Passeuse d’âmes en dilettante - Tome 2 - Ludydechine - E-Book

Passeuse d’âmes en dilettante - Tome 2 E-Book

Ludydechine

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Beschreibung

"Passeuse d’âmes en dilettante – Tome II" vous fait découvrir l’univers truculent de Rustine, une hôtesse de l’air débordée, épouse et mère de deux enfants, qui jongle habilement entre les aléas du quotidien et ses dons de magnétiseuse et de « passeuse d’âmes » à ses heures perdues. Alors que les aiguilles de l’horloge marquent 2 h 56, 2 h 58, 2 h 59… Rustine lutte contre l’insomnie. Toujours en mouvement, son métier, sa famille et les signes mystérieux qui la poursuivent ne la laissent jamais tranquille.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Ludydechine, une magnétiseuse et médium dotée d’un esprit plein d’humour, partage avec finesse ses expériences. Son écriture à la fois ésotérique et spirituelle, s’inspire de ses aventures personnelles avec l’au-delà.

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Ludydechine

Passeuse d’âmes en dilettante

Tome II

Roman

© Lys Bleu Éditions – Ludydechine

ISBN : 979-10-422-2838-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Les personnages ou des situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnages ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Nous sommes en l’an 3000, car la vie n’est qu’un éternel recommencement.

Juin

Je commence à peine à m’endormir lorsque mon téléphone se met à vibrer.

Je regarde l’écran qui affiche un texto.

« Bonjour Madame, j’ai eu mon bac.

Pour fêter ma réussite, mes parents m’invitent au restaurant ce soir. Désolée, je ne peux pas aller chercher vos enfants au périscolaire. Merci pour votre compréhension. »

Je fais un bond pour sortir de mon lit, car je suis en escale à Erevan et non en France.

Personne pour récupérer mes enfants !

Alain n’a pas le droit de répondre au téléphone quand il est au travail.

QUE DOIS-JE FAIRE ? QUI APPELER ?

Mon cœur palpite.

J’ai très envie de tuer cette gamine à la maturité d’un moineau. J’EFFACE, J’ANNULE ET JE SUPPRIME.

J’appelle ma voisine Charlotte, car le centre de loisirs ferme dans 30 minutes.

Elle décroche.

Elle a déjà récupéré ses trois enfants et son mari travaille.

Ses enfants qui venaient à peine de sortir de la douche seront en culotte dans la voiture.

Elle se garera en double file sous le regard amusé des passants. Mes filles resteront chez elle jusqu’à 21 heures.

Je suis soulagée, mais mes angoisses remontent à la surface. J’aime mon métier, mais je culpabilise.

Comment trouver actuellement des gens fiables ?

Maman, et être absente de la maison, est-ce compatible ?

Puis je me dis que le problème a été résolu alors je remercie mes guides et prie pour retrouver une nounou.

Apaiser son esprit pour effectuer un travail plus concret que pleurer sur son triste sort.

Je ferme les yeux et visualise les attentes qui sont en moi.

Je souhaite une nourrice douce avec un cœur rempli d’amour et le cerveau d’une colombe plutôt que d’un moineau.

Au diable le physique, je désire des qualités humaines.

J’efface les images qui viennent parasiter mon esprit en cherchant à connaître ses tarifs.

Je balaie cette peur récurrente du manque d’argent que mon cerveau a absorbé, enfant.

2 h 55 ma tête vibre comme un talkie-walkie

Je sais qu’on m’appelle.

J’émerge lentement de ma couette pour regarder autour de moi.

Je vois à l’entrée de ma chambre un homme en noir et blanc qui m’attend.

Il est d’une assez grande taille avec des cheveux bruns bouclés.

Son visage exprime la gravité et la tristesse. Il porte un blouson à la mode des années 80. Il me fait signe de descendre vers la cuisine.

Je suis médium puisque j’accepte le don, pourtant je suis envahie par la peur.

Je regarde mon mari dormir paisiblement. Je voudrais le RÉVEILLER…

De quoi ai-je peur ? D’être tout simplement face à une mauvaise âme.

La peur de mon enfance refait surface. Je me lève et descends les escaliers.

Il fait froid, très froid, j’ai la gorge nouée.

Je ne vois plus l’homme, mais je sais qu’il est à côté de moi. Quand j’arrive dans la cuisine j’allume la lumière.

Au lieu de prendre un stylo et une feuille de papier je me précipite sur la boîte de chocolats pour me réconforter.

J’avale en me disant que je ne suis vraiment qu’une apprentie médium.

Puis je prends enfin ce stylo pour écrire, mais rien ne se passe.

Je regarde l’heure affichée sur le four, 3 h 30, effectivement j’ai pris mon temps.

Je sens une présence, mais rien de plus.

J’allume mon portable pour me sentir normale et me connecte à Facebook.

Je regarde une recette de cuisine où l’on met de la panure sur un camembert que l’on fait frire.

Je me demande s’il ne faut pas être cinglé pour manger un truc aussi gras.

Qui est le plus fou ? Rustine le médium ou ce chef cuisinier ? Je remonte me coucher, mais je ne dors pas.

