Thaïlande - Les Grands Articles - E-Book

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Les Grands Articles

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Partie centrale de la péninsule indochinoise avec un long appendice dans la presqu'île de Malacca, la Thaïlande n'a justifié son appellation moderne de pays des Thais (Thai) qu'à une date relativement récente. C'est en effet au XIIIe siècle que, allant du nord vers le sud au long des fleuves et sous la pression des Mongols...

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ISBN : 9782852298590

© Encyclopædia Universalis France, 2016. Tous droits réservés.

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Thaïlande

Introduction

Partie centrale de la péninsule indochinoise avec un long appendice dans la presqu’île de Malacca, la Thaïlande n’a justifié son appellation moderne de pays des Thais (Thai) qu’à une date relativement récente. C’est en effet au XIIIe siècle que, allant du nord vers le sud au long des fleuves et sous la pression des Mongols conquérants de la Chine, les Thais pénétrèrent en Asie du Sud-Est. Au VIe siècle de notre ère, ils étaient établis au sud du Yangzi ; deux siècles plus tard, ils avaient gagné les hautes vallées du Yunnan où ils fondèrent le royaume de Nanzhao, qui subsista jusqu’en 1253, année de son annexion à la Chine. Les Thais étaient alors connus des Chinois, des Chams et des Khmers sous le nom de Siamois (Syam). Durant cette longue période, le Nord montagneux de la Thaïlande actuelle était soumis à une principauté mône dont la capitale, Lamphun (Lampun), était située sur un affluent du Me Ping ; la vallée du Ménam dépendait du royaume môn de Dvāravatī, d’abord gouverné par une dynastie indépendante, puis rattaché au Cambodge ; plus à l’ouest, sur le cours inférieur de l’Irawaddy, s’était constitué le royaume môn du Pégou.

Thaïlande : drapeau. Thaïlande (1917). La Thaïlande – qui s'est appelée Siam jusqu'en 1939 et à nouveau de 1945 à 1949 – est connue depuis des siècles sous le surnom de « Terre de l'Éléphant blanc », et son ancien drapeau portait d'ailleurs un éléphant blanc sur fond rouge. Le roi, ayant aperçu en 1916 dans un village qu'il traversait un drapeau hissé à l'envers . l'éléphant sur le dos, pattes tendues vers le ciel ., fit promptement modifier le drapeau national, qui aujourd'hui n'est constitué que de cinq bandes horizontales symétriques (rouge-blanc-bleu-blanc-rouge).N.B. L'éléphant figure toujours sur l'actuel pavillon de la marine de guerre thaïlandaise et les marques diplomatique et consulaire.

Chassés du Nanzhao par les Mongols, les Thais s’enfoncèrent comme un coin entre ces États ; ils substituèrent leur autorité à celle des rois môns au Pégou, mirent fin à l’indépendance de la principauté de Lamphun, affranchirent le Dvāravatī de la suzeraineté khmère. Ils s’engagèrent ensuite dans la péninsule de Malacca, profitant de l’effondrement de l’empire malais qui contrôlait les détroits de Malacca et de la Sonde.

Dans les territoires ainsi conquis, les Thais, qui sous l’influence khmère avaient adopté le bouddhisme cinghalais, établirent une organisation administrative et militaire copiée sur celle des Mongols. À l’ère de l’implantation politique, dite ère de Sukhothai (1220-1349), succéda une ère de rivalité avec les États voisins de Birmanie et du Cambodge et de résistance à l’intrusion des marchands étrangers hollandais, anglais et japonais, l’ère d’Ayuthya (ou Ayutthaya, 1350-1782). Celle-ci se termina par la prise, le pillage et l’incendie de la capitale siamoise par les Birmans.

La renaissance de la puissance thaie fut l’œuvre d’un métis chinois, Taksin, et d’un de ses généraux, Chakri, fondateur de la dynastie actuelle. Celle-ci, tout en maintenant l’indépendance et l’intégrité territoriale du royaume, a pu d’abord engager ce dernier dans une phase d’occidentalisation, sous Rāma IV et Rāma V, traverser sans incident majeur les deux guerres mondiales, maintenir l’équilibre des forces politiques et sociales dans un pays qui comporte d’assez importantes minorités (Chinois, Khmers, Malais de religion islamique), assurer le développement économique par la diversification de l’agriculture, l’industrialisation et l’emploi rationnel des sources d’énergie.

Bien qu’il ait adopté un régime de monarchie parlementaire en 1932, le royaume de Thaïlande peine à devenir une démocratie. Après la Seconde Guerre mondiale, la vie politique est marquée par la domination de l’armée et ponctuée, jusqu’en 1991, par une succession de coups d’État. Les démocrates, qui gouvernent à deux reprises dans les années 1990, doivent appliquer un sévère programme d’austérité afin de combattre la crise financière qui secoue toute la région en 1997. Depuis lors, le pays, qui est le seul de la péninsule à ne pas avoir connu de régime socialiste, s’affirme comme le leader régional.

