3,99 €
Niedrigster Preis in 30 Tagen: 3,99 €
Oliver, le frère de Declan Ramsay, va épouser Annabelle Aiken dans un château de contes de fées sur les rives du Loch Ness en Écosse. Les mariés ont décidé que Declan serait le témoin, et le frère cadet d'Annabelle, Sam, qui est gay, partagerait les devoirs du témoin. Declan n'a jamais rencontré le gamin qui va être son équipier. Sam Aiken est à l'étranger, terminant ses études. Il ne rencontrera Declan que quelques jours avant le mariage, alors les deux témoins vont communiquer par email et mettent tout en place pendant plus d'un an. Lorsqu'il rencontre enfin Sam Aiken, Declan est surpris de réaliser que le gamin n'en est pas un, mais un jeune homme grand, blond et athlétique. Declan est certain d'être hétéro, alors il est inquiet par l'attirance féroce qu'il ressent pour Sam. Et comme l'attirance est réciproque, les événements au Château Dunloch changent tout ce que Declan croyait savoir sur lui-même. Mais Samuel Aiken est-il vraiment ce qu'il semble être ?
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Inhaltsverzeichnis
CONTENU
Un Écossais et un Anglais tombent amoureux. . . après la plus belle semaine de leur vie au château de Dunloch, sur les rives du Loch Ness, en Écosse. Le charmant et mystérieux Samuel Aiken a bouleversé la vie de Declan Ramsay. Declan a connu un changement remarquable. Il a compris qu'il était bisexuel et il est tombé amoureux du fils de son patron, Sam. Cependant, tomber pour le fils de son patron ne sera jamais une voie facile vers le bonheur, principalement parce que le patron en question est le magnat multimillionnaire et ancien agent du MI5, Sir James Aiken. Sir James est dégoûté par l'homosexualité de son fils, et découvrir que son employé Declan Ramsay – l'homme qu'il a installé pour diriger son empire de location de biens de luxe – est dans une relation avec Sam, ne se passe pas bien.Les amants ne peuvent pas se cacher longtemps de la présence imposante de Sir James Aiken ! Rapidement, James passe à l'action, et Declan découvre ce qu'il devra endurer pour rester avec Sam, et ce qu'il devra donner pour se sentir digne de son amour.
Aussi par Isobel Starling
Haut-de-Forme
COMME VOUS VOUDREZ
SHATTERPROOF BOND #1
Traduit de l’anglais par Estelle Pion
Isobel Starling
WWW.DECENTFELLOWSPRESS..COM
© Comme Vous Voudrez (Shatterproof Bond#1) 2020 -2023
Titre original : As You Wish (Shatterproof Bond #1)
Traduit de l’anglais par Estelle Pion
ISBN: 9783757929619
Tous droits internationaux réservés. Ce livre ne peut être reproduit, en tout ou en partie, stocké dans un système de recherche ou transmis sous quelque forme que ce soit par quelque moyen que ce soit (électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autrement) sans l'autorisation écrite préalable de l'auteur, sauf pour les besoins suivants: des critiques. Le critique peut citer de courts passages pour que la critique soit imprimée dans un journal, un magazine ou une revue.
Note de l’éditeur
Les phrases en italiques suivies d’un astérisque sont tirées du film The Princess Bride, réalisé en 1987 par William Goldman.
Copyright de l'édition française ©2020
Copyright de l’edition anglaise © 2017-2023
Isobel Starling & Decent Fellows Press
Conception graphique : Isobel Starling
Avertissements
Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les faits décrits ne sont que le produit de l’imagination de l’auteur, ou utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existées, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux ou des événements ou des lieux ne serait que le fruit d’une coïncidence.
Cet ebook contient des scènes sexuellement explicites et homoérotiques, une relation MM et un langage adulte, ce qui peut être considéré comme offensant pour certains lecteurs. Il est destiné à la vente et au divertissement pour des adultes seulement, tels que définis par la loi du pays dans lequel vous avez effectué votre achat. Merci de stocker vos fichiers dans un endroit où ils ne seront pas accessibles à des mineurs.
