The Saint's Magic Power is Omnipotent - L'EXTRAordinaire Apothicaire (Francais Light Novel) : Tome 3 - Yuka Tachibana - E-Book

The Saint's Magic Power is Omnipotent - L'EXTRAordinaire Apothicaire (Francais Light Novel) : Tome 3 E-Book

Yuka Tachibana

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Beschreibung

Ayant invoqué un mana doré aux effets miraculeux, Sei est finalement reconnue comme la véritable sainte. Toutefois, les conditions spécifiques d’activation de cette magie des saintes demeurent inconnues.
C’est dans ce contexte qu’elle reçoit une invitation à prendre part à une expédition vers la terre sacrée des plantes médicinales. Prise comme apprentie auprès d’une apothicaire, elle gagne les faveurs du chef d’une troupe de mercenaires, continue d’explorer ses talents culinaires aux vertus curatives, et tire parti de cette aventure afin de perfectionner sa maîtrise des potions. C’est alors qu’elle tombe sur un manuscrit, révélant des vérités cachées sur la sainte…

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Table des matières

Cover

Pages couleur

Chapitre 1 — Le départ

Chapitre 2 — Le domaine de Klausner

Chapitre 3 — Les mercenaires

Chapitre 4 — Ingrédients

Chapitre 5 — La magie des saintes

Chapitre 6 — La révélation

Postface

A propos de JNC Nina

Copyright

Points de repère

Pages couleur

Table des matières

Chapitre 1 — Le départ

Cela faisait un an que j’avais été invoquée.

Les saisons s’étaient succédé, annonçant le retour du printemps. Toutefois, l’hiver touchait à peine à sa fin. Comparé au Japon, le climat autour de la capitale avait beau être clément, il n’en demeurait pas moins rude.

Dans un air glacé, je m’adonnais, jour après jour, à la pratique de la magie sur l’aire d’entraînement de l’ordre des sorciers de la cour. Bien que le terrain soit en plein air, ma tenue se limitait à la robe des sorciers, qui faisait office de manteau, portée sur mes vêtements habituels. Cette légèreté vestimentaire en dépit du froid ambiant était rendue possible grâce à un enchantement de la robe avec de la magie de feu. Une fois portés, les vêtements qui en étaient imprégnés formaient un voile de chaleur, un peu comme une sorte de chauffage personnel. C’était extrêmement confortable.

C’était le commandant des sorciers qui m’avait offert cet accessoire à la fois précieux et pratique. Il prétendait vouloir m’éviter un rhume, mais je suspectais que son geste était à moitié bienveillant, à moitié intéressé.

Alors que je m’exerçais à des sorts de magie sainte pour m’échauffer, le commandant fit son apparition sur le terrain d’entraînement.

N’est-ce pas l’exemple parfait du proverbe « Quand on parle du loup… » ?

— Vous avez fait des progrès remarquables.

— Merci beaucoup.

Arborant un sourire sur son visage d’une beauté presque artificielle, le commandant demeurait toujours aussi séduisant. Cependant, dire que son apparence reflétait la personne qu’il était à l’intérieur serait un mensonge. Certes, les termes étaient durs, mais il était bien connu de tous comme un obsédé de magie, ce qui était fort regrettable.

Sans perdre de temps en salutations, il entra dans le vif du sujet.

— Allez-vous maintenant essayer d’invoquer la magie des saintes ?

— Oui. Je viens juste de finir de m’échauffer.

La magie à laquelle il faisait référence, c’était cette compétence qui avait annihilé en un instant le marais de miasme et les monstres de la forêt ouest. Cherchant indéniablement à assouvir son désir d’observer cette magie à l’œuvre, le commandant se rendait quotidiennement à mes côtés, après les cours, pour assister à mes entraînements, et ce malgré ses nombreuses obligations. Je soupçonnais que c’était cette même raison qui l’avait motivé à m’offrir ces précieux accessoires. En vérité, à cet instant précis, il était là, à côté de moi, ses yeux brillant d’impatience à l’idée que j’active à nouveau cette technique. Je ne voulais pas le faire attendre plus longtemps, aussi je me préparai à l’invocation du sortilège.

