Incroyable Aimee - S.E. Smith - E-Book

Incroyable Aimee E-Book

S.E. Smith

0,0
7,99 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Incroyable Aimee
Elle est née à la rue ; il est né pour diriger…
Aimee Wheels aime son style de vie libre. Son bonheur, elle le trouve loin des pièges de l’argent, grâce à ses amis fous, son travail de coursière à New York City, et son skateboard.
Le cheikh Qadir Saif-Ad-Din comprend le pouvoir qui se cache derrière l’argent et la royauté, et il sait comment l’exercer. Lorsqu’il est simultanément rejeté puis sauvé par une femme au jean usé armée d’un skateboard, il ne sait que penser… si ce n’est qu’il la veut !
Aimee est projetée dans le monde des ultra-riches quand elle empêche une tentative d’assassinat contre Qadir. Il ne faut alors pas longtemps pour qu’elle-même devienne une cible. Il est possible d’échapper au danger, mais le temps et la méfiance peuvent gâcher même la meilleure des relations, et Aimee et Qadir ont mené des vies bien différentes. L’amour triomphera-t-il malgré un milliardaire rival qui tente de les tuer ?
Meilleures ventes USA Today et NY Times, l’auteur de renommée internationale S.E. Smith présente une nouvelle histoire avec l’humour et les rebondissements imprévisibles qui la caractérisent ! Des aventures excitantes, des romances torrides et des personnages iconiques lui ont valu de nombreux fans. Plus de DEUX MILLIONS de livres vendus !
Le Rayon de soleil de Yolanda
Née à la rue, elle était bien décidée à transmettre son savoir à sa fille…
La vie de Yolanda Yates a été marquée par les difficultés et le désespoir. Elle se découvre un nouveau but dans la vie en même temps qu’un bébé abandonné derrière une benne à ordures dans une ruelle. Elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour l’aimer, la protéger, et apprendre à sa fille que les familles ne partagent pas toujours les liens du sang et sont d’abord celles que l’on se choisit.
Découvrez combien l’amour d’une mère peut être puissant dans cette nouvelle sincère de la série Filles des rues !

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
MOBI

Seitenzahl: 317

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Incroyable Aimee

ET LE RAYON DE SOLEIL DE YOLANDA

S.E. SMITH

Remerciements

Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !

Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !

—S.E. Smith

Incroyable Aimee et Le Rayon de soleil de Yolanda : Filles des rues, Tome 1 et préquelle

Copyright © 2024 par Susan E. Smith

Publication E-Book en anglais Juin 2022

Publication E-Book en français Juillet 2024

Traduit Par : Charlotte Spender

Relu Par : Gaëlle Darde

Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing

TOUS DROITS RÉSERVÉS :

Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur. Aucune partie de l’œuvre de l'auteur ne pourra être utilisée pour l'entraînement d'une IA sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur. Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.

Résumé : Incroyable Aimee: La vie d’un cheikh royal est bouleversée lorsqu’il tombe amoureux de la coursière futée qui lui sauve la vie. Le Rayon de soleil de Yolanda: L’histoire d’une femme perdue dans le désespoir qui se découvre un nouveau but dans la vie lorsqu’elle trouve un bébé abandonné et qu’elle jure de l’élever comme le sien.

ISBN : 9781963823158 (livre de poche)

ISBN : 9781963823141 (eBook)

Romance avec des scènes explicites | Aventure | Contemporain

Publié par Montana Publishing, LLC

& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com

Incroyable Aimee

Il vient pour se venger et découvre sa future reine.

Aimee est un électron libre dont l’intelligence lui a permis de rester en vie. Malgré les nombreux dangers et le froid glacial, elle a survécu. Mais l’amour que lui voue un cheikh royal change les règles et, cette fois, il lui faudra plus pour rester en vie — peut-être plus que ce qu’elle a à donner. Elle sait renaître de ses cendres comme un phœnix, mais quel en sera le prix ?

Une aventure sexy avec de l’action et du cœur ! Aimee a appris de nombreuses compétences et langues au cours de sa vie non conventionnelle. Elle a survécu à tous les dangers de la vie à la rue, mais la seule chose avec laquelle elle a toujours eu du mal, c’est accorder sa confiance, et c’est exactement ce qu’elle va devoir faire pour vivre heureuse jusqu’à la fin de ses jours avec le cheikh royal qui l’aime. Que devra-t-elle faire pour aimer sans peur ?

Le Rayon de soleil de Yolanda

L’histoire d’une femme perdue dans le désespoir qui se découvre un nouveau but dans la vie lorsqu’elle trouve un bébé abandonné et qu’elle jure de l’élever comme le sien.

Meilleures ventes USA Today et NY Times, l’auteur de renommée internationale S.E. Smith présente une nouvelle histoire avec l’humour et les rebondissements imprévisibles qui la caractérisent ! Des aventures excitantes, des romances torrides et des personnages iconiques lui ont valu de nombreux fans. Plus de DEUX MILLIONS de livres vendus !

