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François-René et Sarah sont employés d’une chaîne hôtelière de vingt-sept sites en Europe, dont Steven, dit le Big Boss, est le propriétaire. Lorsqu’ils se rencontrent, ils tombent dans les feux de l’amour et ne se quittent plus. Malheureusement, les projets ambitieux de leur patron les promènent de ville en ville, ne leur laissant aucun répit. Dans Deux valises un sac… - Tome I, Jan Pierag vous invite au cœur des aventures de ce couple, depuis les Canaries, Bruxelles, puis Paris, en passant par Castille et León en Espagne.
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Jan Pierag
Deux valises et un sac…
Tome I
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jan Pierag
ISBN : 979-10-377-6655-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
C’est pour toi, S., et mes proches
Tous les personnages et événements dépeints dans ce roman sont fictifs, et toute ressemblance avec des personnes ou des situations réelles serait une pure coïncidence.
Introduction
Il faut parfois du temps pour se décider à écrire, un jour, un déclic se produit, impromptu, qui vous dit : « Maintenant, vas-y, c’est le moment. »
Libre à chacun d’écouter, ou non, et d’obéir à cette petite voix. Pour ma part je suis resté indécis pendant quelques mois, et puis c’est très certainement l’entourage proche qui m’a aidé à prendre la décision.
« OK, je vais m’y mettre. »
Nous allons donc, vous qui me faites le plus grand plaisir en lisant ces lignes, et moi, prendre rendez-vous au fil du temps…
Petit à petit vous aurez connaissance de ce qui se passe, de ce qui change, de ce qui s’est passé aussi, de toutes ces petites choses qui font une vie, avec des sourires, avec des éclats de rire, et évidemment avec des larmes parfois.
Ces deux valises et un sac, c’est une nouvelle histoire qui commence…
Au début de la dernière décennie du vingtième siècle, la page est blanche, et à ce moment précis il n’y a devant moi rien d’autre qu’un trottoir où j’attends un taxi, il est quatre heures du matin et il pleut, j’ai un avion à prendre qui décolle d’Orly à cinq heures quarante.
Cet avion me conduira vers les Canaries, « TFS » inscrit sur l’étiquette des bagages. Donc à « Tenerife Sud », aéroport Reina Sofia, un endroit totalement inconnu pour moi, et aussi un environnement absolument inconnu, pour y exercer un job dont je ne sais pas grand-chose, si ce n’est qu’il se pratique dans le tourisme, et, dernier paramètre, une langue parlée presque inconnue.
Tout va bien ?
Oui, malgré cela, je suis un peu tendu, assez stressé, je n’ai pas encore tout à fait réalisé l’énormité des changements que tout cela impliquait, mais en tous les cas je suis très curieux, impatient même…
En fin de millénaire, et en très peu de temps, deux événements particulièrement destructeurs se sont produits dont les conséquences allaient amener quelques mois plus tard ce départ très matinal vers une destination exotique. Une séparation, qui deviendra un divorce, liée sans aucun doute à un gros manquement évident dans la vie familiale, dont je n’ai pas réellement tenu compte, ayant comme toujours considéré l’activité professionnelle débordante comme prioritaire.
La défaillance grave de l’un des clients ne tenant pas ses engagements a été le second événement, provoquant d’une façon très brutale une forme de cataclysme entraînant la cessation d’activités suivie par la liquidation et la fermeture de l’entreprise.
Tout le monde peut penser qu’il y a peut-être eu des signaux qui auraient dû alerter et mettre en garde, avant d’arriver à ces deux catastrophes simultanées. Que répondre ? Oui peut-être, ceci étant, personne n’a rien vu arriver, et le tout a été un choc extrême. Pris au dépourvu, dans une impasse, j’ai pris au plus vite la décision de chercher un emploi, provisoire ou non, pour sortir rapidement d’une passe financière compliquée.
Pas simple, très peu de possibilités immédiates…
Sombrer dans le désespoir ? Oui, j’y ai pensé, il s’en est fallu d’un rien… Les créanciers sont tous, ou presque, d’accord pour m’accorder quelques délais, mais attention, il faudra les respecter, et par ailleurs il y a aussi le quotidien à assumer. J’ai une proposition à quatre-mille kilomètres, intéressante, lointaine, j’accepte. La séparation familiale de fait s’impose, un départ sans retour possible, à quarante-cinq ans, et avec deux valises et un sac…
Pour la deuxième fois de mon existence, la première était au sortir de l’adolescence, je me trouvais dehors, avec pour seuls accompagnants rescapés d’une vie, ce sac de voyage et ces deux valises… Donc, pour écrire l’histoire, me voilà dans cet avion parti vers le sud, à côté d’une blonde agréable, allant elle aussi vers la même destination, pour une période indéterminée. Elle était elle aussi un peu inquiète toutde même de partir en terre inconnue. Alors, pourquoi ne pas envisager de garder le contact avec elle, ceci ayant pour avantage au moins d’avoir la connaissance de quelqu’un ou quelqu’une, sur place, un peu comme une balise permettant de se raccrocher en cas de détresse ?
Ceci me paraissait envisageable, jusqu’au moment où, en parlant, cette blonde agréable m’apprit qu’elle évoluait dans un monde sans hommes avec une amie attitrée et d’autres amies par-ci par-là…
La balise venait de sombrer au milieu de l’Atlantique. Il restait encore plus de deux heures avant de toucher terre, j’essayais de m’endormir, sans gros succès, voyant mentalement un film se dérouler, qui n’était pas trop agréable, et malgré tout avec des passages plus détendus.
Depuis l’enfance, au plus loin dont je me souvenais, la relation avec mes parents fut difficile et compliquée, très étirée entre deux pôles opposés, d’un côté la dureté et la rigidité de mon père et d’un autre la volonté de ma mère d’essayer de faire cohabiter tout le monde. Elle aussi subissait le comportement d’Henri, parfois j’essayais de faire front avec elle trouvant mon père injuste dans ses décisions et son attitude. En vain… Dès que cela fut possible, la majorité à l’époque était fixée à vingt et un ans, je trouvais une ouverture pour gagner deux ans. En me présentant dans un Centre de Recrutement de l’Armée, disant que je souhaitais devancer l’appel, l’officier recruteur qui me faisait face constitua le dossier. J’étais en possession de deux diplômes professionnels, j’étais aussi un sportif classé en national dans deux sports différents, athlétisme et rugby, ce qui pesa, je crois, assez lourd dans le dossier, j’avais un parcours scolaire normal, donc je pouvais intégrer en septembre, nous étions en juillet, un régiment situé à Nîmes. Si j’étais d’accord, il suffisait de signer là, tout de suite. L’accord parental n’étant pas obligatoire, je signais avec un plaisir immense. Cela représentait pour moi la première démarche qui me conduisait vers la liberté, et je rentrai le soir en disant à ma mère que ma demande avait été reçue et aussitôt acceptée. Elle eut malgré elle un choc qui lui amena les larmes aux yeux, mais tout de suite, me dit-elle simplement, avec sa douceur habituelle :
« Tu as bien fait, tu auras seize mois pour réfléchir à ton avenir. C’est une bonne décision. »
Décélération sonore, inclinaison côté droit, point de vue magnifique sur le Teïde, volcan à trois mille sept cents et quelques mètres d’altitude, cette fois, on arrivait. J’avais toutes les consignes pour rejoindre la résidence où je devais travailler, dans le cas où personne ne m’attendrait à la sortie de l’aéroport. D’un coup je pris un coup de chaud, un coup de stress, une vague d’appréhension, et m’obligeait à contrôler tout cela. Après la récupération de mes deux valises et de mon sac sur le tapis, j’eus la bonne surprise de voir une pancarte intitulée « François-René, Golf del Sur ». Je rejoignis rapidement le porteur, non, c’était une jeune femme ! Elle m’accueillit avec le sourire et parlant en français.
