4,99 €
Après la plus belle semaine de leur vie au château de Dunloch, sur les rives du Loch Ness, en Écosse. Le charmant et mystérieux Samuel Aiken a bouleversé la vie de Declan Ramsay. Declan a connu un changement remarquable. Il a compris qu'il était bisexuel et il est tombé amoureux du fils de son patron, Sam. Cependant, tomber pour le fils de son patron ne sera jamais une voie facile vers le bonheur, principalement parce que le patron en question est le magnat multimillionnaire et ancien agent du MI5, Sir James Aiken. Sir James est dégoûté par l'homosexualité de son fils, et découvrir que son employé Declan Ramsay – l'homme qu'il a installé pour diriger son empire de location de biens de luxe – est dans une relation avec Sam, ne se passe pas bien.Les amants ne peuvent pas se cacher longtemps de la présence imposante de Sir James Aiken ! Rapidement, James passe à l'action, et Declan découvre ce qu'il devra endurer pour rester avec Sam, et ce qu'il devra donner pour se sentir digne de son amour.
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Inhaltsverzeichnis
Aussi par Isobel Starling
Haut-de-Forme
ILLUMINER LES OMBRES
SHATTERPROOF BOND #2
Traduit de l’anglais par Estelle Pion
Isobel Starling
WWW.DECENTFELLOWSPRESS..COM
© Illuminer les Ombres (Shatterproof Bond#2) 2020-2023
Titre original : Illuminate the Shaodows (Shatterproof Bond #2)
Traduit de l’anglais par Estelle Pion
ISBN: 9783757929626
Tous droits internationaux réservés. Ce livre ne peut être reproduit, en tout ou en partie, stocké dans un système de recherche ou transmis sous quelque forme que ce soit par quelque moyen que ce soit (électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autrement) sans l'autorisation écrite préalable de l'auteur, sauf pour les besoins suivants: des critiques. Le critique peut citer de courts passages pour que la critique soit imprimée dans un journal, un magazine ou une revue.
Note de l’éditeur
Les phrases en italiques suivies d’un astérisque sont tirées du film The Princess Bride, réalisé en 1987 par William Goldman.
Copyright de l'édition française ©2020
Copyright de l’edition anglaise © 2017-2023
Isobel Starling & Decent Fellows Press
Conception graphique : Isobel Starling
Avertissements
Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les faits décrits ne sont que le produit de l’imagination de l’auteur, ou utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existées, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux ou des événements ou des lieux ne serait que le fruit d’une coïncidence.
Cet ebook contient des scènes sexuellement explicites et homoérotiques, une relation MM et un langage adulte, ce qui peut être considéré comme offensant pour certains lecteurs. Il est destiné à la vente et au divertissement pour des adultes seulement, tels que définis par la loi du pays dans lequel vous avez effectué votre achat. Merci de stocker vos fichiers dans un endroit où ils ne seront pas accessibles à des mineurs.
ILLUMINER LES OMBRES
By
Isobel Starling
Westley:
Écoutez ceci maintenant : je viendrai toujours pour vous.
Boucle d’or:
Mais, comment pouvez-vous en être certain ?
Westley:
C’est le véritable amour – vous pensez que cela arrive tous les jours ?
Princess Bride
Par William Goldman
CONTENU
CHAPITRE 1 PETIT DÉJEUNER
CHAPITRE 2 VIPÉRE
CHAPITRE 3 L’INTERVIEW
CHAPITRE 4 MÉNAGE
CHAPITRE 5 LE JEUNE DECLAN
CHAPITRE 6 FOUILLE DU BOUT DES DOIGTS
CHAPITRE 7 INTERROGATOIRE
CHAPITRE 8 CRÉTIN
CHAPITRE 9 LE VÉRITABLE AMOUR
CHAPITRE 10 RÉVÉLATIONS
CHAPITRE 11 L’EMPLOI PRINCIPAL
CHAPITRE 12 COBERG
CHAPITRE 13 DOUTE DE SOI
CHAPITRE 14 COMIING OUT
CHAPITRE 15 L’ANXIÉTÉ DE LA SÉPARATION
CHAPITRE 16 RETOUR A LA MAISON
CHAPITRE 17 EMMÉNE MOI SUR LE FIL
AUTEURE
CHAPITRE 1
PETIT-DÉJEUNER
Declan Ramsay lécha une goutte de sperme au coin de sa bouche et posa sa joue recouverte de chaume dru sur l’abdomen transpirant de son amant. Il laissa échapper un rire de gorge profond et sourit, vivement satisfait de l’orgasme puissant qu’il venait de procurer à Sam.
