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Ce livre réunit un choix de textes inédits écrits en français entre 1976 et 2016. Poèmes, récits de voyage, courtes nouvelles autobiographiques et fictions se succèdent. On découvre les deux patries de l'auteur, sa Charente natale et la région de Berlin, dans laquelle il habite depuis longtemps, mais aussi quelques-uns de ses pays préférés comme le Maroc, La Pologne, l'Inde ou le Japon. Et l'on passe du jardin de l'auteur au désert, de réminiscences familiales à des histoires animales, d'anecdotes franco-allemandes au métro de Berlin.
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Pour Marcelle, Cécelle, ma maman
24 août 1930, Pouffonds, Deux-Sèvres 2 février 2017, Bourg-Charente, Nouvelle Aquitaine
INTRO
1976
Toujours (Hampton Court)
Brumeurs
Moulin de prières
Of course !
1977
Turquoise
Pedrodvorets (Fête des fontaines)
Kinderdijk (Digue du mioche)
Java etoimoajava
1978
Fritland
Feuilles rouges
Voici le mois de mai
Vent d’anges
Il était temps
Flashs
Sacrifilles
1979
Le coin du philosoeuphe
Pour une poignée de molaires de plus…
Leningrad (Venise la rouge)
Bizutage
1980
Beachy End
Littérature
Petit chenapan !
Hannetonbylette
Expédition Est-ce-ta-fête-Royan-Mykonos
Italie
Yougoslavie - Jusqu’aux pieds
Grèce I – Nikopouli (plage garnie)
Grèce II - Halte en Epire
Lapin
1981
Le rabeur de Rabelais
Dimanche tantôt dans nos (vertes) campagnes
Nuit collante pénible
1983
Idd Festival
1984
Barbara de Katowice
Laterne
1985
Poney stupide
1989
Le monde entier
1990
Deux quatrains pour Richard Geyer
Le dernier roi mage
1992
CASA
1993
C’est mon nom
1997
Nuit de pluie à Bali
2001
Bambou,
2002
Pourquoi j’ai l’intention de me proposer au plus vite comme candidat pour le prix Nobel de littérature
Pourquoi une fois rénové, le métro de Berlin met plus longtemps à traverser l’est de la ville qu’avant
2003
Cognac en touriste
La cloche de Saint-Léger
Rue du Canton
Antigua
Les feuilles mortes
2004
Troll d’histoire
L’auberge du cochon blanc
De quoi je m’y mêle ?
Portugal 2004
Baden-Baden
L’odeur du blé mûr
Fruits défendus
Petite recette d’éternité
2005
Interv-you (entre nous ?)
Petites histoires de mes petites histoires
Du Bouddha,
La véritable histoire de Son-Hya-Ji
Les tribulations de M. Lan en R.F.A.
Le dernier jour de Kuldhara
Vocation(s) – 30 ans de
Les fraises à Voltaire
Déjà vu
2006
Petit conte bédouin
!ncredible Ingrid
Wer zu spät kommt… (qui est en retard…)
Oiseau rebelle
Les yeux verts
Rembrandt, Genie auf der Suche (Génie en quête)
Le jasmin nouveau
2007
Au pays des chats
La fabuleuse histoire des trois pébrocs
Conte de printemps
Une ville dans l’océan
Incident (au) Bénin
Cœur de pierre
2008
Mon plus beau souvenir d’Allemagne, c’est…
(1ère version)
(Dernière version)
Las
t
Vegas
Garage à ciel ouvert
2009
Khadija aux yeux noirs
La peau du désert
Casseurs de croûte
Nous, les algues bleues
Mes profs d’allemand
2010
Promenons-nous… (Conte de fin d’année)
Baudets du Poitou
La mise à sac de Plouc Village
Blueberry, ours indien
2011
Grande ma(Ré)
2013
Dernier beau jour
Deux nouvelles histoires d’Hodja
Turquoises
Poil de lait
Annexe 1 : Publications (Aperçu)
Annexe 2 : Publications (Détails)
Annexe 3 : Séries de textes par ordre chronologique
Annexe 4 : Bibliographie de Louis-Clément Renault
Mes parents m’ont souvent raconté que j’avais appris à lire, seul, dès l’âge de trois ans. Pour être franc, je ne le crois pas vraiment et d’ailleurs… je ne me souviens de rien.
En ce qui concerne l’écriture, c’est tout à fait différent. A cette époque, le début des années soixante, qui se confond chaque jour un peu plus avec le bas moyen-âge, les écoliers cognaçais apprenaient à écrire, cachés derrière les hauts murs de l’école des garçons, à l’aide de porte-plumes que l’on trempait dans l’encrier en porcelaine calé dans son trou en bordure du pupitre.
C’est quoi un pupitre ? Rien de plus facile à trouver, de préférence au musée, ou avec un peu de chance en brocante.
En fait d’écriture, j’ai tout de suite choisi, sans le savoir, l’art informel, l’abstraction lyrique, plus précisément le tachisme. Et je suis resté fidèle à cette école artistique passée de mode depuis longtemps jusqu’au milieu des années quatre-vingt, après avoir troqué mon porte-plume contre un Rotring, autant dire un Solex contre une Rolls Royce, sans que cela ne change grand-chose au résultat. Une tache reste une tache.