Détournant mon regard de celui du commandant, je pris une profonde inspiration et rassemblai toute mon énergie. Pourquoi me concentrais-je autant ? Parce que depuis mon retour de la forêt ouest, pas une seule fois je n’avais réussi à invoquer la magie des saintes. Entre l’institut et la forêt ouest, j’y étais pourtant parvenue à deux reprises, sans jamais réussir à comprendre la procédure exacte pour reproduire cet exploit.

On avait pensé d’emblée que j’avais dû faire appel les deux fois à cette magie réservée aux saintes. Pourtant, les effets n’avaient pas été identiques à chaque occasion. La première fois, j’avais accru l’efficacité des herbes médicinales, tandis que la seconde, j’avais fait disparaître un marais noir, que l’on supposait composé de miasme. Malgré ces différences, un point restait commun dans les deux cas : un mana de couleur dorée. À chaque fois, c’était comme si cette magie dorée jaillissait soudainement, entraînant avec elle le déclenchement du sort. Je me souvenais bien de la sensation éprouvée lors de son activation ; si je pouvais trouver un moyen de maîtriser ce mana doré, je sentais que ce serait facile par la suite.

Le véritable casse-tête résidait dans la manière d’éveiller cette magie fondamentale. J’avais tenté diverses approches, mais sans y parvenir jusqu’à maintenant. Ce sentiment d’avancer à tâtons me renvoyait à l’époque où je travaillais au Japon.

Non, ce n’est pas le moment de se laisser distraire, je dois me concentrer sur la magie.

Je m’efforçais de faire taire ces pensées, focalisant mon esprit sur le flux magique qui circulait à travers mon corps. Grâce à des mois d’entraînement intensif, j’étais désormais capable de le ressentir rapidement en moi dès que je me recentrais. En examinant la magie qui affluait dans tout mon corps, je ne parvenais cependant pas à retrouver ce mana doré.

Je suis presque sûre qu’il avait émané de ma poitrine la dernière fois. Hmm…

— Pff.

Je laissai échapper un soupir après quelques minutes, lorsque ma concentration finit par flancher.

Comment ai-je bien pu me débrouiller pour invoquer ce pouvoir ? Je n’ai rien fait de spécial, du moins pas que je me souvienne. Et je n’ai pas le souvenir d’avoir tenté une approche magique particulière.

— Est-ce compliqué ?

Alors que le commandant s’adressait à moi, je soupirai, sans être parvenue à activer le sortilège.

— Oui, le fait de ne pas connaître les conditions nécessaires à l’activation du sort est… problématique.

— Je suis désolé de ne pas avoir mieux observé moi non plus son activation lorsque nous étions dans la forêt ouest.

— Non, vous n’avez pas à vous excuser, messire Drewes.

— Je regrette profondément de ne pas avoir pris le temps de vérifier comment il s’était déclenché à ce moment-là. Si seulement j’avais pu l’observer correctement, à l’heure actuelle…

Dans la forêt ouest, nous étions tous occupés à faire notre possible pour rester en vie. Le commandant Drewes ne faisait pas exception. Il avait essayé de suivre inconsciemment les manifestations de ma magie, sans toutefois parvenir à identifier les conditions pour la déclencher. Depuis notre retour au palais royal, mon incapacité à me servir de la magie des saintes avait été une source de grande frustration pour lui. Si nous avions percé les mystères de son activation et que j’avais été capable d’utiliser ce pouvoir, il était certain que je me serais retrouvée à devoir participer à toutes sortes d’expériences sous sa direction.

À n’en pas douter, la suite de sa phrase aurait ressemblé à quelque chose comme : « à l’heure actuelle, nous aurions déjà pu accomplir tant de choses. »

Ainsi, je consacrai le reste de la journée à tenter de toutes mes forces de réutiliser cette magie des saintes, sans pour autant parvenir à un quelconque résultat.

Par une journée particulièrement glaciale, qui marquait peut-être le retour du froid hivernal et m’ôtait toute envie de mettre le nez dehors, je m’étais retranchée dans le laboratoire de l’institut.

— Sei, tu es encore en train de préparer des potions ? me demanda Jude sur un ton atterré.

Depuis mon arrivée dans ce monde, nous avions eu ce même échange à maintes reprises.

— Oui, tout à fait. Nos volumes de commandes ont augmenté récemment.

