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L’univers saisissant de la cohabitation entre un Homo sapiens, plantigrade en pleine évolution, et un Felis catus, plus connu sous le nom de chat, reconnu pour son caractère audacieux, se dévoile dans ce récit. L’histoire de Médor met en lumière les interactions uniques et souvent amusantes entre ces deux espèces, illustrant comment un homme et son chat peuvent partager un foyer tout en respectant les différences qui font leur charme.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Philippe Garenne a maintenu, pendant de longues années, le collège de l’île de Ré sur les flots houleux de l’équilibre budgétaire. Toujours en quête d’idées nouvelles, il trouve son inspiration dans les recoins des lieux historiques et des images poétiques, transformant ses découvertes en œuvres littéraires uniques.
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Philippe Garenne
Médor
Le chat qui observait
le monde par un trou de sourire
Roman
© Lys Bleu Éditions – Philippe Garenne
ISBN :979-10-422-4120-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
La preuve la plus évidente que la Terre est ronde est que ceux qui ont les pieds plats ont du mal à marcher.
Un génial inconnu
Un pays sans oisifs ou sans fainéants est un pays sans idéal !
Pierre Mac Orlan
Mention spéciale pour Antoine et Margot, mes adorables petits-enfants, qui ont dessiné les chats qui illustrent ce livre.
Le chat marchait fièrement avec l’air satisfait de ceux qui ont tout reçu sans rien avoir à donner. Le trottoir de la rue des Grenadines de Périgny était dégagé, pas de crotte de chien pour amender le bitume rouge, pas de vélocipédiste pour polluer l’espace piéton, pas de trottinette pour encombrer les caniveaux, pas de cul-de-jatte pour ralentir la marche à pied.
Le chat avançait souplement, son poil noir et blanc était parfaitement entretenu, son œil vert perçait la pensée des hommes, son ventre rond respirait la viandasse enfournée sans modération. Le chat avait pris une grande décision, il allait changer de crèmerie. Bien sûr, c’était un animal de territoire et partir à la recherche de nouveaux horizons allait contrarier ses habitudes, mais qu’importe.
Le chat, un bestiau de six ou sept ans, vacciné de haut en bas, brossé deux fois par semaine, vivait en colocation avec Genevieille, une ancêtre du quartier. La maison était confortable, le jardin fleuri et l’animal avaient enduit les murs et la verdure de ses phéromones qui interdisaient toute entrée aux intrus. De temps en temps, un oiseau audacieux s’aventurait dans l’espace, mais il était immédiatement rappelé à l’ordre en y laissant des plumes ou même la vie si le chat était d’humeur taquine. Le chien du voisin, un infâme roquet au poil ras, avait fait connaissance avec les griffes du félin et y regardait à deux fois avant d’aboyer trop près du grillage.
Bref, le chat était chez lui. Tout allait bien dans cette vie tranquille et routinière, sauf que la vieille dame avait rendu son âme au diable, qui l’avait transmise à Dieu vu le peu d’intérêt présenté. Et bientôt, avaient débarqué à la maison les héritiers, colonisateurs sans vergogne, qui voulaient récupérer la colocation sans en avertir le propriétaire principal, lui, le chat. Les gènes sont parfois sans gêne ! Un couple de rustres, affublé de jeunes enfants bruyants et d’un chien baveux, une sorte de boxer, pas particulièrement méchant ni intelligent, doté d’une énergie fatigante. Dans un premier temps, les nouveaux envahisseurs avaient espéré une cohabitation animalière harmonieuse, mais comment faire vivre ensemble un animal de territoire attaché à son espace géographique et un animal de maître soumis sans gloire à la volonté et aux exigences d’un patron ?
Après avoir sorti ses griffes, le chat avait sorti sa valoche. Il était parti d’une démarche souple et sûrement féline à la conquête d’un nouveau chez lui, pas forcément meilleur, mais certainement plus sûr, du moins le pensait-il.
Au fond de la rue, sur le trottoir d’en face, zonait le vieux Jack, un chat de gouttière au pelage pelé. Il était borgne autant de la tête que du cul, car sa castration imposée par une propriétaire frigide n’avait pas réussi. Le véto, un homme grand, mince et chauve, gavé au guignolet-kirsch, au bistouri approximatif, avait oublié une couille. On a beau avoir fait des études, on n’est pas obligé de savoir compter jusqu’à deux. Jack se promenait donc, un testicule à l’air, sous l’œil interrogateur des minettes du quartier, qui se demandaient comment cette demi-portion pouvait fonctionner. Heureusement, Lulu, une drôlesse langoureuse à la langue suave et la queue caressante qui logeait chez madame Claude, dans une maison close, la « maison du chat qui pelote », avait essayé l’animal sulfureux. D’après elle, Jack était comme un fusil de chasse, si le tireur était bon, un seul coup suffisait. Malgré ses infirmités, Jack était redoutable. Nourri aux restes de poubelle, il considérait tout être vivant comme un ennemi en puissance et de la puissance, il n’en manquait pas. Même le chien de Dorothée, une jeune nana qui habitait un peu plus loin, un mâtin abruti à force de vouloir copier le genre humain, s’en méfiait et repartait la queue basse et la langue pendante lorsque Jack se pointait.
Voulant éviter de croiser la route du matou, le chat tourna à gauche.