Mes essais à la machine à écrire n’étaient pas non plus très convaincants. Plus (beaucoup) de taches certes, mais une flopée de fautes de frappe… pour taper une page « propre », il me fallait un temps fou et des montagnes de papier. Si j’avais continué comme ça, la forêt amazonienne aurait déjà complètement disparu. Il était temps que l’ordinateur se démocratise.
Mais avant de subir la numérisation généralisée, j’ai rempli au stylobille, une sacrée invention si vous voulez mon avis, plus d’un cahier d’œuvres impérissables. Les plus anciennes de ces œuvres ayant survécu ont fêté en 2016 leurs quarante ans. J’ai beau avoir publié quelques livres (voir liste en annexe), une bonne partie de mes écrits est restée inédite.
Et c’est en premier lieu pour me faire plaisir que j’ai décidé de publier un choix de ces textes qui ont en commun, outre leur anonymat, le fait d’avoir été écrits en français. Pour me faire plaisir et pour fêter la mi-temps de mes bavasseries (bavardages en dialecte poitevin-saintongeais). Autant dire que, si Dieu me prête vie, je compte bien remettre ça en 2056 ! C'est-à-dire treize ans après mon prix Nobel de littérature. Qui sait, depuis peu, ma nullité à la guitare pourrait même devenir un avantage, car cette niche est maintenant occupée, et comment !
Je vous rassure tout de suite : un choix de mes textes inédits écrits en allemand, anglais ou autres idiomes est prévu d’ici peu (titre provisoire : Schubladenfundus). A propos de langues étrangères, j’ai été surpris, à l’occasion de ce projet, de retrouver dès mes premiers textes des mots empruntés à diverses langues en fonction du contexte. Européen avant l’heure ? Epateur de galerie ? Peut-être. Ou bien rien de tout cela, seulement le plaisir d’écrire, de fabuler, de bavasser !
Mais revenons aux heureux élus de ce volume : poèmes, récits divers, courtes nouvelles. Vous avez bien lu : poèmes. De quoi faire peur. Au début je n’écrivais rien d’autre. Ils sont infantiles, certes, mais courts, inoffensifs et tous en prose.
De 1979 date le premier récit de ce volume. A partir de là les poèmes deviennent très rares, sans complètement disparaître toutefois. Mon dernier poème inédit, vraiment bref celui-ci, bien que volumineux à sa manière, date de 2005. Il semble bien que je sois guéri.
A part une courte rechute en 2008, un poème enfantin écrit en polonais, très mal traduit car intraduisible, par mes soins, en allemand. Ces deux versions ont été publiées dans mon bouquin sur la Pologne au titre triangulaire, ou pour le moins trilingue (« Rendez-vous mit Polską ») en 2014.
Mais ne retombe-t-on pas justement en enfance lorsqu’on apprend (ou essaie d’apprendre) une langue étrangère ? C’est peutêtre même ma motivation première à poursuivre dans cette tâche sisyphéenne…
Les textes les plus anciens de ce recueil ont pour sujet l’aviron, sport bien connu à Cognac, ville anglophile (Début de la série « Divers et autres »), et déjà des impressions de voyage, en l’occurrence chez nos drôles de cousins d’outre-Manche et en Yougoslavie, pays mythique qui a connu mon grand-père Gaston en personne pendant la soi-disant der des der.
Rétrospectivement, la longue série de textes intitulée « Journal d’un global trotteur » remonte ainsi à mes tout débuts d’écriveur. Les voyages quels qu’ils soient, à l’autre bout du monde, entre Jarnac et Chassors, en vélo ou dans le métro entre Berlin et sa banlieue, dans laquelle je vis depuis longtemps une bonne partie de l’année, continuent à stimuler ma bavardise.
Dès 1977 je me prenais pour un philosoeuphe, euh, philosophe, inspiré par l’inévitable décrépitude de la turquoise, un fait dur à accepter pour un collectionneur de minéraux passionné qui n’avait aucune envie de retrouver un beau jour un petit tas de poussière là où trônait il y a peu ladite turquoise.
Je ne m’intéresse plus beaucoup aux turquoises, sinon pour leur beauté mais la question de la poule et de l’œuf n’a rien perdu de son actualité.
Pendant l’été, deux voyages vers le nord-est, aux Pays-Bas et en URSS, laisseront des traces sur le papier sur le coup (par exemple « Kinderdijk » et « Pedrodvorets ») et parfois beaucoup plus tard (par exemple « Tempête de neige sur la Place Rouge » (2005) et « Rembrandt… » (2007)).
Au printemps 1978 j’effectuais mon premier séjour conscient outre-Rhin, ce qui donna « Fritland » et surtout « feuilles rouges ».
En septembre de la même année je me retrouvais pour la deuxième fois vendangeur. Impressionné autant par la belle Joanna qui chantait à tue-tête du matin au soir, en portugais, que par ma première rencontre avec une machine à vendanger, je me lance dans la nouvelle série « Campagnes charentaises ».
1979 fut marquée par le lancement du journal Maelström au Lycée de Cognac (voir l’extrait « Pour une poignée de molaires… ») et, en septembre, par un bref passage en Math Sup, à Poitiers (« Bizutage »).