COMME VOUS VOUDREZ
By
Isobel Starling
«Si je t'aime? Mon Dieu, si ton amour était un grain de sable,le mien serait un univers de plages* »
The Princess Bride
de William Goldman
CHAPITRE 1 AIRPORT
CHAPITRE 2 DUNLOCH
CHAPITRE 3 MONSIEUR LE LAIRD ET MADAME
CHAPITRE 4 INSIGHTS Aperçus
CHAPITRE 5 LA NUIT JUSTE AVANT
CHAPITRE 6 SWORDS/ Des épées
CHAPITRE 7 LA PETITE MORT
CHAPITRE 8 KILT
CHAPITRE 9 MARRIAAAGE
CHAPITRE 10 BOUND Attaché
CHAPITRE 11 Les falaises de la démence*
CHAPITRE 12 DUEL
CHAPITRE 13 IMPERFECTION
CHAPITRE 14 LAST NIGHT/ Dernière nuit
CHAPITRE 15 TO THE PAIN/ Jusqu’à la douleur
CHAPITRE 16 POUR TOUJOURS
EPILOGUE
AUTEURE
CHAPITRE 1
AEROPORT
« L’embarquement pour le vol BA 1432 pour Édimbourg se fera porte A26. »
Sam Aiken s’arrêta et regarda les panneaux jaunes de l’aéroport indiquant qu’il lui faudrait dix minutes pour rejoindre les portes A1 à A26.
— Merde, marmonna-t-il dans un souffle.
Son vol pour Édimbourg devait également décoller dans dix foutues minutes. Il passa son lourd sac à dos sur son épaule et courut au travers du Terminal 2 de l’aéroport d’Heathrow de Londres, zigzagant entre les voyageurs étrangers.
C’était en partie de sa faute s’il était en retard. D’abord, cela avait été dû à un mauvais choix de file d’attente et à un arrêt obligatoire de vingt minutes au contrôle d’identité. Puis à une tentative de discussion avec l’agent de sécurité et une fouille au corps en guise de réponse. S’il n’avait pas été aussi stressé, il aurait pu apprécier le geste.
Sam Aiken mesurait plus d’un mètre quatre-vingt et portait ses cheveux blonds aux épaules. Son visage enfantin, rendu bronzé par les vents des déserts d’Arabie Saoudite, avait laissé germer une tentative de barbe monstrueuse. C’était ridicule. On ne pouvait appeler cela une barbe, c’était plus un buisson qu’une forêt ! Sam avait passé l’année précédente au Moyen-Orient, où la barbe était un symbole de virilité et d’honneur, il l’avait donc laissée pousser pour s’intégrer. Cela avait fonctionné là-bas, mais de retour au Royaume-Uni, cela lui donnait simplement l’air crasseux. Il était habillé en bermuda kaki et tee-shirt rouge canneberge délavé. Son apparence était celle du routard lambda, alors pourquoi la sécurité lui avait-elle accordé une attention particulière, il n’en savait rien. Peut-être devrait-il arrêter de raconter des plaisanteries aux agents de sécurité, surtout quand ils avaient ses testicules entre les mains.
— Jolie baguette ! Faites attention selon où vous la mettez, je risquerais d’apprécier ! avait-il plaisanté nerveusement avec son petit accent anglais.
Le chef de la sécurité, un homme baraqué qui lui passait le détecteur de métaux dessus, l’avait fusillé du regard. Sam avait haussé les sourcils et souri, espérant inciter l’homme à lui rendre un sourire illicite, mais au lieu de cela, l’agent l’avait décalé sur le côté et avait demandé à son ami de regarder pendant qu’il effectuait une fouille approfondie de Sam. Si seulement il avait su se taire. Ce retard de trente minutes le rendait nerveux.
À mesure qu’il parcourait les couloirs mornes et blancs de l’aéroport jusqu’à la porte A26, Sam n’était plus sûr d’arriver à temps pour le vol. Son esprit tournait en boucle, imaginant les pires éventualités. Tous les plans minutieux de son père tomberaient à l’eau, et il en serait le responsable – arrivé depuis seulement une heure sur le sol anglais et déjà en disgrâce.
Sam tourna pour arriver dans la vaste salle d’attente. Sorti de nulle part, un autre voyageur tirant une valise noire à roulettes lui coupa la route. Sam ne put éviter de trébucher. Il commença à tomber en avant et fut arrêté au milieu de sa chute. La main forte et virile du voyageur maintenait son avant-bras dénudé afin de l’empêcher de tomber. Il l’aida à se redresser. Les deux hommes se dévisagèrent.
— Mon Dieu ! Regardez ce que vous faites avec ce truc ! s’exclama Sam, furieux.
