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"Jour et nuit, nuits et jours – Opus II" explore la vie d’Anne Prévost, une femme moderne et atypique, épouse de Jacques Danymor. À travers le parcours de cette femme à la fois libérée et singulière, l’ouvrage examine des thèmes contemporains tout en offrant une perspective unique sur l’existence, le destin humain, et l’importance de la préservation de l’héritage culturel régional, notamment dans le Forez et le Lyonnais.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jack Roydman puise son inspiration de ses expériences vécues dans différentes régions de France, notamment le Forez et le Lyonnais. Il a déjà écrit deux ouvrages : "La Révélation", publié chez Le Lys Bleu Éditions en 2021, et "Des larmes, des armes et des âme"s, un essai sur la guerre en Ukraine, paru à la Maison d’édition Spinelle en 2023.
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Jack Roydman
Jour et nuit, nuits et jours
Opus II
Histoire d’une femme peu ordinaire
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jack Roydman
ISBN : 979-10-422-4450-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Dans le précédent opus 1, Récit d’un homme bien ordinaire, l’auteur nous avait relaté les épreuves successives, retranscrit les aventures plaisantes ou cocasses et les principaux événements dramatiques qui ont jalonné la vie et la mort de Jacques dans un petit journal de voyage illustré.
Originaire du Puy-de-Dôme, cet homme malheureux, saisi par une profonde addiction à l’alcool, habité par le doute et une remise en question quasi permanente, ira vivre par la suite dans le département voisin de la Loire.
Au cours de son existence sur terre, il connaîtra toutefois une période de bien-être et de repos auprès de son épouse Anne…
Au cours de cet opus 2, Histoire d’une femme peu ordinaire, nous allons explorer et analyser les épisodes de la vie d’Anne, son parcours personnel, son ascension sociale et découvrir certains épisodes de la vie commune d’Anne et de Jacques Danymor sous un aspect parfois fort différent de celui que nous connaissions déjà et sous une tout autre perspective. De prime abord, on pourrait effectivement penser que leur vie de couple se déroule selon le schéma typique d’un vrai conte de fées : ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants.
Toutefois, il n’en est rien : leur union ne sera pas en totale conformité avec cette fin habituelle et cette imagerie d’Épinal. Leur projet commun, s’il s’annonça bien au départ, dérivera toutefois par la suite, de façon significative et s’écartera sensiblement d’une belle histoire à la guimauve.
Originaire de Saint-Étienne, cette femme remarquable sortira de sa condition et trouvera tout à la fois son indépendance, sa liberté et la notoriété. Hyperactive, elle se lancera avec empressement dans la société, affirmera haut et fort sa personnalité et, selon toutes apparences, voudra croquer la vie à pleines dents.
Mais sous son élégance naturelle, malgré son intelligence et son remarquable talent de pianiste, un esprit curieux ou un fâcheux en viendrait sûrement, derrière ces apparences trompeuses, à se poser inévitablement quelques questions : l’épouse de Jacques n’a-t-elle vraiment rien à se reprocher et, au fond d’elle-même, que cache-t-elle et quelles sont donc ses faiblesses ?
Anne trouvera-t-elle pour autant le bonheur sur ses vieux jours ? Ce n’est pas certain : à ce sujet, le doute peut toujours subsister…
En l’an de grâce 1793 et la suite à quelques émeutes contre-révolutionnaires, le département de Rhône-et-Loire, jugé trop puissant et qui présentait potentiellement aux yeux de la Convention un certain danger, s’est vu retirer les districts de St Etienne, Montbrison et Roanne pour donner naissance au Rhône, à l’est, et à la Loire, côté ouest.
Ces deux entités distinctes qui forment à présent des départements limitrophes ont, de fait, été séparées par l’État. Depuis ce temps-là au moins, il existe toujours un certain antagonisme ou une rivalité sous-jacente entre la Loire (chef-lieu : St Etienne) et le Rhône (chef-lieu : Lyon), tant au point de vue politique, culturel ou sportif…
En quelque sorte, ces querelles de clocher, qui étaient fort prévisibles à l’époque et sous la Révolution, tombaient fort à propos et arrangeaient parfaitement la Convention puis l’Empire et la Restauration (avec le retour des Bourbons : Louis Philippe et Charles X), qui s’employèrent les uns comme les autres à pratiquer ouvertement une ligne visant à diviser pour régner et à affaiblir tout contre-pouvoir afin d’asseoir leur propre légitimité.
En prenant en compte ce clivage et toutes ces considérations, il serait ainsi très compréhensible que monsieur et madame Prévost ainsi que leur fille unique, Anne, originaires de Saint-Étienne, et qui vivaient tous les trois dans cette ville minière et ouvrière, eussent quelques préventions et de sérieuses retenues à l’égard des Lyonnais, tant en ce qui concerne les origines et l’histoire de cette grande et vieille cité rivale, que les us et coutumes de ses habitants. Il n’est pas impossible que cette rivalité débutât à l’époque du cruel baron des Adrets.
