The Saint's Magic Power is Omnipotent - L'EXTRAordinaire Apothicaire (Francais Light Novel) : Tome 2 - Yuka Tachibana - E-Book

The Saint's Magic Power is Omnipotent - L'EXTRAordinaire Apothicaire (Francais Light Novel) : Tome 2 E-Book

Yuka Tachibana

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Beschreibung

Sei est maintenant soupçonnée d’être la sainte en raison de ses succès répétés. Elle est parvenue à éviter de se faire repérer jusqu’à maintenant, mais elle se retrouve à apprendre sérieusement la magie au palais royal et sous surveillance. Bien malgré elle, elle finit embarquée en formation pratique par son instructeur intransigeant, car elle s’avère encore plus douée que prévu.
Sei s’entend dire par lui : « Je m’assurerai que vous n’ayez pas la moindre égratignure. Je vous protégerai. »
… Mais c’est parce que je suis « nécessaire à vos recherches », pas vrai ?!


Il n’y a cependant aucune chance que cette formation tranquille dans la forêt se termine sans problème avec tant de signes avant-coureurs d’un désastre…

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Table des matières

Cover

Pages couleur

Chapitre 1 — Expertise

Chapitre 2 — Entraînement

Chapitre 3 — Dame

Chapitre 4 — Amélioration d’espèce

Chapitre 5 — Expédition

Chapitre 6 — Sainte

Postface

A propos de JNC Nina

Copyright

Points de repère

Pages couleur

Table des matières

Chapitre 1 — Expertise

Je poussai un énième soupir en regardant distraitement le paysage depuis la calèche qui me conduisait à l’ordre des sorciers de la cour. Le directeur s’en aperçut et m’adressa la parole avec un sourire en coin.

— Ça n’a pas l’air de t’enchanter. Bah, le sentiment ne m’est pas inconnu.

— Oui, en effet…, lui répondis-je avec un sourire forcé.

Il me rendit le même sourire et haussa les épaules. Je reportai mon attention sur le paysage tout en me remémorant les événements de la veille. J’avais reçu en fin de journée un message de l’ordre des sorciers de la cour, ils souhaitaient que demain, donc aujourd’hui, j’aille les voir pour réaliser une expertise.

Une expertise de quoi ?

Il semblerait qu’il s’agisse de moi.

À cause de l’incident survenu à l’hôpital l’autre jour, les gens avaient répandu la rumeur que j’étais la sainte. En plus de ça, j’avais appris que le commandant de l’ordre des sorciers de la cour, qui était inconscient depuis la cérémonie d’invocation de la sainte, avait repris conscience une semaine plus tôt. Il paraissait que cette personne était la seule dans le pays à pouvoir expertiser quelqu’un. Apparemment, mon évaluation n’avait pas encore eu lieu justement parce que le commandant était dans le coma, et bien qu’il ne soit pas encore au mieux de sa forme, l’expertise de la sainte étant une affaire importante pour le royaume, il avait fait fi de ses problèmes de santé afin d’y procéder. En repensant à ce qui s’était produit à l’hôpital, je me disais que c’était inévitable. Suite à une utilisation aussi spectaculaire de mes sorts de soin, il n’était pas étonnant que les gens autour de moi me soupçonnent d’être la sainte. Donc dans une certaine mesure, je m’étais préparée à ce genre de réaction… mais je ne pouvais m’empêcher de me sentir nerveuse.

J’avais entendu dire qu’ils vérifiaient les stats lors de l’expertise, mais si ça devait m’arriver, j’étais finie. Après tout, les miennes affichaient très clairement « Sainte ».

— Ça te déplaît à ce point ?

J’avais dû faire la grimace tout en réfléchissant. En tournant mon regard vers le directeur, je pus voir qu’il avait l’air inquiet.

— En effet, je n’aime pas ça.

— Navré de te le dire, mais il fallait s’y attendre en se faisant remarquer à ce point.

— Je ne me suis pas fait remarquer. J’ai juste soigné un peu les gens.

— Pas qu’« un peu », répondit le directeur avec exaspération en voyant ma moue face à son commentaire.

