Les Ténèbres de Midnight - S.E. Smith - E-Book

Les Ténèbres de Midnight E-Book

S.E. Smith

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Beschreibung

Elle est née à la rue ; il est né pour diriger…
Le cheikh Junayd Saif-Ad-Din revêt l’habit royal et sophistiqué de la richesse et du pouvoir. S’il est devenu médecin pour aider son peuple, il est issu d’une longue lignée de guerriers du désert. Le vernis de son apparence convenable se craquelle lorsqu’il assiste à une attaque pendant une réception mondaine — et qu’il rencontre une mystérieuse femme qui émerge des ténèbres.
Bien que vivant à une époque où être indétectable est une tâche monumentale, Midnight Rain évolue dans la société telle une apparition. Son existence a été forgée par le feu de la rue et elle gagne sa vie en protégeant les autres. Elle ne suit que deux règles : ne travailler que de nuit et essayer de rester en vie.
Junayd est déterminé à retrouver la femme énigmatique qui est apparue dans la nuit. Persuadé qu’elle est son Élue, la femme qu’il est destiné à aimer, Junayd est prêt à utiliser toutes les ressources à sa disposition pour la trouver.
Des rues sombres de New York City au beau désert du royaume de Jawahir, le danger guette Midnight et Junayd. Deux guerriers des temps modernes, l’un qui vit dans les ténèbres et l’autre qui s’épanouit dans la lumière du désert, peuvent-ils vaincre un homme dérangé qui veut leur mort ?
Meilleures ventes USA Today et NY Times, l’auteur de renommée internationale S.E. Smith présente une nouvelle histoire avec l’humour et les rebondissements imprévisibles qui la caractérisent ! Des aventures excitantes, des romances torrides et des personnages iconiques lui ont valu de nombreux fans. Plus de DEUX MILLIONS de livres vendus !

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Les Ténèbres de Midnight

S.E. SMITH

Remerciements

Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !

Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !

—S.E. Smith

Les Ténèbres de Midnight : Filles des rues, Tome 3

Copyright © 2024 par Susan E. Smith

Publication E-Book en anglais Novembre 2022

Publication E-Book en français Juillet 2024

Traduit Par : Charlotte Spender

Relu Par : Gaëlle Darde

Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing

TOUS DROITS RÉSERVÉS :

Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur. Aucune partie de l’œuvre de l'auteur ne pourra être utilisée pour l'entraînement d'une IA sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur. Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.

Résumé : Un cheikh royal tombe sous le charme d’une femme qui vit dans les ténèbres de la nuit.

ISBN : 9781963823202 (livre de poche)

ISBN : 9781963823196 (eBook)

Romance avec des scènes explicites | Aventure | Contemporain | Romance Glamour & Jet Set | Amants Internationaux

Publié par Montana Publishing, LLC

& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com

Elle est née à la rue ; il est né pour diriger…

Le cheikh Junayd Saif-Ad-Din revêt l’habit royal et sophistiqué de la richesse et du pouvoir. S’il est devenu médecin pour aider son peuple, il est issu d’une longue lignée de guerriers du désert. Le vernis de son apparence convenable se craquelle lorsqu’il assiste à une attaque pendant une réception mondaine — et qu’il rencontre une mystérieuse femme qui émerge des ténèbres.

Bien que vivant à une époque où être indétectable est une tâche monumentale, Midnight Rain évolue dans la société telle une apparition. Son existence a été forgée par le feu de la rue et elle gagne sa vie en protégeant les autres. Elle ne suit que deux règles : ne travailler que de nuit et essayer de rester en vie.

Junayd est déterminé à retrouver la femme énigmatique qui est apparue dans la nuit. Persuadé qu’elle est son Élue, la femme qu’il est destiné à aimer, Junayd est prêt à utiliser toutes les ressources à sa disposition pour la trouver.

Des rues sombres de New York City au beau désert du royaume de Jawahir, le danger guette Midnight et Junayd. Deux guerriers des temps modernes, l’un qui vit dans les ténèbres et l’autre qui s’épanouit dans la lumière du désert, peuvent-ils vaincre un homme dérangé qui veut leur mort ?

Meilleures ventes USA Today et NY Times, l’auteur de renommée internationale S.E. Smith présente une nouvelle histoire avec l’humour et les rebondissements imprévisibles qui la caractérisent ! Des aventures excitantes, des romances torrides et des personnages iconiques lui ont valu de nombreux fans. Plus de DEUX MILLIONS de livres vendus !

ChapitreUn

New York City :

Un léger front froid avait traversé la ville la nuit précédente et à présent que les derniers rayons de soleil disparaissaient à l’horizon, l’air fraîchissait de nouveau. Assise sur une poutre sous le pont de Brooklyn, Midnight Rain coupa un morceau de pomme à l’aide de sa longue lame affûtée. Elle mâcha lentement en regardant le dernier ferry de la journée effectuer sa dernière boucle autour de Manhattan et sur l’East River.