Celui-ci passa ses doigts dans la chevelure épaisse et brune de Declan et rit paresseusement en sentant la barbe de son amant qui repoussait déjà lui chatouiller le ventre. Son sexe reposait lascivement sur sa cuisse et il poussa un soupir de profonde satisfaction lorsque l’euphorie de l’orgasme commença à s’évaporer. Declan était peut-être un petit nouveau, mais bon sang, c’était un suceur né.
Les amants restèrent allongés dans un silence chargé de satiété pendant plusieurs minutes avant que leur paix soit troublée par un ricanement de Declan.
— Quoi ? demanda Sam, un sourire endormi aux lèvres.
— Ton ventre gargouille, répondit Declan avec son accent écossais prononcé.
Il passa lentement ses doigts sur la cuisse droite de Sam, puis sur l’os saillant de sa hanche avant de venir poser sa main sur son estomac. Il sentit le grondement sous ses doigts.
— Alors, nourris-moi ! ordonna Sam pour s’amuser. Tu m’as épuisé. Sérieusement Ramsay, je ne peux plus bouger. Je ne veux plus jamais bouger.
Declan posa de tendres baisers autour du nombril de Sam en réponse. Il était incroyablement heureux et satisfait. Sam et Declan avaient passé les deux derniers jours au lit à faire l’amour, parler et rire. L’euphorie que ressentait Declan à l’idée d’être tant aimé et d’aimer en retour ne paraissait pas s’amenuiser.
Avant ce week-end en amoureux, Sam n’avait eu aucun contact avec Declan pendant trois longs mois. Ce dernier était tombé dans une sorte de dépression mêlée de confusion. Pour finalement découvrir que Sam n’était pas à Dubaï comme il l’avait prétendu, mais en réalité à quelques minutes de l’appartement de Declan à Mayfair, dans une maison située au numéro soixante-sept de Chester Row, à Belgravia.
La colère que Declan avait d’abord ressentie en découvrant Sam et ses mensonges s’était maintenant évaporée. Ce dernier lui avait ouvert son cœur, et Declan avait fait de même. Ils s’aimaient et s’étaient engagés l’un envers l’autre. C’était aussi simple que cela. Il n’y avait plus une once de colère dans le corps de l’Écossais. Elle avait été remplacée par une sensation de plénitude dans sa poitrine, et une chaleur grandissante dans son ventre. Pour la première fois depuis des mois, Declan se sentait complet. Il ne luttait plus contre ses sentiments, et rendre les armes devant Sam avait été d’une douceur époustouflante.
— Je pense que tu devrais figurer sur la liste des substances dangereuses, gamin ! Ton sperme est foutrement addictif, dit Declan d’une voix traînante.
Sam éclata de rire.
Ses mains quittèrent les cheveux de Declan pour venir agripper sa nuque, et lui ordonna un « Viens là ». Declan remonta dans le lit et Sam se releva pour l’accueillir avec un baiser et un sourire. Sa main libre prit en coupe le visage barbu de Declan et sa langue glissa sans effort entre ses lèvres encore douces et gonflées de la fellation. La langue chaude et veloutée de Sam combla la bouche de Declan, l’explorant et lui dérobant son souffle. Sam sentit la saveur douce-amère de sa propre semence mêlée à la salive de Declan. Leurs sécrétions se mariaient à merveille. Declan enroula ses bras autour de la taille étroite de Sam. Il roula dans le lit, et Sam poussa un petit cri de joie en le suivant, ravi que son corps mince et sportif se retrouve entouré par les bras musclés de Declan et serré contre son torse.
— Alors, que veux-tu pour le petit-déjeuner ?
Les mains de Sam se glissèrent entre leurs deux corps et vinrent attraper le sexe doux de Declan. Celui-ci s’était lavé peu de temps auparavant, et les fellations de Sam étaient les plus incroyables, passionnées et imprévisibles.
— Bas les pattes, je meurs de faim Sam, se plaignit Declan, alors que Sam poursuivait ses caresses. Tu pourras m’avoir plus tard, dit-il en riant et en donnant un coup de reins pour s’éloigner des mains impatientes de son amant.
Sam fit une moue boudeuse devant ce refus ; il était plus excité qu’il ne l’avait jamais été. Il capitula, laissant échapper le sexe de Declan à contrecœur.
— D’accord M. Ramsay, manger, puis baiser semble être une bonne manière de passer la journée.