Note de l’auteur

Bonjour tout le monde,

La série Filles des rues a capturé mon imagination en fin d’année dernière et au début de cette année. Les histoires, en commençant par « Incroyable Aimee », sont comme beaucoup de mes autres livres : elles contiennent de l’action, de l’aventure, du suspens, de la romance, et l’humour qui me caractérise. Les femmes sont intrépides et si les hommes sont des alpha, ils sont aussi compatissants avec une pointe de vulnérabilité qui me fait fondre.

Ces histoires m’ont appelée et j’ai su que je devais les écrire. Mais en même temps, elles sont différentes de mon style habituel, car elles sont contemporaines. À tous mes fans qui aiment la S-F et la fantasy, il y a aussi de la magie et de quoi s’émerveiller dans ces livres ! C’est simplement le genre de bonnes choses que l’on peut tous trouver dans nos vies. À mesure que j’écrivais les histoires, je suis tombée amoureuse des personnages, dont Yolanda, la mère adoptive d’Aimee. J’ai parcouru le sentier des Appalaches cette année, et pendant que je persévérais, je pouvais presque entendre Yolanda et Aimee me supplier de raconter leur histoire unique. J’espère que vous l’apprécierez autant que moi.

Amitiés,

Susan

Alias S.E. Smith

Incroyable Aimee

ChapitreUn

— Votre attention ! rugit Stanley Becker, sa profonde voix de baryton tonnant dans le petit espace. J’ai besoin d’un volontaire pour porter une lettre au centre-ville.

Dans la salle de travail bondée de Becker’s Courier Services dans l’Upper East Manhattan, un chœur de grognements accueillit son annonce. Le regard de Stanley se posa tour à tour sur les six personnes présentes qui, toutes, se détournèrent, comme si cela les allait les rendre invisibles.

Il régnait là un chaos organisé. Des vélos, certains intacts et prêts à partir, d’autres en morceaux dont les pièces graisseuses étaient éparpillées sur de vieilles enveloppes et des journaux, partageaient l’espace avec une causeuse délabrée, des bureaux déglingués et des casiers.

Des coursiers de toutes les formes, tailles et couleurs se disputaient les rares places assises alors qu’ils finissaient leur paperasse de dernière minute avant l’heure de fermeture ou qu’ils avalaient en toute hâte la nourriture de fast-food qu’ils avaient prise après une journée sans manger.

Voyant que personne ne répondait, Stanley hurla :

— Carl !

— J’peux pas, boss, répondit Carl sur le même ton. Un chauffeur de taxi sur la 57e a tordu ma roue.

L’opinion truffée de jurons de Stanley sur les chauffeurs de taxi provoqua quelques ricanements.

— Eric ! aboya-t-il.

Celui-ci secouait déjà la tête.

— Pas possible, boss. J’ai déjà fait plus de quarante heures cette semaine et ce soir, je dîne avec mes futurs beaux-parents. Becky a dit que si j’étais en retard, c’était fini.

Polly leva les mains en l’air.

— Ça sera sans moi. J’ai un avion à prendre dans deux heures et Shu a promis de m’y emmener, alors ne t’embête pas à lui demander. J’aurai déjà de la chance d’arriver à l’aéroport.

Stanley abattit la main sur le comptoir et se renfrogna.

— Il faut que ce soit livré au Harris avant dix-huit heures !

Les yeux de tout le monde se posèrent sur la grande horloge atomique au mur. Trace étouffa un rire et secoua la tête. Carl lâcha un rire nasal et continua à travailler sur son vélo.

— Il est dix-sept heures trente un vendredi soir, boss, répondit-il. Personne ne peut faire cette course et y arriver pour dix-huit heures. C’est impossible.

— Qu’est-ce qui est impossible ?

Tous les yeux, jusqu’à présent braqués sur Carl, se dirigèrent vers la propriétaire de cette nouvelle voix.

Aimee Wheels appuya du pied à l’arrière de sa planche de skateboard et la rattrapa en l’air. Un sac de coursier était passé en bandoulière à son épaule. Elle fourra la main dans sa poche, en sortit une chambre à air flambant neuve et la lança à Carl. Aimee avait assisté à son accident et avait récupéré la pièce de remplacement en revenant de sa dernière livraison.

Tandis qu’Aimee coinçait son skateboard sous son bras, se frayait un chemin à travers la pièce encombrée et déposait les reçus de ses livraisons sur le long comptoir usé devant Stanley, celui-ci expliqua :

— On a eu une demande pour un boulot de dernière minute. La société a payé le prix fort pour que ce soit livré au Harris à un type, un étranger, mais il faut absolument que ça arrive avant dix-huit heures.

Aimee siffla entre ses dents et secoua la tête.

— Le gars qui a déposé le courrier aurait dû mieux s’organiser.

Elle signa le registre.

— Je parie que Wheels peut y arriver, lança Eric, une lueur espiègle dans les yeux.

— Vingt qu’elle ne peut pas, riposta Peter.

— Dix qu’elle peut, dit Polly, mettant un billet dans le bocal à paris sur le comptoir.

Aimee secouait déjà la tête. Si elle était partie cinq minutes plus tôt, elle aurait pu y arriver. Le Harris était près du Financial District et la circulation était bouchée à une heure pareille.

Carl se leva et ajouta vingt dollars dans le bocal. Aimee grogna.

— Il y a un bonus de deux cents dollars si tu livres dans les temps.