« Salut, moi c’est Coralie, je viens te chercher, et on va attendre un peu, dans dix minutes il y a un autre gars qui arrive il faut aussi le récupérer. Son avion est annoncé, il arrive de Milan. »
« Merci, c’est très sympa d’être venue me chercher, je m’attendais plutôt à devoir trouver un taxi. Tu travailles à la résidence ? »
« Oui, depuis l’ouverture il y a presque deux ans. Je suis la responsable réceptionniste, et aujourd’hui il manque deux hôtesses donc je suis venue pour éviter de dépeupler la réception. Tu vas voir, pour bien bosser ici il ne faut pas avoir peur d’être polyvalent. Mais c’est une super-compagnie, on travaille bien, et tout est crédible. Ce n’est pas comme dans toutes ces sociétés qui vendent des semaines de vacances et où il n’y a aucune sécurité ni pour l’emploi ni pour les clients. Quand tu verras l’hôtel d’un côté et la Résidence de l’autre, tu t’apercevras que tout ça, c’est solide. On travaille sur l’Europe, mais au final on n’agit que sur vingt-sept sites. »
« Oui, je crois savoir que mon poste me mettra en contact direct avec les touristes, j’imagine quand même, d’après les photos et vidéos que j’ai vues, que les clients ont les moyens de passer des vacances assez haut de gamme. Ce n’est peut-être pas facile tous les jours ? »
« Oh, on part du principe que l’on doit accéder à toutes les demandes, il n’y a quasiment pas de mécontents de nos services ou de réclamations des clients par rapport à des situations ou des problèmes. On les prend en charge, certains ne veulent pas, on les laisse tranquilles, à la fin de leur séjour on leur demande leur avis et neuf sur dix nous le donne, ils sont très satisfaits. Tu vas participer à leur satisfaction, ton job est sympa, basé sur le relationnel, je ne t’en dis pas plus ce n’est pas mon job ! »
Quelques instants plus tard, l’avion de Milan était arrivé, et Coralie avait sa pancarte, côté verso, avec le texte « Alessandro, Golf del Sur ».
En très peu de temps Alessandro nous rejoignit, présentations, en anglais, il était le seul de nous trois à connaître la langue italienne !
Sortie vers le parking, chargement des bagages, tout le monde embarqua en voiture, et moins de dix minutes plus tard nous arrivions sur le Golf. Superbe endroit tout proche de la mer, l’hôtel et sa résidence semblaient être des paquebots amarrés, un autre monde lorsqu’on arrive de Paris ou de Milano comme le souffla Alessandro.
Coralie m’indiqua un appartement où j’allai m’installer, me disant qu’il était déjà occupé par deux autres membres de l’équipe francophone, il y avait trois chambres, et tout cela dans le confort.
Je savais, on me l’avait annoncé dans différents contacts téléphoniques que j’avais eus avec la direction du site, que je serai pendant un temps logé avec d’autres personnes, ensuite, suivant l’évolution de mon poste il serait possible que j’occupe un appartement en étant seul.
Pour aujourd’hui c’était parfait, comme l’avait dit Coralie, vraiment tout cela me semblait « solide », en tous cas organisé. Elle me dit aussi que j’avais deux rendez-vous aujourd’hui, le premier avec Fred le responsable de formation, et l’autre avec Steven, le grand Big-Boss, prévus tous les deux dans l’après-midi, tant mieux tout démarrait ! Enfin, pour tout ce qui était de l’intendance, elle me remit un badge donnant accès au bar et au restaurant, et aux services internes, laverie, et autres. Avec une tape sur l’épaule et un grand sourire…
« Bienvenue, on compte sur toi, et je te souhaite de réussir. »
« Merci Coralie, tout va bien, quand j’aurai passé cette journée je serai très content de t’offrir un verre si tu veux, merci pour l’accueil. »
« OK, on en reparle plus tard. »
Mes deux valises et le sac entreposés sur un chariot, j’empruntais l’ascenseur et montais au second. Ayant trouvé l’appartement, je frappai.
« Oui, entrez… »
« Bonjour, je suis François-René, j’arrive ici, vous êtes au courant ? »
« Oui, salut, moi c’est Thierry, il y a Jacques aussi, on était prévenus. Tu as fait bon voyage ? »
« Oui, quatre heures d’avion, ce n’est pas trop long, et alors quand on arrive ici c’est une autre planète ! »
« Oui, en général personne n’aime en repartir, tu peux t’installer, il n’y a aucun problème, la chambre libre c’est la deuxième à droite. Jacques est dehors toute la journée, il est parti au Teïde avec une famille, le retour est prévu vers six ou sept heures ce soir. On a prévu pour toi d’aller dîner ensemble si tu veux, est-ce que tu dois voir Fred aujourd’hui ? »
« Merci, accueil sympa, oui dîner avec vous ça me convient. J’ai envie de savoir comment tout ça fonctionne, on va m’en parler aujourd’hui, car je dois voir Fred d’abord et ensuite Steven dans la soirée. Mais avec vous ici l’info’ sera sûrement un peu différente, en tous cas plus proche du terrain et pour le moment je suis complètement novice… »
« Je crois que ce qu’il faut savoir c’est, un, que l’ambiance ici est super, deux, on peut faire du fric, et c’est très bien comme ça, trois, on n’est pas en compète avec les autres, on bosse tous avec les mêmes résidents, donc il y a intérêt à se repasser les bonnes consignes. On est tous payés toutes les semaines, en cash, c’est une société anglo-suisse, donc système britannique. Je ne crois pas qu’il y ait des gens ici qui se plaignent par rapport au salaire. Si Fred ne le fait pas, demain on te fera faire le tour complet. Tu connaîtras tout le monde. »
« OK, super, accueil sympa. Il y a longtemps que tu bosses ici ? »
«J’ai démarré à Puerto de la Cruz il y a un an, dans une résidence Time-Share, ce n’était pas top, puis j’ai entendu dire qu’ici ils cherchaient des francophones, je suis venu voir, j’ai rencontré Fred et trois jours après je commençais. Je n’ai plus envie de changer, sauf si on m’envoie dans un autre site du groupe. Il y en a vingt-cinq autres, je crois, mais je ne suis pas sûr qu’il y ait une résidence dans chaque. »
« Tu es rentré en France depuis que tu es ici ? »
« Oui, deux fois, pour voir la famille, mes parents, et je vais les faire venir pour la fin de l’année. Ça les changera de voir les boules de Noël dans les cocotiers ! Et toi, tu vis seul ? T’as quel âge ? »
« Oui je vis seul, divorce en cours, j’aurai quarante-six en septembre. »
« Moi trente et un depuis un mois, j’ai une copine au Casa-Club, et je ne suis pas là tous les soirs ! Elle a son appart, on y est tranquilles. »
« Le Casa-Club, qu’est-ce que c’est ? »
« Le grand bâtiment superbe, tout en bois, sur la butte à l’entrée du Golf, tu as dû l’apercevoir en arrivant. C’est là où est installée la direction et toute l’administration du Golf, et il y a aussi un bar-restaurant très classe pour ceux qui jouent ou bien leurs invités. On y a accès de temps en temps, mais payant et cher ! Élisabeth, c’est ma copine, anglaise, y est en tant que comptable, tout va bien pour elle.
