De la Perfection de la Vie - Saint Bonaventure - E-Book

De la Perfection de la Vie E-Book

Saint Bonaventure

0,0
1,99 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Bienheureux l'homme que vous avez vous-même instruit, Seigneur, et à qui vous avez enseigné votre loi. Je ne regarde personne comme sage, je l'avoue, si ce n'est seulement l'homme éclairé par l'onction de l'Esprit-Saint.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Copyright 2023

Cervantes Digital

All rights reserved

 

ISBN: 978-1-312-05126-3

 

De la Perfection de la Vie

Saint Bonaventure

 

PROLOGUE.

CHAPITRE I. Comment l'homme parvient à la connaissance de soi-même.

CHAPITRE II. De l'humilité, et par quels degrés on y arrive.

CHAPITRE III. De la pauvreté religieuse.

CHAPITRE IV. Du silence et de sa nécessité pour tous les religieux.

CHAPITRE V. De l'application a l'oraison, et comment il faut prier Dieu.

CHAPITRE VI. Un souvenir de la Passion de Jésus-Christ.

CHAPITRE VII. Du parfait amour de Dieu.

CHAPITRE VIII. De la persévérance finale.

 

PROLOGUE.

Bienheureux l'homme que vous avez vous-même instruit, Seigneur, et à qui vous avez enseigné votre loi. Je ne regarde personne comme sage, je l'avoue, si ce n'est seulement l'homme éclairé par l'onction de l'Esprit-Saint. Le prophète David, en effet, déclare seul vraiment heureux et par là nième seul véritablement doué de sagesse celui que le Seigneur a instruit. La loi seule du Seigneur est immaculée, seule elle est irrépréhensible, seule elle conduit les âmes au salut. Mais on ne doit pas en chercher la science uniquement au dehors et dans la lettre; il faut la demander encore aux saintes affections d'une âme dévote. Il faut désirer la vertu et l'esprit de cette loi, si nous voulons l'apprendre intérieurement de celui qui sait changer sa sévérité extérieure en une suavité toute intérieure.

La loi du Seigneur nous enseigne ce que nous devons faire, éviter, croire, demander, désirer et craindre. Elle nous apprend à nous conserver innocents et à l'abri de tout reproche, à être fidèles aux engagements contractés vis-à-vis du Seigneur et à pleurer les fautes dont nous sommes coupables. à mépriser les choses du monde et à fouler aux pieds celles de la chair, à tourner enfin tout notre coeur, toute notre âme, tout notre esprit vers Jésus-Christ seul. Comparée à cette loi, toute la sagesse du monde est folle et insensée. Qu'on appelle de quel nom l'on voudra, dit saint Bernard, l'homme qui n'a pas la crainte du Seigneur et ignore son amour; pour moi, je ne lui donnerai pas le nom de sage. Celui-là est vraiment sage et heureux, qui n'écoute pas cette loi pour l'oublier aussitôt, mais pour la mettre avec zèle en pratique. Bienheureux donc, Seigneur, l'homme que vous avez vous-même instruit et à qui vous avez enseigné votre loi.

Vous m'avez demandé, ô ma bien-aimée et vénérable soeur, vous qui êtes consacrée à Dieu, vous m'avez demandé de tirer de la misère extrême de mon coeur et d'écrire quelques enseignements dont vous puissiez vous aider selon le temps pour exciter en votre âme la ferveur de la dévotion. Ma pauvreté, je le confesse, réclamerait plutôt un pareil service, car je reconnais surtout combien ma vie est indigne de considération au dehors, combien la ferveur est faible en moi, combien ma science est insuffisante à une telle entreprise. Cependant je me sens entraîné par l'ardeur de vos pieux désirs et l'humilité de vos supplications. Je prie donc votre béatitude, ô ma très-sainte soeur, de considérer la bonne volonté de mon intention et non la perfection de mon travail. la vérité de lues paroles et non l'élégance du style.

Je la prie, en ce moment où je cherche à satisfaire à ses demandes, de regarder avec une indulgence pleine de bénignité et de me pardonner la brièveté de cet écrit: mes occupations en sont la cause. Afin que vous puissiez trouver plus aisément ce que vous cherchez, j'ai mis un titre au commencement de chaque chapitre. Je traiterai donc de la vraie connaissance de soi-même, de l'humilité, de la parfaite pauvreté, du silence, de l'application à l'oraison, du souvenir de la Passion de Jésus-Christ et du parfait amour de Dieu.

CHAPITRE I. Comment l'homme parvient à la connaissance de soi-même.

 

L'épouse de Jésus-Christ, éprise du désir d'atteindre au sommet de la perfection, doit commencer par elle-même, oublier tous les objets extérieurs, entrer dans le secret de sa conscience, et là, sonder ses défauts, ses habitudes, ses affections, ses actes, ses péchés présents et passés, les examiner et les considérer avec un soin diligent. Si elle découvre en elle la faute la plus légère, qu'elle la pleure aussitôt dans l'amertume de son coeur. Pour vous aider à arriver plus intimement à cette connaissance, souvenez-vous, nia soeur bien-aimée, que toutes nos fautes et nos maux ont leur principe dans notre négligence, notre concupiscence et notre perversité. Votre pensée doit s'arrêter à ces trois choses en toutes vos actions autrement vous ne parviendrez jamais à vous connaître parfaitement. Si donc vous avez réellement le désir d'avoir cette connaissance de vous-même, considérez les péchés dont vous vous êtes rendue coupable, et déplorez-les avec la douleur la plus vive. Examinez s'il n'y a aucune négligence en vous, s'il n'y en a pas eu par le passé. Voyez comment vous gardez votre coeur, si vous avez employé votre temps avec humilité, si dans vos actions vous ne vous êtes proposé aucune fin mauvaise. Il faut apporter une attention souveraine à ces trois choses: la garde du coeur, l'utile emploi du temps, et en toute oeuvre une fin bonne et convenable. Ensuite n'avez-vous eu aucune négligence en Nos prières, en vos lectures et en vos diverses occupations! Vous devez vous exercer et vous perfectionner avec une diligence sans bornes en ces trois choses si vous voulez produire des fruits de salut et les recueillir dans le temps: une de ces trois choses est insuffisante sans le concours des autres. Avez-vous été fidèle à vous repentir, à résister aux tentations, à avancer dans le bien? Vous devez vous attrister profondément des fautes commises, repousser les efforts du démon et marcher de vertu en vertu, si vous voulez arriver à la terre promise. C'est ainsi qu'il faut vous exercer à connaître votre propre négligence.