Tout le monde se figea, même Aimee. Elle regarda Stanley, puis l’horloge et enfin la chemise qu’il lui tendait.

C’était beaucoup, deux cents dollars ! Les bonus que proposait Stanley pour les livraisons spéciales ne dépassaient jamais les dix dollars. Entre le bonus et sa part des gains si elle arrivait à temps, elle serait tranquille quelques semaines.

Le silence fut brisé par Polly.

— Wheels… Wheels… Wheels…, scanda-t-elle doucement.

Aimee se mordit la lèvre, puis prit l’enveloppe et la fourra dans son sac de coursier. Elle tourna les talons et partit en courant, sautant par-dessus la causeuse en s’y appuyant d’une main et lançant son skateboard de l’autre. Ses pieds retombèrent sur la planche et elle s’agrippa au cadre de la porte pour effectuer un virage serré dans l’entrée. En un rien de temps, elle avait quitté le bâtiment à une vitesse incroyable.

— Bon sang, je crois qu’elle pourrait bien y arriver, marmonna Peter.

Aimee filait dans les rues bondées, baissée sur sa planche afin de mieux serpenter au milieu de la circulation. Elle s’accrocha à l’arrière d’un bus sur Madison Avenue, à une voiture de patrouille de police sur East 23e et à une autre qui allait vers Broadway avant d’attraper une ambulance sur Lafayette Street. Grâce à des ruelles dont la plupart des personnes ignoraient l’existence, elle coupa entre les gratte-ciel pour rejoindre le centre-ville.

Elle émergea d’une ruelle sur Fullon Street près du Harris avec deux minutes d’avance. Relevant sa planche de skateboard d’un coup de pied, elle l’attrapa et s’élança en courant vers la porte-tambour. Elle s’y faufila de justesse alors qu’une foule d’employés en sortaient. Elle récupéra la lettre dans son sac et tenta de calmer les battements frénétiques de son cœur tandis qu’elle avançait vers le bureau de la réception.

— Une livraison pour la Suite 1805.

Aimee tendit son badge de coursier à la réceptionniste et scanna le code-barre sur l’enveloppe avant de la tendre à son tour à la femme.

Cette dernière prit la lettre et la passa à un jeune homme, qui attendait.

— Je n’arrive pas à croire qu’elle soit arrivée à temps, dit l’homme avec un sourire soulagé avant de s’élancer vers les ascenseurs.

Aimee haussa un sourcil et secoua la tête

— Ouais, mon pote, il lui a poussé des ailes et elle n’a eu qu’à voler pour échapper aux bouchons. Merci pour le pourboire, marmonna-t-elle avant de tourner le scanner vers la réceptionniste, un sourire aux lèvres. Vous pouvez signer ça, s’il vous plaît ?

Le téléphone sonna et la femme répondit. Aimee patienta, mais apparemment, elle était incapable de signer et de parler en même temps. Aimee pianota sur le comptoir. À en juger par la façon dont la réceptionniste s’était détournée et gloussait, cet appel n’avait rien de professionnel.

Aimee sortit la montre à gousset de la poche de son manteau élimé et y jeta un coup d’œil. Elle se redressa lorsqu’un groupe d’hommes entra dans le bâtiment. Tous habillés de beaux vêtements noirs, ils étaient nerveux.

Il ne lui fallut pas longtemps pour évaluer la situation. Les deux premiers hommes étaient les guetteurs. Venait ensuite le chef de la sécurité. Aimee réfréna l’envie de lever les yeux au ciel. Aucun doute que la personne suivante serait le « gars important », qui qu’il soit.

Elle savait que ce serait un homme, car les femmes faisaient rarement de telles entrées. La plupart des dames de la haute société préféraient la discrétion, quelque chose qui ne criait pas « venez m’enlever ».

Cela se confirma ; l’homme qui entra ensuite était visiblement celui qui bénéficiait de la protection. Aimee l’examina, détaillant chacun de ses vêtements, de son costume à cinquante mille dollars à ses chaussures hors de prix en passant par les boutons de manchettes en or et diamant et la montre Piaget Polo à son poignet.

Même ses lunettes de soleil coûtent plus que ce que je me fais en cinq ans, se dit-elle.

Polly le qualifierait de beau à tomber. Aimee avait vu bon nombre de beaux mecs dont la suffisance ne cachait pas la moindre once d’humanité, alors à moins que celui-ci ne lui montre quelque chose de différent, il rentrerait à peine dans la catégorie « mignon » de son propre système d’évaluation.

Au moment où il retira ses lunettes de soleil, leurs regards se croisèrent et elle sentit un frisson de malaise la parcourir. Ses yeux marron foncé semblèrent refléter un choc, soudain et intense, puis il la scruta des pieds à la tête comme s’il essayait de découvrir tous ses secrets.

Aimee analysa ses traits, mais non, elle était certaine de ne l’avoir jamais vu. Peut-être que M. Tout-Puissant n’avait jamais vu de pauvres. Elle lâcha un rire nasal et ne prit pas la peine de masquer son sourire narquois.

