemble après le prochain cours. Ce sera un souper d’adieu pour plusieurs d’entre nous. Veux-tu venir ?
J’avais prévu de passer au cours demain. Je resterai avec vous pour ce souper.
Marcel lui offrit l’hospitalité. Il n’avait pas envie de retrouver sa maison et cette offre fut la bienvenue. Il pouvait y aller le lendemain. En partant, Jean avait laissé ses clés à Marcel et lui avait proposé d’utiliser sa voiture s’il en avait l’usage, mais elle était restée dans le garage. Marcel était allé la chercher la veille et ils l’avaient utilisée pour venir à l’aéroport. Il en avait profité pour augmenter le chauffage et rebrancher l’eau chaude. Il avait également apporté un manteau que Jean apprécia en sortant, car dehors il ne faisait pas chaud.
Chez Marcel, La soirée se passa agréablement à parler du Japon. Ils avaient encore plein de questions pour ce qu’il avait fait et vu à Tokyo. Jean restait évasif sur ses projets, car le seul qu’il avait pour l’instant, il ne pouvait pas en parler.
À neuf heures, le décalage horaire aidant, il ne parvenait plus à rester éveillé et il les quitta pour aller se coucher. Le futon dans la chambre d’amis était tout à fait japonais.
Le lendemain matin, après un déjeuner rapide qu’ils prirent avec Jean, Marcel et Atsuko se préparèrent à partir travailler. Il ne faisait pas beau, il faisait même froid.
Marcel lui dit avant de sortir :
On t’attend au cours de japonais ce soir. J’ai hâte de voir leur tête quand tu leur raconteras ton voyage.
Jean retrouva avec plaisir sa petite voiture et décida de rentrer chez lui. Il retrouva le chemin, presque automatiquement. Rien n’avait changé. Un peu de neige sur le bord de la route témoignait des dernières petites chutes des jours précédents qui n’étaient pas restées au sol. Cela ne lui plaisait pas trop de retrouver sa maison, mais il ne pouvait pas rester chez Marcel. Et puis sa grande décision finale n’était toujours pas prise.
Dans la maison, il faisait une température agréable. Il prit le temps de se changer, vida sa valise, mit de côté les petits cadeaux qu’il avait ramenés pour les apporter au cours. Un peu gêné, il hésita à appeler Yumiko et il se dit qu’il appellerait plus tard, quand madame Ono et Aiko seraient rentrés du Japon.
Il se sentait étranger dans cette maison et il se réfugia dans son bureau avec le courrier accumulé derrière sa porte pendant son absence. Il fit le tri des lettres reçues, élimina tout ce qui n’était pas intéressant, régla quelques factures et mit de côté quelques lettres personnelles de parents éloignés d’Hélène qu’il prévoyait lui faire parvenir. Il fut un peu surpris par une lettre venant du Japon. C’était Keiko, la jeune fille avec qui il avait visité le pavillon d’or à Kyoto, qui lui souhaitait un bon retour au Québec et qui lui disait qu’elle espérait le revoir s’il revenait au Japon. Il se dit qu’il devrait faire développer les photos qu’il avait prises pendant son voyage et lui envoyer la photo où ils étaient devant le Pavillon d’or.
Le relevé de la banque indiquait que le compte commun avec Hélène était pratiquement vide, qu’elle avait fait de nombreux retraits, ce qu’elle avait parfaitement le droit de faire. Il y avait aussi une convocation pour une séance de conciliation avec Hélène et la date était passée. Le processus du divorce suivait son cours et devait aboutir dans pas longtemps. Il y avait également une lettre de l’avocat d’Hélène lui confirmant qu’Hélène réclamait la valeur de la moitié de la maison, mais qu’elle ne voulait rien d’autre. Jean l’appela pour lui confirmer qu’il ne s’opposait ni divorce ni aux demandes d’Hélène. Il lui demanda s’il voulait se charger de la vente de la maison, ce que l’autre accepta. Il lui confirma que le jugement du divorce devait avoir lieu ces jours-ci et qu’il lui ferait parvenir une copie du jugement définitif.
Il écrivit une petite lettre à Hélène lui signalant son retour, son accord pour les termes du divorce, l’épuisement du compte courant commun qu’il ne fallait plus utiliser et qu’il fallait fermer, et la mise en vente de la maison par son avocat. Il ajouta qu’elle pouvait passer pour récupérer tout ce qu’elle voulait dans la maison, sauf ce qui était dans son bureau. S’il n’était pas là quand elle viendrait, elle pouvait trouver les clés à la place habituelle, et s’il était encore là, il sortirait et lui laisserait la place.
