Les Couleurs de l’âme - S.E. Smith - E-Book

Les Couleurs de l’âme E-Book

S.E. Smith

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Beschreibung

Elle est née à la rue ; il est né pour diriger…
Idella ne porte que ce nom dans le monde glamour de la musique. Sa voix sensuelle a envoûté des millions de personnes, ses albums sont disque de platine, et elle est d’une discrétion légendaire. Cependant, la version d’elle-même qui l’anime vraiment porte un autre nom… Dallas. C’est un assassin recruté pour éliminer les pires criminels au monde.
Le cheikh Tarek Saif-Ad-Din comprend que le pouvoir et l’argent peuvent corrompre. C’est son travail d’assurer la sécurité de son peuple, de son pays et de sa famille, la famille royale. Pendant une attaque qui le laisse aux portes de la mort, il jure entendre la voix d’une ‘amirat khurafiat alsahra’, une princesse fée du désert.
Aider un prince blessé ne faisait pas partie du plan. Sa cible : les insurgés. Sa mission : les empêcher à tout prix de prendre le contrôle de la plus grande production de puces électroniques au monde. Même si le premier et le deuxième fils devaient mourir, un autre membre de la lignée royale deviendrait héritier et le pays retrouverait sa stabilité. Pourtant, elle ne peut se résoudre à laisser Tarek mourir.
Prise dans une danse dangereuse entre deux identités, Idella doit décider si elle peut suffisamment faire confiance à Tarek pour lui révéler qui elle est réellement : une chanteuse, un assassin, et la femme qui l’aime. Si elle ne le peut pas, cette mission pourrait bien être la dernière dans tous les sens du terme.
**Si vous aimez la romance dans le style de Nalini Singh, de Christine Feehan, de J.R. Ward, d’Ilona Andrews, de Patricia Briggs, de Dianne Duvall, de Grace Goodwin et de Laurell K. Hamilton, lisez les nombreuses séries de l’auteur de renommée internationale, best-seller du NYT et de USAT, S.E. Smith ! Des aventures excitantes, de la romance torride et des personnages emblématiques lui ont gagné des légions de fans. Plus de DEUX MILLIONS de livres vendus !

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Les Couleurs de l’âme

S.E. SMITH

Remerciements

Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !

Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !

—S.E. Smith

Les Couleurs de l’âme : Filles des rues, Tome 2

Copyright © 2024 par Susan E. Smith

Publication E-Book en anglais Septembre 2022

Publication E-Book en français Juillet 2024

Traduit Par : Charlotte Spender

Relu Par : Gaëlle Darde

Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing

TOUS DROITS RÉSERVÉS :

Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur. Aucune partie de l’œuvre de l'auteur ne pourra être utilisée pour l'entraînement d'une IA sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur. Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.

Résumé : Prise dans une danse dangereuse entre deux identités, Idella doit décider si elle peut suffisamment faire confiance à Tarek pour lui révéler qui elle est réellement : une chanteuse, un assassin, et la femme qui l’aime.

ISBN : 9781963823189 (livre de poche)

ISBN : 9781963823172 (eBook)

Romance avec des scènes explicites | Aventure | Contemporain | Afro-américaine | Romance Glamour & Jet Set | Amants Internationaux

Publié par Montana Publishing, LLC

& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com

Elle est née à la rue ; il est né pour diriger…

Idella ne porte que ce nom dans le monde glamour de la musique. Sa voix sensuelle a envoûté des millions de personnes, ses albums sont disque de platine, et elle est d’une discrétion légendaire. Cependant, la version d’elle-même qui l’anime vraiment porte un autre nom… Dallas. C’est un assassin recruté pour éliminer les pires criminels au monde.

Le cheikh Tarek Saif-Ad-Din comprend que le pouvoir et l’argent peuvent corrompre. C’est son travail d’assurer la sécurité de son peuple, de son pays et de sa famille, la famille royale. Pendant une attaque qui le laisse aux portes de la mort, il jure entendre la voix d’une ‘amirat khurafiat alsahra’, une princesse fée du désert.