Comment puis-je savoir si je suis face à une gentille âme ? Va-t-il passer la lumière ?

Ai-je le droit de communiquer avec cette entité ?

À force de lire des livres sur le sujet, je suis complètement perdue.

L’écriture automatique, est-ce une âme qui rentre dans votre corps ?

Si l’âme ne veut pas sortir, on fait comment ?

On se bat comme dans les films d’horreur ?

4 h 30, ma tête, ou plutôt le bas de ma nuque, se remet à vibrer.

Je me recouche. Il est bientôt l’heure pour moi de me réveiller pour aller travailler. Alors je prie en m’excusant, car je ne peux gérer cette communication pour le moment.

Puis je sors du lit pour rejoindre la salle de bains et me préparer. Je ne me sens pas seule. Est-ce la peur qui envahit ma raison ? Je descends au garage en sous-sol.

La lumière du hall ne s’allume pas, alors j’utilise mon portable en guise de lampe.

Je rentre dans ma voiture qui a moins d’un an, pourtant aucune fréquence radio.

L’homme en noir et blanc est assis à mes côtés.

Je lui demande si on peut parler, juste pour détendre l’atmosphère.

Dans ma tête, j’entends comme une phrase qui me dit que je ne dois pas aller travailler ce matin.

J’arrive sur le périphérique fermé, je mets Waze (GPS).

Je me retrouve à Aubervilliers, rue de Crèvecœur.

J’ai beau essayer de changer de chemin, je me retrouve trois fois dans cette même rue.

J’angoisse et prie pour qu’il n’y ait pas de crash d’avion, car je ne me le pardonnerais pas.

Enfin, je me libère de cette rue.

Je me retrouve à Senlis où j’ai vécu huit ans alors que je viens de Clamart…

J’arrive avec trois heures de retard.

Je croise mon ami Thibault, chef de cabine, qui connaît mon don.

Si vous saviez comme je suis heureuse.

Il est de réserve (en attente d’un vol), moi aussi.

Finalement, nous ne partirons pas et c’est tant mieux, car j’ai vraiment besoin de PARLER…

Thibault m’écoute et à chacune de mes fins de phrases, il dira :

« C’est dingue ! »

Étrangement, mes guides ne mettent pas de médium sur mon chemin.

Pourquoi ?

Ma radio fonctionnera sur le parcours du retour, mais je n’écouterai que des chansons d’amour tristes.

Le soir, je prierai mes guides en demandant de commencer ma formation de médium avec un peu plus de douceur.

Calmer mon esprit parmi tous ces esprits.

Le soir, ma nuque vibrera à nouveau, trop, mais je ne sortirai pas de mon lit, je me sens trop épuisée.

Je me souviens du médium écrivain Christophe Jacob qui est sur Facebook.

Je me connecte sur son « Messenger » pour lui laisser un message. Comment reconnaît-on les mauvaises âmes ?

Il me répondra dans la matinée de lire son livre Tous médiums !

Je réponds que je vais l’acheter, mais lui demande quand même s’il n’a pas un petit conseil.

Il me laissera un très gentil message pour me dire que si mon cœur est pur, je n’ai pas de raison de m’inquiéter.

Je devais juste me laisser aller.

Je suis apaisée. Pourtant, au bout de deux heures, je recommence à angoisser.

Mon cœur. Il n’est pas pur tout le temps !

« J’efface, j’annule et je supprime », je le répète plusieurs fois dans une journée !

— Rustiiiine ! Tu m’as dit que tu avais progressé en tant que médium.
— Je te le confirme, j’ai bien progressé !
— Rustine, tu m’as dit que j’attendais une fille, mais en fait c’est un garçon ! La gynécologue m’a demandé si je pleurais de bonheur. J’ai répondu : ouiiii !
— Pîa, effectivement, le domaine de la voyance, ce n’est pas mon dada. En tant que passeuse d’âmes, j’ai bien progressé, puisque j’ai passé cette nuit avec un fantôme.
— Tu as quoi ? Couché avec un fantôme ? Rustine, il faut que je raccroche, car je sens les larmes monter. Je vais encore pleurer de joie d’avoir un garçon…
— Pîa, je n’ai pas dit coucher.
— Allo ?

— Pîa ?

Le plus dur quand on devient médium, c’est de trouver quelqu’un avec qui échanger.

Je voudrais me confier, mais également recevoir des conseils pour progresser.

Si je désire rencontrer un confrère, il faut que je paye une consultation.

Je n’en ai pas envie pour le moment.

Ce n’est pas grave, je rappellerai Pîa demain. J’espère qu’elle m’aura pardonné !

Garçon ou fille ?

Est-ce vraiment important ?

Pîa me répondrait que quand on est maman de deux filles, on peut se permettre ce genre de réflexion…

Vive la pensée positive, Rustine !

Hoshi, Manège à trois

Ma voisine Charlotte, maman de trois enfants, rayonne.

Le matin, elle arrive à l’école maquillée et toujours pimpante. Son sourire semble collé à ses lèvres.