L’expression de M. Plein-aux-As devint orageuse et Aimee faillit éclater de rire. S’il croyait pouvoir l’intimider, il se fourrait le doigt dans l’œil. Ce pauvre con se ferait pipi dessus s’il rencontrait certains des types à qui elle avait eu affaire.

Elle remarqua les deux gardes du corps qui entraient derrière lui, et siffla doucement entre ses dents. Cinq gardes du corps ; ça devait lui coûter un bras. Elle fut tentée de tester leurs aptitudes avant de chasser cette pensée. Elle en avait fini avec cette vie.

Néanmoins, elle ne put s’empêcher de rire, et elle secoua la tête. De qui se moquait-elle ? Il ne fallait jamais dire jamais.

— Et voilà, dit la réceptionniste.

— Merci. Bon week-end.

Aimee glissa le scanner et le badge dans son sac de coursier, ajusta son skateboard sous son bras et se tourna pour sortir du bâtiment.

Alors qu’elle passait devant M. Roi-du-Monde, la porte-tambour tourna et un profond sentiment de danger la frappa. Des années de vie dans des quartiers où les fusillades en voiture étaient aussi courantes que les fast-foods l’avaient conditionnée. Elle vit les armes avant que les hommes aient fini de franchir la porte. Ils scrutaient encore le hall d’entrée, mais elle savait qui serait leur cible.

— À terre ! hurla-t-elle.

Elle lâcha son skateboard, posa le pied dessus et l’envoya rouler de toutes ses forces vers les deux assaillants avant de faire volte-face et de plaquer M. Venez-me-Kidnapper au sol. Des coups de feu retentirent et des hurlements y firent écho. Une douleur cuisante irradia dans le bras d’Aimee, mais elle l’ignora. Ils étaient bien trop exposés dans le hall.

Elle roula au-dessus de l’homme. Leurs regards se recroisèrent brièvement. Dans ses iris couleur chocolat noir, elle lut de la compréhension et du calme. Elle lui adressa un petit hochement de tête.

Des cris en arabe lui donnèrent une indication sur la nationalité de l’homme… ou du moins celle de ses gardes du corps.

— Courez quand je vous le dirai, fit-elle par-dessus le vacarme.

Il haussa un sourcil, mais elle se retournait déjà. Elle découvrit alors que son plan pour distraire les tireurs ne serait pas nécessaire. Son cri et son skateboard, dont elle s’était servie comme d’un missile, avaient suffi à avertir les gardes du corps, qui s’étaient occupés des assaillants.

Mais pas sans qu’il y ait de blessés, pensa-t-elle à la vue du sang qui coulait le long de la jambe d’un garde.

— Par ici, Qadir, ordonna le chef de la sécurité.

M. Calme-à-Toute-Épreuve — dont le vrai nom était visiblement « Qadir » — ignora son chef de la sécurité et attrapa Aimee par le bras. Elle pivota vers lui et tenta de se libérer, mais il raffermit sa prise.

— Vous les avez eus. Il faut que j’y aille, dit-elle en lançant un regard vers la porte.

Des sirènes se rapprochaient. Elle tenta une nouvelle fois de se libérer.

— Tu vas venir avec moi, affirma-t-il.

— Ta main, Qadir. Tu es blessé ? demanda le type de la sécurité.

L’homme fronça les sourcils et observa sa main. Du sang rouge vif coulait entre ses doigts. Il secoua la tête sans quitter Aimee des yeux.

— Ce n’est pas mon sang, dit-il d’une voix basse qui la fit frissonner.

Il desserra sa poigne et avec un sifflement, elle tressaillit et agrippa son bras. Il grimaça et à son expression, elle se demanda si elle n’avait pas trop vite jugé sa capacité à survivre dans la rue.

— Appelle mon médecin, Tarek, ordonna-t-il.

Aimee approuva d’un signe de tête.

— Votre gars va avoir besoin d’aide. Les tireurs n’ont pas dû toucher une artère, sinon il se serait déjà vidé de son sang.

Les deux gardes du corps qui étaient entrés en dernier se tenaient maintenant au-dessus des deux assaillants. Ni l’un ni l’autre ne bougeait, mais le garde du corps blessé les tenait en joue.

— Le médecin est pour toi, grogna Qadir. Nizar sera examiné par quelqu’un d’autre.

Ses protestations moururent sur ses lèvres lorsque Qadir la poussa vers l’ascenseur et qu’elle se retrouva soudain entourée de Tarek, des deux premiers gardes du corps et de l’homme qu’ils protégeaient. Elle avait l’impression d’être une crevette en leur présence.

Certes, mesurer un mètre soixante-deux avait tendance à faire passer les autres pour des géants, mais ces hommes, et surtout Qadir, étaient de véritables montagnes de muscles, et la cabine bien trop exiguë. Son regard se posa sur le panneau de l’ascenseur alors qu’il commençait à s’élever et elle grogna intérieurement.

Ce n’est pas ce soir que je vais profiter d’une belle soirée au bord de l’eau avec mes amis, se dit-elle avec mécontentement, regrettant de ne même pas pouvoir se laisser aller contre la paroi de la cabine.

— J’ai besoin de ma planche, dit-elle soudain.

Qadir la considéra en fronçant les sourcils.

— Ta planche ?

Elle opina du chef.