Aider un prince blessé ne faisait pas partie du plan. Sa cible : les insurgés. Sa mission : les empêcher à tout prix de prendre le contrôle de la plus grande production de puces électroniques au monde. Même si le premier et le deuxième fils devaient mourir, un autre membre de la lignée royale deviendrait héritier et le pays retrouverait sa stabilité. Pourtant, elle ne peut se résoudre à laisser Tarek mourir.

Prise dans une danse dangereuse entre deux identités, Idella doit décider si elle peut suffisamment faire confiance à Tarek pour lui révéler qui elle est réellement : une chanteuse, un assassin, et la femme qui l’aime. Si elle ne le peut pas, cette mission pourrait bien être la dernière dans tous les sens du terme.

**Si vous aimez la romance dans le style de Nalini Singh, de Christine Feehan, de J.R. Ward, d’Ilona Andrews, de Patricia Briggs, de Dianne Duvall, de Grace Goodwin et de Laurell K. Hamilton, lisez les nombreuses séries de l’auteur de renommée internationale, best-seller du NYT et de USAT, S.E. Smith ! Des aventures excitantes, de la romance torride et des personnages emblématiques lui ont gagné des légions de fans. Plus de DEUX MILLIONS de livres vendus !

ChapitreUn

Aljibal Alsawda’

(Montagnes noires de Jawahir) :

— Il faut qu’on y aille. On n’a pas le temps de le sauver, s’impatienta Raja.

Il tira sur son bras et parcourut les alentours d’un regard méfiant.

— Il faut que j’arrête l’hémorragie. Si je ne fais rien, il mourra, rétorqua calmement Dallas.

Elle posa son fusil de précision à côté d’elle sur le sol en pierre dur et sec recouvert de sable.

— Alors il mourra. Les gardes royaux sont morts. On va perdre nos cibles dans les montagnes si on ne part pas maintenant !

Dallas jeta un coup d’œil à la colline escarpée. Une vague de regret l’envahit. Elle avait envoyé un message pour prévenir de l’attaque, mais il était arrivé trop tard et ils avaient été trop loin pour rejoindre le convoi avant que cela ne commence. La pluie de balles avait cessé quelques minutes plus tôt, laissant un désert imbibé de sang et jonché de morts.

Elle baissa les yeux vers l’homme à peine conscient. Sa détermination redoubla tandis qu’elle dégainait son couteau de l’étui à sa taille. Elle savait de qui il s’agissait : le cheikh Tarek, deuxième fils du roi Melik et de la reine Ihab Saif-Ad-Din de Jawahir. Leurs officiers traitants considéreraient sa mort comme un dommage collatéral. Même la capture du prince héritier, le cheikh Qadir, ne les concernait pas. Raja et Dallas étaient ici pour éliminer Colin et Anderson Coldhouse.

Leur objectif était clair et ils avaient reçu l’ordre explicite de ne pas en dévier. Dallas savait qu’elle devrait abandonner Tarek à son sort, mais elle en était incapable. Elle l’avait déjà rencontré, dans son autre vie en tant qu’Idella.

Elle se tourna vers Raja avec un froncement de sourcils impatient. Au diable les ordres ! Elle ferait tout son possible pour sauver Tarek.

— Va me chercher le kit médical, ordonna-t-elle d’un ton qui ne souffrirait aucun refus.

— Tu vas nous faire tuer, grommela Raja tout en se levant.

Un sourire contrit courba ses lèvres quand Raja remonta à toute vitesse la pente raide pour récupérer le sac qu’elle avait perdu pendant le conflit. Malgré l’expression farouche de son coéquipier, elle savait que lui aussi serait ennuyé d’abandonner un homme blessé à son sort.

Surtout si l’homme en question fait partie des gentils.

Tarek était blanc comme un linge. Dallas se pencha au-dessus de son corps inerte et coupa sa chemise et son pantalon, à l’endroit où ils étaient imbibés de sang. Elle écarta les pans de tissus pour révéler ses blessures.

Prenant un bandana propre dans le sac à sa taille, elle le coupa en deux et plia les morceaux en carrés avant de les poser sur les deux blessures par balle. Elle appliqua une pression constante tout en assurant à Tarek qu’il s’en sortirait, même si elle était presque certaine qu’il était trop dans les vapes pour l’entendre.