En route pour le cours de japonais, il posta sa lettre et déposa chez un photographe les films des photos prises au Japon afin d’envoyer à Keiko la photo prise au Pavillon d’or.
Il arriva au cours un peu avant tout le monde. Toyoko était dans sa classe. Il la salua en japonais en s’inclinant bien bas. Elle répondit à son salut puis se leva et vint l’embrasser. Elle lui donna des nouvelles du cours qui était sur le point de se terminer : les deux nouveaux avaient trouvé le niveau trop difficile et étaient retournés dans le cours intermédiaire où ils se sentaient plus à l’aise, John était sur le point de partir en voyage, Dominique avait créé son agence de voyages et ne venait plus. Paul avait eu enfin sa nomination à l’ambassade du Canada à Tokyo et devait partir incessamment. Mais ce soir, ils devaient venir tous les trois ; ils avaient prévu souper ensemble et elle espérait bien qu’il se joigne à eux. Il lui demanda des nouvelles de madame Kato et ils parlèrent d’elle pendant un moment.
Marcel arriva sur ces entrefaites et les autres suivirent. Ils accueillirent le retour de Jean avec beaucoup de chaleur. Malicieusement, Marcel lui dit :
Raconte-nous ton voyage comme tu l’as raconté à Atsuko.
À part les salutations, il n’avait pas parlé en japonais avec Toyoko. Il se lança. Il décrivit tout ce qu’il avait vu à Tokyo et à Kyoto. Toyoko avait en grand sourire en l’écoutant parler, et les autres en restaient stupéfaits. Les questions fusèrent et il put répondre facilement. Toyoko expliqua quelques-unes des formes verbales qu’il avait utilisées, et il s’aperçut qu’il les utilisait sans trop connaître les règles de grammaire qu’elles sous-entendaient. On parla de la nourriture, de la boisson, du comportement des gens dans la rue, de la propreté permanente partout au Japon, des rencontres intéressantes qu’il avait pu faire. Tout le cours y passa. Toyoko l’interrompait de temps en temps pour expliquer certaines structures qu’il utilisait et qu’ils n’avaient pas étudiées avec elle auparavant.
John annonça que c’était son dernier cours, car il partait en voyage. Paul partait pour Tokyo dans quelques jours et lui non plus ne pensait pas revenir, car il était très occupé à tout organiser. Dominique confirma qu’elle n’aurait plus le temps de venir et qu’elle était là pour dire au revoir à tout le monde. Il ne restait plus qu’une semaine de cours et Toyoko demanda en riant à Marcel et à Georges s’ils avaient l’intention de venir. Elle continuerait d’être là puisqu’elle avait le cours des intermédiaires avant eux, mais qu’elle partirait si elle ne voyait personne. Ils lui promirent d’être là et Jean dit qu’il pensait aussi venir.
Le cours terminé, ils prirent la route du restaurant japonais où ils étaient allés quelques fois. Jean distribua les petits cadeaux qu’il avait rapportés et les questions reprirent de plus belle. Paul avait plein de questions sur Tokyo et Jean lui raconta un peu ce qu’il avait vécu. Il reprenait l’appartement de celui qu’il remplaçait qui était malheureusement à Yokohama. Jean lui suggéra d’adopter les horaires et les habitudes japonaises et de ne pas essayer de rentrer chez lui à six heures du soir. Cela le laissa songeur.
Marcel lui parla des tournages qu’il faisait à Montréal. C’était satisfaisant, mais l’envie de retourner au Japon le tenaillait de plus en plus. À écouter Jean, cela lui donnait la nostalgie du temps passé à Tokyo.
Dominique lui demanda ce qu’il prévoyait faire dans les jours à venir et il lui répondit qu’il ne savait pas trop.
J’ai commencé mon agence de voyages et j’ai déjà des clients, lui dit-elle, mais ce sera une agence pas comme les autres, enfin je ne crois pas. Je fais du sur-mesure et je travaille en fonction des moyens de ceux qui me contactent. Et si tu n’as rien de prévu pour le mois de décembre, j’aurais une proposition à te faire.
Il lui répondit qu’il n’avait rien décidé pour le mois de décembre, mais qu’il avait une décision à prendre, sans lui dire laquelle. Elle lui donna sa carte d’affaires et lui proposa de le rencontrer à son bureau le lendemain. Il accepta et lui dit qu’il l’appellerait pour lui fixer l’heure où il prévoyait venir.
Le souper continua dans la bonne humeur. On leva son verre assez souvent. Au moment du départ, il y avait beaucoup d’émotion dans l’air. Ils se promirent de donner des nouvelles. Ils essayèrent de se quitter à la japonaise, mais Toyoko la première prit tout le monde dans ses bras.
