Retour au pointe de depart - Isobel Starling - E-Book

Retour au pointe de depart E-Book

Isobel Starling

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Beschreibung

ntraîné dans un monde de secrets et de mensonges pour l’homme qu’il aime, la vie de Declan Ramsay a changé de façon incommensurable au cours des huit mois qui ont suivi sa rencontre et qu’il est tombé amoureux du fils de son patron, Sam Aiken. Le voyage de découverte personnelle de Declan est sur le point de prendre un virage plus sombre, et pour Sam, le monde devient plus traître qu’il aurait pu l’imaginer. Deux agents sont portés disparus – présumés morts, lors d’une mission de reconnaissance dans un centre d’aventure en plein air dans les Highlands écossais. Sir James Aiken envoie son fils et Declan suivre la piste et découvrir le sort des agents. La mission lui offrant une chance d’utiliser les compétences acquises lors de sa formation au MI6 au Maroc, Declan a hâte de commencer. Cependant, Sir James a veillé à ce que les graines du doute et de la discorde soient plantées entre les deux amants au début de leur mission. Le voyage vers leur emplacement dans les Highlands et les découvertes qu’ils font lorsqu’ils atteignent le centre G’wan Adventures, prouvent que Sir James Aiken a été moins qu’honnête avec son fils. Les événements dans les Highlands forcent Sam et Declan à faire face à leurs peurs et à comprendre ce qu’ils veulent vraiment de la vie – et de l’un de l’autre.

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Inhaltsverzeichnis

CONTENU

Aussi par Isobel Starling

Haut-de-Forme

RETOUR AU POINT DE DÉPART

SHATTERPROOF BOND #3

Traduit de l’anglais par Arizona

Isobel Starling

WWW.DECENTFELLOWSPRESS..COM

© Retour au pointe de depart (Shatterproof Bond#3) 2020-2023

Titre original : Return to Zero (Shatterproof Bond #3)

Traduit de l’anglais par Arizona

ISBN: 9783757929633

Tous droits internationaux réservés. Ce livre ne peut être reproduit, en tout ou en partie, stocké dans un système de recherche ou transmis sous quelque forme que ce soit par quelque moyen que ce soit (électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autrement) sans l'autorisation écrite préalable de l'auteur, sauf pour les besoins suivants: des critiques. Le critique peut citer de courts passages pour que la critique soit imprimée dans un journal, un magazine ou une revue.

Note de l’éditeur

Les phrases en italiques suivies d’un astérisque sont tirées du film The Princess Bride, réalisé en 1987 par William Goldman.

Copyright de l'édition française ©2020

Copyright de l’edition anglaise © 2017-2023

Isobel Starling & Decent Fellows Press

Conception graphique : Isobel Starling

Avertissements

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les faits décrits ne sont que le produit de l’imagination de l’auteur, ou utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existées, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux ou des événements ou des lieux ne serait que le fruit d’une coïncidence.

Cet ebook contient des scènes sexuellement explicites et homoérotiques, une relation MM et un langage adulte, ce qui peut être considéré comme offensant pour certains lecteurs. Il est destiné à la vente et au divertissement pour des adultes seulement, tels que définis par la loi du pays dans lequel vous avez effectué votre achat. Merci de stocker vos fichiers dans un endroit où ils ne seront pas accessibles à des mineurs.

RETOUR AU POINT DE DÉPART

By

Isobel Starling

« Westley et moi sommes unis par les liens de l’amour. Vous ne pourrez pas le chasser, même avec une meute de mille chiens. Et vous ne pourriez pas le briser même avec mille épées »

Princess Bride

Par William Goldman

CONTENU

CHAPITRE 1 LE PAQUET

CHAPITRE 2 ENTREPÔT

CHAPITRE 3 ÉTONNANTE SAM

CHAPITRE 4 GRAINES DE MÉCONTENTEMENT

CHAPITRE 5 LE VOLEUR SAUCISSE

CHAPITRE 6 UN SORTE D'ACCUEIL

CHAPITRE 7 ASCENSION ET CHUTE

CHAPITRE 8 TOUT EN DESCENTE

CHAPITRE 9 DANS LES BOIS

CHAPITRE 10 OUVRIR LA PLAIE

CHAPITRE 11 RENARD

CHAPITRE 12 G’WAN ADVENTURES

CHAPITRE 13 DICK ET DARLING

CHAPITRE 14 MERCI, MONSIEUR

CHAPITRE 15 WIRED CONNEXIONS

CHAPITRE 16 SHADOW FALLS

CHAPITRE 17 APPÂT

CHAPITRE 18 AU FIL

CHAPITRE 19 LE SHATTERPROOF BOND

CHAPITRE 20 JE VAIS ÉTRE L'HOMME…

CHAPITRE 21 LA FIN DU MONDE

CHAPITRE 22 ZÉRO À HÉRO

EPILOGUE

AUTEURE

CHAPITRE 1

LE PAQUET

Declan Ramsey se baladait dans la chambre avec deux tasses de thé, sur l’une des deux était écrit « Je suis à lui », et sur l’autre, « Il est à moi ». Les tasses faisaient partie des achats excentriques de Sam pour Noël qui allaient avec les serviettes Elle et Lui, les tee-shirts et bien sûr les sous-vêtements. Declan avait d’abord été agacé par le fait d’avoir trouvé cela adorable. Et pourtant, il s’était peu à peu habitué à utiliser ces tasses pour boire leur thé le matin. Il en tendit une à Sam et s’assit sur le lit près de lui, en sirotant la sienne.

— Alors, a-t-il donné signe de vie ? 

— Non, pas un mot, répondit Sam. Aucun message de James dans ma boîte de réception.

Il parcourut distraitement l’écran de sa tablette tout en buvant son thé, puis il posa sa tasse sur la table de nuit.

— Vraiment, pas besoin de s’énerver. Pour être honnête, je pense que nous devrions simplement être reconnaissants et apprécier ce rare moment de paix et de tranquillité. 

— Mais tu ne crois pas que c’est un peu… suspect ? 

