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Les choses peuvent toujours empirer…
Un nouvel ordre mondial approche, un ordre qui verra s’affronter deux espèces. La vie est sur le point de devenir très dangereuse — pour quiconque se met en travers de la route de Dust.
Chaque jour qui passe, Dust a de plus en plus peur de ce qu’il va devenir. Ses pouvoirs évoluent bien plus que ce qu’il ne peut prédire, et il est réticent à l’idée de dire à sa famille de fortune qu’il ne sait pas vraiment quand — ou si — ils s’arrêteront un jour. Son objectif est d’atteindre Portland, dans l’Oregon, et de trouver sa tante et son oncle. Idéalement, il s’y rendrait seul, car il représente un bien trop grand danger pour les gens qui l’entourent, mais ils ne sont pas disposés à l’abandonner, et un vieil ennemi n’est pas loin derrière eux. Lorsqu’ils atteignent Portland, Dust découvre qu’une ligne a été tracée entre ceux qui ont changé et ceux qui sont restés inchangés qui veulent les contrôler.
Dust parviendra-t-il à empêcher sa nouvelle famille de se faire utiliser ou le pouvoir en lui deviendra-t-il une force qui détruira non seulement ses ennemis, mais aussi ceux qu’il aime ?
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose deux nouvelles histoires d’action pleines de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
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Seitenzahl: 279
Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !
Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !
—S.E. Smith
Dust 2 : Un nouvel ordre mondial
La série Dust
Copyright © 2024 par Susan E. Smith
Publication E-Book en anglais juin 2018
Publication E-Book en français Août 2024
Traduit Par : Charlotte Spender
Relu Par : Gaëlle Darde
Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing
TOUS DROITS RÉSERVÉS :
Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.
Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.
Résumé : Un nouvel ordre mondial approche, un ordre qui verra s’affronter deux espèces. La vie est sur le point de devenir très dangereuse — pour quiconque se met en travers de la route de Dust.
ISBN : 9781963823301 (livre de poche)
ISBN : 9781963823295 (eBook)
Jeunes Adultes | Post-Apocalyptique | Fantasy | Paranormal (Magie) | Romance Jeunes Adultes | Horreur
Publié par Montana Publishing, LLC
& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com
Les choses peuvent toujours empirer…
Un nouvel ordre mondial approche, un ordre qui verra s’affronter deux espèces. La vie est sur le point de devenir très dangereuse — pour quiconque se met en travers de la route de Dust.
Chaque jour qui passe, Dust a de plus en plus peur de ce qu’il va devenir. Ses pouvoirs évoluent bien plus que ce qu’il ne peut prédire, et il est réticent à l’idée de dire à sa famille de fortune qu’il ne sait pas vraiment quand — ou si — ils s’arrêteront un jour. Son objectif est d’atteindre Portland, dans l’Oregon, et de trouver sa tante et son oncle. Idéalement, il s’y rendrait seul, car il représente un bien trop grand danger pour les gens qui l’entourent, mais ils ne sont pas disposés à l’abandonner, et un vieil ennemi n’est pas loin derrière eux. Lorsqu’ils atteignent Portland, Dust découvre qu’une ligne a été tracée entre ceux qui ont changé et ceux qui sont restés inchangés qui veulent les contrôler.
Dust parviendra-t-il à empêcher sa nouvelle famille de se faire utiliser ou le pouvoir en lui deviendra-t-il une force qui détruira non seulement ses ennemis, mais aussi ceux qu’il aime ?
