Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
L'affaire Dominique Strauss-Kahn (ou affaire DSK) est une affaire judiciaire de droit commun qui fait suite aux accusations d'agression sexuelle, tentative de viol et séquestration de personne portées par Nafissatou Diallo contre Dominique Strauss-Kahn. Elle affirme qu'il aurait commis cette agression le 14 mai 2011, dans une suite de l'hôtel Sofitel de New York, où elle est employée comme femme de chambre depuis 2008. Devant les faits reprochés, la juridiction de l'État de New York procède à la mise en détention de Dominique Strauss-Kahn et engage une procédure pénale. Celui-ci nie les accusations et fait savoir qu'il plaidera " non coupable ". Le 19 mai 2011, un grand jury l'inculpe formellement. Le lendemain, il est transféré de la prison de Rikers Island à un appartement de New York pour y être placé en résidence surveillée. Le 6 juin, il plaide formellement " non coupable ", ce qui ouvre la voie à un procès pénal. Il est libéré sur parole lors de l'audience du 1er juillet, le procureur ayant formellement mis en doute la crédibilité de la plaignante. Son arrestation, qui connaît un retentissement international, entraîne sa démission de son poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI). Le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est directeur général du FMI, poste qu'il occupe depuis depuis le 1er novembre 2007. Il doit rencontrer, le 15 mai 2011 à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel, puis assister le lendemain à la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles , . Il bénéficie d'une importante popularité en France et est en tête des intentions de vote de la primaire présidentielle socialiste de 2011 et de l'élection présidentielle de 2012 , . Pour l'opinion publique et pour les médias, sa candidature est alors acquise. Le philosophe Bernard-Henri Lévy s'interroge sur le fait qu'une femme de ménage puisse se trouver seule " dans la chambre d'un des personnages les plus surveillés de la planète ", affirmant que dans " la plupart des grands hôtels new-yorkais ", il y a des " brigades de ménage composées de deux personnes ". Le groupe Accor, accusé de " connexions avec des officines ", notamment par le député socialiste de l'Eure François Loncle, réfute ces allégations. Le 21 juillet, une procédure disciplinaire est engagée contre le directeur de la gestion des risques du groupe, Xavier Graff, qui, le 24 juin, avait envoyé un courrier électronique " sur le ton de la plaisanterie " sur l'affaire.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 315
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
L’ AFFAIRE DOMINIQUE STRAUSS-KAHN
LA LUTE CONTRE LES FAUSSES ACCUSATIONS.
UN COMBAT CONTRE L’OMBRE NOIRE.
Copyright © 2011 -2020 Heinz Duthel
All rights reserved.
DEDICATION
« TOUT INCULPÉ A LE DROIT D’ÊTRE PRÉSUMÉ INNOCENT TANT QU’IL N’EST PAS DÉCLARÉ COUPABLE, CONFORMÉMENT À LA LOI, PAR UN TRIBUNAL INDÉPENDANT ET IMPARTIAL À L’ISSUE D’UN PROCÈS PUBLIC ET ÉQUITABLE. »
AFFAIRE DOMINIQUE STRAUSS-KAHN
Affaire Dominique Strauss-Kahn
Agression sexuelle
Viol
Séquestration (crime)
Sofitel New York Hotel
Accor
Les accusations bestiales
Demain vous ?
Pourquoi pas!
Aéroport international John-F.-Kennedy
Présomption d'innocence
Innocence (judiciaire)
Loi française du 15 juin 2000 sur la présomption d'innocence
Élisabeth Guigou
Garde à vue (droit)
Cyrus Vance, Jr.
Scannographie
Norman Siegel
Procureur des États-Unis
Benjamin Brafman
Parade d'identification
Tristane Banon
Libération sous caution
Détention provisoire
Résidence surveillée
Surveillance électronique
Global Positioning System
Audience préliminaire
Mise en accusation
Anne Sinclair
Robert Badinter
Bernard-Henri Lévy
Jean-Marie Le Guen
Vladimir Poutine
Libération (journal)
Virginie Despentes
Réseau social
ACKNOWLEDGMENTS
Le philosophe Bernard-Henri Lévy s'interroge sur le fait qu'une femme de ménage puisse se trouver seule « dans la chambre d'un des personnages les plus surveillés de la planète », affirmant que dans « la plupart des grands hôtels new-yorkais », il y a des « brigades de ménage composées de deux personnes ».
Le groupe Accor, accusé de « connexions avec des officines », notamment par le député socialiste de l'Eure François Loncle, réfute ces allégations. Le 21 juillet, une procédure disciplinaire est engagée contre le directeur de la gestion des risques du groupe, Xavier Graff, qui, le 24 juin, avait envoyé un courrier électronique « sur le ton de la plaisanterie » sur l'affaire.
VICTIMES D'ACCUSATIONS BESTIALES
Affaire Dominique Strauss-Kahn
L'affaire Dominique Strauss-Kahn (ou affaire DSK) est une affaire judiciaire de droit commun qui fait suite aux accusations d'agression sexuelle, tentative de viol et séquestration de personne portées par Nafissatou Diallo contre Dominique Strauss-Kahn. Elle affirme qu'il aurait commis cette agression le 14 mai 2011, dans une suite de l'hôtel Sofitel de New York, où elle est employée comme femme de chambre depuis 2008.