Achille DAUPHIN-MEUNIER

D’une manière générale, les littératures du Sud-Est asiatique sont peu et mal connues. Non seulement parce que les traductions en sont rares, mais parce que les éditions de textes n’ont été entreprises par les éditeurs locaux que récemment, dans le cours du XIXe siècle, selon un rythme lent et incertain.

Longtemps conservées précieusement sous forme de manuscrits gravés au poinçon sur feuilles de latanier, dans les bibliothèques des monastères bouddhiques et des familles princières, ces littératures gardaient un caractère quasi sacré, inaccessibles qu’elles étaient à un public peu entraîné, et pour cause, à la lecture. Il s’agissait là, en effet, d’une tradition savante, liée à l’apparition de l’écriture. Or, à l’origine, les langues du Sud-Est asiatique – birman, siamois, cambodgien, laotien notamment – étaient des langues sans écriture, dont la « littérature », à jamais inconnue sous ses aspects anciens, se transmettait par voie orale. Appartenant à des familles linguistiques différentes – tibéto-birman, thai, môn-khmer –, ces langues n’entrèrent dans le contexte culturel écrit que lorsque leur développement historique se trouva associé à celui de leur pays d’origine, c’est-à-dire lorsque les souverains locaux s’ouvrirent à la civilisation dite « indianisée », riche d’apports religieux, artistiques et littéraires. L’adoption des écritures, inspirées des alphabets de l’Inde du Sud, modifiées localement selon des calligraphies élaborées par les rois et les scribes, fut un événement capital dans l’histoire de l’expression des pays de l’Asie du Sud-Est : en Thaïlande, ce fut le grand roi Rāma Kamheng, souverain de Sukhothai, qui, en 1282, fit graver une stèle commémorant les hauts faits de son règne et la splendeur de son royaume, et pour ce faire « inventa » les caractères de l’écriture thaie, en les adaptant de l’écriture khmère : « Et ces caractères d’écriture existent parce que le roi les a inventés dans son cœur. » Date mémorable, victoire de la culture et de l’expression nationales.

Au Siam, l’apparition de l’écriture alla de pair avec l’adoption du bouddhisme comme religion d’État. Certes, les textes du bouddhisme, qu’ils soient de doctrine, de prière, de discipline ou d’exégèse, ne furent longtemps connus que des bonzes et des lettrés. Mais, parmi le canon touffu rédigé en langue pālie, figuraient des contes, des apologues, des récits de la vie du Buddha, où le surnaturel, le légendaire, le familier voisinaient et s’harmonisaient en un style séduisant, ami de la mémoire. Une culture bouddhique se forma, se répandit. Des contes populaires, autrefois oraux, s’y intégrèrent et prirent une couleur moralisatrice et édifiante. À l’inverse, des textes religieux se parèrent de romanesque. Autrement dit, le ferment apporté par la civilisation indienne, grâce au véhicule de l’écriture et des données religieuses, aboutit à la gestation de littératures écrites d’inspiration hybride, en partie issues d’un très vieux fonds autochtone transmis oralement, puis transposées par le fait même de leur mise en écrit, modifiées et réinventées par une tradition savante importée.

Solange THIERRY

Soumis à l’influence indienne dès les débuts de la période historique, l’art et l’archéologie de la Thaïlande sont caractérisés, au premier chef, par une extrême diversité. Unique dans toute l’Asie du Sud-Est, cette diversité résulte de conditions géographiques particulières, mais dépend surtout de l’évolution historique de la zone centrale de la péninsule indochinoise. Si un art proprement thaïlandais, « national », ne se constitue guère avant le XVe siècle, celui-ci tirera, néanmoins, profit de toutes les leçons du passé. Ayant le rare mérite de demeurer étonnamment fidèle à lui-même au cours des siècles, poursuivant une même recherche de perfection technique et esthétique pratiquement jusqu’à la fin du XIXe siècle, cet art saura toujours préserver son originalité foncière. Tout en accueillant les apports extérieurs les plus variés, il est le seul art d’inspiration indienne qui ait su, tout ensemble, échapper à la décadence généralisée et conserver, presque jusqu’à nos jours, son idéal de raffinement dans l’indépendance.