Dans les questions pratiques, est-ce qu’à la réception on t’a donné un badge ? »
« Oui, Coralie me l’a donné et m’a expliqué vite fait, mais je n’ai pas tout retenu… »
« Alors tu peux t’en servir tous les midis si tu es de service, si tu invites les clients ça peut être le soir et tu as droit deux fois par mois au resto’ du Casa-Club. Le petit-déj le matin n’est pas pris en compte, jamais, et le dîner du soir non plus. Ensuite, la lessive il y a des machines je te montrerai, le bar c’est pris avec en compte uniquement avec les clients, et si tu as besoin d’une voiture, toujours avec les clients, tu passes par la réception et ils louent pour le compte de la compagnie chez le loueur du Golf. Voilà, il y a de quoi bien bosser. Maintenant si tu veux on descend manger un morceau, si tu as reçu ton badge tu peux t’en servir. OK ? »
« D’accord, c’est vrai j’ai un petit creux. »
Tout me paraissait simple et bien organisé, toujours avec cette impression de solidité, de sérieux. Mon premier rendez-vous avec Fred approchait, je l’attendais au bar, il devrait arriver dans cinq ou dix minutes, à cette heure de l’après-midi j’étais seul dans la salle, les résidents étaient au bar-piscine ou bien en balade, ou à la plage.
Un grand type, près de deux mètres, relax, arriva avec un grand sourire façon Hollywood. Il me tendit la main.
« Hello, François, je suis Friedrich, on m’appelle Fred, et dès demain on va travailler ensemble. »
« Bonjour, Fred, je suis ravi de te connaître, je suis prêt, et si on attaque demain c’est parfait, j’ai vraiment envie d’en savoir plus. »
« OK, je vais te faire maintenant un topo’ rapide, tu pourras y réfléchir ce soir et poser tes questions demain. OK ? Pour commencer, je te demande de ne pas prendre de notes. C’est un entraînement, une habitude à prendre et à conserver. Je t’explique qui nous sommes.
Tous les grands groupes hôteliers, dans le monde entier, craignent la pire des situations qui serait la perte de leur clientèle de base au profit d’un groupe concurrent. Chacun déploie donc des stratégies parfois très coûteuses pour garder sa clientèle. Steven avait compris depuis les premiers mois de fonctionnement des hôtels et résidences qu’il avait ouverts en Europe de l’Ouest que les grands groupes internationaux ne s’intéressaient pas trop à lui, étant trop petit et ne pesant pas sur les autres continents, parce que totalement inconnu. Il se considère être un privilégié parce qu’il pouvait installer sans crainte d’être copié un système interne de protection de sa clientèle en créant une carte, réservée aux clients effectuant un premier séjour en résidence hôtelière. Il possédait vingt-sept hôtels, tous en Europe, depuis les pays scandinaves jusqu’au bord de la Méditerranée et dans l’Atlantique, aux Canaries. Les clients des hôtels pouvaient aussi acquérir cette carte, à leur demande, lors d’un séjour de plusieurs jours consécutifs. Les résidences hôtelières, réparties sur l’Europe de l’Ouest, sauf une à Prague, au nombre de quatorze dans l’immédiat, étaient constituées d’appartements pour deux, quatre ou six personnes, avec tout le confort et toutes les facilités permettant de vivre en famille ou entre amis sans se préoccuper des contraintes hôtelières habituelles. Cette carte de “client privilégié” leur offrant des réductions sur beaucoup de compagnies aériennes en Europe, sur les locations de voitures, et aussi et surtout la garantie absolue de pouvoir occuper un appartement dans les Résidences du groupe, aux dates choisies, en réservant deux semaines à l’avance. Tous les transferts aéroport-résidence étaient assurés gratuitement, et pour encourager leurs amis, famille, ou relations à utiliser ce système de vacances, un appartement était offert, tous les ans, pour une semaine et pour quatre personnes ne connaissant pas le groupe ni la chaîne hôtelière. Toutes les excursions et activités proposées sont nombreuses et variées à des tarifs très avantageux. La présentation de ces services proposés par la carte “privilèges” est effectuée pendant le séjour en résidence. Les “guides” assurant cette présentation sont salariés du groupe, officiellement déclarés et travaillent en équipe “linguistique”. L’acquisition de cette carte est enregistrée par la résidence, garantissant au client acheteur une priorité permanente pour toutes les réservations dans cette résidence à l’origine de son adhésion. Voilà, tu sais de quoi il s’agit, alors j’ai une question à te poser, sais-tu pourquoi tu ne dois pas prendre de notes ? »
« Non, je n’ose pas penser à des histoires de concurrence, alors je ne vois pas. Quelle est la raison ? »
« Avant de répondre, dans notre échange il y a une très bonne chose, tu proposes une réponse, et en même tu poses une question. Et c’est cela qui est une très bonne chose. Conserve ce principe, c’est une relance qui est indispensable quand tu parles avec nos résidents. Tu comprendras vite qu’il faut parfois être convaincant, voire les secouer un peu, et si tu peux relancer en permanence, donc les obliger à répondre, tu pourras aussi les orienter vers le sujet qui t’intéresse. Ici, la priorité, leur faire prendre un abonnement VIP, il y a trois niveaux, on verra demain, c’est l’objectif unique de tout ce qui va être développé autour d’eux pendant leur séjour. Donc maintenant je réponds, la raison est qu’à aucun moment quand tu es avec les clients résidents ici ou à l’hôtel, il y en a parfois qui souhaitent une info sur notre système, tu ne dois pas prendre de notes. Interdit. On ne doit pas leur donner l’impression qu’ils sont interrogés ni que nous sommes des détectives chargés d’une enquête ! Donc tout ce qu’ils disent tu dois t’en souvenir et ne pas mélanger avec d’autres. Dès que tu les quittes en fin de visite, là, tu peux écrire. Pour passer les notes au copain qui les verra ensuite. Compris ? »
« Oui, compris. C’est une première leçon, et je n’aurais jamais trouvé la réponse tout seul. J’ai une autre question, comment est-ce qu’on les voit, qui nous présente ? »
« C’est bien, tu continues les questions, j’allai te proposer un verre, donc on verra pour ça après, je réponds à la question. Il y a ici un manager de ligne francophone, puis un anglais, un allemand, un italien, un espagnol et un scandi’ pour les quatre pays du nord en comptant le Danemark. Le tout premier rôle du manager est d’organiser le planning de chacun des membres de son équipe, en fonction du nombre d’arrivées sur la semaine, et quand on le sait du profil des arrivants, classe socioprofessionnelle par exemple, ou composition familiale, etc. Il y a un pot d’arrivée le samedi et un autre le dimanche midi, en fonction de leur heure d’arrivée ils sont invités à l’un ou l’autre. C’est à ce moment-là que vous êtes présentés, ils ne savent pas qu’en fait ils verront un deuxième guide “c’est votre job” au cours d’une seconde excursion ou balade. Est-ce bien clair pour toi, as-tu tout retenu sans trop de difficultés ? »
« Oui, ça va, j’ai encore une question, qu’est-ce que tu veux boire ? »
« Celle-là je ne l’attendais pas. Bien vu, un cocktail agrumes, et toi ? »
« Je ne sais pas ce que c’est, mais je fais comme toi. »
Un signe de la main, le barman pris la commande et revint de suite.