Devant les faits reprochés, la juridiction de l'État de New York procède à la mise en détention de Dominique Strauss-Kahn et engage une procédure pénale. Celui-ci nie les accusations et fait savoir qu'il plaidera « non coupable ». Le 19 mai 2011, un grand jury l'inculpe formellement. Le lendemain, il est transféré de la prison de Rikers Island à un appartement de New York pour y être placé en résidence surveillée. Le 6 juin, il plaide formellement « non coupable », ce qui ouvre la voie à un procès pénal. Il est libéré sur parole lors de l'audience du 1er juillet, le procureur ayant formellement mis en doute la crédibilité de la plaignante.
Son arrestation, qui connaît un retentissement international, entraîne sa démission de son poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI).
Contexte
Le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est directeur général du FMI, poste qu'il occupe depuis depuis le 1er novembre 2007. Il doit rencontrer, le 15 mai 2011 à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel, puis assister le lendemain à la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles , . Il bénéficie d'une importante popularité en France et est en tête des intentions de vote de la primaire présidentielle socialiste de 2011 et de l'élection présidentielle de 2012 , . Pour l'opinion publique et pour les médias, sa candidature est alors acquise , .
Arrestation et mise en accusation
Le 14 mai 2011, à 16 h 40, Dominique Strauss-Kahn est arrêté par la police new-yorkaise à l'aéroport international John-F.-Kennedy, peu avant le décollage du vol AF 023 d'Air France à destination de Paris , . L'appel téléphonique qu'il a passé à 15 h 29 de l'aéroport vers l'hôtel Sofitel pour signaler l'oubli d'un de ses téléphones portables dans sa chambre a permis de le localiser et de procéder à son arrestation , .
Placé en garde à vue au commissariat de Harlem , il est accusé d'avoir, quelques heures auparavant , agressé sexuellement une femme de chambre, Nafissatou Diallo, dans la suite no 2806 de l'hôtel Sofitel de New York où il séjournait. Âgée de trente-deux ans et installée aux États-Unis depuis 2004 , celle-ci réside dans le Bronx et fait partie de la communauté des Peuls de New York venus du Fouta-Djalon , — elle est née à Tchiakoullé, hameau du nord de la Guinée .
Le bureau du procureur de Manhattan, Cyrus Vance, Jr., décide alors d'engager une procédure pénale contre Dominique Strauss-Kahn pour sept chefs d'accusation, parmi lesquels ceux d'acte sexuel criminel, de tentative de viol, d'abus sexuel et de séquestration , .
Le 25 mai 2011, le parquet, qui a pour rôle d'apporter des preuves de la culpabilité de l'accusé , est renforcé par les avocates Joan Illuzzi-Orbon et Ann P. Prunty .
Rapport médico-légal
Le 14 mai 2011, à 15 h 59, Nafissatou Diallo est admise au St. Luke's-Roosevelt Hospital Center (en), où elle est examinée par un spécialiste des examens médico-légaux dans le cadre d'agressions sexuelles (sexual assault forensic examiner, ou safe). Le médecin note dans le rapport : « Confusion, douleurs musculaires, tension ». Nafissatou Diallo se plaint de douleurs à l'épaule gauche et le rapport indique qu'un examen par scanographie montre une rupture du ligament. La fin du rapport présente un schéma de la zone vaginale sur lequel le médecin a porté les mentions « rougeur sur la fourchette » et « trauma ». Le rapport se termine par cette conclusion : « Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression – viol , ».
PROCÉDURE JUDICIAIRE
Procédure pénale
Version et défense de la plaignante
Selon Paul J. Browne, porte-parole de la police , Nafissatou Diallo affirme être entrée dans la suite vers midi , pour y faire le ménage, à la demande de son supérieur hiérarchique. Elle n'aurait pas eu à utiliser sa clef magnétique dans la mesure où un employé du service en chambre de l'hôtel, présent sur place peu de temps auparavant, n'aurait pas fermé la porte.
Peu après, Dominique Strauss-Kahn serait, selon elle, sorti nu de la salle de bains et se serait approché d'elle par derrière pour tenter de la contraindre à des rapports sexuels en fermant la porte de la suite. Elle serait néanmoins parvenue à s'enfuir de celle-ci, après une chute.
D'après le Daily Beast, citant des sources proches de l'enquête, Nafissatou Diallo aurait été retrouvée vers 12 h 30, prostrée, cachée dans le couloir de l'hôtel, traumatisée, essayant de vomir, crachant par terre et avec des difficultés à parler . Elle aurait expliqué à une collègue ce qui lui était arrivé, puis à deux de ses supérieurs hiérarchiques et enfin au chef de la sécurité de l'hôtel qui, après consultation du directeur, aurait appelé la police.
Nafissatou Diallo est dans un premier temps représentée par Jeffrey J. Shapiro , avocat aux barreaux de New York et de Californie , secondé à partir du 25 mai 2011 , Norman Siegel, ancien directeur du New York Civil Liberties Union (NYCLU) et figure de la lutte pour les droits civiques, et Kenneth P. Thompson , avocat afro-américain de New York et ancien procureur fédéral.
Depuis le 6 juin 2011, seul le cabinet de Kenneth P. Thompson et Douglas Wigdor, Thompson Wigdor LLP, spécialisé dans les affaires de discrimination , représente Nafissatou Diallo, Jeffrey J. Shapiro et Norman Siegel ayant décidé de se retirer , .
Le 23 juin 2011, Thibault de Montbrial, avocat pénaliste au barreau de Paris, est désigné par Kenneth P. Thompson pour représenter en France les intérêts de Nafissatou Diallo .
Version et défense de l'accusé
Dominique Strauss-Kahn, dont la défense est assurée par le cabinet new-yorkais Benjamin Brafman & Associates, P. C. et William Taylor, avocat pénaliste au barreau de Washington , « nie de la manière la plus forte possible les accusations qui pèsent contre [lui] , ».
