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Livre quatre dans la série primée de thriller Shatterproof Bond MM Romance L’histoire jusqu’à présent… Après les événements dévastateurs survenus dans les Highlands Écossais, Sam et Declan sont passés à un tout autre niveau, bien plus profond, de leur histoire d'amour. Leur engagement l’un envers l’autre est indiscutable. Cependant, de nombreuses questions nécessitent une réponse concernant d'autres aspects de leurs vies et notamment celui de démasquer leurs ennemis. Sam fait de son mieux pour gérer ses frustrations quotidiennes suite à ses blessures. Il est complètement dépendant de Declan pour tout et déteste la façon dont les rapports ont basculé dans leur relation. Bien qu’il soit officiellement en congé, l’esprit de Sam ne peut s’empêcher de rejouer tout ce qui lui est arrivé et de se demander pourquoi, et qui est derrière tout cela. Le soulagement de Declan d’avoir Sam chez eux, le propulse en mode « mari à la maison ». Il est heureux de prendre les rênes et soin de son partenaire. Toutefois, sous la surface, Declan ne peut éviter de revenir sur ce qu’il a ressenti dans les Highlands et sur le fait d'avoir été trahi par un homme censé veiller sur ses arrières. Declan avait promis à Sir James Aiken qu’il paierait s’il blessait Sam. À présent, il doit décider de quelle manière il pourra obtenir sa revanche et remettre son monde et celui de Sam sur un pied d’équilibre.
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Inhaltsverzeichnis
CONTENU
Chapitre 1 RÊVES LES PLUS SOMBRES
Chapitre 2 LAUREL & HARDY
Chapitre 3 LA BOÎTE
Chapitre 4 SECRETS & MENSONGES
Chapitre 5 RAVENWING
Chapitre 6 COMPTES À RENDRE
Chapitre 7 JUSQU’À LA DOULEUR
Chapitre 8 CE QUI EST FAIT
Chapitre 9 REGRETS
Chapitre10 VOEUX
Chapitre 11 FAVEURS
Chapitre 12 ENCORE BJÖRN
Chapitre 13 INFORMATIONS
Chapitre 14 MISE EN PLACE
Chapitre 15 BRIGHTNAIL
Chapitre 16 LE VISITEUR
Chapitre 17 THÉ TRAFIQUÉ
Chapitre 18 LE PRESTIGE
Chapitre 19 LE DANGER QUE TU CONNAIS…
Chapitre 20 INFOS
Chapitre 21 CODE
LAUREL & HARDY
LA BOÎTE
SECRETS & MENSONGES
RAVENWING
COMPTES À RENDRE
JUSQU’À LA DOULEUR
CE QUI EST FAIT
REGRETS
VOEUX
FAVEURS
ENCORE BJÖRN
INFORMATIONS
MISE EN PLACE
BRIGHTNAIL
LE VISITEUR
THÉ TRAFIQUÉ
LE PRESTIGE
LE DANGER QUE TU CONNAIS…
INFOS
CODE
Souffle du diable
Aussi par Isobel Starling
Haut-de-Forme
CONTRECOUP
(Shatterproof Bond #4)
Isobel Starling
Traduit de l’anglais par
Bénédicte Girault
WWW.DECENTFELLOWSPRESS.COM
© Contrecoup Shatterproof Bond #4) 2019 -2023
Titre original : Counterblow (Shatterproof Bond #4)
Traduit de l’anglais par Bénédicte Girault
Relectures et corrections : Clotilde Marzek & Yvette Petek
ISBN: 9783757930004
Tous droits internationaux réservés. Ce livre ne peut être reproduit, en tout ou en partie, stocké dans un système de recherche ou transmis sous quelque forme que ce soit par quelque moyen que ce soit (électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autrement) sans l'autorisation écrite préalable de l'auteur, sauf pour les besoins suivants: des critiques. Le critique peut citer de courts passages pour que la critique soit imprimée dans un journal, un magazine ou une revue.
Copyright de l'édition française ©2019/2020
Copyright de l’edition anglaise © 2017-2023
Isobel Starling & Decent Fellows Press
Conception graphique : Isobel Starling
Avertissements
Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les faits décrits ne sont que le produit de l’imagination de l’auteur, ou utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existées, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux ou des événements ou des lieux ne serait que le fruit d’une coïncidence.