Les deux blessures étaient sérieuses. Elle ignorait laquelle était la pire de celle en bas à gauche de son abdomen ou de celle à sa jambe. Toutes deux pouvaient être fatales si une artère ou un organe avait été touché. Par chance, le sang qui coulait de son ventre était rouge vif et non d’une couleur rubis plus profond. Cela lui redonna espoir, car visiblement aucun organe vital n’avait été endommagé.

— Qadir…, balbutia faiblement Tarek. Q-que… ?

— Il est en vie, dit-elle en nettoyant délicatement le sable sur sa joue.

— Qui… êtes-vous ?

Elle ne répondit rien et leva au contraire des yeux impatients vers le haut de la pente à la recherche de Raja. Un soupir soulagé lui échappa lorsqu’elle le vit revenir vers eux. Il lâcha le sac à côté d’elle, l’ouvrit et sortit leur trousse de secours.

— Prépare l’intraveineuse de solution saline.

Raja la regarda d’un air rebelle l’espace d’un instant avant d’obéir tout en jurant dans sa barbe. La majeure partie du matériel pouvait être identifié, mais elle s’assurait que ce n’était pas le cas de ce qu’elle utilisait. Son acte de compassion soudain ne révélerait pas leur identité à la famille royale de Jawahir.

Raja inséra le tuyau dans la poche de solution saline, désinfecta d’une main experte un bout du bras de Tarek et planta l’aiguille dans sa veine. Dallas agrandit la déchirure de sa chemise noire afin qu’ils aient plus de place pour travailler.

— C’est grave ? demanda Raja.

— La balle n’est pas ressortie. On dirait qu’elle n’a touché aucun organe vital.

— Laisse-moi regarder. Tu as raison. Tu t’occupes de celle-là pendant que je m’occupe de sa jambe.

Elle hocha la tête. Si elle était douée pour effectuer des premiers soins avancés, Raja, lui, était capable de se transformer en chirurgien de terrain si les circonstances l’y poussaient. Il l’avait rafistolée plus d’une fois.

— Ça va chier s’ils nous échappent. On a mis une semaine à remonter leur piste jusqu’ici. Ça va nous prendre combien de temps pour les retrouver, à ton avis ? grommela Raja sans cesser de travailler.

— La ferme.

Son partenaire la fusilla du regard, mais resta silencieux tandis qu’il injectait un sédatif léger dans l’intraveineuse.

Tarek attrapa le poignet de Dallas. Même à moitié mort, il ne manquait pas de force.

— Ne f-faites pas ça.

— Trop tard. Vous nous remercierez plus tard.

Elle sourit avant de se rappeler qu’il ne pourrait pas le voir derrière le tissu qui lui couvrait le visage, ne laissant que ses yeux de visibles. Elle avait retiré ses lunettes de soleil afin de pouvoir examiner ses blessures sans que rien n’altère sa vision.

— Qui…, balbutia-t-il avant que sa tête ne roule sur le côté.

— J’entends un hélicoptère qui approche, grogna Raja.

Elle finit d’appliquer le bandage sur la jambe de Tarek.

— Fini. Nettoyons tout ça et tirons-nous d’ici.

Ce qu’ils avaient fait pour Tarek donnerait une plus grande chance aux infirmiers de le garder en vie jusqu’à leur arrivée à l’hôpital. Cette pensée la tranquillisa.

— Tu te ramollis, dit Raja tandis qu’ils rangeaient leur matériel dans le sac à dos camouflage et ramassaient leurs armes.

— Combien d’hommes je viens de tuer ? demanda-t-elle doucement.

— La mission…

— Il est impossible de savoir si Colin Coldhouse était avec le premier groupe qu’on a croisé, répliqua-t-elle.

— Bon, très bien, c’est vrai, je n’ai pas vu Colin et on n’a jamais eu d’angle de tir dégagé sur Anderson. C’est effectivement difficile de tuer quelqu’un qu’on ne voit pas, admit-il à contrecœur.

Sa concession fit tressaillir les lèvres de Dallas.

— Les gardes de Tarek ?

— J’ai vérifié. Aucun survivant, répondit-il calmement.

Elle hocha la tête, chassa ses regrets et se mit en route. Ils contournèrent la pente en veillant à rester bas et près du couvert des rochers et de la végétation éparse jusqu’à ce qu’ils rejoignent la route et montent à bord de leurs véhicules tout-terrain électriques. Ils empruntèrent les chemins les moins visibles et, dix minutes plus tard, trouvèrent refuge dans une étroite grotte en hauteur de l’endroit où avait eu lieu l’attaque.

