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Indiana Wild est aussi sauvage que la nature qui entoure le ranch du Montana où elle a grandi. Benjamine d’une famille de quatre enfants, elle a été une agréable surprise pour ses parents déjà âgés. Elle passe son temps à dresser les chevaux et les chiens de berger, et à profiter de la liberté qu’offrent les grands espaces. Quand son grand-père décède, Indiana découvre que ses frères, beaucoup plus âgés qu’elle, ont des projets différents pour le ranch qu’elle considère comme son foyer et pour elle
Le frère aîné d’Indiana est déterminé à la dompter et à l’obliger à vivre avec lui à Los Angeles, où il pourra avoir un œil sur elle et sur l’argent dont elle a hérité. Il compte lui trouver un bon mari, qui saura la contrôler. Furieuse à cause de la décision de justice qui la place sous la tutelle de son frère aîné, Indiana se tourne vers le seul endroit où elle se sent chez elle : les grands espaces du Montana. Elle est résolue à éviter ses frères manipulateurs et leur cupidité, même si cela signifie se cacher d’eux jusqu’à ce qu’ils abandonnent, mais franchir la passe des Esprits fait voyager Indiana plus loin qu’elle ne l’aurait jamais imaginé… de près de cent cinquante ans.
Jonathan Tucker est un vrai dur. Son frère jumeau et lui ont monté avec succès un ranch de chevaux et de bétail dans le rude territoire du Montana. Lorsque des voleurs de bétail tentent de s’emparer de ses bêtes et tirent sur l’un de ses hommes, il est reconnaissant envers le jeune garçon nommé Indy qui lui vient en aide, même si ce dernier a beaucoup de caractère. Jamais il n’aurait imaginé que le « garçon » est en fait une femme indépendante, libre penseuse et entêtée, qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense. Elle est aussi sauvage que les terres qui les entourent, et il sait sans l’ombre d’un doute qu’elle est la femme qu’il lui faut.
Quand Indiana lui est enlevée, Jonathan découvre qu’il est prêt à tout pour ramener son Indiana Wild à la maison, même si cela signifie la suivre dans le futur.
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine d’aventure et de romance. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
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Seitenzahl: 374
Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !
Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !
—S.E. Smith
Indiana Wild : La Passe des Esprits, Tome 1
Copyright © 2024 par Susan E. Smith
Publication E-Book en anglais Avril 2013
Publication E-Book en français Octobre 2024
Traduit Par : Charlotte Spender
Relu Par : Gaëlle Darde
Couverture par : Laurelle Santamaria
TOUS DROITS RÉSERVÉS :
Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.
Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.
Résumé : Une fugueuse et un cowboy se rencontrent au XIXe siècle… Un voyage dans le temps qui mêle thriller, secrets, comédie et domination sexy ! Cette romance western est sauvage au possible.
ISBN : 9781963823349 (livre de poche)
ISBN : 9781963823332 (eBook)
Western Romance | Paranormal (Magie) | Voyage Dans le Temps
Publié par Montana Publishing, LLC
& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com
Indiana Wild est aussi sauvage que la nature qui entoure le ranch du Montana où elle a grandi. Benjamine d’une famille de quatre enfants, elle a été une agréable surprise pour ses parents déjà âgés. Elle passe son temps à dresser les chevaux et les chiens de berger, et à profiter de la liberté qu’offrent les grands espaces. Quand son grand-père décède, Indiana découvre que ses frères, beaucoup plus âgés qu’elle, ont des projets différents pour le ranch qu’elle considère comme son foyer et pour elle
Le frère aîné d’Indiana est déterminé à la dompter et à l’obliger à vivre avec lui à Los Angeles, où il pourra avoir un œil sur elle et sur l’argent dont elle a hérité. Il compte lui trouver un bon mari, qui saura la contrôler. Furieuse à cause de la décision de justice qui la place sous la tutelle de son frère aîné, Indiana se tourne vers le seul endroit où elle se sent chez elle : les grands espaces du Montana. Elle est résolue à éviter ses frères manipulateurs et leur cupidité, même si cela signifie se cacher d’eux jusqu’à ce qu’ils abandonnent, mais franchir la passe des Esprits fait voyager Indiana plus loin qu’elle ne l’aurait jamais imaginé… de près de cent cinquante ans.