— Regardez plutôt où vous allez, idiot ! répondit l’étranger avec un accent écossais guindé.
L’Écossais s’en alla, tirant sa valise, et Sam continua à courir jusqu’à la bonne porte, maudissant intérieurement la bêtise de certaines personnes.
Quand il arriva à destination quelques minutes plus tard, il vit grouiller une horde de passagers, puis en regardant le panneau d’informations, il vit qu’il y avait un retard de dix minutes. Il poussa un gros soupir de soulagement. Il posa son sac et trouva un mur contre lequel glisser. Il fouilla dans la poche avant, sortit son téléphone et passa son appel.
— Bonjour, c’est Samuel Aiken. J’ai demandé un taxi pour treize heures trente depuis l’aéroport d’Édimbourg. Eh bien, mon vol est retardé de dix minutes. Je voulais simplement vous en informer. Voilà, à tout à l’heure.
Il raccrocha et regarda son avant-bras. Il vit la trace des marques de doigts. Il passa distraitement sa main sur les empreintes laissées par l’Écossais à la valise noire à roulettes, incapable de nier qu’avoir été touché si brusquement lui avait procuré une sensation de chaleur dans le ventre.
****
Declan Ramsay était soulagé, car son vol avait été retardé de dix minutes ; il aurait même le temps de s’asseoir et reprendre son souffle. La matinée avait été un désastre. Il avait décidé de prendre la voiture ce matin et s’était retrouvé coincé dans les embouteillages en allant à l’aéroport d’Heathrow. Sans surprise. Qui prend sa voiture pour traverser Londres tout en sachant très bien que le trafic sera un cauchemar tout le long ? Declan s’en voulait de sa propre stupidité. Il n’avait pas vraiment toute sa tête ces derniers jours. Le mariage imminent de son frère le rendait bizarre. Il était heureux pour Oliver, mais ce mariage ne faisait que mettre en évidence ses propres échecs, toujours célibataire à trente-deux ans. Un nuage d’abattement pesa sur lui à l’idée de passer la semaine coincé avec sa famille, lui rappelant à quel point il avait tout raté. Cela l’avait rendu distrait et plus grincheux que d’habitude.
Les passagers pour le vol BA1432, l’embarquement a commencé porte A26. Merci de présenter votre billet d’avion et vos pièces d’identité.
Il n’y avait aucune raison de se presser pour embarquer sur un vol British Airways. Les sièges étaient réservés afin qu’il n’y ait pas de cohue pour avoir les meilleures places comme dans les compagnies « moins chères qu’un paquet de chips ». Declan flâna donc un peu et vint s’installer dans la file d’attente de voyageurs étrangers, l’esprit toujours ailleurs. Son regard absent se fixa sur un visage familier au début de la file. C’était le type qu’il avait failli renverser avec sa valise tout à l’heure, le jeune homme grand et aux cheveux blond cendré avec son sac à dos.
— Super ! s’exclama-t-il d’un ton sarcastique.
Il savait qu’il avait fait ce qu’il fallait en évitant au jeune homme de tomber, mais ce dernier ne l’avait même pas remercié pour son geste poli. Bon, d’accord, c’était sa valise qui avait provoqué la collision, mais ce n’était pas une raison pour se comporter comme un con, râla-t-il intérieurement.
L’avion pour Édimbourg était un biréacteur étroit BA City Flyer, il n’y avait donc le choix qu’entre couloir ou hublot. Declan arriva dans l’avion et fut accueilli par une jeune hôtesse brune au sourire mutin. Son badge lui apprit qu’elle s’appelait Stephanie. Elle l’accueillit et vérifia son billet ainsi que son identité. Il laissa son regard traîner sur la silhouette svelte de l’hôtesse, et il dut bien admettre que, oui, elle était charmante, mais vu son humeur distraite, il n’avait ni l’énergie ni l’envie de flirter. Son siège était le 6A. Il adressa un sourire enjôleur à Stephanie et avança, tirant sa valise derrière lui à mesure que les autres passagers avançaient dans l’allée centrale au rythme d’une marche funèbre. Il repéra la rangée 6 et n’en crut pas ses yeux lorsqu’il vit le jeune homme blond assis à la place 6 B. Bon sang, incroyable ! Il était assis la tête appuyée sur le repose-tête, les yeux fermés, faisant semblant de dormir. Declan arriva enfin allée 6 et passa son bagage à main et son manteau par-dessus le jeune homme sur le siège à côté de lui. Puis il mit sa valise dans le compartiment supérieur. Il avait à peine la place pour le serrer contre le volumineux sac à dos de son voisin. Declan comprit par les grognements murmurés derrière lui qu’il bloquait le passage dans l’allée, mais merde – s’il devait attendre, ils attendraient aussi. Un vieil homme impatient essaya de passer en force, et Declan fut poussé vers l’avant, tombant sur les genoux du jeune homme. Ce dernier ouvrit les yeux de surprise et lui adressa un sourire enfantin.