Nous échangeâmes un regard puis rîmes amèrement. Le directeur se faisait beaucoup de souci pour moi, particulièrement depuis que j’avais emménagé à l’institut. Il se comportait avec nonchalance de sorte que je ne le remarque pas, mais je m’en rendais tout de même compte, parfois. Je savais que c’était parce que j’étais sa subordonnée, mais je lui en étais reconnaissante dans le cas présent. Le simple fait de parler ainsi me remontait un peu le moral.

— Je doute qu’il se passe quoi que ce soit immédiatement après l’expertise, de toute façon, mais…, marmonna le directeur, l’expression soudain sérieuse.

La cour royale semblait convaincue que la sainte avait été invoquée avec succès lors de la cérémonie d’invocation, car le nombre de monstres avait diminué, bien que graduellement. Cependant, cette diminution n’avait été constatée que dans les environs de la capitale, et il y avait encore beaucoup de monstres dans les régions plus éloignées. On disait que dans les temps anciens, les saintes accompagnaient les chevaliers dans ces lieux infestés et qu’elles utilisaient des techniques connues d’elles seules pour exterminer les monstres et purifier les lieux. Cette fois encore, la cour espérait la même chose.

— Exterminer des monstres… Espère-t-on de moi que je me mêle aux combats ?

— Oui. Mais les sorciers lancent leurs sorts derrière les chevaliers, donc il n’y a pas autant de danger qu’en première ligne.

— Mais, et si les monstres utilisent la magie ? Ils peuvent voler jusqu’à moi, n’est-ce pas ?

— En effet. Je ne peux pas dire que tu seras hors de danger.

— Ni moi ni l’autre fille, qui avons été invoquées, n’avons combattu de notre vie.

Si on regardait la Terre dans son ensemble, il y avait des endroits où la guerre avait lieu, mais le Japon était en paix.

Comme nous n’avions jamais eu à lutter pour nos vies auparavant, je doutais que nous puissions nous rendre utiles si on nous emmenait vaincre des monstres.

Dans les jeux, par contre, j’en avais pourfendu des tonnes.

— Tu suivras une sorte d’entraînement avant, je suppose. C’est le genre de choses qu’on enseigne à l’académie à Aira.

— C’est vrai ?

— Les entraînements de chasse de l’académie ont lieu dans la forêt est. Elle s’y est probablement déjà rendue.

J’étais un peu surprise d’apprendre qu’elle avait déjà de l’expérience en combat. Je m’inquiétais de savoir si elle allait bien, mais je me souvins qu’une escorte de chevaliers lui avait été allouée. Je n’avais entendu aucune histoire comme quoi elle aurait été blessée ou autre, donc elle devait bien se porter. Après tout, elle était allée dans la forêt est, lieu réputé pour être peuplé majoritairement de monstres faibles.

— Que… Que va-t-il m’arriver si on découvre après l’expertise que je ne suis pas la sainte ?

La question m’était venue soudainement.

Le directeur fit les yeux ronds puis ricana.

— Le travail de sainte reviendra à Aira, dans ce cas. Cependant…

— Cependant ?

— Tu recevras une demande d’assistance.

— Une demande d’assistance ?

— Il te sera principalement demandé d’utiliser la magie de soin.

Je vois.

Il était vrai que j’avais soigné les blessés sans me soucier de moi à l’hôpital, à la grande surprise de tous ceux qui m’entouraient. S’il s’agissait de ça, c’était dans mes cordes.

— Si j’accepte cette demande, je serai transférée à l’ordre des sorciers de la cour ?

— Je n’en ai pas la moindre idée.

— Je préférerais ne pas être transférée, si possible.

L’institut était un lieu de travail très agréable. Je n’étais pas contre cette demande d’assistance, mais je n’aimais pas trop l’idée de devoir changer de poste. Lorsque je fis part de ce sentiment au directeur, il me promit de voir ce qu’il pourrait faire. Après avoir discuté de mon possible futur, nous arrivâmes devant les quartiers de l’ordre.