— Charlotte, toi aussi tu parles à tes guides pour dégager autant de bonheur ?
— Oh ! Non ! mieux que ça, Rustine, j’ai tout simplement pris un amant, mais ne t’inquiète pas, c’est purement sexuel, je maîtrise la situation.

Elle repart en me faisant un clin d’œil. Sa relation dure depuis deux ans.

Peut-on considérer cette relation comme un simple jeu sexuel ? Qui est l’amant ? Un ami du mari, bien sûr, mais chut, c’est un secret ! La vie de couple sur terre n’est pas une mince affaire.

Avec le temps, nous comprenons que les défauts s’amplifient et que notre conjoint ne changera pas.

La colline à défauts se transforme en une montagne que nous n’avons plus la force d’escalader.

L’accumulation des déceptions augmente et envahit notre cœur.

Un jour, on se réveille en voulant juste ressentir l’amour dans son plus pur enrobage.

Savoir si notre cœur est encore capable de palpiter sans pacemaker.

Le plaisir de découvrir un corps comme si l’on croquait dans une pomme.

L’odeur d’un parfum frais qui se colle de nouveau à votre peau.

L’abandon de soi dans un corps qui vous rassure et vous réchauffe.

Vivre avec la sensation que l’aventure coule à nouveau dans vos veines.

Sentir que l’on plaît toujours à travers un regard.

Oublier le tic-tac de l’horloge qui nous rappelle que notre peau commence à flétrir.

Ne plus penser aux factures, aux études des enfants.

S’évader de ces soirées télévisées en mode vieux couple.

Voir un homme tel un prince qui vous fait redécouvrir les saveurs du printemps plutôt qu’entendre son mari ronfler.

Cet amant qui vous ramène à votre jeunesse, à votre fougue, à votre impétuosité.

Tiendra-t-il la route face aux intempéries de la vie terrestre et non virtuelle ?

Saura-t-il vous protéger face aux problèmes de la réalité ?

Affaire Charlotte !

À suivre…

23 juillet, 2 h 56

Je me réveille assise.

Le cauchemar fut si puissant que je n’arrive pas à retrouver ma respiration.

J’arrive même à en réveiller Alain.

Je me promène et vois une petite fille paraissant enterrée.

Elle me regarde avec des yeux en amande, des yeux d’un noir profond, comme la couleur de ses cheveux.

Sa chevelure tombe un peu plus bas que son menton. Je lui demande ce qu’elle fait là.

Elle ne me répond pas.

Je creuse, mais la terre est très poreuse. Je sens le poids de son regard sur moi.

Je tente de tirer sa jambe pour l’exhumer. Elle se détache de son corps.

Je suis affolée, alors je creuse au niveau d’une main qui dépasse. Elle me fixe, mais ne me parle pas.

Son regard intense est posé sur moi.

À force de creuser, je vois son bras, alors je suis rassurée. Je l’attrape, mais celui-ci aussi se démembre.

Je l’observe et ne sais plus que faire pour l’aider.

Je regarde autour de moi pour demander du secours, mais je suis comme aspirée. Je veux rester auprès d’elle, mais je ne contrôle rien.

Je me retrouve assise sur le lit.

Je n’arrive pas à reprendre ma respiration. Je fonce dans les chambres de mes filles pour voir si elles dorment.

Une semaine avant, elles étaient en colonie. Avec une telle vision, je serais partie dans la nuit en voiture pour les rejoindre.

Je retourne dans mon lit pour me blottir dans les bras de mon mari.

Ce cauchemar fut insoutenable.

Alain me rassure en me disant que c’est sûrement dû à la chaleur. Je ne peux que prier pour demander la protection de mes enfants.

Juillet

Que dire de ce mois de juillet ?

Afin d’éviter à mes enfants le rythme endiablé de mon travail, je décide de les inscrire en colonie de vacances pour une semaine.

Quand je verrai partir le train de mon petit bout de 6 ans, mes larmes couleront.

J’ai compris que le mal est partout, même dans sa propre famille. J’ai réussi à me pardonner d’un mauvais choix de nourrice.

Je ne suis plus à la recherche de justice envers ce personnage. Pourquoi ?

J’ai croisé la mère Thénardier à Clamart en voiture.

Elle marchait sur le trottoir en donnant la main à un enfant de trois ans.

Mon cœur n’a pas ressenti de palpitation et mon cerveau n’a pas crié vengeance.

J’ai juste regardé le visage de cette femme, j’ai compris. La justice existe, mais pas forcément comme je la conçois.

La vie, c’est comme un caillou qu’on lance dans une rivière.

Il tombe rejoindre ses compatriotes, mais à la surface de l’eau, un petit rond se forme, puis un autre, et encore un autre.

Cause/effet/conséquence.

Je fixe droit dans les yeux cet être qui se dit femme et pense que je ne peux lui envoyer de la lumière.

Je regarde ce petit bout de chou de trois ans, prie ses guides pour qu’ils le protègent.

Les souffrances de la vie nous aident à nous développer pour nous aider à atteindre les évolutions que nous nous sommes fixés avant de naître sur terre.