Jean ramena Marcel chez lui, refusa le dernier verre et rentra directement.
Le lendemain matin, un peu intrigué par la proposition de Dominique, et n’ayant rien d’autre à faire ce jour-là, il l’appela pour lui dire qu’il pensait venir la voir dans l’après-midi. Elle lui donna l’adresse de son bureau et ils convinrent de se voir à trois heures.
Situé dans un immeuble à bureaux de ville St-Laurent, son local était très simple et ne se composait que de deux pièces : une première pièce servait à recevoir les visiteurs et une autre pièce lui servait à la fois de bureau et de pièce de recherche dans laquelle elle avait installé un fax et du matériel électronique dernier cri.
Elle lui fit faire un rapide tour du propriétaire et ils s’installèrent dans son bureau. Elle lui expliqua comment elle comptait fonctionner.
J’ai travaillé pendant plusieurs années dans des agences de voyages. Je me suis aperçue que les voyages organisés que nous proposions à nos clients ne correspondaient pas vraiment à ce qu’ils désiraient. Parfois, ils renonçaient à leur voyage parce que cela n’entrait pas dans leur budget ou leurs désirs, mais souvent ils s’embarquaient dans ce que nous leur proposions et une fois sur deux ils revenaient déçus et un peu fâchés d’avoir dépensé autant d’argent pour quelque chose de décevant.
Pendant toutes ces années, je me suis fait un très grand nombre de contacts avec des gens qui travaillent dans l’industrie du voyage, ici et un peu partout dans le monde, et certains sont devenus des amis.
J’ai fait, continua-t-elle, les démarches nécessaires et je suis maintenant agent de voyages, je peux prendre toutes les réservations et organiser des circuits. Mais je veux travailler différemment de ce que font les autres agences de voyages. Je veux faire du sur-mesure pour n’importe quel nombre de participants. Cela peut s’adresser à des gens pas très en moyens, ou au contraire à des gens fortunés. J’ai contacté un peu partout des agences locales qui jusqu’à maintenant proposaient des voyages que les agences pour lesquelles je travaillais offraient dans leur publicité, et ils sont tous d’accord pour créer avec moi pour mes clients des voyages sur mesure. Ils me procurent tout ce que je leur demande : déplacements, logements, activités, encadrements, guides, mais toujours selon mes spécifications. J’ai fait installer ici tout le matériel nécessaire pour pouvoir correspondre avec eux en direct.
As-tu déjà des voyages organisés ? demanda Jean.
J’ai déjà organisé deux voyages en Inde qui se sont très bien passés et j’ai un groupe d’étudiants qui part demain pour trois semaines au Népal.
Je travaille actuellement sur une dizaine de projets de voyage en Inde, au Vietnam, au Népal et au Japon. C’est pour ce dernier que j’aurais besoin de toi. J’ai d’ailleurs beaucoup de demandes pour le Japon, je pense que ce sera un filon à exploiter régulièrement.
Comment fonctionnes-tu ? demanda Jean.
Un de mes correspondants me réfère un groupe de quelques personnes qui ont un projet de voyage dans l’un des pays qui m’intéressent. Principalement en Asie. Je ne fais pas de publicité. Je ne prévois travailler qu’avec des gens qui m’ont été référés. Je ne travaille que de cette manière. En fonction de leur budget, j’établis avec eux un programme, un itinéraire et je contacte une agence locale en qui j’ai confiance et qui me prépare le circuit selon les exigences de mes clients. À moins de circonstances exceptionnelles, le prix qu’elle me propose correspond à peu près à ce que je leur ai suggéré. Je prends un pourcentage raisonnable sur le prix fixé et l’agence locale me remet également un petit pourcentage de ce qu’elle touche si le voyage se fait. De mon côté, je verse quelque chose au correspondant qui m’a référé ce voyage. Je n’ai rien inventé et les grosses agences de voyages peuvent faire la même chose, mais ils n’y tiennent pas vraiment, ils préfèrent vendre des circuits déjà prévus et préparés qui leur rapportent un profit intéressant sans avoir à trop se donner de mal. Je suis extrêmement rapide et je peux créer en très peu de temps un projet complexe dans la gamme de prix de mes clients.