L’œil vissé à la lunette de son fusil, Dallas vit la première vague de militaires royaux arriver.

— On dirait qu’on va devoir attendre plus longtemps que ce que j’avais espéré, dit Raja.

— Oui. Coldhouse va devoir attendre aussi… au moins jusqu’à ce qu’il fasse nuit.

L’équipe médicale descendit en toute hâte la pente de la colline. Plusieurs minutes plus tard, ils en remontèrent avec Tarek sur une civière, et le hissèrent à bord de l’hélicoptère qui les attendait et qui décolla sans plus attendre. Elle le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse. Elle fit rouler ses épaules raides et inspira profondément alors que la tension s’apaisait légèrement.

Elle remit le cache de la lunette, retira son filet de camouflage, puis recula et alla s’abriter dans l’ombre de la grotte. Presque immédiatement, la température chuta de plusieurs degrés.

— Tiens, fit Raja en lui tendant une bouteille d’eau.

Elle l’accepta et se détendit contre la paroi inégale de la grotte. Abaissant le tissu qui lui couvrait le visage, elle étancha sa soif, après quoi elle posa la bouteille à côté d’elle et pencha la tête en arrière. Elle ferma les yeux, l’ombre d’un sourire se dessinant sans qu’elle s’en rende compte sur ses lèvres tandis qu’elle revivait sa rencontre avec Tarek.

* * *

Trois ans auparavant,

Club Couleurs, New York City :

Idella ressentit un picotement différent, plus puissant que ce qu’elle pouvait éprouver normalement lorsqu’elle se savait observée. C’était une star internationale et elle jouait sur scène avec un groupe de musiciens incroyable ; il allait de soi que tous les yeux étaient posés sur elle. Pourtant, un regard parmi tous les autres était… différent.

Elle oscillait en rythme avec sa chanson et sa performance captait l’attention de toute la salle. Cela allait au-delà de sa voix. Son corps était également un chef-d’œuvre. Avec des escarpins argentés qui ajoutaient encore quelques centimètres à sa taille, elle mesurait un mètre quatre-vingt-trois. Sa robe à sequins argentée scintillante épousait son corps mince et laissait une épaule nue, formant un beau contraste avec sa peau acajou. La fente latérale s’arrêtait en haut de sa cuisse et dévoilait généreusement sa longue jambe. Sa minceur cachait des muscles fermes, ce qui signifiait que ses courbes étaient très bien définies.

Grande, agile et vêtue comme elle l’était, c’était une femme d’une beauté à couper le souffle. Son public avait été sous le charme dès qu’elle était montée sur scène… mais au cours des dernières minutes, quelque chose avait changé. Elle avait presque la sensation d’être chassée. Le moindre de ses nerfs brûlait dans l’anticipation d’une rencontre dangereuse.

Un geste précis de sa main alerta Raja. En quelques minutes, il connaîtrait l’histoire de chaque personne présente dans le bâtiment. Elle se tourna légèrement sur scène afin de parcourir la salle du regard.

Sa voix était toujours chargée de l’émotion appropriée, son talent développé par des années d’entraînement l’y aidant, tandis que son attention s’arrêtait sur chaque table, assez longtemps pour que les personnes qui y étaient installées marquent une pause et le remarquent. Elle cataloguait chaque invité comme un ami ou un ennemi avant de passer au suivant.

L’une des hôtesses conduisait un groupe à l’étage restauration. Les lèvres d’Idella se courbèrent quand elle vit la femme de petite taille au jean usé. Aimee Wheels était une énigme et une amie bienvenue au club. Elle porta ensuite son attention sur ses compagnons.

Une onde de choc la traversa au moment où elle reconnut le premier et le deuxième des fils de la famille royale de Jawahir. Idella ne les avait jamais rencontrés personnellement, mais elle connaissait évidemment leur puissance et leur richesse, et elle savait qu’il y avait eu une tentative d’assassinat contre le cheikh Qadir une semaine plus tôt au Harris, dans le centre-ville. Aimee lui avait sauvé la vie.