Cet ebook contient des scènes sexuellement explicites et homoérotiques, une relation MM et un langage adulte, ce qui peut être considéré comme offensant pour certains lecteurs. Il est destiné à la vente et au divertissement pour des adultes seulement, tels que définis par la loi du pays dans lequel vous avez effectué votre achat. Merci de stocker vos fichiers dans un endroit où ils ne seront pas accessibles à des mineurs.
CONTRECOUP
(Shatterproof Bond #4)
Isobel Starling
Fezzik : On va s’affronter, comme Dieu l’a voulu. De façon sportive. Sans ruse, sans armes, le talent contre le talent.
L’homme en noir : Tu veux dire : tu poses ta pierre, je pose mon épée, et on essaie de se tuer comme des gens civilisés ?
The Princess Bride de William Goldman
Autor
CHAPITRE 1
RÊVES LES PLUS SOMBRES
Les yeux de Sam Aiken s'ouvrirent pour ne voir que l'obscurité totale. Une vague de terreur glaciale l'envahit. Il ferma de nouveau les paupières, les ouvrit, puis les fit rapidement cligner, entendant le battement de ses longs cils contre sa joue alors qu'il le faisait.
— Euh… hello ? Je ne peux pas… heu… voir quoi que ce soit, dit-il d'une voix aiguë et tremblante d’inquiétude.
Sam se sentait désincarné, désorienté et effrayé. L'air glacial dégageait une odeur d’humidité et de terre. Un son familier arriva à ses oreilles. Il réfléchit un instant, essayant de le replacer. Oui, c'était une allumette frottée le long d’un grattoir, une fois, deux fois, puis Sam vit une petite étincelle prendre feu. L'allumette semblait se trouver à plusieurs mètres et diffusait juste assez de lumière pour rendre visible la main qui la tenait.
— Ah, Samuel, tu es enfin réveillé. Tout va bien, oui ?
La voix résonnait étrangement, revenant de tous les côtés et se réverbérait comme si elle avait été prononcée dans une pièce caverneuse. Une soudaine poussée d’adrénaline s’infiltra dans le sang de Sam et son cœur s’emplit de terreur. Il connaissait cette voix, la mélopée suédoise lyrique et la prononciation du « ouish » au lieu de simplement « oui », était tellement typique. C'était une voix qui avait toujours déclenché une peur viscérale au plus profond de lui. Les prunelles de Sam fouillèrent frénétiquement les environs. Il avait besoin d'un autre point de référence, mais il n'y avait rien, à part la lumière projetée par l’allumette qui volait son attention de manière hypnotique – et son propriétaire, qui semblait s'approcher. C'était juste lui, une allumette qui brûlait rapidement, et Erik Madsson.
— NON ! cria Sam paniqué, puis il rouvrit les yeux.
***
Sam haleta anxieusement, inhalant l'air désormais parfumé par une eau de Cologne épicée et le musc masculin émanant d’un corps endormi. Il avait repris conscience de son corps – son corps en sueur, tremblant et douloureux. Il se sentait beaucoup trop moite sous la couette en plumes d'oie. Son bras droit était inhabituellement lourd, tout comme sa jambe gauche. Sam essaya de la bouger et sentit un éclair de douleur remonter le long de sa colonne vertébrale. La réalité lui revint brusquement, comme s’il avait eu la tête sous l’eau et qu’il venait de remonter à la surface. Ses membres étaient blessés, maintenus ensemble avec des épingles et des plâtres. Ouish… oui.
— Hey, tu vas bien ?
Cette voix était différente : bourrue, somnolente et écossaise. La maison. Une large main chaude sinua sur la poitrine nue de Sam et se posa sur son cœur, qui tremblait frénétiquement comme un papillon de nuit désespéré d’échapper au piège représenté par un bocal.
— Tout va bien, tu es en sécurité, je te tiens.
Des larmes montèrent aux yeux de Sam alors qu’ils s’adaptaient à la pénombre de sa chambre et de celle de Declan. Il prit une profonde inspiration tremblante et se concentra sur le poids de cette grosse main chaude sur son torse, l’ancrant au lit. Cet événement déroutant était devenu bien trop familier. Sam tourna la tête et, à la lueur sourde de l'aube qui s'échappait des rideaux, il repéra les contours de la silhouette de Declan, allongé sur le côté, son visage à un centimètre de sa propre épaule, son souffle chaud effleurant sa peau. L’autre main de Declan gisait sous sa joue barbue posée sur l’oreiller, ses yeux demeuraient clos.