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose deux nouvelles histoires d’action pleines de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
Dust—
Seize ansPouvoirs : en évolution ; des capacités et un potentiel inconnusSammy—
Dix-sept ansSurvivante humaine restée inchangéeTodd—
Sept ans, presque huitPetit frère de SammySurvivant humain resté inchangéJosie—
Dix-huit ansPouvoirs : capacité de contrôler le feuRandolph—
Vingt-deux ansFrère aîné de JosiePouvoirs : capacité de sentir ceux qui ont été changésDaciana—
Aussi connue sous le nom de diablessePouvoirs : une créature évolutive ressemblant à un loup, capable de se transformer et possède de nombreuses autres capacitésBeau—
Père de Josie et RandolphDécédéMartha—
Femme d’une cinquantaine d’annéesSurvivante humaine restée inchangéeRaymond—
Homme approchant la soixantaine d’annéesSurvivant humain resté inchangéDenise—
Jeune femme d’une vingtaine d’annéesSurvivante humaine restée inchangéeGénéral Andrew McCullon—
Commandant du complexe de Cheyenne Mountain, dans le ColoradoSurvivant humain resté inchangéLieutenant Alisa Mendoza—
Lieutenant au complexe de Cheyenne MountainBras droit du général McCullonPouvoirs : capable de détecter les mensonges ; peut envoyer des décharges électriquesGénéral Michael Troyfield—
Commandant d’Asylum, ancienne base de la garde nationale aérienne de Portland à Portland, OregonSurvivant humain resté inchangéDan Brown—
Oncle de Dust du côté maternelÉpouse : Margery Rose BrownSurvivant humain resté inchangéMargery Rose Brown—
Tante de Dust par allianceÉpoux : Dan BrownPouvoirs : contrôle certains élémentsSoldats à bord de l’hélicoptère de Dust et Josie—
Brian DanielsDave MatthewsEric BowlingSurvivants humains restés inchangésTommy Rutland—
Membre de l’équipe de maintenance au complexe de Cheyenne MountainSurvivant humain resté inchangé (militaire)Chuck—
Membre de l’équipe de maintenance au complexe de Cheyenne MountainSurvivant humain resté inchangé (militaire)Docteur Lucy Parson—
Médecin au complexe de Cheyenne MountainSurvivante humaine restée inchangée (militaire)Matt—
Assistant médical au complexe de Cheyenne MountainSurvivant humain resté inchangé (militaire)Docteur Trista Yearly—
Collège communautaire de Mont HoodMédecin (civile)Docteur Hartley—
AsylumMédecin/scientifique (civile travaillant pour l’armée)Survivante humaine restée inchangéeDocteur Hilda Zimmerman—
Créatrice de DacianaGreat Bend, KansasMédecin/scientifique (civile travaillant pour l’armée)Décédée ; tuée lors de l’impact de la comèteRebecca—
Université communautaire de Mont HoodTrois ansPouvoirs : projette des visions de l’avenirLa silhouette sombre de Dust se détachait nettement des flammes d’un bâtiment en feu qui s’effondrait lentement sous l’effet de la chaleur intense. Les poings serrés le long de son corps tremblant, il luttait pour contrôler les vagues d’émotion et de pouvoir qui le submergeaient. Incapable de contenir plus longtemps le chagrin qui montait en lui, il renversa la tête en arrière et poussa un cri sauvage.
Il était seul, complètement et totalement seul avec son chagrin et les fantômes qui hantaient son âme.
Bientôt, le calme lugubre de la nuit ne fut plus rompu que par le crépitement du feu et l’écho de son cri de douleur qui s’estompait. Il fut un temps où l’on aurait pu confondre ce hurlement avec celui d’un loup ou d’un coyote, tant la plainte possédait les mêmes accents mélodieux et obsédants.
Son chagrin le lacérait plus profondément que la lame aiguisée d’un chirurgien, et l’intensité des ondes de souffrance qui émanaient de lui faisait trembler le sol.
Une force surnaturelle l’habitait, le genre de pouvoir imaginé par les auteurs et les artistes de l’époque qu’il appelait l’Avant… mais il s’agissait de l’Après… C’était un nouveau monde, où de tels pouvoirs existaient chez quelques survivants.
Le bâtiment en flammes trembla et s’effondra ; il ne restait plus que des morceaux de la charpente métallique. Il s’agenouilla lentement et baissa la tête. Autour de lui, la poussière du parking en terre battue dansait comme pour essayer de le distraire. Il ne pouvait s’empêcher de penser que son prénom* allait parfaitement avec ce qu’il était devenu : de la poussière qui flottait au gré du vent, qui changeait, se transformait, grandissait et disparaissait. Tout cela l’avait conduit ici, à genoux sur la terre battue au milieu de nulle part. Dust ferma les yeux lorsqu’une nouvelle onde de douleur le frappa et il inspira profondément tandis que les vagues se succédaient.
Finalement, il releva la tête et fixa les flammes mourantes du vieil entrepôt. La fumée s’élevait en tourbillons dans la brise et voilait le ciel, qui s’assombrissait, mais ce n’était pas la fumée qui lui brûlait les yeux, c’était le souvenir du bus qui s’en allait.