La défense de Dominique Strauss-Kahn a tenté de restituer l'emploi du temps de celui-ci, dans le but de montrer qu'il avait quitté l'hôtel une demi-heure avant l'agression supposée . Il aurait ainsi quitté l'hôtel à 12 h 28 et déjeuné avec une de ses filles, Camille, étudiante en Ph.D. à l'université Columbia, à 12 h 45, avant de se rendre à l'aéroport John-F.-Kennedy pour prendre le vol AF 023, dont la réservation avait été effectuée une semaine auparavant . À la suite du changement par la police de l'heure de l'agression supposée, les avocats de Dominique Strauss-Kahn plaident la relation consentie .
L'enquête à décharge de la défense est confiée à la société Guidepost Solutions . La défense fait également appel à la société de consultants TD International .
Le 26 mai 2011, la défense accuse la police d'être à l'origine de fuites et redoute que l'accusé ne bénéficie pas d'un « procès équitable » ; ses avocats affirment par ailleurs détenir des preuves pouvant « gravement mettre en doute la crédibilité » de la femme de chambre . Ils contestent les accusations portées contre eux, notamment en France , de vouloir « salir injustement la plaignante » et émettent le 14 juin un communiqué réfutant cette allégation , .
Après que Dominique Strauss-Kahn eut, le 6 juin 2011, plaidé « non coupable », la défense a jusqu'au 23 août 2011, dernière date prévue de la prochaine audience, pour prendre connaissance du dossier de l'accusation.
Le 16 août 2011, les avocats de Dominique Strauss-Kahn protestent contre la diffusion par la presse du rapport médico-légal concluant à un viol, déclarant que sa « conclusion est basée presque exclusivement sur le témoignage de la plaignante » et que les blessures évoquées « ne sont pas du tout des blessures » et « peuvent avoir été provoquées par de nombreuses autres causes qu'une agression sexuelle, y compris par un rapport sexuel consenti plusieurs jours avant l'incident » , . Ils jugent ce rapport « inexact et malveillant » et envisagent des « suites » pour atteinte à la présomption d'innocence . Le 18 mai, Me Benjamin Brafman avait déclaré : « Les preuves médico-légales, selon nous, ne coïncident pas avec un rapport forcé » . Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont aussi démenti, le 3 juillet, toute relation tarifée entre leur client et la femme de chambre du Sofitel (le recours à la prostitution est un délit à New York) . Ils ont donc semblé par deux fois admettre implicitement une relation consentie mais ne l'ont cependant jamais admise explicitement.
DÉROULEMENT DE LA PROCÉDURE
Première comparution devant le tribunal pénal de la ville de New York
La phase qui suit l'arrestation concerne notamment la prise d’empreintes, la photographie destinée à l’identité judiciaire, la levée des antécédents judiciaires. Divers éléments, dont certains récupérés dans la suite lors d'une reconstitution réalisée par la police, sont envoyés à un laboratoire spécialisé pour rechercher notamment des traces éventuelles d'ADN . Dominique Strauss-Kahn accepte de se soumettre à un examen médico-légal et dément toutes les accusations dont il est l’objet. L'immunité diplomatique du FMI, invoquée par Dominique Strauss-Kahn lors de son arrestation , ne peut être utilisée dans la mesure où elle ne concerne que les délits commis lors d'activités officielles .
Le 16 mai 2011 , Dominique Strauss-Kahn comparaît devant le tribunal pénal de la ville de New York (en) (New York City Criminal Court), présidé par la juge Melissa Carow Jackson. John « Artie » McConnell, substitut du procureur de Manhattan , déclare que la femme de chambre a fourni un compte-rendu détaillé de l'agression supposée et qu'elle a reconnu Dominique Strauss-Kahn lors d'une parade d’identification. Il évoque également une « conduite similaire », faisant allusion au cas de Tristane Banon , une jeune journaliste française qui avait accusé Dominique Strauss-Kahn d'agression sexuelle au cours d'un entretien . Une requête de la défense pour sa libération sous caution (un million de dollars) est rejetée par la juge, qui invoque un risque de fuite.
Dominique Strauss-Kahn est alors placé en détention préventive à la prison de Rikers Island, dans une cellule individuelle du quartier réservé aux détenus atteints d'une maladie transmissible afin de prévenir toute agression de la part des autres détenus . Escorté en permanence par un gardien, il fait également l'objet d'une surveillance anti-suicide . Le 18 mai 2011, dans une lettre rédigée depuis sa cellule de prison, il démissionne de ses fonctions de directeur général du FMI , .
INCULPATION FORMELLE PAR UN GRAND JURY
Le 19 mai 2011, un grand jury , l'inculpe formellement de sept chefs d'accusation , . Le même jour, Michael J. Obus, juge de la Cour suprême de l'État de New York (New York State Supreme Court), accepte, malgré l'opposition du substitut du procureur John Artie McConnell, sa libération sous caution avec plusieurs conditions : le versement d'une caution d'un million de dollars avec un dépôt de garantie de cinq millions de dollars, le retrait de son passeport, une assignation à résidence à New York avec présence de caméras de surveillance, une présence permanente d'un garde armé, à ses frais, le port d'un bracelet électronique muni d'un GPS, des conditions de contact et de sortie restreintes .