J’ai été très impressionné par ton niveau de japonais, c’est extraordinaire les progrès que tu as faits en quelques semaines. J’ai plusieurs demandes pour le Japon dont une qui est pour tout de suite, départ la semaine prochaine, avec un homme d’affaires qui veut exporter ce qu’il fabrique et qui aimerait rencontrer des hommes d’affaires japonais pour ses produits. J’ai tout organisé pour son voyage, les rendez-vous sont pris, les hôtels réservés. Après Tokyo, il va à Hiroshima en avion puis d’Hiroshima à Osaka en train. Il repartira d’Osaka pour rentrer au Québec. Tout est déjà prêt, mais il ne parle pas japonais et son anglais est très rudimentaire. Je pensais engager quelqu’un là-bas, mais maintenant je pense que tu ferais mieux l’affaire. C’est un voyage d’environ une semaine à Tokyo, Osaka et Hiroshima. Ton voyage sera entièrement payé et tu toucheras cinq cents dollars par jour. Cela t’intéresse-t-il ?
Jean attendait un autre signe du destin et cela lui sembla évident que c’en était un. Il allait être occupé et au Japon le cinq décembre, la date anniversaire du suicide de Sophie et la date où il prévoyait mettre fin à ses jours.
Il lui dit qu’il était d’accord.
Je prends ton billet d’avion. C’est le même vol que celui que tu as déjà pris. Montréal-Los Angeles avec Air Canada et Los Angeles-Tokyo avec Singapour Airlines. Lui, il voyagera en première classe, je ne peux pas t’offrir la même chose, mais tu seras très bien en classe économique. Pas de problème. Cependant pour le train, tu prendras les sièges en première classe pour vous deux, car vous aurez peut-être à bavarder entre chaque visite. Tu auras à faire les réservations pour les sièges, je crois que tu sais comment faire.
Dominique poursuivit :
J’ai aussi un couple de clients âgés qui viennent de faire un gros héritage inattendu. Ils ont toujours rêvé, tous les deux, d’aller au Japon et ils veulent y passer quelques jours, mais ils veulent être accompagnés par quelqu’un qui parle japonais et qui les aidera pour tous les détails quotidiens du voyage. Je leur ai dit que je pourrais leur trouver un guide qui parle français, mais ils tiennent à avoir un accompagnateur. J’avais pensé y aller moi-même, mais d’une part je ne parle pas encore couramment japonais, et d’autre part je suis seule ici et j’ai relativement beaucoup de travail et de projets en cours. Alors je te propose de les accompagner. Ils ne voyageront qu’en hôtel cinq étoiles. Mon agence japonaise réglera tout dans le moindre détail, mais tu serviras d’intermédiaire avec elle, car ils ne parlent pas très bien anglais et les gens de mon agence japonaise ne parlent pas français Au cas où il serait nécessaire de faire des changements ou des ajustements tu serais très utile. Viendrais-tu avec moi les rencontrer ?
Je n’ai rien de spécial à faire. Téléphone-moi, nous y irons ensemble. J’ai toujours ma voiture, je passerai te prendre.
Nous pourrons voir avec eux les détails de leur circuit. Je t’appelle quand j’aurai pris rendez-vous.
Elle lui montra les autres voyages qu’elle prévoyait organiser, lui expliqua comment elle arrivait à finaliser les projets qui parfois n’étaient au départ qu’une idée ou qu’un simple désir exprimé qu’elle concrétisait. Certains projets prévoyaient un départ dans les semaines qui suivaient d’autres plus tard. Les plus fréquents impliquaient de petits groupes d’amis. La plupart avec des budgets raisonnables, certains avec de tout petits budgets. Elle avait des propositions et des suggestions pour chacun d’eux et cela allait de l’hôtel cinq étoiles à l’auberge de jeunesse, des transports en commun locaux aux bus privés.
Elle lui confia qu’elle connaissait maintenant plusieurs agences créées récemment sur le même modèle que la sienne, au Canada, mais aussi en Europe et qu’elle avait avec elles de bons échanges. Elle se spécialisait dans les voyages en Asie et quelques-uns de ses clients lui avaient été référés par une de ces agences. Par contre elle n’était intéressée ni par les croisières ni par les voyages en Europe et elle référait les personnes intéressées par ce genre de voyage qui s’adressaient à elle à une de ces agences.
Jean admirait l’enthousiasme et la détermination de Dominique.
Au moment de partir, il lui dit :
J’ai l’impression que tu n’auras plus le temps d’aller au cours de japonais. Je ne suis pas sûr moi-même d’y aller maintenant que j’ai plein de choses à faire. J’attends ton appel pour rencontrer tes clients.
Rentré chez lui, il appela Marcel et lui raconta la proposition que Dominique lui avait faite. Celui-ci lui proposa de venir souper le lendemain pour qu’il puisse lui raconter tout ce qui lui arrivait et Jean accepta.
Un peu plus tard, un agent d’immeuble référé par l’avocat d’Hélène, l’appela et lui proposa de passer le lendemain matin pour visiter la maison et fixer un prix de vente. Jean lui dit qu’il serait là et qu’il pouvait passer. Toutes ces démarches pour la vente de la maison l’ennuyaient profondément, mais il fallait bien le faire.