Le vif sentiment de perte était plus intense que ce qu’il avait ressenti le jour où son monde avait changé, le jour où des fragments de comète avaient heurté la Terre, le début de l’Après. Au cours de ce seul événement catastrophique, il avait tout perdu, pourtant, cette douleur lui paraissait bien pire.
Dust secoua lentement la tête tandis que la voix moqueuse de la créature qu’il avait combattue quelques minutes plus tôt résonnait dans sa tête. Il lui avait donné un nom. Pourquoi ? Il n’en était pas sûr. Peut-être était-ce pour ne pas perdre son humanité — ou pour créer de l’humanité en elle.
Daciana était différente de Dust. Il ne connaissait pas ses origines ni la façon dont elle avait évolué. On lui avait attribué plusieurs noms avant qu’il ne lui donne ce nouveau prénom : diablesse, louve, lycane. À présent, elle pouvait prendre plus d’une forme.
Son combat contre Daciana avait provoqué un changement inattendu en lui. Un changement qu’il ne comprenait pas encore, mais il savait qu’il était désormais plus dangereux qu’auparavant.
« La femelle, elle n’acceptera pas ce que tu es devenu », l’avait prévenu Daciana d’une voix chantante. Cela lui avait fait plus mal que les pointes acérées de ses griffes, car elle avait raison.
— Qu’est-ce que je suis ? Qu’est-ce que je suis devenu ? se demanda-t-il d’une voix tendue.
Il leva les mains et les fixa. Était-il destiné à devenir une créature contre nature dont la seule pensée était de détruire ce qui restait de l’humanité et de la Terre ? C’était cette peur qui l’avait poussé à ordonner à Josie et à Sammy de partir.
Josie, qui s’était également transformée, qui était devenue l’une des Autres, après les événements catastrophiques, et ceux qui étaient comme Sammy, la fille humaine restée inchangée qui lui avait sauvé la vie et lui avait donné de l’espoir et un but.
Une rage soudaine l’envahit et il se leva. Une lueur déterminée brillait dans ses yeux. Il n’était pas un monstre ! Levant les bras, il tendit les mains et libéra le pouvoir qui coulait en lui.
— Je ne suis pas un monstre ! répéta-t-il sur un ton de défi d’une voix forte et sauvage.
Ses yeux brillaient d’un vert sombre et tourbillonnant alimenté par l’intense pouvoir surnaturel qui l’habitait. Dust porta son attention vers le bâtiment détruit où Josie avait libéré Todd, le frère de Sammy âgé de sept ans, pendant que Sammy et lui avaient distrait Daciana.
Il déversa son chagrin et son sentiment de perte dans des vagues d’énergie tourbillonnantes, qui s’élevèrent et formèrent un nuage dense. Elles changèrent de composition à mesure que le nuage enveloppait le bâtiment. Au lieu de s’écraser sur la structure et de détruire le reste de la charpente métallique tordue, ces courants d’énergie se combinèrent au feu et se mirent à briller comme un chalumeau, tandis que d’autres courants d’énergie ramassaient les morceaux de panneaux déchirés et déformés. Comme par magie, ils se désimbriquèrent et se redressèrent pour redevenir des plaques normales. Les plaques furent soulevées et ressoudées grâce aux fouets d’énergie en fusion d’un rouge flamboyant.
En sueur, Dust fit un pas en avant. Il se concentra sur l’aspect du bâtiment avant son combat contre Daciana. Il ne voulait pas détruire comme la créature. Il voulait construire et guérir leur planète ravagée. Il voulait prouver qu’il pouvait y avoir mieux que la mort et la destruction pour ceux qui étaient comme lui.
Des larmes coulaient sur son visage alors qu’il continuait à utiliser son pouvoir. Il les versait pour tout ce qu’il avait perdu. La comète lui avait tout pris, et pourtant, d’une certaine manière, elle lui avait donné plus qu’il n’aurait pu imaginer.
Il avait créé une nouvelle famille composée de jeunes et de moins jeunes, d’humains inchangés et d’Autres. C’étaient des survivants, des battants, des amis et… quelque chose de plus. Ensemble, ils avançaient vers l’inconnu, à travers un paysage vaste et altéré… ils le faisaient ensemble.
Dust leva le bras et essuya sa joue humide contre sa manche. Il était à nouveau seul. Il déglutit et contempla l’entrepôt reconstruit.