Le 20 mai, il quitte la prison de Rikers Island pour être provisoirement placé en résidence surveillée dans un appartement de l'immeuble sis au 71, Broadway , dans le quartier de Lower Manhattan, près de Ground Zero , et appartenant à la société Stroz Friedberg chargée de l'assignation à résidence de Dominique Strauss-Kahn . Parmi les occupants également en résidence surveillée de l'immeuble figure le cracker Andrew Auernheimer . Le 25 mai, Dominique Strauss-Kahn, dont la présence n'est pas souhaitée par les copropriétaires des nombreux immeubles démarchés — les règlements de copropriété font souvent mention à New York d’une clause d’agrément, c’est-à-dire d'« un droit de regard » sur les nouveaux venus , —, s'installe dans une maison située au 153, Franklin Street, dans le quartier de TriBeCa .
Décision de plaider « non coupable »
Le 6 juin 2011, lors d'une audience préliminaire à la Cour suprême de New York, Dominique Strauss-Kahn se voit notifier sa mise en accusation (post-indictment arraignment) et plaide « non coupable » des faits qui lui sont reprochés, ce qui permet la tenue d'un procès pénal .
Audience du 1er juillet 2011
Les assistants du procureur de New York font part, dans une lettre datée du 30 juin adressée à la défense , de doutes sérieux sur la crédibilité de leur principal témoin . Dans ce courrier, ils affirment que Nafissatou Diallo a menti à plusieurs reprises, devant les enquêteurs et devant le grand jury , notamment sur sa demande d'asile, sur un prétendu viol qu'elle aurait subi en Guinée, sur ses déclarations fiscales et sur les conditions exactes de l'agression décrite.
De son côté, le New York Times daté du 1er juillet révèle le contenu d'une conversation téléphonique qui, 28 heures après l'agression sexuelle présumée, s'est déroulée entre l’accusatrice et un homme emprisonné pour possession de drogue et au cours de laquelle Nafissatou Diallo aurait notamment déclaré au détenu, en dialecte peul : « Ne t'inquiète pas, ce type a plein de fric. Je sais ce que je fais » , . Le 27 juillet, l'avocat Kenneth Thompson fait état de nouvelles traductions qui auraient eu lieu dans le bureau du procureur et qui montreraient que Nafissatou Diallo n'a pas tenu ces propos .
Le 1er juillet également, une audience imprévue se tient afin d'examiner les conditions de la liberté conditionnelle de Dominique Strauss-Kahn . Considérant qu'après l'apparition de ces nouveaux éléments de l'enquête, le risque que l'accusé ne se présente pas à l'instance a fortement diminué , le juge Michael Obus décide de le libérer sur parole. À la suite de cette audience, toutes les mesures liées à sa liberté surveillée sont suspendues. Son passeport ne lui est cependant pas restitué, car il est tenu de rester sur le territoire des États-Unis, les poursuites n'étant pas pour autant abandonnées .
Les parties réagissent de façon opposée à cette décision : si Benjamin Brafman, un des avocats de Dominique Strauss-Kahn, s'estime « confiant » car ces événements « renforcent [sa] conviction qu'il sera acquitté » , Kenneth Thompson, l'avocat de la plaignante, décide d'être plus offensif , .
Stratégies médiatiques
Dans un premier temps, la plaignante comme l'accusé adoptent une stratégie de communication quasi identique : aucun interview de l'une comme de l'autre à la presse écrite et audiovisuelle, aucune image de la plaignante, aucune version des faits qui se sont déroulés dans la suite du Sofitel défendue par l'accusé ou ses avocats. Deux mois après le début de l'affaire, les avocats de Nafissatou Diallo choisissent une nouvelle stratégie : le 25 juillet 2011, elle fait sa première apparition publique sur la chaîne de télévision ABC News et devant les journalistes de Newsweek . Selon les avocats de DSK, l'accusatrice cherche à « enflammer l’opinion publique » .
Audience suivante
Une nouvelle audience était prévue le 18 juillet 2011 . À la demande des parties qui poursuivent leur enquête, elle est reportée au 1er août , puis au 23 août .
Abandon des charges
Le 20 août 2011, l'avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth P. Thompson, annonce que sa cliente est convoquée le 22 août par le procureur Cyrus Vance. Il déclare au New York Times s'attendre à l'abandon partiel ou total des chefs d'accusation visant Dominique Strauss-Kahn , .
Le 22 août, Thompson Wigdor, un des avocats de la plaignante, demande à la cour de nommer un procureur spécial . Dans l'après-midi, une recommandation d'abandon (recommendation for dismissal), rédigée par les procureurs généraux adjoints Joan Illuzzi Orbon et John (Artie) McConnell, est transmise à la cour suprême de l'État de New York. L'argument principal invoqué est le manque de crédibilité de la plaignante au-delà d'un doute raisonnable (beyond a reasonable doubt). Le procureur confirme et certifie la traduction de la conversation téléphonique dans laquelle la plaignante a déclaré « Ne t'inquiète pas, ce type a plein de fric. Je sais ce que je fais » (this call was translated and certified as true and accurate) . Il rappelle les mensonges de Nafissatou Diallo et précise que si « les preuves démontrent que l'accusé a eu un rapport sexuel hâtif avec la plaignante », rien n'indique que « ce rapport était forcé ou non consenti » , .
Procédure civile
Le 8 août 2011, Nafissatou Diallo porte plainte au civil contre Dominique Strauss-Kahn .
Réactions
PROCHES DE DOMINIQUE STRAUSS-KAHN
Le lendemain de l'arrestation de son mari, Anne Sinclair déclare dans un communiqué qu'elle ne croit « pas une seule seconde aux accusations qui sont portées contre [son] mari » et ne doute « pas que son innocence soit établie » .