— Désolé de t’avoir à nouveau réveillé. Ai-je crié ?
La voix de Sam sortit d’un ton rauque et somnolent, émaillée de frustration.
— Tu ne crois pas que ce serait mieux si je dormais dans la chambre d'amis ? Tu n’as pas eu de nuit complète depuis…
— CERTAINEMENT PAS ! intervint sévèrement Declan.
Sam posait la même question presque chaque fois qu'il se réveillait d'un cauchemar, ses cheveux mouillés collés à son front et son corps tremblant de peur. Declan ne pouvait que deviner les horreurs qui avaient poussé son fiancé à crier et à lutter dans la nuit. En aucun cas, il ne se sentirait à l'aise de laisser Sam se réveiller seul dans cet état, et il refusait même d’envisager l'idée qu’il dorme ailleurs en ce moment. Donc chaque nuit, Declan rejetait cette suggestion dès que les mots quittaient les lèvres de son compagnon.
Declan posa sa main chaude pour la draper de manière possessive sur la hanche gauche de Sam.
— Tu peux continuer à me le demander, mais je ne changerai pas d’avis, tu n’iras nulle part, Sonny, comprendo ? lança Declan, puis il se pencha pour passer son menton barbu sur le dessus de l'épaule de Sam et y déposa un baiser.
Sam secoua la tête.
— Je ne te mérite pas, murmura-t-il entre ses dents.
— Ah, ce sont des conneries, je ne veux plus entendre ces foutaises. Nous obtenons tous ce que nous méritons à la fin, ajouta-t-il sagement. Veux-tu un peu d’aide pour te rendormir ?
— Oh, mon Dieu. Plus de pilules, s'il te plaît, ou je vais me mettre à péter.
Sam ne savait pas ce qui était pire, la douleur provenant de ses blessures ou les effets secondaires de tous les médicaments qu'il devait prendre. Declan lâcha un petit rire qui remontait du fond de sa poitrine, roula sur lui-même puis, il sortit du lit. Sam regarda sa silhouette trapue traverser la chambre pour se rendre à la salle de bain. Il l’entendit uriner. Environ une minute plus tard, Declan revint et se glissa dans l’espace chaud qu'il avait quitté peu de temps auparavant. Il écarta la couette de Sam et se mit à genoux.
— Ferme les yeux, cela t’aidera à dormir, lui assura-t-il.
Sam fit ce qui lui était demandé, tout en souriant lorsque la bouche chercheuse de Declan embrassa sa poitrine et rencontra ses lèvres. Declan sourit à son tour contre sa bouche, avant de s'éloigner. Sam entendit le claquement de l’ouverture du bouchon d’une bouteille, et juste après, le chuintement de Declan frottant ses mains l’une contre l’autre. Sam ricana, c'était ce bon vieux Declan, dont le meilleur moyen de relaxation rimait toujours avec sexe. Ensuite, une odeur de lavande dériva jusqu’à ses narines. Lavande ? Ce n'était pas ce à quoi il s’attendait lorsqu’il avait perçu ce son de mains glissantes.
Declan chevaucha les hanches de Sam et posa ses mains chaudes et huilées sur sa poitrine, et lentement, il les déplaça de haut en bas, en de longues caresses. Le contact était réconfortant et sensuel. Sam était désarmé face à la tendresse de ses gestes et son souffle quitta son corps formant un ronronnement agréable. Les mains habiles de Declan caressaient paresseusement et en rythme la poitrine de Sam, évitant le bandage qui lui couvrait l'épaule droite. Les gestes lui rappelaient un massage professionnel. Il n’avait eu aucune idée que Declan dissimulait ce genre de techniques de massage dans sa manche.
— Oh, oui, soupira-t-il Ça fait du bien.
Les doigts de Declan traçaient des cercles autour de ses mamelons, et Sam sentit soudain ces décharges d’électricité se répercuter jusque dans ses bourses.
— Ohhh, Buttercup... souffla-t-il, devinant que son sexe se contractait dans son sous-vêtement.