« Petit chenapan », histoire louzacaise, inaugure en 1980 la série « Ecoles », série qui sera phagocytée plus tard par l’impitoyable « Journal en kit » apparue l’année précédente.
L’été de la même année est marqué par le voyage dans une Estafette Renault poussive, consommant plus d’huile et d’eau que d’essence, qui me mena avec ma sœur Dominique et trois amis jusqu’à Mykonos (ou presque). Il manque toujours le récit épique de l’achat de ce véhicule peu commun dans une ferme de Chez les Rois, peuplée d’êtres non moins exceptionnels.
L’année suivante (1981) je fais deux découvertes concernant la sagesse humaine, l’une dans une ferme près de Ruffec, au bord de la Charente aux berges ravagées par les ragondins, petites bêtes très sympas en terrine (« Dimanche tantôt dans nos (vertes) campagnes »), l’autre dans la vieille ville de Fès, au Maroc (« Nuit collante pénible »).
Nous passons directement de l’Afrique en Inde, en 1983, certainement le voyage qui m’a le plus marqué à ce jour.
Bizarrement mes impressions de voyages, même si celles-ci étaient très fortes, n’ont pas toutes étaient couchées sur le papier, et ce parfois seulement des années plus tard. De nombreuses régions françaises ou des pays visités au cours des ans et qui m’ont beaucoup marqué sur le moment n’ont laissé aucune trace dans mon « œuvre ». Je ne sais pas pourquoi. Peut-être la période de gestation n’est-elle pas finie ? On en saura sûrement plus en 2056. Ou on aura renoncé à répondre à cette délicate question.
1984 me fait découvrir, non pas la science-fiction, mais la Pologne avec mes parents et notre boxer Quito, encore un voyage qui a influencé ma vie quotidienne jusqu’à aujourd’hui (voir annexe 1).
A la fin de l’année, je partais pour six mois en Allemagne… et n’en suis pratiquement pas revenu. Sans commentaire.
L’été 1985 est un remake du road movie avec parents, chien, voiture poussive, caravane, tente à fourmis et P. Gady, dit le chameau, le fameux Prof. Chamou de l’histoire de molaires de 1979, cette fois-ci au Portugal. De ce voyage épique ne reste qu’un court poème dédié à une… Polonaise de passage.
Les années 1986-1987, celles de mon héroïque service militaire à Berlin (je pèse mes mots), ne sont pas représentées ici, elles constituent la plus grande partie de « Ma guerre froide » (voir annexe 1).
Le seul texte écrit en 1988 qui a résisté au changement climatique est consacré… au justement célèbre temps berlinois et comme il est écrit en allemand, vous serez épargnés ou privés, c'est selon !
De l’année 1989, année de la chute du mur, à quelques centaines de mètres de notre apart de Wedding, je n’ai gardé qu’un drôle de pamphlet écolo (« Le monde entier », dernier représentant à ce jour de la série fourre-tout « divers et autres »).
Et de l’année suivante, qui a vu entre autres la réunification de l’Allemagne, mon mariage avec Sabine et l’indépendance de la Namibie, quelques poèmes inspirés par mes lectures au Tyrol (biographie de Wagner, roman de Michel Tournier), alors que Sabine et ses parents s’adonnaient à des sports d’hiver plus classiques tel que le ski alpin. Bizarre.
Mais les évènements de cette époque euphorique ne m’ont pas laissé indifférent, ils sont largement traités dans « Ma guerre froide » et dans mon petit dernier « Böhmische Silberhochzeit » (n’existe qu’en allemand pour le moment).
Au cours des années quatre-vingt-dix je n’ai presque plus rien écrit. Est-ce dû à mon travail à Adlershof qui m’occupait à ce point ? Lors de vacances en Tunisie je me posais des questions sur mes origines. Peu après je redécouvrais grâce à mon travail le Maroc (1992), qui est resté l’un de mes pays préférés, malgré ou en raison de ses contradictions.
Après un timide poème végétal suite à un premier séjour en Guadeloupe en 2001 je décidais de me relancer dans l’écriture en 2002 avec le très programmatique « Pourquoi j’ai l’intention de me proposer au plus vite comme candidat pour le prix Nobel de littérature ». Ce texte inaugurait par la même occasion la nouvelle série « Journal d’un soir d’hiver », qui comme bien d’autres, fit long feu et finit par passer à la casserole, pour rejoindre l’insatiable « Journal en kit ».
2002 reste une césure importante dans ma vie de raconteur : à partir de là, je montrais une bonne partie de mes textes à mon père, qui deviendra vite mon plus fidèle lecteur, à ma famille et à quelques ami(e)s et connaissances.
Sabine, mon épouse préférée, comme aurait dit son beau-père préféré, lisait bien sûr aussi mes textes, surtout à partir de 2003, suite à ma participation au concours de l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse et de préférence mes textes écrits en allemand, lesquels se multiplièrent dans les années deux mille.
Mais revenons à la fin de l’année 2002 : celle-ci a vu naître le premier de mes textes consacrés au métro berlinois. Entre 1994 et 2007 (et après aussi, mais moins) j’ai passé une bonne partie de ma vie, en tous cas quand j’étais à Berlin, dans ce moyen de transport légendaire.