Jonathan Tucker est un vrai dur. Son frère jumeau et lui ont monté avec succès un ranch de chevaux et de bétail dans le rude territoire du Montana. Lorsque des voleurs de bétail tentent de s’emparer de ses bêtes et tirent sur l’un de ses hommes, il est reconnaissant envers le jeune garçon nommé Indy qui lui vient en aide, même si ce dernier a beaucoup de caractère. Jamais il n’aurait imaginé que le « garçon » est en fait une femme indépendante, libre penseuse et entêtée, qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense. Elle est aussi sauvage que les terres qui les entourent, et il sait sans l’ombre d’un doute qu’elle est la femme qu’il lui faut.
Quand Indiana lui est enlevée, Jonathan découvre qu’il est prêt à tout pour ramener son Indiana Wild à la maison, même si cela signifie la suivre dans le futur.
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine d’aventure et de romance. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !
— Comment vous avez pu ? Comment vous avez pu me faire ça ? murmura Indy avec incrédulité tout en regardant ses frères comme si elle ne les avait jamais vus.
— C’est pour ton bien, Indiana, fit sévèrement Hayden, aîné de la famille Wild et aussi brillant avocat en Californie. Notre grand-père était vieux et sénile. Il fallait faire un nouveau testament. J’avais parfaitement le droit de l’aider à le rédiger.
— Notre grand-père n’était pas sénile ! Tu l’as forcé à signer les papiers pour faire de toi son tuteur légal. On allait très bien jusqu’à ce que tu viennes mettre ton nez dans nos affaires, répliqua Indy avec colère.
— Voyons, Indy, tu sais que Hayden a raison. On pensait seulement à tes intérêts, dit Gus, se penchant en avant comme s’il allait tapoter le genou de sa sœur.
— Touche-moi, Gus, et je couperai les doigts cupides de tes mains de voleur, répliqua Indy, les dents serrées.
— Inutile de parler comme ça à Gus, Indy, fit Matthew en s’éloignant un tout petit peu d’elle.
— La ferme, Matt. Tu n’es qu’un joueur opportuniste qui voit un autre moyen de financer son train de vie. Tu claqueras ton héritage en moins d’un an et après, tu iras mendier à la porte de Hayden, dit froidement Indy.
Indiana « Indy » Wild considéra ses trois frères aînés avec colère et incrédulité. Elle n’arrivait pas à croire qu’ils avaient poussé la sournoiserie jusqu’à voler le seul endroit où elle s’était jamais sentie chez elle. Assis au vieux bureau de leur grand-père, Hayden, l’aîné, la toisait. Âgé de quarante-sept ans, sa stature imposante montrait qu’il avait plus pris du côté paternel de la famille. Il mesurait un mètre quatre-vingt-cinq, avait de larges épaules et un petit ventre dû à toutes les journées passées dans les salles d’audience à se faire des millions. Ses yeux marron foncé la dévisageaient froidement tandis qu’il attendait qu’elle se calme.
Me calmer, mon cul, songea Indy. Il veut juste que je signe sur les pointillés pour qu’il puisse ajouter d’autres millions sur son compte en banque.
Hayden était arrivé au ranch Wild dans le Montana six mois plus tôt, lorsque leur grand-père avait souffert d’une petite attaque. Cela faisait dix ans qu’il n’était pas revenu, depuis l’enterrement de leur grand-mère et de leurs parents, qui avaient perdu la vie dans un accident de voiture. Indy ignorait complètement qu’au cours des deux semaines qu’il avait passé là, il avait poussé leur grand-père à signer un nouveau testament et d’autres documents lui donnant procuration.
Indy fusilla ses frères du regard, l’estomac noué par la colère. Elle avait fait la joie de ses parents quand sa mère était tombée enceinte d’elle par accident alors qu’elle était âgée d’une quarantaine d’années. Vingt ans la séparaient du plus jeune de ses frères, Matthew. Elle avait vingt-deux ans et lui quarante-deux.
