Le Mariage forcé - Molière - E-Book

Le Mariage forcé E-Book

Moliere

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Beschreibung

Extrait : "SGANARELLE : Je suis de retour dans un moment. Que l'on ait bien soin du logis, et que tout aille comme il faut. Si l'on m'apporte de l'argent, que l'on me vienne quérir vite chez le Seigneur Géronimo ; et si l'on vient m'en demander, qu'on dise que je suis sorti et que je ne dois revenir de toute la journée."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Seitenzahl: 38

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Personnages

SGANARELLE.

GÉRONIMO.

DORIMÈNE : jeune coquette, promise à Sganarelle.

ALCANTOR : père de Dorimène.

ALCIDAS : frère de Dorimène.

LYCASTE : amant de Dorimène.

DEUX ÉGYPTIENNES.

PANCRACE : docteur aristotélicien.

MARPHURIUS : docteur pyrrhonien.

Le Mariage forcé

Comédie

Scène première

Sganarelle, Géronimo.

SGANARELLE

Je suis de retour dans un moment. Que l’on ait bien soin du logis, et que tout aille comme il faut. Si l’on m’apporte de l’argent, que l’on me vienne querir vite chez le Seigneur Géronimo ; et si l’on vient m’en demander, qu’on dise que je suis sorti et que je ne dois revenir de toute la journée .

GÉRONIMO

Voilà un ordre fort prudent.

SGANARELLE

Ah ! Seigneur Géronimo, je vous trouve à propos, et j’allois chez vous vous chercher .

GÉRONIMO

Et pour quel sujet, s’il vous plaît ?

SGANARELLE

Pour vous communiquer une affaire que j’ai en tête, et vous prier de m’en dire votre avis.

GÉRONIMO

Très volontiers. Je suis bien aise de cette rencontre, et nous pouvons parler ici en toute liberté.

SGANARELLE

Mettez donc dessus, s’il vous plaît. Il s’agit d’une chose de conséquence, que l’on m’a proposée ; et il est bon de ne rien faire sans le conseil de ses amis.

GÉRONIMO

Je vous suis obligé de m’avoir choisi pour cela. Vous n’avez qu’à me dire ce que c’est.

SGANARELLE

Mais auparavant je vous conjure de ne me point flatter du tout, et de me dire nettement votre pensée.

GÉRONIMO

Je le ferai, puisque vous le voulez.

SGANARELLE

Je ne vois rien de plus condamnable qu’un ami qui ne nous parle pas franchement.

GÉRONIMO

Vous avez raison.

SGANARELLE

Et dans ce siècle on trouve peu d’amis sincères.

GÉRONIMO

Cela est vrai.

SGANARELLE

Promettez-moi donc, Seigneur Géronimo, de me parler avec toute sorte de franchise.

GÉRONIMO

Je vous le promets.

SGANARELLE

Jurez-en votre foi.

GÉRONIMO

Oui, foi d’ami. Dites-moi seulement votre affaire.

SGANARELLE

C’est que je veux savoir de vous si je ferai bien de me marier.

GÉRONIMO

Qui, vous ?

SGANARELLE

Oui, moi-même en propre personne. Quel est votre avis là-dessus ?

GÉRONIMO

Je vous prie auparavant de me dire une chose.

SGANARELLE

Et quoi ?

GÉRONIMO

Quel âge pouvez-vous bien avoir maintenant ?

SGANARELLE

Moi ?

GÉRONIMO

Oui.

SGANARELLE

Ma foi, je ne sais ; mais je me porte bien.

GÉRONIMO

Quoi ? vous ne savez pas à peu près votre âge ?

SGANARELLE

Non : est-ce qu’on songe à cela ?

GÉRONIMO

Eh ! dites-moi un peu, s’il vous plaît : combien aviez-vous d’années lorsque nous fîmes connoissance ?

SGANARELLE

Ma foi, je n’avois que vingt ans alors.

GÉRONIMO

Combien fûmes-nous ensemble à Rome ?

SGANARELLE

Huit ans.

GÉRONIMO

Quel temps avez-vous demeuré en Angleterre ?

SGANARELLE

Sept ans.

GÉRONIMO

Et en Hollande, où vous fûtes ensuite ?

SGANARELLE

Cinq ans et demi.

GÉRONIMO

Combien y a-t-il que vous êtes revenu ici ?

SGANARELLE

Je revins en cinquante-six.

GÉRONIMO

De cinquante-six à soixante-huit, il y a douze ans, ce me semble. Cinq ans en Hollande, font dix-sept ; sept ans en Angleterre, font vingt-quatre ; huit dans notre séjour à Rome, font trente-deux ; et vingt que vous aviez lorsque nous nous connûmes, cela fait justement cinquante-deux : si bien, Seigneur Sganarelle, que, sur votre propre confession, vous êtes environ à votre cinquante-deuxième ou cinquante-troisième année.

SGANARELLE

Qui, moi ? Cela ne se peut pas.

GÉRONIMO

Mon Dieu, le calcul est juste ; et là-dessus je vous dirai franchement et en ami, comme vous m’avez fait promettre de vous parler, que le mariage n’est guère votre fait. C’est une chose à laquelle il faut que les jeunes gens pensent bien mûrement avant que de la faire ; mais les gens de votre âge n’y doivent point penser du tout ; et si l’on dit que la plus grande de toutes les folies est celle de se marier, je ne vois rien de plus mal à propos que de la faire, cette folie, dans la saison où nous devons être plus sages. Enfin je vous en dis nettement ma pensée. Je ne vous conseille point de songer au mariage ; et je vous trouverois le plus ridicule du monde, si, ayant été libre jusqu’à cette heure, vous alliez vous charger maintenant de la plus pesante des chaînes.

SGANARELLE

Et moi je vous dis que je suis résolu de me marier, et que je ne serai point ridicule en épousant la fille que je recherche.

GÉRONIMO

Ah ! c’est une autre chose : vous ne m’aviez pas dit cela.

SGANARELLE

C’est une fille qui me plaît, et que j’aime de tout mon cœur.

GÉRONIMO

Vous l’aimez de tout votre cœur ?

SGANARELLE

Sans doute, et je l’ai demandée à son père.

GÉRONIMO

Vous l’avez demandée ?

SGANARELLE

Oui. C’est un mariage qui se doit conclure ce soir, et j’ai donné parole.

GÉRONIMO