Sam se força à rire.

— Pas du tout ! James est espion jusqu’au bout des ongles. Tout ce qu’il fait est suspect. Je suis habitué aux disparitions de mon père. Il a fait la même chose pendant toute mon enfance, dit-il sur un ton glacial. J’ai arrêté de compter les fois où Belle et moi avons dit « Bonne nuit, Papa », sommes allés au lit et avons retrouvé maman dans un de nos lits au matin parce qu’il s’était évanoui pendant la nuit… Elle a toujours détesté dormir seule, dit Sam d’un air nostalgique.

Il se tut un instant, perdu dans ses pensées.

— De toute façon, tu peux être absolument certain qu’il reprendra contact dès qu’il aura besoin de quelque chose. 

Sam leva les yeux au ciel.

— Seigneur, ma pauvre mère a vraiment dû aimer ce bâtard. Je ne pense pas que je ne pourrais pas rester avec un homme qui disparaît comme ça.

Declan toussa. Sam vit son regard sarcastique et se mordit la lèvre.

— Je l’ai fait une fois, OK ! Je ne vais pas devenir comme mon père, si c’est ce à quoi tu penses, protesta Sam.

— Merci pour le réconfort, chéri, dit Declan pince-sans-rire alors qu’il se penchait pour un baiser, toujours intérieurement amusé par les protestations de Sam.

Cela faisait plus d’un mois que Declan était revenu du Maroc, ses compétences améliorées et son côté viril réapparaissant. Pendant sa formation, il avait conclu que la vie d’agent serait exactement ce qu’il recherchait. Il avait hâte de travailler sur quelque chose qui ajouterait un peu de variété à sa vie, qui utiliserait davantage les cellules grises de son cerveau, plutôt que de traiter avec des gens riches et privilégiés, jour après jour. Depuis son retour, Declan était agité, remonté, et prêt à affronter tout ce que James déciderait de lui demander. Cependant, Sir James Aiken n’appelait pas plus qu’il ne répondait à ses messages. Dire que Declan était déçu était un euphémisme.

Maintenant, Declan avait repris son neuf heures/dix-sept heures chez Aikens avec Sam à ses côtés en qualité d’interprète. Après quelques jours de silence, il était agacé, après une semaine, il était frustré, mais après un mois sans une seule nouvelle de Sir James, il prit cela comme un affront personnel. Et peu importe le nombre de fois où Sam l’avait rassuré quant au comportement tout à fait normal de Lord James, comme un amoureux délaissé, Declan se tracassait et continuait secrètement d’attendre un message ou un appel de son patron.

— Chéri, crois-moi, ce n’est pas la peine de chercher l’approbation de James. Je suis bien placé pour le savoir. J’ai passé des années à essayer de l’obtenir, à essayer d’être le fils qu’il voulait. Mais personne n’est assez bien. Quels que soient mes résultats lors d’une mission, à ses yeux, après chaque mission, tout le monde recommence à zéro. 

Sam le disait en connaissance de cause.

— Et le fait d’être gay… Eh bien, disons que nous ne sommes pas les personnes qu’il préfère. 

— Mon Dieu, même une chance de me faire attribuer une mission serait une bonne chose, souffla Declan, frustré. Je veux seulement une chance, c’est tout. Je ne vois pas l’intérêt de la formation si c’était pour faire de moi un agent dormant. 

— Mais, en fait, c’est ce que je voulais. Je lui ai dit que je voulais une vie ordinaire, un travail ordinaire et des relations ordinaires. Je sais que ça semble idiot, mais peut-être qu’il veut juste nous aider… pour une fois, en nous autorisant une touche de normalité ?

Declan n’avait pas pensé à ça. Cela voudrait dire que quelque part sous cette épaisse carapace, Sir James Aikens avait un cœur qui battait et encore un peu d’amour pour son fils unique. La sonnette de la porte d’entrée retentit. Declan se leva immédiatement et se dirigea vers l’interphone du couloir.

— Bonjour. 

— Un colis pour Samuel Aiken, dit une voix masculine et bourrue.

Declan regarda l’image CCTV d’un messager portant le sigle Swift Co sur l’écran de la tablette murale.

— Attendez une minute, répondit-il. Tu attends quelque chose, Sam ? cria-t-il.

Il ne se ferait pas avoir une seconde fois. Sam sortit de la chambre d’un pas nonchalant, torse nu, et vêtu uniquement d’un bas de pyjama gris foncé.

— Laisse-le entrer, ordonna-t-il et Declan fit ce qu’on lui demandait et appuya sur le bouton pour débloquer la porte du rez-de-chaussée.

Sam et Declan se tinrent de chaque côté de la porte fermée de l’appartement, tous les deux sur les nerfs, attendant… quelque chose. James leur avait-il enfin envoyé un message ?

Ils sursautèrent tous les deux et ricanèrent en entendant le coup sourd sur la porte. Sam jeta un coup d’œil rapide à travers le judas pour voir le messager – un Asiatique presque obèse aux cheveux gris dans la cinquantaine, avec une barbe à la Fred Pierrafeu sur son visage rond. Il tenait un colis de la taille d’une boîte à chaussures, enveloppé dans du papier marron et attaché avec de la ficelle, à l’ancienne. Sam ouvrit la porte et fut aussitôt repoussé par l’odeur de transpiration et de cigarettes. L’homme sentait comme s’il s’était baigné dans du kebab. Si c’était une tentative d’assassinat, les aisselles du messager feraient l’affaire. L’homme tendit un presse-papier en direction de Sam. Ce dernier jeta un œil au bon de livraison attaché. La case indiquant l’adresse de l’expéditeur était vide.

— Où est-ce que vous avez eu ça ? Je n’attendais rien, répondit Sam avec un accent de l’est de Londres.

— Je l’ai pris au dépôt et j’effectue la livraison. Je ne sais rien de la provenance de votre paquet et ce ne sont pas mes affaires. 

— Eh bien, j’espère qu’il n’y a rien qui fait « tic-tac » dedans, plaisanta Sam avec une expression niaise sur le visage.