Leurs parents les avaient tous élevés au ranch, vivant dans la même maison que leurs grands-parents. Au décès de leurs parents, c’était leur grand-père qui s’était occupé d’elle, ses frères aînés ayant leur propre vie. Tout se passait bien. Indy avait toujours été proche de son grand-père et après l’accident, leur lien s’était encore renforcé. Si ses frères étaient partis dès qu’ils avaient été en âge de vivre ailleurs, Indy, elle, n’avait jamais envisagé de quitter le domaine familial. Elle adorait tous les aspects de la vie au ranch, du bétail aux chevaux, en passant par les vieux cowboys qui venaient chaque année.
— Accepte-le, Indy. Le ranch a déjà été vendu. Tu recevras une belle somme, qui devrait t’aider. L’argent sera placé sur un compte fiduciaire et tu recevras un chèque tous les mois jusqu’à tes vingt-cinq ans. À ce moment-là, tu recevras le reste de la somme. La société qui a acheté le ranch prendra le relais à la fin du mois. Tout leur revient, sauf les effets personnels, bien sûr. J’ai veillé à ce que tu aies assez d’argent pour couvrir les dépenses des six premiers mois, le temps que tu trouves un travail. Je te suggère d’envisager de suivre des études supérieures. Tu auras plus de chances de trouver un travail avec un diplôme plus élevé. Si tu as besoin des fonds pour payer les frais de scolarité, je peux les débloquer, étant donné que j’ai le contrôle de tes fonds fiduciaires.
Elle se contenta de dévisager Hayden sans en croire ses oreilles tandis qu’il continuait de lui décrire comment il allait prendre le contrôle du ranch, de son argent de la vente, et de sa vie. Gus remuait sur son siège à mesure que les émotions défilaient sur le visage de sa sœur. Âgé de quarante-cinq ans, Gus était le plus compatissant des trois frères. Il était marié à une charmante femme et avait quatre enfants. Il était actuellement professeur de mathématiques à l’université d’État du Montana.
— Tu peux venir vivre avec Marge et moi à Billings, Indy. Bob et Todd partent à l’université et leurs chambres seront libres. Tu pourrais t’y plaire, dit doucement Gus.
Les yeux d’Indy s’emplirent de larmes, mais elle refusa de les laisser couler. Jamais elle ne leur donnerait la satisfaction de la voir pleurer. Se levant et se dirigeant vers la fenêtre, elle admira les montagnes qu’elle aimait tant.
— Ce ne sera pas nécessaire, murmura-t-elle.
Elle carra les épaules. Elle savait qu’elle ne pouvait rien faire. Hayden n’était pas seulement un bon avocat ; c’était un véritable requin. Il avait sans doute tout vérifié avant de lui parler de la vente. Ses deux autres frères n’en avaient rien à faire du ranch. Gus, bien que le plus gentil des trois, avait besoin de l’argent pour payer les frais de scolarité de ses gamins. Matthew voulait seulement l’argent pour vivre la belle vie à Vegas et serait fauché avant la fin de l’année. Hayden, eh bien, il était juste cupide.
— Midnight, Kahlua, Chester et Tweed sont à moi. Je les ai achetés avec mon argent. Ils viennent avec moi, dit Indy sans se retourner.
Midnight et Kahlua étaient deux chevaux qu’elle avait achetés et dressés pour travailler avec le bétail. Chester et Tweed étaient ses deux chiens de berger.
— Je prendrai mes affaires et je serai partie d’ici deux semaines.
— J’ai pris la liberté de chercher des endroits où tu pourrais vivre…, commença Hayden.
Indy se retourna brusquement et planta un regard froid dans celui de son frère.
— Tu peux prendre tes libertés et te les foutre dans le cul, Hayden. J’irai où je voudrai, quand je voudrai. Je n’ai besoin de l’aide de personne, encore moins de la tienne. Une fois que je serai partie, je me moque de ne plus jamais vous revoir. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai des affaires à emballer, fit-elle avec raideur.