« À ta réussite ! »
« Merci, pour tes vœux et pour ce que tu vas m’apprendre. »
« Tu as la chance d’avoir l’âge que tu as. Ce métier demande une grande maturité, c’est plus rare chez les plus jeunes, et d’allure tu es crédible, donc en principe tu dois rassurer. Attention, une chose très importante, quand tu expliques quelque chose, regarde les deux, et pas plus madame, surtout pas plus, mais pas plus monsieur non plus, sauf, au final, si tu vois que les discussions d’argent sont son domaine à lui, et lui seul. Chez les fortunés, et il y en a pas mal ici, les affaires ne concernent pas madame en général qui a toujours ce qu’il lui faut pour vivre, sans rien demander au mari. »
« OK, je vais mettre en pratique. Combien de temps la formation ? »
« On va voir, entre huit-dix-jours et deux semaines, je pense que cela ira assez vite, d’autant que je n’ai que toi pour cette session. Tu vois Steven tout à l’heure, je crois ? »
« Oui, on s’est parlé une fois très rapidement par téléphone, a priori j’ai un profil qui l’intéresse, et il veut me rencontrer. »
« Il m’a dit cela, je ne t’ai jamais dit ce que je vais dire, mais il y avait un manager francophone jusqu’à lundi de la semaine dernière. Il n’y en a plus aujourd’hui, Steven l’a viré, c’est lui qui tient la ligne en ce moment. Il a évidemment bien autre chose à faire et souhaite trouver quelqu’un le plus vite possible, qui ne vienne surtout pas du Time-Share, ils sont assez brutaux. Donc quelqu’un venant de l’extérieur. Comme toi par exemple… »
« Oh, je n’ai absolument rien entendu de tout ce que tu viens de dire. Alors, on se dit à demain ? »
« Oui, à demain, à huit heures trente ici. Bonne soirée. Tu fais quoi ? »
«Merci, toi aussi bonne soirée, je vais sûrement dîner avec Thierry et Jacques, je suis en cohabitation dans le même appartement qu’eux. »
« Super, ce sont les deux meilleurs de la ligne. Profites-en, écoute… »
« À demain, bye. »
La journée n’était pas encore finie, et j’en avais déjà plein la tête.
Une fois seul, je commençai à remplir un petit carnet bien rangé dans le fond de ma poche. En abrégé et très concise, la journée tenait sur une page, du moins jusqu’à maintenant. Et là c’était l’heure, tout de suite j’attendais Steven, le Big-Boss, j’étais impatient.
C’était un Suédois, un grand costaud, et aussi un drôle de charmeur à l’humour décapant ! Quand je l’ai vu arriver, je n’ai pas pu imaginer que cet homme-là était aussi important dans ses fonctions quotidiennes, en même temps que dans le poids économique qu’il représentait. Le Big-Boss, majoritaire en actions dans la compagnie, et ultime décideur pour un ensemble de vingt-sept sites comme celui-ci éparpillés dans toute l’Europe. Parmi eux, deux en France, de niveau cinq étoiles international, alors que la France ne disposait pas officiellement du niveau cinq étoiles, seulement d’un niveau classé quatre étoiles « luxe ». Steven est un homme simple, très abordable et capable d’écouter. Intraitable par contre, lorsqu’il prend une décision.
« Hello François. Je vois que tu es bien arrivé, est-ce que tout va ? »
«Bonjour, Steven, je suis bien arrivé, et oui tout va bien. Je suis très heureux de vous rencontrer, de travailler ici en commençant la formation demain. J’ai déjà eu un long entretien avec Fred. »
« Ne dis pas vous, mais tu, vous tous, les français, vous avez beaucoup de charme, mais vous êtes des gens compliqués dans la langue. On va faire simple, ici c’est tu pour tout le monde ! Que t’a dit Fred ? il t’a testé un peu ? Et maintenant, dis-moi, comment ressens-tu tout ça ? »
« Alors Fred est, je crois, content de ce premier contact, on a échangé, parlé beaucoup, en fait on a déjà commencé la formation. Oui, il m’a testé, je pense avoir réussi à passer les premiers obstacles. Comment je ressens tout cela, il y a beaucoup de choses en même temps, avec beaucoup d’informations, mais tout cela dans un cadre unique que je n’imaginais pas. Tous ceux avec qui je parle ont l’air, et le disent, d’être heureux ici et n’ont pas envie de changer. C’est étonnant, je n’ai jamais vu un tel accord. Alors, je suis impatient de voir la suite… »
« Bon. Je vais essayer de t’expliquer ce qui est possible, si on n’y arrive pas tu resteras sur la ligne, ne te mets pas en position de quelqu’un menacé dans sa situation. J’ai viré un manager la semaine dernière, je ne pensais pas le faire, mais il a fait une très grosse erreur en trompant ma confiance. Son poste restera libre pour le moment, jusqu’à ce que tu sois capable de le prendre. Pourquoi toi ? Parce que j’ai lu ton C.V., on a parlé ensemble au téléphone, ensuite tu as parlé avec Fred, là aussi j’étais présent, et tu as une sacrée revanche à prendre. Je te fais confiance, tu dois y arriver et cela t’ouvrira d’autres horizons. J’ai besoin de gens comme toi, et tu es pour l’instant le seul que j’ai croisé depuis deux ans, je ne vais pas laisser passer cette occasion. J’espère ne pas me tromper, il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas, mais j’y crois. Donc au boulot, tu as à ta disposition tous les éléments qui peuvent te conduire à une grosse situation. Voilà, on se revoit dans une dizaine de jours et à ce moment-là, si tout va bien, on bossera ensemble très souvent. Bienvenue, et bonne soirée, je te souhaite de réussir. »
« Steven, je te remercie pour la confiance que tu me fais, je pense avoir tout compris, d’accord, tu peux compter sur moi, je vais faire le maximum. Et si on est appelés à travailler souvent ensemble, c’est quelque chose que je ne peux qu’apprécier. J’en serai heureux et je t’en remercie. Bonne soirée pour toi, on se revoit bientôt. »
« Bye, et silence sur tout ça. Pas de fuites. »
« Ok. C’est compris. »
J’étais un peu dérouté par tout ce qui s’était passé aujourd’hui, un petit break me semblait nécessaire, j’allais donc m’installer dehors, au bar-piscine, à l’ombre, en commandant à nouveau un cocktail d’agrumes maison, un truc fameux inconnu pour moi cinq heures plus tôt !