Son corps tremblait, d’une faim intense cette fois. L’envie n’était pas la même qu’avant. Il se passa inconsciemment la langue sur les dents. Elles lui parurent normales. L’espace d’un instant, il se demanda s’il n’avait pas imaginé qu’elles avaient changé pendant qu’il se battait contre Daciana.
Le bref espoir qui lui était revenu s’évanouit au moment où il perçut une odeur portée par la brise. Il se retourna et se concentra sur cette odeur, invoquant machinalement l’animal pour qu’il vienne à lui. Ses yeux s’écarquillèrent à la vue d’une petite colonie de chiens de prairie qui émergea lentement de l’obscurité. Un hoquet franchit ses lèvres quand il sentit ses dents s’allonger de nouveau. La peur et le dégoût l’envahirent, et il poussa un autre cri guttural.
Ébranlé par les changements qui s’opéraient en lui, il se mit à courir sur le sol inégal. Lorsqu’il trébucha sur une touffe d’herbe sauvage et commença à tomber, de longues ailes se formèrent derrière lui et le soulevèrent dans les airs. Cette fois, elles n’étaient pas faites de sable ; c’étaient de vraies ailes, formées par ses pensées.
Un besoin désespéré l’envahit, celui de mettre le plus de distance possible entre sa nouvelle famille et lui. Il devait les protéger à tout prix. Sa peur lui donna de la force et il s’élança dans le ciel nocturne, s’éloignant le plus vite possible du vieux gymnase et de la seule famille qu’il avait.
*Son prénom, Dust, signifie « poussière ».
— C’est peut-être mieux comme ça, murmura Randolph en contemplant le paysage désertique avant de jeter un coup d’œil à Sammy.
Elle se retourna vers lui si rapidement, ses yeux lançant des éclairs, qu’il recula de quelques pas maladroits. Elle se fichait éperdument de ce que le frère de Josie ou les autres pensaient. Ils parlaient de Dust. De Dust ! Le garçon qui leur avait tous sauvé la vie plus d’une fois ! L’adolescent réservé et modeste qui avait un cœur en or et qui n’aurait jamais, au grand jamais, envisagé d’abandonner l’un d’entre eux.
— Peut-être qu’il aurait dû t’abandonner à la diablesse et à sa meute, répliqua Sammy avec colère, appuyant chaque mot en enfonçant le bout de son arc dans le torse de Randolph.
— Voyons, Sammy, il n’y a pas lieu de s’énerver. Bien sûr que nous n’abandonnerons pas Dust, intervint calmement Raymond.
— Je suis d’accord. Ce garçon est une bénédiction. Nous serions morts dans notre ville natale s’il n’avait pas été là, dit Martha en hochant fermement la tête.
— Je suis d’accord, ajouta Denise à voix basse en lançant un regard accusateur à Randolph.
Sammy se retourna lorsqu’elle sentit qu’on tirait sur son bras. Elle passa instinctivement un bras réconfortant autour des épaules de son petit frère tandis qu’il levait vers elle des yeux emplis de larmes.
— Et si la diablesse lui avait fait du mal ? demanda Todd d’un air inquiet.
Josie secoua la tête et croisa les bras.
— Je pense que tu n’as pas à t’en faire pour Dust, Todd. Il est trop génial, le rassura-t-elle avec un clin d’œil. La question, c’est : qu’est-ce qu’on attend pour aller le chercher ?
— On partira demain matin. On a besoin de lumière pour le voir et ce sera moins dangereux, dit Raymond en regardant Sammy. On ne sait pas ce qui s’est passé. On doit veiller à notre propre sécurité pour pouvoir aider Dust.
Sammy hocha la tête à contrecœur. Ils se trouvaient dans le vestiaire des filles, dont les portes avaient été barricadées du mieux qu’ils avaient pu. Ils allaient devoir charger le vieux bus de tout ce qui pouvait être utile et faire le plein avant de partir. Personne ne savait ce qui les attendait. Même avec les pouvoirs de Randolph et de Josie, leurs armes, et l’arc de Sammy, il était impossible d’anticiper ce qui les attendait.
— À la première heure demain matin, accepta-t-elle en rapprochant Todd lorsqu’il bâilla.
— Je prends le premier tour de garde, proposa Randolph.
— Merci, murmura Sammy.
Elle se retourna et guida Todd vers le coin où elle avait disposé plusieurs tapis de sport. Des bruits de pas légers indiquèrent que Todd et elle n’étaient pas seuls. En regardant par-dessus son épaule, elle vit le regard inquiet de Josie sur son petit frère.