En tant que passeuse d’âmes et magnétiseuse, les situations très douloureuses que mon cœur et mon esprit ont vécues m’ont permis de mieux comprendre les êtres qui viennent à ma rencontre.

La colo ?

Une catastrophe !

Comme elles n’arrêtaient pas de se chamailler, j’ai voulu les séparer.

Je voulais qu’elles s’épanouissent séparément.

Mela est partie en Bretagne, mais comme elle craint de se noyer, elle n’a jamais voulu se baigner.

Elle porte toujours une couche la nuit, ce qui lui a valu les moqueries des enfants.

J’ai inscrit Lana dans une colonie artistique où elle était l’une des plus jeunes.

On l’a traitée de « bizarre ». Comme il n’a jamais fait beau, il n’y a pas eu de sorties.

Tous les jours, nous recevions un appel.

Que faire lorsque votre fille se plaint de maux de ventre ou veut vous parler ?

Lorsque nous irons l’accueillir à la gare, elle se tiendra dans un coin à l’écart du groupe.

Mela se précipitera dans les bras de sa sœur. Dans la voiture, elles se tiendront la main durant le trajet du retour.

— Ze te rassure, Lana, zéro copine. Trop nul la colo, maman, plus zamais.

Pourtant, dans l’hiver, nous aurons écho de quelques joyeux souvenirs.

Elles seront sœurs pour la vie pendant au moins une semaine, puis les chamailleries réapparaîtront.

Août

2 heures du matin, mal à la gorge, j’ai attrapé froid. 20 heures, Lana lit un livre, assise dans la cuisine. Mela veut un dixième bonbon. Je lui dis non.

De colère, elle pousse le tabouret de bar qui se renverse. L’assise percute le visage de Lana.

Un bruit, des hurlements.

En moins de trente secondes, votre vie bascule dans le drame.

Son visage est rouge, tout enflé.

Elle ne peut plus décoller sa paupière droite.

Sa petite sœur sourit pour dissimuler le fait qu’elle a conscience d’avoir commis une énorme bêtise.

Rester fier sans regret.

Alain nous accompagne en voiture à l’hôpital militaire Percy, escortés par les pleurs de Lana.

Le magnétisme ?

J’ai eu trop peur en entendant le bruit du choc, je préfère foncer aux urgences.

Je vois le regard grave de Mela qui ne sourit plus. Trop stressée, je n’emprunte pas le bon couloir.

Puis nous arrivons dans une salle d’attente bondée.

Nous ferons la queue durant trente minutes avant d’atteindre le secrétariat.

Nous nous asseyons, le visage de Lana est moins rouge, mais elle ne peut toujours pas ouvrir la paupière.

Je suis inquiète, je crains le pire. Je place mes mains sur son visage et prie mentalement pour qu’elle n’ait rien.

Nous sommes assises à côté de deux portes vitrées qui ne cessent de se fermer et de s’ouvrir à cause du passage des brancards.

Accident de la route, de jeunes soldats blessés pris en étau lors d’une mission à…

Plus de huit heures se sont écoulées depuis leur accident.

Des jeunes qui décident de rentrer dans l’armée pour protéger notre pays et servir.

Je vois tous ces visages se tordre de douleur.

J’achète un paquet de bonbons dans le distributeur, car nous n’avons pas mangé.

22 heures, nous rentrons dans une salle où une jeune fille nous reçoit.

— Bonjour, je suis stagiaire, je vais ausculter votre fille puis noter les informations.

J’explique pour la seconde fois que sa sœur, par mégarde, a fait tomber le tabouret de bar sur son visage.

Un peu sceptique, elle saisit l’information dans l’ordinateur puis regarde la paupière fermée.

— Il va falloir passer une radio, mais nous n’avons pas de place avant une heure du matin.
— Parfait, je ne pars travailler qu’à 4 heures du matin !

Nous retournons nous asseoir à la même place dans la salle d’attente qui ne désemplit pas.

Avec ces portes qui s’ouvrent et se ferment sans interruption, il fait un froid glacial.

Un homme handicapé s’assied à côté de moi et m’explique qu’il a oublié d’acheter ses médicaments.

Demain c’est dimanche, il ne veut pas aller à la pharmacie de garde. En plus, ici on lui en donne beaucoup plus.

Monsieur est un habitué des urgences.

Je voudrais lui mettre une baffe.

J’EFFACE, J’ANNULE ET JE SUPPRIME.

23 h 45, je suis appelée. Le médecin est indisponible, je suis donc reçue par une infirmière.

Elle reprend mon dossier et me fait répéter les faits. Je « récapépète » bêtement.

Un appel. Elle se lève, nous demande de patienter.

Je regarde ma fille avec sa paupière collée et j’ai une boule à la gorge. Je me demande si ce n’est pas trop grave.

0 h 30, l’infirmière rentre dans la pièce.

Elle ausculte Lana puis lui demande :

— Qui t’a fait ça ?

Avec un grand sourire, elle répond :

— Ma sœur Mela.

Un miracle se produit. La paupière se décolle comme par magie. Je me dis : « JE VAIS LA TUER. »

J’EFFACE, J’ANNULE ET JE SUPPRIME.