Indy sortit du bureau de son grand-père. Elle se sentait engourdie à l’intérieur tandis qu’elle se dirigeait vers l’escalier et sa chambre. Préparer ses affaires ne serait pas long, car elle n’avait pas grand-chose. Elle n’avait jamais eu besoin de beaucoup ; le ranch lui avait toujours apporté tout ce qu’elle avait jamais désiré.
* * *
— Je trouve que ça s’est bien passé. Pas vous ? fit remarquer Matthew en regardant sa sœur partir.
— Ce que tu peux être con parfois, Matt, dit Gus en se levant. On n’aurait pas dû faire ça à Indy. Ce ranch est tout ce qu’elle a toujours connu. On aurait dû lui parler de ce qu’on avait prévu de faire.
— Tu es trop gentil avec elle, Gus, répliqua Hayden, rassemblant les papiers et les mettant dans une grande enveloppe. Ce ranch vaut une fortune et on a eu de la chance de pouvoir en tirer ce prix-là. Indy s’y fera. Ce n’est pas un endroit pour une jeune fille de toute façon. Quand elle se sera calmée, je lui dirai que j’ai pris la liberté de lui acheter un appartement à Los Angeles. Elle nous remerciera un jour.
Hayden se leva à son tour et épousseta une peluche imaginaire du pantalon de son costume Armani hors de prix.
— Los Angeles ? s’exclama Gus en considérant son frère aîné avec incrédulité. Tu ne peux pas mettre Indy dans une grande ville ! Elle déteste les grandes villes.
— Comme je l’ai déjà dit, elle s’y fera, répondit sombrement Hayden avant de se diriger vers la porte. J’ai un avion pour L. A. ce soir, parce que j’ai une affaire lundi matin. Je préviendrai Sam pour qu’il veille à ce qu’Indy emballe ses affaires et parte d’ici la fin du mois. Je vous dirai quand le paiement pour le ranch aura été effectué et je veillerai à ce que l’argent soit transféré sur vos comptes.
— Tu es sûre de toi, Indy ? lui demanda Sam Whitewater pour la troisième fois en lui tendant un autre sac. L’hiver n’est pas fini et ils peuvent être rudes dans la région. Et si on se prend une tempête de fin d’hiver ?
Indy ignora Sam tandis qu’elle sanglait les sacs qu’elle avait chargés sur Kahlua. Elle était équipée pour tenir deux mois si elle faisait attention. L’air était encore glacial après la chute de neige de la veille. Mais il n’était tombé qu’une couche légère et cela ne devrait pas la bloquer. Les chevaux et les chiens n’auraient aucun problème. Alors qu’elle contemplait les montagnes à l’ouest, elle se dit que ses frères penseraient qu’elle se montrait difficile, déraisonnable et immature, mais elle savait qu’il n’en était rien. Lorsqu’elle avait lu la lettre de Hayden la veille au soir, elle avait dû prendre sur elle pour ne pas l’appeler rien que pour l’injurier. De toute façon, cela n’aurait fait aucune différence. Comment injuriait-on le diable ? Il se repaissait de votre douleur.
— Je passerai chez toi au début du printemps pour te rendre visite et me réapprovisionner, Sam. Je sais comment survivre dans les montagnes alors ne t’en fait pas. Après tout, j’ai eu le meilleur des professeurs, dit Indy, l’ombre d’un sourire aux lèvres.
— Ça, c’est bien vrai. Maintenant, tu me fais regretter d’avoir été un si bon prof, répondit tristement Sam. Tes frères ne comprennent pas ton cœur. S’ils le comprenaient, Hayden n’aurait jamais exigé que tu déménages en ville.
Indy avait montré à Sam et sa femme, Claire, la lettre qu’elle avait reçue. Hayden s’était présenté devant un juge et avait obtenu une ordonnance judiciaire lui accordant la tutelle d’Indy jusqu’à ses vingt-cinq ans, au motif qu’elle était incapable de prendre des décisions claires et rationnelles pour assurer sa santé mentale et physique, et ses finances. Elle avait reçu l’ordre de vivre avec lui à Los Angeles jusqu’à nouvel ordre. La lettre s’accompagnait d’une copie certifiée conforme, délivrée par le shérif local, et d’un billet d’avion. En outre, le document stipulait que le bétail et tous les animaux devaient être confiés aux nouveaux propriétaires du ranch Wild jusqu’à ce que son tuteur en décide autrement.