— Tu ne penses pas que tu en fais un peu trop ?

— Tu trouves ?

Observant les fioles alignées sous mes yeux, je penchai la tête, songeuse, tandis que Jude poussait un profond soupir.

Ce n’est pas nécessaire de te montrer si consterné.

Après tout, l’augmentation des commandes était un fait avéré. Au début, nous ne fournissions nos potions qu’au troisième ordre des chevaliers, mais désormais, nos livraisons s’étendaient au deuxième ordre ainsi qu’aux sorciers de la cour. Tout cela était dû aux rumeurs circulant à propos de nos potions fabriquées à l’institut, dont l’efficacité remarquable était désormais louée dans tout le palais royal. Mais, évidemment, les raisons ne s’arrêtaient pas là.

Il semblerait qu’avec la recrudescence récente des monstres, la demande pour les potions avait grimpé même sur les marchés locaux, entraînant une pénurie persistante. La solution pourrait paraître simple : augmenter l’offre. Cependant, la réalité était loin d’être aussi évidente. Les potions n’étaient pas simplement le fruit d’un assemblage d’ingrédients conformément à une recette. La création de potions supérieures requérait une manipulation délicate du mana, exigeant de la personne qui la créait un niveau de compétence adéquat en Pharmacologie.

Dans ce processus d’élaboration des potions, la concordance entre le rang de la mixture visée et le niveau de compétence de celui qui l’élaborait était primordiale. Sans le niveau requis, la potion échouait invariablement, se muant en une simple décoction d’herbes. Ainsi, bien que de nombreuses personnes soient capables de concocter des potions intermédiaires, celles qui parvenaient à en produire de manière fiable de rang supérieur étaient rares. De surcroît, leur fabrication exigeait l’usage de mana, limitant ainsi le nombre de fioles qu’un individu pouvait créer en une journée. Une fois le mana épuisé, il devenait impossible d’en poursuivre la production. Cette contrainte représentait l’un des obstacles majeurs à l’amélioration des compétences en Pharmacologie.

Il s’avérait donc complexe d’augmenter l’approvisionnement. Pour les ordres de chevaliers, les potions étaient devenues des biens indispensables, surtout lorsqu’ils partaient en expédition pour affronter des monstres. L’accroissement de ces derniers aux alentours de la capitale faisait grimper en flèche le besoin desdits breuvages.

Bien que le palais soit servi en priorité, il ne pouvait se permettre de monopoliser tout le marché. De par leur coût, celles de rang supérieur étaient hors de portée pour le commun des mortels, mais celles de qualité inférieure étaient accessibles à la population. Acquérir ces dernières en masse aurait sans aucun doute engendré un mécontentement généralisé.

Les fonctionnaires, conscients de cette réalité, s’attelaient à ajuster les quantités livrées au palais. Suivant cette politique, bien que la quantité de potions livrées aux ordres de chevaliers ait augmenté par rapport à avant, il s’avérait désormais difficile de s’en procurer davantage. Pour les blessures légères, il fallait préférer une guérison naturelle, et pour les cas plus sérieux, les sorciers capables d’utiliser la magie sainte redoublaient d’efforts pour compenser le manque.

C’est là qu’étaient apparues les potions élaborées au sein de l’institut. Non seulement leur efficacité était élevée, mais la quantité produite chaque jour n’avait rien à envier à celle des boutiques spécialisées de la capitale. Il était naturel que les ordres de chevaliers, longtemps éprouvés par des pénuries chroniques, se soient jetés sur cette opportunité.

— Même si on a reçu plus de commandes, là, ça me paraît un peu excessif.

— Je t’assure que j’ai pris en compte les quantités nécessaires.

— Vraiment ? J’ai du mal à croire que l’on ait reçu autant de demandes pour des potions de PV supérieures. Tu ne crois pas que le directeur risque encore de te passer un savon ?

Devant moi s’alignaient des potions, mais pas n’importe lesquelles : des potions supérieures. La rareté et le coût élevé des herbes médicinales nécessaires à leur confection les rendaient peu utilisées en temps normal. Il est vrai que les commandes émanant des ordres de chevaliers n’étaient pas fréquentes. J’avais fait le choix d’en produire en grande quantité dans le but d’améliorer mon niveau en Pharmacologie. Il était indispensable pour moi d’en concocter afin de faire monter cette compétence, mais avec mon niveau actuel, seules les potions de rang supérieur me permettaient encore de progresser. Vu le coût élevé des herbes nécessaires, le directeur m’avait recommandé d’en modérer ma production, et je m’étais efforcée de rester vigilante, cela dit…

Je me suis peut-être un peu trop emportée ?