Il ressortit acheter de quoi se faire un sandwich et de quoi déjeuner le lendemain matin puis il rentra. La nuit était déjà tombée et la rue brillait des premières décorations de Noël. Cela lui rappela la tristesse du Noël de l’année précédente, mais il se sentait différent. Peut-être cette nouvelle activité allait tout changer.
Il appela Toyoko et il lui expliqua qu’il devait accompagner un homme d’affaires québécois et qu’ils allaient rencontrer des hommes d’affaires japonais et s’il avait le vocabulaire nécessaire en anglais, il ne connaissait rien en japonais. Elle lui proposa de venir au prochain cours et de voir avec lui ce qu’il aurait besoin de savoir.
Le lendemain matin l’agent d’immeuble arriva de bonne heure. Il fit le tour de la maison, inspecta l’extérieur et l’intérieur et évalua le prix qu’il fallait en demander.
Jean ne discuta pas le prix proposé, mais il lui demanda de revenir plus tard, car il fallait l’accord de sa femme pour signer les papiers.
Le téléphone sonna. À sa grande surprise, il entendit la voix d’Hélène à qui il n’avait pas parlé depuis Boston. Elle venait de recevoir sa lettre et voulait passer avec son père pour voir ce qu’elle pourrait récupérer dans la maison. Il réussit à lui répondre sans émotion et lui proposa de passer vers deux heures ce qu’elle accepta. Il appela l’agent d’immeuble et lui demanda de passer vers deux heures pour signer les papiers.
Hélène arriva en début d’après-midi en compagnie de son père et de l’agent d’immeuble. Elle avait beaucoup changé. Elle paraissait faible et amaigrie. Ils s’embrassèrent et son père lui serra la main.
Ils signèrent les papiers pour la vente et l’agent d’immeuble s’en alla.
Elle tournait dans la maison un peu désemparée en pleurnichant un peu, soutenue par son père. Elle pleura en trouvant les souvenirs de Sophie que Jean avait regroupés et mis dans une grosse boîte. Elle remercia Jean qui ne savait pas très bien pourquoi et ne chercha pas à comprendre.
Son père lui dit :
Jean approuva. Ils partirent, le père soutenant sa fille. Jean regarda l’auto qui s’en allait et se dit qu’une page était définitivement tournée et que finalement il s’en sortait mieux qu’elle.
Après leur départ, il resta un long moment en réflexion, étonné de ce qui lui arrivait. Il ne savait pas si l’idée du suicide qu’il prévoyait faire était définitivement écartée, mais il sentait que d’une part la tristesse qui l’avait anéanti tous ces derniers mois, n’était plus aussi oppressante, et comparé à ce qu’Hélène semblait encore vivre, beaucoup plus supportable, et que d’autre part, il y avait ce sursis providentiel qu’il avait bien l’intention de vivre, quitte à revenir à ses intentions premières s’il le fallait.
Il fut interrompu dans ses réflexions par l’appel de Dominique qui lui donna rendez-vous le lendemain vers deux heures chez ses clients qui habitaient à Laval. Il nota l’adresse et lui proposa de passer la prendre et d’y aller ensemble. Elle lui donna rendez-vous au métro Henri Bourassa, leur maison étant de l’autre côté du pont.
Il arriva de bonne heure chez Marcel qui l’avait invité à souper la veille. Il avait apporté la bouteille de saké achetée à Kyoto et Atsuko admira la boîte en bois qui contenait la bouteille et qui était en elle-même une œuvre d’art.
Ils venaient de recevoir l’estampe qu’il leur avait envoyée de Kyoto et ils se confondaient en remerciements. Ils cherchèrent ensemble où la placer quand elle aura été encadrée puis ils s’installèrent dans le salon, Atsuko et Marcel sur leurs talons et Jean en tailleur.
Il leur raconta comment il avait trouvé ce saké dans cette petite boutique dans le marché Nishiki pendant une journée assez bien remplie et ils parlèrent de la différence entre Tokyo et Kyoto. Atsuko était originaire de Tokyo et trouvait la vie de Kyoto trop calme, trop provinciale. Marcel ne connaissait pas Kyoto.
Atsuko avait préparé un sukiyaki et elle arriva avec tout le nécessaire pour le faire sur un petit réchaud qu’elle plaça devant eux. Marcel alla chercher le saké et les petites coupes pour le boire et ils trinquèrent.
Elle leur donna un bol de riz et quelques minutes plus tard c’était prêt. Elle donna le signal pour commencer à manger. Jean prit une fine tranche de viande et dit « Itadakimasu » comme il se doit.