— Mon skateboard. Je l’ai envoyé sur les fous furieux avant qu’ils commencent à tirer. Il faut que je le récupère.

L’homme transmit sa demande en arabe à son chef de la sécurité et Aimee tourna la tête afin de lui cacher son sourire. Elle maîtrisait quelques langues. C’était ce qui arrivait quand on vivait dans un logement social qui était déjà un monde multiculturel en soi.

— Alors, ça vous arrive souvent qu’on essaie de vous tuer le vendredi soir, ou c’était un jour spécial ? demanda-t-elle.

ChapitreDeux

Quelques minutes plus tôt :

Le cheikh Qadir Saif-Ad-Din était en retard pour sa dernière réunion de la soirée. Il entra dans la limousine et essaya de réprimer son exaspération.

Il avait dit adieu à l’idée de profiter d’une soirée de détente. La réunion à laquelle il se rendait aurait dû avoir lieu plus tôt, mais elle avait été décalée, car le propriétaire de la société avait fait une crise cardiaque.

— M. Carthmen a signé les documents et son fils les a déposés auprès d’un service de coursier local. Le conseil d’administration devrait les recevoir sous peu, signala son frère, Tarek Saif-Ad-Din.

— Tu les as prévenus que si les documents ne sont pas là à mon arrivée, l’offre sera annulée ?

Tarek inclina la tête.

— Bien sûr, répondit-il, un sourire amusé aux lèvres.

— J’aurais dû te laisser t’en charger.

Tarek haussa un sourcil.

— Tu es à la recherche d’une nouvelle maîtresse ? demanda-t-il, sardonique.

— Je l’étais, mais ça a été retardé… une fois de plus.

— Tu aurais dû me laisser m’en charger, rit Tarek.

— La charmante Lydia St. Michaels serait tout à fait d’accord.

— La Lydia St. Michaels ? Elle a donc divorcé de son quatrième mari ? s’enquit poliment Tarek.

Qadir fronça les sourcils.

— Troisième.

Tarek secoua la tête et leva quatre doigts.

— Quatrième. Je ne suis pas le chef des renseignements pour rien. Je lis les rapports qu’on me donne, surtout ceux qui impliquent tes… associés proches.

Le sourire de Qadir fut sardonique.

— Tant qu’elle ne s’attend pas à ce que je devienne le mari numéro cinq, je me moque royalement qu’elle soit toujours mariée, fit-il en haussant les épaules avant de regarder sa montre. On va être en retard.

Tarek jeta un coup d’œil par la vitre.

— Il y a des choses que même moi je ne peux pas contrôler et ça inclut la circulation du vendredi soir à New York City. Je crois quand même qu’on arrivera à dix-huit heures précises et je ne pense pas que le conseil d’administration s’alarmera si on a cinq minutes de retard.

Ils atteignirent leur destination à dix-huit heures tapantes. Qadir ne savait pas pourquoi il avait douté de son frère cadet. Le sens du détail de Tarek était impeccable.

Les deux gardes du corps dans le SUV qui ouvrait la marche sortirent de leur véhicule. Un instant plus tard, la portière de la limousine s’ouvrit et Tarek sortit. Il examina les alentours avant de s’écarter.

En tant que prince héritier et prochain souverain du petit, mais extrêmement riche, royaume de Jawahir, Qadir aurait normalement dû laisser l’un de ses trois frères gérer cette situation. Sa décision de superviser cette acquisition était plus une question de vengeance que de nécessité.

Andrew Carthmen avait cru pouvoir s’en sortir impunément en détournant des fonds et en vendant des informations commerciales à une société rivale. Pour cela, Qadir forcerait cet homme à vendre sa société pour la somme d’argent qu’il avait volée ou à aller en prison.

Alors qu’il descendait de la limousine, Qadir sortit des lunettes de soleil de sa poche et les mit pour la courte distance qui le séparait de la porte-tambour.

Derrière eux, deux gardes du corps sortirent du SUV qui avait suivi leur limousine et fermèrent la marche.

Une rafale d’air glacial de novembre souffla entre les bâtiments. L’espace d’un instant, le froid lui fit penser aux températures du désert la nuit, jusqu’à ce que les klaxons et l’odeur des pots d’échappement dissipent ce souvenir.

Une vague de dégoût l’envahit. Il préférait de loin un océan de sable sans fin à ces piliers en verre. La richesse de son pays allait bien au-delà des pierres précieuses et des minéraux rares nécessaires aux puces électroniques qui inondaient le monde. Jawahir était magnifique et sauvage, et ce labyrinthe de béton qui poussait à la claustrophobie ne pourrait jamais rivaliser avec.

Le regard complice de Tarek lui fit secouer la tête. Son frère avait une plus grande tolérance que lui pour le bouillonnement de la ville. La seule chose que Qadir appréciait ici, c’était les belles femmes qui préféraient y vivre. Aucune de ses maîtresses n’avait jamais mis un pied dans le désert. Le sable aurait ruiné leurs coiffures et leur maquillage parfaits, et ne convenait guère aux talons de quinze centimètres qu’elles aimaient tant porter, parfois même au lit.

Les gardes à l’avant de leur petit convoi entrèrent les premiers. Tarek et Qadir les suivirent.