— Et les autres commandes des ordres de chevaliers ? Pas besoin de s’en occuper ?

— Non, c’est déjà fait.

— Hein ? Déjà ?

— Pour l’essentiel, il s’agissait de demandes de potions de rangs inférieur ou intermédiaire.

Jude m’avait déjà fait remarquer que, comparée à celle d’un apothicaire ordinaire, ma production en une journée était exceptionnellement élevée. J’étais capable d’atteindre en une seule journée la quantité de potions qu’un apothicaire moyen mettrait plusieurs jours à préparer.

C’est probablement dû à mon niveau de base élevé.

D’après ce que j’avais entendu, le niveau de base des personnes fabriquant des potions ne dépassait même pas le niveau 10, et cette différence se répercutait sur la quantité de PV et de PM disponible. La création de potions requérait une infusion de mana, et il était raisonnable de supposer que ceux dotés d’une réserve de PM plus conséquente étaient capables d’en produire davantage. L’ampleur exacte de la différence entre ma réserve de PM et celle d’une personne de niveau 10 m’échappait, mais j’étais convaincue qu’elle était substantielle.

Tiens, quand on parle du loup…

Alors que je discutais avec Jude, le directeur fit son apparition.

— Sei, il y a quelque chose dont j’aimerais te parler…

Il semblait avoir quelque chose à me dire, mais son regard était fixé sur les potions de PV supérieures disposées sur la paillasse.

Mince, il les a découvertes avant que je n’aie eu le temps de les ranger.

— Je n’ai rien contre ton dévouement au travail, mais tu ne penses pas que c’est un peu trop ?

— Je suis désolée.

Comme je l’avais expliqué à Jude, j’avais tenu compte des volumes à fournir en les produisant. Les potions alignées devant nous dépassaient ce que nous pouvions écouler en une seule commande, mais pouvaient l’être sur deux, voire trois livraisons.

Le directeur s’était sans doute fait la même réflexion, car je ne reçus pas de sermon. Toutefois, à la vue de cette impressionnante rangée de fioles, je pouvais comprendre qu’il exprime quelques récriminations. C’est pourquoi, face à son regard ouvertement désabusé, je me hâtai de lui présenter mes excuses sincères.

— Enfin, ça tombe plutôt bien. Ce dont je voulais parler concerne justement les potions.

Face à l’expression sérieuse du directeur, ce qui était inhabituel, je me sentis fort anxieuse, me demandant si cette fois, j’allais être sévèrement réprimandée.

— Qu’y a-t-il ?

J’ajustai ma posture pour montrer que j’écoutais attentivement, et le directeur reprit la parole.

— Nous avons décidé de suspendre la production de potions pour le moment.

— Quoi ? Pour quelle raison ?

— En fait, il s’avère que l’approvisionnement en herbes médicinales est devenu difficile.

— Vraiment ?!

Selon les dires du directeur, la quantité acheminée à la capitale cet automne avait été bien moindre que les années précédentes. Les livraisons de plantes médicinales en provenance d’une certaine région, connue comme étant l’un des lieux de production les plus importants, avaient été considérablement réduites, causant des pénuries. Les commerces avec lesquels nous entretenions de bonnes relations s’étaient efforcés d’assurer les livraisons prévues, mais cela avait fini par devenir compliqué. Un message avait été récemment transmis au directeur, annonçant que nos commandes ne pourraient plus être honorées pendant un certain temps.

— On dirait que la situation est devenue assez grave.

— Effectivement. J’avais entendu des rumeurs circuler déjà depuis l’automne sur une potentielle pénurie, mais je n’aurais jamais imaginé que cela nous conduirait à un arrêt complet des commandes.

— Cette suspension risque-t-elle de durer ?

— Difficile à dire avec certitude, mais selon ce que disent les commerçants, c’est très probable.