Pendant le repas Jean leur parla brièvement de son divorce, ce dont il n’avait jamais parlé auparavant, et de la vente de sa maison qui allait l’obliger à se trouver un autre logement quand la maison sera vendue. Il réalisa qu’il évoquait un projet d’avenir, même vague, et cela le troubla un peu, mais sans en laisser rien paraître. Il retrouvait le goût du saké, et cela lui rappela des souvenirs troublants.
Marcel lui proposa :
Ici, nous sommes locataires. Nous aimons le quartier. Il y a un triplex à vendre sur la même rue, avec trois logements comme celui-ci. Et ce n’est vraiment pas cher. J’ai un ami, François Gagné, qui serait intéressé à l’acheter avec moi. Nous cherchons un troisième partenaire, comme tu vends ta maison, cela pourrait t’intéresser. Qu’en penses-tu ?
Jean voulait faire plaisir à son ami, mais n’entrevoyait pas de projets dans l’avenir, sûrement pas d’acheter un appartement.
Je ne sais pas, je vais y penser.
Il faudra te décider rapidement. Nous avons déjà fait une offre d’achat et cela devrait se conclure début janvier. Nous aurions les trois logements pour soixante-quinze mille dollars. La banque nous prête un peu plus que la moitié, tu n’aurais pas plus que dix ou douze mille dollars à investir.
L’un des appartements est libre, ajouta-t-il, tu pourrais t’y installer tout de suite. Nous, nous ne déménagerons qu’en juin.
Il était vrai que l’idée était attrayante. Faire des projets d’avenir maintenant lui semblait prématuré, mais cela ne l’engageait pas trop et effectivement il allait avoir besoin de se loger dès que la maison sera vendue.
J’ai changé d’avis, dit-il. Si l’appartement est libre et que je peux l’occuper tout de suite, cela fait mon affaire. Vous pouvez ajouter mon nom à l’offre d’achat. Je dois trouver à me loger très bientôt.
Marcel le félicita de sa décision.
Les évènements se précipitant, il avait beaucoup de choses à leur raconter. Il leur parla de la proposition de Dominique et du prochain retour au Japon qui en découlait.
Atsuko lui annonça qu’ils avaient reçu une invitation de ses parents et qu’ils partaient au début du mois de décembre pour passer un mois au Japon. L’hiver arrivant, les tournages dans Montréal semblaient suspendus jusqu’au printemps et ils n’avaient plus rien à faire ici. Elle était très heureuse de revoir ses parents et encore plus de cette apparente réconciliation avec eux. Marcel pensait en profiter pour aller voir les producteurs japonais en espérant trouver quelque chose là-bas. Il y avait peut-être des chances pour qu’ils soient en même temps au Japon et ils espéraient bien le voir quand il serait à Tokyo.
La conversation revint sur les projets de Dominique et plus particulièrement sur ce voyage inattendu. Il leur expliqua le circuit prévu avec ses deux personnes et son rôle d’accompagnateur qu’il aura à préciser quand il les aura rencontrés. Il ne savait pas grand-chose sur ce qu’il allait faire et voir avec eux. Comme ils voulaient passer au moins une nuit dans un ryokan, Atsuko lui en conseilla un très chic à Kyoto et un autre très spécial à Miyajima.
Ils finirent la bouteille de saké en parlant du Japon et de toutes les choses à faire à Tokyo. Jean promit d’aller au prochain cours de japonais pour ne pas laisser seuls Marcel et George.
De retour chez lui, il reprit ses notes et il étudia pendant un bon moment avant d’aller se coucher dans le lit qu’il avait installé dans son bureau. Cette maison lui était maintenant étrangère et il avait hâte d’en partir.
Le lendemain, il retrouva Dominique devant le métro Henri-Bourassa et ils se rendirent ensemble chez ses clients, monsieur et madame Boisclair.
Pendant le court trajet qui les conduisait chez eux, Dominique lui expliqua :
Ils les attendaient et les reçurent simplement. Jean, en les voyant, se dit qu’ils devaient avoir plus de soixante-dix ans et qu’il allait falloir les ménager pendant le voyage.
Madame Boisclair les installa au salon et apporta le thé.
Monsieur Boisclair continua :
Elle continua :
Monsieur Boisclair poursuivit :
Jean leur demanda :
Quand ils prirent congé, le vieux couple les accompagna jusqu’à la porte du jardin. Jean les salua en se penchant comme il l’aurait fait au Japon et naturellement ils lui répondirent de la même façon.
