Un Amour Inattendu - Sawyer Bennett - E-Book

Un Amour Inattendu E-Book

Sawyer Bennett

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Beschreibung

Ever Montgomery a subi une lourde trahison de la part du seul homme sur lequel elle aurait dû pouvoir se reposer. Cette expérience l’a blessée et l’a rendue blasée et incapable de nouer des relations, mais cela signifie également qu’elle est capable de repérer un menteur sans aucun problème. Ces traits de caractère lui valent la réputation d’être une journaliste qui a le nez pour les bonnes histoires et qui comprend parfaitement le pouvoir extrême des mots.

Lincoln Caldwell est le gardien de but des New York Rangers. À vingt-quatre ans, la star montante travaille dur et s’amuse encore plus. Il est beau et insouciant, le charmeur par excellence. Les femmes tombent à ses pieds et jamais vie de célibataire n’a été vécue comme celle de Linc Caldwell.

Quand Ever publie un article sur Linc contenant des informations qu’elle a reçues officieusement, elle doit faire face à la fureur de l’athlète. Au lieu de se réjouir d’avoir exposé Linc comme étant un manipulateur de femmes éhonté, elle se retrouve à sa merci quand il exige et obtient gain de cause. Forcée par son éditeur à suivre Linc pendant six semaines, Ever est dans l’obligation d’observer le véritable Linc Caldwell.

Et elle pourrait bien se rendre compte qu’elle l’a mal jugé.

Ce livre fait partie de la collection Hors Série mais peut être lu indépendamment des autres tomes de la série. Aucune information dans les livres précédents ou suivants ne diminuera votre compréhension de ce roman. Il s'agit d'un roman de romance contemporaine New Adult.

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Sawyer Bennett

Un Amour Inattendu

Un Amour Inattendu

Par Sawyer Bennett

Tous Droits Réservés

Copyright © 2013 par Sawyer Bennett

Publié par Big Dog Books, LLC

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Valentin Foucher

[email protected]

Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux et événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des événements, des lieux ou des personnes, vivantes ou non, ayant existé serait entièrement fortuite.

Aucun extrait de ce livre ne peut être reproduit sous quelque forme que ce soit, de manière électronique ou mécanique, y compris par système de stockage et de récupération d’information, sans l’autorisation expresse écrite de l’auteur. La seule exception concerne les journalistes qui peuvent en citer de courts extraits dans une critique.

Retrouvez Sawyer sur le web!

www.sawyerbennett.com

www.twitter.com/bennettbooks

www.facebook.com/bennettbooks

Remerciements

Quelle aventure… Les livres Hors Série. J’ai reçu un tel soutien de la part de tant de personnes qu’il me serait impossible de toutes les nommer. Mais certaines se sont distinguées pendant l’écriture d’Un Amour Inattendu.

Tout d’abord, mon incroyable mari, Shawn. Il n’a cessé de m’encourager dans ma carrière d’écrivain, malgré que cela m’ait forcé à passer de nombreuses heures le nez plongé dans mon ordinateur en répondant : « oui-oui » quand il me demandait quelque chose, même si je ne l’avais pas vraiment écouté. J’espère qu’un jour les choses se calmeront et que je pourrai te prêter l’attention que tu mérites.

Ma partenaire juridique, Jennifer, pour m’avoir permis de passer autant de temps hors de notre cabinet, en particulier lorsque mes échéances approchaient. Tu es géniale de me laisser poursuivre d’autres rêves que ceux que nous avons construits ensemble.

Un grand merci à mon amie, Wendy, pour m’avoir aidé à peaufiner le manuscrit.

À Jeanne Frazier et à l’équipe de Vitalink pour l’incroyable design de la couverture.

Merci à Jay Byars, Major Model Management et Rick Day Photography d’avoir autorisé le visage sexy de Jay à orner la couverture. Je l’adore et je sais que ce sera également le cas pour tous les lecteurs. J’ai trouvé une photo de Jay sur internet avant même de commencer à écrire le livre. Il était littéralement celui que j’imaginais dans le rôle de Linc Caldwell, c’était donc très spécial de pouvoir le mettre sur la couverture. Mesdames… essayez de ne pas trop baver… vous risquez de court-circuiter votre liseuse ou d’abîmer votre livre !

Enfin, à Ellie de Love N. Books et Kayla de My Book Muse. Vous m’avez donné des avis et des conseils inestimables tout au long du chemin, et n’oublions pas… ce sont vos esprits brillants qui ont trouvé le titre !!! Je vous aime !!!

Table des Matières

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Epilogue

Mentions spéciales

Prologue

Ever

Cinq ans plus tôt…

Il est parti.

Je n’arrive pas à croire qu’il soit vraiment parti.

Peut-être qu’il reviendra. Peut-être qu’il réalisera la décision stupide et égoïste qu’il a prise et qu’il reviendra. Il demandera pardon et après l’avoir laissé se morfondre un peu, on lui ouvrira nos bras et on lui dira que tout va bien. On lui assurera que ce n’était qu’un moment de faiblesse. Je sais que ma mère ne peut pas, mais je lui donnerai la force et le courage dont il aura besoin pour nous sortir de ce désastre familial. Je prendrai soin de lui et de maman, et il verra… qu’en famille, on peut affronter n’importe quoi.

Mais au fond de moi… je sais qu’il ne reviendra pas.