Elle nota le langage corporel du groupe. Il semblait qu’Aimee entretenait une relation amoureuse avec le cheikh Qadir, premier-né de la famille Saif-Ad-Din. Le cheikh Tarek les accompagnait. Les picotements brûlants qui la parcouraient s’intensifièrent à mesure qu’elle étudiait son beau visage et son corps mince, mais musclé. Un désir féminin la traversa, ce qui la surprit d’autant plus qu’elle était généralement immunisée à de telles réactions physiques.

Elle savait que Tarek était membre du Cabinet et chef des renseignements de l’armée de Jawahir. Il était diplômé d’Oxford ainsi que de Princeton. Il avait également servi dans les forces spéciales de Jawahir.

Elle se força à détourner les yeux de lui et finit le dernier couplet de la chanson. Des applaudissements retentirent et elle s’éloigna du micro, s’inclina, salua de la main et quitta la scène d’un mouvement gracieux.

La raison de leur présence l’intriguait et elle se demandait quels genres de problèmes les frères royaux apporteraient à son sanctuaire. Une profonde ride de mécontentement lui barrant le front, Raja la rejoignit à l’instant où elle passa derrière le rideau.

— Ils sont avec Aimee, l’apaisa-t-elle.

— Tu sais qui on soupçonne d’être derrière l’attaque contre le cheikh Qadir, murmura-t-il.

Elle posa sa paume sur l’écran de sécurité de son escalier en colimaçon privé et poussa la porte.

— Alors c’est peut-être le bon moment pour obtenir de nouvelles informations, répondit-elle.

Raja la suivit et ils commencèrent à gravir les marches, la porte se refermant sans un bruit derrière eux. Quand il toucha son bras, cependant, elle se tourna pour lui faire face. Alors qu’il était une marche en dessous d’elle, leurs yeux étaient au même niveau.

Les tabloïdes affirmaient que Raja et Idella étaient amants. Rien n’était plus loin de la vérité. Il était son garde du corps, son ami et son partenaire dans la vie de l’ombre qu’elle menait. Il était le Hamlet à sa Dallas.

Leur relation était née de la plus improbable des façons. Ils venaient d’endroits très différents, mais Harlem Jones avait recueilli des enfants aux quatre coins du monde, dont Raja et Idella. Ceux qui ne se brisaient pas pendant sa formation finissaient par accomplir de grandes choses. Ils devenaient sénateurs, pasteurs, artistes influents ; où que leurs dons les emmènent, Harlem veillait à ce qu’ils y arrivent. Leur « père » pouvait faire en sorte que n’importe quelle position ou n’importe quel contact lui soit bénéfique.

Raja préférait prétendre qu’il n’était pas fait pour diriger, mais Idella savait qu’il ne pourrait pas fuir son passé indéfiniment. À certains égards, la petite enfance de son partenaire avait été bien plus tragique que la sienne ; il avait eu plus à perdre.

— Sois prudente, l’avertit-il doucement.

Elle lui adressa un petit sourire.

— Toujours.

Ils se séparèrent, Idella émergea au premier étage et Raja retourna au rez-de-chaussée. Idella remit en place le rideau décoratif qui camouflait la porte et sortit de l’alcôve peu profonde, demandant un verre de zinfandel blanc à une serveuse qui passait. Elle salua chaleureusement les dîneurs émerveillés de rencontrer la Idella.

— Merci, Karly, murmura-t-elle à la serveuse, qui lui apporta le verre de vin.

Tarek était assis seul. Un coup d’œil rapide lui apprit qu’Aimee et Qadir se dirigeaient vers la piste de danse et que les gardes du corps royaux se séparaient pour protéger les deux frères. Idella reporta son attention sur Tarek et leurs regards se croisèrent.

Ses joues la brûlèrent et Idella aurait juré sentir une nuée de papillons dans son ventre. L’intensité du désir qu’elle lut dans le regard de Tarek lui donna presque envie de baisser les yeux pour voir si elle avait toujours sa robe. À la place, sans rompre le contact visuel, elle s’approcha de sa table et se glissa gracieusement sur l’un des sièges vides, un sourire aux lèvres.

— Bienvenue à mon club, cheikh Saif-Ad-Din, salua-t-elle.

Surpris, il cilla.

