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Philomèle, messagère des beaux jours, vous dont les chants délicieux réjouissent notre âme et nous annoncent que les pluies et les vents se sont enfuis, oiseau plein de prudence, je vous salue; venez, venez à moi. Venez, je vous en conjure, et je vous enverrai où il ne m'est point donné de diriger mes pas. Je vous enverrai adoucir, par vos accords, les chagrins d'un homme cher à mon coeur. La douceur de votre voix dissipera sa tristesse. Hélas! à cette heure ma parole est impuissante sur son âme.
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ISBN: 978-1-312-05019-8

Philomèle
Saint Bonaventure
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
I.
Philomèle, messagère des beaux jours, vous dont les chants délicieux réjouissent notre âme et nous annoncent que les pluies et les vents se sont enfuis, oiseau plein de prudence, je vous salue; venez, venez à moi.
Venez, je vous en conjure, et je vous enverrai où il ne m'est point donné de diriger mes pas. Je vous enverrai adoucir, par vos accords, les chagrins d'un homme cher à mon coeur. La douceur de votre voix dissipera sa tristesse. Hélas! à cette heure ma parole est impuissante sur son âme.
Allez donc, pieuse messagère, suppléez ma faiblesse. Saluez avec amour celui que j'aime uniquement; annoncez-lui que mon coeur soupire sans cesse après le jour où il me sera permis de goûter sa présence.
Si quelqu'un veut savoir pourquoi je vous ai choisie pour être mon envoyé, répondez-lui que j'ai reconnu en vous certaines qualités tout-à-fait conformes à la divine loi, et que je sais être agréables au Roi suprême pour le but que je veux atteindre.
Ainsi, mon Bien-Aimé, prêtez une oreille attentive; et, si les chants de cet oiseau trouvent un souvenir en votre âme, vous pourrez, en marchant sur ses traces, instruit par l'Esprit-Saint, faire entendre des accords tout célestes.
J'ai lu de cet oiseau qu'aux approches de la mort il se repose sur un arbre, et que, dès le lever du jour, dressant sa tête, il se répand tout entier en chants les plus variés.
Il prévient l'aurore de ses plus doux accents. Mais lorsque le soleil lance ses premiers rayons, sa voix devient bruyante, sa douceur s'accroît, et dans ses chants, il ne connaît plus de repos. A la troisième heure, il semble ignorer toute mesure, car la joie de son coeur va toujours en s'augmentant. Sa poitrine semble prête à se rompre sous ses efforts, sa voix grandit d'un moment à l'autre, et, plus ses accents retentissent avec force, plus son ardeur s'enflamme.
Mais lorsqu'au milieu du jour le soleil lance ses rayons les plus brûlants, l'excès de ses cris brise son faible corps. Allons! allons! chante-t-il en son langage; et il tombe épuisé sous le poids de ses fatigues. Sa voix, ainsi éteinte, il palpite et agite encore son bec, alors qu'il conserve à peine un souffle inanimé. Enfin, à la neuvième heure, toute vie l'abandonne, tout son corps s'affaisse sous l'action de la mort.