Il ouvrit les yeux et regarda, cherchant le visage de Declan dans la semi-obscurité. La silhouette de son amant était soulignée par un halo argenté et elle brillait comme une icône religieuse. C’était magnifique et les lents mouvements sensuels de la main de Declan sur sa peau l’amenèrent à se sentir détendu et en sécurité. Une vague de souvenirs et de sentiments inonda l’esprit de Sam. L’intimité, les soins et la loyauté que Declan lui avait témoignés depuis ses blessures lui mirent les larmes aux yeux. C'était de l'amour, cette connexion muette, magnétique qui le guérissait. Son pouvoir était presque écrasant et Sam était heureux qu’ils soient dans le noir et que Declan ne puisse pas le voir pleurer – encore.
— Touche-moi, s'il te plaît, supplia-t-il, ayant besoin que son sexe soit caressé pour détourner son esprit de la vague d'émotions.
— Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Le massage ne mène pas toujours au sexe, tu sais.
Un rire à moitié sanglot s'échappa des lèvres de Sam.
— Quoi ?
Declan semblait scandalisé.
— Allez… tu as dû avoir droit à des fins heureuses après des massages ? le taquina Sam.
— Oh non. As-tu la moindre idée d’à quel point cela pourrait être intimidant pour une jeune fille de se retrouver coincée dans un cabinet avec un mec qui bande ? L’une de mes ex-copines était massothérapeute. Elle me racontait des histoires de clients qui arboraient des érections pendant la séance. Elle les obligeait alors à se mettre sur le ventre, mais quelques-uns de ces sales bâtards commençaient à se frotter contre la putain de table.
— Oh, mon Dieu ! ricana Sam. Que faisait-elle alors ?
— On conseille aux thérapeutes de quitter la salle si un patient se montre trop empressé, et les met mal à l'aise.
— Cela veut-il dire que je n’aurai pas droit à une fin heureuse ? demanda Sam avec humeur.
Declan laissa échapper un petit rire narquois et secoua la tête. Il savait que s'ils étaient à la lumière du jour, Sam bouderait et le fixerait avec ses yeux verts hypnotisants, le poussant à se rendre. Il pouvait presque les voir. Declan se pencha, chercha et trouva la bouche de Sam. Il déposa un baiser sur ses lèvres gorgées de sommeil.
— Si je tire dessus, retourneras-tu dormir ?
— Hmm…
Ce ronronnement sensuel l’obligeait toujours à céder.
— Tu es incorrigible Samuel Aiken.
**** CHAPITRE 2
Declan éteignit le moteur de la voiture et jeta un coup d’œil dans le rétroviseur, son visage plissé par l’inquiétude. Sam était allongé sur la banquette arrière, semblant distant et totalement misérable. Sa ceinture de sécurité était enroulée bizarrement en travers de sa poitrine, sous son bras droit blessé, une attelle noire maintenant son épaule en place et supportant le plâtre qui ornait son poignet brisé. Sa jambe gauche était sécurisée dans une large botte bleue, posée sur le siège, formant un angle étrange.
— Es-tu prêt, chéri ? s’enquit Declan, ses yeux cherchant ceux de Sam dans le miroir.
— Plus vite j’en aurai terminé avec ça, mieux ce sera, je suppose, murmura Sam, dans un soupir fatigué, empli de résignation.
Il n'était sorti de l'hôpital que depuis dix jours, et après que sa bulle d'euphorie initiale à l’idée de se retrouver chez lui avec Declan ait explosée, il se retrouvait désorienté par ses blessures et les effets qu'elles avaient sur son corps autrefois flexible et souple. Le processus de réhabilitation était difficile et Sam savait qu'il lui faudrait faire des efforts pour retrouver ses anciennes prouesses physiques. Quant à son esprit, c’était une tout autre affaire. Il se sentait fatigué et inutile, et il avait beaucoup trop de temps pour réfléchir. Il avait tellement de questions sur le pourquoi de ce qui s’était passé dans les Highlands. Qui aime ou déteste tellement James qu'ils essaieraient de m'assassiner afin d’attirer son attention ?
Declan claqua des doigts et Sam frissonna, revenant au présent, pour entre Declan dire :
— Aye. Plus vite ta jambe sera guérie, plus vite je pourrai te faire remonter l'allée, n'est-ce pas ?
Declan s'était attendu à ce que Sam réponde par une remarque effrontée, mais elle ne vint jamais.
La seule requête de Sam pour accepter la demande en mariage de Declan était d’attendre qu’il puisse à nouveau marcher sans aide. Il avait dit qu’il ne voulait pas que les photos de mariage mettent en valeur son attelle à la jambe, sa béquille, son écharpe et, avec elles, les souvenirs de la façon dont il avait reçu ses blessures. C'étaient des rappels que Sam préférerait enterrer dans un endroit très, très sombre.