— Idella, murmura-t-il. Appelez-moi Tarek, je vous en prie.

La façon dont il prononça son nom déclencha une onde de désir inattendue en elle. L’avertissement de Raja lui revint en mémoire.

Au cours de sa vie, elle avait rencontré bon nombre des hommes parmi les plus séduisants du monde, et ils l’avaient désirée. Argent, diamants, elle aurait pu avoir tout ce qu’elle voulait… si elle avait été à vendre. Elle ne l’était pas et ne le serait jamais.

— Aimee est une belle femme, commenta-t-elle, buvant une gorgée de vin et observant son visage.

— Elle est très insolite, convint Tarek.

— Il me semble qu’elle a sauvé votre frère la semaine dernière. Vous savez qui est derrière l’attaque ?

— Non, pourquoi cette question ? s’enquit-il.

Elle faillit sourire ; elle aurait répondu exactement de la même façon si elle avait été à sa place. Elle haussa les épaules.

— Après avoir échappé à de nombreuses tentatives d’assassinat moi-même…

Elle marqua une brève pause lorsqu’elle remarqua la façon dont la colère embrasa ses yeux marron foncé et dont sa posture détendue se raidit légèrement à son commentaire.

— Je suis bien placée pour savoir à quel point ça peut être dangereux d’être connu, poursuivit-elle d’un ton égal. J’aime savoir qui me menace. Je suis sûre qu’il en va de même pour votre frère et vous.

— Vous avez reçu des menaces ? demanda-t-il calmement.

Elle haussa de nouveau les épaules et détourna le regard.

— Plus que des menaces, hélas, répondit-elle avec désinvolture.

— Je suis content que vous ayez survécu.

Elle le regarda dans les yeux et, l’espace d’un instant, elle eut l’impression d’être enfermée dans une cage avec un lion affamé. Elle chassa cette image et sourit.

— Qu’est-ce qui vous amène à New York ?

Leur conversation dévia après cela. Peu importe de quoi ils parlaient, la tension sexuelle était présente dans le moindre de leurs mots, de leurs gestes, pareille à une danse secrète. Idella tint le plus longtemps possible avant de fuir.

Son cœur battait la chamade et son corps vibrait de besoin tandis qu’elle s’éloignait de lui avec un calme trompeur. Une gazelle savait quand fuir un prédateur. Pourtant, elle ne put s’empêcher de s’imaginer comme cela serait d’être capturée par un homme capable de susciter un désir si profond en elle.

Ou à quel point ce serait dangereux d’y céder !

ChapitreDeux

Dans le présent :

— On peut y aller, Dallas, la voie est libre, murmura Raja.

Idella se réveilla immédiatement et se leva. Elle prit ses lunettes de vision nocturne dans son sac. Raja examina leurs véhicules tout-terrain et sécurisa le matériel pendant qu’elle contrôlait le périmètre. Ils travaillèrent ensemble en silence, sachant chacun que l’autre accomplirait ses tâches de façon efficace.

Dix minutes plus tard, ils suivaient le sentier à peine discernable à la recherche d’Anderson et Colin Coldhouse. Idella savait qu’elle ne pouvait pas se permettre d’être distraite sous peine de les mettre tous les deux en danger, pourtant, elle avait beau essayer de le nier de toutes ses forces, elle savait qu’à la première occasion qu’elle aurait, elle prendrait des nouvelles de Tarek.

* * *

Des voix se mêlaient aux faisceaux de lampes torches, accentuant sa confusion. Tout en luttant contre ce qui lui avait été injecté dans les veines, Tarek essayait de comprendre ce qui se passait. Des bribes de souvenirs remontaient à la surface : le rotor d’un hélicoptère, des voix d’hommes, des uniformes militaires. Quelqu’un lui parlait, une femme, mais les mots lui étaient incompréhensibles. Il sentait une pression contre son flanc et sa jambe, mais aucune douleur.

Il flotta entre la conscience et l’inconscience jusqu’à ce que la réalité le frappe tandis que quelqu’un le faisait sortir de l’hélicoptère. Il tenta de se redresser, mais une main ferme l’en empêcha.

— Qadir, dit Tarek.

— Ils le cherchent. Tu ne peux rien faire pour le moment. Tu sais qui t’a aidé ?