Nous entrâmes dans l’édifice à la suite du sorcier qui était venu nous accueillir. Ceux qui passaient à côté de moi alors que nous traversions le bâtiment me jetaient des regards curieux. C’était le même genre de coups d’œil intrigués auxquels j’avais droit lorsque je me promenais dans le palais royal, ces derniers temps. Je m’y étais habituée, mais ça me gênait encore un peu. Malheureusement, je ne pouvais rien y faire.

— J’amène le directeur de l’institut de recherche sur les plantes médicinales, M. Valdec, et dame Sei.

Le sorcier que je supposais être un subordonné avait frappé à la porte du commandant, et lorsqu’il eut annoncé l’objet de la visite, il reçut l’ordre de nous laisser passer. Après qu’il nous eut invités à entrer, nous fûmes accueillis par le lord intello à lunettes et un autre jeune homme aux cheveux et aux yeux bleu foncé très propre sur lui. Son visage était si raffiné qu’il semblait presque artificiel.

Comment dire… La proportion de beaux gosses dans cette pièce n’est-elle pas trop élevée ?! Je ne me sens vraiment pas à ma place ! Où est le sorcier ?

Mais celui qui nous avait amenés jusqu’ici s’était déjà retiré. Il n’y avait plus dans la salle que moi, le directeur, le lord intello et le quatrième jeune homme.

— Bienvenue à l’ordre des sorciers de la cour. J’en suis le commandant, Yuri Drewes.

— Je m’appelle Sei.

Le jeune homme souriait calmement en se présentant à moi. Submergée et crispée par sa beauté, j’étais parvenue à lui rendre ses salutations.

C’est lui, le commandant des sorciers ?

Il avait l’air plus jeune que le lord intello qui se tenait à ses côtés. Mais cette impression était peut-être due à son trop joli visage et à l’air de douceur qui se dégageait de lui. Il avait peut-être un âge proche de celui de Jude. Je fis de mon mieux pour éviter de trop le montrer sur mon visage, car ç’aurait été impoli, mais il me proposa de m’asseoir alors que j’y songeais encore.

— Ah, et voici le commandant en second, Erhart Hawke. Je crois que vous vous êtes déjà rencontrés, n’est-ce pas ?

— Euh, oui.

Le commandant avait semblé se rappeler la présence du lord intello à lunettes lorsque ce dernier s’était assis sur le canapé, à ses côtés, et il en avait donc fait la présentation.

Je suis désolée. Je ne crois pas qu’il se soit jamais présenté ou qu’on me l’ait présenté, alors je ne connaissais pas son nom.

En voyant l’attitude des autres sorciers autour de lui, j’avais deviné qu’il s’agissait de quelqu’un d’important, c’était donc le commandant en second. Ça ne m’étonnait guère. Ce qui m’intéressait davantage, c’était son nom de famille.

S’il s’appelle Hawke, est-il le frère du commandant des chevaliers ?

La question avait dû se lire sur mon visage, car le directeur, assis à côté de moi, me dit à mi-mot que c’était bien le « frère d’Albert ».

— Bien, comme nous vous l’avons déjà fait savoir, j’aimerais vous évaluer aujourd’hui.

— D’accord.

Après les présentations, nous étions rapidement entrés dans le vif du sujet, mon expertise.

Nous y voilà enfin.

On me réitéra les explications sur la magie d’expertise que Jude m’avait déjà données. Ce sort pouvait être utilisé sur des personnes, mais il risquait d’échouer sans l’accord de ces dernières, et cela avait encore plus de chances d’arriver si la personne qui était évaluée avait un niveau de base plus élevé que l’examinateur. C’est pourquoi le commandant des sorciers me dit en souriant de me détendre.

— Bien, commençons.

— D’accord.

— Expertise.

Cela ne me plaisait pas, mais je fis en sorte que la magie n’échoue pas et acceptai que le sortilège m’envahisse. C’était peut-être dû à la magie, mais j’eus une sensation indescriptible l’espace d’un instant, suivie d’une impression d’éclatement, et mon léger malaise s’estompa.

Hein ? Se pourrait-il que j’aie déjoué le sortilège ?

Lorsque je regardai autour de moi, tout étonnée, je pus constater que le commandant qui m’avait lancé le sort, mais aussi les deux autres me retournaient mon regard surpris. Le directeur me dévisageait même avec un air soupçonneux.