Declan jeta un coup d’œil au réveil, il était midi et demi.
— La journée est déjà bien entamée. Dieu merci, les banques sont fermées aujourd’hui ou je serais en retard pour le travail. Très en retard, même.
— Un brunch alors ? proposa Declan. Pourquoi pas un de mes super bagel de petit-déjeuner ? Je peux aller au coin de la rue et prendre des pains bagel frais chez Baker & Spic. Fonce sous la douche, d’accord ? J’en ai pour une dizaine de minutes, ordonna Declan.
Ils n’avaient rien mangé d’autre que des plats à emporter durant tout le week-end. Faire griller du bacon, cuire quelques œufs au plat et préparer une sauce hollandaise était le minimum que Declan pouvait faire pour son amant.
Sam prit son visage en coupe et maintint son regard. Il observa son amant avec intensité.
— T’a-t-on déjà dit à quel point tu étais merveilleux ? demanda-t-il avec sincérité.
Les mains de Declan avaient glissé le long du dos de Sam et étaient maintenant posées sur ses fesses, les serrant et les caressant avec douceur.
— Oui, mais ces personnes n’avaient pas d’importance… contrairement à toi ! avoua Declan avec candeur.
Les deux hommes se perdirent dans le regard de l’autre pendant une très longue minute jusqu’à ce que Sam dise, sur un ton presque éploré :
— Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, Ramsay commença-t-il. C’est… un sentiment étrange, d’avoir besoin de quelqu’un… à ce point. Je n’ai jamais ressenti cela pour personne avant toi, tu sais… Comme si je t’avais toujours connu, alors que nous nous connaissons à peine.
La poitrine de Declan se gonfla de tendresse – mêlée de peur. L’idée de ne plus être avec Sam à nouveau… Il lutta pour respirer un instant, se demandant comment il pouvait contrôler toute sa vie, et se sentir aussi perdu en même temps. Il avait été obsédé par l’idée de savoir où était Sam durant les trois derniers mois. À présent, il était de retour entre ses bras, et cet amour était la chose qui lui importait. C’était la seule véritable chose qu’il avait toujours désirée, et il la possédait désormais… mais pour combien de temps ?
Declan ne pouvait pas ignorer l’inquiétude qui troublait ses pensées au fond de lui. Il savait qu’il lui faudrait affronter le père de Sam, son patron, Sir James Aiken, le plus tôt possible. Quelques jours auparavant, Sam lui avait dévoilé le « secret de famille » – Sir James Aiken était un ancien espion du MI5 qui avait fondé sa propre société de couverture en prenant sa retraite. C’était officiellement une société de location, les Locations de Luxe Aiken – la LLA. Declan avait découvert qu’il avait servi à son insu de vitrine pour la société de Sir James pendant deux ans, et avait facilité Dieu seul savait quelles transactions secrètes. Ces révélations l’avaient abasourdi.
Declan avait également découvert que Sam Aiken avait été un enfant prodige, naturellement doué pour les langues, et qu’il avait été employé comme interprète et agent sous couverture par la LLA, depuis l’âge de seize ans. Cependant, Declan ne connaissait aucun détail concernant ce que son amant faisait vraiment pour l’organisation. Sam avait en revanche raison sur un point. Peu importait la force de leurs sentiments, ils se connaissaient à peine.
Il lui avait expliqué qu’au bout de huit ans, il avait voulu sortir de l’ombre. Il avait ressenti le désir de vivre une vie normale – un emploi avec des horaires de bureau, une maison bien à lui où il pourrait rentrer chaque soir, et ne plus avoir à vivre entre la chambre de la maison de son père à Holland Park dans laquelle il ne dormait que rarement, et le local de stockage de la LLA près de l’aéroport de Heathrow. Et par-dessus tout : il voulait une relation… avec Declan Ramsay.
Sam s’était dit qu’en tombant amoureux, il avait enfin trouvé le moyen d’échapper aux exigences de son père. Il prévoyait de sortir du réseau, avec Declan, et commencer une nouvelle vie. Cependant, Sir James avait découvert sa relation, et afin de garder son fils à ses côtés, il avait passé un contrat avec lui. Sam pouvait avoir Declan Ramsay, tant que les deux hommes restaient dans l’agence et continuaient à travailler pour elle.
