Les Femmes savantes - Molière - E-Book

Les Femmes savantes E-Book

Moliere

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Beschreibung

"Les Femmes savantes, une comédie de Molière, est une œuvre incontournable du théâtre français du XVIIe siècle. Cette pièce met en scène les déboires d'une famille bourgeoise, les Bélise, où l'obsession pour la culture et le savoir des femmes de la maison devient source de conflits et de quiproquos hilarants.
Philaminte, la matriarche, est une femme érudite qui souhaite imposer ses idées et sa vision du monde à sa famille. Elle est entourée de sa fille Armande, une jeune femme prétentieuse et arrogante, et de sa sœur Bélise, une vieille fille qui se pique d'intelligence. Face à elles, Chrysale, le mari de Philaminte, tente tant bien que mal de maintenir l'harmonie familiale, mais se retrouve souvent dépassé par les événements.
L'arrivée de Trissotin, un poète médiocre mais flatteur, va aggraver la situation. Philaminte et Armande tombent sous son charme et le considèrent comme un génie, au grand désarroi de Chrysale et de Clitandre, le prétendant d'Armande. Les quiproquos s'enchaînent, les rivalités s'exacerbent et les personnages se dévoilent dans toute leur absurdité.
Avec Les Femmes savantes, Molière dresse un portrait satirique de la société de son époque, où l'obsession pour la culture et le savoir peut mener à la vanité et à la déconnexion avec la réalité. Cette comédie met en lumière les travers de l'intellectualisme excessif et des faux-semblants, tout en offrant une critique subtile des rapports de pouvoir entre les sexes.
Les Femmes savantes est une pièce à la fois drôle et profonde, qui interroge avec finesse les notions de savoir, de féminité et de liberté individuelle. Elle reste aujourd'hui une œuvre intemporelle.

Extrait : ""BELISE : O cervelle indocile ! Faut-il qu'avec les soins qu'on prend incessamment, On ne te puisse apprendre à parler congrûment ? De pas mis avec rien tu fais la récidive, Et c'est, comme on t'a dit, trop d'une négative. MARTINE : Mon Dieu ! je n'avons pas étugué comme vous, Et je parlons tout droit comme on parle cheux nous. PHILAMINTE : Ah ! peut-on y tenir ? BELISE : Quel solécisme horrible !"""

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335004304

©Ligaran 2014

Personnages

Chrysale : bon bourgeois.

Philaminte : femme de Chrysale.

Armande : fille de Chrysale et de Philaminte.

Henriette : fille de Chrysale et de Philaminte.

Ariste : frère de Chrysale.

Bélise : sœur de Chrysale.

Clitandre.

Trissotin : bel esprit.

Vadius : savant.

Martine : servante de cuisine.

L’Épine : laquais.

Julien : valet de Vadius.

Un notaire.

*

La scène est à Paris, dans la maison de Chrysale.

Acte premier
Scène I

Armande, Henriette.