Le messager sourit et porta la boîte à son oreille.

— Nan, c’est probablement une paire de chaussures ou quelque chose dans le genre – une surprise de votre chère et tendre, peut-être ?

— Oui, probablement, répondit Sam sur le même ton.

Il apposa une signature illisible, prit la boîte et fut immédiatement surpris par sa légèreté.

— Merci, mon vieux. Passez une bonne journée, dit-il, en rendant le presse-papier avant de refermer la porte.

Declan observa sur la tablette murale alors que le messager partait et que la porte principale se refermait derrière lui. Puis il ouvrit la porte d’entrée de l’appartement et vérifia le couloir et la cage d’escalier. Rien n’avait été laissé. Declan se sentit un peu mélodramatique et un peu trop prudent avec son comportement, mais il avait l’étrange pressentiment que quelque chose se tramait, quelque chose qui apporterait des changements plus radicaux dans sa vie. Il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il avait ressenti ce soupçon de… quelque chose depuis son retour du Maroc, comme s’il était toujours en stand-by, attendant la permission d’atterrir. Sam ne semblait pas trop préoccupé par le manque de contact de James, mais ces derniers mois avaient vu un énorme changement dans la façon dont Declan vivait sa vie et au niveau de son amour-propre. Des souvenirs enfouis depuis longtemps étaient réapparus lors de cet « entretien » et les flashs dont Declan n’osait parler le rendaient nerveux et mal à l’aise.

Sam se dirigea d’un pas nonchalant dans la cuisine et sortit une paire de ciseaux d’un tiroir rempli de divers accessoires de cuisine. Il posa la boîte sur le plan de travail et coupa la ficelle. Il y avait une étiquette Swift Co sur le devant de la boîte et aucune adresse concernant l’expéditeur. Sam fit une entaille sur le papier d’emballage marron puis il coupa tout un côté de façon à conserver l’adhésif ainsi que toute empreinte ou tout ADN qui auraient pu s’y coller, de façon nette. Il fit apparaître une boîte à chaussures couleur crème. Il regarda curieusement Declan qui se tenait silencieusement à côté de lui, les bras croisés.

— Voudrais-tu nous faire les honneurs ? demanda Sam.

Declan leva la main en signe de défaite.

— Non, vas-y. Je pense que Sam le Magnifique se débrouille très bien, répondit-il en souriant.

La boîte n’affichait aucun fil visible, il n’y avait pas de « tic-tac », et elle était aussi légère qu’une plume. Sam pensait qu’il serait complètement ridicule à être aussi prudent pour ouvrir un colis s’il était vide, mais il avait été entraîné à être prudent. Il retourna vers le tiroir de la cuisine rempli d’accessoires et en sortit des pinces à barbecue en plastique.

— Tu sais que je t’aime, n’est-ce pas ? demanda Sam de façon dramatique comme si c’étaient ses derniers mots.

Declan secoua la tête devant le ridicule de la situation et pinça les lèvres.

— À trois. Prêt ? 

Declan hocha la tête.

— Un… 

Sam ouvrit le couvercle et Declan recula instinctivement en se couvrant la tête avec ses bras.

— Tu as dit à trois, se plaignit-il en se sentant idiot.

Sam gloussa de soulagement devant l’absence de feu d’artifice. Il utilisa les pinces pour retirer un bout de papier blanc qui recouvrait le contenu. Lorsqu’il vit ce que contenait la boîte, il haleta et recula.

— Quoi ? demanda Declan en alerte voyant le visage de Sam devenir pâle.

— Rien.

Sam lissa son expression puis tendit le bras pour replacer le couvercle. Declan immobilisa sa main et jeta un œil. La boîte contenait un nœud coulant en corde rouge. Exactement comme celle qui avait été glissée dans sa poche au bar le Coburg, presque trois mois auparavant.

— Je sors. Je dois l’emmener au laboratoire, dit froidement Sam, son regard détaché et à des années-lumière de là.

Declan fut soudain submergé par une vague de frustration.

— Mais qu’est-ce que cela veut dire au juste, Sam ? Seigneur, je ne sais même pas où se trouve ce foutu laboratoire ! rugit-il furieusement.

Sam fut choqué par la colère dans son intonation. Il ressentit une pointe de culpabilité à se comporter aussi mystérieusement avec son partenaire – la seule personne en qui il est censé avoir confiance. Declan avait parfaitement le droit de connaître le laboratoire et l’entrepôt de la LLA.

— Habille-toi, lui ordonna Sam, puis il se retourna et quitta la cuisine.

****

CHAPITRE 2

ENTREPÔT

Il était dix heures quarante-cinq, une journée couverte de mi-mars, un samedi en fait. Declan avait prévu de faire ce que tout le monde faisait en couple un samedi – passer du bon temps avec sa moitié. Declan aimait passer son samedi à faire les courses, peut-être s’arrêter dans un café pour un brunch puis un pub pour une bière, peut-être regarder un match de foot ou de rugby, puis faire les corvées de façon à ce que tout soit propre et ordonné pour la semaine de travail à venir.

Declan aimait ses samedis avec Sam. Il aimait chaque jour passé avec Sam, mais les samedis étaient devenus spéciaux parce que c’étaient des jours de détente, lorsqu’ils étaient loin du bureau et pouvaient se conduire comme un couple en public. C’était étrangement intime de faire les courses ensemble. Declan adorait cuisiner pour quelqu’un et, plus que tout, il adorait les « hum » et « ah » que faisait Sam lorsqu’il goûtait une recette qu’il avait décidé d’expérimenter. Declan n’aurait pas pu souhaiter un meilleur cobaye. Et donc, le fait que cette agréable routine avait été perturbée et qu’ils étaient maintenant dans une Range Rover en direction de l’aéroport de Heathrow le contrariait.

— Tu as ton permis de travail avec toi, n’est-ce pas ? lui demanda Sam, mine de rien tout en tapotant et en dansant en suivant la musique sur son siège.

— Toujours.

— Bien, dit Sam, puis il commença à chanter.