Declan avait alors compris que l’emploi qu’il avait toujours considéré comme simple et en quelque sorte mondain n’était en fait rien de cela. La compagnie pour laquelle il travaillait était une couverture et il était embourbé dans le mensonge. Sir James avait apparemment trouvé une « nouvelle utilité » aux deux hommes. C’était le début d’un nouveau chapitre, et Declan n’avait aucune idée de ce que cela impliquait.
— Me fais-tu confiance ? demanda Sam, en remarquant le regard distant de son amant.
Declan sortit de ses pensées et le regarda, prenant son visage juvénile en coupe dans ses mains fortes et larges.
— Mon Dieu, bien sûr que je te fais confiance. Je suis dingue de toi, Sam. Tu ne le vois pas ?
Sam se mordit la lèvre inférieure et fixa son regard sur celles de Declan, humides et gonflées par le sexe, pendant qu’il parlait.
— Tu sais, je suis presque devenu fou en n’ayant aucune nouvelle de toi ! Nous sommes ensemble maintenant. Tu n’iras plus jamais nulle part sans moi, tu m’entends ! Je me fiche que ton père soit cet enfoiré de James Bond. S’il s’en prend à toi, il aura affaire à moi !
Declan tremblait dans les bras de Sam, son accent écossais devenant plus intense sous le coup de l’émotion. Il disait ces mots avec une conviction qui imprégnait chaque cellule de son corps.
Sam sentit une explosion de chaleur et une oppression dans sa poitrine à la suite de cette déclaration. Avoir quelqu’un qui l’aimait en retour était une sensation incroyable et inédite. Il aimait ce qu’il ressentait, tout comme le fait de ne pas se fier aux rumeurs. Declan avait certes une apparence charmante, bien que froide et sérieuse, mais Sam connaissait l’homme à l’intérieur, et celui-ci était aussi doux qu’un chiot, et profondément romantique.
Cependant, Sam fut troublé par la soudaine vague de peur dans son ventre à la simple mention de son père. Les mots « avoir affaire » avec Sir James étaient vindicatifs, mais naïfs. Declan n’avait aucune idée de ce à quoi il s’attaquait. Sam eut un tremblement involontaire et nicha son visage dans le creux de l’épaule de Declan. Il fut soulagé par le contact avec sa peau et inhala l’odeur citronnée de son amant fraîchement lavé. Il était submergé par la culpabilité, et par le fait de savoir ce qui allait se passer. Dans quelle vie avait-il égoïstement entraîné Declan ? Sam était sincèrement effrayé pour son amant, et il espéra que les rumeurs n’étaient qu’une accumulation des mensonges.
James n’acceptait pas n’importe qui dans son organisation. Il y avait quelques épreuves à franchir. Sir James était un patron infernal et testait les limites de chacun de ses postulants. Declan allait devoir se montrer à la hauteur s’il voulait survivre à ce qui allait se produire. Sam décida qu’après leur déjeuner, il lui expliquerait en détail les entretiens… contraires à l’éthique que la LLA menait avec les candidats, juste pour leur donner une idée de ce qui les attendrait au quotidien. Mais, pensa-t-il, il avait encore du temps avant que Declan n’en prenne connaissance.
Ce dernier l’enveloppa de ses bras et claqua de manière retentissante ses fesses fermes et rebondies. Sam jappa.
— Douche, maintenant ! ordonna brusquement Declan en le repoussant.
Il savait que Sam pouvait facilement se rendormir, et alors Declan ne résisterait pas à l’envie de le tenir tendrement et aucun ne mangerait. Sam roula hors du lit et tituba lentement vers la salle de bain de la suite parentale. Declan le rejoignit pour se soulager, tandis que Sam tournait les robinets de la douche pour faire couler l’eau chaude.
— Avons-nous besoin de quelque chose pendant que je suis dehors ?
— Une grosse boîte de préservatifs et un seau de lubrifiant, suggéra Sam de façon obscène.
Declan sourit et hocha la tête. Il se pencha pour embrasser Sam sur la joue et le fessa à nouveau par principe avant de quitter la salle de bain.
— Tu vas me le payer ! cria Sam.
Declan descendit l’escalier en courant, nu, et riant intérieurement de joie.
Il arriva dans le salon et y trouva ses vêtements, exactement à l’endroit où il les avait enlevés deux jours auparavant. Il s’habilla avec hâte. Il avait prévu de ne rester vêtu que le temps nécessaire pour passer chez le boulanger et à la pharmacie, donc il ne mit pas de sous-vêtement et enfila directement son jean, avant de glisser ses pieds nus dans ses chaussures en cuir.
