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Le Cameroun, souvent surnommé « l’Afrique en miniature » ou le « continent camerounais », est un pays d’une grande complexité, souvent obscurci par une médiocrité systémique. Pour mieux appréhender ce pays, l’auteur a exploré l’histoire des divers peuples camerounais et partagé ses découvertes à travers des correspondances qu’il adresse à ses amis. Il examine trois aspects majeurs : les doctrines – croyances et principes fondamentaux –, les faits – événements historiques, sociaux, économiques – et les comportements – actions et réactions des individus et groupes –. Ces éléments sont étudiés pour saisir la diversité culturelle et l’identité nationale du Cameroun, montrant comment ils interagissent pour façonner le pays et sa société.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Daniel Tongning est un auteur prolifique qui brandit sa plume afin de restituer au monde sa part de vérité des faits. Il a rédigé plusieurs ouvrages dont "Dans les Chemins de la Liberté, énonciation d’une Pensée", publié aux Éditions de Midi et "Le bonheur de regarder dans la vie" paru chez Le Lys Bleu Éditions.
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Daniel Tongning
Doctrines, faits et comportements
au Cameroun
Le constat
Essai
© Lys Bleu Éditions – Daniel Tongning
ISBN : 979-10-422-3892-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Pour connaître et reconnaître un peuple, il est raisonnable de regarder sa doctrine, ses faits et ses comportements, éléments essentiels pour comprendre son identité et sa culture. Le Cameroun est un pays des peuples et de plusieurs cultures. C’est une masse dans laquelle nous plongeons notre regard pour apprendre de ce qui fait la complexité de ce pays singulier.
La doctrine d’un peuple d’abord. Elle est, dans cette entreprise, ce qu’il faut considérer en premier en ce qu’elle fait référence aux croyances fondamentales, aux valeurs, et aux principes qui le guident. Elle est religieuse, philosophique, politique, ou sociale. Ainsi, celle qui caractérise la chrétienté repose sur les enseignements de Jésus-Christ et les Écritures saintes. En pays Bamiléké, la doctrine religieuse repose sur la vénération des ancêtres, les discours, les chants et danses de « Nsy ».
Les faits ensuite. Ils sont, eux, des éléments concrets et vérifiables qui caractérisent un peuple. Ils incluent l’histoire, la géographie, la démographie, l’économie et nous ne sommes pas exhaustifs. Les faits historiques tels que les événements marquants que sont les guerres, les migrations, les découvertes scientifiques, les gestions diverses, façonnent l’identité d’un peuple et conditionnent ses comportements.
Les comportements en fin. Si chaque individu en a, un peuple, à plus forte raison, doit avoir les siens. Alors, on a affaire à ses actions, ses habitudes, et ses interactions sociales. Ils sont influencés par la culture, les traditions, et les normes sociales. Ainsi donc, la façon dont les gens se saluent, se nourrissent, s’habillent, et célèbrent les événements variera d’une culture à une autre, d’un peuple à un autre. À ce propos, l’anthropologue Melville J. Herskovits soulignait que la Déclaration des droits de l’homme devait tenir compte à la fois de l’individu et du groupe social auquel il appartient. Aussi, dirons-nous qu’il est essentiel de respecter la diversité culturelle tout en protégeant les droits individuels.
La compréhension des doctrines, des faits et des comportements d’un peuple nous permet, en somme, d’appréhender sa richesse et sa complexité. Chaque groupe humain est unique, et la beauté du monde réside dans cette diversité.
La doctrine, c’est aussi ce sur quoi repose la souveraineté. Ainsi donc, dès lors qu’elle s’habille des vêtements de la souveraineté, elle est ce qui identifie comme souverain le peuple, au sens de l’ensemble de la population et donc, la somme de tous les individus par opposition à la nation qui, elle, est un corps abstrait.
C’est, en considérant cet ensemble des choses que nous avons pensé qu’en voyageant au Cameroun et en rendant visite à chacun de ses peuples qu’on y nomme ethnies, et plus particulièrement les régions ayant une forte organisation monarchique qu’on y nomme chefferie, il était possible de montrer que ces peuples sont doués des doctrines, des comportements et connaissent des faits qui font leurs histoires depuis le commencement du monde.