Minute, j’ai fait attention à ne pas repousser la magie !

— Sei…

— Je ne l’ai pas repoussé et je me suis concentrée pour que ça n’arrive pas !

Le directeur me dévisageait avec stupéfaction, mais j’étais innocente. Et comme je n’y étais pour rien, je lui rendis son regard. Le commandant, qui observait notre échange, me demanda alors en souriant, comme pour cacher son étonnement :

— Vous n’avez pas repoussé la magie, c’est bien vrai ?

— Oui.

Me voyant acquiescer, il porta alors la main à son menton et baissa la tête. Après avoir réfléchi quelques instants, il se tourna à nouveau vers moi.

— Si vous n’avez pas rejeté le sort, la seule autre possibilité est que votre niveau de base soit supérieur au mien.

— En effet.

— Sans vouloir être indiscret, puis-je savoir quel est votre niveau ?

C’est la conclusion logique, pas vrai ? Je comprends tout à fait.

C’était la seule autre possibilité si je n’avais pas repoussé sa magie. Et c’était très certainement la bonne, car j’avais probablement un niveau de base supérieur à celui du commandant. La plupart des chevaliers du troisième ordre avaient eux aussi un niveau de base inférieur au mien, situé dans les 30. En prenant cela en compte, les commandants devaient se trouver dans les 40. Or, si c’était bien le cas, nous avions au minimum un écart de six niveaux, puisque le mien était de 55.

Le niveau de base. Lorsque je l’avais demandé à Jude et aux chevaliers, ils m’avaient tous donné le leur sans réserve. Je supposais donc que si ce n’était que ça, je pouvais le dévoiler sans trop de risque. C’est ce que je me dis en ouvrant la bouche.

— Mon niveau est 55.

Ma réponse fut accueillie par trois réactions différentes. Le sourire du commandant se figea, le lord intello à lunettes écarquilla les yeux, et le directeur poussa un soupir, la bouche grande ouverte.

M. le directeur, vous faites une tête incroyable, vous savez ?

— 55… vous dites ?

Le premier à reprendre ses esprits avait été le commandant, qui avait demandé confirmation dans un murmure. Lorsque je répondis par l’affirmative d’un hochement de tête, il se mit à rire.

— Effectivement, avec un niveau pareil, ça ne pouvait qu’échouer.

— Ton niveau de base est si haut que ça… ?

Le commandant riait alors que le directeur continuait de me lancer un regard consterné.

Ce n’est pas la peine de me regarder comme ça, c’est ainsi depuis le départ.

— C’était donc ça. C’est problématique.

Malgré ses propos, le commandant ne semblait pas troublé le moins du monde. Alors que je penchais la tête avec un air interrogateur, il fronça très légèrement les sourcils.

— Si nous ne pouvons pas utiliser Expertise, il ne nous reste plus qu’à utiliser la méthode classique…

— La méthode classique ?

— C’est bien ça.

À ces mots, le lord intello à lunettes se leva du canapé. Il plaça ensuite devant moi une plume et une feuille qu’il avait tirées du bureau de son supérieur. Alors que j’abaissais mon regard vers ces objets, le commandant me donna une explication. Lorsqu’il n’y avait pas de sorcier capable d’utiliser Expertise sur autrui, on procédait à l’évaluation des stats par une simple déclaration écrite de l’intéressé. Bien sûr, même actuellement, la plupart des gens étaient expertisés par ce moyen et non par le commandant lui-même. De base, toute personne travaillant à la cour était censée avoir fait une déclaration de ce genre au préalable. Mais comme les types de compétences et le niveau possédé étaient liés à leur future promotion, certains avaient aussi tendance à exagérer leur déclaration. Ceux qui se retrouvaient suspectés devaient effectuer un test surprise, afin de prouver que ce qui avait été déclaré était correct. La méthode d’évaluation consistait, dans le cas d’une compétence magique, à vérifier si les attributs magiques correspondaient à l’attestation écrite, et ce devant plusieurs examinateurs. Cependant, on n’avait pas eu recours à un tel examen depuis que le commandant actuel avait été nommé, il suffisait qu’il utilise sa magie pour couper court à toute conversation.