Le journaliste Jean-François Kahn, ami du couple, pense qu'il n'y a pas eu « tentative violente de viol » mais parle d'une « imprudence » et d'un « troussage de domestique ». Cette dernière déclaration lui vaut de nombreuses critiques. Il déclare quelques jours plus tard que « cette formule [était] une connerie » . L'ancien ministre de la Justice Robert Badinter dénonce de son côté « une mise à mort médiatique » avec la diffusion des images montrant Dominique Strauss-Kahn menotté, se disant « bouleversé et indigné » par cette « tragédie » .
Le philosophe Bernard-Henri Lévy s'interroge sur le fait qu'une femme de ménage puisse se trouver seule « dans la chambre d'un des personnages les plus surveillés de la planète », affirmant que dans « la plupart des grands hôtels new-yorkais », il y a des « brigades de ménage composées de deux personnes ». Il se montre critique envers la juge Melissa Jackson, qui a décidé de placer Dominique Strauss-Kahn en détention provisoire, dénonçant le fait de l'avoir livré « à la foule des chasseurs d'images qui attendaient devant le commissariat de d'Harlem » en faisant « semblant de penser qu'il était un justiciable comme un autre » , . Cette prise de position lui vaut de vives critiques de la part de la presse américaine .
PERSONNALITÉS POLITIQUES
À gauche, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, se déclare le 15 mai 2011 « totalement stupéfaite » par l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn et parle de « coup de tonnerre » . François Hollande déclare qu'« il faut réagir à la fois avec émotion mais aussi avec retenue », « se garder de toute conclusion prématurée » et précise que « cela n'implique pas le Parti socialiste » . De leur côté, les strauss-kahniens Jean-Marie Le Guen et Jean-Christophe Cambadélis affirment que cela ne « ressemble pas » à Dominique Strauss-Kahn et appellent à ne pas tirer de conclusion hâtive , . Jack Lang s'attire des critiques à la suite de propos qu'il tient le 16 mai (« Quand on connaît un tout petit peu le système américain […] alors qu'il n'y a pas mort d'homme, ne pas libérer quelqu'un qui verse une caution importante, ça ne se fait pratiquement jamais . ») Arnaud Montebourg, quant à lui, se dit gêné, le 26 mai, par le fait que des milliers de dollars « vont être dépensés pour tenter de décrédibiliser une femme pauvre, noire, qui travaille dur » et critique le système judiciaire américain, grâce auquel « si vous avez de l'argent, vous pouvez échapper à la prison » .
Dans leur ensemble, les personnalités politiques de droite, sur les recommandations du président Nicolas Sarkozy, se montrent prudentes et insistent sur le respect de la présomption d'innocence, tout en déplorant l'impact que peut avoir cette affaire sur l'image de la France au niveau international . Dans les heures qui suivent l'arrestation, certaines livrent néanmoins des commentaires tranchés : « Si les faits sont avérés, la connerie est décidément toujours l’élément le mieux partagé au monde » (Jacques Myard, député UMP ) ; « Si c’était arrivé en France, je ne suis pas sûr que la police aurait osé interpeller DSK » (Nicolas Dupont-Aignan ). Pour sa part, Christine Boutin pense que Dominique Strauss-Kahn a été victime d’un piège . Le député UMP Bernard Debré se montre le plus critique, estimant que Dominique Strauss-Kahn est un « homme peu recommandable » qui « humilie la France » en se « vautr[ant] dans le sexe », un « délinquant sexuel » qui aurait, selon lui, agressé d'autres employées de l'hôtel Sofitel de New York , . Il admet par la suite avoir « surréagi » , .
La présidente du Front national, Marine Le Pen, considère pour sa part que Dominique Strauss-Kahn est « définitivement discrédité comme candidat à la plus haute fonction de l'État » et critique le fait que « le Tout-Paris » avait connaissance des « rapports légèrement pathologiques que M. Strauss-Kahn semble entretenir à l'égard des femmes » .
Interrogé par des journalistes russes, Vladimir Poutine déclare, le 27 mai 2011, ne pouvoir croire à l'affaire « telle qu'elle a été présentée au départ » et avoir « du mal à [en] évaluer les dessous politiques » , .
Le 22 août 2011, après la demande d'abandon des charges visant Dominique Strauss-Kahn, les responsables du Parti socialiste affichent leur satisfaction : Martine Aubry se dit « très heureuse », Harlem Désir parle d'un « immense soulagement », François Hollande se « réjouit pour Dominique Strauss-Kahn, ses proches, sa famille » . Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, déclare : « Du point de vue de sa personne, je suis heureux pour M. Strauss-Kahn car il a subi une épreuve judiciaire particulièrement lourde » . D'autres déplorent la décision du procureur et se disent déçus par l'absence de procès, à l'instar de la communiste Marie-George Buffet, qui considère qu'il s'agit d'« une mauvaise nouvelle pour la justice » et « pour les femmes » , ou de la députée UMP Françoise Hostalier, qui trouve cela « étonnant et très choquant » .
