Incendie de l'Amour - Saint Bonaventure - E-Book

Incendie de l'Amour E-Book

Saint Bonaventure

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Beschreibung

En m'éveillant je sens mon âme environnée de ténèbres glaciales et privée de dévotion. Je m'efforce donc de l'échauffer, de l'embraser et de l'élever par un désir ardent au-dessus des choses de la terre.

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Cervantes Digital

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ISBN: 978-1-312-05510-0

 

Incendie de l'Amour

Saint Bonaventure

 

PROLOGUE.

CHAPITRE I. Triple manière de s'exercer selon la triple voie de la sagesse, et d'abord de la méditation.

I.

II.

III.

CHAPITRE II. Comment par l'oraison, on arrive à la vraie sagesse.

I.

II.

CHAPITRE III. De la contemplation, et comment on arrive par elle à la sagesse véritable.

I.

II.

III.

IV.

V.

 

PROLOGUE.

En m'éveillant je sens mon âme environnée de ténèbres glaciales et privée de dévotion. Je m'efforce donc de l'échauffer, de l'embraser et de l'élever par un désir ardent au-dessus des choses de la terre. En effet, ce n'est point au milieu d'un repos trop prolongé que l'abondance de l'amour éternel s'est répandu en moi; ce n'est point lorsque j'ai été surchargé d'occupations corporelles et accablé des fatigues du voyage, qu'il m'a été libre de goûter les saintes ardeurs de l'esprit; ce n'est point non plus lorsque j'ai été outre mesure comblé de consolations et que je m'y suis livré comme si elles eussent dû être mon unique partage. Non, au milieu de tout cela je me suis senti refroidir, et j'ai compris qu'il me fallait mettre de côté tout ce qui extérieurement m'était un obstacle; que tous mes efforts ne devaient tendre qu'à me placer sous le regard du Sauveur, et que ma demeure était au milieu des parfums de son coeur.

J'offre donc ce livre, non aux philosophes, ni aux sages du monde, ni aux grands théologiens entièrement appliqués à des questions d'un ordre inférieur, nais aux hommes grossiers et aux gens sans savoir, à ceux qui cherchent plutôt à aimer Dieu qu’à connaître beaucoup de choses. Car ce n'est point dans les disputes, mais dans l'action qu'on apprend l'art d'aimer. Aussi suis-je persuadé que les matières contenues en cet ouvrage ne peuvent être comprises par des hommes versés en tout genre de science, mais faibles en l'amour de Jésus-Christ. Ce n'est donc point pour eux que j'ai entrepris d'écrire, à moins qu'ils ne mettent de côté et n'oublient tout ce qui tient au monde pour se dévouer sans réserve à leur Créateur et ne soupirer qu'après lui. Mais pour cela il faut commencer par fuir toute dignité terrestre, et abhorrer toute ostentation de la science et toute vainc gloire. Ensuite prenant pour partage la pauvreté la plus profonde, ils doivent s'appliquer sans cesse au divin amour par la prière et la méditation. Alors une étincelle de la vertu incréée fera briller sa lumière en leur âme et disposera leur cœur à recevoir cet embrasement qui dissipe toute obscurité, ils s'élèveront au-dessus de ce qui est temporel et se tiendront au pied du trône suprême dans le comble de la paix.

En effet, plus on est savant, plus on est apte à aimer, ou du moins plus on le serait si l'on savait se mépriser soi-même et trouver son bonheur à être méprisé des autres. Or, puisque j'entreprends d'exciter ici tous les hommes à l'amour et à ce qu'il y a de plus ardent en l'amour, à l'amour surnaturel, je m'efforcerai de répondre à ce but. Que ce livre ait donc pour titre: L'Incendie de l'amour.

CHAPITRE I. Triple manière de s'exercer selon la triple voie de la sagesse, et d'abord de la méditation.

 

Voilà que je vous l'ai décrite d'une triple manière, dit le Sage. Toute science devant nous offrir une image de la Trinité, celle qui nous est enseignée par les saintes Ecritures doit par-dessus tout nous en rappeler la pensée. Lors donc que le Sage nous dit qu'il l'a décrite d'une triple manière, il indique le triple sens qu'elle renferme: le sens spirituel, le sens moral, ou allégorique, et le sens anagogique. Ce triple sens répond aux trois actes hiérarchiques: la purification, l'illumination et la perfection. La purification nous conduit à la paix, l'illumination à la vérité, la perfection à l'amour. Lorsque l'âme est entrée en possession de ces trois choses, elle a trouvé le bonheur et elle croît en mérites selon qu'elle agit en chacune d'elles. C'est donc de leur connaissance que dépendent la science de toute la théologie et la gloire de la vie éternelle.