Mes larmes ont enfin séché et je me redresse dans mon lit. Je pose la main sur mon oreiller, qui est trempé des torrents de larmes que j’ai versées. Mon cerveau cogne comme si une fanfare y avait élu domicile. En penchant légèrement la tête, j’entends encore les sanglots étouffés de ma mère dans la chambre voisine. Je pense que ses larmes mettront plus de temps à se calmer que les miennes.

Je me lève en passant mes jambes par-dessus le bord du lit. Je suis un peu chancelante mais je suppose que c’est normal après être restée allongée ici pendant presque deux heures… à pleurer. Mon esprit est confus et mon corps est faible. Mais je n’ai pas le temps pour cela.

Je dois aller trouver ma mère.

En ouvrant la porte de sa chambre, je la vois allongée sur le côté. Elle est recroquevillée en position fœtale, un de ses oreillers écrasé contre sa poitrine. Elle essaie de s’accrocher à quelque chose, et hélas, elle ne dispose que d’un oreiller.

Je marche jusqu’au bord du lit. Ses yeux sont fermés mais des ruisseaux humides s’échappent de ses cils sombres. Son nez est rouge vif et ses lèvres sont sèches.

Avec une douceur extrême, je retire l’oreiller de son éteinte. Elle n’ouvre même pas les yeux mais un gazouillis s’échappe de sa gorge, et de nouvelles larmes commencent à couler. Je me glisse dans le lit et remplace l’oreiller par mon corps. Ses bras viennent autour de moi, s’accrochant désespérément à ma chaleur. Elle enfouit son visage dans mon cou, et je peux sentir ses larmes couler de sa peau sur la mienne.

Je lève la main pour caresser ses cheveux, qui sont fins et fragiles. Je suis surpris qu’ils ne se brisent pas entre mes doigts.

— Shh, Maman. Ça va aller.

Ma mère sanglote plus fort et, pour la première fois, mon propre chagrin s’estompe. Au lieu de cela, une haine bouillonnante commence à se manifester. Elle prend naissance au milieu de ma poitrine et je peux presque imaginer de la lave liquide qui bouillonne et s’étend jusqu’à mon cœur. Elle déborde et coule dans mes veines. Je peux presque sentir sa chaleur au bout de mes doigts et de mes orteils.

Mon esprit s’assombrit. Des pensées furieuses et vicieuses me consument, dirigées vers l’homme qui vient de nous détruire, ma mère et moi.

Mon nom est Ever Montgomery. J’ai seize ans et je m’en fais le serment… je ne laisserai jamais une telle chose m’arriver à nouveau.

Chapitre 1

Ever

Aujourd’hui…

Je ferme discrètement la porte de mon appartement et referme à jamais un chapitre de ma vie. Je m’adosse à la porte en soupirant. J’attends l’assaut des larmes, mais elles ne viennent pas. Mes yeux restent secs et mon cœur reste froid.

De l’autre côté de la porte, je peux entendre mon ex-fiancé s’éloigner. Ses pas sont sûrs et confiants. Mais Marc a toujours été sûr de lui et confiant. C’est sans aucune amertume que j’admets que l’ego sain de Marc est ce qui m’a attiré chez lui en premier lieu. Il était un de ces hommes qui obtiennent toujours ce qu’ils veulent. Il m’a poursuivie sans relâche lorsque nous étions étudiants à Duke et j’ai fini par tomber sous son charme. Il m’a convaincue d’entrer à Columbia en dernière année, après avoir décroché un emploi prestigieux à Wall Street. Il avait même cet air assuré sur son visage lorsqu’il m’a offert une pierre précieuse de trois carats à Noël… sachant déjà que je dirai oui à sa demande en mariage.

La confiance de Marc m’avait permis de croire que je pouvais vraiment vivre une relation saine. Il avait enfin convaincu mon cœur blasé de s’ouvrir à la possibilité d’être heureux pour toujours. Lors de mon dernier semestre à Columbia, je me promenais avec un sourire béat sur le visage, tandis que mon diamant brillait sous le soleil du printemps. J’allais épouser l’homme de mes rêves et on m’avait offert un emploi au New York Post, où j’avais fait un stage l’été précédent. Tout allait bien dans ma vie, tout était parfait.

Mais j’aurais dû savoir que c’était trop beau pour être vrai.

Seulement trois semaines avant l’obtention de mon diplôme de l’École de Journalisme de Columbia, les ailes que m’avait donné l’amour sont tombées pour me faire revenir sur terre. Mon cours de l’après-midi avait été annulé et j’étais ravie de pouvoir rentrer plus tôt à la maison. J’avais tellement hâte que l’université se termine pour pouvoir rejoindre le monde réel. Cet endroit où j’aurais une carrière gratifiante, où j’épouserais l’homme de mes rêves et où nous aurions deux-virgule-trois enfants à élever dans une banlieue chic du Connecticut. Je savourais un après-midi de paresse avant de préparer un dîner romantique pour Marc quand il rentrerait du travail.

J’aurais dû me douter que quelque chose n’allait pas quand j’ai ouvert la porte de l’appartement et entendu des cognements venant de la chambre. Mais je ne comprenais pas ce qui pouvait en être la cause. Je me souviens avoir pensé des choses stupides. Peut-être que le concierge était en train de réparer quelque chose dans la chambre, ou peut-être que Marc était rentré plus tôt et accrochait un tableau au mur.

J’étais tellement stupide. Tellement naïve.