Declan attrapa son téléphone sur le support du tableau de bord, regarda de nouveau le miroir et vit la bouche de Sam se contracter, passant de son froncement de sourcils détaché à un sourire narquois, comme s’il venait enfin de comprendre le double sens de sa remarque. Leurs yeux se croisèrent dans le reflet et ils soutinrent le regard l’un de l’autre pendant un long moment.
— Nous avons toujours l’essayage de nos costumes chez Gieves and Hawk cet après-midi, non ? demanda Sam.
Il bougea, grimaça et déverrouilla précautionneusement la ceinture de sécurité, contrôlant la vitesse à laquelle elle se retirait dans son enrouleur, afin qu’elle ne se prenne pas dans son écharpe.
— Aye, à dix-sept heures trente, je me suis arrangé pour que nous ayons l'endroit pour nous seuls.
Vêtu avec désinvolture, Declan glissa son téléphone dans une poche de son pantalon de survêtement, ouvrit sa portière et sortit du Range Rover noir. Le début de matinée de mai était couvert et gris, typique du printemps britannique. Il jeta un coup d'œil prudent sur la terrasse des immeubles géorgiens situés en face et sur les voitures garées de chaque côté de son véhicule, puis surveilla la rue, de haut en bas. Il n'y avait personne d'autre aux alentours. En fait, Harley Street était étrangement déserte.
La clinique RE Kinektic était le meilleur dispensaire de rééducation que l’argent pouvait acheter à Londres, et bien sûr, James honorerait la facture. Le cliquetis d’une rame de métro traversant le pont ferroviaire à proximité attira l’attention de Declan un instant alors qu’il ouvrait la portière arrière, du côté où Sam était assis. Il attrapa sa béquille et l’appuya contre la carrosserie, puis replongea la tête dans le véhicule. Sam passa son bon bras non blessé sur l'épaule musclée de Declan et, ensemble, ils parvinrent à l’extraire de la banquette. Lorsque Sam fut debout, son poids reposant sur sa jambe valide et son postérieur collé au métal froid de la voiture, Declan referma la portière et lui tendit sa béquille.
— Mon Dieu, je déteste ce truc, j’ai l’impression d’être un foutu pirate ! aboya Sam, d’un ton inhabituellement sec, avant de se sentir coupable. Désolé... je…
Declan l’observa pensivement.
— Devrais-je te trouver un perroquet et un cache-œil pour compléter l’apparence ? plaisanta-t-il, mais Sam ne rit pas, il le fixa d'un regard meurtrier.
— Hey, nous le saurons bientôt, de toute façon.
Declan se calma, puis caressa distraitement la joue de Sam du revers de ses doigts.
Son tendre contact obligea Sam à se concentrer sur son partenaire. Il croisa son regard inquiet et éprouva un sentiment de culpabilité lui rappelant que c'était de sa faute si Declan était absent de son travail aussi, et qu'il avait écopé de la lourde corvée d’avoir à s'occuper de lui. Declan s’était montré si gentil, patient et compréhensif – à la limite de sainteté. Il ne s’était jamais plaint une seule fois, déclarant qu'il avait mieux à faire, quelque chose de plus important. Sam était sa priorité et il se sentait humilié que son compagnon fasse toujours passer ses besoins avant les siens. Declan n’avait même pas baisé ces derniers temps. Je devrai vraiment me faire pardonner quand j’irai mieux, se promit Sam, il avait vraiment du mal à croire en sa chance d’avoir trouvé un fiancé aussi désintéressé.
Sam s’écarta du côté de la voiture et pesa de tout son poids sur le corps musclé de Declan. Il voulait l'embrasser et le remercier, encore et encore, toutefois, ils étaient en public et, lorsqu’il restait debout, la tête lui tournait. Mon Dieu, même la plus simple des tâches me coupe le souffle ces temps-ci. Le cocktail de médicaments qu’il ingurgitait – des anticoagulants et des analgésiques – atténuait la douleur physique, mais ramollissait aussi ses réflexes et effaçait certains traits de caractère qui constituaient intrinsèquement la personne qu’était Sam – son humour, sa motivation enfantine à l’idée de faire certaines choses – quoi que ce soit d’actif et, plus important encore, son attitude positive. Peu importe ce à quoi il avait été confronté avant les Highlands, d’une façon ou d’une autre, il retrouvait sa vision positive, pourtant, cette fois, son esprit était engourdi. Ce Sam Aiken se trouvait dans une sorte d’état second, fonctionnant la plupart du temps sur pilotage automatique, essayant juste de garder la tête froide pour que Declan ne s'inquiète pas trop.