Puis, il se dirigea vers la porte d’entrée. Il s’arrêta au pied de l’escalier, écouta l’eau s’écouler et Sam chanter joyeusement sous la douche. Une bouffée de sentiments vint gonfler dans sa poitrine. Il allait faire le meilleur brunch anglais que Sam Aiken ait goûté ! Declan se dirigea vers le couloir carrelé en damiers et ouvrit la porte. Il fut surpris par un homme qui se tenait là, son poing levé, comme s’il était prêt à frapper à la porte… ou le frapper lui.
— Oh, désolé, dit l’homme avec un accent allemand prononcé.
L’étranger sur le perron devait mesurer un mètre soixante-quinze, et avait l’air d’avoir une vingtaine d’années. Il était maigre comme un clou, bronzé, et avait une tête qui semblait trop petite pour lui, posée sur un corps taillé au burin et sec. Ses cheveux étaient blond décoloré, et coupé ras. Il portait une salopette noire et tenait un terminal dans sa main.
— Livraison pour un M. Samouel Ayyyken,
— Ah oui, Sam est sous la douche, je vais le prendre, proposa Declan.
L’homme regarda son terminal et cliqua avec son stylet sur l’écran.
— Et vous êtes ? demanda-t-il, levant son regard du terminal pour croiser celui de Declan. Pour la preuve de livraison.
— Oh, Declan Ramsay,
Le livreur opina, sourit aimablement, cliqua sur l’écran à plusieurs reprises, et tendit le terminal à Declan afin qu’il le signe. Il s’exécuta, et lui rendit l’appareil. L’homme opina à nouveau, se retourna, et descendit les quelques marches du perron. Il marcha dans la ruelle calme de Londres en direction d’un grand van noir, que Declan remarqua seulement, garé quelques portes plus loin, partiellement caché par des haies d’arbres. Declan attendit un moment avant d’entendre le livreur lui dire.
— Je suis désolé. M. Ramsay, vous pourriez m’aider ? C’est plus lourd que prévu.
— Bien sûr, pas de problème, répondit-il.
Il descendit les quelques marches en courant et continua vers le van. Les portes latérales étaient ouvertes, l’homme avait fait le tour du van, et avait également ouvert une des portes à l’arrière. Declan n’avait aucune idée de ce que Sam avait commandé, mais pensa que l’objet devait être immense. Il se pencha à l’intérieur du van et la porte arrière claqua. Surpris, Declan vit une autre personne à l’intérieur, masquée, tenant un sac en coton noir. Avant même de pouvoir comprendre et réagir, Declan sentit un coup derrière sa nuque – puis les ténèbres l’envahirent.
****
CHAPITRE 2
VIPÉRE
— Doux Jésus Dec, tu as laissé la porte d’entrée ouverte ? cria Sam, sentant le froid matinal de décembre s’engouffrer dans la chambre en s’habillant.
Il n’eut pas de réponse. Il enfila un pantalon d’intérieur et un tee-shirt à manches longues.
— Declan ? cria à nouveau Sam, peu certain que son amant soit déjà revenu de sa balade à la boulangerie au coin de la rue.
Il descendit l’escalier en trombe pour voir la porte d’entrée grande ouverte. Il parcourut le couloir à grandes enjambées en soufflant.
— Bon sang, Ramsay, tu es né dans une ferme ?
Il s’arrêta net et sentit la peur envahir ses entrailles. Un morceau de papier blanc était attaché au butoir de la porte et flottait paresseusement dans le vent glacial. Il s’approcha en quelques pas de la porte pour voir son nom inscrit sur le devant du mot. Personne ne sait que je suis à cette adresse. La poitrine de Sam se serra lorsqu’il décrocha le mot du butoir. Il le déplia et vit un reçu de Repar’ Facile – une société de service informatique dont Sam n’avait jamais entendu parler. Le mot était gribouillé avec une écriture à peine lisible pour plus d’authenticité, supposa-t-il. Le reçu était daté du jour, et le nom du client était le sien. Il disait :
Client : M. Sam Aiken
Objet : M. Declan Ramsay. Service complet.
Livraison dans sept jours,
Signé : AK47
— Salaud de menteur ! hurla Sam.
Il courut pieds nus jusqu’au perron et descendit les marches. Il scruta la rue, et repéra un van noir tournant de Chester Row vers Eaton Terrace. Il était inutile de le poursuivre, Declan était parti.