— Les statistiques sont-elles quelque chose qu’on peut montrer publiquement ?

— Non, par défaut, ce sont des informations confidentielles.

Cela m’intriguait un peu, alors j’avais demandé confirmation.

Au Japon, ce serait considéré comme des informations du domaine privé, mais vu les réactions de Jude et des chevaliers, ça ne m’avait pas semblé si secret que ça. Pourtant, à en croire les dires du commandant, ce n’était pas quelque chose qu’il fallait héler haut et fort. Comme il était plus facile d’obtenir de l’avancement si l’on possédait des compétences utiles, peu de gens à la cour en parlaient d’eux-mêmes.

— Je vois, répondis-je avant de reporter mon regard sur le bout de papier.

Que faire ?

Je savais qu’il valait mieux que j’écrive honnêtement, mais…

Peut-être était-ce parce que je fixais le papier sans bouger, mais les trois autres restaient là sans dire un mot. Maintenant que la conversation avait cessé, la pièce était silencieuse. J’avais parlé de mon avenir avec le directeur avant de venir ici, mais je ne m’étais pas encore décidée. En ce cas, devais-je mentir ?

Bien que Jude et les autres m’aient donné leurs stats, je ne connaissais pas la moyenne au sein de ce pays. Si je ne faisais pas attention à ce que j’inscrivais, je pourrais aller au-devant de gros problèmes.

— Vous ne voulez rien écrire ?

Je levai la tête et vis le commandant afficher un sourire calme.

— Vous n’y êtes pas obligée.

À ces mots, le lord intello à lunettes assis à côté de lui ouvrit grand les yeux avec étonnement. Je tournai alors mon regard vers le directeur qui faisait la même tête.

— Vraiment ? demandai-je.

— Aucun problème.

— Commandant ! s’exclama le lord intello en élevant la voix avec agitation.

Mais l’intéressé ne revint pas sur sa décision. D’après lui, il était impossible de savoir si une déclaration faite sous la contrainte était véridique ou non.

C’est vrai, mais est-ce vraiment possible d’en rester là ?

Au vu des réactions des deux autres, il semblait que non. Avec ses compétences magiques, il pourrait certainement recueillir quelques informations. Était-il sûr de lui ?

Il n’ajouta rien, mais lorsque je tournai un regard suspicieux vers le commandant, son sourire s’élargit.

— En échange, j’aimerais vous voir utiliser la magie.

Je vois, il y a un test de magie.

Plusieurs témoins m’avaient déjà vue faire usage de la magie à l’hôpital. S’il se contentait de ça, ce n’était donc pas grand-chose. Il m’expliqua la procédure après que j’eus accédé à sa requête.

— Tout d’abord…

Cette fois-ci, j’allais devoir utiliser le même sort de soin que celui dont je m’étais servie à l’hôpital. Il n’y avait pas de blessés ici, mais apparemment, ça ne posait pas de problème de le lancer sur des gens en bonne santé. Serait-il satisfait avec ça, alors qu’il s’agissait du tout premier sort qu’on apprenait en magie sainte ? Certes, plus le niveau d’affinité grimpait et plus les effets étaient puissants, mais quand même.

En lançant le sort sur une personne en pleine forme, les effets risquaient d’être difficiles à discerner, aussi bien en termes de chiffres que de phénomène. Il allait être compliqué de vérifier si cela correspondait au niveau affiché dans mes stats.

— Vous avez l’intention de vérifier mon attribut de magie sainte avec Soin ?

— Non, ce n’est pas ce qui m’intéresse.

Il semblait que sa préoccupation était ailleurs. Il voulait voir s’il y avait une différence entre la magie utilisée par une personne invoquée d’un autre monde et celle utilisée par quelqu’un d’ici. Mais y avait-il une différence ?

J’avais vu Jude utiliser la magie, mais la magie d’eau et la magie sainte étaient si différentes qu’elles ne se ressemblaient en rien. Malheureusement, je n’avais jamais vu quelqu’un d’autre utiliser la magie sainte. J’aurais aimé demander à voir un habitant de ce pays l’utiliser en premier, mais ç’aurait été comme admettre que j’avais une idée de ce que le commandant attendait de ce test. Et même sans cela, j’avais déjà hésité à remplir la déclaration. J’avais beau réfléchir, je n’avais toujours pas trouvé de réponse.