Les souvenirs de Sam au sujet des Highlands étaient flous au début, pour autant, ils lui revenaient dans des rêves et des flash-back diurnes qui lui retournaient les entrailles et l’angoissaient. Le pire de tous ne concernait pas sa douleur personnelle d'avoir été suspendu comme une marionnette au-dessus d’un gouffre. C’était sa douleur mentale face à son impuissance d’avoir à regarder Declan, un maniaque du contrôle dévoué, se débrouiller tout seul et s'effondrer devant sa propre émasculation. Et donc, afin de rendre à son partenaire un semblant de contrôle pendant qu'il se remettait, Sam avait décidé de donner son pouvoir à Declan et de le laisser prendre les rênes. Il n’émettait jamais de demandes et faisait rarement des suggestions sur la façon dont il voulait passer ses journées à récupérer. Declan décidait de tout. Ainsi, avec la routine militaire de son partenaire, c’était un cycle monotone de temps de sommeil, repas, livres et films dont il se souvenait à peine, afin de passer le temps.
Il y avait un point que Sam avait rejeté cependant. Declan avait suggéré de louer un fauteuil roulant pour le conduire à Hyde Park afin de prendre l'air frais. Sam avait été horrifié. Un fauteuil roulant revenait à franchir un pas de trop. En utiliser un équivalait à admettre son incapacité totale, et c’était un argument qu’il refusait de reconnaître. Sam posa sa tête sur l’épaule de Declan.
— Sei la luce della mia vita. Tu es la lumière de ma vie, murmura-t-il doucement.
Declan stabilisa son partenaire. Il devenait sacrément bon en italien,
— La mia luce brilla solo per te. Ma lumière ne brille que pour toi, répondit-il, sachant que la déclaration était vraie.
Ils restèrent penchés l'un contre l'autre dans la rue déserte de Londres pendant un long moment, comme enfermés dans une bulle d'intimité impénétrable.
Lorsqu’il entendit un bruit, Declan se tourna pour regarder la porte vitrée de la clinique. Un infirmier vêtu d'un uniforme bleu pastel sortit par la double porte automatique et se tenait sur la dernière marche avec… un fauteuil roulant. Merde ! Declan grimaça, sachant que la chaise mettrait Sam mal à l'aise, toutefois, cela devait être fait.
— Je peux foutrement bien entrer en marchant dans la clinique ! insista Sam avec obstination.
— Conneries ! Tu sais que tu ne peux pas soutenir ta jambe gauche, rétorqua Declan.
Il savait que Sam n’avait pas suffisamment d’énergie pour le combattre. Il passa son bras autour de la taille de Sam et celui-ci s'appuya sur sa béquille. Ils se dirigèrent lentement vers l'infirmier, qui poussait maintenant le fauteuil sur une rampe située près des marches.
— Enchanté, monsieur Hardy, déclara l’infirmier.
Son accent nord-américain était doux et amical.
— Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?
Sam lança un regard meurtrier à l'infirmier et se mordit la lèvre pour s'empêcher de répliquer : « Comment diable penses-tu que je me porte ? » Il siffla de douleur et grimaça lorsque Declan l'aida à s'abaisser dans le fauteuil roulant. Sam était malade et fatigué que des gens lui demandent comment il allait. Il ressemblait à de la merde et se sentait comme de la merde, néanmoins, son sens britannique du décorum lui faisait automatiquement répondre : « Bien » à tout le monde. Pourtant, il n’allait pas bien, pas bien du tout. C’était sa première consultation postopératoire à la clinique de rééducation, la première étape douloureuse vers la récupération et la réutilisation de son corps. Il en avait besoin et le redoutait à égales mesures.
— Es-tu sûr de ne pas vouloir que je reste ? s’enquit Declan.
— Arrête de me materner pour l’amour de Dieu ! Tout ira bien, parole ! cracha Sam. Désolé, désolé. Je suis juste…
L'infirmière lança un regard gêné à Declan.