Même pendant ces premières secondes, lorsque j’ai ouvert la porte et que j’ai trouvé Marc nu en train de s’affairer entre deux jambes bronzées, j’ai pensé que des intrus étaient peut-être entrés par effraction et faisaient l’amour dans notre lit. Mais la prise de conscience s’est effectuée dès que j’ai reconnu la petite tâche de naissance qu’il avait en bas du dos.

Mes joues s’échauffent encore de honte quand je me rappelle avoir fixé Marc en train de faire preuve de ses talents. Je ne pouvais pas voir le visage de la femme mais à entendre ses gémissements, je pouvais comprendre qu’elle était à fond dedans. Je n’ai aucune idée du temps que j’ai passé plantée là, mais à un moment, je me suis rappelée que je devrais être furieuse et j’ai fini par retrouver ma voix.

— Chéri… je suis rentrée… ai-je dit d’une voix douce.

On aurait pu croire que j’avais lancé un éclair entre eux car Marc a reculé comme s’il avait reçu une décharge. La femme a crié et commencé à tirer les draps sur son corps, mais je ne l’ai pas regardée. Je fixais Marc tandis qu’il glissait du lit et ramenait son pantalon sur son engin ratatiné.

— Ever… bébé… je suis tellement désolé, a-t-il bredouillé.

Il a commencé à marcher vers moi, les bras tendus en signe de supplication.

J’ai toujours du mal à croire au manque d’émotion dont j’ai fait preuve. Ma voix était monotone quand j’ai répondu :

— Désolé pour quoi ? Pour avoir baisé avec…

Je me suis tournée pour regarder la femme dans mon lit et j’ai eu un grand sursaut. Je me trouvais en face du visage mortifié de ma camarade de classe et amie, Kelli. Un élan de colère m’a traversé, avant d’exploser. Plus fort encore que ma colère envers Marc. Avec le recul, je ne peux que supposer que j’avais inconsciemment de plus grandes attentes envers Kelli qu’envers Marc. Ou peut-être qu’au fond de moi, je savais que Marc ferait quelque chose comme ça pour me blesser.

Et on peut se demander ce que ça dit de moi.

Kelli a commencé à pleurer et à balbutier des excuses.

Je l’ai arrêtée d’un geste de parle à ma main.

— Laisse-tomber Kelli. Va-t’en.

Marc et moi l’avons regardée en silence pendant qu’elle enfilait ses vêtements, des sanglots déchirants s’échappant de sa bouche. Elle s’est retournée pour me regarder une dernière fois, a murmuré une nouvelle excuse larmoyante, puis elle est partie. Je ne l’ai pas vue ni ne lui ai parlé depuis.

En me tournant vers Marc, j’ai été très surprise de voir des larmes dans ses yeux. Je l’ai fixé froidement, attendant que le désespoir, un peu de douleur, ou même de l’agacement me submergent. Tous ces sentiments auraient été appropriés.

Au lieu de ça… Je ne ressentais rien.

Je n’ai rien ressenti après cette montée initiale de fureur qui s’était étrangement dissipée en faible élan d’acceptation et déception.

— Je suis tellement désolé, Ever. S’il te plaît, crois-moi. Ça ne voulait rien dire pour moi.

Bizarrement, je l’ai cru. Je savais très bien à quel point il était facile pour les hommes de se déconnecter de leurs sentiments. Je savais qu’ils pouvaient facilement se laisser contrôler par leur pénis. Et je savais définitivement que les hommes étaient faibles.

— Depuis combien de temps ça dure ?

— Ce n’était que la deuxième fois. Je le jure.

Je ne savais pas comment réagir. Était-ce pire que si ce n’était arrivé qu’une seule fois ? Mais mieux que si c’était arrivé trois fois ?

— Pourquoi ?

Marc a soupiré et croisé les bras sur sa poitrine.

— Je ne sais pas. Parce qu’elle a proposé ? Parce que c’était facile ? Dangereux ? Choisis ce que tu veux, mais je n’ai pas de bonne réponse. Ce que je sais, c’est que je t’aime plus que tout.

Un rire étranglé m’a finalement échappé et je n’ai pas pu m’arrêter. Ma première vraie émotion envers Marc après l’avoir trouvé en train de baiser une de mes amies, et c’était de l’amusement. C’est tordu, non ?

— Tu m’aimes ? ai-je demandé avec sarcasme. Tu ne pensais clairement pas à ton amour pour moi pendant que tu te tapais Kelli.

— Ça ne se produira plus. Je te le promets, Ever. Tu dois me croire.

Je l’ai regardé, essayant de chercher en moi quelque chose qui soit touché par ses mots. Mais je n’ai rien trouvé. Je me suis attardée sur son beau visage, ai mémorisé l’éclat qui recouvrait encore ses yeux bleus et la rondeur de ses lèvres qui étaient sur mon corps le matin même. J’ai essayé de sortir quelque chose, mais rien n’est venu. Mon cœur s’était vidé et mes barrières dressées, solidement fermées.

C’était un mécanisme de défense que j’avais maîtrisé quelques années plus tôt, et qui était presque impossible à briser une fois en place. Marc avait été la seule personne à franchir ces murs et j’avais fini par les laisser tomber car il me l’avait demandé. Mais à présent, elles étaient fortifiées et je ne pensais pas que des béliers maniés par l’Empire ottoman pourraient les faire tomber une nouvelle fois.

Je lui ai fait un sourire triste.

— Tu as raison. Ça ne se produira plus. J’ai besoin que tu fasses tes bagages et que tu t’en ailles.