— Même si cela ne me dérangerait pas, je ne pense pas qu’on vous autoriserait à passer le vol sur mes genoux, plaisanta-t-il, les yeux brillant de malice.
Declan le fusilla du regard et se releva. Il détestait la race humaine à ce moment précis. Il se retourna et regarda droit dans les yeux toutes les personnes qui attendaient, quand un nouveau passager tenta de passer en force. Seigneur ! Les gens sont tellement impatients, marmonna-t-il pour lui-même. Il s’éloigna de la rangée de fauteuils, regarda fixement la vieille dame derrière lui, et cria « ATTENDEZ ! » afin que le jeune homme puisse se lever, bouger, et laisser Declan s’asseoir sur son siège. Il savait qu’il devait être rouge de colère. Il enleva sa veste de costume et s’assit, puis le jeune homme blond s’affala dans son fauteuil.
Declan rangea la sacoche de son ordinateur portable sous le siège devant lui, plia son manteau et sa veste, puis les déposa par-dessus. Il attacha sa ceinture de sécurité avant de jeter un coup d’œil au jeune homme. Il arborait toujours ce sourire narquois. Connard ! Declan regretta de ne pas avoir finalement laissé tomber ce barbu à l’air suffisant. Peuh ! Ce n’était même pas une vraie barbe ; c’était pathétique, comparé à la forêt qu’il pouvait laisser pousser les fois où il avait la flemme de se raser pendant quelques jours. Declan laissa reposer sa tête en arrière et ferma les yeux pendant que l’hôtesse énonçait les consignes de sécurité de la BA City Flyer.
L’avion était enfin en vol. Les épaules de Declan commencèrent à se relâcher, et il laissa ses jambes se desserrer légèrement. Son genou percuta celui osseux du jeune homme. Quand ils se touchèrent, ce fut comme si Declan avait reçu une décharge électrique. Il ramena sa jambe brusquement, sans jamais ouvrir les yeux. Ses pensées dérivèrent vers les événements à venir, le mariage de son frère Oliver, dont il était le témoin… enfin, un des deux témoins.
Declan Ramsay avait d’abord été enchanté quand son frère lui avait demandé d’être son témoin pour son mariage avec Annabelle Aiken. Mais alors Oliver avait poursuivi en lui annonçant qu’il y aurait deux témoins, pour ne pas laisser Sam, le petit frère de Bella de côté, et cela lui fit l’effet d’un coup de pied dans les noisettes. Declan savait que le frère de Bella était gay et se rappela avoir plaisanté sur le fait que Samuel pouvait être demoiselle d’honneur, ce qui lui avait valu un coup de coude dans les côtes bien mérité.
Il n’avait jamais rencontré Samuel Aiken. Sa première réaction de colère s’était rapidement estompée lorsqu’il avait compris quel avantage représentait le gamin. Declan n’avait pas son pareil pour organiser et préparer les mariages. Le jeune Sam était à l’étranger et ne serait pas de retour avant la veille ou l’avant-veille de la noce. Les deux témoins avaient donc échangé des mails pendant plus d’un an. Declan avait maintenant hâte de le rencontrer. Cela permettrait de déléguer quelques tâches à Sam le jour du mariage et lui laisserait du temps libre et n’importe quelle fille pour laquelle il aurait le béguin.
Les deux témoins étaient même devenus… amis. Durant l’année, les échanges de mails entre Sam et Declan étaient devenus les petits plaisirs dans la semaine de Declan. Sam était intelligent, drôle et extrêmement loquace. D’habitude, Declan ne recevait dans sa boîte mail que des messages peu excitants de son travail ou des pubs pour de vieux films pornos ou encore des mails pour du Viagra qui avaient passé la protection de son antivirus. Il ne pouvait pas nier la sensation agréable qu’il ressentait lorsqu’il voyait qu’un nouveau mail de Sam Aiken était arrivé dans sa boîte de réception. Le gamin avait un grand sens de l’humour, et tous les deux finirent par développer une relation de franche camaraderie.
