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Alexina, une jeune femme de son temps, accusée à tort de sorcellerie pour sa quête insatiable de savoir, choisit l’exil pour échapper au bûcher. Devenue un esprit bienveillant après un tragique accident, elle protégea de nombreuses âmes, jusqu’à sa rencontre avec Tom, qui la réconcilia avec la mort. Partez à la découverte de l’histoire d’Alexina, la sorcière du Moulin Souverain, à travers les époques en France.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Laurent Jeannas, directeur au SIVAH de Quièvrechain, est l’auteur de deux livres édités par Le Lys Bleu Éditions. Le premier, "Il aimait tellement la vie", relate émotionnellement la perte de son fils face au cancer. Le deuxième, "Improbable rencontre au partage des eaux", explore en profondeur des thèmes tels que la vie et la solitude. "La sorcière du moulin souverain", quant à lui, s’inspire de l’histoire familiale d’Annick Hourdiau, une figure importante de Marly, et du personnage fictif Alexina qu’elle a créé.
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Seitenzahl: 83
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Laurent Jeannas
La sorcière
du moulin souverain
Roman
© Lys Bleu Éditions – Laurent Jeannas
ISBN : 979-10-422-0716-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Avec la participation d’Annick Hourdiau
J’ai toujours souhaité écrire.
Les idées foisonnent dans ma tête, mais quand il me faut les coucher sur papier, je me lasse très vite.
Mes doigts ne sont pas aussi rapides que mon cerveau.
Ce n’est pas laisser une trace de mon passage sur Terre qui me motive, mais plutôt laisser un souvenir à mon fils, de sa filiation et de l’épopée vécue par ses arrière-grands-parents.
L’aventure d’Alexina, vrai prénom de ma grand-mère maternelle, a pris forme il y a un an, quand Marine, qui travaillait pour la FLAC à Marly, m’a proposé de créer un conte pour les feux de la Saint-Jean.
Une petite parenthèse pour préciser que la FLAC devient un lieu convivial et incontournable consacré à la culture à Marly.
À cette période un peu compliquée de ma vie, cet exercice m’a fait énormément de bien et j’y ai pris un réel plaisir.
J’ai connu Laurent et Annie-Claude, son épouse, dans l’une de mes autres vies et je ne pense pas trahir notre amitié en précisant que nous apprécions nous retrouver.
Nous partageons ce besoin d’écrire.
Aussi, tout naturellement, Laurent, connaissant mon seul défaut, celui de la paresse, s’est proposé de composer cette petite fugue sur mes indications.
Les recherches militaires et civiles ont rempli ma vie quotidienne pendant plusieurs semaines, si ce n’est des mois.
J’ai déniché des trésors, j’ai renoué avec mes racines, et ces trouvailles ont probablement accéléré mon regain d’énergie.
J’arrive à un âge où, normalement, nous espérons nous reposer, et moi, j’ai l’impression que cet âge me permet d’assumer toutes mes envies, tous mes rêves.
Écrire « à quatre mains » ne s’est pas avéré toujours aisé : il m’est arrivé de buter sur une proposition de Laurent à laquelle je n’adhérais pas forcément.
J’ai préféré attendre, réfléchir, voir ce que la suite allait nous apporter et j’ai bien fait !
Le final, que vous découvrirez, coule comme de l’eau, limpide, claire, et répond à mes attentes.
En fin de compte, ce livre est un roman, bien sûr, mais basé sur des faits, des personnages, des lieux qui ont bien existé et que l’on peut encore visiter.
Je vous laisse toucher, humer, imaginer, entendre, voir et partager un moment d’une époque s’étendant sur plusieurs siècles, et qui, je l’espère, vous enchantera.
Annick Hourdiau
Il n’y a de sorcellerie que là où on y croit,
n’y croyez plus et il n’y en aura plus.
Balthasar Bekker
Le XVIIe siècle est une époque bien différente de celle que nous connaissons de nos jours.
Les femmes n’y sont absolument pas considérées comme les égales des hommes et, du coup, sont moins bien instruites que ces derniers et souvent illettrées.
Elles ne reçoivent qu’une éducation religieuse et n’ont souvent le choix qu’entre le mariage et le couvent, pour les plus aisées.
Quant aux plus pauvres, elles ne sont souvent destinées qu’au bon plaisir des hommes.
Dans ce paysage, Alexina Vouzyssi est une jeune femme qui détone.
Depuis sa plus tendre enfance, elle vit dans les environs de Fontenay-le-Comte, dans l’ouest de la France, plus précisément dans le département de la Vendée.
Ses parents sont au service de châtelains qui, n’ayant pas eu d’enfant, se sont pris d’affection pour la petite Alexina.
Ainsi, pendant les longues absences de son mari, commerçant à Nantes, Philomène, la maîtresse des lieux, prend cette dernière sous son aile, pendant que son père et sa mère préparent les repas ou s’occupent du domaine.
Peu à peu, elle lui apprend à lire, à compter, éveillant au fur et à mesure une curiosité déjà innée.
Contrairement aux autres filles de son âge issues de la même condition, Alexina est donc plutôt une jeune fille instruite, voire très instruite.
Lire est un luxe gratuit qu’elle s’offre avec délectation d’autant plus facilement que la bibliothèque de Philomène et de son mari est plutôt bien fournie.