Il fourragea de ses doigts dans sa chevelure humide et ses épaules s’affaissèrent d’abattement. Il savait que cela arriverait, mais il ne pensait pas que cela viendrait si vite. Bon sang, Père. Sam retourna dans la maison et claqua la porte d’entrée de frustration. Il se dirigea vers le salon et décrocha le combiné du téléphone. Il attendit un moment puis, après le bip, prononça les mots :
— Renard du Désert pour Vipère.
Au bout d’une minute, une voix sévère dit sur le ton de la conversation :
— Renard du Désert ?
Sam se lança alors dans une furieuse diatribe :
— Qu’est-ce que tu fous, Papa ? Deux putains de jours ?
Il s’affala dans le canapé, sa main passant nerveusement dans ses cheveux.
— Tu avais dit que je faisais partie de l’équipe. J’allais vous l’amener. Putain, je te l’avais promis. Tu n’avais pas besoin de faire ça, cria-t-il avec véhémence.
Il savait qu’il n’aurait pas dû être surpris, mais cette nouvelle promesse non tenue par son père lui faisait vraiment mal.
— Deux jours sont largement suffisants pour… renouer. Enfin, voyons, tu savais qu’il n’y avait aucune chance pour que je te laisse sérieusement interroger l’homme dont tu es apparemment… amoureux.
Il y eut un silence gêné entre eux, et Sam se demanda si le dégoût de son père finirait par se dissiper avant de passer à autre chose. Cela lui faisait mal que James donne l’impression de ne pas croire que ses sentiments pour Declan soient sincères. Tu ne reconnaitrais pas l’amour même s’il te mordait le cul, père. La mâchoire de Sam se serra et il ravala sa réponse furieuse et cinglante.
— Mme K a choisi Devon Brody, et son nouveau protégé, l’agent Rainer Strauss pour l’assister dans son interrogatoire. Fais le ménage à Chester Row et rends-toi à l’appartement de Mayfair. Nous avons déjà vérifié tous ses comptes en banque, emails, et réseaux sociaux. Passe l’appartement au peigne fin. Je veux savoir s’il a un graveur de CD, vérifie ses papiers, ses livres, tout ce qui peut paraître suspect, et fais-nous un rapport immédiatement.
Le cerveau de Sam bourdonnait. Il était affamé, désespéré et il devait maintenant se relancer dans le jeu.
— Oui, Monsieur, répondit-il d’un ton obséquieux, dénué de toute émotion.
Il y eut un autre silence gêné entre eux, puis James dit :
— Sam, tu n’as vraiment pas à t’inquiéter. C’est une procédure standard pour tous les candidats… et de plus, Declan fait virtuellement partie de la famille. Tu sais à quel point je dois surveiller les miens, le rassura-t-il avec un ricanement condescendant doublé de son accent anglais distingué.
L’appel prit fin et Sam envoya le téléphone sur la table de chevet. Il prit son visage entre ses mains. C’était exactement ce qu’il redoutait. Même pour lui, le fils de Sir James, l’interrogatoire avait été sans pitié.
Seigneur, Declan, je suis tellement désolé.
****
Sir James Aiken pénétra dans l’ascenseur au deuxième étage de sa maison de ville, dans le quartier aisé de Holland Park de Londres. Il posa sa grande et élégante main sur l’écran de la tablette scellée au mur. Une lumière verte se déclencha, scannant sa paume.
— Vipère, dit-il autoritairement.
Les portes se refermèrent et l’ascenseur commença à descendre.
Lorsque les portes se rouvrirent, James se dirigea vers le long couloir souterrain baigné de silence. Une lumière sinistre et délavée s’infiltrait dans le long couloir cliniquement pâle, et se réverbérait sur les murs blancs et le sol brillant. James était un bel homme, bien bâti et paraissait incroyablement en forme pour ses cinquante-cinq ans. Il passa sa main dans ses cheveux blonds et courts, qui prenaient peu à peu des teintes grises, et leva les yeux au ciel tout en marchant, le bruit de ses pas sur le sol lisse résonnant dans le couloir. Comme toujours, il apprécia la vue parfaitement originale du haut plafond épais à l’épreuve des balles, et de la fin d’une ligne d’eau de piscine qui courait le long du mur. Il sourit ironiquement, reconnaissant la forme svelte, agile et dénudée des jambes de nageuse de Akiko Kimura. Elle se retourna et donna une impulsion du pied sur le mur de la piscine, sa silhouette dorée, profilée et luisante se mouvant comme une flèche, et ses longs cheveux noirs dansant comme de l’encre tourbillonnant dans le courant.
