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Le 15 avril 2019, des milliers de personnes ont suivi en direct ou par le biais d’écrans l’incendie autour de la cathédrale. Parmi elles, certaines étaient profondément touchées, car cet événement allait avoir un impact majeur sur leur vie quotidienne. La réaction de la plupart était guidée par leurs émotions, leurs expériences passées et leur personnalité. Dans ce récit, certaines anecdotes sont ancrées dans la réalité ou trouvent leur inspiration dans des personnages authentiques, tandis que d’autres émergent purement de l’imagination de l’auteure.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Dès douze ans,
Josiane Bellaud affichait son intérêt pour l’écriture, remplissant des carnets de poèmes. Devenue mère, elle s’est orientée vers les histoires pour enfants, puis a exploré les carnets de voyage, les nouvelles et les romans au fil de ses voyages. Récemment, elle a décidé de partager son travail en franchissant le pas de l’édition.
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Josiane Bellaud
Le jour où les flammes
embrasèrent
Notre-Dame de Paris
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Josiane Bellaud
ISBN : 979-10-422-1382-4
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Du entendu…
Du vu…
Des histoires vraies…
Et d’autres qui pourraient l’être…
Nous sommes le 15 avril 2019, il est 18 h 50, une partie des Français regarde l’émission de Nagui : « N’oubliez pas les paroles » et Coralie est en train de chanter la chanson d’Esméralda tirée de l’opéra « Notre-Dame de Paris » quand soudain la nouvelle tombe :
« Notre-Dame de Paris est la proie des flammes. »
Notre belle cathédrale, la grande dame qui depuis huit cent cinquante-trois ans se mire dans les eaux brunes de la Seine, est la proie des flammes.
Quand une première alerte a été donnée quinze minutes plus tôt, les visiteurs ont été évacués, mais aucun feu n’avait été identifié.
Un deuxième signal a résonné, l’organiste n’y a pas vraiment cru et a continué de jouer, mais la messe s’est interrompue et tous les fidèles ont quitté les lieux, alors, inquiet, interrompant sa litanie, il a suivi.
Une multitude de badauds occupent la place et les quais. Un grand panache de fumée s’élève de la dame de pierre. Certains prient, d’autres pleurent, un petit groupe s’est mis à chanter des chants religieux. Tous ont sorti leur caméra ou leur téléphone portable et sont en train d’immortaliser l’horreur.
Les flammes gagnent en puissance, la flèche de quatre-vingt-seize mètres est en feu et s’effondre sur elle-même, provoquant un cri terrible venu du cœur de la foule, unie dans le même cauchemar.
On entend les sirènes des pompiers et les policiers essaient de faire reculer les curieux.
Le spectacle est apocalyptique, c’est l’incompréhension et la stupéfaction.
Ici sont rassemblés, non seulement les Parisiens qui entendant la nouvelle sont accourus comme pour se prouver que ça ne pouvait être possible, mais aussi des visiteurs qui viennent des quatre coins de France et d’ailleurs.
On entend chuchoter ou crier dans toutes les langues, le monde entier est ici près de la cathédrale mythique en train d’agoniser.
Alors commence une bataille héroïque des quatre cents pompiers qui sont venus lutter contre les flammes et qui pendant des heures vont jouer l’eau contre le feu, infernal ballet des lances d’incendie et des langues de feu puissantes.
La foule prie et chante avec ferveur pour conjurer le sort. Les pessimistes imaginent déjà l’espace vide, le no man’s land comme le Ground 0 à New York après l’effondrement des tours du World Trade Center. Chacun son symbole !
D’autres ne peuvent y croire, Notre-Dame ne peut pas disparaître, elle est une partie importante de l’âme de Paris, elle est notre patrimoine, notre histoire, elle est là depuis des siècles, elle a déjà résisté à un incendie. Elle restera debout, même diminuée, même amputée d’une partie d’elle-même.
Les heures passent, le flux de population s’est encore renforcé au chevet de la vieille dame de pierre.
C’est seulement vers vingt-trois heures que la situation semble s’éclaircir et que le bruit se répand que les deux tours du transept et la structure de la cathédrale sont sauvées.
Mais difficile de s’en réjouir.
Léa a seize ans, elle est plus que jolie, car elle irradie de l’intérieur une sorte de lumière qui rend ses yeux verts très expressifs et éclaire son visage. Ses longs cheveux blonds créent une aura lumineuse qui attire le regard.
C’est une jeune fille tranquille, qui a une vie normale d’adolescente et qui cherche encore la jeune femme qui est en elle.
Elle est intelligente et sait parfaitement ce qu’elle veut dans la vie. Elle est la dernière d’une lignée de femmes fortes et indépendantes qui vivent en respectant les valeurs auxquelles elles croient.