Cette voix grave appartenait à Junayd, le frère de Tarek âgé de vingt-huit ans. Il était médecin.

Tarek lécha ses lèvres sèches.

— Une… ‘amirat khurafiat alsahra’, croassa-t-il avant que les ténèbres ne le reprennent.

Le temps passa lentement. Il entendit son frère exiger des choses. Il sentit l’odeur aseptisée de l’hôpital. Une lumière aveuglante le forçait à garder les yeux clos. Il avait alternativement trop froid, puis trop chaud.

Dans chaque vague de souvenirs, il entendait la voix d’une femme qui l’apaisait et lui disait que tout se passerait bien. Que les secours arrivaient.

Même si cette voix était étouffée, quelque chose au fond de lui s’y était connecté. Il connaissait cette voix. Sauf que c’était impossible. Ce ne pouvait pas être elle, c’était impossible. Mais ces yeux… ses magnifiques yeux exotiques…

— Idella ! s’étrangla-t-il, s’efforçant de se redresser.

— Doucement, Tarek, lui dit Junayd d’un ton apaisant.

Il cligna des yeux, tentant de se concentrer, et se laissa retomber sur le lit lorsqu’il comprit que c’était son frère qui l’empêchait de voir la pièce. Il tourna la tête vers le moniteur de constantes vitales auquel il était relié.

— C’est grave ? demanda-t-il, la gorge sèche et douloureuse.

Un petit rire soulagé échappa à Junayd.

— Tu survivras. La balle qui t’a touché au flanc aurait pu provoquer des dégâts plus graves que ça. Celle dans ta jambe a entaillé une artère. Tu vas devoir y aller doucement pendant un moment, mais tu seras comme neuf après.

L’esprit de Tarek commençait à s’éclaircir.

— Et Qadir ? Il est en vie ? demanda-t-il doucement.

— Oui. Il est même en légèrement meilleur état que toi.

La vague de soulagement qui l’envahit le laissa faible. Il ferma les yeux, luttant contre l’épuisement. Les doigts fermes de son frère sur son poignet le firent sursauter.

— Qu’est-ce que tu fais ? exigea-t-il de savoir dans un filet de voix.

— Je ne sais pas, je remplis mon rôle de médecin, rétorqua Junayd en souriant.

— Mère a dû te faire tomber sur la tête quand tu étais petit, marmonna-t-il.

Junayd lâcha son poignet et haussa un sourcil.

— Non, c’était Qadir et toi. En parlant de mère, il faut que je prévienne la famille. Ils ont eu tellement peur. Je n’ai pas arrêté de leur dire que tu étais trop têtu pour mourir. Père a seulement réussi à convaincre mère de rentrer à la maison il y a une heure. Elle a passé trois jours à ton chevet.

Tarek agrippa le poignet de son frère pour l’empêcher de partir. Celui-ci se retourna vers lui. Il eut du mal à former les mots dans sa tête.

— Qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta Junayd.

— Mes blessures… Qui… ?

— Eh bien, c’est là toute la question, n’est-ce pas ? Quelqu’un t’a soigné sur le terrain, mais tous les gardes étaient morts et Qadir avait disparu, expliqua-t-il en secouant la tête. Celui qui t’a soigné avait la formation médicale et l’expérience du terrain pour t’empêcher de te vider de ton sang. Cette personne a ralenti l’hémorragie, a surélevé ta jambe et t’a mis une intraveineuse. Les tests sanguins ont révélé une petite dose de morphine dans ton système.

— Ils étaient deux. Je n’ai pas vu à quoi ils ressemblaient, parce que leurs visages étaient couverts. L’un d’eux était une femme.

— Ce doit être ton ‘amirat khurafiat alsahra’, fit Junayd en souriant.

— Qu’est-ce que tu as dit ?

Son frère sourit de plus belle.

— Ta princesse fée du désert. Tu as dit que ton ‘amirat khurafiat alsahra’ t’avait aidé.

Tarek ferma les yeux, tentant désespérément de se concentrer sur cet instant. Son cerveau refusa de coopérer et il jura intérieurement. Trois jours ! Il avait perdu trois jours de sa vie. Rouvrant les yeux, il vit l’expression inquiète de son frère.