Le coucher du soleil était un moment spécial. C’était la seule lumière du jour qu’elle voyait. Alors que la plupart des gens dînaient en famille, elle se réveillait. La nuit était son moment. Les ténèbres étaient ses amies. Ceux qui s’attaquaient aux faibles étaient sa subsistance.

Ça me fait presque passer pour un vampire, pensa-t-elle, pince-sans-rire.

Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle sentit la raideur de la cicatrice qui traçait une ligne irrégulière du coin de sa lèvre jusqu’à son œil. C’était une vieille blessure, à peine digne d’être remarquée à présent. Pourtant, chaque fois qu’elle sortait, elle se couvrait le visage pour la cacher.

Elle était en train de finir son petit-déjeuner quand son téléphone vibra. D’un geste précis du poignet, elle lança le trognon de pomme dans les airs. La mouette qui avait patiemment attendu à un mètre de là sur une autre poutre plongea gracieusement et le rattrapa avant qu’il ne tombe à l’eau.

Midnight sortit son téléphone de sa poche et tendit les jambes. Deux photos apparurent dans ses messages. La première était celle d’une adolescente d’une quinzaine d’années. Elle souriait et levait deux doigts en signe de paix. La seconde image était une capture d’écran d’une affiche de personne disparue.

Cinq mille dollars étaient offerts pour toute information sur l’endroit où se trouvait Mandie Martin ou son retour chez elle. L’image familière d’un insecte qui traversa son écran apparut en même temps qu’un message : Intéressée ?

Midnight haussa les sourcils et sourit.

Bs, écrivit-elle. Bien sûr.

Les caméras ont enregistré ça cet après-midi.

Mandie apparaissait sur une vidéo de la circulation à l’image granuleuse et de nouveau à l’intérieur d’une boutique sur la Cinquième Avenue. L’adolescente était en compagnie d’une personne que Midnight reconnut : Hilde Karr, riche mondaine et baronne des nantis et des pervers. Cette femme s’en prenait à des jeunes filles effrayées et les envoyait vers des hommes assez âgés pour être leur père et parfois même leur grand-père.

Mandie n’avait pas l’air de vouloir être là. Les images de surveillance de la boutique montraient Hilde en train de frapper la fille — dans le dos, là où les marques ne se verraient pas — en réponse à sa réticence évidente.

Si Midnight savait ce que faisait Hilde, le prouver devant une cour de justice était presque impossible. Cette femme pourvoyait aux besoins des riches et des puissants, le genre de personnes qui faisaient disparaître ces choses exaspérantes qu’étaient les preuves et les témoins. Menaces, chantage, intimidations et pots-de-vin faisaient taire les garçons et les filles victimes de ce trafic.

Midnight espérait que la situation était sur le point de changer. Une jeune victime qui refusait de témoigner lui avait récemment confié qu’Hilde était vieux jeu, préférant tout noter sur papier plutôt que sur ordinateur. Si elle parvenait à retrouver le registre des clients de cette femme, Midnight pourrait enfin l’arrêter et contrecarrer les pervers qui s’en prenaient aux innocents. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était le donner à la bonne personne… et elle en connaissait quelques-unes qui croyaient encore au bien. Cette idée l’enthousiasma.

Il y a un nom sur la facture ? écrivit-elle.

Ouais. Société-écran appartenant à Oliver Quest.

Midnight siffla entre ses dents. Oliver Quest était actuellement l’un des plus gros bonnets du pays. Acheter des cadeaux à une jeune adolescente sans lien de parenté et travailler avec Hilde ne présageait rien de bon pour son avenir.

Merci. Tu sais quoi faire, répondit Midnight.

AP.

Midnight gloussa. Elle aussi assisterait à la suite « avec plaisir ». Elle tapota son téléphone contre son genou. Devait-elle appeler les parents de Mandie et leur transmettre les informations qu’elle avait déjà trouvées ? Elle décida d’attendre ; elle ne voulait pas leur donner de faux espoirs. Si tout allait bien, Mandie rentrerait chez elle saine et sauve dans la soirée.

À présent, il ne restait plus qu’à sauver la fille. Midnight se leva sur son perchoir et se mit à escalader, passant d’une poutre à l’autre avec l’agilité d’un acrobate, et rejoignit l’accès de service.

Quelques minutes plus tard, elle marchait sur le trottoir au bord d’une route particulièrement fréquentée. Elle savait où serait Oliver ce soir-là. Un riche philanthrope organisait un grand dîner pour le sénateur de l’État de New York qui connaissait une ascension fulgurante. Quest espérait devenir le prochain vice-président.