L’infirmière me fait un clin d’œil, m’annonce que je ne peux pas rentrer tant que le médecin n’a pas signé un papier.

Je suis sous la responsabilité de l’hôpital.

Je retourne m’asseoir dans la salle d’attente.

Ma fille se serre dans mes bras et me dit :

— Tu ne trouves pas que l’on est bien quand on est que toutes les deux ?

Je n’ai même pas envie de la gronder.

1 h 15, toujours pas de médecin.

Je vais au secrétariat pour trouver un arrangement, mais l’homme qui a juste oublié d’acheter ses médicaments accapare le bureau !

Il n’a toujours pas été reçu. Pauvre homme !

Je décide de partir en catimini, car de toute façon c’est la pagaille. 2 heures, au lit.

En passant devant la chambre de Mela, je vois ses grands yeux ouverts.

Je la rassure et lui dis de dormir. Ce soir, il n’y a rien eu de grave. En me couchant, Alain me dira :

— Rustine, j’ai pris les billets pour Bangkok. On part, il faut qu’on s’aère.

Pour d’autres familles, des accidents aussi stupides peuvent se produire avec des conséquences beaucoup plus graves.

On en veut à son conjoint de ne pas avoir assez surveillé.

On s’en veut.

On culpabilise d’avoir souri au moment où sa sœur se blesse, surtout si cette dernière décède.

Nous gâchons notre vie comme pour nous punir du mal que l’on a commis.

Apprendre à se pardonner, car nous possédons tous notre boîte à bêtise incontrôlable.

Direction l’Asie. En tant qu’hôtesse de l’air, je bénéficie de tarifs préférentiels pour les billets d’avion.

FAUX !

Je ne trouverai aucune place sur ma compagnie, alors je déciderai, pour partir à Hong Kong, de prendre un vol de la Thaï.

Je payerai le même prix qu’un passager parti en classe économique sur un vol direct.

Vol Paris-Hong Kong, je suis surclassée par le personnel sol. Je ne m’y attendais pas du tout, surtout avec deux enfants.

Depuis mon burn-out, je suis plus en mode petite souris qui se cache dans un trou.

Mes filles sont ravies et débordent de joie dans la salle d’embarquement.

On dirait deux supportrices d’un match de foot. Je commence à craindre sérieusement leur comportement dans l’avion.

À peine ont-elles mis les pieds à l’intérieur qu’elles se transforment en petits anges.

Elles sont fières. Lana me demande :

— Si un jour je deviens institutrice, je pourrai voyager en classe affaires ?

Je réponds que le plus important est de réaliser ses rêves, qu’il existe toujours une solution quand on veut un peu plus de confort.

Mela surenchérit :

— Maman, le pilote est là. Va le voir, dis-lui que tu es hôtesse.
— Chérie, je ne peux pas le déranger.

Le bonheur d’un enfant dans un avion ? C’est qu’il peut regarder la télévision de façon illimitée.

Quant à moi, je redécouvre à travers le hublot la beauté de ces nuages qui changent aussi bien de formes que de couleurs. Puis, lentement, le soleil ira se coucher pour laisser place à la lune entourée de fidèles amies. Je ne crois pas qu’un artiste peintre ait jusqu’à présent réussi à reproduire la réalité de cette vision.

Mes filles demandent si l’on sera surclassés au retour.

Je leur explique qu’en dix-huit ans d’ancienneté, je n’ai été surclassée que deux fois.

Elles sont trop petites pour comprendre, alors je leur propose de visualiser le retour comme si elles étaient déjà surclassées, de remercier leurs guides comme si c’était déjà fait.

Arrivés à l’aéroport de Hong Kong, les visages de tous horizons se mélangent.

La climatisation associée aux odeurs de graillon.

Enfin le début des vacances, mes filles nous aident à porter les bagages pour changer de terminal.

Nous sommes tout simplement heureux.

Nous arrivons à Bangkok par un vol de la Thaï.

Les hôtesses portent la robe traditionnelle en soie rose ainsi qu’une broche sur la poitrine avec un nœud noir symbolisant le deuil.

Le roi est décédé cet hiver.

Au décollage, j’observe l’hôtesse assise en face de moi.

Aucun doute, elle en est à son quatrième décollage, parole d’hôtesse !

Une légende raconte qu’il y a très longtemps, un jeune prince thaïlandais fut amoureux d’une hôtesse de notre compagnie.

Lorsqu’elle arrivait à Bangkok, une limousine l’attendait en guise de carrosse.

Un jour, ce prince choisit la raison de ses fonctions plutôt que celle du cœur.

Bangkok, 23 heures

Françoise Hardy, Le large

Mes filles découvrent à travers les vitres du taxi cette ville où des rues érigées de buildings très modernes s’entremêlent de petites ruelles grouillantes bordées de maisonnettes bancales, coiffées de toits en tôle.

L’odeur du camphre se propage dans le taxi.

Les Thaïlandais l’utilisent aussi bien pour les douleurs musculaires que pour purifier l’air.