— Garde le matériel dont ils se sont servis. Je veux voir si je peux l’identifier, ordonna-t-il d’un ton fatigué.

— D’accord, promit Junayd.

La porte s’ouvrit et Tarek voulut grogner lorsqu’il découvrit les visages épuisés de ses parents.

— Oh, Tarek ! s’exclama Ihab, ses yeux s’emplissant de larmes de joie en le voyant réveillé.

Le docteur Fuah lui lança un regard contrit tandis que ses parents le rejoignaient et que sa mère lui prenait la main.

— Ta mère refusait de se reposer, déclara d’un air bourru le roi Melik Saif-Ad-Din, la voix chargée d’une émotion à peine contenue.

Junayd se racla la gorge.

— En tant que son médecin, je pense qu’une courte visite vous aidera tous, mais pas plus de dix minutes. Tarek a besoin de se reposer, et vous aussi. J’aimerais parler au docteur Fuah de son patient.

— Qadir ? s’enquit sa mère avec inquiétude.

— Ne vous inquiétez pas. On se demande s’il faut le mettre sous sédatif pour l’empêcher de partir et de faire quelque chose de stupide comme se faire tuer. Ce n’était probablement pas la meilleure chose à dire, ajouta Junayd, grimaçant à la vue de l’expression de sa mère.

— Qadir se remettra, Votre Majesté, la rassura doucement le docteur Fuah.

Ihab offrit un sourire reconnaissant au docteur Fuah et un regard noir à son fils cadet. Tarek lâcha un petit rire avant de grimacer en posant la main contre son flanc.

— Je veux un rapport complet des événements, Junayd.

— Ça pourra attendre demain, répondit son petit frère.

Tarek reposa la tête sur les oreillers. Il voulait de la tranquillité et du calme, mais il savait que ses parents avaient besoin d’être rassurés sur son état. Il regarda son frère et le docteur Fuah passer devant la fenêtre de la chambre individuelle au sein de l’infirmerie du palais.

Il avait perdu trois jours. Trois jours pendant lesquels la femme et son compagnon avaient pu disparaître n’importe où, et trois jours pendant lesquels les responsables de l’attaque avaient pu s’enfuir.

* * *

Idella leva des yeux las de l’écran de l’ordinateur portable quand Raja entra dans la pièce. La chambre d’hôtel morne se composait de deux lits une place, d’une salle de bain minimaliste et d’une fenêtre qui donnait sur une rue passante. Ils étaient arrivés à Yasir, la ville de Simdan la plus proche de Jawahir, quelques heures plus tôt, après avoir voyagé de nuit.

— Qu’est-ce que tu as découvert ? demanda-t-elle.

Des lignes de tension s’étiraient autour de la bouche de Raja. Elle savait qu’il aurait préféré brûler en enfer plutôt que d’être ici. Le cœur d’Idella se serra pour lui, mais elle ne montra rien de sa compassion ; il ne l’aurait jamais acceptée.

— Deux hélicoptères ont récupéré un groupe d’étrangers non loin de la ville dans la nuit.

Il posa un sac sur la table usée.

— Le dîner, ajouta-t-il.

Il se rendit dans la salle de bain et ferma la porte. Un coup d’œil à l’intérieur du sac révéla du pain, des fruits, du fromage et plusieurs bouteilles d’eau. La pauvreté de Simdan lui rappelait sa propre vie… avant Harlem.

Ce n’était pas une chose à laquelle elle pensait souvent. Cela faisait longtemps qu’elle avait arrêté de cacher de la nourriture, enfin certaine qu’elle ne connaîtrait plus jamais la faim. Non, avec Harlem, elle avait dû se battre pour survivre d’autres façons. C’était leur cas à tous les deux.

Elle ne s’accrochait à aucun souvenir de son passé. Son club, Couleurs, portait ce nom pour être à l’opposé du commerce de la mort. C’était l’éclat sous les projecteurs. C’était le spectre complet des émotions. C’était un monde distinct de sa vie en tant qu’assassin américain.

Même son nom de code avait été choisi au hasard en lançant un couteau. Ce n’était pas un endroit ni une personne spéciale pour elle. Le nom choisi par Raja, en revanche, c’était une autre histoire — non pas qu’il lui ait donné beaucoup de détails en grandissant.