Et j’y ai pondu de très nombreuses histoires, au stylo sur un bout de papier froissé, sous l’œil réprobateur des foules de « Pendler », ces banlieusards qui comme moi tombent chaque matin de leur lit pour se retrouver dans le merveilleux métro-boulotetc quotidien.
Pendler, c’est rigolo, ça rappelle le mouvement d’une pendule… mais cela n’a paraît-il rien à voir. Cela viendrait du latin « pendler forenses », expression qui désignait les marchands du forum, le marché quoi, qui arrivaient tôt le matin des alentours de la ville pour le business. Pas très différent en effet…
Ce qui est vraiment fort, c’est que cette première histoire de métro berlinois a vu le jour… sur un banc du Quartier latin, dans le square en face du Musée de Cluny, lors de l’une de mes innombrables missions. Et oui. J’ai aussi été missionnaire et ce, pas seulement en Afrique.
2003 me voit dans les rues de Cognac, l’appareil photo en bandoulière, en touriste. Ce jour-là, la campagne charentaise est devenue officiellement objet d’exploration du global trotteur. Du local au global, il n’y a qu’un pas, c’est bien connu.
Un an après le premier épisode du « Journal d’un soir d’hiver », je remets ça avec « Les feuilles mortes » et suis particulièrement productif, facond, disert, éloquent… bavard once again.
D’un nouveau séjour au Tyrol à la fin de l’hiver 2004 il reste quelques textes inédits qui valent leur pesant de caca de renne (« Troll d’histoire »), voire de saucisse de foie (« L ’auberge du cochon blanc »). Mes aventures en Afrique de l’ouest, lesquelles remontent à dix ans, refont soudainement surface dans « De quoi j’m’y mêle ?».
Enfin, la coupe d’Europe de foot (dernière de mes préoccupations !) et/ou un séjour à Baden-Baden m’inspireront mes premiers haïkus franco-allemands, un genre littéraire innovant qui a encore tout l’avenir devant lui et que j ’ai, faute de mieux, intégré dans les « petites histoires franco-allemandes ».
Toujours dans l’interculturel, je ponds « Fruits défendus », témoignage de mon travail, franco-allemand lui aussi et « Petite recette d’éternité », cri de protestation d’un citoyen lésé dans ses droits les plus élémentaires.
2005 fut une année exceptionnelle. Dans « Interv-you (entre nous ?) », je m’amuse à ma manière des suites du concours de l’OFAJ déjà cité.
Dans « Petite histoire de mes petites histoires », je m’aperçois que j ’ai raté le rendez-vous du « Journal d’un soir d’hiver ». Un journal suivi de manière régulière, comme l’a fait mon papa pendant des décennies, ce n’est décidément pas mon truc, même s’il ne s’agit que d’un jour par an ! D’ailleurs ce sera l’avant-dernier de la série…
Un nouveau voyage en Inde a livré plusieurs textes pour mon premier livre alors en préparation « 20 ans en Prusse ». Mais là aussi, il y a eu quelques laissés pour compte qui n’avaient pas mérité ce triste sort. C’est le cas de « La véritable histoire de Son-Hya-Ji », qui mélange mysticisme indien et Sonia, la chienne boxer de mon enfance, et « Le dernier jour de Kuldhara », fable sortie tout droit des sables du désert du Thar, à trois heures de chameau du Pakistan.
Ecrit en 2005, « Les tribulations de M. Lan en R.F.A. », texte un rien déjanté, « email intergalactique daté du 12 août 2013 » et soi-disant œuvre d’un « auteur inconnu », avait inspiré à son premier lecteur une remarque qui n’a rien perdu de son actualité sinon que le vœu de ce dernier n’a pas été exaucé.
De la même année datent aussi « Les fraises à Voltaire », histoire de jardinage et de politique internationale, « Déjà vu », qui traite des aléas de la vie d’enseignant et « Vocation(s) – 30 ans de », revue un tantinet désillusionnée d’une demi-vie de labeur intense.
2006 commence avec un « Petit conte bédouin » suite à un court séjour dans le Sinaï, entre désert et mer, dans une ambiance féérique. Quelques jours après notre départ un attentat meurtrier tuera des touristes comme nous et une partie de ces gens qui nous avaient si bien accueillis.
En plein hiver berlinois une affiche dans le métro fait revivre un instant Ingrid, géologue intrépide disparue en Himalaya (« !ncredible Ingrid »).
A la fin de l’hiver je trouve un moment pour livrer « Wer zu spät kommt… (qui est en retard…) » ma dernière contribution à ce jour à « Journal d ’un soir d ’hiver ».
Les histoires se suivent, qui ont pour scène le fond de mon jardin (« Oiseau rebelle »), deux musées à Berlin et Amsterdam (« Rembrandt… »), deux aéroports kafkaesques, l’un moscovite pour « Les yeux verts », l’autre algérois pour « Le jasmin nouveau ».
L’année 2007 est marquée par des souvenirs africains, récent et égyptien dans le cas de « Au pays des chats », ancien et ouestafricain pour « Incident (au) Bénin ».
Mais c’est surtout l’année du Japon avec « La fabuleuse histoire des trois pébrocs », « Conte de printemps » et « Une ville dans l’océan », sans compter au moins une histoire inachevée sur la disparition du Fujisan.