J’adore cette odeur que j’avais complètement oubliée.

Sur les trottoirs, des marchands ambulants chargés de brochettes de viande ou de fruits.

Des Thaïlandais engloutissent tous ces mets à n’importe quelle heure sur de petites tables pliantes autour desquelles ils se réunissent.

J’ouvre ma vitre pour atténuer les effets de la climatisation et sentir la moiteur imprégnée d’odeurs de nourriture inconnues.

À un feu rouge, une dame s’approche de moi, me tend un bracelet de fleurs blanches.

Je ferme les yeux pour me laisser enivrer par la senteur du jasmin.

Je suis enfin là où je voulais être.

Le plaisir de faire découvrir à mes enfants une culture différente de la nôtre.

Ce qui me semble important l’est si peu ici.

Relativiser les valeurs que l’on m’a inculquées, ici elles ne sont d’aucune utilité.

Respirer, vivre, penser en toute liberté sans subir le jugement de sa famille, de ses amis.

Enfin de vraies vacances !

Voilà pourquoi j’ai choisi le métier d’hôtesse de l’air. J’émerge de mes pensées, car mon mari me secoue le bras.

Rustine, je t’en supplie, pendant ces vacances, on ne parle ni de magnétisme ni de fantômes.

Je souris, j’acquiesce de la tête.

Il existe à Bangkok un magnifique hôtel qui a ouvert ses portes dans les années 1800.

Si l’extérieur est agréable, en pénétrant dans le hall, on est saisi par le charme du lieu qui nous plonge dans un passé mystérieux.

Le soir, les grands lustres en forme de cages à oiseaux éclairent telles des lanternes un mobilier où se côtoient moderne et ancien.

Le marbre brille de mille éclats, mettant en valeur les fleurs de couleur violine, symbole du pays.

On se croirait dans un jardin d’hiver où le temps s’est figé.

Nous nous installons pour boire un thé, je me rends compte que Mela ne nous a pas suivis.

Je la vois en train de contempler quatre musiciens. Je m’approche d’elle.

Elle me demande de me baisser à son niveau pour me confier un secret.

Le doigt pointé vers le quatuor, elle me chuchote dans le creux de mon oreille :

— Maman, je veux jouer cet instrument.

Je regarde un jeune musicien qui nous sourit tout en jouant du violon.

Grâce à cet homme, ce soir, ma fille a décidé de jouer d’un instrument de musique. Étrangement, une rencontre, une voix, une odeur peut vous guider dans vos choix.

Cher lecteur, sans vous en apercevoir, vous avez aussi connu des déclics.

Un simple échange d’énergie crée des idées.

Mon mari a du mal à accepter mes réveils nocturnes.

Il craint que je tombe dans la schizophrénie.

Un soir, il regardera un reportage sur cette maladie.

Mon métier, ma famille m’empêchent de vivre uniquement pour l’ésotérisme, de tomber dans l’excès.

Si j’ai choisi de naître sur terre, c’est aussi pour apprécier les joies de la vie terrestre.

À l’aide de mon troisième œil, je dirai d’une voix silencieuse :

« Merci, mes guides, pour ces vacances. Laissez-moi me reposer pleinement pour me concentrer sur la fin de mon roman. »

Je laisserai la fenêtre du taxi ouverte, car le vol à l’arraché à Bangkok est bien moins probable qu’à Paris.

Je ne pense pas que l’herbe soit plus verte en Thaïlande. Loin de là, cher lecteur.

À chaque pays sa croix.

Pour des vacances en famille, c’est quand même le paradis sur terre… Le lendemain matin, nous irons visiter le Palais royal.

Que de dorures, de mosaïques, de toits aux formes improbables en Occident !

Des kilomètres de femmes vêtues de soie noire attendent de se recueillir devant le corps du défunt roi.

Bien que de couleur identique, chaque tenue possède sa particularité.

De petits boutons ressemblant aux touches d’un accordéon ferment une chemise.

Des jupes portefeuilles laissent à peine deviner des dessins.

Malgré le deuil, la coquetterie est de mise et c’est un plaisir pour les yeux d’une étrangère.

Des écoliers en uniforme attendent patiemment leur tour.

Quatre jours plus tard, nous descendons en bus vers le sud-ouest de Bangkok.

Un petit village proche de la ville Hua Hin se situe le Palais royal d’été. Connaissez-vous l’hôtel Dolphin Bay Resort ?

De petites maisons répondant à de doux prénoms de fleurs entourent un parc où les enfants peuvent s’adonner à des jeux en toute quiétude.

Une plage immense remplie de petits crabes et de bateaux de pêcheurs.

Un parc national qui protège les éléphants.

Une île où, dans une grotte, se cache un temple.

Un couple d’expatriés français a créé des bungalows en bois qui entourent un parc vert rempli de jeux destinés à nos chérubins.

On accède à la mer par une petite route où nous croisons quelques scooters sur lesquels sont juchés des vendeuses de glaces ou des vendeurs d’œufs.

Une étendue de sable fin où se promènent des milliers de bébés crabes, au grand désarroi de nos filles qui préféreront se baigner à la piscine.