Le couloir menait sur une intersection, à droite et à gauche. Il y avait également une porte blanche devant James, cachée dans le mur – le contour rectangulaire était visible uniquement si vous saviez où regarder. Il n’y avait pas de poignée ni de moyen apparent pour ouvrir la porte dérobée. Le couloir de gauche était fermé par une porte en chrome épaisse et polie, avec un nouveau scanner de main attaché à la surface adjacente. Au travers d’une minuscule ouverture dans le verre blindé, on pouvait avoir un aperçu du couloir, composé également de murs blancs, de plusieurs portes et de nouveaux couloirs menant on ne savait où, de sols polis et de néons industriels au plafond.
James tourna à droite et rencontra une nouvelle porte en fer, scanna à nouveau sa main, et quand la sonnerie retentit, ouvrit la porte et pénétra dans un couloir singulièrement différent de ceux du labyrinthe en sous-sol caché plusieurs mètres sous le sol du Londres historique. Dans ce second couloir, on trouvait des tableaux originaux aux murs, des lampes de designer, et un sol recouvert d’un tapis somptueux qui rendait ses pas complètement silencieux. James ouvrit la première porte et entra dans son bureau.
Le bureau de Sir James Aiken était une grande pièce rectangulaire à la décoration minimale, avec deux fenêtres à guillotine en face de la porte, donnant artificiellement l’impression d’une lumière du jour dans les sous-sols. Les meubles étaient simples et masculins, faits de cuir noir, de verre et de chrome. Un grand bureau en chêne ancien était positionné à gauche de l’entrée, avec un canapé ainsi qu’une petite table au centre de la pièce, et une grande table basse en verre contre le mur à droite. Un immense écran géant était posé au mur du fond – plusieurs tablettes informatiques, un ordinateur portable, une rangée de téléphones portables, et un téléphone satellite.
James se dirigea vers la table en verre et prit le premier ordinateur portable. Il s’installa dans le canapé Chesterfield en cuir, ouvrit le capot de l’ordinateur, et posa son pouce sur l’écran. Une fois son identité vérifiée, une série de photos de son gestionnaire de biens immobiliers de trente-deux ans, Declan Ramsay, apparut. On le voyait sur les images quitter le Ritz Hotel quelques jours plus tôt. Un sourire dansa sur ses lèvres. Declan Ramsay était une énigme, et secrètement, James trouvait l’homme fascinant.
Depuis un événement particulier, onze ans auparavant, Declan Ramsay était devenu en quelque sorte un projet secondaire personnel pour James. Comme le plus rusé des prédateurs, il avait surveillé sa proie pendant un long moment, grisé par la sensation de la chasse, avant de se décider à bondir. Cela lui avait pris plusieurs années et, il fallait l’admettre, un peu d’ingérence de sa part, pour attribuer sa mission à l’homme. L’Écossais était impitoyable sur les détails et excellait dans son travail, gérant son vaste portefeuille de propriétés de luxe à Londres. Cependant, en le surveillant de près, James était parvenu à la conclusion que l’Écossais ignorait complètement les lois de cause à effet, particulièrement concernant ses propres actions. James n’arrivait pas à le cerner, et ce n’était pas faute d’avoir essayé. Il ne parvenait pas à savoir si Declan était un homme ordinaire qui était tombé dans une situation dangereuse, ou s’il était l’agent double le plus ingénieux qu’il ait rencontré – travaillant pour une organisation de contre-espionnage rivale. Peut-être Ramsay était-il simplement un loup solitaire, remplissant volontairement ces missions, comme si elles étaient un passe-temps – avec toute l’ineptie, les intérêts, et le génie à proportions égales que cela sous-entendait. L’homme était une démangeaison que James ne pouvait atteindre, et cette énigme lui avait occasionné de nombreuses nuits blanches.
Les yeux de James scintillaient secrètement. Il avait autorisé Sam à dévoiler à Declan l’essentiel sur la LLA. James avait écouté leur échange en direct, il avait entendu les réactions de Declan à la suite des révélations de Sam, et l’Écossais lui avait semblé réellement surpris. Peut-être, comme Sam, est-il un bon acteur ? James pinça les lèvres et grimaça de dégoût, se souvenant des bruits de son fils en train de se faire baiser et des mots de celui-ci avouant son amour à cet homme. L’estomac de James se noua de révulsion à ce souvenir. L’espionnage était un sale boulot, et durant toutes ces années, il y avait de nombreuses choses qu’il avait vues ou entendues qu’il ne pourrait pas oublier. Ces souvenirs en faisaient partie ! Il en avait même éteint les micros.