Par habitude, Qadir s’arrêta dans le hall et l’examina minutieusement. Des hommes et des femmes en tenue professionnelle s’arrêtèrent pour le dévisager. Tarek le rejoignit et sourit.

— Tu as toujours fait forte impression partout où tu entrais, mon frère, dit Tarek.

— Jaloux ? plaisanta-t-il.

Il retira ses lunettes de soleil et fit une pause alors qu’il remarquait une petite silhouette qui ne semblait absolument pas coller au décor chic du hall. Au début, il crut qu’il s’agissait d’un garçon débraillé, mais ensuite, elle leva la tête et des yeux violets soulignés d’épais cils noirs croisèrent les siens. Une sensation de picotement se répandit dans son corps et il eut l’impression de se prendre un coup qui lui coupa le souffle. Le sang afflua vers le sud et il fut instantanément en érection.

— Qadir ? Ça va ? demanda Tarek.

La voix de son frère était assourdie, comme un bruit de fond. Qadir avait entendu parler d’Almukhtar, l’Élue. L’on disait que c’était un mythe, bien que ses parents affirment que c’était réel. Ni lui ni ses trois frères n’avaient jamais trouvé Almukhtar. À trente ans, il croyait que s’il était possible de nouer un tel lien avec une compagne, il l’aurait déjà vécu avec l’une des nombreuses femmes qu’il avait rencontrées aux quatre coins du globe.

Il dévora du regard la petite silhouette de l’inconnue. Il était difficile de discerner ses formes. En plus de la planche de bois usée qu’elle tenait qui masquait partiellement la vue sur son torse, elle portait un manteau élimé trop grand, un jean baggy déchiré, des baskets sales…

Il fronça les sourcils et détailla ces dernières. Était-ce du ruban adhésif sur ses chaussures ? Son regard remonta lentement et avec sensualité le long de son cops, remplaçant mentalement ses vêtements par la plus fine des soies, jusqu’à se poser de nouveau sur son visage.

Une colère incroyable le gagna à la vue de son expression moqueuse. Elle se détourna de lui comme si elle n’avait pas une seconde à lui accorder. Il cilla. Jamais il n’avait rencontré une femme qui l’avait ignoré avec une telle impudence !

Elle s’adressa à la réceptionniste, lui sourit et se tourna vers lui. Ou plutôt, elle se tourna vers la sortie et allait passer à côté de lui comme s’il était invisible.

Au moment où il s’apprêtait à l’arrêter, il la vit plisser les yeux, lâcher sa planche sur le sol et taper dedans comme dans un ballon. Ce fut à ce moment-là qu’il s’aperçut qu’il s’agissait d’un skateboard. Alors qu’il se tournait pour voir ce qu’elle faisait, sa voix résonna dans le hall tranquille.

— À terre !

Elle le prit au dépourvu. Ses bras étonnamment forts et son corps compact le plaquèrent au sol. Au même moment, le bruit bien trop familier de coups de feu éclata. Elle roula sur lui et s’accroupit, les deux mains en appui sur le sol poli et une jambe tendue.

— Courez quand je vous le dirai, ordonna-t-elle, ses yeux violets flamboyant d’un feu étrangement calme.

Il transmit ses propres expériences et compétences d’un regard, et nota que Tarek et les gardes du corps avaient dégainé leurs armes et tiraient. Son frère ne manquait jamais.

— Par ici, Qadir, dit Tarek d’une voix pressante.

Qadir se releva d’un mouvement fluide. La femme commença à s’éloigner de lui et il s’empara machinalement de son bras afin de la garder près de lui. Elle fronça les sourcils et tira dessus pour tenter de se libérer.

— Vous les avez eus. Il faut que j’y aille, dit-elle.

Le hurlement des sirènes lui apprit que quelqu’un avait déjà signalé l’incident. À l’instant où les journalistes sauraient qui était la cible, ils s’empresseraient d’encercler le bâtiment. La femme tira de nouveau sur son bras, tentant de se dégager avec une sorte d’urgence qui lui fit froncer les sourcils.

— Tu vas venir avec moi, affirma-t-il.

— Ta main, Qadir. Tu es blessé ? demanda Tarek.

Elle avait ouvert la bouche pour protester, mais aux mots de son frère, la femme referma la bouche et parut… exaspérée ! Qadir suivit le regard de Tarek. Du sang rouge vif coulait entre ses doigts.

— Ce n’est pas mon sang. Appelle mon médecin, Tarek, ordonna-t-il.

— Votre gars va avoir besoin d’aide, observa-t-elle avec approbation. Les tireurs n’ont pas dû toucher une artère, sinon il se serait déjà vidé de son sang.

Incrédule, Qadir écouta cette femme qui ne prêtait pas attention au fait qu’elle avait été touchée par une balle. Au lieu de se montrer hystérique, elle agissait comme s’il ne s’était rien passé. Tout autour d’eux, des femmes avaient hurlé de terreur, et beaucoup pleuraient et hyperventilaient. Bon sang, même certains hommes pleurnichaient comme des bébés. La seule explication logique était qu’elle était en état de choc.