A la fin de l’été un séjour linguistique dans le sud-est de la Pologne, à l’Université Catholique de Lublin, m’inspire entre autres deux petites histoires (Voir aussi « No man’s land » in « Accidents de parcours » et « Lublin » in « Rendez-vous mit Polską ») , dont l’une était restée inédite : « Cœur de pierre ».
2007 est aussi l’année de la parution de mon premier bouquin individuel : « 20 ans en Prusse », anthologie bilingue franco-allemande, y compris une histoire en Polonais.
Ce n’est pas encore la gloire, mais cette initiative convint mon père de se lancer (enfin !) dans l’aventure, lui qui écrit depuis tout petit, mais n’avait publié jusqu’ici que des extraits de son journal fleuve et des articles en tous genres. Ce sera le formidable « Comme une poussière dans la tourmente », tout juste réédité cette année (voir annexe 4).
En 2008 l’OFAJ lance à nouveau un concours, cette fois pour fêter de matière multimédiale et en ligne les 45 ans du traité de l’Elysée. Le thème est on ne peut plus simple : « Mon plus beau souvenir d’Allemagne / de France ». Je choisis le premier et écris un texte orné d’une photo artistique. Avant de me rendre compte de mon erreur, laquelle était sans importance, car je n’ai de toute façon pas réussi à télécharger mon fichier. De cette aventure j’ai gardé ici la première et la dernière version de mon texte. N’est digital native qui veut.
Un fantastique voyage dans plusieurs parcs nationaux de l’Ouest américain laisse des traces dans « Last Vegas », « Garage à ciel ouvert » et plus tard « La peau du désert » (2009) et « Blueberry, ours indien » (2010).
Mais 2009 était aussi une année marquée par le retour en arrière et une certaine nostalgie. En témoignent « Khadija aux yeux noirs » et « Mes profs d’allemand ».
Retour au pays aussi après l’implantation, saisonnière certes, dans un village du pays jarnacais (« Promenons-nous… » et « Baudets du Poitou »).
Par la suite mes textes en français se raréfient. Je n’ai d’ailleurs aucune idée du mécanisme qui me pousse à écrire dans telle ou telle langue selon les circonstances. De la même manière je sais rarement spontanément dans quelle langue j’ai vu un film, lu un livre out tout simplement rêvé…
Un court article lu dans un journal allemand non identifié (Berliner Zeitung ?) trouve son écho en français dans « La mise à sac de Plouc Village » (2010).
Une nouvelle visite de l’île de Ré avec nos amis rochelais Christian et Catherine, cette dernière insulaire d’origine contrôlée, donne « Grande ma(Ré) » (2011).
Mes deux dernières histoires écrites en français - à ce jour - remontent à 2013 et n’ont pas grand-chose en commun.
La première relate une sombre promenade automnale dans la campagne du Barnim (« Dernier beau jour »), l’autre, qui est en fait double, prétend contribuer au long répertoire des aventures d’un héros traditionnel de l’humour turc (« Deux nouvelles histoires de Hodja »).
Bonne lecture ! Des questions ? Ça, ce serait drôlement chouette ! Un bavard qui prêche seul dans le désert risque fort de finir par s ’ennuyer… de mourir de soif, ou, un cas pas si rare que cas, surpris par une inondation inopportune.
Narcisses et daffodils
pelouses polychromes
fossil waves figées
sur la royale épave
cheminées bistres et mornes
(tristes et mortes, mathématiques1)
le palais semble une vieille fabrique
bouffée par les vents
cent mille crocus
- pâte d’amandes –
oscillent en silence
rires d’enfants dans le labyrinthe
(jonquilles et briques)
la reine est noire sans doute
noire et jaune
noire comme
les Bobbies fouilleurs de l’entrée
jaune comme les marbres
vieux des escaliers froids.
Journal d’un global trotteur, Youké Pâques 1976
1« Vindiou, l’est pas gâtée la couine ! » (Note d’époque)
Le ciel bas écrème le brouillard épais
les bateaux les berges se noient dans ce lait
dont rien n’émerge
seul le halo solaire petit anneau blême
étale sa lueur blafarde
le matin s’attarde
pas un murmure dans la brume
sans un bruit le bateau glisse
seule la plainte de la coulisse
rompt le froid silence des rives
le 4 va à la dérive
le barreur scrute la bruine d’où surgit dans la pluie fine
une barque de pêcheurs une ligne un skiff
deux cygnes (deux ratons lavés)
des branches couvertes de givre
que brise notre bateau ivre
un double un huit un pair-oar nous évitent
déjà leurs ombres s’enfuient
dans la brume le club se dessine.
Divers et autres Par un dimanche d ’hiver sur la Charente, Cognac
Plitvička Jezera
la déesse des eaux
étend là ses cheveux
la montagne
en est couverte
qui courent
comme un blanc troupeau
de grotte en lac
en cascades joli-e-s !
Journal d’un global trotteur – Méditerranéennes
écrit dans ma Charente natale, en 1976 suite à un voyage en… Yougoslavie
Messieurs-sieurs-sieurs êtes-vous prêts ?