Sammy chassa les larmes qui lui brûlaient les yeux et adressa à Josie un sourire épuisé, puis elle reporta son attention sur son petit frère et l’aida à se préparer pour aller au lit. Josie apporta du papier et des morceaux de bois et les mit dans une poubelle en métal.
Après avoir bordé Todd, elle remercia Josie d’un signe de tête pour le petit feu qu’elle avait allumé. Ils avaient beau se trouver entre quatre murs, un courant d’air froid soufflait dans la pièce. Le sol en béton n’aidait pas non plus, même s’ils avaient doublé les tapis pour se protéger du froid.
— Ça devrait se réchauffer un peu. J’ai trouvé de vieilles palettes en bois dans une réserve. Raymond et Randolph les ont cassées pour que je puisse jouer avec le feu, expliqua Josie.
Todd se retourna et regarda Josie avec un sourire fatigué.
— Ça aurait été cool que t’aies des guimauves, Josie. Tu fais les meilleures guimauves grillées de l’univers.
Sammy sourit lorsque Josie rit, tendit le bras et ébouriffa les cheveux filasse de Todd.
— Il faudra qu’on en cherche dans la prochaine ville qu’on traversera, répondit la jeune femme.
— J’espère qu’on trouvera Dust. Il aime aussi tes guimauves, ajouta Todd avant de sombrer dans le sommeil, épuisé.
Sammy repoussa les cheveux du visage de son petit frère. Ses doigts tremblaient tandis qu’elle le touchait. Il était tout ce qu’il lui restait de sa famille et elle avait failli le perdre ce soir-là. Les larmes lui brûlaient de nouveau les yeux et elle baissa la tête pour les cacher.
— Tu peux pleurer, tu sais. Je ne le dirai à personne, murmura Josie.
Sammy secoua la tête et regarda Josie. Celle-ci était assise contre le mur et faisait inconsciemment rouler une boule de feu sur sa paume comme s’il s’agissait d’une bille. Elle lui adressa un sourire triste et contempla le visage paisible de Todd.
— Ça va, répondit-elle d’une voix nouée par l’émotion.
Malgré leurs différences, les deux filles avaient appris à s’apprécier. Sammy en avait douté plus d’une fois, notamment à cause du fait qu’elles aimaient bien Dust toutes les deux, plus que comme un ami. Aucune des deux ne l’avait exprimé clairement, mais Sammy le savait.
Finalement, elles avaient mis leurs différences de côté et s’étaient concentrées sur la survie. Le fait que Beau, le père de Josie, et son frère, Randolph, les avaient localisés avait fait la différence. Le cœur de Sammy se serra pour l’autre fille. Le père de Josie l’avait enchaînée et presque laissée mourir de faim pour l’empêcher d’utiliser les pouvoirs qu’elle avait reçus après l’impact de la comète.
Beau ne savait pas que Randolph avait également changé. Les pouvoirs de ce dernier étaient uniques. Il pouvait sentir quand quelqu’un avait été changé — la plupart du temps. Cependant, il ne l’avait pas senti chez Dust, ce qui inquiétait Sammy. Ils auraient besoin des talents de Randolph s’ils voulaient trouver leur ami.
Il était difficile de croire que cela faisait moins de quarante-huit heures que Beau était mort. Il avait sauvé la vie de Josie lorsque la diablesse l’avait attaquée. Même si Sammy n’aimait pas cet homme pour ce qu’il avait fait aux survivants dont il s’occupait, qu’ils soient changés ou non, elle n’aurait jamais souhaité qu’il meure. En fin de compte, elle savait que l’homme avait compris que pour que l’humanité survive, elle aurait besoin de gens comme Dust, Josie et Randolph.
Sammy et les autres membres du groupe n’avaient aucun pouvoir. Elle en avait déduit que c’était parce qu’ils avaient tous été enfermés lors de l’apparition des premiers étranges nuages de poussière qui avaient balayé la planète. Todd et elle s’étaient réfugiés dans l’abri anti-tornade derrière leur maison. Leurs parents étaient en ville et n’avaient pas survécu à l’onde de choc. Elle était presque sûre que Raymond, Martha et Denise s’étaient enfermés dans la chambre forte de la banque où ils travaillaient, et que c’était ce qui les avait sauvés. Il y avait eu d’autres survivants dans leur ville, mais un essaim d’insectes mutants les avait tués, l’un après l’autre.