— Hey, pas la peine. Je serai de retour dans trois heures, d’accord ?
Declan posa la main sur l’épaule indemne de Sam et la serra. Ce dernier croisa ses prunelles grises et lui adressa une expression qui transmettait plus que ce qu'il aurait pu dire dans la rue. « Désolé, merci, j'apprécie tout ce que tu fais, je t'aime. » Declan hocha la tête en signe de compréhension, puis l'infirmier conduisit Sam.
Une fois que Sam eut franchi les portes coulissantes en verre et entra dans la clinique, l'expression de Declan devint froide, aussi dure que de l’acier, comme si toute sa douce inquiétude s'était évanouie et que quelqu'un d'autre habitait désormais son corps. Il se retourna, plissa les yeux, regarda à gauche, au bas de Harley Street, puis hocha la tête. Le claquement d'une portière de voiture provoqua l’envol de pigeons d’un toit adjacent. Une silhouette imposante au costume sombre sortit d'un Range Rover noir garé à deux cents mètres de l'endroit où Declan s'était garé et se mit à avancer vers lui. L’homme aussi haut et large qu’une montagne qu’était l’agent Brody dévora l’espace entre lui et Declan, et cela lui prit moins d’une minute pour se tenir face à l’Écossais. Declan tendit une main et l'agent l’accepta, le visage impassible alors qu'il la serrait.
— Comment va notre garçon ? s’enquit l’agent américain d’une voix grave et sérieuse.
Declan récupéra sa main, douloureuse après la ferme poignée de main de Brody, et croisa les yeux foncés et prudents de son interlocuteur.
— Il ne va pas très bien, pour être honnête.
— Cela va prendre du temps. Il reçoit les meilleurs soins médicaux et je le surveille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Depuis qu'il avait aidé à sortir Sam et Declan du gouffre en Écosse, l'agent Devon Brody se montrait très protecteur envers Sam, ayant même précisé de manière très claire qu’il n’avait pas apprécié la façon dont son patron avait laissé tomber son fils. Brody était un joueur d'équipe et il avait été formé pour opérer dans le cadre d'une unité. James avait laissé tomber la balle et Sam en avait payé le prix. C’est pourquoi l’agent Brody avait proposé de s’occuper de la surveillance lorsque Declan n’était pas là pour veiller sur son partenaire.
Declan était accablé par les questions et les préoccupations, et n’avait pas eu de temps pour lui depuis des semaines. Il avait besoin de trouver une sorte de libération à son stress parce qu’il ne l’obtiendrait certainement pas grâce au sexe en ce moment. Le corps de Sam était brisé, Declan et son appareil à masturbation avaient donc dû refaire connaissance.
La pensée de Brody protégeant Sam réconfortait Declan. Après tout, c’était un excellent agent, astucieux, intelligent et construit comme un mur de briques. James détenait Erik Madsson en garde à vue, mais apparemment, ils ne savaient toujours pas qui se trouvait en réalité derrière la programmation du Madsson super méchant, ni pourquoi. Il valait donc mieux prévenir que guérir.
— Je serai de retour dans environ trois heures. Si quelqu'un vous le demande, vous êtes un garde du corps d’Aidan Hardy, d'accord ? déclara Declan.
Brody hocha la tête, pivota et sauta les marches menant à l'entrée de la clinique.
Dès que Brody disparut de sa vue, Declan retourna au Range Rover, sans y entrer. Au lieu de cela, il se dirigea vers l’arrière du véhicule, ouvrit le coffre et récupéra un petit sac à dos. Il verrouilla la voiture, ajouta son téléphone, son portefeuille et ses clefs dans son sac, puis le mit à l’épaule. Declan ferma ensuite la fermeture éclair de son sweat-shirt noir à capuche Nike Windrunner, jeta un coup d'œil à sa montre, et adopta un pas de course lent.
À la première intersection, Declan tourna sur Weymouth Street et passa devant les rangées de maisons géorgiennes aux balcons en fer noir et aux grandes fenêtres à guillotine – résidences privées pour les riches ou ambassades arborant le drapeau officiel du pays s’agitant sous la brise. Declan s'arrêta à un passage pour piétons et obliqua sur Moxton Street, trottina devant le pub Marylebone et poursuivit ensuite sa course sur une route secondaire qui aboutissait à une balustrade noire entourant les jardins de Paddington Street.