ASSOCIATIONS FÉMINISTES
Des associations féministes françaises, comme Osez le féminisme, La Barbe ou Paroles de femmes, se mobilisent face au « sexisme » qu'aurait selon elles généré l'affaire , . Osez le féminisme, dont la présidente Caroline De Haas dénonce « la manière dont cette saga a été commentée en France par les médias et les figures politiques » qui « met en lumière un sexisme décomplexé, dont nous connaissions l'existence » , lance le 21 mai 2011 la pétition « Ils se lâchent, les femmes trinquent » , qui recueille en six jours plus de 28000 signatures, parmi lesquelles celles de nombreuses personnalités politiques et médiatiques , . Le 22 mai 2011, 500 personnes manifestent à Paris et 3000, le lendemain, devant le centre Pompidou . Ces associations, rejointes par des féministes américaines, considèrent que « tout comme [Dominique] Strauss-Kahn doit être présumé innocent tant que sa culpabilité n’a pas été établie, la plaignante a droit au respect et sa parole ne doit pas être mise en doute jusqu’à preuve du contraire » .
Écrivains
Certains écrivains ont publié des tribunes sur cette affaire, comme Christine Angot, dans Libération ou Virginie Despentes dans le Guardian . D'autres ont aussi réagi publiquement, tels Frédéric Beigbeder, Régis Jauffret, Jay McInerney, Catherine Millet ou encore Yann Moix .
IMPACT DE L'AFFAIRE
Couverture médiatique
L'impact médiatique planétaire de l'affaire a été mesuré par la société d'analyse des médias Kantar Media : Dominique Strauss-Kahn serait depuis le 15 mai 2011 la personne la plus connue au monde, ayant fait la Une d'environ 150000 quotidiens nationaux en quelques jours , . En France, durant la semaine du 15 au 22 mai 2011, Kantar Media a comptabilisé 13761 unités de bruit médiatique (UBM) , soit un niveau jamais atteint depuis la création de cet instrument de mesure en 2000 ; chaque Français de 15 ans et plus aurait, selon cette étude, été en contact 137 fois avec cet événement dans les médias.
L'annonce de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn et le déclenchement de l'affaire ont par ailleurs généré une hausse des audiences des journaux télévisés et des magazines d'information des chaînes françaises, notamment d'information continue , ainsi que des ventes de la presse écrite . En outre, selon l'institut Netscope, l'affaire a eu un écho certain sur les blogs et les réseaux sociaux, notamment Twitter phénomène également constaté sur Facebook ou l'encyclopédie en ligne Wikipédia .
Une enquête réalisée en ligne du 20 au 23 mai 2011 par l'institut Harris Interactive constate qu'une majorité de Français « portent un regard assez critique sur le traitement médiatique de l'“affaire Dominique Strauss-Kahn”, particulièrement outre-Atlantique » et « considèrent que les médias n’ont pas respecté la vie privée de Dominique Strauss-Kahn » .
Images de Dominique Strauss-Kahn menotté
Le 15 mai 2011, à 23 heures (UTC-5), après la fin de sa garde à vue, Dominique Strauss-Kahn, menotté et escorté par deux policiers, sort du commissariat de Harlem pour rejoindre une voiture blindée de la police de New York sous les flashs d'une cinquantaine de photographes. Ces images suscitent de nombreuses réactions en France lors de leur diffusion . Martine Aubry juge la scène « profondément humiliante » , tandis que Jean-François Copé pense « à l'image de la France », soulignant que ces photos passent « en boucle dans le monde entier » . L'ancienne ministre de la Justice Élisabeth Guigou trouve que les images sont « d'une brutalité, d'une violence, d'une cruauté inouïes » et se dit heureuse qu'il n'y ait « pas le même système judiciaire » en France. Cette dernière, qui est à l'origine de la loi sur la présomption d'innocence du 15 juin 2000, ajoute qu'il est « interdit par la loi [française] » de « publier des photos de personnes menottées » .
Le fait d'exposer des prévenus menottés sous l'œil des médias est une pratique courante aux États-Unis, appelée perp walk (la « marche du suspect »). Pour Le Nouvel Observateur, il s'agit d'une « pratique populaire et populiste » en « contradiction flagrante avec la présomption d'innocence » . Le 17 mai 2011, le maire de New York, Michael Bloomberg, défend cette « tradition » en mettant en avant la manière de fonctionner du système judiciaire américain qui permet au « public [de] voir les auteurs présumés », tout en reconnaissant que « c'est triste » quand un accusé ayant subi le perp walk est reconnu non coupable . Ce dernier revient sur ses positions le 5 juillet 2011, après la libération sur parole de Dominique Strauss-Kahn, en qualifiant cette pratique de « monstrueuse », ajoutant : « Nous diffamons les accusés au nom d'un spectacle, pour le cirque que cela représente » .
Le 17 mai 2011, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) condamne la diffusion de ces images et demande « la plus grande retenue dans la diffusion d'images relatives à des personnes mises en cause dans une procédure pénale » afin de respecter la « dignité humaine » .
Dominique de Leusse, avocat français de l'homme politique, déclare que ces images « portent atteinte à la dignité de Dominique Strauss-Kahn et à sa présomption d'innocence au sens de la loi française » et que « peu importe que des sites Internet soient émis des États-Unis ou des îles Fidji, c'est le lieu de réception du site qui est générateur du délit » et menace de déposer plainte auprès des médias qui ne respecteraient pas la loi .
Conséquences politiques
La candidature de Dominique Strauss-Kahn à la primaire socialiste de 2011 en vue de l'élection présidentielle française de 2012, dont le calendrier est maintenu par la direction du Parti socialiste , apparaît compromise du fait du déroulement en cours de la procédure judiciaire .