Marc a passé l’heure qui a suivi à supplier et à implorer. Il a pleuré. Il s’est lamenté. Et comme je ne cédais pas, il a fini par montrer un autre visage. Il a dit que c’était ma faute, que si j’avais fait plus attention à lui, il ne serait pas allé voir ailleurs. Apparemment, il avait oublié l’incroyable partie de jambes en l’air que je lui avais offerte le matin même.

Ses mots ne m’ont pas atteint, pas la femme au cœur de pierre que je venais de devenir. C’était comme si quelqu’un avait appuyé sur un interrupteur en moi et que tout l’amour et le désir que j’avais ressentis pour cet homme avaient totalement disparu. Je ne vivais pas bien la trahison. Demandez à mon père. Il peut le confirmer.

Je n’avais pas revu Marc jusqu’à aujourd’hui. Il m’a envoyé un message pour me demander s’il pouvait récupérer la bague de fiançailles et nous avions prévu qu’il vienne la chercher. Ça ne me posait aucun problème. Elle était au fond de mon tiroir à sous-vêtements et y resterait sans doute à tout jamais.

L’échange s’est déroulé assez simplement. Je venais de rentrer chez moi après avoir terminé ma première semaine complète au Post, et je devais me rendre à une fête dans l’heure qui suivait. Je n’avais pas le temps de faire la conversation ou d’échanger des civilités hypocrites. Quand j’ai ouvert la porte, j’ai attendu qu’une étincelle se produise en voyant Marc. Que mon cœur reconnaisse qu’il bat toujours dans ma poitrine.

Une nouvelle fois, je n’ai rien ressenti.

Il m’a juste remercié poliment de lui rendre la bague. Je lui ai répondu : « pas de problème » et j’ai fermé la porte. Et aussi facilement que ça, Marc était complètement sorti de ma vie.

Je me suis écartée de la porte et suis retournée dans ma chambre pour me changer. Je devais aller à une fête avec mon amie, Emily Burnham. En fait, c’était une sorte de soirée de travail pour moi. Elle avait réussi à m’obtenir une interview avec Lincoln Caldwell, gardien de but des New York Rangers. Le Post me fait travailler sur des articles de style de vie en ce moment et quand j’ai proposé l’idée de cette histoire, mon rédacteur en chef a sauté sur l’occasion. Je voulais montrer à quoi ressemble une journée dans la vie de la star sportive la plus sexy de tout New York. J’ai soumis l’idée à Emily et, en un coup de fil, elle a obtenu l’accord de Lincoln. Le fait que son frère, Ryan, joue pour les Rangers et que son petit ami, Nix, soit le frère de Lincoln a clairement aidé.

Emily va donc venir me chercher pour m’emmener à l’appartement de Lincoln. Il organise un barbecue de fin de saison sur le thème de la plage pour tous ses coéquipiers et leur famille. Lincoln a proposé de faire l’interview là-bas, dans une atmosphère décontractée, pour que je puisse voir les Rangers une fois débarrassés de leurs protections et patins.

La journée est chaude, alors j’enlève mon uniforme de journaliste - c’est-à-dire une jupe droite et une chemise boutonnée et repassée - et j’opte pour un short, un joli dos nu et des sandales. Je retouche mon maquillage, qui consiste essentiellement d’une ombre à paupières et d’un peu de mascara. Je ne fais pas attention aux quinze tubes de brillant à lèvres dans mon tiroir, car je n’aime pas la façon qu’ils ont de rendre mes lèvres collantes. Je prends un tube de baume à lèvres Burt’s Bees et le fourre dans ma poche. Je pense un instant à mettre de la crème solaire car ma peau est pâle et je brûle facilement, mais j’oublie vite cette idée. Le soleil de l’après-midi ne sera pas trop violent et je m’assurerai simplement de m’asseoir à l’ombre.

En attendant qu’Emily arrive, je parcours mes notes sur Lincoln Caldwell. Il est originaire de Hoboken, dans le New Jersey, et a joué au hockey universitaire à l’Université du Minnesota. Il a été sélectionné au premier tour à la fin de sa troisième année et est depuis lors le gardien titulaire de New York. Il a vingt-quatre ans, est célibataire et d’une beauté ravageuse. Il est le rêve de toutes les femmes de New York. Bon sang, il me fait rêver aussi. Mon cœur est peut-être mort mais mon corps ne l’est pas.

En regardant la photo sur papier glacé que son chargé des relations publiques m’a envoyée cette semaine, il est difficile de ne pas se laisser séduire par son physique. Ses cheveux bruns gorgés de soleil sont courts sur les côtés mais un peu plus longs sur le dessus et il les a coiffés dans une douzaine d’angles différents au sommet de son crâne. Ses yeux sont noisette, avec des reflets de vert, d’or et de brun, et sont entourés de cils incroyablement épais. Il a une cicatrice qui court le long de la base de son menton et je me demande si c’est une blessure de hockey ou s’il est tombé d’un arbre quand il était enfant. J’en prends note pour me souvenir de lui demander, mais cela ne diminue en rien son sex-appeal.

La sonnerie de l’interphone retentit et je jette mon bloc-notes, mon dictaphone et mon stylo dans mon sac. Je pose mes lunettes de soleil sur mon crâne et descends pour rejoindre Emily.