Saint-Étienne, connue dès le moyen âge pour la qualité de ses armes grâce au Furan1, puis cité minière par essence, ouvrière et métallurgiste, s’opposait ainsi aux bourgeois de Lyon.
Les moulineurs de soie et de coton à Pélussin et les passementiers de la région stéphanoise marquaient leur distinction de classe avec les riches soyeux lyonnais et même avec les célèbres canuts – les ouvriers implantés sur la colline de la Croix-Rousse – qui appartenaient tous deux à une corporation pourtant fort voisine de la leur.
Il est toutefois intéressant de remarquer que la fête des Lumières, célébrée tous les 8 décembre de chaque année, faisait ou presque l’unanimité aussi bien chez les Gones2 que chez les Stéphanois.
Mais si la pratique était identique d’une cité à l’autre, le but et les raisons étaient sensiblement différents, sinon opposés…
Pour les uns, il s’agissait d’honorer et de prier la vierge pour sauvegarder l’ancienne capitale des Gaules et ses habitants de la peste et autres fléaux. Pour les autres et d’après une légende, solidement établie, c’était un acte purement laïc, en hommage aux mineurs3, afin de protéger ceux-ci des coups de grisou et de les préserver de l’effondrement accidentel de galeries souterraines.
La fête de Sainte-Barbe, qui s’adressait non seulement aux artilleurs et aux artificiers, mais également aux sapeurs-mineurs et aux sapeurs-pompiers se répétait d’ailleurs dans presque toute la France, chaque fois le 4 décembre sous la forme de bals, de défilés et autres commémorations officielles ou officieuses.
En revanche, les illuminations du 8 décembre – qui, à quelques jours près, correspondaient donc à la Sainte-Barbe – se présentent dans chaque foyer, comme un acte privé, intime et beaucoup plus personnel, se référant aux seules gueules noires.
On voit bien ici l’esprit de contradiction, de distinction voire de révolte qui animaient et semble-t-il, animent toujours certains Gagas4 ainsi que leur opposition à tout esprit religieux et à la dévotion supposée et exagérée des Lyonnais et des Lyonnaises.
La seigneurie ecclésiastique lyonnaise en 1310
Cette situation conflictuelle se traduira plus particulièrement, dès les années soixante, dans le foot, principalement au cours de derbys très animés, plutôt mouvementés, parfois houleux et qui opposaient les deux équipes de joueurs ainsi que leurs supporters ; mais ceci est une autre histoire…
Sans le moins du monde oublier sa ville natale, Anne Danymar, née Prévost, s’intéressera aux nombreux vestiges qui subsistent à Lyon et ses environs, à ses édifices, bâtiments et monuments dans le vieux centre-ville, comme les traboules et tous ses mystères, à la cathédrale Saint-Jean, mais aussi au parc de la Tête d’Or ou au cimetière de Loyasse ainsi qu’aux nombreux projets architecturaux qui vont fleurir dans les années soixante-dix.
L’opéra, le centre d’échanges de Perrache ou le quartier de la Part-Dieu, avec sa gare, son centre commercial – et surtout son auditorium qu’elle sera amenée à fréquenter bientôt – ne la laisseront certainement pas indifférente…
Pourtant, peu à peu, Anne va opérer à titre personnel une sérieuse remise en question concernant tous ces projets d’urbanisation à outrance et à une vaste opération de modernisation, qui se résument à l’effacement du passé, à la démolition de notre histoire et à l’oubli inévitable des édifices, mais aussi des traditions ancestrales de notre pays et de nos régions.
Elle va parcourir Lyon et ses environs, découvrir sûrement le Beaujolais, le Mâconnais, les Dombes, le Forez et d’autres régions encore dans l’hexagone.
À plusieurs reprises, cette femme visitera également le bourg médiéval de La Chaise-Dieu, où elle participera à des festivals enivrants.
Ce sera enfin à Montbrison, ville fleurie et cité de l’histoire qu’Anne, âgée de 36 ans, fera une rencontre inopinée qui va déterminer tout son avenir musical…
À Saint-Étienne, le couple Prévost s’entendait à merveille ; si Henriette, qui avait une ribambelle de frères et sœurs, n’avait pas de soucis particuliers avec sa fratrie, il n’en était toutefois pas de même du côté de Stéphane qui détenait quelques secrets de famille, dont l’un assez lourd à porter ; en effet, le frère aîné de Stéphane : Auguste Prévost, resté célibataire et qui était plutôt du genre aventurier, s’était lancé dans le négoce au tout début des années 20, mais pas dans n’importe quel secteur d’activité…
Né en 1871, soit approximativement cinq ans et demi avant son frérot, ce personnage était tout d’abord rentré dans la police en 1892 ; sous l’autorité du commissaire Dresch et, de concert avec ses collègues, il avait participé en cette même année, comme simple agent, à l’arrestation boulevard Magenta à Saint-Étienne de l’ennemi public numéro un d’alors : François Claudius Königstein.
