Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Un homme en proie à l’alcoolisme raconte sa vie, sa mort, et sa quête de rédemption, y compris son expérience depuis l’au-delà. Avec fluidité et sous une pointe d’humour, "Jour et nuit, nuits et jours – Opus I – Récit d’un homme bien ordinaire" vous dévoile des coutumes rurales, des anecdotes piquantes, des expressions pittoresques, le tout agrémenté de dessins, gravures et croquis réalisés par l’auteur.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jack Roydman puise son inspiration de ses expériences vécues dans différentes régions de France, notamment le Forez et le Lyonnais. Il a déjà écrit deux ouvrages : "La Révélation", publié chez Le Lys Bleu Éditions en 2021, et "Des larmes, des armes et des âmes", paru à la Maison d’édition Spinelle en 2023.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 71
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Jack Roydman
Jour et nuit, nuits et jours
Opus I
Récit d’un homme bien ordinaire
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jack Roydman
ISBN : 979-10-422-1368-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Illustrations réalisées par Jack Roydman.
Préface
Il se dit généralement que chaque livre exprime la sensibilité et la personnalité de son auteur, et c’est loin d’être inexact. Un ouvrage dévoile en effet très souvent le ressenti et le caractère de la personne qui s’est impliqué dans son écriture ; en principe, le lecteur pourrait même à loisir camper le personnage de l’auteur ou de l’autrice, et pourquoi pas, imaginer son aspect physique.
Ceci s’avère exact dans la plupart des cas.
Toutefois, il peut se trouver parfois des situations particulières, ou sortant de l’ordinaire, au cours desquelles il n’est pas aisé pour un lecteur potentiel d’imaginer ou d’établir la représentation d’un personnage (soit le héros d’un roman, soit l’écrivain lui-même, soit les deux à la fois), et ce, pour au moins une bonne raison qui est facile à comprendre : lorsque le profil psychologique et physique du personnage en question a évolué considérablement, tout cheminement ou réflexion conduisant à cette hypothèse à la recherche de son identité n’est plus guère envisageable.
Bref, il se peut que l’intéressé devienne rapidement méconnaissable.
À la rigueur, seule une imagination particulièrement fertile peut permettre la représentation vague et incertaine à la fois d’un corps, d’un visage et d’une personnalité.
Ces conditions spécifiques s’appliquent assurément à mon cas : depuis plus de 30 ans, j’ai subi une mutation profonde à tous points de vue.
À présent, je sais pertinemment que plus personne au monde ne serait en mesure de reconnaître ni mon physique ni mon caractère, et voici précisément pour quelle raison un changement aussi radical s’est opéré en moi et peut se révéler sur tout être constitué de chair et de sang.
Au fil des ans, la dégradation de mon enveloppe corporelle, dont j’étais si fier, prend effectivement une ampleur considérable et une drôle de tournure, mais ce n’est pas tout. Certains événements extérieurs, des changements profonds ont engendré l’évolution de mon caractère et des sentiments que je porte désormais sur mes semblables, sur la vie et sur la mort, bref sur l’existence et sur le monde qui nous entoure. Je prête une attention et un regard totalement différents sur mon entourage présent et sur mon passé ; en revanche, j’éprouve de sérieux doutes quant à mon avenir personnel, sur le devenir de l’espèce humaine ainsi que celui de notre planète.
Vous, qui passez à présent sans me voir, la vie sur terre existe et vous n’êtes pas sans savoir qu’on doit la sauvegarder à tout prix car elle doit perdurer ; d’après le romancier Jiang Zilong : pour pouvoir se tenir droit et respirer librement, il faut lutter.
Après avoir lu les lignes ci-après de l’opus 1, vous n’ignorerez bientôt plus qu’ailleurs et en d’autres lieux assez inhabituels, ce principe est sensiblement différent et ne peut s’appliquer.
En 2024, j’aurais fêté mes 105 printemps, ce qui serait fort bien, seulement voilà : le gros problème, c’est que je n’étais déjà plus de ce monde dès l’âge de 70 ans ; je loge en effet depuis la fin de l’année 1989 avec mes parents et ma sœur dans le caveau familial, sis au numéro 3 de la rangée D du petit cimetière communal du Châtelet, près d’Ambert et dans le département du Puy-de-Dôme. Désormais, je suis étendu dans un beau cercueil en chêne verni – à l’origine – et doublé de moleskine, allongé bien comme il faut au-dessus de la petite sœur et près de papa, lui-même disposé sur son épouse, notre maman. Nous sommes donc réunis tous les quatre comme naguère, fort occupés à présent à manger les pissenlits par la racine.