Chapitre 2

Linc

Pourquoi ai-je voulu organiser une fête pour toute mon équipe et leur famille ? Tout le monde sait que l’hôte finit toujours par travailler comme un fou pendant toute la soirée et n’a pas le temps de s’amuser. Quand je n’ai pas été à la recherche de plus de ketchup, de pains à hamburger et de glaces pour les enfants, j’ai veillé à ce qu’il reste de la bière et que la nourriture reste chaude. Je ne pense pas avoir arrêté de courir partout depuis que la fête a commencé il y a deux heures.

Je jette un coup d’œil à tous ces gens et une vague de joie m’envahit. J’aime voir mon équipe s’amuser, en particulier ceux qui ont des familles. C’est vraiment génial de pouvoir se retrouver ensemble, loin de la pression et du stress de la saison. J’ai de la chance de m’entendre si bien avec la majorité de mes coéquipiers. Certains d’entre eux… un peu moins, mais bon. Aujourd’hui, il s’agit de profiter de tout le monde.

Les Rangers s’en sont bien sortis cette année, même si je suis toujours déçu que nous n’ayons pas dépassé le deuxième tour des séries éliminatoires. Mais cela ne fait qu’alimenter ma résolution de travailler encore plus dur sur mon entraînement cet été. À mon avis, il y a toujours moyen de s’améliorer.

Je repère mon frère, Nix, assis sur une chaise en train d’observer les festivités et de savourer une bière fraîche. Il n’est pas vraiment quelqu’un de social. Il n’a accepté de venir à cette fête que parce que je lui ai dit que la famille de tout le monde serait là, ce qui a suffi à le convaincre.

J’attrape une bière dans une glacière voisine et m’approche de lui, la tête baissée pour ne pas être arrêté. J’ai besoin de me détendre juste quelques minutes.

— Quoi de neuf ? demande Nix alors que je m’installe sur une chaise à côté de lui.

— Je veux juste me poser un peu. C’est la première bière que je bois de tout l’après-midi.

— Eh bien, santé !

Nix brandit sa bière et je fais tinter la mienne contre la sienne.

— Où est Emily ?

Il jette un coup d’œil à sa montre.

— Elle devrait bientôt être là. Elle vient en voiture depuis la ville.

— Alors, vous êtes ensemble depuis un moment maintenant. Quand vas-tu lui poser la grande question ?

Je regarde les yeux de Nix se réchauffer et un sourire idiot se dessine sur son visage. Mon frère… le Marine coriace et endurci par la guerre, mis à genoux par une femme. Qui l’eut cru ?

— Je ne sais pas. Quand ce sera le bon moment, je suppose.

Je le frappe doucement sur le bras.

— C’est le bon moment, mec. Ça ne sert à rien d’attendre.

Nix avale une grosse gorgée de bière.

— Je veux d’abord demander à son père. Donc ça n’arrivera pas avant que je puisse lui parler.

— Alors prends ton téléphone et appelle-le.

Nix secoue la tête de manière catégorique.

— Pas question. Ce genre de truc doit se faire en personne.

— Vraiment ? demandé-je avec curiosité.

Je ne sais rien du fonctionnement des demandes en mariage et franchement, je m’en moque. Ce n’est pas dans mes projets pour les années à venir, voire jamais. Pourtant, je ne peux m’empêcher de demander :

— Il y a une règle qui stipule que ça doit se faire en personne ?

Nix me fait un rictus.

— Non, crétin. Il n’y a aucune règle qui dise que je doive même lui poser la question. C’est juste que… je veux sa bénédiction. Pour Emily. C’est tout.

— Alors… demandé-je, pourquoi ne pas simplement appeler ?

Le sourire en coin qui détourne les lèvres de Nix est hilarant à mes yeux, et je sais qu’il s’apprête à dire quelque chose d’épique.

— Parce que… je vais le menacer de violences physiques s’il dit non. C’est beaucoup plus efficace en personne.

Je m’esclaffe bruyamment. Seul mon frère serait prêt à menacer un membre du Congrès américain et possiblement le prochain président des États-Unis. Nix vit selon ses propres règles. C’est une qualité que j’admire et que j’essaie d’émuler autant que possible. J’admire mon grand frère à bien plus d’égards que je ne peux compter.

— Linc !

Je me tourne pour voir qui m’appelle. Un de mes coéquipiers tient un sac poubelle plein à la main.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Je vais jeter ça dans la benne pour toi mais il n’y a plus de sacs poubelle. Tu en as d’autres en haut ?

Je me lève de ma chaise.

— Ouaip. Je vais les chercher.

Je me tourne vers Nix.

— Je te vois plus tard, quand Emily sera là.

En entrant dans mon immeuble, je m’arrête brièvement à la boîte aux lettres et récupère ce qu’elle contient. Je parcours la pile en montant dans l’ascenseur. Je souris en ouvrant la lettre de Teton Realty et la consulte rapidement. C’est la confirmation de ma réservation pour un chalet à Jackson, dans le Wyoming. J’y passe mes vacances d’été chaque année et je suis impatient de m’y rendre bientôt.

Je dépose le courrier sur le comptoir de la cuisine et vais chercher d’autres sacs poubelles sous l’évier. Lorsque je me redresse, je suis momentanément sous le choc quand deux bras féminins m’entourent par derrière. Mon premier réflexe est de m’éloigner car, croyez-moi, j’ai eu mon lot de folles aux avances assez explicites. Mais je reconnais ensuite ce parfum familier et je comprends qu’il s’agit seulement de Brenda. Je me détends légèrement.

Je me retourne dans ses bras et laisse tomber les sacs sur le sol, avant de poser doucement mes mains sur sa taille.