* * *

Le cheikh Junayd Saif-Ad-Din descendit les marches vers la limousine et écouta son assistant l’informer du programme de la soirée. C’était comme d’habitude : une réunion avec le directeur d’un hôpital, la visite d’un nouveau centre chirurgical, une réunion avec l’ambassadeur de Jawahir…

— … suivi par un dîner organisé par M. Albert Benning. Je crois que le prochain candidat à la vice-présidence sera présent.

Junayd grimaça. L’on attendait de lui qu’il assiste à la soirée avec une invitée. Une liste de noms tourna dans son esprit et il choisit celle qui serait la moins intrusive et la plus divertissante le temps de sa courte visite. Au défilé de mode de la veille, Gina Collingsworth, une mondaine récemment divorcée, avait fait comprendre qu’elle ne refuserait pas un appel de sa part.

Ils montèrent dans la limousine, les gardes du corps de Junayd fermèrent les portières, et Ashar poursuivit :

— Comme cette dernière réunion a duré plus longtemps que prévu, je crains de devoir reporter soit la réunion avec le docteur Housing, soit la visite du centre chirurgical, soit la réunion avec l’ambassadeur Kahin. Que préférez-vous ?

— Demandez au docteur Housing de me retrouver au nouveau centre chirurgical. On pourra faire notre réunion pendant qu’il me fait visiter. Appelez Isam et demandez-lui de venir au dîner de Benning avec sa femme. Et appelez Mme Gina Collingsworth, s’il vous plaît. Dites-lui que je lui enverrai une voiture à vingt heures ; elle sera mon invitée pour le dîner. Si vous avez besoin de son numéro de téléphone, l’organisateur de l’événement d’hier soir devrait pouvoir vous le donner.

Ashar esquissa un sourire en coin.

— Mme Collingsworth a appelé plusieurs fois aujourd’hui en demandant à vous parler. J’utiliserai le numéro qu’elle a laissé.

Junayd étouffa un rire penaud.

— Merci de ne pas me l’avoir transférée.

— Je vous en prie, sire.

Junayd adressa un bref sourire à l’homme âgé et corpulent avant de se laisser aller avec lassitude contre l’appui-tête rouge. La semaine n’avait été qu’une longue suite de réunions et d’événements, mais tandis qu’il regardait la brume grise et froide par la vitre, ce fut le mal du pays qui lui pesa le plus. La chaleur des journées et les froides nuits étoilées du désert de Jawahir lui manquaient. Ici, comme dans toutes les villes du monde qu’il avait visitées, il était impossible de voir la moindre étoile.

* * *

Trois heures plus tard, Junayd regrettait de ne pas s’être rendu seul au dîner de Benning. L’odeur nauséabonde du parfum de sa cavalière lui brûlait le nez et la gorge. En raison de ses connaissances médicales, il lui fut impossible de manquer les minuscules cicatrices des chirurgies esthétiques les plus récentes de Gina, et si elle pressait ses seins durs comme de la roche encore une fois contre lui, il finirait peut-être bien par lui dire qu’elle aurait dû en choisir une paire plus douce au lieu d’opter pour la fermeté.

Après avoir fait signe à Isam de distraire la mondaine collante, il retira prudemment ses griffes rouges de son bras et appela son assistant d’un geste de la main. Ashar apparut à côté de lui, l’expression neutre, bien que Junayd perçoive son amusement.

— Veillez à ce que Mme Collingsworth rentre chez elle sans moi, ordonna-t-il.

Junayd préférait encore s’occuper lui-même de ses besoins sexuels plutôt que de coucher avec la fiancée de Frankenstein. Un frisson le parcourut. Il avait besoin de prendre l’air.

— Oui, sire, répondit Ashar en s’inclinant lentement.

Junayd se fraya un chemin à travers la foule et sortit sur le balcon du premier étage. Deux escaliers identiques incurvés descendaient de chaque côté vers les jardins sud du parc luxuriant de la demeure. Son souffle forma un nuage blanc tandis qu’il laissait la porte se fermer derrière lui. Le froid fit du bien à sa chair brûlante.

L’espace d’un instant, il ferma les yeux et imagina qu’il ne se tenait pas sur un balcon au-dessus d’un jardin méticuleusement entretenu, mais que ses pieds s’enfonçaient dans le sable. Il s’imagina entendre le sable soulevé par le vent, et voir les dunes s’étendre à l’horizon et le ciel, tel un vaste ami accueillant, dont les motifs familiers scintillaient vivement et distinctement.

Alors qu’il n’était perdu dans ses pensées que depuis quelques secondes, Junayd entendit un petit cri de détresse. Il s’enfonça dans l’ombre et scruta les alentours. Dans la lumière projetée par les fenêtres, il vit une femme de petite taille qui se faisait tirer sans ménagement sur la pelouse par un homme rondelet. Il se raidit quand l’homme la frappa. Elle tomba à genoux avec un autre cri étouffé. Junayd appuya sur le bouton de la radio à sa montre.