PAAAARTEZ !
les rafales bouffent la gueulante arbitrale
une demi-douzaine d’huit décolle
rase les sinusoïdes
balancés vers la rive
où pendent les filets vaseux
singin’ in the rain nous voilà partis
ces vaches de vagues nous avalent
et le vent dégueule les braillements
enroués des barreurs
skiffs coulés – coulant
chialent les coulisses
les pelles mordent la vague – quak !
derrière l’oreille
la foule soupe à ras pluie
le ponton grille un stop
et la régate folle continue
dans la mousson libournaise
les bulles de détergent
l’allégresse générale
les cochons crevés
et la merde.
Divers et autres
Aviron, Libourne Cérémonie du Centenaire avec festivités et régates de prestige, dont la revanche exceptionnelle de la course Oxford-Cambridge
Turquoise
sans un cri
meurt ta beauté
poussière
est devenue
poussière
a toujours été.
Divers et autres
Louzac
Les vieux palais frimeurs se r’font une beauté
avant d’aller boire l’eau de feu soviétique…
le soleil – rouge – range l’argenterie.
la vedette à touristes déroule, ponctuelle,
son fil d’or sur la Neva noire, jusqu’à la mer.
sur la plage tsarine viennent éclore les
vagues naines. course folle vers les lumières du parc,
la fête ! autour des bassins gardes fous,
sapins taillés en uniforme
quadrillent aux bougies des fontaines.
sur le parvinondé d’ombrénormes, les fastes de
la cour, ses petits cailloux, blancs. rude vie, révolte
des moujiks, bouquet final révolutionnaire
avec guerre patriotique – mitrailles – bombes.
Pedromachin brûle et saigne. guerre et paix,
victoire ! dans un car antique cahotant.
le métro déguisé ! les rues sombres défoncées
par l’hiver. une dernière vodka à l’hôtel.
Dédié à Isaure
Journal d’un global trotteur – Rossia,
Leningrad, Union Soviétique, été 1977
Sous son noir antiflotte
un pêcheur cul-dans-l’herbe
se déguise en dytique
pour fish hypermétrope2
l’escorte mécanique
bois de chaume coiffée
clappe avec les canards
voiles en ralingue
chuintent les pompes hybrides
mi-manèges enfants sages
mi-trois mâts brise flots
sur l’eau glisse
captive
la trompe triste
d’un éléfant du Rhin.
Journal d’un global trotteur – Plats pays
Pays-Bas, été 1977
2Et qui s’est trompé de lunettes, de telle sorte qu’il se retrouve bel et bien myope ! (Note d’époque)
(17ème couplet, mélodramatissimo)
C'est la triiiiiiiiiiiiiiste aventure
peu commuuuuuuuune !
d’un petit ver de lune
qui d’amour mourut
pour une prune…
Divers et autres
Louzac
Masse obscure des corzendormis
la nuit jaune, jelly
sinisterrils, néons des puits
une route à l’huile
enfumée
et le wagon soupire
et les jambes dégoulinent
chansons, bogies, guitare
« Passeuports, s’il fou plait ! »
Journal d’un global trotteur – Plats pays
Dans le train en Belgique, Pâques 1978
Feuilles rouges
à la fenêtre
peupliers noirs
collés brouillard
cabane en bois
au fond du froid
gouttes sur la vitre
le Tee est fertig
Wurst, marmelades
Dehors
crient les oies
dans la terre gelée
Journal d’un global trotteur – Allemagnes
Wunstorf, Pâques 1978
Il pleuvait
j’ai ouvert la porte du garage
les toutous sont rentrés
et deux hirondelles
qui s’enrhumaient.
Campagnes charentaises
Louzac, 1978
Soleil en poudre
sur les mottes
mille pépites
bassiaux engourdis
englués d’arcanes
poisseuse eau de vigne
pourpres zazurées
sulfate
cirres monstres
des mers roséennes
sarmentes
ouvrent les volets
grincent pleurent
et le vent moqueur
La coupe commence !
Campagnes charentaises
Louzac, 1978
Dans la bruine
caché d’aspirine
soleil
vas-tu sortir ?
et réchauffer nos doigts
doigts gelés des coupeurs
soleil lève-toi !
finie la grasse matinée !
finie la grève !
Perce le manteau de gouttes
repasse les feuilles
et les gants
gigue nos pieds
z’et nos cœurs…ouaip !
soleil.
Campagnes charentaises
Louzac, 1978
Feuilles froissées cassées
soldes d’automne
sur belouses à moniaux
cèpes bleus – lépreux
fumées nocives du tracteur
blondes fainéantes grappes
lézardières mamelles
de la vigne
insolentes et dociles
cliquetis des oiseaux (ciseaux)
le rire à Joanna
fier et franc
sans colorant
un mulot sur ma main
s’enfuit… Kiiiiiiiii
Paniers ! crient les videurs
dans les javelles un nid
abandonné
heures et grappes
s’égrènent
Joanna chante la fin du jour
qui s’en va
rougissant
Campagnes charentaises
Louzac, 1978
Nuit noire
comme un piano mort
la vigne pleure ses filles
roule ses crécelles
la machine énorme
énorme
a sucé son sang
tout le jour
ceps nus frissonnent
javelles exsangues
implorent
Où êtes-vous
dieux de la terre
et du vent ?
plus une graine
pas un verjus..