ARMANDE
Quoi ! le beau nom de fille est un titre, ma sœur,
Dont vous voulez quitter la charmante douceur,
Et de vous marier vous osez faire fête ?
Ce vulgaire dessein vous peut monter en tête ?
HENRIETTE
Oui, ma sœur.
ARMANDE
Ah ! ce « oui » se peut-il supporter,
Et, sans un mal de cœur, saurait-on l’écouter ?
HENRIETTE
Qu’a donc le mariage en soi qui vous oblige, Ma sœur ?…
ARMANDE
Ah, mon Dieu ! fi !
HENRIETTE
Comment ?
ARMANDE
Ah, fi ! vous dis-je.
HENRIETTE
Et qu’est-ce qu’à mon âge on a de mieux à faire
Que d’attacher à soi, par le titre d’époux,
Un homme qui vous aime et soit aimé de vous ;
Et de cette union, de tendresse suivie,
Se faire les douceurs d’une innocente vie ?
Ce nœud, bien assorti, n’a-t-il pas des appas ?
ARMANDE
Mon Dieu, que votre esprit est d’un étage bas !
Que vous jouez au monde un petit personnage,
De vous claquemurer aux choses du ménage,
Et de n’entrevoir point de plaisirs plus touchants
Qu’un idole d’époux, et des marmots d’enfants !
Laissez aux gens grossiers, aux personnes vulgaires,
Les bas amusements de ces sortes d’affaires ;
À de plus hauts objets élevez vos désirs,
Songez à prendre un goût des plus nobles plaisirs ;
Et, traitant de mépris les sens et la matière,
À l’esprit, comme nous, donnez-vous toute entière.
Vous avez notre mère en exemple à nos yeux,
Que du nom de savante on honore en tous lieux ;
Tâchez, ainsi que moi, de vous montrer sa fille,
Aspirez aux clartés qui sont dans la famille,
Et vous rendez sensible aux charmantes douceurs
Que l’amour de l’étude épanche dans les cœurs.
Loin d’être aux lois d’un homme en esclave asservie,
Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie,
Qui nous monte au-dessus de tout le genre humain,
Et donne à la raison l’empire souverain,
Soumettant à ses lois la partie animale,
Dont l’appétit grossier aux bêtes nous ravale.
Ce sont là les beaux feux, les doux attachements,
Qui doivent de la vie occuper les moments ;
Et les soins où je vois tant de femmes sensibles
Me paraissent aux yeux des pauvretés horribles.
HENRIETTE
Le Ciel, dont nous voyons que l’ordre est tout-puissant,
Pour différents emplois nous fabrique en naissant ;
Et tout esprit n’est pas composé d’une étoffe
Qui se trouve taillée à faire un philosophe.
Si le vôtre est né propre aux élévations,
Où montent des savants les spéculations,
Le mien est fait, ma sœur, pour aller terre à terre.
Et dans les petits soins son faible se resserre.
Ne troublons point du Ciel les justes règlements,
Et de nos deux instincts suivons les mouvements.
Habitez, par l’essor d’un grand et beau génie,
Les hautes régions de la philosophie,
Tandis que mon esprit, se tenant ici-bas,
Goûtera de l’hymen les terrestres appas.
Ainsi, dans nos desseins, l’une à l’autre contraire,
Nous saurons toutes deux imiter notre mère :
Vous, aux productions d’esprit et de lumière ;
Moi, dans celles, ma sœur, qui sont de la matière.
ARMANDE
Quand sur une personne on prétend se régler,
C’est par les beaux côtés qu’il lui faut ressembler ;
Et ce n’est point du tout la prendre pour modèle,
Ma sœur, que de tousser et de cracher comme elle.
HENRIETTE
Mais vous ne seriez pas ce dont vous vous vantez,
Si ma mère n’eût eu que de ces beaux côtés ;
Et bien vous prend, ma sœur, que son noble génie
N’ait pas vaqué toujours à la philosophie.
De grâce, souffrez-moi, par un peu de bonté,
Des bassesses à qui vous devez la clarté ;
Et ne supprimez point, voulant qu’on vous seconde,
Quelque petit savant qui veut venir au monde.
ARMANDE
Je vois que votre esprit ne peut être guéri
Du fol entêtement de vous faire un mari ;
Mais sachons, s’il vous plaît, qui vous songez à prendre ;
Votre visée au moins n’est pas mise à Clitandre ?
HENRIETTE
Et par quelle raison n’y serait-elle pas ?
Manque-t-il de mérite ? est-ce un choix qui soit bas ?
ARMANDE
Non ; mais c’est un dessein qui serait malhonnête,
Que de vouloir d’un autre enlever la conquête ;
Et ce n’est pas un fait dans le monde ignoré
Que Clitandre ait pour moi hautement soupiré.
HENRIETTE
Oui ; mais tous ces soupirs chez vous sont choses vaines,
Et vous ne tombez point aux bassesses humaines ;
Votre esprit à l’hymen renonce pour toujours,
Et la philosophie a toutes vos amours :
Ainsi, n’ayant au cœur nul dessein pour Clitandre,
Que vous importe-t-il qu’on y puisse prétendre ?
ARMANDE
Cet empire que tient la raison sur les sens
Ne fait pas renoncer aux douceurs des encens,
Et l’on peut pour époux refuser un mérite
Que pour adorateur on veut bien à sa suite.
HENRIETTE
Je n’ai pas empêché qu’à vos perfections
Il n’ait continué ses adorations ;
Et je n’ai fait que prendre, au refus de votre âme,
Ce qu’est venu m’offrir l’hommage de sa flamme.
ARMANDE
Mais à l’offre des vœux d’un amant dépité
Trouvez-vous, je vous prie, entière sûreté ?
Croyez-vous pour vos yeux sa passion bien forte,
Et qu’en son cœur pour moi toute flamme soit morte ?
HENRIETTE
Il me le dit, ma sœur, et, pour moi, je le crois.
ARMANDE
Ne soyez pas, ma sœur, d’une si bonne foi,
Et croyez, quand il dit qu’il me quitte et vous aime,
Qu’il n’y songe pas bien et se trompe lui-même.
HENRIETTE
Je ne sais ; mais enfin, si c’est votre plaisir,
Il nous est bien aisé de nous en éclaircir :
Je l’aperçois qui vient, et sur cette matière
Il pourra nous donner une pleine lumière.
Scène II

Clitandre, Armande, Henriette.