Au pire, même s’il y avait une différence remarquable, je pourrais m’en sortir avec une excuse banale sous prétexte que je venais d’un autre monde ou que mon niveau de base était très élevé. C’est pourquoi je décidai d’utiliser la magie sans faire d’histoire et me concentrai sur mon incantation magique. Comme on ne me l’avait pas précisé, je me choisis comme cible. Lorsque j’activai Soin, mon corps se couvrit d’une fine brume lumineuse blanche. Comme d’habitude, l’intérieur de la brume scintillait tel un lamé de particules dorées.

— C’est…

Entendant un murmure, je me retournai pour faire face au lord intello à lunettes, qui avait les yeux plus écarquillés et l’air plus surpris que jamais.

Il y a une différence, finalement ?

En regardant les deux autres, je constatai que le commandant avait les yeux qui pétillaient et que le directeur était… comme d’habitude. Il observait avec curiosité les réactions du commandant et de son second, comme si lui n’avait rien constaté d’anormal.

— Quelque chose est différent ?

— Oui, répondit le commandant avec excitation.

— Regardez.

À ces mots, le commandant lança à son tour un sort Soin sur lui-même.

Tout comme moi, il se retrouva enveloppé d’une lumière blanche. Lorsque cette dernière disparut enfin, il me demanda si j’avais vu la différence.

Me voyant secouer la tête, il relança le sort.

Tout comme l’instant d’avant, son corps fut couvert de lumière blanche, et…

Hein ?

Intriguée, je lançai Soin à mon tour.

Je me trouvai moi aussi enveloppée de blanc, mais il y avait, dans mon cas, une lueur dorée à l’intérieur.

— Vous avez remarqué ?

— Oui.

D’après le commandant, les chevaliers des deuxième et troisième ordres, que j’avais soignés, avaient rapporté que la magie que j’avais utilisée avait une apparence différente de celle qu’ils voyaient habituellement. Quand les autres sorciers lançaient ce sort, le résultat était identique à celui du commandant et il n’y avait qu’un halo blanc, et certainement pas de lamé doré comme dans le mien. On disait que l’attribut magique du mana pouvait se voir à l’œil nu lorsqu’on lançait un sort. La lumière blanche de Soin provenait de l’attribut saint et on pouvait également voir la couleur du mana des différents autres attributs. On disait pourtant que normalement, on ne pouvait pas voir le mana sans utiliser Perception de mana. Le commandant déclara qu’il était impossible de savoir si c’était dû au fait que je venais d’un autre monde, ou si c’était autre chose. Au vu de ce que j’entendais, je me demandais s’il avait déjà expertisé les stats d’Aira. Lorsque je posai la question, il me répondit que non. Dans ce cas, j’espérais qu’il pourrait me donner les résultats de son évaluation, mais on me rappela qu’il s’agissait d’informations confidentielles et que ce ne serait pas possible. Cependant, en ce qui concernait le lamé doré, il accepterait de me donner des explications si le mystère s’éclaircissait puisque cela me concernait. Avec cette affaire, je découvris que mon mana était différent de celui des gens de ce pays. D’une manière ou d’une autre, tout s’était produit après que j’avais été invoquée. Je pensais aussi avoir compris la cause de la malédiction de l’augmentation des 50 %. En y repensant, la plupart des cibles de ce phénomène étaient liées au mana…

En réalisant cela, je soupirai intérieurement.

Deux jours après l’expertise à l’ordre des sorciers, un messager de la cour royale se présenta.

Il était déjà arrivé plusieurs fois qu’un messager vienne, mais ce fut cette fois très différent et bien plus formel que d’habitude. Au point où il fut reçu dans l’entrée de l’institut par le directeur lui-même, qui me fit appeler pour que nous le recevions ensemble. Après un échange trop cérémonieux entre ces deux-là devant la porte, nous nous rendîmes tous les trois dans le bureau du directeur. Il s’avéra que la raison de la présence de ce messager si protocolaire était une missive du roi à mon intention. En résumé, la lettre disait ceci :

J’aimerais vous rencontrer à la cour demain.