Depuis plusieurs années déjà, Léa a une âme d’artiste, elle s’est d’abord essayée à la guitare et elle y excellait, mais finalement elle s’est tournée vers le dessin pour lequel elle a un don réel. Elle a pris des cours et son professeur l’a encouragée à continuer. Alors, entrant en seconde au lycée, elle a choisi de rejoindre une section d’Arts Appliqués.
Elle a fait manifestement le bon choix, car elle est créative et réussit très bien.
Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle veut faire de sa vie, stylisme, design ou illustration. Elle a encore quelques années avant de décider et elle prend son temps. Elle va étudier les différentes options et choisira en toute connaissance de cause.
Ayant étudié l’Art Nouveau et en particulier ce qui concerne le moderniste Catalan Gaudi, elle rêve depuis des mois d’aller découvrir les trésors architecturaux du grand maître à Barcelone.
Sa grand-mère, passionnée de voyages et de culture, a beaucoup admiré les planches qu’elle a dessinées lors d’un travail sur Gaudi. Elle a alors programmé une surprise pour Léa pendant les vacances de Pâques, trois jours à Barcelone pour y marcher sur les traces du maître.
Léa a accueilli la nouvelle avec ravissement et a été très heureuse de cette opportunité.
Toutes les deux ont donc embarqué à l’aéroport de Bordeaux en direction de la capitale catalane.
Dès le premier jour, elles ont marché de leur hôtel jusqu’à la Sagrada Familia et, émerveillées par la basilique auréolée de soleil qui élançait ses tours à l’assaut du ciel, elles y ont passé l’après-midi entier.
Léa a tout observé jusqu’au moindre détail, examinant de près les murs de pierres sculptés qu’elle avait reproduits d’après une photo et critiquant par là même le travail qu’elle avait accompli et qu’elle ne trouvait pas assez précis. À travers une photo il est difficile de reproduire les plus petits détails puisqu’ils ne sont visibles qu’à l’œil.
Elles ont tourné pendant des heures autour de la basilique mystique, décryptant son symbolisme, le naturalisme et l’abstraction qui au lieu de s’opposer se fondent dans un délire architectural unique au monde.
Les statues, beaucoup plus contemporaines sur la façade de la nativité, ont fait l’objet de nombreux commentaires.
Les accès sont gérés par tranches horaires bien déterminées et quand leur tour est arrivé, elles ont présenté leurs billets au garde et sont entrées.
L’intérieur aussi est impressionnant avec ses magnifiques vitraux qui filtrent et colorent la lumière traversante. L’arc en chaînette qui a fonction de cosinus hyperbolique fascine Léa qui prend des photos de peur d’oublier tel ou tel détail.
La grand-mère est heureuse de voir sa petite fille aussi enthousiaste, un sourire lumineux figé sur le visage.
Aucun doute, la jeune fille est passionnée.
La visite se termine et toutes les deux se dirigent vers leur hôtel, fatiguées d’avoir autant piétiné, mais Léa aimerait bien revenir plus tard, quand la nuit sera tombée pour voir un nouvel aspect de la Sagrada Familia.
C’est donc après dîner qu’elles reviennent admirer la basilique illuminée de mille feux et comme le public a quitté les lieux, elles ont tout l’espace pour elles seules afin d’admirer la longue silhouette qui émerge de l’obscurité de cette nuit sans lune.
De retour à l’hôtel, elles sont épuisées, mais heureuses et Léa anticipe déjà sa visite au parc Guëll prévue le lendemain.
Leur entrée étant programmée à 11 h, là aussi tout est réglementé, elles se présentent un peu plus tôt le lendemain dans le parc.
Léa ne sait où donner de la tête, elle veut tout voir, tout photographier et retrouver les plans qu’elle a dessinés pour en observer toutes les précisions qu’elle a peut-être ratées.
Elle découvre le fameux banc ondulé couvert de mosaïques imaginé par Gaudi et qui domine les jardins. Il est juste au-dessus de la salle hypostyle et ses quatre-vingt-six colonnes doriques symbolisant une forêt. Il lui sert de chapiteau. Elle s’assied à différents points pour profiter de la vue et son regard balaye chaque détail.
En bas, en face de la salle hypostyle, s’étire la fameuse fontaine en forme de salamandre faite en céramique de toutes les couleurs qui la fait tant rêver. Elle s’en approche et en fait le tour en jouant un peu des coudes, car il y a une foule nombreuse autour.
Elle voudrait l’immortaliser avec son portable sans qu’il n’y ait de visiteurs devant, mais c’est impossible, car tous les touristes veulent justement être pris en photo devant !
Elle trouve finalement un compromis et la visite peut continuer.