Si, dans un premier temps, le Parti socialiste pouvait apparaître affaibli par le déclenchement de l'affaire , les premiers sondages montrent que François Hollande et Martine Aubry, s'ils étaient candidats, recueilleraient de bons scores face à Nicolas Sarkozy au premier tour , et seraient en mesure de remporter l'élection présidentielle . Dominique Strauss-Kahn, qui jusque-là était la personnalité politique préférée des Français, perd 29 points de bonnes opinions dans les baromètres politiques Ifop réalisé les 19 et 20 mai 2011 et TNS Sofres de juin 2011 . Deux sondages publiés au début du mois de juillet montrent par ailleurs qu'une majorité de Français ne souhaitent pas sa candidature à la primaire socialiste ni à l'élection présidentielle , .
La démission de Dominique Strauss-Kahn de la direction du FMI entraîne la candidature puis l'élection à ce poste de Christine Lagarde, ministre française de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. En conséquence, le 29 juin 2011, le gouvernement François Fillon III fait l'objet d'un remaniement.
Rumeurs de machination
Dans les premiers jours suivant l'arrestation, la nature des accusations portées et le peu d'informations connues suscitent des doutes au sujet de leur réalité ou de l'existence d'un piège ou d'un complot , . Elle est attisée par le fait que l'arrestation a été révélée par un jeune militant UMP sur Twitter et que Dominique Strauss-Kahn lui-même avait évoqué fin avril 2011 le risque d'une machination .
Un sondage CSA réalisé le 16 mai indique que 57 % des Français pensent que Dominique Strauss-Kahn est « victime d'un complot » , ce que des commentateurs relativisent néanmoins .
D'autres analyses évoquent un choc culturel lié à la nature des actes mentionnés dans les accusations , dont le « refoulement » aurait notamment provoqué les réactions de certaines personnalités politiques françaises devant un tel « traumatisme » .
Le groupe Accor, accusé de « connexions avec des officines », notamment par le député socialiste de l'Eure François Loncle , réfute ces allégations . Le 21 juillet, une procédure disciplinaire est engagée contre le directeur de la gestion des risques du groupe, Xavier Graff, qui, le 24 juin, avait envoyé un courrier électronique « sur le ton de la plaisanterie » sur l'affaire .
*Procédure accusatoire
*Accusations de Tristane Banon à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn
Liens externes
*Ensemble des Communiqués de presse officiels de la court de New-York, New York State Unified Court System
Agression sexuelle
Une agression sexuelle désigne tout acte de nature sexuelle, non consenti, imposé par une contrainte physique ou psychologique, et considéré comme un crime dans la plupart des pays. Certaines juridictions traitent de façon distincte l'agression impliquant une pénétration, spécifiquement désigné comme un viol et constituant un crime sexuel.
Méthodes utilisées pour commettre des agressions sexuelles
MANIPULATION MENTALE
Certaines victimes peuvent avoir subi une manipulation mentale qui les ont soumis à une agression sexuelle. Ces méthodes présentent l'avantage pour les agresseurs de réduire le risque de plainte judiciaire des victimes. Ces manipulations provoquent un sentiment de culpabilité chez certaines victimes, alors qu'elles sont irréprochables.
Certaines agressions sexuelles peuvent être commises sous couvert de médecine, par exemple en réalisant des examens génitaux ou mammaires sans le consentement du patient, par abus d'autorité, abus de confiance, abus de faiblesse, ou par surprise. La loi du 4 mars 2002 précise qu'« aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment ». Des lois antérieures à celle du 4 mars 2002 devaient elles-aussi probablement donner des droits similaires.
DROGUES
Certaines drogues et médicaments, appelés « drogue du viol », sont parfois utilisés pour commettre des agressions sexuelles, par exemple pour endormir la victime, provoquer une amnésie, ou supprimer la volonté. On peut citer parmi ces drogues et médicaments: le GHB, le GBL (se tranformant en GHB une fois dans l'organisme), le rohypnol, différents somnifères, etc.
Ces drogues sont généralement diluées dans de l'alcool ou des boissoins sucrées. Le mélange avec l'alcool peut empécher la victime d'avoir des soupçons après son réveil, car un sommeil ou une amnésie peuvent passer pour un effet de l'alcool.
Liens externes
*« L'agression sexuelle contre les journalistes: le crime qui musèle », Comité pour la protection des journalistes, 7 juin 2011
Viol
Le viol est un « acte de violence par lequel une personne (violeur) impose des relations sexuelles avec pénétration à une autre personne, contre sa volonté. En droit français, le viol est un crime. » . C'est une agression sexuelle impliquant tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit .
Au XXIe siècle, le viol constitue un crime dans la plupart des législations ; la tromperie ou le dol constituent en général, comme la violence, un élément appréciateur du viol. En France, le criminel s'expose à une peine allant de 15 ans de prison ferme jusqu'à la prison à perpétuité (par exemple en cas de récidive ou si le viol est accompagné de tortures). Le viol n'a pas toujours été puni, et il existe toujours des sociétés où il est toléré, voire non juridiquement défini. Même quand on le reconnaît comme un crime, il n'est pas toujours défini par la violation du consentement de la victime. Ce qui a longtemps été puni (et ce qui l'est encore dans certaines sociétés), c'est plutôt le fait de prendre la femme d'un autre, ou une femme non encore mariée. Le consentement de la femme peut la rendre complice du crime ainsi défini, mais ne l'annule pas. Aujourd'hui, le viol par contrainte physique est désapprouvé dans la plupart des sociétés. Quant à la contrainte psychologique, peu de législations la retiennent pour définir le viol. On peut pourtant considérer l'agression sexuelle par contrainte psychologique comme un crime fréquent dont la prévention comme la répression connaissent des difficultés dans tous les pays.