S’agissait-il de ce qu’on appelait une audience royale ?

— Directeur ?

— Qu’y a-t-il ?

— Je n’ai aucun vêtement à me mettre pour rencontrer Sa Majesté.

En observant la lettre, je me souvins de ce qu’avait dit le roi lors de notre première rencontre. Il avait alors parlé de présenter des excuses officielles, je supposais donc que c’était de cela qu’il s’agissait.

Je pensais pourtant lui avoir précisé que je ne souhaitais pas d’excuses, n’ai-je pas été assez insistante sur ce point ?

Liz m’avait appris quelques rudiments des manières de ce pays, mais pas assez pour pouvoir braver une audience avec le roi. J’espérais pouvoir utiliser l’excuse de n’avoir rien à me mettre pour refuser, mais ce fut en vain.

— Vous n’avez rien à préparer, dame Sei. Tout le nécessaire sera fait une fois au palais.

N’ayant pas d’autre choix, je tentai de refuser en avouant craindre de ne pas avoir assez de manières pour cette entrevue, mais on me répondit que cela ne poserait aucun souci. Malgré un certain malaise face à l’attitude révérencieuse du messager, je compris qu’il y aurait plus de problèmes si je continuais à hésiter plus longtemps et je finis par accepter.

J’aurais probablement pu refuser, mais ça n’aurait fait qu’aggraver les choses. Après tout, lorsque j’avais rencontré Sa Majesté dans la bibliothèque, il avait essayé de me remettre titres et domaines. En essuyant un nouveau refus de ma part, il pourrait croire que j’étais toujours en colère et il risquait de vraiment mettre ces récompenses à ma disposition, ce qui me gênerait plus que tout. Je serais incapable de gérer cela. De plus, je craignais qu’en refusant davantage, cela ne finisse par causer des ennuis au directeur. Du point de vue de l’institut, Sa Majesté était, après tout, le responsable supérieur.

Contrairement à moi, qui avais été invoqué d’un autre monde, le directeur était originaire de ce pays et pouvait subir un blâme quelconque de par ma conduite. Même sans cela, il se retrouverait pris dans une situation délicate, coincé entre le roi et moi. C’était toute la difficulté d’être un responsable intermédiaire. Je ne tenais pas à causer d’ennuis au directeur qui avait toujours été bon envers moi, à bien des égards.

Si je lui transmettais ces inquiétudes, il se contenterait de répondre de ne pas m’inquiéter de ce genre de choses.

Le lendemain de la venue du messager, tôt le matin, je me rendis au palais royal afin de commencer à prendre mes dispositions pour l’audience. Il semblait que rencontrer Sa Majesté réclamait beaucoup de préparatifs.

J’avais émis l’opinion qu’il n’était pas nécessaire de se lever si tôt, mais le messager avait réfuté.

Ce qui m’attendait dans le palais était une grande pièce avec chambre et salon, comme dans un hôtel de luxe.

Quand je fis mon entrée dans ces appartements, je fus accueillie par plusieurs servantes qui m’attendaient. Elles me dirigèrent dans la salle de bains attenante à la chambre, où je fus rapidement déshabillée et plongée dans une baignoire remplie d’eau chaude.

Je prenais un bain tous les jours à l’institut, je ne pensais donc pas qu’il soit nécessaire que je fasse à nouveau trempette le matin même, mais apparemment, c’était non négociable.

Les servantes me lavèrent de la tête aux pieds. C’était embarrassant, mais j’avais subi une expérience similaire lorsque j’avais vécu dans le palais juste après avoir été invoquée. C’était terrifiant, la vitesse à laquelle j’avais pu m’habituer à ce genre de choses. Mais comme les servantes présentes cette fois-ci étaient les mêmes qu’à l’époque, je parvins à contenir mon embarras.

Une fois sortie du bain, elles prirent le soin de me masser tout le corps en utilisant des huiles essentielles à base de géranium et de bergamote, embaumant ainsi toute la pièce d’un doux parfum. Le massage des servantes étant réalisé par des mains expertes, il était très agréable et comme il était encore tôt, je ne pus m’empêcher de m’assoupir. Le massage terminé, alors que j’étais toujours dans un état second, elles en profitèrent pour me maquiller.