Il avait une voix étonnamment agréable.

Declan l’écouta chanter un moment, mais ne put nier l’attraction de ce qui le dérangeait. Il était perturbé par le nœud sinistre dans la boîte qui était posée sur le siège arrière et il était frustré par le comportement de Sam – sa première réaction à la boîte qui s’est ensuite dissipée pour laisser place à une nonchalance évidente. Declan était persuadé que Sam feignait l’attitude insouciante et que quelque chose se tramait, mais ce n’était pas le moment de le défier.

Declan avait espéré que son intégration à la LLA soit plus comme dans les manuels, comme un film d’espionnage. Faites la formation, récupérer une pièce d’identité, l’arme, partez en mission et donnez un coup de pied au cul au méchant. Mais les délais, le manque de communication et la vie réelle rendaient tout cela décousu et pas du tout professionnel – s’il savait ce que « professionnel » signifiait dans le jeu de l’espionnage. Declan n’avait aucune idée de l’endroit où se trouvait le QG James, aucune idée de qui travaillait pour l’organisation, qu’elles étaient leurs ressources ou qui figurait sur leur liste de clients. Tout cela n’était-il que du vent ? Un jeu conçu par un homme qui avait trop d’argent et du temps à perdre ? Declan avait besoin de preuves concrètes pour prouver que tout ce qu’on lui avait dit était vrai. Il se posait des questions au sujet de l’entrepôt de stockage que Sam avait mentionné de façon désinvolte plusieurs fois au cours des derniers mois. Peut-être qu’enfin, il comprendrait quel genre de joueur était LLA.

Sam sortit de l’autoroute M4 et ils longèrent l’est de l’aéroport de Heathrow jusqu’à Uxbridge. Declan sortit le téléphone de sa poche et y trouva une carte Google de la région. Apparemment, ils se trouvaient quelque part entre Heathrow et RAF Northolt. Sa mâchoire toucha presque le sol lorsque, quelques minutes plus tard, Sam quitta la route d’Uxbridge pour entrer dans Union Business Park jusqu’aux grilles du site d’Allwayz Self Store. Il fixa le nom sans y croire puis se mit à rire.

— Quoi, demanda Sam alors qu’il descendait la vitre et glissait sa carte d’identité dans la fente d’un lecteur de carte.

— Ça s’appelle ASS1. C’est l’entrepôt ASS ! lâcha Declan

— Ouais ! J’avais peur que ta grosse queue abîme mon pauvre cul. Je suis venu en prendre un de rechange, plaisanta Sam.

Ils éclatèrent de rire tous les deux puis échangèrent un regard brûlant et entendu.

Declan jeta un regard aux alentours, il s’attendait à ce que Sam l’amène dans une grande prison, mais cet endroit était immense – un entrepôt industriel à deux étages avec des espaces de stockage au rez-de-chaussée et des bureaux à l’étage. Sam avança dans le parking qui avait des emplacements pour environ cinquante voitures dont la plupart des emplacements étaient pris… un samedi.

— Que diable se passe-t-il ici ? demanda Declan.

— À l’origine, c’est un entrepôt de stockage, mais c’est un bâtiment à usage multiple.

Sam fit une pause et se concentra pour trouver une place de stationnement.

— Nous avons un administrateur et un département de planification qui traitent des détails qui couvrent les opérations – tout, depuis les cartes d’identité des couvertures aux réservations de vols et d’hôtels. Il y a aussi un département de la gestion de la technologie et de l’internet. Ils traitent avec les DPI officieux. Il y a également un laboratoire légal ainsi qu’un laboratoire technique sur le site.

Sam donna les informations aussi calmement que Declan le faisait lorsqu’il faisait visiter une maison.

— Mais bon sang, c’est quoi DPI ? Ça semble pervers.

— Cela signifie Inspection approfondie des colis.

— Ça semble toujours pervers. Est-ce que j’ai le droit de le faire sur toi ? dit-il en agitant les sourcils.

Sam ricana.

— J’espère que non ! Nous employons les meilleurs analystes de données pour faire ça ! James offre un salaire supérieur et bien plus motivant que le gouvernement. Nos analystes filtrent les informations en ligne concernant de nombreuses utilisations – surtout, la surveillance contre le terrorisme. Le travail est classé secret et nous vendons ce que nous avons trouvé aux gouvernements à travers le monde. Tout cela est très secret.

Le cerveau de Declan avait officiellement explosé et il luttait pour comprendre à quel point cette information était énorme. Sam gara la voiture, et après avoir pris le paquet contenant la boîte à chaussures, ils se dirigèrent vers la porte d’entrée en verre.

La zone de réception semblait un peu vieillotte. Il y avait un petit espace où s’asseoir, une table basse avec une pile de prospectus Allwayz Self Store défraîchis, deux tables d’appoint sur lesquelles se trouvaient de grands yuccas et un distributeur d’eau fraîche avec – oh, quelle surprise – aucune tasse. Les murs étaient d’une couleur crème avec un peu de moka. Des posters publicitaires promouvant l’ASS étaient encadrés de biais comme s’ils avaient été bougés, mais jamais remis en place. La première chose que fit Declan en les voyant fut de les repositionner. Il serra la mâchoire. La réception de l’ASS avait vraiment besoin d’être redécorée, mais Declan se dit que cet aspect « vieillot » était peut-être ce qu’ils recherchaient.

Un seul agent de sécurité dans une tenue bleue se tenait derrière le bureau de l’accueil, des écrans de télévision lui tenant compagnie. Il devait avoir dans les quarante ans, avec des cheveux clairsemés, raides et châtains, et un visage usé à la peau jaunâtre.

— Lewis, cela fait plaisir de vous voir, dit Sam sur un ton jovial.

L’homme hocha la tête en signe de reconnaissance et leur fit le sourire crispé en regardant d’abord Sam, puis Declan.

— Vous êtes… ensemble ? demanda-t-il avec un accent gallois, et au hochement de tête de Sam, il récupéra un grand livre rouge de derrière le comptoir et l’ouvrit comme pour présenter les pages de signatures à Sam. Ce dernier posa sa main sur l’écran de la tablette qui se trouvait à l’intérieur.