De retour dans la voiture, Dominique lui demanda d’appeler le client avec lequel il partait au Japon. Elle lui donna son numéro de téléphone chez lui et à son travail.
Elle lui demanda de la laisser au métro afin de retourner à son bureau.
Jean avait prévu d’aller au cours de japonais et il y arriva un peu en avance. Il appela Pierre Ryan avec le téléphone situé dans le couloir à côté de la classe de japonais. Il habitait Westmount, mais il lui donna rendez-vous pour le lendemain matin à Terrebonne là où se trouvait l’usine, les entreprises Paul Ryan et Fils inc., où ses machines étaient construites.
Toyoko terminait le cours intermédiaire. La porte était ouverte et il put entendre parler les étudiants. Le niveau n’était pas mauvais, mais l’atmosphère était tout à fait différente de ce qu’avait été leur classe.
Le cours se termina par un salut très japonais et les étudiants sortirent de la classe. Ceux qui avaient partagé son cours saluèrent Jean, mais ne s’attardèrent pas. Il s’approcha de Toyoko et après les salutations d’usage il lui exposa le problème que lui posait son voyage.
Marcel, Georges et Paul arrivèrent sur ses entrefaites. Ils saluèrent Jean chaleureusement. Il leur raconta ce qui lui arrivait et son prochain départ. Marcel annonça que lui aussi partait pour le Japon. Paul les invita à le voir à Yokohama. Il avait déjà ses cartes de visite et il en donna une à tout le monde.
Elle passa d’abord beaucoup de temps à préciser avec eux toutes les formules de politesse, les présentations, les arrivées et les départs. Elle recréa les conditions et les circonstances qui pouvaient se passer dans une rencontre.
La première partie qui semblait la plus facile fut reprise plusieurs fois. Puis Jean fit une présentation rapide d’un projet qui prévoyait un échange d’étudiants entre l’Université de Montréal et une université japonaise et Paul et Marcel, jouant le jeu selon les instructions de Toyoko, ne répondirent que par des réponses polies. Georges ajouta quelques informations supplémentaires et n’obtint pas plus de participation des deux autres.
Toyoko intervint :
Ils recommencèrent plusieurs fois, changeant les situations et échangeant les rôles. Jean était le seul à parvenir à s’exprimer facilement, les autres avaient besoin qu’elle les aide à exprimer ce qu’ils avaient à dire. Comme l’exercice ne portait que sur une première rencontre, Toyoko élimina les réponses trop directes et trop positives. Cependant, dans la dernière simulation, elle ajouta une personne responsable parmi les interlocuteurs et lui fit poser des questions. Elle élimina toutes les questions qui auraient pu engager l’université japonaise à prendre un engagement.
L’exercice laissa Jean et Marcel assez découragés.
John et Dominique avaient déjà fait leurs adieux et avec le départ de Marcel, de Paul et de Jean, il ne restait plus que George pour participer aux cours suivants. Il proposa d’y mettre fin. Toyoko approuva en riant.
Le lendemain Jean se rendit à Terrebonne. Pierre l’attendait dans le bureau de la compagnie. La rencontre fut cordiale et ils passèrent directement au tutoiement. Il lui expliqua que son père était ce qu’on appelle au Québec un patenteux. Au départ, simple ouvrier dans une forge, il avait inventé une multitude de machines qui permettaient une certaine automatisation dans la fabrication de toutes sortes de produits. Il avait breveté ses créations qu’il améliorait sans cesse, et cela lui avait rapporté une petite fortune. Son père créait les machines, et les construisait avec son fils aîné. Lui, il se chargeait de la commercialisation des créations de son père. Ils avaient acheté ensemble cette petite usine où travaillait une douzaine d’ouvriers.
Son entreprise était bien connue des manufactures québécoises et bon nombre d’entre elles fonctionnaient avec des machines de sa création. Chaque fois que l’une d’entre elles prévoyait créer un nouveau produit, elle faisait appel à eux et en un temps record ils pouvaient proposer sur plan la machine qui accomplirait le travail et par la suite ils pouvaient la construire et l’installer.
Jean approuvait sans vraiment comprendre ce que pouvaient être ces machines.
Dans le bureau, il sortit toute la documentation et les plans des machines qu’il avait envoyés aux Japonais. Ils avaient été traduits en anglais et Jean trouva les traductions satisfaisantes. Il demanda d’en emporter un certain nombre afin d’étudier le vocabulaire qui s’y attachait.
Il ajouta en riant :
Il en donna une à Jean qui constata avec satisfaction qu’elles étaient en japonais à l’endos.