Je remontai vers l’appartement vers dix-huit heures, pour vider les valises et le sac, et prendre aussi possession de mon territoire en me trouvant « chez moi ». Le rangement me prit une quarantaine de minutes et en faisant le tour des sanitaires, de la salle de bains et de la cuisine j’avais pu me rendre compte que mes deux « co-équipiers » étaient des garçons propres, aucun souci non plus de rangement, tout était parfait.
Thierry arriva juste après mon rangement, suivi à une minute par Jacques dont je fis la connaissance.
« Salut, François, j’ai entendu parler de toi à la réception tout à l’heure, bienvenue, je te souhaite le meilleur ici, et Thierry m’a dit que tu étais d’accord pour sortir dîner avec nous, tant mieux, le temps de prendre une douche et on y va. »
« Salut, Jacques, content de te connaître, j’espère ne pas perturber vos habitudes, il me faut me le dire, l’un ou l’autre, si c’est le cas… »
« Alors c’est très simple, tu vois on va sortir, ce soir nous serons trois, et c’est la première fois. Habituellement le jeune là, Thierry, ne viens pas avec moi, il va rejoindre sa grande Anglaise, et je me retrouve un peu seul, idem quand je rentre ici, il n’y a personne avec qui boire un coup en discutant un moment. Donc si maintenant on est deux, ça change tout et je vais dire merci à Steven d’avoir recruté ! »
« Oui, t’oublies de dire que quand même, on a deux soirées semaine où on doit être présents, plus les soirs où on dîne avec des résidents, alors c’est pas la faute d’Élisabeth si tu rentres tout seul trois fois dans la semaine, c’est à peu près la moyenne ! »
« Je sais, je te chambre un peu, tu as trouvé une copine ça marche bien entre vous, tant mieux. »
« Allez va prendre ta douche, après on file. Tu penses quoi, Palm-Mar ou Los Abrigos ? »
« François, tu préfères un village ou un désert en bord de mer ? »
« Si ce sont des endroits où on emmène les résidents, on peut faire le désert ce soir, demain je vous invite au village, qu’en pensez-vous ? »
« Excellent. Il est bien lui il nous invite… »
« Oui, merci, alors du coup, tu pourrais nous inviter ce soir plutôt que demain, parce que demain au village je vais demander à Élisabeth de venir avec nous si ça ne vous dérange pas. On avait prévu de sortir… Et là ça pourrait être sympa ! »
« OK pour moi. »
« OK pour moi aussi, donc ce soir vous êtes mes invités. »
L’endroit était incroyable, à cinq minutes de Playa Las Americas, la plus grosse station balnéaire de Tenerife, et de l’autre côté vers Ten-Bel le repaire des Belges, et des grands buveurs de bière, une route en terre, avec des ornières, et tout au bout la mer, quelques rochers, un bâtiment en bois, restaurant-bar, sans foule, mais connu malgré tout. Il était rempli à la moitié. Le soir avant vingt heures aucun Espagnol ou Canarien n’avait dîné, donc la seconde moitié se remplirait plus tard.
Le lieu dégageait une impression de bout du monde et d’une minorité très triée, connaissant et appréciant la cuisine du chef. Ce restaurant n’était référencé nulle part, ne travaillant que par le bouche-à-oreille.
Le repas fut magnifique, d’une simplicité extrême, mais vraie cuisine de l’île, uniquement des produits locaux, sauf pour le très bon vin rouge, il n’y a pas de vignes sur Tenerife, qui venait de Lanzarote, autre île des Canaries, la plus au nord, et la plus volcanique.
Conversations à bâtons rompus, anecdotes, conseils et astuces sur la façon de travailler, et de retourner une situation quand elle devenait négative, tout y passa. Il faisait doux, nous étions bien, et la soirée avançait, la terrasse et la salle étaient maintenant remplies, plus aucune place de libre.
Je demandais à mes deux acolytes s’il fallait réserver pour venir dîner.
Thierry me répondit en éclatant de rire, très amusé…
« Là, je ne suis vraiment pas sûr du tout qu’ils aient le téléphone ! »
« C’est vrai ? Bon, alors on fera à l’improviste ! »
Première journée dans ce nouvel univers, après une bonne nuit, je pris le café au bar en attendant Fred. Il est arrivé pile à l’heure, après le bonjour, il commanda un café « cortado-leche-leche », spécialité locale, avec du lait concentré et sucré au fond du verre et par-dessus l’expresso et quelques gouttes de lait frais. J’essaierai la prochaine fois. Le topo des journées à venir prévoyait quatre journées consécutives pour faire le tour complet de l’île, un quart à chaque fois, et hormis la visite et la découverte, en même temps la formation, exactement comme si nous étions en balade, moi le résident-client, et Fred qui conduisait, le guide chargé de m’expliquer le fonctionnement d’un abonnement VIP. La formule me paraissait bien mise au point, ni pression, ni stress, tout en découvrant des villages, des paysages et des choses magnifiques, inattendues, avec la mer en point de mire quasiment à chaque instant. Premier jour, égal premier quart, nord-est, la Capitale Santa Cruz de Tenerife et toute la partie étroite de l’île, qui ressemble plus ou moins à une tête de chien qui regarde vers l’Espagne. La formule de Fred est intéressante, il est sûr que je la réutiliserai ! Sans arrêt nous passions d’un environnement ultra sauvage et magnifique à des villages perchés en montagne entourés d’eucalyptus ou très typiques, ou vraiment résidentiels, comme La Laguna, superbe. D’autres sites comme la côte rocheuse Norte, Taganana, ou Punta del Hidalgo, étaient le paradis des surfeurs. Et pendant que les paysages défilaient, toutes les fonctions et les applications de la carte VIP m’étaient détaillées et expliquées. Je croyais à ce produit. Pour des personnes ayant les moyens de se permettre des vacances dans le budget d’une semaine à la Résidence il n’y avait aucune raison de ne pas s’abonner à cette carte. J’en fis la réflexion à Fred qui me regarda simplement, disant :
« Je suis de ton avis. »
Les journées se sont enchaînées, deuxième, puis troisième quarts, j’avais maintenant une connaissance élargie de Tenerife, en fait c’est un peu tous les continents réunis sur deux mille kilomètres carrés.
Restait le dernier quart, celui où nous nous trouvions, le sud-est, mais Fred préférait le nommer « le plus dangereux ».
C’était celui où était implantés la plupart des activités noctambules, les principaux hôtels de haut de gamme, les activités nautiques et les grandes plages et donc aussi tous les démarcheurs des résidences de Time-Share. Ils étaient chargés d’approvisionner leur site en clientèle recrutée dans la rue, et de les convoyer en taxi dans la périphérie de Playa Las Americas. Évidemment les résidents et clients de l’hôtel où nous vivions étaient des cibles parfaites et recherchées. Nous les mettions en garde, mais cela ne suffisait pas toujours et donc parfois le sujet arrivait dans la conversation au cours d’un repas pris avec eux, le midi ou le soir. Il fallait alors comparer les propositions entre la nôtre et celles reçues à l’extérieur. Souvent nous en sortions gagnants, mais il y avait aussi des résidents qui préféraient le système « multipropriété de vacances » appelé communément « Time-Share ».
La première semaine était écoulée, nous étions le samedi, il me restait à découvrir la rotation entre partants et arrivants, puis de participer aux deux « pots d’accueil » du samedi soir, et du dimanche midi.