Sam savait que la maison n’était pas truffée de mouchards. Numéro Soixante-Sept était une de leurs maisons sûres – hormis la ligne directe de téléphone. Ironiquement, c’était Ramsay lui-même qui avait ramené le micro dans son propre téléphone portable. Cela avait été un jeu d’enfant d’activer le dispositif et d’écouter.
James avait décidé qu’il valait mieux avancer directement l’interrogatoire de Ramsay. Sam avait aisément fait preuve d’initiative et modéré l’esprit inquisiteur de Declan avec quelques heures de sexe durant les deux derniers jours. À présent, Ramsay était enfermé dans une salle de l’autre côté du couloir souterrain de Holland Park, donc James aurait rapidement les réponses à ses questions. Le nettoyeur trouverait sans problème de quoi était fait cet homme, jusqu’à l’os.
James cliqua sur la souris de son ordinateur, faisant dérouler le carrousel d’images jusqu’à la photo de son fils et Ramsay ensemble, prise en secret à Dunloch Castle. Le regard échangé par les deux hommes était affamé, et rien qu’avec cette simple image, James savait pertinemment qu’ils étaient amoureux.
Il était déçu que son fils se soit avéré être non seulement homosexuel, mais également un jeune homme sentimental. Sam s’était montré tellement volontaire pour lui faire plaisir durant son enfance. Et James avait fait tout ce qu’il avait pu en tant que père. Il avait essayé d’endurcir Sam face aux rudes épreuves de la vie en faisant de lui un agent secret. Il l’avait envoyé à des courses d’entraînements avec des hommes que James lui-même n’aurait pas voulu rencontrer dans des allées sombres. Enfin, il avait intentionnellement envoyé Sam sur des missions dans des pays où l’abstinence était de rigueur, car ses préférences sexuelles pouvaient, s’il se faisait prendre, mettre sa vie en danger. Il avait fait tout cela pour le bien du jeune homme. Mais ses efforts avaient été vains. Sam était un enfant tellement ingrat. Il avait passé chacune des épreuves qu’il lui avait imposées, mais il était clair que le fléau de l’homosexualité n’avait pas effrayé Samuel Aiken.
James n’avait pas le temps pour l’amour ou pour des sentiments futiles. Dans son monde, l’amour tuait les gens. Il n’en voyait vraiment pas le but. Le sexe était un jeu – la chasse, la capture et la satiété. Un court moment de plaisir, et peut-être, si vous étiez chanceux, de procréation, mais rien de plus. James avait conservé de nombreuses maîtresses partout dans le monde depuis la mort de sa femme gâtée. Il se servait d’elles comme d’un à côté, afin de se libérer du stress, mais honnêtement, si l’une d’entre elles mourait, il savait qu’il ne verserait pas la moindre larme.
Sam, d’un autre côté, semblait vraiment amoureux de Declan Ramsay et intransigeant quant au fait que l’agence devrait se passer de ses services si Declan Ramsay ne faisait plus partie de sa vie. Sam était un idiot, et faisait beaucoup trop confiance à Ramsay. Son comportement avait toutes les caractéristiques d’un engouement, tout comme la fois précédente, et s’il s’était agi de n’importe quel autre homme, James l’aurait fait « éliminer ». Mais Sam était tombé amoureux de Ramsay, l’homme qui était non seulement le frère de son beau-fils, mais également un intérêt de longue date, et cela était en fait utile – très utile même.
La première préoccupation de James à propos de ce nouveau couple était de clarifier le statut de Ramsay. Travaillait-il ou non pour une organisation rivale ? L’Écossais rusé avait-il attiré son pitoyable fils follement amoureux dans un guet-apens… et si oui, pourquoi ?
James avait trouvé curieux qu’un homme en apparence hétéro et au sang chaud comme Declan Ramsay soit « soudain » attiré par un autre homme. Il n’avait vu aucun signe d’une supposée bisexualité de Ramsay lors de ses observations. James n’y croyait pas une seconde. Il ne croyait pas en l’existence de la bisexualité. Cependant, il avait conclu que cette relation suivie serait utile pour garder Sam sous sa coupe. Il sourit. Ce serait amusant de monter Sam et Declan l’un contre l’autre.
Le téléphone de James sonna. Il plongea la main dans la poche de poitrine de son costume sur mesure et en retira l’appareil, activant le haut-parleur.
— Au rapport, ordonna-t-il d’un ton impérieux.
— Il se réveille.