Au loin, une île sur laquelle est enfoui un temple au fond d’une grotte.

Le soir, je m’abandonne dans les bras de mon roman. Lorsque j’écris sur certaines blessures pourtant anciennes, les larmes montent et je pleure.

Je suis au paradis, néanmoins une plaque de psoriasis apparaît sur ma main.

Est-ce le décalage horaire ? La fatigue du voyage ou l’accumulation des soucis de l’année ?

Suis-je prête à repartir sur long-courrier ?

Mes angoisses pour ma vie future remontent à la surface.

Je n’ai pas apporté mes médicaments alors je tente la pensée positive.

Je remercie l’univers pour ma guérison, puis mon mental s’envole vers ma cachette secrète où je range mon psoriasis.

« J’efface, j’annule et je supprime » la moindre pensée qui me laisse visualiser les urgences d’un hôpital de Thaïlande.

Chaque jour, je tente de mettre en pratique cette pensée positive.

Pas si simple à acquérir, car nos angoisses sont ancrées dans notre cerveau tel un bateau amarré sur le sable que nous devons remettre seuls à l’eau.

On a beau connaître les méthodes pour vivre apaisé, la navigation n’est pas si simple quand notre mer intérieure s’agite.

Lorsque la mer devient houleuse, lever la tête vers le ciel pour apprécier les nuages changeant de forme au gré de leurs envies.

Un soir, nous décidons de nous faire masser les pieds dans un petit salon au bord de la mer.

Nous sommes assis sur des fauteuils posés sur le sable où un toit fait de branches de palmiers séchées devrait nous protéger d’une éventuelle pluie diluvienne.

Nous sommes éclairés par une ampoule accrochée à un câble qui se balance au gré du vent.

Je regarde une fillette un peu boulotte devant le salon, assise sur son scooter blanc, en train de manger des chips.

Quatre Thaïlandaises prennent soin de nous, mais l’une d’elles ne rayonne pas.

Ge tup Diva Faune, Lea Paci

Elle est épuisée. Je sens qu’elle a une tension au niveau du cou.

Depuis que mon magnétisme se développe, je détecte l’aura qui enveloppe tout votre corps.

Plus simplement, je perçois une lumière autour des êtres dont l’intensité devient quasi inexistante lorsqu’ils sont épuisés.

Je ne suis pas concentrée sur le massage, mais sur cette femme.

Elle fait signe de partir à la jeune fille qui porte un uniforme d’écolière, mais cette dernière refuse catégoriquement d’un signe de tête.

La jeune fille rentre dans le salon puis va chercher un second paquet de chips accompagné d’un coca.

Près d’elle est assis un homme en train de lire un journal.

Quand elle s’approche, il lui parle sèchement sans la regarder et elle fait un bond.

Elle le craint.

Je comprends que sa maman est la masseuse fatiguée et que cet homme n’est autre que son père.

Sa mère a dû commencer son travail vers 10 heures du matin.

Il est 23 heures, la jeune fille n’a pas encore dîné et n’a pu communiquer avec ses parents.

Elle préfère attendre sur son scooter en grignotant plutôt que d’être seule dans une maison vide.

On peut voyager aux quatre coins du globe, les effets liés au mauvais dosage de l’amour sont les mêmes partout.

Boulimie, anorexie, angoisses…

Je pense à mes filles qui attendent que je rentre de mes vols en râlant. Cette jeune fille attend aussi sa maman.

Mes filles ont une nounou, un papa présent quand je suis absente.

À mon retour, je tente de rattraper le temps perdu.

Cette maman ne doit pas avoir de week-end lors de la pleine saison.

En fait, août n’est pas la pleine saison en Thaïlande alors je comprends que ce n’est tout simplement jamais.

Vivre ou survivre, Daniel Balavoine

La jeune fille vit avec une maman qui ne découche pas, mais qui est tout aussi absente, accompagnée d’un père qui n’en est pas un.

Je me rends compte que j’ai de la chance d’être née en France, nos aïeuls se sont battus pour instaurer les protections sociales, les congés payés.

Cependant, l’expression « travailler pour gagner plus » n’a plus de valeurs dans notre pays.

Plus le français moyen gagne, plus il doit payer des taxes, des d’impôts…

Que faire face à cet argent qui semble toujours manquer ?

Êtes-vous plus souvent à votre travail que dans votre propre famille ?

La pensée positive peut-elle éviter les problèmes d’argent ?

La phrase que je répète avant de me coucher : « Richesse et abondance, mes guides. »

Est-ce que cela marche ? Essayez et vous me direz… N’oubliez pas de visualiser.

De remercier comme si vous l’aviez déjà reçu.

Ne vous avouez pas vaincu au bout de dix jours, persévérez…

Lorsque vous êtes à l’étranger vous ressentez si les gens prennent trop à cœur le sujet de leurs conversations grâce à l’intonation des voix ou à l’expression des visages.

Vous ne comprenez rien, vous n’êtes donc pas touché par le sujet.

En communication, l’être humain s’épuise chaque jour à vouloir s’imposer ou prouver qu’il a raison.