— J’ai besoin de deux gardes dans les jardins sud, près du gros arbre. Une femme a des ennuis, ordonna-t-il.

L’homme continuait de la frapper. Les gardes de Junayd les plus proches étaient à l’avant du bâtiment. Il leur faudrait plusieurs minutes pour arriver.

L’assaillant traînait la femme vers l’imposant chêne. Junayd eut soudain peur que ses gardes n’arrivent pas à temps. À l’instant où il s’élança dans l’escalier de gauche, un autre cri retentit, poussé par l’homme cette fois. Soulagé à l’idée que ses gardes soient arrivés dans un temps record, il s’arrêta sur les marches du haut pour regarder.

Une ombre tournait de façon menaçante autour de l’homme. Junayd écarquilla les yeux. L’homme plongea vers la petite femme figée au sol par la peur, mais retomba en arrière lorsque l’ombre frappa de nouveau. L’attaque était magnifique dans son exécution. Un coup précis à la gorge réduisit les cris de l’homme au silence. Un autre le toucha au ventre, puis aux jambes. Le bruit d’un os qui se brisa dans son bras fit grimacer Junayd. L’ombre le lâcha et l’homme tomba sur le sol, où il se balança en poussant de petits gémissements de douleur étouffés.

Junayd pencha la tête avec curiosité quand l’ombre s’accroupit lentement près de la femme, son langage corporel exprimant sa compassion. Quelques instants plus tard, la victime arrêta de sangloter, hocha la tête et se leva sur des jambes tremblantes avec l’aide de l’inconnu.

Elle disait quelque chose à son sauveur, mais le guerrier avait marqué une pause et s’était tourné vers la maison. Junayd frissonna au moment où les yeux perçants du héros le trouvèrent.

Il savait que c’était impossible. Dans l’obscurité, avec sa chemise en soie noire, son smoking noir et même la couleur de sa peau et de ses cheveux, il devait être invisible. Pourtant, il était certain que cette personne, qui s’était enveloppée dans les ténèbres tout aussi efficacement que lui, le voyait comme s’il se tenait sous un projecteur.

Cet instant ne dura que quelques secondes, puis l’inconnu recula lentement vers les profondeurs plus sombres encore du jardin et disparut complètement. Libéré de ce regard captivant, Junayd continua de descendre les marches. Le temps qu’il arrive, trois de ses gardes du corps, Issa Zayn, Hyder Faiz et Yahya Walid étaient près de l’arbre.

Une très jeune femme, un côté du visage gonflé, la lèvre en sang et la robe déchirée au niveau de l’épaule, tremblait de façon incontrôlable entre Issa et Hyder. Agenouillé à côté de l’homme étendu à terre, Yahya appelait une ambulance.

Junayd retira sa veste, s’approcha encore de l’adolescente et constata que si elle avait été agressée et était sous le choc, elle ne semblait pas souffrir de blessures qui nécessitaient des soins immédiats.

— Mets ça, lui proposa-t-il doucement.

— Me-me-merci, balbutia-t-elle.

— Quel âge as-tu ? demanda-t-il d’une voix calme et apaisante.

Elle leva des yeux hébétés et brillants de larmes vers lui.

— Quinze ans.

Junayd se raidit et baissa les yeux vers l’homme qui gémissait, toujours sur le sol. À en juger par l’odeur, il sut qu’Oliver Quest s’était pissé dessus. Sa mâchoire se contracta de mépris.

— Protégez cette fille. Veillez à ce qu’elle soit emmenée à l’hôpital et examinée. Prévenez sa famille et ne la quittez pas d’une semelle jusqu’à ce qu’elle arrive, ordonna-t-il à Issa et Hyder.

— Oui, sire. Et pour celui-là ? s’enquit Yahya, toujours agenouillé à côté d’Oliver.

— Laissez-le. Les ambulanciers et la police s’occuperont de lui.

Il conduisit la fille à un banc non loin de là et l’encouragea à s’y asseoir. Quelques minutes plus tard, sa famille avait été prévenue et le bruit de sirènes retentissait. Des invités curieux ainsi que la sécurité personnelle de Quest commençaient à sortir. Il ne fallut pas longtemps pour que tous ses gardes forment un demi-cercle protecteur autour de lui.

Ashar tendit son pardessus en cachemire à Junayd et ils prirent place sur les bancs en fer forgé froids du jardin. Oliver Quest était toujours sur le sol, son expression douloureuse à la fois calculatrice et offensée sous les regards hostiles des hommes qui l’entouraient. L’adolescente, immobile, avait la respiration tremblante et serrait la veste de smoking de Junayd contre sa silhouette délicate.

Lorsque la police et le personnel médical arrivèrent, Junayd donna sa déposition, décrivant en détail ce à quoi il avait assisté, bien qu’il ne puisse évidemment être que vague concernant la mystérieuse personne qui était venue en aide à la fille.