Je repris mes esprits en entendant quelqu’un m’appeler, et lorsque je me regardai dans le miroir, j’eus envie de m’écrier « Qui est-ce ? » en voyant mon reflet irréprochable. Mes cheveux étaient relâchés comme d’habitude, mais ils avaient été peignés et traités avec des huiles parfumées, et ils luisaient d’un éclat angélique. Les servantes affichaient un air de satisfaction face à ce travail bien fait.

Une fois le corps fin prêt, il ne restait plus qu’à m’habiller.

Le vêtement qu’elles me présentèrent n’était pas, comme je m’y attendais, une robe, mais plutôt une toge de tissu blanc brillant surmontée d’élégantes broderies faites de fils dorés. J’avais été surprise de voir à quel point tout avait été si bien préparé jusqu’à maintenant, au point de vouloir demander pour quelle lady de la noblesse on me prenait. Et je m’étais attendue à ce qu’on me demande de porter une de ces robes qui vous broyait la taille. Toutefois, ce qu’on me proposait était semblable aux toges des sorciers de la cour, mais en bien plus élégant. En me voyant ainsi, je ne pouvais m’empêcher de penser… que ça faisait vraiment sainte.

Mes joues se crispèrent. Je n’avais pas souvenir d’avoir agi d’une manière qui confirmerait que j’étais la sainte lors de l’expertise. Cependant, en y repensant, mon attitude avait attisé plus de soupçons qu’elle n’en avait retiré. Je n’avais finalement pas écrit mes stats, et je devais sembler avoir mauvaise conscience. En même temps, c’était le cas.

Ayant émis des suppositions à cause de mon attitude, il était tout à fait possible que la cour me considère maintenant comme la sainte. Pendant que je réfléchissais à tout cela, les servantes continuaient de m’habiller. Quand tout fut prêt et que je me regardai à nouveau dans le miroir, mon reflet ne renvoya que l’image d’une sainte.

Quoi, qu’est-ce que je raconte ? Bah, moi aussi, ça m’étonne !

Mon reflet avait un air si pur et intègre qu’on aurait pu croire qu’une auréole allait apparaître au-dessus de ma tête. J’avais envie de crier « C’est qui, celle-là ?! ».

— Vous êtes magnifique.

— Merci beaucoup.

Celle qui semblait être la cheffe des servantes m’avait présenté ses félicitations. Considérant que ce résultat était dû à leurs mains expertes, j’exprimai des remerciements sincères. Je m’enorgueillissais de la beauté de ma peau depuis que j’étais arrivée ici, mais le résultat était encore plus incroyable lorsque des professionnelles s’en occupaient. J’étais encore plus brillante, ce qui me mit de bonne humeur. Alors que je m’extasiais devant le miroir, on m’annonça que j’avais de la visite. Étant déjà vêtue de manière convenable pour être vue en public, je demandai aux servantes de laisser passer le visiteur.

Comme j’étais dans la chambre, je vérifiai une dernière fois mon ensemble dans le miroir, puis me dirigeai vers le salon.

— Messire Hawke ?

Lorsque je fis mon entrée, le commandant était assis sur le canapé.

Hein ? Pourquoi est-il là ?

Alors que j’écarquillais les yeux, il se leva et s’approcha de moi.

— Bonjour, Sei.

— Bonjour, euh… Que vous arrive-t-il ?

À cause de l’étrangeté de ma question, il pencha la tête un instant, l’air de réfléchir, mais devina immédiatement ce que je voulais dire par là. Comme j’allais rencontrer le roi aujourd’hui, il avait été désigné pour m’escorter jusqu’à Sa Majesté.

M’escorter ?!

Pourquoi donc fallait-il que je sois accompagnée pour simplement me déplacer dans le palais ?

Devant mon étonnement, il se mit à rire avec un air gêné.

— Je me disais que vous seriez un peu nerveuse toute seule, mais était-ce superflu ?

— Comment ? Non ! Pas le moins du monde !

— Tant mieux, alors.