— Voilà qui est embêtant…

Depuis cette région affectée, ce n’était pas seulement les ingrédients pour les potions inférieures qui étaient expédiés, mais aussi ceux nécessaires à celles de rangs intermédiaire ou supérieur. Généralement, les herbes utilisées pour celles de rang inférieur pouvaient être cultivées aisément sur presque n’importe quel terrain, par contre, la culture de celles requises pour les potions intermédiaires s’avérait plus complexe. Elles ne poussaient pas dans des sols ordinaires et exigeaient des efforts considérables pour leur développement. Seuls les chercheurs de l’institut parvenaient à les faire pousser, grâce à la multitude d’expédients qu’ils employaient.

Cette région qui fournissait les herbes était l’une des rares où les ingrédients nécessaires à la fabrication des potions de rang intermédiaire poussaient sans trop d’effort, et ils avaient fait de leur culture un commerce local. Elle possédait des forêts où abondaient les végétaux nécessaires aux potions de rang supérieur, qui étaient ensuite elles aussi exportées. Une fois correctement traitées, ces plantes étaient acheminées vers la capitale. Cependant, étant donné que leur récolte dépendait des caprices de la nature, il arrivait que le moment de leur livraison varie légèrement d’une année sur l’autre. Le directeur avait donc pensé que la diminution des quantités reçues au début de l’automne par rapport aux années précédentes était due à un décalage saisonnier. Mais même à mi-saison, le volume des livraisons n’avait pas repris, et la pénurie d’herbes médicinales persistait. Le directeur n’était pas le seul à soupçonner un problème ; les fonctionnaires du palais royal partageaient cette préoccupation. Sous peu, ces derniers avaient dépêché une unité d’investigation dans cette région afin d’enquêter sur la question.

— Qu’allons-nous faire pour les commandes provenant des ordres de chevaliers ?

— Nous n’avons d’autre choix que de les suspendre pour le moment.

— Entendu.

Après avoir donné ses instructions, le directeur retourna dans son bureau. Le moment semblait propice pour moi et Jude de reprendre chacun nos tâches respectives. Puisqu’il nous avait été demandé d’arrêter, la production de potions était désormais terminée. Tout en rangeant les instruments que j’avais utilisés pour leur fabrication, je me perdis dans mes pensées. Le nombre de monstres autour de la capitale avait diminué, mais la lutte pour les éliminer continuait. La quantité de potions nécessaire avait peut-être été réduite, mais leur nécessité demeurait inchangée. Si les difficultés d’approvisionnement en plantes médicinales persistaient, des problèmes finiraient par arriver tôt ou tard. Je ne pouvais qu’espérer que cette pénurie serait résolue avant que ceux-ci ne se manifestent.

Par un après-midi suivant la fin des cours, je feuilletais en silence les pages d’un livre dans un coin tranquille de la bibliothèque du palais royal. Le cours d’aujourd’hui avait porté sur la magie, et j’aurais pu me diriger vers le terrain d’entraînement ensuite, mais n’étant pas d’humeur, j’avais préféré me réfugier dans la lecture. Parmi l’immense collection d’ouvrages, mon choix s’était porté sur une encyclopédie des plantes médicinales. Ce livre renfermait des illustrations détaillées des végétaux, ainsi que des descriptions précises de leurs propriétés et de leurs bienfaits. Même si je l’avais déjà lu une fois, le relire me permit de faire de nouvelles trouvailles fascinantes.

En le parcourant attentivement, un détail attira mon attention : parmi les descriptions, les principaux lieux de récolte étaient mentionnés, et un nom, fréquemment cité, se détacha des autres. Nonchalamment, je retournai les pages pour vérifier et constatai que ce même lieu était cité comme source de nombreuses herbes, y compris celles utilisées dans la composition de potions destinées à guérir diverses altérations d’état et à restaurer tant les PV que les PM. Cet endroit devait être un important centre de production de plantes médicinales, et je me rappelai alors que nous l’avions récemment évoqué comme étant la zone où la quantité d’herbes exportées était en déclin.