Ce dangereux anarchiste et sinistre individu, plus connu sous le nom de Ravachol, avait posé des bombes en causant plusieurs victimes à Paris et venait d’assassiner tout dernièrement un ermite cousu d’or et d’argent près de Chambles, sur les gorges de la Loire.
Malheureusement pour Auguste, et en dépit de ce retentissant exploit qu’il partageait d’ailleurs avec toute l’équipe du commissariat, il dut démissionner assez rapidement de son poste au cours de l’année 1900 pour des faits de violence répétés sur la voie publique et d’ivresse manifeste.
En perdant son travail, désemparé, il se lamentait par la même occasion et un peu à l’instar d’un bûcheron qui aurait égaré sa cognée, d’avoir abandonné son arme de service. Il s’engagea alors comme gardien de nuit chez Verney Carron, célèbre armurier de Saint-Étienne. La paye était loin d’être conséquente, mais c’est très vraisemblablement ce dernier emploi qui déterminera son avenir puis hélas, provoquera sa fin : la passion pour les armes à feu, dans le but d’en tirer profit, sûrement afin d’améliorer l’ordinaire.
Auguste traversa ensuite la première guerre mondiale sans trop d’encombres chez les pépères de la territoriale. Il fut affecté principalement et en quasi-permanence à la surveillance d’un dépôt de munitions, assez loin du front.
Dès la fin de la guerre de 14-18, nombreux furent ceux, anciens militaires ou hommes d’affaires sans scrupules, qui cherchaient le moyen de s’enrichir rapidement sur le dos de la société : dans l’édification de monuments aux morts, la reconstruction de bâtiments ou l’acquisition et la revente de véhicules des surplus militaires, mais aussi dans le négoce des armes.
Ces commerces florissants représentaient alors des sources de profit non négligeables ; l’état lui-même, peu regardant, avait besoin de renflouer ses caisses ; ces revenus n’étaient souvent pas très propres, les transactions fort peu surveillées par l’administration et parfois fondées sur des faits de malversation, de tripatouillage, voire sur de l’escroquerie.
Il suffisait pour réussir d’avoir l’esprit d’entreprendre, de se lancer dans la jungle des affaires en faisant fi de tous les préjugés, d’avoir de l’assurance ainsi que de solides garanties et de savoir convaincre.
Dès 1919, animé par un pur opportunisme et pensant que mieux vaut tard que jamais, Auguste Prévost à 48 ans, créa à son nom une modeste société nommée Armes Hure ; cette petite structure ne comptait au départ dans ses effectifs que le seul directeur et sa très discrète et dévouée secrétaire.
Le siège était implanté dans le quartier de Chavanelle5, à Saint-Étienne, près du marché couvert, où étaient situés anciennement les célèbres magasins de la Manufacture royale d’armes.
En 1923, l’âge venant et pour plus de sécurité, notre Auguste prit toutefois un associé polyglotte qui l’accompagna plus tard sur le terrain, car les démarches à l’étranger sont en effet souvent pesantes, les contacts parfois intimidants et les transactions délicates si ce n’est laborieuses.
Les risques étaient bien réels et il valait mieux se trouver à deux pour discuter avec le chef d’une bande de révolutionnaires ou devant des guérilleros à la mine patibulaire.
Lors de transactions, il était rassurant de disposer chacun d’un Colt Police, à défaut d’un petit Bulldog de calibre 320 dans la poche ou d’un bon gros Mas calibre 4506 tout près de soi, juste au cas où le ton monterait et où l’on en viendrait très vite aux mains…
De ce fait, les négociations étaient désormais censées être plus paisibles et la sérénité des transactions aurait dû normalement y gagner beaucoup.
Hélas, nous verrons par la suite qu’il n’en fut rien… Auguste devint rapidement la honte de sa famille dès que cette dernière découvrit ses agissements. Pour son propre frère et pour sa belle-sœur, il représentait à dessein le mercantilisme à outrance lié au cynisme absolu ; bref, un individu sans scrupule et décidément peu fréquentable.
Sa petite entreprise, discrète, toutefois florissante s’avéra très rentable pour l’unique propriétaire et, plus tard, pour les deux associés qui se remplirent joliment les poches.
Dans un premier temps et lorsqu’il fut seul sur le terrain, Auguste se tourna vers les militaires pour racheter tout un lot de fusils-mitrailleurs réformés et périmés du modèle 1915, de type Chauchat.