— Le médecin est pour toi, grogna Qadir. Nizar sera examiné par quelqu’un d’autre.

Il la guida d’une main dans le bas du dos et ils entrèrent dans l’ascenseur. Il contempla le sommet de la tête de la jeune femme avec une perplexité teintée d’émerveillement. Elle pourrait très bien être son Almukhtar. Elle venait peut-être de lui sauver la vie. Il n’arrivait même pas à dire de quelle couleur étaient ses cheveux. Ils étaient entièrement recouverts par le bonnet en tricot qu’elle avait tiré sur ses oreilles.

Il plissa les yeux ; il avait envie de le lui enlever afin de mieux la voir. Elle se tenait distraitement le bras, donnant l’impression qu’elle était encore plus petite qu’elle ne l’était déjà. Elle arrivait à peine au niveau de son torse.

— J’ai besoin de ma planche, dit-elle soudain.

Il fronça les sourcils, tentant de comprendre.

— Ta planche ?

Elle opina du chef.

— Mon skateboard. Je l’ai envoyé sur les fous furieux avant qu’ils commencent à tirer. Il faut que je le récupère, répondit-elle en se mordant la lèvre inférieure.

Une fois de plus, il resta interdit. Elle venait d’assister à une fusillade, elle avait pris une balle, et elle s’inquiétait pour un bout de bois sur roues usé. L’idée de le perdre la bouleversait visiblement.

Il se tourna vers son frère.

— Tu veux bien t’assurer que sa planche sera récupérée et lui sera rendue, demanda-t-il en arabe.

Tarek lui lança un regard interrogateur auquel il répondit d’un haussement d’épaules. Ce n’était ni le moment ni l’endroit pour expliquer que sa mission en Amérique avait changé. Il était venu pour se venger et avait découvert sa future reine. Il esquissa un sourire en coin.

Tandis que Tarek demandait à l’un des gardes du corps de récupérer le skateboard par radio, Qadir observa la femme et sentit sa fatigue croissante. Il voulait la réconforter, mais l’ascenseur n’était pas assez large pour qu’il la prenne dans ses bras. Il le ferait dès qu’ils auraient atteint la salle du conseil de direction de l’entreprise que son royaume venait d’acquérir. Le silence fut soudain brisé lorsque la femme reprit la parole.

— Alors, ça vous arrive souvent qu’on essaie de vous tuer le vendredi soir, ou c’était un jour spécial ? demanda-t-elle avec désinvolture.

Les trois hommes qui l’accompagnaient se tournèrent vers elle et la dévisagèrent comme si elle avait perdu la tête. Un petit rire échappa à Qadir et il secoua la tête. Son commentaire correspondait à ce qu’il avait remarqué de sa personnalité jusqu’à présent.

Il glissa une main le long de son flanc et la soutint légèrement tandis que l’ascenseur s’arrêtait. Les deux gardes du corps sortirent en premier afin de s’assurer que l’étage était sûr. Ce fut ensuite au tour de Tarek, qui se tourna vers Qadir et lui fit un signe de tête.

Qadir souleva la femme, qui poussa ensuite un petit cri de surprise et de protestation. Il fronça les sourcils en constatant combien elle était délicate sous l’épaisseur de ses vêtements trop grands.

— Qu’est-ce que vous faites ? exigea-t-elle de savoir en le fusillant du regard.

Il laissa échapper un petit rire.

— Je pensais que c’était évident : je te porte.

Il s’adressa à Tarek en arabe pour s’assurer que le médecin serait conduit dans le bureau de Carthmen.

— Le docteur Fuah est déjà en route. Je ne crois pas que ta galanterie l’impressionne, ajouta Tarek sur le ton de la plaisanterie.

Qadir jeta un coup d’œil à la femme dans ses bras. Si un regard pouvait tuer, il serait mort.

Il voulait embrasser ses lèvres pincées et jouer avec elles jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent sous les siennes, mais il était presque certain que s’il essayait, elle le mordrait.

— Peux-tu récupérer les documents pendant que je reste avec elle ? demanda-t-il à Tarek.

Celui-ci lui lança un regard surpris avant d’acquiescer d’un signe de tête.

— Bien sûr.

La femme soupira et bâilla.

— On est bientôt arrivés ? dit-elle, imitant un enfant qui s’ennuyait.

Il la considéra avec amusement.

— Oui, ma petite, la provoqua-t-il. On est arrivés.

Lorsque son regard noir se planta dans le sien, il se fit la réflexion qu’avec cette femme dans sa vie, il ne s’ennuierait plus jamais.

ChapitreTrois

— Je recommande du repos. Il faudrait également que son médecin traitant l’examine. La blessure ne doit pas être mouillée pendant sept à dix jours, ou jusqu’à ce que les fils soient retirés, dit le docteur Fuah.

La femme regardait son bras, le tournant et le retournant avec une lueur appréciative dans les yeux comme si elle avait gagné le trophée de la meilleure blessure de la journée. Qadir ne savait pas s’il devait être exaspéré ou amusé par cette femme déroutante. Elle refusait de lui dire son nom.

— Appelez-moi Wheels, avait-elle répondu en haussant délicatement les épaules.

— Wheels ? Quel drôle de nom !