— C’est la première visite de l’Agent Ramsay. Il faut le rentrer dans le système et lui attribuer un casier, dit Sam.

Lewis hocha la tête.

— Très bien, monsieur, répondit-il. Avez-vous votre pièce d’identité, monsieur ? demanda-t-il platement en s’adressant à Declan.

Le souffle de ce dernier se coinça dans sa gorge. Il fut décontenancé un instant d’avoir été appelé « Agent Ramsay ». Ses testicules se tendirent dans son caleçon et son sexe tressauta avec un OH OUI ! Il aimait ce titre, vraiment beaucoup. Il jeta un coup d’œil rapide à Lewis. L’homme était sans aucun doute un ancien militaire, Declan pouvait presque le sentir. Il s’attendait à ce que James recrute la majorité de son personnel parmi les militaires. Comme demandé, Declan sortit son identification de la LLA de la poche intérieure de sa veste et la donna à l’agent de sécurité. Elle fut insérée puis Declan dut à son tour poser sa main sur l’écran de la tablette. Une fois sa main scannée, il récupéra sa carte d’identité.

Lewis tapota sur le clavier de son ordinateur et rencontra le regard de Declan.

— Unité soixante-cinq, votre mot de passe est Magenta, monsieur. Vous pouvez le changer simplement en entrant le mot, puis en appuyant trois fois sur zéro et finalement entrer le nouveau mot de passe. Il est préférable d’utiliser une combinaison de lettres et de chiffres, lui conseilla-t-il.

Declan hocha la tête et suivit Sam alors qu’il se dirigeait vers une porte rouge sur laquelle était écrit « Personnel autorisé ». Sam se tint devant la porte et se retourna vers Lewis qui hocha légèrement la tête et appuya sur un bouton pour l’ouvrir. Sam et Declan entrèrent.

La porte s’ouvrait sur un long couloir blanc, Declan remarqua la caméra de sécurité au-dessus de la porte qu’ils venaient de franchir ainsi que celle vers laquelle ils se dirigeaient, dix mètres plus loin. Lorsqu’ils l’atteignirent, Sam appuya sur la poignée, leva les yeux vers la caméra et hocha la tête. La porte fit du bruit et Sam la poussa pour l’ouvrir.

Ils entrèrent dans un espace sombre et Declan fut momentanément désorienté, puis un éclairage au plafond se déclencha et clignota avant de se stabiliser, les aveuglant tous les deux pendant un instant.

Le vaste espace de l’entrepôt principal était rempli de centaines de conteneurs de transport intermodal en acier serrés les uns contre les autres. Le plafond bas au-dessus n’était qu’un amas de câbles industriels, de conduits et de tuyaux – dont certains provenaient curieusement du sommet de plusieurs des conteneurs longs de douze mètres.

Ils étaient complètement seuls et l’isolement du lieu troublait Declan. Le bruit de leur pas était le seul son dans ce lieu autrement étrangement silencieux. L’air était glacial et sentait l’humidité, avec un soupçon de gaz d’échappement des voitures ainsi qu’une odeur du moisi. Ils passèrent devant un charriot élévateur inutilisé sur un quai latéral, ainsi que des charriots à plateforme pour les camions. D’autres charriots à bagages affichant de la publicité pour l’aéroport de Heathrow qui avaient visiblement été volés étaient alignés contre le mur gris.

Declan suivit Sam loin du quai de déchargement et le long de passages étroits entre les conteneurs de transport. L’éclairage au-dessus de leur tête était déclenché leur mouvement, clignotant afin de précéder leur déambulation. Declan remarqua que les conteneurs avaient toute une gamme de portes différentes, certaines coulissantes, d’autres construites de façon plus traditionnelle et certaines en acier trempé à verrous boulonnés.

Sam s’arrêta devant le bloc quarante-six. Il semblait y avoir trois grands conteneurs de couleur rouille soudés ensemble avec une porte d’entrée noire en acier massif et une boîte aux lettres traditionnelle ainsi qu’un clavier numéroté sur le mur de l’entrée, également en acier. Les doigts de Sam tapèrent rapidement son code puis il ouvrit la porte. De nouveau, le mouvement déclencha des capteurs, et l’éclairage s’enclencha pour illuminer l’intérieur des conteneurs. Sam se baissa en entrant pour ramasser une pile de courrier sur le sol.

Curieux, Declan le suivit à l’intérieur. Il était surpris de se retrouver dans ce qui ressemblait à un appartement moderne. Les conteneurs avaient été aménagés de façon extravagante avec du cèdre sur les murs et les plafonds, et du parquet flottant en chêne. Un canapé gris en forme de L était décentré, avec une table basse en teck et le long du mur du fond, des étagères étaient chargées de livres entrecoupés de plusieurs casiers de sécurité. Il y avait un petit bijou de cuisine équipée en chrome et plexiglas rouge, et plus loin dans cet espace compact, une chambre et une salle de bain. Declan nota immédiatement la température ambiante confortable de la pièce et l’air filtré, doux et odorant qui avait un je-ne-sais-quoi de Sam. Il ferma la porte derrière lui.

Declan était stupéfait.

— Oh, mon Dieu, cet endroit est incroyable !

Il connaissait intimement Sam depuis huit mois maintenant et il n’avait jamais suspecté que ce dernier pouvait avoir un endroit caché quelque part. Parler d’entrepôt lui avait toujours donné l’idée d’un lieu industriel et plein de boîtes, jamais à ça !

— Tu as habité ici ?

— Oui. Il y a une connexion haut débit, des câbles, le chauffage au sol, la climatisation, une cuisine, une salle de bain – pratique quand je veux disparaître un moment. Sam posa le sac contenant la boîte à chaussures sur la table basse et y jeta également le courrier.

— En effet.

— J’ai juste besoin de prendre quelques vêtements pendant que je suis ici. Assieds-toi, détends-toi, et allume la télévision si tu veux, dit-il avec désinvolture avant de se diriger vers la chambre.