J’ai, aussi, en visitant en son temps le Sénégal ; en allant jusqu’en Gambie et en sillonnant le Sine Saloum, appris que chaque peuple, spirituellement a ses lieux saints. Au débouché du delta du Saloum au Sénégal, il y a la pointe de Sangomar. C’est à la fois un lieu chargé d’histoire, et un endroit stratégique pour les navigateurs en raison de sa barre et de sa position en aval du port de Kaolack ; un endroit qui représente, dans la tradition religieuse sérère, un lieu saint. Le crépuscule y est un moment magique. Le ciel et la mer, en ce lieu, se fondent dans une symphonie de couleurs qu’on ne trouve que là-bas. La pointe de Sangomar est, pour ainsi dire, réputée être un lieu de rassemblement des génies qui, spirituellement, font les esprits de Sangomar.
Là, aussi, j’ai appris que le peuple Sérère avait ses doctrines, connaissait dans son évolution des faits qui impactaient et commandaient ses comportements. De même, à Marseille, au pied de la Basilique Notre-Dame-de-la-Garde, souvent surnommée « la Bonne Mère », il y a aussi des doctrines, des faits et des comportements. C’est en ce lieu-là, au pied de « La bonne mère », que Nako dit l’Expert, Ndjeck dit l’Inquisiteur et Téjio dit le Voyageur se sont rencontrés, après que, chacun dans sa quête de la compréhension du monde, ait visité plusieurs pays, traversant l’Asie et sillonnant l’Europe à la rencontre des cultures, et décidèrent que, pour le compte de tous, Téjio dit le Voyageur, voyagera pour préparer le retour de tous dans le pays natal. L’un des héros-voyageurs, dit « Inquisiteur », aime dire comme, peut-être le disaient, en leur époque les marins qui arrivaient à Marseille les paroles que voici : « Sainte Bonne Mère de Marseille, protège les marins qui sont sur terre, et que ceux qui sont sur mer se démerdent ».
Comme nous étions à Marseille, je compris qu’il invoquait la protection de la Bonne Mère, pour lui et l’Expert qui restaient, à l’abri, dans cette belle ville de Marseille, et me demandait de me démerder, moi qui allais être en voyage à travers le beau Cameroun.
Pour commencer, nous posons pour postulat que, partout, dans le monde, il y a des traditions, des doctrines, des faits qui par des événements successifs donnent à observer les évolutions, des comportements et permettent d’identifier, de reconnaître chaque peuple de telle sorte que, nul ne peut dire, sauf sous le commandement de l’ignorance et de mépris, qu’il y a des peuples sans histoires et donc inférieurs, qu’on devrait mater, dresser, dominer, et asservir.
Ici, le voyage emmène à des rencontres ; donne à parler avec les personnes rencontrées ; à apprendre d’elles, à observer leurs sociétés, à constater et à partager les leçons de la vie de chez elles et d’ailleurs et par conséquent, à lever le voile de l’ignorance sur le moi des peuples bien peu connus ou considérés comme tels…
DT.
Tenir des propos sur les doctrines des peuples autochtones, c’est ouvrir les yeux sur ces choses qui sont ce qui fournit l’interprétation des règles, et dégage les lignes de force explicites des systèmes d’organisation (juridique, politique ou autres) qui y ont cours ; en fait ressortir leur rationalité propre et les rend intelligibles. En tenant ces propos, il s’agit, en quelque sorte, d’introduire dans le débat, la question de ce qui rend intelligibles ces peuples ; d’emmener quiconque est curieux à les penser, et cela est profondément philosophique.
Téjio le Voyageur
À monsieur l’Expert
Ce mois de septembre 2022
Mon cher ami, voilà, nous sommes le quinze septembre, soit deux jours après que mes pieds aient touché le sol de ce pays. Au téléphone, tu me poses déjà des questions comme si tu avais peur que je me dérobe de ma promesse. Douze questions en si peu de temps, n’est-ce pas fastidieux ? Bien que je connaisse ce pays depuis l’enfance ; pays que, comme toi, j’ai quitté à un âge où il est interdit d’oublier ce qu’on a vécu et appris, je dois te dire, et tu le sais, que l’absence nous entraîne toujours loin de la réalité.