La foule curieuse se dispersa lentement pour retourner à la chaleur de la maison. À mesure qu’elle s’éloignait, les murmures se fondirent en arrière-plan. Junayd resta où il était, car il sentait que le sauveur de la fille était toujours là, à regarder la suite des événements.

Ashar hésita et fronça les sourcils en voyant que Junayd ne bougeait pas.

— Sire ?

— Attendez-moi devant. Emmenez les gardes. Je vous rejoins bientôt, ordonna-t-il.

— Je… oui, sire, répondit Ashar en s’inclinant brièvement.

Junayd attendit que tout le monde soit parti pour se tourner face à l’arbre centenaire. Enfonçant ses mains dans ses poches, il en fit lentement le tour en scrutant attentivement les ténèbres à la recherche du moindre signe de mouvement. Les minutes passèrent en silence et il commença à se demander s’il ne s’était pas trompé. Il s’arrêta de l’autre côté du tronc. Une branche basse pencha vers le sol avant de se redresser d’un coup.

— Vous lui avez cassé le bras, dit-il, attendant de voir si l’ombre lui répondrait.

— Il le méritait… en fait, il méritait bien plus, déclara une voix basse.

Junayd fit volte-face, tentant de localiser son interlocuteur. Ses yeux se posèrent sur la haie de haute taille. Il fit un pas en avant et s’arrêta.

— Vous avez raison. Dans mon pays, dans le désert, je l’aurais tué pour avoir agressé une femme comme ça, dit Junayd.

— Pas une femme, une enfant. Quand j’en aurai fini avec lui, il regrettera de ne pas être dans votre désert.

La note chantante de la voix caressa ses sens. Une onde de choc l’ébranla au moment où il prit conscience que la personne qui parlait était une femme. Son corps réagit à la voix rauque comme si elle murmurait directement à son âme.

— Qui êtes-vous ? exigea-t-il de savoir.

— Je suis la vengeance, la justice, la conscience perdue de quelqu’un.

Elle était partout autour de lui. Chaque fois qu’il se tournait, il sentait qu’elle s’était déplacée, bien qu’il n’arrive pas à la distinguer. Elle était comme la zala alqamar aleayim, l’ombre flottante de la lune qui balayait les dunes la nuit et donnait l’impression qu’elles étaient vivantes.

— Choisissez le nom que vous voulez, répondit-elle.

— Je veux…, commença-t-il d’une voix éraillée.

Les mots lui furent arrachés avant qu’il n’ait le temps de finir sa pensée, et les prononcer à haute voix le dérouta assez pour qu’il s’arrête de lui-même. Il ne savait pas ce qu’il voulait, mais il le voulait.

— Que voulez-vous, docteur Junayd Saif-Ad-Din ? demanda-t-elle d’une voix envoûtante.

Il se tourna lentement vers le tronc de l’arbre, captivé par le parfum d’orange et de vanille qui submergea ses sens. Sa respiration se fit sifflante lorsqu’elle s’avança dans un rayon de lune qui filtrait à travers les branches nues du vieux chêne.

Un foulard rouge foncé lui couvrait le bas du visage. Seuls ses yeux en amande et son front étaient visibles. Sa peau était pâle et ses yeux avaient la couleur profonde du chocolat noir, encadrés par de longs cils noirs qui semblaient incroyablement doux. Elle avait des cheveux noirs aux reflets bleus qui retombaient en épaisses vagues dans son dos et par-dessus son épaule, à peine retenus dans une simple queue de cheval basse.

Elle ne portait que des vêtements noirs moulants. Son regard se posa sur le tonfa noir dans un fourreau à sa taille. Ce bâton de bois équipé d’une poignée perpendiculaire au tiers de sa longueur était connu pour sa capacité à mettre un adversaire hors d’état de nuire d’un seul coup bien placé. C’était une arme inhabituelle pour un Américain.

Il était prêt à parier son meilleur pur-sang arabe que ce n’était pas la seule arme qu’elle avait sur elle, mais ce furent ses yeux qui retinrent toute son attention pendant qu’elle s’approchait de lui. Elle avait le pas si léger qu’il ne l’entendait pas marcher par-dessus le bruit de la circulation et du vent.

Il ne connaissait que très peu de gens qui se déplaçaient avec autant de fluidité qu’elle. Elle tourna autour de lui en veillant à rester juste hors de portée, et il fut subjugué.

— Comment connaissez-vous mon nom ?

Le petit rire de l’inconnue raviva les flammes qui brûlaient en lui. Un désir comme il n’en avait jamais connu s’empara de lui — brut, primitif et incroyablement possessif. Il eut envie de la capturer, de l’allonger sur le sol et de la revendiquer sous le clair de lune.