Declan ne voulait pas s’asseoir, il voulait tout regarder et découvrir toutes les cachettes secrètes qui se trouvaient dans les murs. Il observa les lettres sur la table adressées à Stefan Boche, Alexander Westley, Sebastien Laurent, et Nathaniel Cooper.

Declan continua à observer les étagères. Les livres étaient rangés par sujet, langues, pays, histoire, folklore et fiction. Voir des livres sur l’escapologie lui serra le cœur. Imaginer le jeune Sam les lire avidement pour attirer l’attention de son père était simplement un brise-cœur.

— Tous les blocs sont-ils ainsi ? demanda Declan.

— Mon Dieu, non ! Je l’ai aménagé à l’extérieur et je l’ai apporté ici. Un cadeau d’anniversaire de Papa, je suppose. C’est ce que j’ai fait avec l’argent qu’il m’a donné pour mes dix-huit ans.

— Merde ! Tout ce que j’ai eu c’est un billet de concert et quelques CD.

L’espace privé de Sam et son ordre impeccable étaient très excitants pour Declan prouvant qu’ils allaient en effet parfaitement bien ensemble. L’autre partie de son cerveau se demanda si Sam avait déjà couché avec quelqu’un ici. Il traversa la petite cuisine compacte et la chambre où Sam avait ouvert une garde-robe et était en train de choisir des chemises, des costumes, des chaussures ainsi que des sous-vêtements pour les rapporter à Mayfair.

— Désolé, je me suis dit que je pouvais faire d’une pierre deux coups… Donne-moi dix minutes et puis nous irons au laboratoire, dit Sam en jetant un costume bleu prussien plutôt attrayant sur le lit.

Le cerveau de Declan bourdonnait de questions et il était un peu agacé que son petit ami d’ordinaire si loquace se montre si émotionnellement distant.

— As-tu déjà emmené quelqu’un d’autre ici ? demanda-t-il en s’appuyant sur le montant de la porte.

Sam rit sans gaité.

— Seigneur, non ! Pour le monde extérieur, cet endroit n’existe pas. À l’exception du concepteur et de l’équipe qui l’a installé, tu es le seul que j’ai amené ici, répondit-il. Évidemment, James sait que j’ai un espace ici – nous en avons tous un –, mais ce que nous en faisons tout comme ce que nous y mettons est strictement personnel.

Les joues de Declan rougirent à l’idée qu’il était le seul en qui Sam avait confiance. Il était transporté par la vague de chaleur à se sentir choisi… spécial. Il voulait rejoindre son amant et le remercier pour ce compliment de la seule façon qui avait un sens. Mais le sentiment de malaise qu’il sentait s’échapper de Sam lui fit décider que ce n’était pas le moment.

— Je vais m’occuper du mot de passe de mon bloc, tu viens me chercher, d’accord ? J’ai l’impression que si je me perds ici, personne ne retrouvera mon corps !

Sam ricana légèrement, son attention principalement concentrée sur la sélection de ses vêtements.

— Cela pourrait arriver !

L’espace de Declan n’était pas aussi impressionnant que celui de Sam. Pour commencer, ce n’était qu’un conteneur de transport et qui comportait une porte en métal coulissante qui faisait un bruit ressemblant étrangement à celui d’une lame de guillotine lorsqu’elle tombait. Le son résonna dans l’immense entrepôt, semblant plus bruyant qu’il l’aurait dû à cause du grand silence qui régnait tout autour. L’intérieur du conteneur avait été recouvert de plastique et peint en blanc. Mais c’était tout. C’était une coquille avec des lumières, des prises de courant et derrière la porte, à l’autre bout de l’espace, un petit W.C. et un lavabo. Declan n’avait aucune idée de ce qu’il allait entreposer ici. Il avait conservé ses affaires dans le garage de ses parents, dans leur maison d’Edinburg. Il envisagea un instant de louer un camion afin de les ramener, mais non. Ce nouvel espace représenterait sa nouvelle vie et ne serait lié qu’avec ses affaires secrètes. Ce serait amusant d’aménager cet endroit.

— Waouh, c’est ce que j’appelle une toile vierge ! dit Sam en faisant sursauter Declan qui se retourna.

— Oui, on dirait que je vais devoir aller chez Ikéa, dit-il en riant.

— Un samedi ? As-tu perdu l’esprit ? s’exclama Sam en prétendant être outragé.

Declan ferma à clé et réinitialisa son mot de passe, puis ils partirent. Sam traînait une grande valise grise en métal contenant ses affaires et portait un sac contenant la boîte à chaussures. Declan fut guidé à travers d’autres passages formés par les conteneurs. La lueur aveuglante des lumières industrielles au-dessus d’eux se déclenchait au fur et à mesure qu’ils avançaient et au bout d’une minute, s’éteignait derrière eux. Si Declan était honnête, l’endroit le perturbait. C’était comme un gros trou noir. L’entrepôt aurait pu être n’importe où dans le monde, anonyme et secret. Si quelqu’un voulait me tuer, personne ne le saurait, personne ne m’entendrait crier, pensa-t-il. Est-ce ici qu’a eu lieu mon entretien ?

Ils tournèrent sur une allée plus large, dépassant conteneur après conteneur peint en vert, en bleu ou couleur rouille. Declan était certain, d’après la sensation que lui donnait cet endroit, que ce lieu cachait bien des secrets. Au bout du couloir, une lumière rouge clignotait au-dessus d’une porte discrète. Sam inséra sa carte d’identité dans la console et Declan fit de même. La porte s’ouvrit et ils empruntèrent un autre long couloir blanc. Declan entendit la sonnerie lointaine des téléphones et des voix discutant.

Lorsqu’ils sortirent de la zone de stockage, Declan s’aperçut que Sam et lui se trouvaient dans un espace de bureau ouvert sans fenêtre. Une trentaine de bureaux étaient regroupés par deux ou trois avec des employés en costume assis qui rentraient des données ou parlaient des myriades de langages inconnus dans des casques. C’était comme s’ils étaient entrés dans un centre d’appels international.