Declan n’avait vu qu’une seule photo du jeune homme quand il était allé visiter le manoir des Aiken à Londres pour des raisons professionnelles. Il comprit que son patron, Sir James Aiken, n’était pas quelqu’un de sentimental. Il n’y avait presque pas de photos de l’épouse décédée de Sir James, juste une sur le manteau de la cheminée, pas vraiment récente. Celle dans le cadre argenté était une photo de la remise de diplôme d’Annabelle. Elle portait sa tunique noire et sa toque de cérémonie, et se tenait aux côtés d’un jeune homme blond, pâle et dégingandé d’environ dix-sept ans. Declan en avait déduit que cela devait être le jeune Sam.
À la suite de leurs mails hebdomadaires, il avait compris que Sam était remarquablement intelligent, étudiait les langues et travaillait comme interprète à temps partiel. Ce dernier partageait parfois une anecdote drôle, et après avoir lu le mail, Declan s’asseyait et fixait l’écran de son ordinateur portable avant de répondre, cherchant dans sa vie quelque chose qui l’amusait. C’était une tâche ardue ; Declan savait que le gamin était gay, et parler de son dernier rendez-vous Internet désastreux n’était pas approprié. Ils parlaient donc de leur enfance, ce qu’ils aimaient ou non, leur frère et sœur, et échangeaient des idées sur le discours des témoins qu’ils allaient faire.
Les dernières nouvelles que Declan avait eues dataient de deux mois. Sam était apparemment parti dans le désert pour faire des recherches sur des dialectes tribaux pour sa thèse de fin d’études. Ils n’avaient eu aucun contact par Internet depuis, et Declan avait fini par admettre que les mails de son ami Sam lui manquaient beaucoup.
****
Sam Aiken regarda l’homme un peu plus âgé assis à sa droite ; en se frottant distraitement le bras, il se rappela la main ferme qui l’avait empêché de se vautrer sur le sol dans le hall des départs. Il repensa à cette poigne magistrale, et à cette chaleur qu’il avait ressenti dans son ventre. L’homme qui faisait semblant de dormir à côté de lui l’intriguait. Ces mains étaient incroyables – manucurées, des ongles courts au bout de longs doigts, pas d’alliance. Les veines sur le dos de ses mains étaient apparentes et recouvertes de quelques poils noirs. Mon Dieu, voilà des mains auxquelles Sam se serait volontiers soumis. Cela faisait trop longtemps qu’il était seul. Être un homme gay en Russie puis dans un pays musulman pendant ces dernières années avait, pour sa sécurité, résumé sa vie sexuelle à quelques branlettes et beaucoup d’imagination. Il se dit que le manque de sexe et d’intimité expliquait pourquoi la poigne de cet homme l’avait tant excité.
Le regard de Sam alla des mains de l’homme, qui couvraient son entrejambe, à son visage. Fasciné, il posa sa tête sur le siège selon un angle qui lui permit d’observer son voisin. Il devait avoir une trentaine d’années, ses cheveux bruns tombaient sur sa mâchoire et frottaient contre son sourcil. Une longueur largement suffisante pour qu’il puisse y passer sa main, pensa-t-il. Debout, Sam se souvint, l’homme mesurait à peu près la même taille que lui. Mais alors que lui était athlétique et mince, l’autre homme avait une stature plus trapue, un torse musclé et des épaules larges. Sam se remémora d’après les quelques propos qu’ils avaient échangés que l’homme était Écossais… un accent d’Édimbourg. Oui, il y avait quelque chose d’écossais dans ses traits, ses yeux gris, son visage viril et rasé de près, avec sa mâchoire carrée et son menton pointu. Bon, jusqu’à présent, Sam n’avait vu que ses lèvres pincées et son expression froide et fermée, mais il était certain que l’homme cachait un sourire radieux quelque part. Il imagina à quel point il devait être séduisant en kilt… et sans son kilt ! Des pensées perverses lui vinrent à l’esprit. Dommage que son fantasme ne se puisse jamais se réaliser.
****
— Excusez-moi, monsieur !
Declan grogna en sentant qu’on le réveillait. L’homme blond lui parlait. Declan lui lança un regard acide et préféra l’ignorer de nouveau. Il ne pouvait pas croire qu’il avait baissé sa garde et s’était endormi.