HENRIETTE
Pour me tirer d’un doute où me jette ma sœur,
Entre elle et moi, Clitandre, expliquez votre cœur ;
Découvrez-en le fond, et nous daignez apprendre
Qui de nous à vos vœux est en droit de prétendre.
ARMANDE
Non, non : je ne veux point à votre passion
Imposer la rigueur d’une explication ;
Je ménage les gens, et sais comme embarrasse
Le contraignant effort de ces aveux en face.
CLITANDRE
Non, Madame, mon cœur, qui dissimule peu,
Ne sent nulle contrainte à faire un libre aveu ;
Dans aucun embarras un tel pas ne me jette,
Et j’avouerai tout haut, d’une âme franche et nette,
Que les tendres liens où je suis arrêté,
Mon amour et mes vœux sont tout de ce côté.
Qu’à nulle émotion cet aveu ne vous porte :
Vous avez bien voulu les choses de la sorte.
Vos attraits m’avaient pris, et mes tendres soupirs
Vous ont assez prouvé l’ardeur de mes désirs ;
Mon cœur vous consacrait une flamme immortelle ;
Mais vos yeux n’ont pas cru leur conquête assez belle.
J’ai souffert sous leur joug cent mépris différents,
Ils régnaient sur mon âme en superbes tyrans,
Et je me suis cherché, lassé de tant de peines,
Des vainqueurs plus humains et de moins rudes chaînes :
Je les ai rencontrés, Madame, dans ces yeux,
Et leurs traits à jamais me seront précieux ;
D’un regard pitoyable ils ont séché mes larmes,
Et n’ont pas dédaigné le rebut de vos charmes ;
De si rares bontés m’ont si bien su toucher,
Qu’il n’est rien qui me puisse à mes fers arracher ;
Et j’ose maintenant vous conjurer, Madame,
De ne vouloir tenter nul effort sur ma flamme,
De ne point essayer à rappeler un cœur
Résolu de mourir dans cette douce ardeur.
ARMANDE
Eh ! qui vous dit, Monsieur, que l’on ait cette envie,
Et que de vous enfin si fort on se soucie ?
Je vous trouve plaisant de vous le figurer,
Et bien impertinent de me le déclarer.
HENRIETTE
Je rends grâce aux bontés que vous me faites voir
De m’enseigner si bien les choses du devoir ;
Mon cœur sur vos leçons veut régler sa conduite ;
Et pour vous faire voir, ma sœur, que j’en profite,
Clitandre, prenez soin d’appuyer votre amour
De l’agrément de ceux dont j’ai reçu le jour ;
Faites-vous sur mes vœux un pouvoir légitime,
Et me donnez moyen de vous aimer sans crime.
CLITANDRE
J’y vais de tous mes soins travailler hautement,
Et j’attendais de vous ce doux consentement.
ARMANDE
Vous triomphez, ma sœur, et faites une mine
À vous imaginer que cela me chagrine.
HENRIETTE
Moi, ma sœur, point du tout : je sais que sur vos sens
Les droits de la raison sont toujours tout-puissants ;
Et que par les leçons qu’on prend dans la sagesse,
Vous êtes au-dessus d’une telle faiblesse.
Loin de vous soupçonner d’aucun chagrin, je crois
Qu’ici vous daignerez vous employer pour moi,
Appuyer sa demande, et de votre suffrage
Presser l’heureux moment de notre mariage.
Je vous en sollicite ; et pour y travailler…
ARMANDE
Votre petit esprit se mêle de railler,
Et d’un cœur qu’on vous jette on vous voit toute fière.
HENRIETTE
Tout jeté qu’est ce cœur, il ne vous déplaît guère ;
Et si vos yeux sur moi le pouvaient ramasser,
Ils prendraient aisément le soin de se baisser.
ARMANDE
À répondre à cela je ne daigne descendre,
Et ce sont sots discours qu’il ne faut pas entendre.
HENRIETTE
C’est fort bien fait à vous, et vous nous faites voir
Des modérations qu’on ne peut concevoir.
Scène III

Clitandre, Henriette.

HENRIETTE
Votre sincère aveu ne l’a pas peu surprise.
CLITANDRE
Elle mérite assez une telle franchise,