Sammy recula jusqu’à s’adosser contre les casiers. Elle était épuisée par les événements de la soirée, mais encore trop tendue pour dormir. Elle regarda Josie. Celle-ci fixait d’un air absent le feu dans la poubelle. De temps en temps, une flamme s’élevait pour former le visage de différentes personnes. Sammy était presque sûre que Josie n’était même pas consciente de ce qu’elle faisait. C’était évident que ces personnes avaient compté pour elle.
— Merci, murmura Sammy.
Josie leva les yeux vers elle avec une expression méfiante.
— Pour quoi ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.
Sammy pencha la tête en arrière.
— D’avoir sauvé Todd ce soir.
Josie haussa ses minces épaules et regarda le garçon endormi. Sammy vit son expression s’adoucir avant qu’elle ne cache ses émotions. Une fois de plus, elle sentit une vague de compassion l’envahir.
— C’était un travail d’équipe. J’ai eu la partie facile. C’est Dust et toi qui avez affronté le chien zombie, plaisanta Josie.
Sammy rit doucement.
— Le chien zombie, répéta-t-elle avec un soupir las. C’est une bonne description.
— On va le trouver, dit soudain Josie sans la regarder.
Sammy reconnut la note de défi dans le ton de Josie. Elle regarda l’autre fille, qui se tourna et lui lança un regard rebelle. Un sourire las se dessina lentement sur les lèvres de Sammy.
— Oui, on va le trouver, répondit-elle doucement avant de bâiller. On ferait mieux de se reposer. J’ai l’impression que les prochains jours vont être fatigants.
— Ouais, bonne nuit, Sammy, murmura Josie, fermant le poing et éteignant la flamme dans sa paume.
— Bonne nuit, Josie.
Sammy s’allongea à côté de son frère et l’entoura de son bras. Se penchant en avant, elle déposa un baiser sur le sommet de son crâne. Elle sourit tendrement lorsqu’il murmura dans son sommeil et se blottit contre elle. Elle se promit de ne plus jamais considérer les choses simples de la vie comme acquises.
Fermant les yeux, elle pensa à Dust. Son anniversaire était dans deux semaines. Son esprit fatigué réfléchissait déjà à la façon dont ils pourraient le fêter.
Sois prudent, Dust. On te retrouvera et on te montrera que tu as une famille, et qu’on se moque que tu sois différent, jura Sammy alors que l’épuisement l’entraînait dans un sommeil profond, mais agité.
Sous le ciel brillant de la nuit, Dust était assis sur un affleurement rocheux. Il caressa doucement la fourrure de l’animal frissonnant qu’il tenait dans ses mains avant de le relâcher. C’était le dernier des petits rongeurs qu’il avait encouragé à s’approcher de lui.
Il avait pris soin de n’en tuer aucun. Au début, il n’avait pas su quoi faire face aux changements qui s’opéraient à l’intérieur de son corps. La seule chose qui lui était venue à l’esprit lorsque ses dents s’étaient allongées comme celles d’un vampire tout droit sorti d’un film ou d’un livre était que sa soudaine faim de sang signifiait qu’il avait dû mourir d’une manière ou d’une autre lors de son combat avec Daciana et s’était transformé en mort-vivant.
Mais deux éléments ne collaient pas : tout d’abord, il ne se souvenait pas d’être mort. Il était quasi sûr qu’il se serait souvenu de quelque chose d’aussi important. Deuxièmement, à l’exception de quelques changements mineurs dans son corps, il se sentait toujours vivant et à peu près le même qu’avant.
Secouant la tête, il s’allongea sur le rocher. Il frissonna, puis enfonça ses mains dans les poches de sa veste en contemplant les étoiles et en se demandant ce qui se passerait quand le soleil se lèverait. Se transformerait-il en tas de cendres ?
— Si oui, je saurai que tous les auteurs d’histoires de vampires avaient raison. Purée, je ne savais pas que les vampires pouvaient avoir froid. Pour une fois, j’aimerais avoir les pouvoirs de Josie.
Ses paroles murmurées et légèrement humoristiques furent emportées par la brise légère.