APPROCHE SOCIO-HISTORIQUE DU VIOL
LE VIOL DANS L'ANTIQUITÉ
La première mention écrite du viol est dans le Code d'Hammourabi, qui distingue entre viol et adultère. La loi 129 établissait que si une femme mariée et un homme étaient surpris ensemble "en flagrant délit", les deux devaient être noyés. Le mari pouvait cependant pardonner sa femme. La loi 130 établissait, en revanche, que si une jeune fille vierge était trouvée avec un homme, seul l'homme devait être mis à mort
Chez les Israélites le viol est interdit dans le dernier des 10 commandements: Tu ne convoiteras ni la femme, ni la maison, ni rien de ce qui appartient à ton prochain.. Dans le Code deutéronomique on établissait la punition : si une femme mariée ou fiancée était surprise avec un homme à l'intérieur d'une ville, on considérait qu'il y avait eu adultère et on prévoyait la mort par lapidation pour la femme et l'homme ensemble. Si, en revanche, une femme mariée ou fiancée était prise par un homme à l'extérieur de la ville, on supposait le viol et seul l'homme était lapidé. Si la victime était une jeune fille non fiancée, l'homme devait payer une amende au père de la fille et épouser la jeune fille sans possibilité de divorce. C'est une des premières attestations du mariage réparateur, conçu comme une forme de dédommagement et de protection pour la femme, qui avait perdu son honneur et n'aurait probablement pu trouver d'autre mari."Si l'on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée, tous deux mourront : l'homme qui a couché avec la femme et la femme elle-même. Tu feras disparaître d'Israël le mal. Si une jeune fille vierge est fiancée à un homme, qu'un autre homme la rencontre dans la ville et couche avec elle, vous les conduirez tous deux à la porte de cette ville et vous les lapiderez jusqu'à ce que mort s'ensuive : la jeune fille parce qu'elle n'a pas appelé au secours dans la ville, et l'homme parce qu'il a usé de la femme de son prochain. Tu feras disparaître le mal du milieu de toi. Mais si c'est dans la campagne que l'homme a rencontré la jeune fille fiancée, qu'il l'a violentée et a couché avec elle, l'homme qui a couché avec elle mourra seul ; tu ne feras rien à la jeune fille, il n'y a pas en elle de péché qui mérite la mort. Le cas est semblable à celui d'un homme qui se jette sur son prochain pour le tuer : car c'est à la campagne qu'il l'a rencontrée, et la jeune fille fiancée a pu crier sans que personne vienne à son secours. Si un homme rencontre une jeune fille vierge qui n'est pas fiancée, la saisit et couche avec elle, pris sur le fait, l'homme qui a couché avec elle donnera au père de la jeune fille cinquante pièces d'argent ; elle sera sa femme, puisqu'il a usé d'elle, et il ne pourra jamais la répudier ".
Dans la mythologie de la Grèce antique, les dieux femmes comme hommes recourent très souvent au viol notamment contre les humains mais en utilisant rarement la violence. Dans certains cas on peut parler de mariage par enlèvement, qui est pratiqué encore aujourd'hui par certaines cultures traditionnelles. On peut citer l'enlèvement de Perséphone par Hadès ; de Daphné par Apollon ; de Cassandre par Ajax ; d'Andromaque par Hector ; de Polyxène par Achille ; de Clymène par Acamant ; pour ne pas mentionner la liste de femmes et de nymphées aimées par la force ou la tromperie par Zeus. Dans la Grèce antique, l'adultère de la femme était puni mais l'homme pouvait légalement entretenir des concubines. Dans la société romaine primitive, le pater familias dispose du droit de vie et de mort sur ce qui lui appartient et notamment les femmes placées sous son autorité. Le développement du droit romain leur donnera un statut et une liberté exceptionnelle tout en restant sous l'autorité du père.
LE VIOL AU MOYEN ÂGE
Le début du christianisme est marqué par la promotion de la chasteté et le respect des vierges.
L'Eglise s'attache d'abord à condamner le rapt des veuves et des vierges consacrées (conciles de Chalcédoine et de Lérida au VIe siècle) puis en précise l'interdiction pour toutes les femmes : un pénitentiel du XIe siècle condamne les ravisseurs de femmes mariées à l'anathème, ceux de jeunes filles ou de veuves à l'excommunication.
Si le viol est un pseudo viol arrangé par l'homme et la femme dans le but d'obtenir le consentement des parents, il bénéficie d'une certaine indulgence .
Les viols de guerre
Le viol en temps de guerre est un moyen d'humilier le vaincu ou de provoquer un adversaire lorsque le conflit est latent. On peut citer l'enlèvement des Sabines ou la guerre de Troie pour venger Ménélas.
Dans l'histoire de l'Antiquité, Augustin (cf. La Cité de Dieu) note que le viol est une pratique habituelle lors des pillages de villes, au même titre que le massacre des hommes. Selon lui, on ne trouve guère plus d'un ou deux contre-exemples, et encore seraient-ils douteux. On peut citer le cas d'Alexandre le Grand dont le comportement semble avoir parfois témoigné d'une volonté de protéger certaines femmes de la violence masculine.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, des militaires soviétiques, allemands, japonais ou américains se livrèrent au viol. Le cas de l'armée impériale japonaise utilisant de 20000 à 200000 femmes de réconfort enlevées est un cas extrême dans lequel le commandement lui-même a organisé le viol, alors que dans l'immense majorité des armées, il est totalement interdit par le règlement.
Pendant la chute du IIIe Reich en 1945, le nombre de femmes allemandes violées par l'armée soviétique a été estimé à 2 millions .