Personne ne leur prêta attention. Sam longea les différents bureaux jusqu’à une autre porte, Declan à ses côtés.

— Qu’est-ce qui se passe ici ?

— Oh. Ce sont les fureteurs dont je t’ai parlé.

Declan avait toujours pensé que Sam détestait son travail et qu’il était profondément pacifiste. Il s’était aussi interrogé sur ses penchants politiques et le pensait plutôt libéral. Mais maintenant, voyant avec quelle nonchalance Sam parlait des analystes du DPI comme s’il s’agissait de vente en ligne, Declan n’en était plus aussi certain.

Ils continuèrent leur promenade sans hâte, passant une autre porte sécurisée avant de prendre un escalier jusqu’au premier étage. Ici, le couloir avait l’apparence d’un bâtiment médical. Des sols en linoléum, des murs blancs et des lumières faibles. Il n’y avait pas de grand panneau indiquant qu’ils étaient maintenant dans le laboratoire de la LLA, aucune signalisation du tout, nulle part – indiquant que si vous aviez besoin d’un panneau, vous n’aviez pas le droit d’être ici ! Après avoir inséré leur carte d’identité et passés encore une autre porte, Sam et Declan arrivèrent à l’accueil, où un secrétaire était assis derrière une vitre pare-balles dans son bureau à observer son écran. Lorsque l’homme croisa son regard, Sam se pencha à la fenêtre et dit :

— Agent Aiken pour le Dr Goldblume.

Le secrétaire hocha la tête et transmit la requête par téléphone.

Sam fit les cent pas et Declan s’appuya contre le mur, ses yeux cartographiant l’installation, notant la position des caméras de sécurité, les sorties et l’œuvre « expressionniste » voyante qui ornait le mur. Il se demanda pourquoi le laboratoire utilisait une telle sécurité et un art si horrible. Sam avança et s’approcha de Declan.

— Qui est Goldblume ?

— Un spécialiste médico-légal, un vieil ami de la famille, mon parrain en fait. Sa spécialité est de trouver des preuves, donc s’il y a des empreintes digitales, des cheveux ou des cellules de peau sur la boîte, il les trouvera.

La porte blanche sur la gauche s’ouvrit et un monsieur âgé, noir, portant une blouse de laboratoire, un pantalon marron et une chemise bleue apparut. Il était un peu plus petit que Sam et Declan. Il avait des yeux qui brillaient d’intelligence et un nez aquilin sur un visage qui avait dû être beau autrefois. Mais maintenant, on pouvait voir les signes de l’âge et de nombreuses nuits sans dormir à travers ses cernes. Dr Jonah Goldblume ouvrit les bras et Sam s’avança vers lui.

— Mon Dieu, Samuel, que me vaut ce plaisir ? dit-il avec un accent d’Afrique du Sud.

— Comment vas-tu, Jonah ? Désolé de couper court, mais j’ai besoin que tu regardes quelque chose pour moi très rapidement.

— Oui, oui. Je vais bien. Bien sûr, entre dans mon laboratoire. Nous pouvons y parler.

Ce fut à ce moment-là qu’il s’arrêta et remarqua le grand homme brun à la barbe juste derrière Sam. Il observa Declan avec curiosité.

— Oh, Jonah, voici Declan, l’agent Ramsay, mon partenaire. Je lui fais visiter.

— James t’a affecté un partenaire ? s’exclama Jonah et ses sourcils broussailleux se froncèrent.

— Je sais, c’est choquant, plaisanta Sam. J’ai choisi l’agent Ramsay… Declan, et papa a accepté. Qui l’eût cru ?

Sam haussa les épaules. Jonah souffla de façon théâtrale et secoua la tête, une expression incrédule s’affichant sur son visage.

— Assurez-vous de bien couvrir ses arrières, Diklan. Ce garçon m’est précieux, l’avertit Jonah tendant la main à l’Écossais.

Declan était tout à fait d’accord. Il croisa le regard noir et aiguisé du docteur et lui donna une poignée de main ferme. Apparemment satisfait, Jonah se tourna vers la porte blanche. Sam et Declan le suivirent, passant par un autre poste de vérification de carte jusqu’à la pièce stérile qui donnait finalement sur le laboratoire de Jonah.

— As-tu eu des nouvelles de ton père récemment ? demanda Jonah sur le ton de la conversation alors qu’il se lavait les mains à côté de Sam. Ce fauteur de troubles ne s’est pas présenté à notre partie de poker habituelle trois semaines d’affilée maintenant !

Cette information était curieuse. Jonah était l’un des « véritables » amis de James, et ce dernier était un adepte des subtilités de l’étiquette sociale. Habituellement, il aurait appelé ou au moins envoyé un panier-cadeau pour s’excuser de ne pas venir à la soirée.

— Je suis certain qu’il est à l’étranger. Tu sais comment il est, dit Sam en chassant les doutes d’un geste de la main.

Il ferma le robinet, se sécha les mains, puis mit une blouse.

Declan sourit en se voyant Sam et lui dans des blouses de laboratoire. Il était certain que Sam en connaissait suffisamment pour se faire passer pour un docteur. Il se demanda s’il avait déjà essayé. Jonah retourna vers les portes battantes du laboratoire et les agents suivirent. Sam lui tendit le sac.

— J’ai reçu ça ce matin à mon domicile. Pas d’expéditeur. J’aimerais qu’une analyse ADN soit réalisée. J’ai besoin de savoir qui me l’a envoyé.

Jonah se dirigea vers une boîte de gants chirurgicaux bleus et en enfila une paire. Il enleva le papier d’emballage marron de la boîte à chaussures et se déplaça jusqu’à une chambre vitrée, plaça la boîte et le papier à l’intérieur et referma la porte. Il composa un numéro sur le clavier près de la porte et les rayons ultra-violets les éclairèrent à l’intérieur, faisant apparaître ainsi des petites traces de poussière, de peau et de cheveux.

— Qui y a touché ?