Jean BOISSELIER

1. Géographie

• Centralité en Asie du Sud-Est continentale et primauté de Bangkok

La Thaïlande n’est, dans la péninsule indochinoise, ni le pays le plus vaste – avec 513 115 kilomètres carrés, elle arrive derrière le Myanmar (Birmanie, 676 577 km2) – ni le pays le plus peuplé – avec 65,5 millions d’habitants au dernier recensement de 2010, elle est devancée par le Vietnam (78,9 millions d’hab.). Avec ce dernier, elle est l’État le moins polyethnique de la région, les Thai comptant pour près de 90 p. 100 de la population, une proportion légèrement supérieure à celle des Kinh au Vietnam. Elle n’en occupe pas moins une place originale dans la péninsule indochinoise par sa position d’État tampon séparant les ambitions coloniales britannique et française, qui lui a permis d’être épargnée par la colonisation puis par les décennies de troubles qui ont affaibli ses deux rivaux : dissidences ethniques au Myanmar et guerres d’Indochine au Vietnam. Ayant profité d’une longue période de paix, elle est devenue la grande puissance péninsulaire avec un P.I.B. dépassant à lui seul ceux de ses voisins réunis.

Un pays au cœur de la péninsule indochinoise, construit autour de la plaine centrale

Le territoire thaïlandais, comme les autres pays de l’Asie du Sud-Est continentale, est centré sur le bassin d’un grand fleuve, la Chao Phraya, qui lui donne une structure méridienne, le pays s’étendant sur plus de 1 700 kilomètres des confins du Yunnan à la frontière malaise. Mais à la différence de ses voisins, oriental et occidental, le territoire ne se réduit pas aux 170 000 kilomètres carrés de ce bassin, auxquels on peut ajouter les bassins adjacents de la plaine centrale (87 000 km2) ; ensemble, ils ne comptent que pour 53 p. 100 de la superficie du pays (respectivement 36 p. 100 et 16,9 p. 100). Une petite moitié du territoire est donc constituée par le Sud péninsulaire (71 000 km2) et par la région Nord-Est, le plateau de Khorat, (185 000 km2). Appartenant au bassin du Mékong, il a été conquis par le royaume siamois en 1827 au détriment du royaume laotien du Lane Xang.

Les basses terres occupent en Thaïlande une part bien plus importante que dans les pays voisins, puisque la moitié du territoire est située au-dessous de 200 mètres et un quart au-dessous de 100 mètres. Le pays s’organise en effet autour d’une vaste plaine centrale rectangulaire de plus de 90 000 kilomètres carrés, prolongée au sud par la baie de Bangkok. Cette plaine centrale est encadrée par des chaînes montagneuses de direction méridienne qui, à l’ouest, forment une frontière difficilement franchissable avec le Myanmar, à l’est surplombent le plateau de Khorat (Isan) et au sud la plaine du Grand Lac au Cambodge. La plaine centrale, d’altitude inférieure à 100 mètres, et le plateau Isan, situé entre 100 et 200 mètres, sont les régions les plus peuplées et concentrent la plus grande partie des terres agricoles du pays. La riziculture irriguée en plaine et les cultures commerciales en piémont dominent dans la plaine centrale, les cultures industrielles (maïs, manioc, canne à sucre...) devancent de plus en plus la riziculture pluviale sur le plateau. Abritée de la mousson du sud-est par les montagnes qui bordent la plaine centrale et le plateau Isan à l’ouest, l’agriculture y est dépendante de l’irrigation. Celle-ci provient des aménagements hydrauliques du haut delta de la Chao Phraya en aval de Chai Nat, et des barrages construits sur la Mun et la Chi sur le plateau.

L’activité agricole dans le nord montagneux se concentre dans les bassins et les quatre vallées qui découpent la région en bandes méridiennes. Elles connaissent une agriculture intensive alliant riziculture, cultures commerciales en champs et vergers. Une modernisation de l’irrigation traditionnelle y a été développée pour la culture de saison sèche, car les montagnes encadrant la plaine centrale sont fort arrosées et la saison des pluies y est bien plus longue que dans les basses terres. Le sud péninsulaire, la région la plus arrosée du pays, associe deux bandes méridiennes. La côte occidentale dominant la mer d’Andaman, découpée et montagneuse, est favorable à la pêche et au tourisme, notamment dans l’île de Phuket et la baie de Phang Nga, alors que les reliefs sont dédiés à la culture de l’hévéa. Sur la côte orientale, les plantations familiales d’hévéas et de palmiers à huile se mêlent à la riziculture, aux cultures commerciales et fruitières. Sur l’ensemble du littoral du golfe de Thaïlande, les élevages de crevettes, combinés aux stations balnéaires, ont fait perdre aux mangroves la moitié de leur superficie.

Plage de Krabi, Thaïlande. La province de Krabi est dotée d'atouts qui lui ont permis de développer son activité touristique : des falaises qui dominent la mer d'Andaman, des baies protégées accessibles uniquement par la mer, des eaux cristallines ou encore de nombreux temples et monastères.