Indy contempla les montagnes encore un instant avant d’appeler Chester et Tweed. Resserrant ses gants et enfonçant un peu plus son chapeau sur sa tête, elle monta sur le dos de Midnight. Elle tendit la main et prit la longe de Kahlua, que Sam lui tendait.
Elle le considéra en souriant tristement.
— Je préfère vivre dans les montagnes pendant quelques mois voire un an plutôt que de vivre dans une ville. Hayden va sans doute faire des histoires, mais ils ne me trouveront pas. Je bougerai beaucoup, alors ne t’embête pas à essayer de me retrouver. Comme ça, si Hayden te demande, tu ne sauras rien, dit doucement Indy en regardant l’homme qui la comprenait mieux que sa propre famille.
Sam observa la jeune femme assise sur le cheval d’un noir d’encre avec un mélange de tristesse et de respect. Elle avait choisi une voie difficile à laquelle la plupart des hommes ne survivraient pas. Mais il savait qu’elle le pouvait. Elle avait été élevée pour faire partie de la terre et dépérirait n’importe où ailleurs.
Il prit un collier de perles autour de son cou et le tendit à Indy.
— Okoblaya icimani. Que ton voyage soit paisible, ma petite, dit Sam avec émotion en contemplant sa filleule.
Indy serra le collier dans son poing avant de le glisser dans sa poche.
— Wowahwa. Atewaye ki. Paix, mon père, répondit-elle, un sourire tendu aux lèvres.
Après une pression des talons, Indy s’éloigna lentement, partant en direction des montagnes qui se dessinaient au loin à l’ouest. Elle savait qu’elle pouvait mourir, mais se disait qu’ainsi, elle avait le choix : elle pouvait mourir sur la terre qu’elle aimait en faisant ce pour quoi elle était née, ou laisser son âme souffrir d’une mort plus lente et douloureuse aux mains de son frère, dans une ville. Elle avait de meilleures chances de survivre dans les montagnes.
* * *
Atteindre les montagnes lui avait pris deux jours. Elle ne s’était pas arrêtée, utilisant le plus de méthodes différentes possible pour brouiller sa piste. D’abord, elle avait traversé les pâturages de basse altitude, veillant à ce que ses traces soient mêlées à celles du bétail. Il n’avait pas reneigé, elle n’avait donc pas pu s’en aider.
Une fois qu’elle avait été plus proche des montagnes, elle avait longé la rivière, où le sol était plus dur et où elle ne laisserait pas autant de traces. Elle avait traversé la rivière et s’était dirigée vers la montagne en suivant des sentiers peu fréquentés que Sam lui avait montrés quand elle était plus jeune. Il y avait un certain nombre de grottes et de surplombs rocheux peu profonds qu’elle pouvait utiliser comme abri dans les régions plus élevées.
À présent, elle obliquait vers le nord. Un immense ranch se trouvait de l’autre côté de la chaîne de montagnes. Elle pourrait peut-être y travailler comme cowgirl au printemps. Elle devrait s’en sortir si elle faisait profil bas. D’ici là, Hayden aurait sûrement abandonné ses recherches pour la retrouver.
L’épaisseur de la couche neige n’avait fait qu’augmenter à mesure qu’elle prenait de l’altitude et de légères rafales de neige se mêlaient aux lourds flocons qui tombaient. Tweed et Chester étaient devant et faisaient des bonds. Si cela devenait trop difficile pour eux, elle devrait fabriquer une luge pour les transporter. Mais pour l’instant, ils se comportaient comme les deux bergers australiens de deux ans qu’ils étaient.