— Seulement le messager et moi-même autant que je le sache,

— J’ai touché le couvercle de la boîte, murmura Declan.

— Je vais vous prélever des échantillons Diklan, si vous êtes d’accord. J’ai déjà ceux de Sam.

Declan ne put réprimer un sourire en entendant à nouveau son nom prononcé avec un accent sud-africain.

— Que contient la boîte ? demanda le docteur.

— Un nœud coulant rouge, répondit Sam, ses yeux croisant le regard mesuré du docteur.

Declan remarqua la façon dont le regard de Sam et Jonah s’attardait, comme s’ils partageaient une complicité qu’il n’avait pas.

— Sam, c’est impossible, répondit le docteur de façon énigmatique, sa voix douce et rassurante. Mais je vais faire des tests en urgence – ainsi tu pourras dormir cette nuit.

Declan était perplexe. Il regarda son petit ami et remarqua son expression anxieuse à peine dissimulée. Quelque chose d’énorme s’était produit et pour une raison inconnue, Sam avait peur. Declan verrouilla sa frustration de se sentir hors du coup, et son incapacité à soutenir son partenaire. Il ne voulait pas faire de scandale devant son parrain. Il ne savait pas si ce dernier savait que Sam était gay ou même si Sam souhaitait lui dire qu’ils étaient en couple. Il serra la mâchoire. La question devrait attendre… encore !

Le silence était palpable dans la Range Rover alors que Sam les ramenait dans le centre de Londres. Ils étaient à mi-chemin lorsque Declan explosa.

— Que diable se passe-t-il ? demanda-t-il en serrant les dents.

— Oh, rien dont ta… tête doit se soucier, lui dit Sam avec désinvolture, se rattrapant avant de dire « jolie petite ».

Il se mordit la lèvre et fixa la route.

— Ne prends pas ce ton supérieur ! Qui diable crois-tu être ? rugit Declan.

Sam fit une embardée, affolé par cette soudaine explosion. Le silence s’installa à nouveau et l’atmosphère était chargée de testostérone.

— Honnêtement, il n’y a aucun souci à se faire, insista Sam après un instant.

— Ne me sors pas ces conneries. Crois-tu que je suis stupide ? Ce colis t’a fait peur.

La mâchoire de Sam se serra et il resta inhabituellement silencieux.

— Ne te souviens-tu pas d’une certaine conversation que nous avons eue après l’intrusion ? Une certaine personne m’a dit : « Je suis ton partenaire. C’est ça, une relation – être présent et soutenir l’autre quand tout va mal ». Ça marche dans les deux sens, tu sais !

Sam grimaça en entendant ses propres mots lui revenir comme un boomerang. Il savait que Declan avait raison. La voiture tourna sur Mount Street et miraculeusement, il y avait une place libre à quelques mètres de leur porte. Sam se gara et Declan sortit de la voiture aussi vite qu’un lévrier, sans ajouter un mot de plus. Sam se retourna et le vit entrer dans le café près de chez eux. Il sortit de la voiture et prit sa valise.

Au moment où Sam entendit la porte claquer, il était déjà en train de vider sa valise et ranger ses affaires. Il grinça des dents et se prépara à la dispute. Declan apparut à la porte quelques minutes plus tard, une boîte de pâtisserie avec un nœud rose dans les mains.

— Laisse ça. Nous devons parler, dit-il calmement.

Sam était surpris. Il croisa le regard de Declan, et l’affection qu’il y vit relâcha la tension de tout son corps. C’était comme si ce regard avait brisé le cordon de stress qui l’emprisonnait depuis l’ouverture de la boîte à chaussures.

Sur la table basse du salon, Declan avait préparé deux paninis avec de la salade qu’il avait achetés au café, avec deux tasses de café. Le cœur de Sam tressauta devant la prévenance du geste, et une fois de plus, il se sentit coupable d’avoir des secrets. Declan posa la boîte de pâtisserie au centre de la table et prit Sam dans ses bras.

— Tout ce qui t’effraie à ce point… j’ai besoin de le savoir. Quoi que ce soit, cela m’affecte. Nous sommes ensemble dans cette histoire, alors crache le morceau.

Sam soupira profondément. Chantage affectif et pâtisseries. Mon Dieu, cet homme est doué ! Il s’éloigna de la chaleur de Declan et s’assit sur le canapé. Declan le rejoignit et lui offrit un panini.

— Je pense que quelqu’un essaie de m’effrayer, commença Sam.

— Eh bien, on dirait que ça marche.

— Oui, je suppose.

Sam se tut et prit une profonde inspiration.

— La corde rouge a une connexion avec une ancienne affaire. Une némésis – mais il est impossible qu’il ait envoyé le colis – à moins que la Compagnie Swift & Co ait des entrepôts en enfer.

— Donc, qui l’a envoyé à ton avis ?

— Je ne sais pas. Un de ses associés peut-être. Cela n’a aucun sens après toutes ces années.

— Donc quelqu’un de dangereux sait où nous vivons, que nous sommes ensemble et te menace. Et je parie que les détails sont top secret.

Sam fronça les sourcils et haussa les épaules.

— Devons-nous déménager ?

— Mon Dieu, non. Nous n’allons pas quitter notre domicile pour une farce idiote.

Sam s’affaissa sur le canapé et prit une bouchée de son panini – brie, oignon rouge, jambon et tomate. Il fit un bruit approbateur.

— Si nous devons déménager, nous le ferons, rétorqua fermement Declan.

Sam avala et se redressa.

— C’est la première fois que je me sens « installé » depuis le décès de ma mère. C’était il y a plus de douze ans. J’ai quitté la maison de mes parents à quatorze ans pour aller à l’université. Et après avoir quitté la fac, j’étais censé habiter chez papa, mais en réalité, je vivais dans des hôtels la plupart du temps. J’ai toujours pensé que le foyer était un lieu, mais c’est faux, ce sont les gens avec qui tu partages un lieu qui en font un foyer, le reste c’est simplement… de la décoration.

---ENDE DER LESEPROBE---