— Il était temps que tu arrives.

Elle lance un rire rauque.

— Alors, tu me cherchais, hein ?

Je hausse les épaules de manière désinvolte. J’ai invité Brenda pour un « rencard » et j’utilise ce terme au sens large. Brenda et moi avons été présentés il y a quelques mois par un ami en commun. Notre relation, si on peut l’appeler ainsi, n’est constitué que de plans cul.

Lors de notre premier rendez-vous, une rencontre à l’aveugle organisée par ce fameux ami en commun, elle m’a tout de suite attiré. Elle est tout simplement éblouissante, comme il se doit. Elle est mannequin et son travail va des éditoriaux haut de gamme aux exhibitions en maillots de bains super sexy.

L’attirance était mutuelle et nous avons eu du mal à atteindre la chambre à coucher lorsque je l’ai ramenée à la maison à la fin de ce rendez-vous. Depuis, on se voit chaque fois qu’elle est en ville, ce qui n’est pas si fréquent. Pourtant, je l’aime bien. Enfin… je l’aime bien en tant que personne. Pas pour une relation sérieuse ou quoi que ce soit, ce n’est pas ce que je recherche actuellement. Heureusement, elle non plus. Aucun de nous ne s’attend à de la monogamie et la seule chose sur laquelle nous insistons mutuellement à chaque fois que nous baisons est l’utilisation d’un préservatif.

Elle se penche et m’embrasse furtivement. Elle est très grande et ne mesure que quelques centimètres de moins que moi, ce qui rend le sexe oral incroyablement pratique quand on veut faire un soixante-neuf.

Comme si elle pouvait lire dans mes pensées, Brenda amène sa main contre mon short pour me caresser.

— On pourrait s’éclipser dans ta chambre pour un petit coup rapide tout de suite.

Je saisis sa main et la retire. Je ne suis pas du genre exhibitionniste et n’importe qui peut entrer dans mon appartement à n’importe quel moment.

— Même si c’est très tentant, j’ai des invités et une tonne de choses dont je dois m’occuper. Mais ce soir… ne prévois pas de dormir. Tu peux passer la nuit ici ?

Elle me sourit, pas le moins du monde refroidie par mon refus de la baiser tout de suite.

— Bien sûr, mon chou. Mais je vais te prendre au mot.

Brenda se tourne et sort de la cuisine. Je suppose qu’elle se rend à la fête.

Je ramasse les sacs poubelles et avant de redescendre, je décide d’appeler mon père. Il a attrapé un mauvais rhume, sans quoi il serait venu à la fête. J’ai juste besoin de vérifier qu’il va bien et je me dirige vers ma chambre pour avoir un peu d’intimité.

Au moment où je tourne dans le couloir, un groupe de femmes rieuses sort de la salle de bains des invités. Elles sont jeunes et je doute qu’elles aient beaucoup plus de vingt-et-un ans, et encore. Elles ont dû être invitées par certains de mes coéquipiers célibataires mais pour ce que j’en sais, elles pourraient s’être incrustées. Elles sont trois et portent toutes des hauts de bikini qui ne laissent pas beaucoup de place à l’imagination et des shorts si courts que je me demande pourquoi elles se donnent la peine de les enfiler.

Je leur fais poliment un signe de la tête et elles se mettent à rire encore plus fort. Je m’assure de leur tourner le dos avant de lever les yeux au ciel. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai jamais été du genre à aimer les femmes dont l’apparence est ouvertement sexuelle. Ne vous méprenez pas. J’aime le corps nu des femmes. Je pourrais le regarder pendant des heures… des jours… même des années. Passer mes mains et mes lèvres sur une femme nue pourrait être mon métier. Mais j’aime un peu de mystère. J’aime me demander ce qu’il y a derrière. J’aime avoir à travailler pour y arriver.

Après avoir fermé la porte de ma chambre, je sors mon téléphone portable et appelle mon père. Il répond à la deuxième sonnerie.

— Comment ça va, gamin ?

Mon père ponctue sa question par une toux puissante et je grimace.

— Ça va bien. Toi, par contre, tu n’as pas l’air d’aller fort. Tu es allé chez le médecin ?

J’écoute mon père qui tousse, puis respire bruyamment. Il répond finalement :

— Non. Je prends juste un truc que j’ai acheté à la pharmacie. Ça va aller.

— Ça n’a pas l’air d’aller, Papa. Tu as l’air mal en point. Je devrais peut-être venir te chercher tout de suite. On peut aller aux urgences.

— C’est hors de question. Tu as ta fête et des invités. Garde tes fesses où elles sont.

Je souris. Mon père est un sacré dur quand il s’agit de sa santé mais il a un cœur d’or quand il s’agit du bonheur et du bien-être de ses enfants. Il a toujours été comme ça.

— D’accord. Je t’appelle plus tard dans la soirée pour prendre de tes nouvelles.

— Pas besoin. Arrête de t’inquiéter.

— C’est ça, Papa. Je raccroche.

Mon père rit et ajoute avant qu’on se dise au revoir :

— Tu viens toujours le week-end prochain avec Nix et Emily ? Je me suis dit qu’on pourrait faire un barbecue.

— Absolument ! Enfin, si je n’ai pas besoin de te traîner chez le docteur d’ici là.

Mon père ricane, ce qui provoque une nouvelle quinte de toux.

— Tu n’es pas encore assez vieux pour éviter la fessée, fiston !

— Ouais, c’est ça. Tu es trop sentimental pour seulement penser à me mettre une fessée.