Écouter les bavardages inutiles ou visualiser les informations reçues par le NET sur son portable demande beaucoup d’énergie.

Au fond, ce qui est important au regard des Thaïlandais l’est-il aux yeux des Français ?

Suivre son cœur sans écouter le brouhaha qui nous entoure. Courage.

Fin août

J’entends la voix d’un homme qui hurle :

« Raccroche, je te dis. »

« Non, je ne veux pas. » Une voix de femme :

« Tais-toi donc. »

« Non je ne me tairai pas, je dis ce que je veux à ma mère. »

« Maman, ils veulent que je reste enfermée dans la chambre. »

« Lana, calme-toi, respire, va dans le jardin. Lana, tu m’entends, tu es là.

Alain, rappelle ta mère ! » Nous sommes rentrés de Bangkok.

Les filles passent une semaine en Alsace chez papi et mamie.

Nous devons les rejoindre à la fin de la semaine, car nous sommes invités à un mariage.

La cause de la crise familiale est une malheureuse barbe à papa. Lors d’une fête foraine, Mela a mangé une barbe à papa.

Lana n’en voulait pas, mais au moment de partir, elle a changé d’avis.

Quand on dit non à un enfant, que se passe-t-il ?

Un début de négociation, mais, dans le temps, quand on disait non, eh bien, c’était non !

L’inépuisable conflit de générations.

Si le bonheur se trouvait dans l’éducation du passé, nous ne chercherions pas désespérément d’autres modèles.

Le soir, elle a voulu me le raconter au téléphone, mais Léon et Marie sont fous de rage.

« Combien de fois je t’ai dit qu’on ne dit pas tout à sa mère ! » La phrase fétiche de ma belle-mère.

Je restais deux mois chez ma grand-mère en Corse et je n’ai aucun souvenir de ma Mamone en colère.

Je suis contrariée et donnerais n’importe quoi pour aller les récupérer, mais je ne veux pas faire de vagues.

Je rumine. Difficile d’envoyer de la lumière quand on s’attaque à vos enfants.

Le lendemain, je me réfugie toute la journée dans la forêt.

Encore deux jours avant de retrouver mes enfants qui ne sont pas au bagne, mais chez leurs grands-parents.

Il faut savoir relativiser.

2 h 56, 26 août

Je suis en Alsace, je ne dors pas.

Demain, nous allons au mariage du cousin de mon mari.

Il fait trente degrés, impossible de dormir avec les volets fermés.

Je rumine la dispute entre ma fille et ses grands-parents.

Je ressasse le prix pour imprimer mon roman qui n’a aucune valeur. Vais-je me réaliser ou rester hôtesse de l’air rêveuse ?

J’ai l’impression que les problèmes de la vie sont bien plus nombreux que les moments de bonheur.

Je fixe la lumière orange du poteau de l’extérieur qui m’empêche de voir la lumière des étoiles parsemées sur le manteau de la nuit.

J’ai les bras croisés au-dessous de ma tête quand soudain je ressens comme une oppression dans le thorax.

J’ai du mal à respirer, comme la sensation que l’on essaye de rentrer dans mon corps.

Je n’ai pas peur, je ne dors pas. Je sais pertinemment que je ne suis pas seule.

Une pensée d’à peine un quart de seconde me rappelle ce dont, enfant, j’avais peur.

Malgré la sensation d’étouffer, je visualise afin de lancer une lumière de mon plexus solaire.

De mon troisième œil, je hurle « Dégage ! »

Le poids sur mon thorax disparaît, puis je tourne la tête du côté droit, car je sens une présence, mais ne la vois pas.

Enfant, je me serais enroulée dans ma couverture, maintenant je n’ai plus peur.

J’insulte par le troisième œil cette âme qui a tenté d’envahir mon corps, puis je prie en demandant protection.

Une fois que je suis apaisée, je comprends que mon taux vibratoire devait être trop bas.

Que voulez-vous, je suis d’une nature anxieuse, n’oublions pas que j’ai passé mon enfance avec une maman négative.

Si je laissais faire le naturel, mon moral serait comme une montagne russe.

Je réfléchis.

En fait, il est temps pour moi d’attaquer le yoga.

Je regarde mon mari dormir paisiblement en me disant que j’aurais pu m’étouffer tranquillement.

Partager le même lit et partir dans les étoiles sans que notre âme sœur s’en aperçoive.

Première leçon de passeuse d’âmes :

On attire les âmes du même niveau de son degré vibratoire. Il faut savoir stabiliser son mental.

Sereine dans la vie ou dans la mort, voilà la clé du bonheur. J’espère, cette fois-ci, ne pas la perdre en chemin.

Courage à nous, cher lecteur, on va y arriver ! Célibataire, aller à un mariage était une corvée.

Telle une proie, on vous installait à la table des « sans sexe » en espérant que vous alliez sortir avec le cousin « vieux garçon » ou « le copain de machin ».

Vous vous êtes faite belle, votre montre est dissimulée au fond de votre sac à main alors que vous ne rêvez que d’une chose : regarder l’heure !