— Nous avons atterri, dit le jeune homme en détachant sa ceinture de sécurité, et il se leva pour essayer d’accéder aux rangements en hauteur.
Déjà ? Declan était certain de n’avoir fermé les yeux que quelques minutes. Mais de toute évidence, les passagers s’engouffraient dans l’allée centrale et traînaient leurs bagages cabine derrière eux. Declan défit sa ceinture de sécurité et frotta vigoureusement ses mains sur son visage. Il bâilla et grogna sans vergogne tout en s’étirant sur son siège. Il décida de rester assis quelques minutes de plus, le temps que la foule diminue. Il avait encore quarante minutes avant de se rendre à l’héliport. Le jeune homme se rassit devant l’impossibilité de rejoindre la sortie, et tous deux continuèrent à s’ignorer pendant encore plusieurs minutes. Quand l’allée fut dégagée, le jeune homme se leva de nouveau et ouvrit le compartiment supérieur. Il en sortit son sac à dos et le posa sur son siège.
— Le vôtre est la valise noire, c’est cela ? demanda-t-il à l’Écossais.
— Oui, merci.
Sam l’extirpa du compartiment et la lui tendit. Declan était maintenant coincé dans un espace réduit à tenir sa valise. Les avions étaient beaucoup trop étroits à son avis. Le jeune homme passa son sac à dos à l’épaule d’un mouvement un peu maladroit et jeta un regard en arrière à l’Écossais.
Il sourit poliment et hocha la tête en signe d’au revoir, légèrement déçu à l’idée de ne jamais revoir le sourire timide de l’autre homme. L’Écossais leva le menton en réponse, soulagé d’être débarrassé du jeune homme et d’avoir enfin l’espace suffisant pour bouger.
****
Dans le hall d’arrivée de l’aéroport d’Édimbourg, une femme rousse et mince attendait, portant un uniforme de l’aéroport composé d’un pantalon à pinces, d’une chemise blanche, d’une veste bleu marine à liserés rouges et d’un calot assorti. Ses cheveux étaient tirés en une queue de cheval austère. Elle tenait une pancarte Heliair Charter sur laquelle étaient écrits les noms de Messieurs Declan Ramsay et Samuel Aiken. Declan lui adressa un signe de tête en passant devant elle et contourna la barrière pour la rejoindre.
— Je suis Declan Ramsay, se présenta-t-il, lui adressant une poignée de main ferme et sincère.
— Oh, bonjour, Monsieur Ramsay. J’espère que vous avez fait bon voyage. Je suis Jeannette de Heliair Charter. Nous n’attendons plus que Monsieur Aiken. Il avait besoin d’aller aux toilettes, dit-elle sur le ton de la conspiration.
Après plusieurs minutes à discuter du temps en Écosse, Declan se tendit à nouveau. Il avait l’impression de passer sa vie à attendre que les autres arrivent afin de pouvoir vivre la sienne. Qu’il s’agisse d’attendre un client pour une visite de propriété ou d’attendre un rendez-vous galant, Declan était toujours à l’heure. Il lui semblait incroyablement impoli d’être en retard, et bien qu’il ne puisse pas se plaindre de leur retard auprès de ses clients fortunés, il ne se privait pas de le faire remarquer à ses rendez-vous. Pourquoi est-ce si difficile pour tout le monde d’être à l’heure ? Declan soupira en entendant son monologue interne. Depuis quand es-tu un type aussi râleur ? se demanda-t-il. Il décida d’aller aux toilettes également puisqu’ils ne devaient redécoller que dans vingt minutes. Il s’excusa auprès de son hôtesse et se dirigea vers les toilettes hommes.
Il traversa de nouveau le hall des arrivées en sortant. Il passa ses doigts dans ses cheveux noirs à présent mouillés, et chercha l’hôtesse du regard. Il la localisa et s’arrêta net. Ce foutu hippie était en train de lui parler. Bon sang, ce gars était-il en train de le harceler ? Declan marcha en trombes dans leur direction, prêt à faire exploser sa rage, quand Jeannette le vit et dit :
— Ah, maintenant que vous êtes tous les deux là, nous pouvons y aller.
Declan resta figé l’espace d’un instant… tous les deux là ? Donc ce type était Samuel Aiken, le fils très intelligent et gay de son patron et son co-témoin ? Son cerveau lui remémora leurs échanges dans l’avion, et il se sentit mortifié par son comportement à l’égard du jeune homme qu’il pensait être un parfait inconnu.