Et c’est vrai. Mon père n’a jamais levé la main sur Nix et moi durant notre enfance. Il n’a jamais eu à le faire. Nous n’étions pas des anges mais pour une raison ou une autre, nous avons vraiment respecté notre père après la mort de notre mère. Tout ce qu’il nous demandait de faire, on le faisait. Quelles que soient les limites qu’il imposait, on les respectait. Oh, on avait nos petits moments de rébellion, mais il en parlait toujours avec nous plutôt que de chercher à nous punir par la force.

Il est tout simplement le meilleur parent qu’un homme puisse espérer avoir.

— Allez, fiston. Je raccroche et je vais me coucher. On se voit le week-end prochain.

— D’accord, Papa. Je t’aime.

— Je t’aime aussi, Linc.

Je souris en raccrochant. J’espère arriver au moins à la cheville de mon père un jour.

Chapitre 3

Ever

— Alors, as-tu des nouvelles de ton salaud d’ex ? demande Emily alors que nous roulons vers Hoboken.

Je ris volontiers.

— Surveillez votre langage, Mlle Burnham. Où avez-vous appris un tel mot ?

Elle quitte la route des yeux pour me faire un sourire plein de malice.

— C’est comme ça que Nix appelle mon ex. Ça semble approprié.

Emily est l’une des rares personnes à savoir que j’ai surpris Marc en train de me tromper. Elle et moi sommes devenues de bonnes amies depuis que nous nous sommes rencontrées dans un cours de journalisme à Columbia il y a plus d’un an. Elle a les pieds sur terre et l’esprit vif. Elle a aussi été une oreille attentive quand mes fiançailles se sont soudainement arrêtées.

Retournant mon attention sur sa question initiale, je lui réponds :

— Eh bien… en fait, il est passé juste avant pour récupérer la bague de fiançailles.

— Il a voulu la récupérer ? demande Emily avec stupeur.

Je hausse les épaules.

— Ça ne me dérangeait pas. Ce n’est pas comme si j’allais la porter un jour.

Emily ricane.

— J’aurais refourgué ce foutu truc et j’aurais acheté assez de préservatifs pour baiser tous les beaux gosses qui croisent mon chemin.

C’est moi qui ricane à présent, avant de rire jusqu’à m’en faire mal aux côtes.

— C’est une idée. Dommage que je lui ai déjà rendu la bague. Mais bon… maintenant que je suis une femme qui travaille à plein temps, je peux me payer mes propres préservatifs !

— Oui, s’écrie Emily en riant. Je crois fermement à l’utilisation d’un bon orgasme pour se coller un sourire sur le visage. C’est décidé !

Notre hilarité se transforme en gloussements, puis Emily me regarde à nouveau. Son visage est plein de bonté.

— Sérieusement… comment vas-tu ?

— Je vais bien, assuré-je.

Et je le pense.

— Je n’ai même pas versé une larme pour lui.

Emily reste silencieuse un instant.

— Ce n’est pas une bonne chose, Ever. Tu as besoin de faire ton deuil.

— Je ne peux pas, avoué-je franchement.

Mon cœur s’emballe un tout petit peu, puis se calme en se repliant dans son enveloppe de glace.

— Peux pas ou veux pas ?

Emily dispose d’une sagesse qu’aucune personne de vingt-et-un an ne devrait posséder.

— Je ne peux pas. Je pense que je suis peut-être brisée ou quelque chose comme ça.

J’annonce les choses telles qu’elles sont, sans amertume ni pitié. Je pense vraiment que je suis brisée, mais il n’y a pas de raison de se lamenter à ce sujet.

Je regarde Emily et elle me rend un regard inquiet. Elle retire une main du volant pour attraper la mienne.

— Tu n’es pas brisée. Tu as juste besoin de temps pour accepter ce qui s’est passé.

Oh, si seulement elle savait. J’avais déjà accepté ce qui s’était passé. Ce n’était pas la première fois que je devais le faire car Marc n’était pas le premier homme à me trahir. Mon cœur avait déjà été brisé une fois auparavant, et la douleur m’avait presque détruite. Cette fois-là, j’avais été en deuil… sévèrement.

Tellement sévèrement que j’avais pensé à tout arrêter. Heureusement, j’avais eu le courage de passer à autre chose.

Après avoir enduré tant de douleur et de misère, c’était même un miracle que je me sois ouvert à Marc. J’étais tellement fermée, tellement distante que je ne pensais pas qu’il était possible pour moi de faire preuve d’amour. Mais Marc avait réussi à briser les murs que j’avais construits si soigneusement après m’être fait briser le cœur une première fois, et j’avais goûté à ce que je pensais être le véritable amour.

Quelle idiote j’étais.

Dès que j’ai vu Marc au lit avec Kelli, j’ai senti ces murs reprendre forme. C’était comme des parpaings et du mortier qui s’empilaient autour de moi, durcissant rapidement et rendant impénétrable l’accès à mon cœur. Et s’ils me protégeaient de toute douleur extérieure, ils gardaient aussi toutes mes émotions à l’intérieur. Il n’y avait pas une seule fissure ou crevasse par laquelle mes larmes pouvaient s’échapper.

J’étais définitivement une femme brisée, coincée dans une prison de ma propre fabrication.

