1,99 €
Désirant donner une activité plus grande au regard pénétrant des contemplatifs, et réjouir le palais de leur âme en lui faisant savourer des mets d'une céleste douceur, j'ai pensé qu'il serait bon de traiter des sept degrés de la contemplation , degrés d'autant plus glorieux qu'ils sont fondés sur la science de l'expérience.
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Copyright 2023
Cervantes Digital
All rights reserved
ISBN: 978-1-312-05220-8

Des Sept Degrés de la Contemplation
Saint Bonaventure
I
II
III
IV
V.
VI
VII
Désirant donner une activité plus grande au regard pénétrant des contemplatifs, et réjouir le palais de leur âme en lui faisant savourer des mets d'une céleste douceur, j'ai pensé qu'il serait bon de traiter des sept degrés de la contemplation, degrés d'autant plus glorieux qu'ils sont fondés sur la science de l'expérience. Un pareil sujet, j'en ai la confiance, sera comme un parfum qui répandra sur leur intelligence une abondance de lumière, et sur leur volonté un torrent de cette douceur déifique dont la source est l'abîme de la divine charité. Le premier degré c'est le feu; le second, l'onction; le troisième, l'extase; le quatrième, la contemplation; le cinquième, le goût; le sixième, le repos; le septième, la gloire. En effet, l'âme commence par être embrasée; une fois embrasée, elle reçoit l'onction; ensuite elle est ravie, elle contemple, elle goûte et elle se repose. Nous pouvons posséder tout cela sur la terre, non tout d'un coup, mais par degrés; et celui-là en fait plus promptement l'expérience, qui s'exerce plus fréquemment aux choses spirituelles. Le septième degré sera donné dans la patrie bienheureuse avec une abondance plus grande à ceux qui, sur cette terre, se seront adonnés avec ardeur aux degrés précédents.
I
Le feu est l'ardeur véhémente du divin amour, et il est alimenté par la fournaise de cette Jérusalem dont l'éclat surpasse toute splendeur. Il commence par éclairer tout d'un coup d'une lumière brillante et vraiment extraordinaire l'âme du contemplatif ou de l'homme saint voué à la vie active lorsqu'il se répand en prières devant Dieu; ensuite il allume et embrase ses affections et ses mouvements les plus desséchés; il brûle et dissipe ce qui est mauvais, enflamme ce qui est tiède, éveille ce qui est endormi, et rend l'âme tout entière aux yeux du Seigneur semblable à l'holocauste engraissé qu'on offre à la fin du jour. Alors Dieu la regarde et elle est dans la joie; il est présent, et elle est saisie de frayeur; il accroît le feu qu'il a allumé, afin que sa chaleur devienne plus intense, et elle, de son côté, recueillant les affections qu'elle sent naître, elle le nourrit afin que l'incendie devienne d'autant plus ardent qu'une matière plus abondante lui sera servie. C'est sur ce degré qu'a fixé son pied celui qui peut dire avec le Prophète: Mon coeur s'est échauffé au-dedans de moi, et le feu s'est embrasé durant ma méditation. — Mon coeur s'est enflammé et mes reins ont été ébranlés.