La réalité, chacun le sait ; toi aussi, est l’histoire qui, sans cesse se nourrit des événements et jamais, ne dort. La réalité, en plusieurs propos, ce sont les fondements de notre société ; ce sont vraiment, et on peut la comprendre ainsi aussi, les canons de notre religion traditionnelle bref, la réalité, c’est le caractère de ce qui est, et bien réel, et fait qu’on dise : celui-ci, vraiment, est mien ; cet autre est mon voisin et celui qui vient à nous est l’étranger et ainsi de suite.
Dit comme cela, elle reste cependant un mystère et la curiosité voudra qu’à son sujet, on dise encore un mot, une histoire qui enseigne que, malgré nos connaissances, nous sommes toujours, au vu des évolutions des choses, des ignorants qui doivent sans cesse apprendre ; sans cesse se cultiver.
Un maître des collèges à ce propos disait à ses jeunes apprenants qui, inquiets pour leur devenir dans un pays où l’avenir interroge plus que ne rassure, et qui voulaient, les pieds bien sur terre, savoir ce qu’était la réalité du monde aujourd’hui, que la réalité du pays aujourd’hui, comme celle de tout pays dans le monde, était un ensemble de phénomènes considérés comme étant d’autorité, et naturellement bien existant, avec une effectivité incontestable.
Tu vas sans doute me dire qu’ici, on joue à un jeu d’esprit. Il avait affaire, mon cher ami, à des jeunes plus curieux qui n’avaient pas compris la vie d’aujourd’hui, et voulaient plus d’explications sur le monde de la vérité et donc, de la réalité. Il ajoutait, ce bon maître, avec la conviction des seigneurs de la connaissance des choses, de la sagesse et de l’intelligence, qu’il s’agissait d’un concept qui désignait ce qui était physique, concret, et donc, était par opposition à ce qui, dans la vie est imaginé, rêvé ou est fictif. Il aima aussi leur dire qu’en psychanalyse, et selon Freud, les concepts de réalité et du plaisir étaient deux principes du fonctionnement mental.
Quand on désire une chose ; une position, il faut qu’après l’action, il y ait concordance avec la réalité si les réalisations ont obéi aux normes qui la fondent et l’installent dans la vérité. La réalité psychique, dit-on, a trait au désir inconscient et aux fantasmes qui s’y greffent. Dans la religion Yemba, voire chrétienne, les pieux croient en la présence réelle de Dieu, et se nourrissent d’une doctrine. Ici, je ne m’en vais pas parler de la doctrine Yemba en la chose. Pas encore. Je vais juste répondre aux questions que tu m’as posées.
Tu me demandais comment j’allais. Je suis ému par ta sollicitude lorsque de mémoire, je t’ai toujours vu loin de cette attitude, de cette réalité ; non pas que tu n’éprouvasses point d’affection, mais parce que c’est, et ça a toujours été de ta nature d’être ainsi. Rassure-toi ; ami très aimé ; je ne te le reproche pas cette manière d’être ; mais remarque seulement que le fait est assez surprenant pour être souligné, et cela flatte, bien évidemment notre admiration.
Je vais bien ; rassure-toi ; je viens d’arriver au village. Je garde encore mon entrain et, vois-tu, mon niveau d’empressement n’est pas entamé. Cependant, depuis l’aéroport, j’ai remarqué des manières de gagner sa vie qui interpellent la curiosité et j’y reviendrais certainement. Je n’oublie pas que tu voulais savoir comment sont et font les gens ici. Comment te le dirais-je maintenant alors que je viens de poser mes valises ? Je sais que, comme tu es fort patient, tu attendras que je me sois assez entré dans la vie d’ici pour pouvoir te répondre. Comme tu n’oublies jamais rien sauf quand tu veux, je sais que tu me le rappelleras sans cesse jusqu’à ce que tu aies eu gain de cause et je compte bien là-dessus.