Les jours se transformèrent en semaines et avant qu’Indy ne s’en rende compte, près d’un mois s’était écoulé. La fin du mois de mars approchait. D’après ses calculs, elle était à près de cent soixante kilomètres du ranch de son grand-père. Elle avait dû s’arrêter plusieurs jours à quelques reprises en raison des tempêtes de fin d’hiver qui soufflaient en altitude.
Par chance, plusieurs années auparavant, elle avait acheté du matériel de camping spécialisé, conçu tout particulièrement pour les hivers froids du Montana. La tente d’expédition polaire et le réchaud en tôle les avaient gardés bien au chaud, Tweed, Chester et elle. Elle avait tendu des bâches supplémentaires pour faire un abri pour les chevaux.
Elle avait complété ses réserves de nourriture avec de petits animaux qu’elle avait piégés ou que les chiens avaient attrapés. Les deux premières semaines avaient été les pires. Elle avait entendu des avions sillonner la région et avait su que Hayden avait découvert sa disparition. Elle avait alors dû se déplacer principalement de nuit jusqu’à ce qu’elle sorte de leur champ de recherches. Une fois, elle avait entendu des chiens au loin. Elle avait mis Tweed et Chester sur Midnight et Kahlua, et avait traversé un petit ruisseau afin de masquer leur odeur. Après la troisième semaine, elle s’était dit qu’elle était assez loin pour être en sécurité et avait pu couvrir plus de distance dans la journée.
Ce ne fut qu’au moment où elle arriva à la passe des Esprits qu’elle se sentit entièrement en sécurité. Sam lui en avait parlé quand elle était petite. Il l’avait emmenée ici une seule fois et lui avait raconté la légende de la passe des Esprits.
Elle disait que ceux qui foulaient du pied le sol sacré effectueraient un voyage qui changerait leur vie. Lorsque Indy avait demandé quel genre de voyage, Sam lui avait dit qu’un jour, il avait traversé la passe et s’était retrouvé dans un autre monde. Là, il avait rencontré Claire et était tombé amoureux. Le monde dans lequel il s’était retrouvé était dangereux, car les Peaux-Rouges et les hommes blancs ne s’aimaient pas.
Alors que Claire voyageait avec sa famille, ses parents et son petit frère étaient tombés malades. Ses parents étaient morts, laissant Claire et son petit frère seuls. Sam les avait croisés, perdus et effrayés, de l’autre côté des montagnes. Il avait aidé Claire à remettre son frère sur pied.
Pendant ce temps, Claire et Sam étaient tombés amoureux, et ce dernier avait convaincu la jeune femme de venir avec lui de l’autre côté des montagnes, où il possédait le ranch voisin de celui du grand-père d’Indiana. Cette dernière avait toujours bien aimé Claire, qui avait été comme une seconde mère pour elle, lui apprenant des choses comme cuisiner à partir d’ingrédients que l’on ne trouvait pas dans une boîte. Ces leçons s’étaient révélées très utiles au cours des dernières semaines.
— Allez, les gars, quand on aura franchi la passe, on devrait être en sécurité. Une fois qu’on sera à une altitude moins élevée, on devrait avoir moins froid. On pourra peut-être trouver du travail dans un ranch, dit Indy, soudain enthousiaste.
Tweed et Chester remuèrent la queue, comme pour acquiescer, et partirent devant. Dans un éclat de rire, Indy incita Midnight à avancer, Kahlua à leur suite. La passe était longue et étroite. Elle releva les yeux au moment où de petits cailloux et un peu de neige dévalèrent les pentes. Elle se demanda vaguement dans quel monde elle finirait. Elle espérait que ce serait un monde de vastes espaces, sans grandes villes, et sans grands frères.
L’air tourbillonna autour d’elle et un frisson glacé descendit le long de son échine lorsqu’elle dépassa la moitié de la passe. Se tournant sur le dos de Midnight, Indy regarda derrière elle. Elle fut surprise de voir un rideau de neige si épais qu’elle ne voyait plus l’entrée de la passe. Avec un haussement d’épaules, elle se retourna et se concentra sur le chemin devant elle.
Oui, se dit-elle, ça serait bien de trouver un monde où je peux être moi-même et ne plus avoir à m’inquiéter de mes frères.