Elle y dispose d’une collection de livres très impressionnante, notamment les grands succès littéraires de la première moitié du XVIIe siècle que sont Hamlet, Macbeth, Don Quichotte ou encore le Songe d’une nuit d’été.
Très intéressée par les sciences, Alexina ne se contente pas de s’abreuver de littérature, mais dévore également les manuels de chimie, qu’elle peut trouver en fouillant bien.
Elle y déniche également de nombreux manuels vantant les mérites des plantes et expliquant comment en tirer le meilleur parti, au quotidien, pour maintenir adultes et enfants en bonne santé.
Elle ne se contente pas, non plus, de lire, et avec cette curiosité qui la caractérise, elle commence à mettre en application les préceptes qui y sont expliqués ; elle tente des expériences, et façonne ce qu’elle appelle des « recettes ».
Le souci pour Alexina, c’est qu’au XVIIe siècle, il ne fait pas bon sortir du cadre.
La propension à poursuivre les personnes convaincues du « détestable crime de sorcellerie, de magie et semblables inventions diaboliques » est très répandue et touche à peu près tout et n’importe quoi.
Comme Alexina ne ressemble en rien aux jeunes filles de son âge et de sa condition, puisqu’elle est souvent le nez dans ses livres à fabriquer de nouvelles « recettes », elle attise la curiosité malsaine des voisins de ses parents qui finissent par la dénoncer en sorcellerie.
Comme tant d’autres avant elle, et surtout à cette époque, au milieu du XVIIe siècle, Alexina va être victime de « la chasse aux sorcières », de cette volonté de poursuivre, persécuter et condamner, souvent à mort, des personnes accusées de « sorcellerie »… sans qu’une définition précise de ce dont il s’agit ne puisse être fournie.
En fait, il suffit d’avoir un comportement « anormal », comme dans le cas d’Alexina, de lire des livres, de faire des « recettes », d’avoir simplement un signe distinctif, « la marque du diable », souvent un simple grain de beauté sur l’épaule gauche de préférence, pour être condamnée au bûcher.
Sans qu’elle puisse réellement se défendre, Alexina va donc être accusée de sorcellerie par des procureurs occasionnels qui sévissent, alors, dans les environs de Fontenay-le-Comte.
Enfermée au cachot, le procès intervient rapidement, de manière expéditive, et débouche, comme pour beaucoup d’autres, sur une condamnation à être brûlée vive sur la place de son village.
L’avantage d’être érudite, c’est qu’Alexina a appris, dans l’une de ses lectures, qu’une instance, le parlement de Paris, pourrait lui permettre d’éviter le bûcher.
Le parlement de Paris est une institution qui siège sur l’île de la Cité, à Paris, et qui a vocation à juger en dernier recours, via la chambre de la Tournelle, toutes sortes de litiges entraînant une condamnation à mort, notamment les affaires de sorcellerie.
C’est un peu l’ancêtre de la Cour de cassation que nous connaissons de nos jours.
Alexina n’hésite pas une seconde à saisir cette chance pour elle-même, bien évidemment, mais aussi, dans la foulée, pour plusieurs de ses compagnes d’infortune de Fontenay-le-Comte.
S’agissant d’une procédure essentiellement écrite, et vu la particularité qui est la sienne, avec les enseignements forts à propos que lui ont délivrés Philomène par le passé, Alexina se commue en « avocate commise d’office » de toute cette petite bande.
Elle rédige elle-même l’ensemble des mémoires de toutes les condamnées à mort, et s’appuie sur Philomène pour qu’ils puissent parvenir sans encombre à l’Île de la Cité, à Paris.
Après quelques semaines d’attente, le verdict définitif tombe : Alexina n’ira pas au bûcher, mais est condamnée à un bannissement à vie de Fontenay-le-Comte et de ses environs.
La mort dans l’âme, Alexina doit se résoudre à préparer son départ, à laisser derrière elle tout ce qui a fait sa vie jusque-là, ses livres, ses « recettes », mais aussi et surtout, ses parents.
Les adieux sont bouleversants, car au fond d’eux-mêmes, ils savent bien tous les trois, père, mère et fille, qu’ils ne se reverront pas.
Après de longues embrassades, Alexina laisse donc toute sa vie derrière elle et se lance sur le chemin de l’inconnu n’ayant, à cette heure, aucune idée de l’endroit où elle pourra, à terme, s’établir.
Alexina n’avait, jusque-là, jamais quitté Fontenay-le-Comte et ses environs, et la voilà lancée sur les routes, sans autre but que de voir ce que le prochain virage lui réservera.
Sans but, oui, mais avec tout de même une direction en tête, Nantes, la plus grande ville du secteur, celle d’où elle se voit bien commencer une autre vie, citadine, elle qui, jusqu’ici, n’a vécu qu’à la campagne.
Les jours passent, au gré des rencontres et des paysages qui défilent sous ses pas.
Elle traverse des villes dont elle n’a que peu entendu parler jusqu’ici, Cezais, La Jaudonnière, Chantonnay, et parvient toujours à se débrouiller pour manger tous les jours à sa faim.
Néanmoins, la fatigue commence à se faire ressentir et, avec elle, une irrésistible envie, chaque jour un peu plus forte, de se poser quelque part.
Un matin, après environ une semaine d’errance, et alors qu’elle est passée la veille par le village des Essarts-en-Bocage, elle tombe sous le charme d’un lieu.