— « Oui, sire », dit-elle en imitant la voix d’Ashar, même si la sienne exprimait bien plus d’amusement. Il n’y a qu’un seul cheikh qui se comporte comme un médecin. L’AMA pourrait vous réprimander pour avoir refusé une assistance médicale au pauvre Oliver, mais ne vous en faites pas, je ne leur dirai pas, plaisanta-t-elle.

Il resta immobile tandis qu’elle recommençait à lui tourner autour. Elle se rapprochait un peu plus à chaque tour. Il ne pouvait que se demander si elle avait conscience de l’effet qu’elle lui faisait.

— Je ne suis pas les règles de votre Association médicale américaine… pas tout le temps, répondit-il.

Ses paupières s’abaissèrent lorsqu’il sentit sa main glisser dans le bas de son dos. Son besoin se raviva et il serra les dents. Elle marqua une pause, comme si elle sentait le raz-de-marée de désir avec lequel elle jouait.

— Et quelles règles suivez-vous, Junayd ? murmura-t-elle.

ChapitreDeux

Quelques minutes plus tôt :

Assise immobile sur une branche de l’imposant chêne dépouillé de son feuillage, Midnight regardait la scène se dérouler en dessous. Quiconque lèverait les yeux penserait qu’elle faisait partie de l’arbre. Sa réticence à partir était en partie due au devoir qu’elle se faisait de s’assurer que Mandie ne retomberait pas entre les mains d’Hilde, mais aussi à la curiosité qu’éveillait l’homme élégant qui avait assisté à l’agression.

Le cheikh Junayd Saif-Ad-Din l’avait surprise. Il s’était occupé de la fille battue et ébranlée au lieu du riche politicien qui pouvait encore devenir le vice-président de l’un des plus puissants pays du monde. La plupart des invités de cette grande soirée auraient fermé les yeux au premier signe d’un quelconque problème.

Midnight envoya un rapide message aux parents de la fille pour leur dire où elle se trouvait et les prévenir que Mandie était légèrement blessée et secouée, mais qu’elle s’en sortirait. Remettant son téléphone dans sa poche, elle observa Junayd en silence. Il était d’une beauté à couper le souffle avec une mâchoire ciselée et une barbe bien taillée. Ses cheveux avaient la couleur de la nuit, noirs avec des reflets bleus sous le clair de lune. Elle ne voyait pas très bien ses yeux, mais elle savait qu’ils seraient marron foncé comme les siens.

— Vous avez vu quelqu’un d’autre ici ? interrogea le policier.

— Oui, la personne qui a défendu la fille, répondit Junayd.

— « Défendu » ? s’exclama l’homme.

Son visage refléta l’incrédulité et la colère, puis il se ressaisit pour prendre une expression neutre.

— Euh… Alors, vous ne croyez pas que la… « défense » a été… excessive… monsieur ? demanda-t-il prudemment.

— Pas plus que ce que Quest méritait, rétorqua doucement Junayd.

Midnight sourit. La défense de l’image du sénateur s’organisait déjà. Ils préféreraient dire que Quest avait défendu la fille contre un justicier autoproclamé brutal et rejeter la responsabilité de l’attaque de la fille sur l’inconnu.

Elle ne s’inquiétait pas. Le temps que leur défense soit prête, de si nombreuses branches du gouvernement local, étatique et fédéral seraient mises au courant des choses horribles que Quest avait faites qu’il ne pourrait plus aller aux toilettes sans que quelqu’un le sache. Bugs y veillerait.

— Vous pouvez décrire la personne qui a attaqué le sénateur Quest ? demanda le policier.

— Non, répondit Junayd.

L’homme fronça les sourcils et insista, mais le cheikh lui refit la même réponse monosyllabique. Frustré, le policier finit par fermer brusquement son carnet de notes. Le respect qu’elle avait pour le prince de Jawahir monta encore d’un cran. Cet homme savait prendre les gens.

Après le départ de tout le monde, il resta sous l’arbre. La curiosité la figea malgré la sonnette d’alarme qui retentissait en elle, et quand Junayd parla, elle ressentit le besoin de répondre. Il dégageait quelque chose qui l’attirait sur un plan primitif. Elle avait une folle envie de le toucher.

Comme un insecte avec une lumière, songea-t-elle en tournant autour de lui.

Mais elle céda ; elle fit glisser sa main dans le bas de son dos et observa sa réaction. Il était immobile et ne la suivait que des yeux comme s’il la mettait au défi de s’approcher… ce qu’elle fit.

— Quelles règles suivez-vous, Junayd ? demanda-t-elle.

La voix du cheikh fut sensuelle lorsqu’il répondit.

— Celles du désert, raqisat alqamar.

Elle pencha la tête sur le côté et s’arrêta à l’ombre d’une branche d’arbre plutôt que devant lui, là où brillait le clair de lune. Des yeux marron foncé flamboyants se plantèrent dans les siens. Elle leva le menton face à son défi silencieux.