L’origine et la cause principale de mon décès sont probablement dues à un mal qui me rongeait de l’intérieur depuis déjà quelques années et qui s’est insidieusement propagé dans la structure d’un organe vital.
Si, par hasard, le célèbre docteur Knock, instruit par le triomphe de la médecine moderne de l’entre-deux-guerres, avait bien voulu m’examiner, il aurait certainement pu faire un excellent diagnostic précoce. Je l’imagine volontiers me présenter sur l’une de ses magnifiques planches colorées, la vue détaillée indiquant les effets ou plutôt les méfaits de la cirrhose sur mon pauvre foie, un organe devenu atrophié, protubérant et peu appétissant, du fait de l’excès de boisson.
Malheureusement, ce médecin réputé et émérite avait très vraisemblablement quitté le misérable monde d’en haut. De plus, ce qui apparaît comme certain, c’est que toute une vie de débauche et de soûleries, ça ne pardonne pas ! À mon âge, je méritais bien le monde d’en bas, j’en conviens à présent très volontiers.
Je ne sais pas trop comment se sont passés mon décès ni mes funérailles, j’étais sans doute ailleurs et je n’avais certainement pas toute ma tête. Je suis revenu à mes esprits – au sens propre et au sens figuré – peu après ma mise en bière et lorsque mon cercueil fut déposé sur celui de ma petite sœur. La présence réconfortante de ma famille toute proche a certainement dû me stimuler et réveiller mes sens.
Je me souviens qu’il faisait si froid que je me suis mis à claquer des dents… Comme pour faire honneur à ma famille et malgré mes 70 ans, je portais beau : j’étais vêtu d’un magnifique costume bleu pétrole (le pantalon et la veste de l’un de mes amis) de ma chemise blanche et de la seule cravate que je possédais, et donc ma préférée. Bref, à cette occasion, on m’avait mis sur mon trente-et-un.
Nous ne sommes pas si mal installés malgré le manque de lumière ; j’ai d’ailleurs gardé quelque temps la fâcheuse habitude de chercher la poire qui pendait au-dessus de mon lit et qui éclairait la chambre de mon vivant, bien que je sois à présent étendu dans ce qui ressemble davantage à une chambre froide.
Bien sûr, en ce qui me concerne, j’aurais tant aimé croquer une pomme, revoir le jour et contempler le ciel, toucher l’herbe et humer à nouveau la terre, mais cela n’est désormais pas possible ni même envisageable. Le code a changé et la plupart de ces sens nous sont désormais interdits ; il paraît que les nouveaux arrivants au club des morts éprouvent tous les mêmes regrets pendant une bonne quarantaine ou cinquantaine d’années.
Il faut que nous nous contentions de notre triste condition et je m’occupe dans mon étroit cercueil du mieux que je peux. On rapporte volontiers l’expression suivante : être muet comme une tombe ; cependant, et contrairement à ce que l’on pense généralement, les tombeaux n’appartiennent pas au monde du silence.
Mes parents étaient peu loquaces toute leur vie durant et vous pensez bien qu’ils ne bavardent guère plus après leur décès.
Toutefois, je parle constamment à ma petite Augustine chérie, située sous moi et à droite de notre maman ; ce bébé, mon bébé, qui aurait atteint ses 5 ans en début d’année 1929 restera perpétuellement dans mon cœur.
J’échange également et épisodiquement, des messages avec mes voisins ; par exemple, le D4, un ancien dentiste, me souhaita même un bon anniversaire en décembre 2020 puis il remit ça en fin d’année 2021 et 2022.
À vrai dire, ce n’est ni le mois ni le jour correspondant à ma naissance, mais la date de mon inhumation ; pour être plus précis, mon décès eut lieu le 5 décembre au soir et je fus enseveli trois jours plus tard.
Maman a beau le remettre en place régulièrement et lui dire que ma naissance était en juillet, il ne veut pas en démordre et insiste lourdement. Quel fichu entêté, autant ne pas trop le contrarier et laissons-le donc délirer à sa guise !