 

Mais pour avoir une connaissance plus intime de vous-même, vous devez en second lieu considérer si en vous a vécu ou vit encore la triple concupiscence: la concupiscence de volupté. de curiosité et de vanité. La première de ces concupiscences subsiste sans le moindre doute dans l'homme religieux quand il soupire après des mets savoureux, des vêtements luxueux et les délices de la chair. La concupiscence de curiosité est encore dans toute sa force en la servante de Dieu quand elle désire connaître ce qui lui est caché, voir des choses magnifiques, posséder des objets rares. L'épouse de Jésus-Christ est certainement en proie à la concupiscence de vanité quand elle ambitionne les Faveurs des hommes, les louanges de la terre, les honneurs mondains. Une vraie servante du Seigneur doit fuir de telles choses comme un poison: elles sont la source de tout mal.

 

Si vous voulez maintenant que cette connaissance de vous-même soit certaine et parfaite, pensez encore avec un soin extrême si en vous il n'y a ni colère, ni envie, ni paresse. Apportez, je vous en prie, une vive attention à mes paroles. L'homme est véritablement l'esclave de la colère quand en son esprit, en sou coeur, en ses affections, il éprouve la plus faible indignation, quand il la laisse paraître par des signes, l'altération de ses traits, des paroles ou des cris, et qu'il témoigne ainsi à son prochain l'irritation de son coeur. Il est soumis à l'envie quand il se réjouit du mal des autres et s'attriste de leur bonheur, quand les infortunes de ses frères le pénètrent d'allégresse et que leur bien le fait sécher de dépit. Il est sous l'empire de la paresse quand il est tiède, enclin au sommeil, oisif, lent à se rendre au choeur, négligent dans la psalmodie, peu empressé à secouer sa langueur, sans réserve dans les conversations, sans dévotion à la messe, triste en tout son extérieur et ennuyé de sa cellule. Vous devez, ô épouse de Jésus-Christ., avoir ces choses en horreur comme propres à vous donner la mort: elles sont la ruine du corps et de l'âme.

 

Si donc, ô servante amiable à mou Dieu, vous voulez vous connaître parfaitement et ne rien ignorer de ce qui vous concerne, revenez à vous-même, descendez jusque dans les profondeurs de votre coeur et apprenez à sonder entièrement votre esprit. Examinez ce que vous êtes, ce que vous avez été. ce que vous avez dû être, ce que vous pouvez devenir. Examinez, dis-je, ce que vous avez été par la nature, ce que vous êtes par votre péché, ce que vous pouvez devenir par la grâce. Ecoutez encore, ô ma soeur, écoutez le prophète David, et considérez comme il s'offre à vous en exemple: Je méditais durant la nuit au fond de mon coeur, dit-il, je m’entretenais en moi-même et je sondais mon esprit. Il méditait en son coeur; méditez, vous aussi, en votre coeur. Il sondait son esprit; sondez aussi le vôtre, fouillez entièrement ce champ. Tenez vos regards abaissés sur vous-même, et en persévérant en cet examen, vous trouverez, n'en doutez pas, un trésor nouveau, un trésor caché et précieux. En un pareil exercice on voit l'abondance de l'or s'accroître, la science étendre ses découvertes, et la sagesse aller en grandissant. L'ail du cœur y devient plus pur, l'esprit plus pénétrant et la diligence plus universelle. Celui-là ne peut rien estimer à sa juste valeur, qui s'ignore soi-même et ne sait point apprécier la grandeur de sa dignité. Il est dans une ignorance entière, il est impuissant, à juger sainement de l'être spirituel, de l'être angélique, de l'être divin, celui qui n'a pas arrêté d'abord sa pensée sur son propre esprit. En effet, si vous n'êtes point capable de revenir à vous-même, si vous n'êtes point digne d'entrer dans la partie antérieure du tabernacle, de quel front oseriez-vous pénétrer dans le saint des saints? Si vous voulez vous élever jusqu'au second, jusqu'au troisième ciel, passez par le premier, par votre coeur; ce qui précède vous a enseigné à parcourir cette voie.

 

Cependant écoutez de quelle manière excellente saint Bernard vous apprend à diriger vos pas: «Soyez, dit-il à l'homme, soyez un explorateur curieux de l'état de votre âme; soumettez votre vie à un examen assidu; pensez avec soin combien vous avez acquis, combien vous avez perdu; ce que vous êtes eu vos moeurs, ce que vous êtes en vos affections; combien vous êtes semblable à Dieu, combien vous lui ressemblez peu, combien vous êtes proche de lui, combien vous en êtes éloigné.