Mon cher ami ; tu es une majestueuse Seigneurie, mais j’ai l’impression que tu veux me faire pendre. Je ne sais pas d’où t’es venu l’idée de me poser des questions sur les manières de gouverner et sur la vie citoyenne des gens d’ici. Était-ce nécessaire de me le demander sans m’embarrasser ? Était-ce bon de me dire de parler de ces sujets-là, et qu’adviendra-t-il de toi ou de moi si ici, où je suis, on venait à savoir que tu t’intéresses à ce genre de vie qui est tout un mode et des pratiques bien commodes ici, et pour lesquels les gens d’ici vouent un culte et nomment liberté, et qui par ailleurs, est bercée par un social-culturalisme qui aime le libéralisme, le tout tenant en horreur le communisme et l’autocratisme totalitaire ?
Si tu y tiens toujours, le temps risquera de manquer, car, comment puis-je le faire sans les avoir regardés pour dire les choses dans leur exactitude, et donc sans me tromper à cause de la précipitation à juger les choses étrangères et à cause de la modernité des situations ? Comment ne pas attirer la curiosité et de la méfiance alors qu’on veut savoir pour davantage aimer ? Laisse-moi me fondre dans le paysage pour humer le bon vivre des gens d’ici ; laisse-moi me fondre dans le paysage pour mieux voir si, dans les familles, le chef de famille est le serviteur ou l’empereur ; si la mère est comme ailleurs la gardienne qui, avec amour, a les yeux sur tout et cajole pour rendre les cœurs heureux.
Oui, tu aimes bien les gens d’ici et plus encore, le pays où tu voudras vivre parce qu’il est depuis toujours tien. Je sais que tu apprends son histoire qui n’est pas toujours enseignée et qui continue de s’écrire. Je sais que tu veux investir ici et savoir sur les nouveaux comportements t’importe. Je vais te dire ce que j’y aurai appris pour satisfaire ta curiosité. Maintenant, la nuit tombe ; le soleil avance comme si la nuit le pressait de se dépêcher de s’en aller ; de ne pas empiéter sur son temps. Mais, je ne vois pas le soir élever la voix et, stoïque, fait comme il a toujours fait, et ainsi, la nature se garde de ne pas se départir de ses coutumes, qu’à chaque phase de notre vie, nous, spectateurs, contemplons avec émerveillement.
Ta patience me réjouira et me laissera le temps de bien ; de mieux observer ce monde que j’ai quitté il y a longtemps. Je dois aussi me rappeler qu’ici, mieux qu’ailleurs, les peuples ont, au commencement, leur doctrine et leur histoire qui continue de s’écrire et par des comportements, se construisent et toujours, veulent le bonheur avec une foi inébranlable en l’avenir.
Tu as, mon cher ami, mon affection de toujours, et l’amitié que je te garde à cause de notre humaine fraternité.
Téjio le Voyageur
À sa Seigneurie Ndjeck l’Inquisiteur
En cette semaine de la Pâque
J’ouïs dire, comme hier j’ai ouï dire, et que demain j’ouïrai dire, que la colonisation a apporté la civilisation. Non, non, elle n’a pas apporté la civilisation ; elle est venue découvrir une civilisation qu’elle a contestée par faiblesse d’esprit. Ici, il y avait déjà une ; et elle est venue perturber son évolution : elle est venue, ignorante, inculte sur les affaires de l’humanité ; propager avec la violence, des manières d’être et de faire des sociétés d’ailleurs au nom desquelles elle agissait. Les peuples qui, grâce à la colonisation se sont livrés aux déportations, n’ont rien de plus ou de moins que ceux contre qui ils ont montré de la haine, du mépris, de la violence, voire à des moments donnés, de la bonté, ou ont partagé leur savoir-faire, en occultant celui des peuples qu’ils croyaient civiliser.
Vois-tu, la colonisation n’a pas apporté de la civilisation, mais a eu le mérite de montrer que l’être humain est partout le même : il sait être violent ; cruel, mais aussi bon, aimable, tricheur selon les intérêts poursuivis.
Le pays que je vais visiter est un grand État moderne, mais qui reste une création modelée par le colonial dans sa version occidentale de la perception du monde. Cet État regroupe des peuples différents par leurs cultures. Pour former une grande nation, cet État s’efforce, depuis toujours, d’organiser autour d’un nom, des peuples pour en faire, à l’image de l’État jaloux de leur grandeur, un grand peuple multiculturel, le peuple camerounais, et une grande nation, la nation camerounaise.