Elle lui avait adressé son sourire espiègle, les yeux pétillants de malice.

— C’est le meilleur des noms, avait-elle affirmé.

Elle avait même refusé de répondre aux questions du docteur Fuah, pourtant posées avec douceur. Elle avait plaisanté avec ce dernier tandis qu’elle retirait les premières couches de ses vêtements afin qu’il puisse s’occuper de la blessure. Elle avait enlevé chaque vêtement comme si elle faisait un striptease discret pour Qadir et ses yeux l’avaient mis au défi de partir. Il serait parti si elle n’avait pas suggéré qu’il voudrait peut-être rester au cas où elle aurait besoin qu’il lui tienne la main. Son sarcasme avait été aussi évident que son défi.

Il serra les dents. Le pire, dans tout ça, c’était qu’elle avait eu pleinement conscience de l’effet qu’elle lui faisait. L’intensité du charme magnétique de ses yeux s’était frayé un chemin vers le bas de son corps avec la même désinvolture que le mouvement de ses doigts qui avaient défait un à un les boutons de son chemisier bleu délavé.

Il avait retenu son souffle lorsqu’elle avait enlevé la manche gauche et avait montré la blessure en haut de son bras au médecin. Elle ne portait pas de soutien-gorge. Elle avait esquissé un sourire secret tandis qu’elle établissait un contact visuel avec lui et tenait le tissu de telle sorte qu’il avait à peine recouvert les globes laiteux de sa poitrine. Pendant tout ce temps, une lueur d’hilarité et de… défi avait brillé dans ses yeux.

— Vous avez fait du bon boulot, doc. La cicatrice sera à peine visible quand ce sera guéri, je n’aurai pas grand-chose à montrer aux gars pour me vanter, commenta-t-elle, remontant habilement le pan de son chemisier et le boutonnant, ne montrant que ce qu’elle voulait bien laisser voir.

Un grognement mécontent lui échappa avant qu’il ne puisse se retenir et il résista à l’envie ardente de l’embrasser pour faire disparaître son sourire amusé. Par chance, le docteur Fuah manqua leur échange provocateur, tout concentré qu’il était sur la blessure de la jeune femme et non sur les pensées coquines qui traversaient l’esprit de cette dernière.

— Je crains que…, commença le docteur Fuah.

— Je suis en pleine forme, doc. Ne vous en faites pas pour moi, dit-elle en mettant son manteau.

— Docteur Fuah, j’aimerais vous dire deux mots, seul, annonça Qadir.

— Oui… oui, sire.

— Je reviens tout de suite, l’informa-t-il.

— J’ai hâte, ronronna-t-elle, une nouvelle lueur coquine dans les yeux.

Qadir se tourna et sortit de la pièce, suivi par le docteur Fuah. Il avait rencontré certaines des femmes les plus belles et les plus expérimentées au monde, et avait fait l’amour à bon nombre d’entre elles, mais aucune ne l’avait jamais défié. Aucune n’avait jamais flirté avec lui tout en le repoussant. C’était comme si cette femme — Wheels — était née sans instinct de survie, comme le prouvait son comportement dans le hall, quand elle avait affronté les tireurs.

— Qu’est-ce qui vous inquiète ? exigea-t-il de savoir, se tournant vers l’homme âgé et bien en chair qui était son médecin personnel depuis qu’il était enfant.

— Sa maigreur m’inquiète, et j’ai remarqué d’anciennes blessures sur son corps.

Qadir posa le regard sur la porte close derrière Fuah.

— Quel genre d’anciennes blessures ?

— Une blessure par arme blanche et une autre blessure par balle qui ont guéri et laissé des cicatrices. Elle a aussi une importante ecchymose à l’épaule qui doit avoir une semaine peut-être. J’ai peur qu’elle soit peut-être victime de violences conjugales.

La vive inspiration que prit Qadir parut bruyante à ses oreilles.

— Elle semble vouloir que vous soyez là. Elle se confiera peut-être à vous, sire, dit Fuah.

— Je vais m’occuper du problème, déclara calmement Qadir. De quoi avez-vous besoin pour un examen physique plus complet ?

Les lèvres du docteur Fuah tressaillirent d’amusement.

— De son accord… et peut-être d’un peu d’intimité.

Qadir inclina la tête pour signifier qu’il avait compris et masquer son embarras. Il aurait dû savoir que rien n’échappait à l’œil du médecin.

— Dès qu’elle sera à bord de l’avion, je m’assurerai que vous avez tout ce dont vous avez besoin… tant que j’ai un rapport complet.

— Si vous arrivez à la faire monter à bord, alors je serai prêt… avec sa permission, bien sûr, répondit le docteur Fuah avec un petit rire. Quelque chose me dit qu’elle ne sera pas facile à persuader, sire.

— Est-ce qu’une femme m’a déjà repoussé ?

— Non, jamais, sire. Si vous n’avez plus besoin de mes services, j’aimerais voir Nizar. Je ne fais pas assez confiance au système des urgences médicales américain pour leur confier vos meilleurs gardes.

— Bien sûr.

Qadir regarda une nouvelle fois la porte, repensant à chaque instant qu’il avait partagé avec cette mystérieuse femme. Il sourit d’avance.