D’après Fred il était probable que Steven m’intègre dans la ligne de cette semaine qui démarrait. Est-ce que j’étais prêt, me demandais-je à moi-même ? Oui, je crois, peut-être, si j’y vais c’est « ratage » interdit. Là, à ce moment je me suis mis la pression…
Dans la matinée, vers neuf heures, Coralie m’avertit que Steven voulait me voir à onze heures « au desk », et elle me conseilla d’être à l’heure.
« OK merci Coralie, oui je serai à l’heure, où est-ce le desk ? »
« Ah, tu n’y es pas encore allé ? C’est le petit bâtiment qui joint l’hôtel et la Résidence, on le devine à peine il est caché dans la végétation, et pour y entrer en partant d’ici tu passes derrière les ascenseurs, il y a une porte grise, tu sonnes et on te fera entrer. »
« Merci, je ne connais pas effectivement, avec Fred et Steven, nousnous sommes vus au bar. »
« OK, tu iras toutes les semaines, samedi matin c’est jour de paye ! »
« D’accord, compris, bonne nouvelle ! »
À onze heures je frappai à la porte de Steven, il vint m’ouvrir en me serrant la main et avec le sourire.
« Salut François, tu es à l’heure, c’est parfait, est-ce que tout va bien ? »
« Bonjour, Steven, oui tout va bien. »
« J’ai parlé avec Fred, il est très content, tu as bien bossé, pour lui tu es prêt, j’ai donc décidé de t’inclure dans la ligne, je vais prévenir les cinq autres à midi. Je crois que tu ne les connais pas tous, Stéphanie, Gilles et Karim ont été surbookés en début de semaine et ensuite tu étais en visite avec Fred, donc vous ne vous êtes pas encore croisés. Ils n’habitent pas au même endroit que toi Jacques et Thierry. Si tu veux rejoins nous au barà midi et demi, je te les présenterai. À part cela, je suis satisfait par l’avis de Fred qui considère que ça devrait bien fonctionner pour toi, tout est en marche pour que tu arrives à ce que je souhaite, et ça commence par une bonne future semaine pour toi. Tu auras trois couples en premier, tu vas travailler en binôme avec Thierry, et donc ses trois couples à lui tu les prendras en second. J’ai essayé de faire simple, c’est à mon sens le mieux possible, et cette semaine, sur leurs profils, tous les couples sont bons. Je te souhaite bon courage et bonne réussite. À tout à l’heure, et en sortant va voir Helen, la grande blonde, une Anglaise qui fait les comptes et aussi prépare les payes. Elle doit avoir une enveloppe pour toi, et elle en aura une chaque samedi. OK ? »
« OK, Steven. Je suis prêt, et… merci pour tout ! »
Tout allait vite ici, d’un autre côté je prenais ça calmement, il n’y avait pas à courir, à s’inquiéter, les nouvelles tombaient souvent de façon impromptue et inattendue, mais en réfléchissant c’était prévisible. La seule inconnue dans les diverses situations : à quelle date et à quelle heure la décision de changement va-t-elle tomber ? On est toujours surpris quand la réponse est « Aujourd’hui », mais dans le fond on sait qu’elle va tomber. Je ne connaissais pas Helen, une jolie femme, qui me dittout de suite :
« Bonjour, François, j’ai une enveloppe pour toi, je serai heureuse de te revoir la semaine prochaine, parce que là tu viens d’arriver, et donc tu n’es pas bénéficiaire du chiffre francophone de la semaine. C’est le minimum que tu vas toucher aujourd’hui, ça ne se reproduira pas. »
« Merci, Helen, tu parles remarquablement bien le français, bravo ! »
« Mon mari est français et mes enfants ont la double nationalité et ils sont, bien sûr, parfaitement bilingues, bien qu’encore très jeunes ! »
« Félicitations, et je suis heureux de te connaître. »
« Moi aussi, Steven m’a parlé de toi, je te souhaite plein succès. »
« Merci bien. À la semaine prochaine alors, ce sera avec plaisir ! »
« Yes, bye ! »
À la réception il y avait un embouteillage. Les partants attendaient les taxis, le minibus qui faisait la navette entre la résidence, l’hôtel et l’aéroport, plein à chaque voyage aller et retour. Quatre hôtesses étaient présentes à l’aéroport pour regrouper tous les arrivants, et six autres s’activaient ici avec l’aide des équipes pour diriger les arrivants vers leurs appartements. Une organisation bien contrôlée, et il n’y avait aucune impatience, aucun énervement, juste quelques regards un peu mélancoliques dus au fait de rentrer sur le continent après le séjour terminé. Midi, je vis Steven se diriger vers le bar, et au même instant Thierry et Jacques passaient, allant dans la même direction…
« Hé, tu viens avec nous ? »
« Salut, Thierry, pas tout de suite, je vous rejoins tout à l’heure. »
« OK, à tout’ répondit Jacques. »
Ils étaient trois, les suivant, j’ai pensé que peut-être c’était Gilles, Karim et Stéphanie. On verra si je me suis trompé. Hormis le groupe francophone il n’y avait personne au bar, je les rejoignis comme c’était convenu, chacun chacune m’accueillit avec le sourire, ajoutant des encouragements pour la semaine à venir.
« Je vous remercie, je connais Thierry et Jacques, nous habitons le même logement. Pour vous trois, Gilles, Karim et Stéphanie, on ne se connaît pas encore, mais on a la journée d’aujourd’hui pour ça. Rien n’est perdu ! »
« OK, moi ça me convient, on pourrait tous déjeuner ensemble à midi » « Bonne idée Stéphanie, est-ce que tout le monde est d’accord ? »
À l’unanimité, OK général…
Steven nous donna alors la liste des arrivants et ses choix de répartition entre nous pour la semaine, six en ligne, donc trois paires ce qui évitait qu’une personne travaille moins que les autres.
La réunion se termina rapidement, Steven avait beaucoup d’autres choses à régler et donc ne s’attarda pas quand Jacques annonça :
« Avant qu’on aille déjeuner, je paye ma tournée, j’ai fait un gros score cette semaine et c’est avec vous quatre puisqu’à un moment j’ai tourné avec chacun de vous. »
« Bonne idée, on se fait une tournée de Campari-Soda ? »
« Oui on peut, c’est samedi, jusqu’à seize heures l’alcool est toléré ! »
En fin de journée, nous étions tous opérationnels, on se connaissait mieux, tous étaient des trentenaires, sauf Jacques qui arriverait à cinquante ans dans quelques semaines, et moi, quarante-cinq.