Au Cameroun on compte entre autres, les peuples Kirdi, Bamiléké, Bassa, Bororo, Bulu, Tikar, Banyangui, Ewondo par exemple, et ce n’est pas tout. Ces peuples sont individuellement organisés en unités nationales dans des territoires donnés. Chacun d’eux, à partir de son territoire, est un État qui traite avec son ou ses voisins. Ce sont ces États qui sont regroupés dans l’État du Cameroun et ensemble, si chacun peut se distinguer, et se trouve à dire aux autres, qu’il est du Cameroun, chacun, pour ainsi dire, a sa doctrine et son histoire. Cela sied de dire que ce pays, le Cameroun, est fait des peuples aux doctrines, aux histoires et aux comportements spécifiques, qui ont donné au Cameroun d’aujourd’hui, sa propre doctrine, sa propre histoire et des comportements biens camerounais.
La doctrine d’un peuple, ou philosophie d’une nation autochtone n’est autre chose qu’un concept qui explore les principes et les idéologies qui façonnent l’identité collective et la conscience de chacun dans ce peuple. Disons donc un mot sur les origines de ces doctrines ; leur impact sur les sociétés et les défis qui se posent dans un monde de plus en plus globalisé, à l’image du Cameroun, organisme au sein duquel des peuples doivent désormais se développer et s’épanouir.
Au commencement, la doctrine des peuples autochtones repose sur l’idée que chaque nation possède une essence unique, définie par sa culture, son histoire et ses valeurs. Cette essence influence la manière dont les peuples se perçoivent eux-mêmes et interagissent avec les autres nations. À ce propos, on n’a qu’à regarder comment au nord, les migrants islamisés, fort de leur religion, ont traité les peuples autochtones au motif qu’ils étaient des païens par rapport à l’islam et donc de Kirdi (païens). Regardons comment est reçu au Sud l’émigrant venu d’ailleurs, du Nord ou de l’Ouest par exemple et dites si ces migrants ne subissent pas des propos-repoussoirs de la part des autochtones. Et dites au monde que ces autochtones ne pensent pas être un peuple unique et donc différent des autres qu’ils prennent pour envahisseurs.
Les racines de la doctrine des peuples comme discipline ou concept remontent aux philosophes de la Grèce antique, mais c’est à l’époque moderne que le concept s’est pleinement développé.
Mon ami ; mon cher ami ; toi qui aimes l’histoire des Grecs, dois être content que je dise les choses ainsi. Avec l’émergence des États-nations ; et tu dois être aussi content, la doctrine a pris de l’importance, et a servi de fondement à la souveraineté nationale et à l’autodétermination.
Sur le fondement de cette doctrine, le Kirdi, le Bulu, comme le Banyangui ou le Bassa, justifiera sa particularité et agira en citoyen de la nation kirdi, Bulu, Banyangui, Bassa par exemple. Elle a donc un impact considérable sur la société et agit sur la formation des politiques intérieures et étrangères des nations autochtones.
Cher ami ; je te vois me dire : qui dit mieux ? Il y aura toujours quelqu’un pour dire mieux une chose. C’est elle ; cette doctrine, qui encourage la préservation des traditions et est utilisée pour justifier la résistance au changement et à l’influence extérieure.
Les défis des nations autochtones sont aussi contemporains. À l’ère de la mondialisation, la doctrine des peuples est confrontée à des défis majeurs. La facilité des échanges culturels et économiques a remis en question l’idée d’identités nationales autochtones isolées et a suscité des débats sur le multiculturalisme et l’intégration. La doctrine des peuples, à ne pas en douter, continue d’être un sujet de discussion important. Pendant que certains la voient comme un moyen de préserver leur identité culturelle, d’autres la critiquent pour son potentiel à diviser et à exclure.