Heureusement, Emily et moi enchaînons sur des banalités. Elle me parle de Lincoln et de certains des autres joueurs qui seront présents. Je suis assez nerveuse, à vrai dire. Je suis une grande fan des Rangers et je possède d’ailleurs un maillot de Lincoln Caldwell. J’avais même pensé à l’apporter pour lui demander de le signer, mais j’ai trouvé que ça faisait trop ringard. En plus ça ne serait pas très professionnel de ma part.

Nous arrivons au bâtiment de Lincoln, qui est plutôt impressionnant. Il est entouré d’une clôture et se trouve en bordure du Hudson. Emily me conduit à travers une cour jusqu’à une zone à l’arrière couverte d’herbe. Je suis immédiatement assaillie par le son de la musique et l’odeur des steaks qui grillent. Nous tournons au coin et je suis submergée par la quantité de monde. Il doit y avoir près de trois cents personnes qui grouillent. Un terrain de volley-ball en sable a été installé et un match est en cours. Les enfants courent partout avec des ballons en forme d’animaux dans les mains. Je frissonne en voyant le clown qui les fabrique.

Je déteste les clowns. Ils me font froid dans le dos.

Deux grandes tentes ont été montées, abritant chacune de nombreuses tables où les gens sont assis pour manger. Je commence à regarder les invités plus attentivement et je reconnais plusieurs joueurs des Rangers. La plupart d’entre eux sont accompagnés de leur femme ou petite amie. Certains tiennent des bébés dans leurs bras ou jouent au football avec les enfants. C’est un cadre idyllique, pas du tout ce que j’avais imaginé lorsque j’ai été invitée.

Mon attention est attirée par un homme qui ne peut-être que le petit ami d’Emily, Nix, qui se dirige vers elle pour la saisir dans une étreinte écrasante. Il l’embrasse ensuite avec tellement de passion que mon visage devient rouge. Après l’avoir enfin reposée, il me regarde et déclare :

— Salut, je suis Nix. Tu dois être Ever. Ravi de te rencontrer.

— De même. Je suis contente que tu aies pu retirer ta langue de la gorge d’Emily pour pouvoir te présenter, taquiné-je.

Il ricane mais ne semble pas gêné le moins du monde.

— Eh bien, venez donc manger quelque chose. Linc est en haut en train de récupérer des sacs poubelles, je vous présenterai quand il sera redescendu.

Nix nous conduit devant un buffet rempli de hamburgers, hot-dogs, saucisses fumées ainsi qu’une multitude de salades et desserts. Je remplis mon assiette, réalisant soudain que je n’ai pas mangé depuis mon petit-déjeuner ce matin. J’ai été tellement occupée au travail que j’ai sauté le déjeuner, ce qui n’est pas inhabituel pour moi.

Nous nous asseyons à une table et profitons de notre repas. Emily et Nix me présentent à quelques joueurs. Je demande où est son frère, Ryan, mais elle me répond que sa femme Danny ne se sent pas très bien et qu’ils ne viennent pas à la fête. Elle est enceinte de huit mois et demi et d’après Emily, elle pourrait accoucher d’un jour à l’autre.

Quelque chose attire l’attention d’Emily sur notre gauche et ses lèvres se retroussent pour former un rictus. Je tourne la tête pour voir ce qu’elle regarde et il ne s’agit de nul autre que Lincoln Caldwell… entouré de trois femmes. Elles ont toutes de longues jambes et une forte poitrine. Elles prennent le thème de la plage au sérieux, arborant de minuscules bouts de tissus sur les fesses et des hauts de bikini débordant de seins. Chacune d’entre elle se tient là, à se pavaner et flirter ouvertement. L’une d’entre elle a sa main sur son torse tandis qu’une autre fait tourner ses cheveux autour de son doigt tout en faisant ressortir sa hanche osseuse. Je ricane doucement, dégoûtée par le manque de subtilité de ces femmes.

Je remarque que Lincoln n’a pas l’air de se plaindre de cette attention. Il rit de ce que dit l’une des femmes, et prend même sa main pour déposer un baiser sur ses jointures. Bon sang, c’est tellement ringard.

Dès qu’il lâche sa main, il se détourne d’elle et me fixe d’un regard direct qui, bizarrement, fait vibrer toutes mes terminaisons nerveuses. C’est comme s’il savait exactement où j’étais assise, car son regard ne n’est pas perdu avant de se poser sur moi. Je suis tellement choquée que je baisse les yeux et tripote la serviette que j’ai toujours en main. Je relève les yeux et il me regarde toujours pendant qu’il marche dans notre direction, sans jamais détourner le regard.

Son intention est claire. Il vient pour moi et cette pensée crée une anticipation qui me serre l’estomac.

Il devient de plus en plus magnifique au fur et à mesure qu’il s’approche. Il porte un short kaki et un t-shirt blanc uni plutôt serré sur son torse massif. Des tongs complètent sa tenue de plage. Ses cheveux sont décoiffés avec style et il ne s’est pas rasé aujourd’hui, ce qui lui donne l’air d’être tout juste sorti du lit. Ce look lui va à merveille et je suis surprise que ma culotte ne tombe pas d’elle-même jusqu’à mes chevilles.

Emily et moi nous levons juste au moment où il atteint notre table. Elle s’approche de lui et il la serre fort dans ses bras.

— Hey, ma grande, dit-il avec une affection évidente, le regard toujours rivé sur moi.

Après avoir relâché Emily, il me tend la main.

— Linc Caldwell.

Emily termine les présentations tandis que je prends sa main. Elle est énorme et englobe complètement la mienne. Son toucher est aussi électrique que son regard.