Dans cette contrée abondaient diverses espèces de plantes médicinales. La raison de la diminution des livraisons restait obscure, mais étant donné la diversité des herbes qui y étaient produites, l’impact de ce problème d’approvisionnement pourrait s’étendre bien au-delà de ce qu’on pouvait imaginer. Après tout, même les citoyens lambda utilisaient des potions pour guérir leurs maux. Peut-être était-ce dans ma nature de ne pouvoir chasser de mon esprit une idée une fois qu’elle y avait germé, mais j’envisageais de mener à présent des recherches sur cette région. C’est alors qu’un bruit provenant de l’entrée de la bibliothèque se fit entendre. Dans un grincement, la porte s’ouvrit, laissant entrevoir des cheveux châtains.

— Ah, Sei.

— Bonjour.

C’était Aira Misono qui entrait, une fille qui, comme moi, avait été invoquée dans ce monde. Elle devrait obtenir son diplôme dans environ un mois et, pour l’instant, elle continuait de fréquenter l’académie. À cette heure, les cours devaient encore battre leur plein, aussi je me demandais pourquoi elle avait pris le chemin de la bibliothèque.

— Tu n’as pas cours à cette heure-ci ?

— Non, je n’avais pas classe aujourd’hui. J’en ai profité pour aller à l’ordre des sorciers.

— Ah, je vois.

— Et donc je voulais faire quelques recherches.

D’après Aira, ceux qui étaient censés être diplômés cette année n’avaient plus de cours et étaient libres de venir à l’école comme ils le souhaitaient. Les élèves dont les résultats n’avaient pas été à la hauteur suivaient en ce moment des cours de rattrapage. En ce sens, ça ressemblait beaucoup aux lycées japonais.

Aira, reconnue pour son excellence académique, était déjà assurée de rejoindre l’ordre des sorciers de la cour après son diplôme. Préférant acquérir de l’expérience pratique plutôt que de suivre des cours de rattrapage, elle passait les journées où elle n’avait pas cours au sein de cet ordre. En plus de maîtriser la magie sainte, Aira possédait également des aptitudes pour les magies de l’eau et du vent. Jusqu’à récemment, elle s’était consacrée exclusivement à améliorer son niveau de magie sainte. Mais depuis qu’elle avait rejoint l’ordre des sorciers, elle s’était mise à pratiquer d’autres types de magie élémentaire, améliorant ainsi considérablement ses compétences. Par nature, comme l’aptitude à maîtriser plusieurs attributs magiques était rarissime, les attentes placées sur ceux qui possédaient ce don étaient immenses. En continuant à augmenter son niveau, l’espoir était qu’Aira puisse se hisser parmi les membres les plus éminents de l’ordre.

Son apprentissage au sein de l’ordre était similaire au mien, alternant entre leçons théoriques et entraînements pratiques. C’est en quête de clarification sur certains points obscurs abordés lors des cours qu’elle s’était rendue aujourd’hui à la bibliothèque. L’ordre des sorciers disposait d’une pléthore d’ouvrages dédiés à la magie, mais leur contenu, souvent pointu, s’avérait ardu à appréhender. Ayant moi-même déjà fouillé ces rayonnages à la recherche d’informations sur la magie, je comprenais sa démarche.

— Sei, tu fais des recherches ?

— Oui, sur les plantes médicinales. Ah, et si tu pouvais ne pas ébruiter que j’étais ici, ça m’arrangerait beaucoup.

Face à ma requête, Aira répondit par un sourire pincé.

— Ah… D’accord.

Sans doute avait-elle compris pourquoi je tenais à ce que ma présence ici demeure un secret.

Récemment, un sujet prédominait dans les cours de magie, occupant à peu près un tiers de mon temps : il s’agissait, bien entendu, de la magie de purification de la sainte que j’avais utilisée. Depuis mon retour au palais, il m’avait été impossible de réactiver ce sortilège. La faute à ma méconnaissance des conditions nécessaires à son déclenchement. Le commandant des sorciers de la cour regrettait profondément de ne pas avoir pu déterminer lesdites conditions dans la forêt ouest. Et pour cause, tant que je ne parvenais pas à activer le sort, l’étude approfondie de la magie des saintes restait hors de portée. Il semblait que la patience du commandant, qui m’avait assidûment accompagnée dans les exercices post-cours, avait finalement atteint ses limites. Réputé pour sa passion dévorante pour la magie, il avait décidé d’employer le temps consacré aux leçons pour entamer des recherches dans l’espoir de déclencher cette compétence par tous les moyens.