Et « gauche » n’est pas forcément une insulte dénonçant un maladroit ou, pire, un socialiste. Rien n’empêche non plus que le socialiste soit maladroit. Mais on s’égare…
Le chat noir et blanc pénétra dans le jardin par un trou de souris du grillage. Le ventre à terre, il contourna prudemment l’épais feuillage de la haie et progressa à pas de loup sur la pelouse, méprisant les mauvaises herbes. Il se figea à la limite de la terrasse. De là, il ramena sa queue autour de son arrière-train et scruta les mouvements suspects.
C’était la première fois qu’il se hasardait en ces lieux pourtant proches de son ancienne demeure.
Rassuré par la sérénité apaisante de l’endroit, il reprit sa marche en avant vers la main qui pendait d’une chaise longue. Celle-ci était rattachée à un primate humanoïde à la respiration lente et régulière. Un ronflement désagréable s’échappait de sa bouche entrouverte et troublait le silence de l’environnement.
Heureusement, si les meilleures choses ont une fin, les plus mauvaises aussi. En l’espèce, il est difficile de passer sous silence l’aide précieuse et bourdonnante de la mouche bleue. La mouche bleue, insecte diptère qui sévit pratiquement toute l’année, velue à souhait, d’allure robuste, grosse comme deux mouches de maison, attirée par les déjections animales et, à ce moment précis où le rêve de Pedro érotisait le repos du guerrier, attirée aussi par les oreilles de l’humain endormi. Il la chassa d’un geste maladroit, elle repartit à l’attaque. Il rêva d’une sulfateuse au DDT. Elle redoubla d’ardeur vocale avant que le vent ne l’attire vers une odorante merde lointaine.
Pedro émergea de sa sieste.
Il vit l’animal.
Le chat l’observait de son air juge et partie à la fois. À l’ombre de son parasol, Pedro tendit la main. Le félin s’approcha, renifla, se laissa caresser le haut du crâne, puis, jugeant les amabilités suffisantes, se recula d’un mètre et entreprit sa toilette. Il passa sa patte droite au-dessus de son oreille droite, sa patte gauche au-dessus de son oreille gauche, s’assit et promena sa langue rugueuse sur les poils de son ventre.
Il se jugea présentable.
En était-il de même pour le Sapiens affalé devant lui ? Il s’approcha de nouveau, se laissa caresser le dos. Il s’allongea de tout son long, offrant son flanc au grattage des doigts de son interlocuteur. Enfin, content de la prestation de son partenaire, il se roula en boule et entama un sommeil réparateur.
Il avait trouvé un nouveau territoire et un bipède pour le servir. Plus tard, il aborderait la question des repas et du gîte pour la nuit, à l’intérieur de la maison de préférence. La négociation ne serait pas longue, tant il pensait avoir fait bonne impression. Un seul obstacle pouvait encore se dresser contre une installation définitive, l’allergie aux poils de chat d’un squatter familial familier antérieurement installé.
La tête posée sur ses pattes avant, le chat ouvrit un œil, dressa une oreille. Il jugea le bruit extérieur intempestif, mais pas dangereux pour autant. Cependant, il fallait être prudent. Il se leva, s’étira, bâilla et gagna le fauteuil de Pedro pour s’allonger dessous. Le poste d’observation lui convenait.
Luan était certainement la plus jolie fille de Périgny, elle était aussi la plus bruyante. Au son du talon martelé sur le parquet, Pedro entendit son repos se terminer.
— Papa, papa, j’ai perdu mon Marcel !
— Tu veux parler de ton dernier fiancé ou du débardeur miteux noir et jaune aux couleurs de l’équipe de rugby du Stade rochelais ?
Luan haussa les épaules.
Comme pour s’intéresser au débat, le chat fixa la nouvelle venue. Il en profita pour mettre un coup de langue sur ses pattes, les mordilla délicatement à la recherche d’une puce téméraire ou dépressive.
Li, la femme de Pedro et mère de Luan, par l’odeur du dialogue alléchée, s’invita à la table de la conversation.
— Si tu rangeais tes affaires, ma chère fille !
Li laissa malencontreusement tomber son regard sous le fauteuil du mari.
— Au fait, il sort d’où, celui-là ? fut la remarque d’une banalité désespérément humaine qui sortit de ses lèvres interrogatives aux contours bien dessinés.
Li s’accroupit. Elle caressa la tête du chat, qui ronronna de plaisir. Il voulait se faire bien voir, comprenant que la réaction de la dame serait déterminante pour son avenir dans la famille. Li se releva, le chat se frotta à ses jambes, passa son dos sur les fines chevilles. La maîtresse de maison lui fit signe de la suivre dans la cuisine. Elle mit un fond de lait dans une soucoupe.
— Tu as un nom pour le greffier ?
— Il t’a suivie comme un chien, on va l’appeler Médor…
Médor, donc, lapa son lait et leva les yeux. Il était sous la jupe de Li avec vision exclusive sur sa petite culotte rouge. Satisfait de l’accueil, « Je vais être bien, ici ! » lachat-il dans un miaulement discret.
Pour les rares incultes qui ne le connaîtraient pas, je glisse un petit mot sur Pedro, héros secondaire ou tertiaire de cet essai et de quelques autres aventures, une rapide présentation du personnage, sorte de biographie partiale et incomplète.
Un beau jour, notre homme, un certain Jean-Pierre Laville, avait décidé de s’appeler Pedro. Un caprice de star ? Non, simplement la lecture d’un titre de livre, La vie est un songe