La soirée se passa sans aucun problème, augurant peut-être d’une bonne semaine, et le lendemain midi trois couples, arrivés tard dans la soirée, furent présentés à Gilles, Jacques et moi, ma première impression étant que tous ces résidents présents étaient heureux d’être là, appréciant aussi réellement le confort dans lequel ils étaient installés. Les plannings pour les visites et les activités avec tous nos résidents s’organisaient, pour ce qui me concernait j’avais lundi, en bus, une excursion toute la journée avec déjeuner en route, mardi un restaurant le soir au Casa-Club, et une autre excursion en voiture cette fois, le mercredi avec repas le midi en extérieur. De son côté mon partenaire, Thierry me passait l’un de ses résidents le mardi pour une balade avec repas le midi en extérieur, et deux autres pour le jeudi et le vendredi, en bus les deux. Une fois tout cela noté je me dis que finalement on travaillait beaucoup et pour ceux qui imaginaient que l’on était en vacances toute l’année, on pouvait leur montrer qu’ils étaient dans l’erreur ! La semaine passa, il y avait dix-sept couples ou familles présents, et à partir du mercredi on commença à enregistrer les résultats. Petit à petit les « paires » affichaient leurs résultats, Stéphanie et Karim quatre sur cinq puis Jacques et Gilles cinq sur six et après le dernier tour du vendredi, avec Thierry nous avons fait aussi cinq sur six. Un bon score, Steven était satisfait, cette semaine, pour une fois, c’était notre ligne francophone qui avait le meilleur score par rapport aux autres lignes. Un joli quatre-vingt-deux pour cent d’efficacité, cela faisait partie des dix meilleurs scores de l’année.
Côté revenus pour chacun cela correspondait à trente pour cent en plus du minimum de la semaine, quarante-mille pst plus quatorze mille, pst, pas mal, l’équivalent de deux mille deux cents francs environ.
La deuxième semaine me fit travailler avec deux autres membres de la ligne, et là ce fut plus difficile. L’un des résidents de Gilles n’avait pas du tout apprécié la visite en bus, il s’était senti agressé et harcelé pour donner un accord qu’il ne souhaitait pas, et regrettait presque d’être venu. En outre ils avaient visité une résidence de Time-Share le jeudi, réservant leur réponse, heureusement, car ils devaient y retourner le vendredi soir. C’était la dernière journée, je les avais donc, sa femme et lui, invités au déjeuner le midi.
Nous nous étions installés à l’extérieur en terrasse et à l’ombre, l’endroit était superbe avec la mer en point de vue. Sans que la conversation soit orientée sur la carte « privilège »,je profitai d’une réaction de sa femme sur le point de vue et la sérénité de l’endroit pour faire un parallèle avec les résidences de Time-Share. Et surtout la solidité et la qualité de notre système, qui était moins répandu puisque uniquement Européen « pour le moment », mais où il n’y avait pas de mauvaises surprises. Devant le plaisir de sa femme, lui est revenu vers moi en disant, pour le plus grand bonheur de sa femme :
«Ce que vous dites est vrai. Et ce que ma femme dit est vrai aussi. Pouvez-vous me réexpliquer votre système de carte, je n’ai peut-être pas bien compris votre jeune collègue, il était vraiment trop énervé. »
À ce moment-là, j’ai parié avec moi-même que j’allai y arriver. En milieu de repas il a pris sa décision : « C’est bon, on fera le nécessaire après le repas. » Il avait choisi le niveau le plus haut, et d’un coup l’ambiance était devenue très détendue, sa femme était radieuse.
Stéphanie la veille, avait un dîner au Casa-Club avec une famille, elle ne savait pas trop comment s’habiller, et redoutait le choix des plats sur la carte n’ayant jamais eu l’occasion dans sa vie de dîner dans un endroit aussi huppé que celui-là.
On en parla un peu, je lui expliquai que la tenue dans laquelle elle se sentait le mieux, comme celle qu’elle portait samedi pour la réunion, convenait tout à fait, et pour le choix des plats elle devait demander au maître d’hôtel comment ils étaient préparés et avec quels produits. C’est normal de se renseigner quand on parle de grande cuisine. Ses résidents étaient des gastronomes, donc elle devait les laisser faire et choisir eux-mêmes et, s’il y avait à un moment une question concernant le vin à choisir, elle pouvait sans aucun risque leur conseiller le rouge de Lanzarote.
« Ne panique pas, si le repas, l’ambiance et le cadre sont à leur goût ils ne refuseront pas la carte “Privilège” que tu as proposée. La seule question à leur poser est : “Est-ce que cette soirée vous a plu et est-ce que vous reviendrez un jour nous voir ?” S’ils te répondent “oui”, tu as gagné ! Ils accepteront, et oui, ils reviendront. »
Le vendredi matin, au briefing, elle m’avait dit qu’elle n’avait pas eu à poser la question, ils avaient pris leur décision tout seuls en mangeant leur poisson. Elle ne me parla plus de ses tenues vestimentaires ou de ses craintes par rapport au Casa-Club, elle avait franchi une étape sans s’en rendre vraiment compte, mais en étant beaucoup plus détendue, ce que toute l’équipe remarqua.
Peu de temps après Steven nous réunit tous un vendredi rare où aucun rendez-vous n’était prévu pour ce jour, les résultats étaient connus, ils étaient très bons, quatorze sur quinze, tout allait bien.
« Bon, voilà, tout le monde est là, c’est bien, vous travaillez bien tous et cela dure, ce n’est pas un feu d’artifice, c’est un feu continu. Et je vous en félicite. Aujourd’hui je vous ai réunis pour vous dire que je suis obligé d’arrêter mon rôle de Line-Manager parce que j’ai une charge de travail trop importante pour tout faire convenablement. Je pense donc, et vous allez me donner votre avis, que François peut prendre cette charge, tout en continuant de tourner avec vous puisque cette équipe de six fait des miracles toutes les semaines. Qu’en pensez-vous ? Que chacun me donne une réponse. As-tu quelque chose à ajouter, François avant qu’ils répondent ? »
« Oui, merci Steven, tourner avec tout le monde me convient, c’est une bonne solution, mais j’aimerai assez que l’un d’entre vous puisse m’aider, la sélection et la répartition des arrivants méritent beaucoup d’attention et si Karim l’accepte, j’aimerai qu’on le fasse ensemble. »
« Oh, François, je ne m’y attendais pas du tout, si ça ne gêne personne je suis d’accord. »
« Très bien dit Steven, alors qui est pour, levez la main droite, et qui est contre, levez lamain gauche, la solidarité dont vous faites preuve est votre moteur, je pense que Karim pour aider François c’est bien. »
Cinq mains droites se sont levées, je les remerciai tous. L’ambiance était au beau fixe, je dis simplement :
« Merci, c’est sympa on forme une vraie équipe, je vous invite, on va aller déjeuner tous ensemble chez les pêcheurs de Los Abrigos. OK ? »
« Moi je vous laisse, mon repas ce sera un café et un croissant, bye. »
Steven partit au pas de course.
« OK pour le poisson ! on y va, on passe par le bord de mer, à pied ? »
L’accord était total. Cette équipe fonctionnait bien et possédait un mental très fort. La confiance était réciproque entre tous, c’était aussi un point très important.
Après le restaurant, et n’ayant plus rien en vue avant le lendemain en fin d’après-midi, hormis Thierry parti retrouver sa chérie anglaise, pour les autres nous avons décidé de se retrouver le soir pour descendre dans l’une des boîtes de nuit à Playa Las Americas et y passer la soirée, sans vraiment l’envie de se presser pour rentrer.
Le retour le lendemain matin fut un peu laborieux, après une douche et un café je me couchai pour dormir au moins quatre heures, en fait ce fut six, et je ne suis allé voir Helen qu’en début d’après-midi.