Jean repartit avec une pile de documents à étudier. Il s’arrêta au bureau de Dominique qui elle aussi lui avait préparé une grosse enveloppe de documents et d’instructions. Avec l’aide de son agence japonaise, elle avait planifié la visite dans les moindres détails : les hôtels et les réservations de salles, les correspondants dans chaque ville, le transport des bagages. Le retour qui se fera en avion depuis Osaka avec une escale à Tokyo. Deux jours à Tokyo, deux jours à Hiroshima et deux jours à Osaka.
Il rentra chez lui pour étudier les documents que Pierre lui avait confiés. Il prépara une liste de termes qu’il pourrait avoir à connaître et appela Toyoko. C’est son mari qui répondit. Elle avait encore un cours dans l’après-midi et elle devait rentrer vers cinq heures. Elle l’invitait à passer chez eux vers six heures et il lui donna son adresse pas très loin de l’université.
Il téléphona à Marcel pour lui annoncer la date de son départ. Ils arrivaient à Tokyo un peu après lui. Ils logeraient chez les parents d’Atsuko en arrivant, mais ils n’étaient pas certains de passer le mois chez eux. Il lui donna leur numéro de téléphone.
Sur sa lancée il téléphona à Paul pour lui annoncer son retour au Japon. Paul lui conseilla de l’appeler au travail, quand il sera à Tokyo, car il n’était pas sûr de s’installer tout de suite à Yokohama.
Il arriva chez Toyoko vers six heures. Il lui montra la liste de termes qu’il avait préparée. Il y en avait quelques-uns qu’elle ne connaissait pas et elle dut faire appel à son mari, Masaki, qui était ingénieur et qui était né au Japon. Il en connaissait plusieurs. Elle les écrivit en katakana pour qu’il puisse les prononcer correctement. Elle répéta avec lui tout le cérémonial des présentations.
Elle avait préparé un petit souper et elle l’invita à rester avec eux. Il en profita pour lui raconter en détail toutes les choses, toutes les rencontres et les découvertes qu’il avait faites pendant son séjour.
Il ne lui dit pas qu’il l’avait vue à Los Angeles, cet épisode était encore très flou dans son esprit et il n’était pas sûr de l’avoir réellement vécu.
Le repas se termina avec la traditionnelle tasse de thé vert puis Jean prit congé en saluant respectueusement ses hôtes.
Rentré chez lui, il appela Yumiko. Il était un peu inquiet de sa réaction. Elle lui proposa de venir souper chez elle le lendemain. Elle ajouta que sa mère et Aiko seraient très heureuses de le voir, et qu’elle-même aurait des questions à lui poser sur l’échec de sa relation avec Kazuko. C’est ce qu’il redoutait, mais il lui promit de venir.
Il passa encore un moment à étudier les mots que Toyoko lui avait donnés en essayant de les placer dans des phrases puis il alla se coucher. Il eut du mal à s’endormir, bousculé par toutes les choses qui lui arrivaient depuis son retour. Curieusement, la visite d’Hélène et les derniers évènements dissipaient toute la tristesse et le vide qu’il avait ressenti même quelques jours plus tôt. Il se sentait débordé par cet afflux de choses à faire. Dans sa vie antérieure, il n’avait jamais connu ça.
Il lui restait à comprendre pourquoi Sophie s’était enlevé la vie, mais cela était devenu secondaire. Il put enfin se dire qu’elle n’était plus une petite fille et que sa décision lui appartenait même s’il pensait qu’il aurait pu y faire quelque chose.
Réveillé de bonne heure, il se fit un café et étudia attentivement tout ce que Toyoko lui avait préparé. Il écrivit les phrases dont il croyait avoir besoin afin de vérifier avec elle si elles étaient correctes. Dehors, quelques flocons de neige annonçaient l’hiver qui s’apprêtait à arriver.
Le téléphone sonna, c’était Dominique.
Jean n’avait rien de prévu et il n’allait chez Yumiko qu’en fin d’après-midi. Il accepta.
Elle approuva et le remercia.
Il retourna à son étude. Il eut avec Toyoko qui n’avait pas de cours ce jour-là un long échange au téléphone. Il lui proposa les phrases qu’il avait préparées.
Jean la remercia.
Il écrivit une lettre à Keiko. Il lui disait qu’il allait passer quelques jours au Japon, mais comme Kyoto ne faisait pas partie de son circuit, il ne pensait pas pouvoir la rencontrer.
Il mit dans la voiture le joli éventail acheté à Kyoto afin de l’offrir à Yumiko, puis il passa au centre d’achat acheter une bouteille de Beaujolais et prendre les photos qu’il avait données à développer. La photo avec Keiko au Pavillon d’or à Kyoto n’était pas mal. Elle avait un joli sourire. Il la glissa dans l’enveloppe.