Que mangeront les grives ?
onde de brume
ombre de lune
Campagnes charentaises
Louzac, 1978
C’était
un beau jour
de printemps d’hiver
En ce jour solennel
Dieu créa la poule
et l’œuf
ensemble et le coq
Ils vécurent heureux
et eurent beaucoup
d’œufants.
Illustration de l’autœur
Divers et autres
Publié dans « Le maelström, tome 1 »,
Lycée de Châtenay, Cognac, 1979
Journal en kit
Publié dans « Le maelström, tome 1 »,
Lycée de Châtenay, Cognac, 1979
La journée a été dure, nous sommes tous crevés. Les visites, les ballades, c’est bien joli, mais on en a plein les pattes ! Et puis faire la queue même pour acheter une glace, on n’a pas l’habitude. N’empêche que ce soir, on va faire la fête ! Pas question de perdre une minute, on n’est pas là pour dormir. L’auberge de jeunesse ou la cantine en vacances : le triste spectacle de la traditionnelle purée nous a psychiquement rassasiés. Le pas léger, nous quittons l’hôtel et foyer des jeunes, comme ils disent. Ça ne sera pas mal lorsque tout sera fini, ultramoderne, immense, avec tennis et piscine ; ça choque dans ce quartier miteux.
Avec tout ça, nous avons failli rater le tramway, enfin, ça y est, nous cahotons vers le centre, si centre il y a. Les vieux immeubles jaunes et fissurés, les canaux défilent. Parfois une datcha à moitié écroulée, bois vermoulus. Pas une enseigne, on devine à peine une petite boulangerie au pied d’un bâtiment qui date de Staline. Quelques slogans sur les murs et sur le 25ème congrès du parti, ou le meilleur ouvrier de telle usine. On a même droit à Brejnev sur 5 m de haut.
Nous avons sauté du tram et continuons à sauter (de vraies grenouilles) cette fois de planche en planche entre les trous des rues défoncées par l’hiver. Les rares passants s’intéressent beaucoup à nous. On nous accoste en russe, en français, en anglais et parfois en voiture. Toujours la même chose : combien ton jean ? Tes godasses ? 100 F. contre 50 roubles, ça te va ?
Y’en a qui nous disent tout simplement bonjour, nous offrent une pomme, une médaille en plastique… Un ancien de Normandie – Niémen nous entraîne dans un bistrot plutôt louche, nous paye la tournée, un très beau champagne russe et rose. Enfin, il nous danse un truc à faire pâlir tous les Fred Astaire.
Nous voilà au « Leningrad », hôtel moderne où se trouve la seule boîte de la ville encore ouverte à une heure avancée. Le croiseur Aurora s’éclaire comme le soleil disparaît, plongeant les palais de la Neva dans l’ombre.
Pas facile de faire comme le soleil qui ne se couche pas ou presque à cette saison. Après un quart d’heure d’ascenseur, d’escaliers, une visite sur le toit, nous trouvons la boîte… au soussol.
C’est chou tout plein là-dedans, comme une ruche, mais avec des bouteilles vides à la place de la cire, rien que de la vodka. Le rock folklorique nous enchante et c’est bientôt l’éclatation générale et délirante. Un gros finlandais peu clair nous invite dans son sauna, à 800 km de là. Un soi-disant ricain nous noie dans la vodka et veut ensuite nous acheter nos jeans ! Drôle d’idée – moralité : les Russes (les jeunes) aiment beaucoup les jeans et certains speakent pas mal anglais. Aliocha, notre guide et invité, boit pour les deux, sous prétexte que chez lui (en Cosaquie d’Ukraine), la vodka titre jusqu’à 80°. …très plus tard… C’est l’idée géniale de l’un d’entre nous (pas moi) qui nous tire un peu de notre indolente inertie (due comme on s’en doute à la fatigue et non…). L’idée est simple : aller voir les ponts s’ouvrir dans la nuit froide, très froide d’ailleurs. La flèche de Pierre et Paul, obscure, semble collée sur un ciel ambre et cuivre.
Appuyés sur le garde-fou où viennent clapoter de fines vaguelettes, nous attendons l’instant fatal. Celui où les ponts se lèveront, avec le soleil. Réflexions et soupirs tranchent le silence et l’air, glacés. Profitant d’une seconde d’inattention, le pont le plus proche s’entrouvre. Déjà, un cargo s’engouffre dans la gueule du monstre marin. A défaut de soleil de minuit, le jour est presque levé. Il est temps de trouver un bus et l’hôtel, pour le petit déjeuner.
Dédié à Pierre le Grand, Sheila et à l’inventeur de la sieste
Voyage en août 1977
Journal d’un global trotteur – Rossia
Publié dans : Le Maelström N°2, 1979,
Lycée de Châtenay, Cognac
…à l’heure fixée par les augures, c’est-à-dire peu après avoir avalé la dernière bouchée de son repas cantinien, l’hypo à la barbe en boutons se mit en route. Revêtu de la blanche bure cérémonielle, il marchait à longs pas sur le trottoir chaud comme une tôle à tarte.