Si le lord intello à lunettes n’était pas intervenu, je crois bien que l’intégralité de mes heures d’étude aurait été consacrée à ses recherches, tant son zèle était grand. Grâce à l’intervention d’Erhart, seulement un tiers de ces heures de cours avaient été sacrifiées.

Si j’avais pressé Aira de garder le secret, c’était par peur que le commandant Drewes ne l’apprenne. Si jamais il venait à savoir que je me trouvais actuellement dans la bibliothèque, plongée dans la lecture d’un ouvrage sur les herbes médicinales, il était certain qu’il m’obligerait à l’assister dans ses recherches. Sans l’ombre d’un doute. Tous les membres de l’ordre des sorciers de la cour acquiesceraient à cette assertion. Moi-même, je nourrissais un intérêt pour cette magie des saintes. Après tout, elle permettait d’amplifier les propriétés des herbes médicinales. Toujours est-il qu’il était devenu mentalement éprouvant de continuer à consacrer du temps à quelque chose qui, manifestement, me dépassait. Ce qui expliquait probablement pourquoi je n’avais pas envie de me rendre au terrain d’entraînement après les cours. Du coup, j’avais décidé qu’aujourd’hui, pour me changer les idées, je ferais quelque chose que j’aimais, et m’étais rendue à la bibliothèque.

— Je pensais que les herbes médicinales étaient propres à ce monde, mais ce n’est pas le cas, pas vrai ?

Aira avait dit ça d’un air quelque peu nostalgique en jetant un œil au livre que je lisais. La page ouverte présentait justement des herbes familières au Japon.

— En effet, les herbes que nous connaissons sous le terme d’aromates sont, pour la plupart, considérées ici comme des herbes médicinales.

Alors que nous continuions d’échanger avec Aira sur le sujet, nous fûmes interrompues par le son de la porte de la bibliothèque qui s’ouvrait de nouveau. Nos regards se tournèrent de concert vers l’entrée, où apparut Liz.

— Bonjour, Sei, bonjour, Aira.

— Liz, ça faisait longtemps.

— Bonjour.

La rencontrer ici était un événement de plus en plus rare. Malgré le tumulte lié à l’affaire du premier prince, Liz poursuivait au sein du palais son éducation destinée à faire d’elle une future reine. Contrairement au prince et à Aira, il lui restait encore un an avant de finir ses études, ce qui l’obligeait à naviguer constamment entre l’académie et le palais. Dire que son emploi du temps était chargé serait un euphémisme.

Depuis que j’avais commencé à suivre les cours, j’étais moi-même devenue assez occupée. Il était inévitable que les occasions de se rencontrer par hasard se fassent plus rares.

— Je vois qu’aujourd’hui, tu es encore plongée dans un livre sur les herbes médicinales, observa Liz avec un sourire en jetant un œil au livre devant moi, tout comme Aira l’avait fait.

À bien y réfléchir, chaque fois que nous nous rencontrions, j’étais plongée dans un ouvrage sur la pharmacologie.

— Oui, c’est une bonne façon de se changer les idées.

— Même si c’est pour le travail ?

— Utiliser des huiles extraites de plantes médicinales pour en faire toutes sortes de choses a longtemps été mon loisir préféré.

— Tu parles d’aromathérapie ? demanda Aira.

— C’est ça.

— Et qu’est-ce que l’aromathérapie, au juste ?

C’est ainsi que, devant l’air intrigué de Liz face à ce terme peu familier, Aira et moi nous lançâmes dans une explication de cette discipline.

— Eh bien, l’aromathérapie, tu vois…

Au fil de la conversation, le sujet dériva vers la récente pénurie d’ingrédients.

— Ça fait un bon moment que nous discutons, nous n’avons pas trop abusé de ton temps, Sei ?

— Non, pas de souci. Faire des recherches sur les plantes médicinales fait partie de mon travail. Et puis, même si je retournais à l’institut, je ne pourrais de toute façon pas préparer de potions.

— Tu ne peux plus en préparer ?

— Les herbes se faisant visiblement de plus en plus rares ces derniers temps, notre directeur a fini par aller jusqu’à interdire la création de potions.

— Maintenant que tu le dis, j’en ai aussi entendu parler. À cause de ça, les prix ont grimpé en flèche.