« Oh, oh là là, tu as une toute petite mine ! »
« Ah bon ? C’est à ce point ? Pourtant je viens de dormir six heures… »
Le temps passait, les heures de travail par semaine dépassaient la soixantaine, mais dans un cadre tellement différent de tout ce que j’avais connu jusqu’à présent que rien ne me paraissait difficile. Je me trouvai bien dans cet immense paquebot qu’était l’hôtel, doublé de sa résidence voisine. Pour tous les appartements luxueux de la résidence, le personnel de service nécessaire était inclus. Cela permettait de passer des vacances sans aucune tâche ménagère. Et les repas qui étaient commandés à la réception pouvaient être livrés en appartement à l’heure choisie, midi et soir, tout était possible.
Et un matin, Steven me convoqua au fond du bar, pour un entretien dont j’ignorai tout. Nous nous étions vus il y a cinq jours, aujourd’hui vendredi c’était pour moi vraiment inhabituel. Quelle était la raison de ce rendez-vous, a priori urgent, qui justifiait sa demande ?
Je le retrouvai installé devant un café et m’installai pour l’écouter, il m’expliqua qu’il comptait sur moi pour s’occuper de la formation de tous les nouveaux recrutés qui arriveraient dans le groupe, et pour ce faire il m’envoyait pour six mois à Lanzarote. Une île des Canaries, bien plus petite que Tenerife, assez peu fréquentée par les francophones.
Il s’attendait à un développement rapide du tourisme européen, et donc il anticipait en installant dès à présent une équipe d’accueil composée de Français et de Belges, arrivant la semaine suivante.
Je fus très surpris par cette proposition, cela faisait un peu plus de six mois que j’étais arrivé, et j’étais enchanté d’avoir été repéré par ce Boss impressionnant, mais je me trouvai bien à Tenerife et n’avais pas trop l’envie d’en partir. Il m’a vite fait changer d’avis, proposant des conditions de vie très intéressantes, y compris côté revenus !
« Voilà, depuis que tu es arrivé, tu as fait ton chemin, ton travail ici pour tenir la ligne et arriver aux objectifs est parfait, tout le monde y a gagné, grâce à toi Gilles n’a pas été viré et Stéphanie s’est décoincée. L’équipe est solide, je ne vais pas recruter, tu m’en as donné l’idée, c’est Karim qui prendra ta suite, je tiens à garder Thierry et Jacques en ligne, ils cartonnent tous les deux, et aucun des deux n’aurait envie de prendre ta place. Je t’ai dit un jour que je comptais sur toi, ça commence aujourd’hui. Ici, tu termines demain, OK ? »
« Waouf ! OK Steven, je suis surpris, en même temps un peu inquiet parce que pour le moment j’ai compris, mais je dois réfléchir un peu à tout ce que cela implique. Je suis d’accord, j’y vais, après de moi face à moi il va falloir que je me cause ! Bien. Alors j’ai le droit de t’inviter ce soir, on boit un verre et on dîne en plein désert. D’accord ? »
« Ah oui, OK. Et si on emmenait les cinq avec nous ? »
« Tu as raison. Excellent. Ça va souder le groupe, et en même temps tout est transparent, je pourrai partir l’esprit tranquille. Je les préviens tous, il n’y avait aucun dîner avec les résidents prévu aujourd’hui. Dix-neuf heures trente au bar ? »
« Ok. Tu m’as invité, merci, mais en fait c’est moi qui paye. Tu paieras un verre à tout le monde si tu veux. Et demain passes voir Helen donnes lui la clé de ton compte bancaire, tu seras payé en virements pour les premiers mois. »
« Ça marche, je ne suis pas encore redescendu sur terre. Tout est OK. »
Nous étions en automne, début octobre, et la foule de l’été était repartie. Une saison beaucoup plus tranquille allait commencer, avec le traditionnel mois de novembre, le plus creux de l’année, donc propice aux formations. Connaissant les situations géographiques des hôtels et Résidences du groupe j’imaginai que peut-être cette fonction nouvelle pourrait me faire voyager souvent entre les îles ici, mais aussi hors des Canaries… Sympa, peut-être Paris un jour ou l’autre ?
Dans l’immédiat, bouclons une nouvelle fois les deux valises et le sac ! Mais cette fois avec un gros moral…
Première impression, la taille de l’aéroport est tout à fait extraordinaire par sa petitesse. On croirait se trouver dans une « gare de banlieue », un choc réel par rapport aux grands aéroports internationaux…
Le calme de l’endroit est étonnant, peu de trafic et peu de voyageurs, avant de sortir du grand hall, déjà un sentiment de tranquillité et de sérénité. Il est certain que la foule, bruyante, envahissante, parfois stressante, est inconnue ici, et cela est une vraie bonne nouvelle !
Ceci étant, lorsque l’on survole Lanzarote, juste avant l’atterrissage, on a vraiment l’impression d’arriver sur la Lune. Des volcans, encore des volcans, certains avec des fumerolles, un sol rouge, parfois très noir, sans beaucoup de zones construites, cela est assez rare dans cette dernière décennie du vingtième siècle.
Une fois sorti de l’aéroport, dans le taxi m’emmenant vers la Costa Teguise, endroit « chic et classe » de l’île, je ne quittai pas la route du regard, étonné de voir toute cette vie au cœur des villages, ces maisons blanches impeccables, la propreté et la beauté des lieux.
Lanzarote m’est tout de suite apparue comme une île plus fermée et nettement moins touristique que sa grande sœur Tenerife, mais aussi possédant un réel niveau d’écart quant aux conditions de séjour que l’on pouvait y trouver.Il y avait une réelle possibilité de créer une Résidence de « Haut de Gamme », l’ambiance d’ici était « cool et zen » !
Le Boss avait bien vu, moi j’étais enchanté par le cadre. En arrivant à destination j’eus la confirmation que l’emplacement était idéal.
L’accueil fut très chaleureux, tous se sont empressés de marquer une grande satisfaction de savoir que des touristes venant de France, de Belgique, de Suisse et d’ailleurs, allaient arriver toutes les semaines. Ça permettra un remplissage presque complet permanent. Actuellement le remplissage tournait autour de soixante, soixante-dix pour cent, les revenus de chacun étant liés à l’activité, plus de touristes c’est aussi plus de revenus !
« François-René, tout le monde ici te souhaite la bienvenue. »
« Merci Sarah, merci à vous tous, demain à midi, je vous offre un lunch, on en profitera pour expliquer tout ce que l’on va mettre en place et organiser ici. Il va y avoir du changement, en mieux pour vous tous. »
La mer est au bout de la piscine, le soleil est là, tout comme le vent, indissociable de Lanzarote, il est présent tous les jours de l’année, en balayant sans cesse tout ce qui pouvait être emporté…
Après m’être installé, je fis le tour complet des installations, y compris le parc des dromadaires, véritables tous terrains pour les balades sur l’île. Cela me permit de m’assurer que cette arrivée ici correspondait sûrement avec une rapide progression d’activité. Tout était en place pour attirer une clientèle plus argentée que sur Tenerife, et aussi plus intéressée par une destination insolite à vivre en « avant-première », dans des conditions confortables au milieu d’une nature exceptionnelle, un peu inquiétante et cependant magnifique.
Le soir, bien fatigué, je ne traînais pas, la nuit fut bonne et réparatrice.