Il tendit l’oreille, mais à part le vent et quelques animaux au loin, il n’y avait rien à proximité. Il fronça les sourcils lorsqu’il sentit quelque chose de dur et de tubulaire contre ses doigts. Un soupir exaspéré lui échappa au moment où il comprit de quoi il s’agissait. Il sortit la main de la poche de sa veste et retira le briquet de la petite poche intérieure. Il avait oublié qu’il l’avait ramassé au cours de son voyage.
Il se redressa en secouant la tête.
— Bon, ce n’est pas aussi cool que Josie, mais ça fera l’affaire, plaisanta-t-il sèchement avant d’actionner le briquet.
Vingt minutes plus tard, il avait constitué une réserve de bois sec et un gros tas de broussailles mortes. Il plaça une partie du bois dans un cercle de pierres près de l’affleurement rocheux qu’il utilisait comme brise-vent.
Il ne fallut pas longtemps pour que le bois sec prenne feu. Il s’assit et tendit les mains vers la chaleur. Bientôt, l’épuisement eut raison de lui et il s’allongea sur le flanc, dos aux rochers. Il savait qu’il ne devrait pas fixer les flammes, car cela diminuerait sa vision nocturne, mais regarder les flammes multicolores danser sur le bois avait quelque chose d’hypnotique.
Son esprit dériva et une fois de plus, il pensa à ses parents. Ils avaient péri, comme tous les habitants de la petite ville où il avait grandi. Comment avait-il survécu ? Peut-être ne le saurait-il jamais. Peut-être était-ce grâce à la maison qui s’était effondrée autour de lui, créant une sorte d’abri au-dessus de lui. Il était certain d’une chose, cependant, c’était que ce qui se trouvait dans l’étrange nuage était à l’origine de son changement.
— Quoi qu’il arrive, je n’oublierai pas qui je suis, murmura-t-il.
C’était la dernière chose dont son père avait parlé : ne jamais oublier qui l’on était. Le jour où la comète avait frappé, ils travaillaient sur le vieux pick-up de son grand-père et reconstruisaient le moteur à six cylindres. Le pick-up Ford série F de 1948 était censé être terminé pour son seizième anniversaire, dans deux semaines.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Dust lorsqu’il repensa à ce matin-là, près de deux ans auparavant. Sa mère était allée chez le coiffeur en ville tandis que son père et lui s’étaient levés tôt pour travailler sur le pick-up. Son grand-père l’avait acheté neuf en 1948 et l’avait utilisé dans la petite ferme où Dust avait grandi. Son père lui avait raconté que le grand-père de Dust le lui avait offert à ses seize ans. Son père l’avait conduit pendant vingt ans. Un jour, il avait garé le pick-up à l’arrière de la grange et l’avait recouvert d’une vieille bâche. Avec le temps, son père l’avait oublié jusqu’à ce que Dust le découvre à l’âge de quatre ans. Le véhicule était dans la grange depuis près de trente ans. D’aussi loin que remontaient ses souvenirs, Dust avait toujours joué dedans.
Un jour, trois ans auparavant, il était assis dans le pick-up, en colère contre son père, qui avait refusé de le laisser sortir en ville avec des garçons. Ce jour-là avait été un moment décisif dans sa vie. Il ne l’avait compris que bien plus tard.
* * *
Trois ans auparavant :
Le père de Dust ouvrit sans un mot la portière du pick-up et se glissa sur le siège. Ils restèrent assis en silence, contemplant la grange à travers le pare-brise sale — un garçon en colère et un homme calme et introspectif.
— Tu veux vraiment aller en ville avec ces garçons ? demanda finalement son père, en joignant ses mains tachées et couvertes de cicatrices sur ses genoux.
Dust était assis sur le siège conducteur, les doigts fermés sur le volant fin et usé. La colère s’estompa lentement tandis qu’il réfléchissait à la question de son père. Il haussa les épaules, ne voulant pas répondre. Son père resta silencieux, attendant qu’il dise quelque chose. Dust savait que s’il ne répondait pas, ils resteraient là à attendre toute la journée.
— Pas vraiment, répondit-il à contrecœur.
— Pourquoi ?
Dust se redressa et haussa de nouveau les épaules.
— Je les aime pas vraiment, je suppose, admit-il.
— Pourquoi ? insista son père.
Dust se tourna sur son siège et regarda son père. Il réfléchit un moment avant de lâcher un long soupir, ses pensées allant vers le garçon qui l’avait invité.