L’équilibre entre la célébration de la diversité et la promotion de l’unité globale reste un enjeu clé pour l’avenir des nations modernes comme le Cameroun. Ici, nous avons un aperçu de la complexité et de la pertinence de la doctrine des peuples dans notre monde actuel. Il souligne la nécessité d’une compréhension nuancée des identités collectives et de leur rôle dans la formation des sociétés harmonieuses et inclusives.
Avec, puisqu’il me faut prendre congé, votre seigneurie (comme tu aimes que je dise en m’adressant à toi), mon amitié de toujours.
Téjio le Voyageur
Aux amis Nako l’Expert et Ndjeck l’Inquisiteur
Ce jour du début d’octobre
Au moment de m’engager dans ce voyage à la rencontre des peuples du Cameroun, je suis conscient d’une chose ; celle de savoir qu’on ne peut comprendre un peuple et le traiter avec égard si on ne sait rien de sa doctrine et de son histoire. Qu’est-ce que la doctrine d’un peuple, s’en pressera-t-on, une fois encore, de s’interroger ? Même les esprits bien renseignés nous interrogeront en se disant que nous prenons un malin plaisir à intervenir dans leur spécialité. Nous ne sommes pas des spécialistes, mais, disons les choses en apprenant de ce que nous constatons et qui est bien réel.
Dans notre esprit, il s’agit de ce qu’on nomme concept et qui, pour le cas présent, est bien réel, complexe et se situe, pour les savants, à l’intersection du droit constitutionnel et du droit international. Chaque peuple, grand ou petit, a la sienne, et ne parlons pas des États qui, eux, en ont besoin et ne peuvent en être dépourvus.
Quand nous irons chez les Yemba, ou chez les Banyangui par exemple ou encore chez les Nguimba et les Bassa, les Bulu et le Kirdi, nous ne perdrons point de vue ces notions. Nous considérerons que ce qui est international pour les Yemba, pour les Bassa ou pour les Ewondo, concerne leurs relations avec leurs voisins et les peuples d’ailleurs.
Regardons cela : en droit international public interroyaumes en pays Bamiléké ; et il ne faut pas se moquer de ce propos, car le peuple dans un royaume Bamiléké n’a pas d’existence juridique en tant qu’entité distincte de l’État royal. Il est vrai que, définir juridiquement le peuple semble être une tâche impossible. Retenons simplement ; comme il est partout écrit, que le peuple désigne un ensemble d’êtres humains vivant sur le même territoire ou partageant une culture, des mœurs, et un système de gouvernement.
L’appréhension d’un peuple doit se faire dans son mouvement concret et reposer sur une intensité de volonté. C’est ainsi en pays bamiléké. Le peuple ; tous les peuples se révèlent par leur affirmation d’une volonté intrinsèque, puissante et spécifique. Sur le plan juridique, on dit qu’il n’existe pas de statut juridique du peuple en dehors de l’État. En pays Yemba, l’État est monarchique. Dans un État moderne, on observera qu’en droit constitutionnel, l’État est la personnification juridique de la nation.
Dans les royaumes Bamiléké, semblable constatation peut être faite et on dira que, ce qui constitue une nation en droit, c’est l’existence d’une autorité supérieure aux volontés individuelles dans cette société. On a cela dans l’État en pays bamiléké. La nation est l’État organisé en pouvoir politique, et tout État a vocation à apparaître comme une nation politiquement organisée. Chaque royaume en pays Bamiléké répond à cela et ce n’est pas tout. La nation n’existe pas juridiquement en dehors de l’État, et l’État lui-même est le fruit de la délégation de souveraineté aux organes du pouvoir politique, y compris la nation.
Au demeurant, la doctrine reconnaît que le peuple est dynamique ; est doté d’une volonté propre, et qu’il est indissociable de l’État dans lequel il s’organise. Le peuple ne peut être compris sans tenir compte des mouvements qui l’agitent et le poussent vers l’avant, de son histoire, et de sa spécificité. Les peuples du Cameroun sont vieux comme le monde. Leurs histoires sont individuellement et collectivement instructives. La colonisation est un fait qui est venu accélérer le mouvement de l’histoire des peuples au Cameroun, et permettre à ceux-ci de bien voir qu’ils sont dans l’universalité et pas à part ou ailleurs.
L’Église catholique, au XVe