— Ça veut dire quoi, raqisat alqamar ?

— Danseuse de la lune.

Midnight haussa un sourcil, mais ne répondit rien. Ils continuèrent à se jauger. À quoi pouvait-il penser ? Craignit-il qu’elle puisse l’attaquer ? Elle chassa immédiatement cette pensée. Elle lisait un certain amusement dans ses yeux, pas de la peur ni de la méfiance. Au contraire, ce devrait être à elle de craindre qu’il l’attaque, et de craindre d’aimer un peu trop ça s’il le faisait.

— Pourquoi n’avez-vous pas dit à la police ce qu’ils voulaient entendre ?

— La vérité est importante, répondit-il, l’air surpris de devoir énoncer une évidence. Surtout quand ça n’arrange pas les autres. Le policier voulait savoir qui avait attaqué le sénateur Quest, impliquant par là qu’il était la victime. Vous ne l’avez pas attaqué, vous défendiez la fille.

Il haussa élégamment les épaules et la regarda dans les yeux.

— Elle mérite justice, conclut-il.

Midnight lâcha un rire surpris qui franchit à peine la barrière de son foulard.

— Quelles sont les règles du désert ?

Alors qu’il ouvrait la bouche pour répondre, un cri provenant de la maison attira son attention. Midnight sentit un élan de regret au moment où elle retourna sans un bruit dans l’ombre. M. Benning traversait la pelouse. Sa rencontre avec Junayd touchait à sa fin.

Elle recula assez pour qu’aucun des deux hommes ne puisse la voir et s’accroupit près d’un grand buis. Son cœur se mit à battre plus vite lorsque Junayd tourna lentement sur lui-même pour la chercher. L’espace d’une seconde, elle se demanda s’il la voyait, car son regard sembla s’arrêter près de l’endroit où elle se trouvait, puis il leva les yeux vers le grand chêne.

Il murmura un juron en arabe et se tourna vers Albert Benning. Midnight attendit que les deux hommes aient disparu dans la maison pour bouger. L’impatience était une erreur qui pouvait avoir des conséquences mortelles.

Se levant, elle repartit vers une entrée de service cachée par rideau de lierre, qu’elle écarta pour se fondre dans les ténèbres de la nuit.

* * *

Junayd monta dans la limousine, sortit son téléphone et passa un appel. Il attendit impatiemment que son interlocuteur réponde. Quand son frère grommela des salutations dénuées de toute politesse, il grimaça. Il avait visiblement dérangé Jameel au mauvais moment.

— J’ai besoin de ton aide. Je suis désolé, mon frère, ajouta-t-il. Je ne savais pas qui appeler d’autre.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu es en danger ? Il faut que je contacte Qadir et Tarek ?

Junayd réprima un rire.

— Non. J’ai besoin que tu opères ta magie sur une vidéo de surveillance et que tu identifies une femme pour moi.

Le silence se fit à l’autre bout du fil. Un silence qui s’éternisa et commença à lui taper sur les nerfs. Après une minute, il entendit un long souffle sifflant.

— Tu es en train de me dire que tu m’as réveillé au milieu de la nuit pour te trouver une femme ? clarifia Jameel.

— Pas juste une femme, une femme mystérieuse qui a cassé le bras d’un candidat potentiel au poste de vice-président des États-Unis, répondit-il, un sourire aux lèvres.

Il entendit son frère murmurer quelque chose à quelqu’un et prit conscience que Jameel ne dormait pas malgré le fait que c’était le milieu de la nuit. Un juron suivi du bruit du téléphone qui tombait sur le sol força Junayd à éloigner son portable de son oreille. Il était reconnaissant de ne pas avoir appelé son frère en vidéo.

— D’accord, tu peux répéter ? demanda Jameel d’une voix légèrement essoufflée.

— Ça peut attendre demain matin, je suppose, répondit-il à contrecœur.

— Pour l’amour de… ! Tu as mon attention, maintenant ; tu veux bien me dire dans quoi tu t’es fourré ? Tu sais que tu es censé être le plus raisonnable de nous quatre.

Junayd laissa échapper un petit rire.

— La femme que j’ai rencontrée ce soir… elle était incroyable, Jameel. Je crois que c’est mon Almukhtar.

Le bruit d’une nouvelle chute du téléphone le fit rire. Il se sentait vivant, revigoré et, pour la première fois depuis des années, stimulé. Les jurons fleuris de son frère lui emplirent l’oreille.

— Tu as bu ? Tu t’es cogné la tête ? Qu’avez-vous fait de mon frère ? interrogea Jameel d’une voix rauque.

— Respire, Jameel, rit-il.

— Je t’ai en vidéo maintenant. Je vois ton oreille, fit remarquer son jumeau.

Junayd éloigna le téléphone de son oreille et regarda son frère échevelé.