 

Il nous faut donc savoir qu'il y a trois sortes d'exercices touchant cette triple voie: la lecture, la méditation et l'oraison. La lecture est plus étendue, la méditation plus restreinte, et l'oraison plus courte encore. La lecture embrasse l'Ecriture-Sainte tout entière, ou plutôt tout enseignement raisonnable, selon que nous l'avons montré dans un autre ouvrage. Commençons donc par exposer brièvement ce qui concerne la méditation.

 

Il y a trois choses en nous qui nous aident à nous gercer en cette triple voie: l'aiguillon de la conscience, le rayon de l'intelligence et le feu de la sagesse. Si donc vous voulez être purifié, tournez vos regards vers l'aiguillon de la conscience; si vous voulez être illuminé, élevez-les vers le rayon de l'intelligence; si vous voulez atteindre à la perfection, arrêtez-les sur le feu de la sagesse, selon le conseil de saint Denis à Tite.

 

I.

 

Or, l'exercice qui concerne l'aiguillon de la conscience doit se faire dans la vie purgative en méditant de la sorte: d'abord que l'homme s'irrite contre lui-même; ensuite qu'il s'excite, et enfin qu'il se dirige. Qu'il s'irrite par le souvenir de ses fautes passées; qu'il s'excite par la réflexion sur lui-même; qu'il se dirige dans la voie droite par la considération du bien.

 

Premièrement, le souvenir des péchés doit se faire de la manière suivante: que l'esprit se reprenne de sa négligence sans cesse réitérée, de sa concupiscence et de sa méchanceté. Presque toutes nos fautes, en effet, presque tous nos crimes présents ou passés peuvent se rapporter à ces trois choses. Pour la négligence, que l'homme examine donc s'il ne s'en est point rendu coupable dans la garde de son coeur, dans l'emploi de son temps et dans l'application à sa fin; car ces trois choses demandent de nous une diligence sans bornes; nous devons nous appliquer à bien garder notre coeur, à employer utilement notre temps, et à avoir en vue dans toutes nos actions la fin qu'elles exigent. Qu'il considère ensuite s'il n'a point été négligent dans l'oraison, la lecture et la pratique des bonnes oeuvres. C'est un devoir de s'exercer et de se perfectionner avec empressement et sollicitude en ces trois choses, pour celui qui désire donner des fruits excellents au temps marqué, car une seule sans les autres ne saurait suffire. Enfin qu'il pense bien s'il n'a apporté aucune négligence à se repentir, à résister au mal, à faire des progrès, car chacun doit pleurer avec un soin suprême ses fautes passées, repousser les tentations de l'enfer, marcher de vertu en vertu et arriver ainsi à la terre promise.

 

Par rapport à la concupiscence, l'homme doit examiner si, en lui, vit encore la concupiscence de volupté, de curiosité et de vanité qui sont les racines de tout mal. La concupiscence de volupté est vivante s'il ressent en lui l'appétit de tout ce qui flatte le goût, favorise la mollesse et sourit à la chair: tels sont les mets recherchés, les vêtements de luxe, les plaisirs de la luxure. Et non-seulement c'est une faute de consentir au désir qu'on peut éprouver de ces choses, mais il y a obligation d'en repousser les premiers mouvements. La concupiscence de curiosité subsiste en l'homme s'il soupire encore après la connaissance de ce qui lui est caché; après la vue de ce qui réjouit les yeux, après la possession de ce qui est d'un haut prix. En cela se trouve le vice de l'avarice et de la curiosité, et un tel désir est vraiment répréhensible. Enfin la concupiscence de vanité vit en l'homme s'il ambitionne les faveurs, les louanges, les honneurs. Tout cela est vanité et rend vain celui qui en est possédé. Il faut donc s'en éloigner avec autant d'ardeur que de la concupiscence de la chair, et en reprendre son coeur sans ménagement.