Elle entre dans les pavillons de gardiens en forme de champignons qui veillent sur l’entrée du parc et s’exclame sur chaque particularité du décor baroque. Elle ne sent pas la fatigue, portée par son émerveillement et son désir de tout voir.
Après quelques heures sur place, elle monte la colline du Parc pour aller découvrit les viaducs au milieu d’une nature exubérante. Tout est fait pour ravir le regard, mille ornements de pierres sont en harmonie avec la nature, principale inspiration de Gaudi.
Le temps a passé très vite et Léa n’a même pas pensé au déjeuner qui se fera à l’heure espagnole puisqu’il est déjà plus de 14 h.
Comme prévu, l’après-midi est consacré à visiter différents lieux et monuments de la ville, comme la Cathédrale, l’église Saine Marie de la mer, la ville gothique, le port…
Mais Léa est surtout très impatiente de continuer son pèlerinage personnel sur les traces de Gaudi. En fin d’après-midi sont prévues au programme la « Casa Mila » et sa préférée la « Casa Vicens » sur laquelle elle a travaillé en cours.
La « Casa Mila » encore appelée « la Pedrera » est un hôtel particulier érigé au début du vingtième siècle par l’architecte de génie. Les lignes de l’ensemble mêlent droites et courbes et créent des formes qui toujours évoquent la nature. La terrasse est magnifique, dominée par la « Croix de Gaudi » et les cheminées sont toutes recouvertes de céramique blanche et dont les formes évoquent des heaumes de guerriers.
Mais l’heure passe trop vite et, pour ne pas perdre de temps, Léa et sa grand-mère prennent un taxi pour couvrir la distance importante jusqu’à la « Casa Vicens » là, c’est une magnifique maison, dans une harmonie de vert et de rouge qui s’offre à leurs regards admiratifs.
Léa est à nouveau sur le qui-vive. Elle a tant de détails à analyser, à admirer. Elle explique que c’est la première œuvre de Gaudi pour répondre à la commande d’un particulier dans les années mille huit cent quatre-vingt.
Elle déplore que celle-ci soit moins célèbre que d’autres, car elle aime particulièrement son harmonie parfaite. Son style est à la fois baroque et mauresque. La façade est très travaillée, on y retrouve toute l’inspiration naturiste de l’architecte.
Léa est à nouveau dans son élément. Après la connaissance théorique de l’œuvre, elle la découvre « en vrai » et cela la fascine.
Elles montent les étages et admirent le mobilier créé par Gaudi. Léa explique que tous les designers commencent par fabriquer une chaise qui sera leur marque pour toujours, elle envisage d’ailleurs de créer la sienne, leur professeur en a déjà émis l’idée.
Sa grand-mère ne perd pas un mot de ce que dit Léa et se sent très fière d’avoir une petite-fille qui possède autant de talent. Elle imagine très bien qu’un jour, elle aussi devienne célèbre, elle en a la capacité et la motivation. Alors, rêvons !
Le lendemain est consacré à la visite de la « Casa Batlo », une des œuvres les plus connues de Gaudi avec sa façade peinte de couleurs joyeuses, vrai hymne à la nature.
Mais en arrivant, elles découvrent que la façade qui les faisait tant rêver est en rénovation et elle est recouverte d’une bâche. Grosse déception de Léa qui a du mal à accepter le fait que la rénovation a lieu… juste quand elle est là…
Elle dit qu’il faut la voir absolument, essayant de convaincre sa grand-mère qui l’est déjà, que c’est un incontournable et qu’il faudra revenir dès que les travaux seront achevés.
En attendant, il est possible de visiter l’intérieur.
L’escalier est magnifique. Tous les murs sont recouverts de carreaux blancs et bleus évoquant le rapport à la mer. Les portes en bois sont remarquablement travaillées et les poignées très particulières, certaines ayant la forme des doigts.
La terrasse est en partie fermée et on en aperçoit seulement une petite partie.
En sortant, le sentiment dominant de Léa est la frustration.
Comme la visite a été plus rapide que ce qui était prévu, sa grand-mère lui propose de visiter juste à côté la « Casa Amalter ». Bien sûr ce n’est pas l’œuvre de Gaudi, mais c’est celle de Puig qui est aussi très connu. La façade invite à la visite et Léa accepte. C’est une très jolie maison et Léa explique que cette maison est transitoire entre Art Nouveau et Art Déco.
La maison est magnifique, les meubles restaurés sont tous d’origine et les parquets en bois sont remarquablement conservés.
La visite s’achève par une dégustation de chocolat. En effet cette maison appartient à un grand chocolatier dont le savoir-faire se transmet de père en fils depuis plus de cent ans.
L’après-midi se poursuit et il reste une dernière visite incontournable, c’est celle du Palais Guëll.