— Je l’ai rencontrée et… je n’avais jamais ressenti ce genre d’énergie jusqu’à maintenant. Elle était…

Il éloigna le téléphone de son visage et tenta de retrouver une expression impassible.

— D’accord. Commence par le commencement. Tu l’as rencontrée où ? Elle s’appelle comment ? Tu as une photo d’elle ? Attends un peu, si elle est mystérieuse, ça veut dire que tu ne connais pas son nom ? Pourquoi elle est sur une vidéo de surveillance et comment ça, elle a cassé le bras d’un potentiel vice-président des États-Unis ? exigea de savoir Jameel en passant une main dans ses cheveux déjà ébouriffés.

— Non, je n’ai pas son nom. Je n’ai pas de photo d’elle, tout ce que j’ai vu, ce sont ses yeux… et ses cheveux, et son corps… et sa voix était…

Il se racla la gorge.

— Oliver Quest attaquait une adolescente à un événement auquel j’assistais et cette femme est sortie de nulle part pour le passer à tabac.

Jameel prit le temps d’assimiler ce qu’il venait de dire, la tête penchée sur le côté.

— Alors, tu ne sais absolument rien sur cette femme ? Tu ne connais pas son nom, tu ne sais pas où elle vit, d’où elle vient. Si je comprends bien, tu ne sais même pas à quoi elle ressemble, mais tu penses quand même que c’est ton Almukhtar, dit son jumeau en se laissant tomber sur la chaise de son bureau.

— Oui.

— Où est la vidéo ? demanda Jameel avec un soupir fatigué.

— Je la téléchargerai dès que je serai rentré à l’appartement.

— J’attendrai. J’avais fini, de toute façon, marmonna-t-il.

— Je suis désolé, Jameel. Mais j’ai besoin de la trouver.

— Envoie-moi la vidéo et je verrai ce que je peux trouver, promit Jameel.

— Merci.

Son frère haussa les épaules.

— Tu n’as pas interrompu grand-chose, avoua-t-il.

Junayd raccrocha et se détendit sur son siège. Il joua avec la clé USB qu’Albert lui avait donnée. L’inquiétude le rongea à l’idée soudaine qu’il puisse ne jamais revoir cette femme. Il maudit Albert de les avoir interrompus avant qu’il n’ait le temps de découvrir le nom de l’inconnue ou de voir son visage.

Il ferma les yeux, se remémorant la sensualité du mouvement de la main de sa danseuse de la lune dans le bas de son dos. La limousine s’arrêta au pied de l’immeuble où il logeait. Yahya et Ziya scrutèrent le trottoir avant d’ouvrir la portière, puis les portes du hall luxueux.

L’ascenseur qui le menait au penthouse que sa famille utilisait généralement lorsqu’elle était à New York lui parut inhabituellement lent. Il tapota impatiemment la clé USB contre sa jambe. Quelques secondes plus tard, il entra dans l’appartement. Il ne s’arrêta pas pour retirer son manteau.

Dix frustrantes minutes plus tard, il regardait, incrédule, l’horodatage repasser en boucle. Quelqu’un l’avait effacée des images.

La vidéo montrait Quest qui traînait la fille et la frappait. Ensuite, elle passait à Quest qui gisait au sol et à l’arrivée de ses gardes du corps, suivis par les ambulanciers et la police. Il n’y avait aucune image de lui avec la femme.

Il aurait dû la trouver grâce à l’une des dizaines de caméras de surveillance, mais toutes les parties avec la femme avaient disparu des vidéos.

ChapitreTrois

— Tu es en train de rendre fou ce pauvre gars, Mimi, commenta Junebug Rain en tournant sur sa chaise de bureau.

— Tu vas être malade si tu continues à faire ça, répondit distraitement Midnight.

Bugs rit et tourna une nouvelle fois sur elle-même avant de se lever d’un coup. Midnight secoua la tête devant les pitreries de sa petite sœur. À vingt-trois ans, elle avait tout juste un an de plus que Bugs, pourtant, elle se sentait centenaire par rapport à sa sœur hyperactive.

Elles étaient le jour et la nuit. Tandis que Midnight avait des cheveux d’un noir de jais et un corps mince à l’allure de garçon manqué, Bugs était une Vénus miniature avec ses formes voluptueuses. Ses cheveux blond vénitien et ses yeux bleu clair lui venaient de leur mère alors que Midnight avait hérité de son père… du moins le supposait-elle.

Les sœurs ne savaient pas réellement si elles avaient un lien biologique. Leur mère disait qu’elle les avait trouvées une nuit claire à Central Park et elle jurait qu’elles avaient été laissées là par les fées. Rainbow Rain avait vécu sa vie comme elle l’entendait jusqu’au jour de son décès, deux ans auparavant.

— Tu m’ignores ? demanda Bugs, s’approchant avec le plan du pont et les documents des normes de construction locales.