— Je sais pas. Ils font comme s’ils étaient importants parce qu’ils jouent dans l’équipe de foot américain, avoua-t-il en regardant ses mains.
— Alors, pourquoi tu veux traîner avec eux ? demanda gentiment son père.
Il frotta distraitement une tache entre son pouce et son index. Eric, le garçon qui l’avait invité, était le fils du pharmacien et l’un des garçons cool de l’école. Ce n’était pas le cas de Dust. C’était le fils d’un fermier. Eric et trois autres membres de l’équipe de football américain se rendaient au réservoir pour retrouver d’autres enfants de l’école. La veille, il avait été choqué quand Eric l’avait arrêté tandis qu’il sortait du cours de sciences et lui avait demandé s’il voulait y aller.
— J’ai pensé que si je traînais avec eux, les autres penseraient que je suis cool aussi, murmura-t-il.
— Si c’est ce que tu veux, je ne te dirai pas non, répondit finalement son père.
Dust fronça les sourcils.
— Pourquoi ? Je croyais que tu ne voulais pas que j’y aille.
Son père se frotta le menton. Dust suivit le mouvement des yeux et considéra son père d’un air perplexe. Il remarqua soudain des détails auxquels il n’avait jamais vraiment pensé auparavant.
Les mains de son père étaient tachées par des années de dur labeur. Il avait beau se les laver, cela ne partait plus. Les cicatrices causées par des accidents survenus alors qu’il travaillait sur le matériel ou dans les champs les marquaient comme des lignes sur une carte.
Sa barbe grisonnait, tout comme ses cheveux brun foncé. Les années passées au soleil avaient assombri et ridé sa peau, le faisant paraître plus âgé qu’il ne l’était.
— Tu peux choisir d’être qui tu veux, mon fils, commença son père, marquant une pause pour contempler ses mains. La valeur d’un homme se mesure à sa parole. Si c’est à ces garçons que tu veux ressembler, alors tu dois prendre une décision. Quelle qu’elle soit, ta mère et moi te soutiendrons du mieux que nous pourrons.
* * *
Finalement, il avait décidé de ne pas y aller. Cette décision s’était avérée être la bonne. Il avait découvert plus tard que ces crétins avaient également invité d’autres garçons moins populaires de l’école, juste pour pouvoir les humilier et les intimider devant les autres enfants.
Cela n’avait pas réussi aux sportifs. L’incident avait soulevé un tollé dans l’administration de l’école et les quatre garçons avaient été renvoyés de l’équipe de football américain. Trois d’entre eux avaient été transférés dans une école d’une ville voisine afin de pouvoir continuer à jouer au football américain, tandis que le quatrième avait été envoyé dans un internat quelque part en Californie.
* * *
Dans le présent :
Dust cligna des yeux afin d’en apaiser la brûlure alors qu’il repensait au sourire taquin de sa mère, à la patience de son père et à la chance qu’il avait eue de les avoir comme parents. Il songea avec morosité au fait qu’il n’avait pas vraiment compris ni apprécié tout ce que ses parents avaient fait pour lui. Il se passa une main sur le visage en reniflant.
— Je me demande si les vampires pleurent, murmura-t-il en sentant l’humidité sur ses joues.
Avec un soupir las, il se concentra et son corps s’effaça. Cette nouveauté l’avait surpris lorsqu’il s’était réveillé après l’onde de choc de la comète. Sa capacité à contrôler les atomes de son corps lui avait sauvé la vie plus d’une fois et lui permettait, si nécessaire, de se déplacer sans être vu. Au repos, il n’utilisait pas beaucoup d’énergie. Réveillé et en mouvement, cette capacité lui prenait toute son énergie et il avait besoin de manger pour garder ses forces.
Il se détendit sur le sol et attendit le matin. Il n’avait pas l’intention de se cacher du soleil même s’il risquait de le réduire en cendres ; il n’avait de toute façon nulle part où aller. Quoi qu’il arrive, il y ferait face le lendemain ; pour le moment, il était tout simplement trop épuisé.
Il visualisa le visage souriant de Sammy pour repousser un peu le sentiment de solitude étouffant. Sa mélancolie s’estompa tandis qu’il cédait lentement à l’épuisement. Dans l’obscurité glaciale, il s’accrocha au souvenir du baiser qu’il avait échangé avec la belle fille qui ne le voyait pas comme un monstre. Il ne pouvait qu’espérer de ne pas être en train d’en devenir un.