Le Samuel Aiken qui se trouvait dans le hall des arrivées de l’aéroport d’Édimbourg n’était pas celui auquel il s’attendait. S’il était honnête avec lui-même, il s’était attendu à un jeune homme aux allures féériques, un peu geek, mais pas à un jeune homme blond, grand, bronzé et athlétique, avec une tentative de barbe. Sam Aiken n’était plus un gamin, de toute évidence. C’était un homme qui avait l’air de sortir tout droit d’une aventure dans le désert avec Bear Grylls1.
Declan passa rapidement en revue tout ce qu’il savait sur le fils de son patron. Il savait que Sam avait voyagé en Russie et au Moyen-Orient. Sir James Aiken déployait tout son lyrisme à propos des capacités linguistiques de son fils, et au vu de l’importance de la famille quand il s’agissait de faire affaire dans un pays musulman, de l’utilité d’avoir son fils comme interprète lors de l’achat de propriétés de plusieurs millions de dollars en Arabie Saoudite. Mais Declan avait du mal à concilier l’image du fils en apparence très intelligent, jeune et gay de son patron – la personne avec laquelle il avait échangé des mails pendant plus d’un an – avec le routard viril, mais somme toute crasseux, devant ses yeux. Les deux hommes se regardèrent, gênés, et restèrent muets.
Jeannette se dirigea vers une porte coulissante et composa un code de sécurité pour en ouvrir l’accès. Sam et Declan la suivirent en silence à travers une série de couloirs anonymes jusqu’à ce qu’ils arrivent dans un vaste hangar à avions. Il y régnait une forte odeur de kérosène et le vacarme provoqué par les réacteurs qu’on allumait et testait obligea Sam à se couvrir les oreilles. Ils continuèrent à suivre Jeannette jusqu’à l’extérieur, sur le tarmac où le vent soufflait avec force, où un hélicoptère charter AB206 les attendait.
Il y avait suffisamment d’espace dans la cabine pour permettre à quatre passagers de s’asseoir confortablement, mais sur ce vol, ils ne seraient que tous les deux, avec leurs bagages. Jeannette accueillit le pilote et signa son carnet de vol. Elle détacha une copie du document et la mit dans sa poche. Elle grimpa à bord en première, sécurisa les bagages aux deux sièges vides puis sortit et fit signe à Sam et Declan de monter à bord. Elle leur expliqua comment fixer leurs harnais ainsi que les consignes de sécurité. On leur demanda de porter leurs casques afin de diminuer le bruit des hélices et leur permettre de communiquer avec le pilote. Andy Daniels, le pilote, leur souhaita la bienvenue en quelques phrases polies, puis les hélices commencèrent à tourner. Jeannette sécurisa leur porte et les salua de la main, tout en tenant son calot.
Sam se permit un regard de travers en direction de Declan. Les deux hommes n’avaient toujours pas échangé plus que les quelques propos énervés à Heathrow et quelques autres dans l’avion. Sam n’arrivait toujours pas à réaliser qu’il avait été assis et avait reluqué le frère d’Oliver lors du vol depuis Londres.
Il se remémora les mails qu’ils s’étaient envoyés pendant toute l’année qui avait précédé le mariage. Sam avait adoré écrire à Declan. À part avec sa famille et un couple d’amis de l’université, la nature sensible de son travail exigeait qu’il ait peu de contacts avec quiconque en Grande-Bretagne depuis ces dernières années. Toute sa vie tournait autour de son travail, les mails l’avaient donc aidé à tenir le coup et il les avait attendus avec impatience. Il avait adoré organiser le week-end de l’enterrement de vie de garçon, même s’il n’avait pas été présent pour en profiter.
Sam avait d’abord pensé au sujet de l’homme qu’il savait maintenant être Declan Ramsay qu’il ne ressemblait pas du tout à son frère Oliver. Ce dernier était un homme charmant, mais dans la moyenne sur beaucoup de choses – une taille moyenne, une carrure moyenne, une peau pâle parsemée de taches de rousseur, des cheveux blond vénitien et des yeux bleus. Sam ne le trouvait pas du tout attirant, mais par chance, ce n’était pas le cas de sa sœur Annabelle. Elle l’aimait et voulait faire sa vie avec lui, et c’était vraiment formidable.