Par mégarde, il passa près du mur d’agglos, celui qui sent le sucre d’orge. Il fut bientôt harcelé par les guêpes en nuage, vautrées dans l’orgie poisseuse des buées épaisses de sueurs de sucre. Les maudits hyménoptères s’acharnaient sur lui telles des hordes de log x le samedi matin.
Il dû presser le pas, sa concentration nestléienne s’en trouva quelque peu affectée. Alors qu’il avait rusément changé de trottoir, afin de dissuader les diaboliques insectes d’une éventuelle poursuite, il stoppa un instant devant l’autel de la pierre levée. Là, il rendit un bref hommage à la mémoire de ses lointains ancêtres.
Il revit son manuel scolaire et la leçon d’histoire :
« les guerriers agiles aux longues tresses blondes cachaient leur teint vénusien dans la profondeur des grands chênes. Ils passaient là de longues heures, attendant l’arrivée des ténèbres. Et comme le soleil décroissait uniformément selon l’est-ponantciel, les hypos druides glissaient maladroitement vers le sol, entravés par les larges pieds palmés que leur avaient légués le grand maître des routes du ciel… »
… mais ceci est une autre histoire. C’est d’ailleurs ce que pensait l’hypo R.U. barbe, amusé et pressé tour à tour à l’idée de devenir lui-même prochainement apprentypodruide.
Bien qu’indéfiniment impalpable, le temps s’écoulait bêtement et de manière irrémédiable. A ce sujet, l’hypo à la barbe qui change de nom s’était toujours demandé quel était le sens du temps. Allait-on en avant ou bien retournions nous éternellement vers l’origine ?
De telles considérations physicolophiques avaient totalement déprogrammé toute action sensitive-observatrice de l’hypo cidessus précédemment cité, si bien qu’il avait laissé s’approcher de lui un de ces terribles agros faisant pousser (voire même crever) les carottes et les poireaux dit-on, sans réaction aucune…*
Notes
Taupe : maths sup.
Hypo : première année de « Taupe »
Agro : étudiant en « bio sup », ennemi héréditaire des taupes, paraît-il.
Journal en kit - Mémoires d’outre-taupe
(Fin de l’extrait conservé dans les ASP - archives secrètes pictaves)
Poitiers, septembre 1979
Les pies sournoises et maléfiques dans l’herbe humide et crépusculaire ;
les arbustes vendulargeomètres et autres balais à commodités ; les volutes de brumes ascendantes ; jaillissant des buissons actiniens ; le banc dédicacé au couteau ; les choucas de la Tour de London, en villégiature ; le pub à touristes et derrière, la lande moquettée, tavelée de ruminants béats et de fermes proprettes ;
au loin, les reliques d’un fantomesque castle en à-pic ; la ligne incurvée – indécente – de la fin des mondes visibles ; les cris des mouettes et du phare ; comme une symphonie brahmsienne et jusqu’à l’immonde papier lipidineux polluant gaillardement au gré de Borée et des coups de savates…
Il avait tout vu, enregistré, senti, pressenti.
Il s’offrit intégralement à l’emprise de la pesanteur3 alors que le soleil perçait enfin la brume rétive, perlée.
Journal d’un global trotteur – Youké
Grande-Bretagne, Pâques 1980
→→
Je lis mes ratures
Tu lis tes ratures
Il lit des ratures
Nous lisons des natures
Vous lisez ce que vous voulez
Ils pissent par la fenêtre
de la cuisine – Joyeuses Pâques !
Divers et autres
Louzac
« Aujourd’hui, les enfants nous allons jouer aux devinettes ! Vous voyez ce morceau de tôle pointu ? L’un d’entre vous saitil quel est cet ustensile ? A quoi cela sert-il ? »
« Toi Jean-Paul ? »
« Chais pas moi ! »
« Et toi Bernadette ? »
« J’en ai jamais vu… »
« C’est ptêt un ustensile de cuisine, Msieur ? »
« Non J.-P., ce n’est pas ça »
« On dirait un plantoir. » propose Claude dans son coin.
« C’est une bonne idée. » répond le maître « Mais, ce n’est pas la bonne réponse. »
« Est-ce qu’on s’en sert dans les vignes ? » crie J.-P. depuis le fond de la classe.
« Non absolument pas »
« A la ferme ? »
« Non plus. »
« En cuisine ? »
« Non J.-P., d’ailleurs, tu l’as déjà demandé… » marmonne le maître avec son léger sourire.
« Puisque c’est ainsi, allons plus vite, qui a déjà vu cet objet ? »
« Moi ! » crie J.-P., tout fier de pouvoir encore parler.
« Et quand en as-tu vu un pour la dernière fois ? »
« Hier après-midi Msieur. »
« Où ? »
« En revenant de l’école. »
« J’en ai trouvé un sur le bord de la route, en face de chez M. M. »
« Et alors, qu’en as-tu fait ? »
« Et ben, j’l’ai regardé et j’me suis ben demandé ce que c’était. »
« Et puis ? »
« Ben… j’chais pu. »
« Tu l’as emmené chez toi ? »
« Non. »
« Alors, qu’en as-tu fait ? »
« Ben, j’l’ai jeté ! »
« Où l’as-tu jeté ? »
« J’ai pas regardé ! »