Après avoir franchi la passe, Indy gagna des hauteurs moins élevées. Elle s’arrêta sur une crête à la moitié du chemin afin de faire une pause et de laisser le temps aux chevaux et aux chiens de se reposer. Elle s’assit au bord du vide et admira la vallée qui s’étendait à ses pieds. C’était magnifique. Le paysage était parsemé de taches de neige et d’au moins une centaine de têtes de bétail, qui paissaient.
Elle camperait à la limite des arbres et ferait le point sur la situation avant de se rendre au ranch. Elle voulait être certaine que c’était sûr. Elle espérait que ses frères n’avaient pas prévenu tous les ranchs de la région.
Elle décida de ne pas se précipiter et de voir si elle pouvait trouver un cowboy solitaire ou deux. Elle les aborderait et engagerait une conversation polie afin de voir s’ils savaient quelque chose. S’ils n’étaient pas au courant, elle demanderait s’il y avait un poste de libre. S’ils disaient quelque chose ou agissaient étrangement, elle retournerait se cacher dans les montagnes.
Indy monta sa tente et tendit une simple bâche au-dessus des chevaux pour les protéger. Il faisait plus chaud à cette altitude et elle pouvait leur laisser leurs tapis afin qu’ils n’aient pas froid pendant la nuit. Elle passa les trois jours suivants à profiter de la quiétude des bois.
Elle sauta sur l’occasion de laver ses vêtements à la rivière non loin et de faire chauffer assez d’eau pour prendre une agréable douche à l’aide de sa douche solaire portable. C’était bon de se laver les cheveux et de se sentir de nouveau propre.
— Allez les garçons ; allons voir si on peut se trouver un cowboy à qui parler, dit Indy en sellant Midnight.
Elle passa la longe par-dessus l’encolure de Kahlua, sachant pertinemment que la jument suivrait Midnight n’importe où.
Descendant plus bas dans la vallée, elle avait presque atteint le ruisseau qui serpentait vers le bétail quand elle entendit un coup de feu. Elle tira sur les rênes et tendit l’oreille alors que les coups de feu continuaient de retentir. Après avoir traversé le mince cours d’eau, elle se dirigea vers une petite élévation de la colline au-dessus d’eux, puis mit pied à terre et fit signe aux chiens de se coucher.
Elle prit des jumelles dans une sacoche, s’allongea sur le sol froid et chercha à voir ce qui se passait. Il était purement et simplement stupide d’utiliser des armes à feu avec autant de bétail autour. Il ne fallait pas grand-chose pour faire fuir les animaux.
Indy vit trois hommes à cheval charger deux autres hommes, qui étaient assis autour d’un feu sous l’un des rares arbres qui parsemaient le paysage. L’un des cavaliers fit feu, touchant le vieil homme à la poitrine.
Oh, merde, se dit Indy, stupéfaite, en regardant l’homme s’effondrer sur le dos.
Le jeune homme qui l’accompagnait saisit le blessé et le traîna derrière l’arbre, tirant à son tour sur le cavalier masqué. Indy dirigea ses jumelles vers les deux autres hommes. Ils essayaient de rassembler le bétail.
Des voleurs de bétail ? En plein jour ? Il faut en avoir une sacrée paire, ne put-elle s’empêcher de penser en silence.
Reportant son attention sur les deux hommes qui avaient été assis sous l’arbre, elle devina qu’ils devaient souffrir. La scène qui se déroulait sous ses yeux devait être réelle, se dit-elle avec consternation alors qu’elle voyait l’écorce de l’arbre voler et la traînée de sang sur le sol.
Indy se leva et fit signe aux chiens de se lancer à la poursuite du bétail.
— Rassemblez-les, les garçons, dit-elle sombrement.
Indy sauta sur le dos de Midnight et prit son fusil semi-automatique Ruger accroché à sa selle. Après l’avoir posé en travers de ses cuisses, elle fit partir le cheval au galop, sachant que Kahlua serait juste derrière elle. Lancée à toute vitesse, elle chargea l’homme masqué qui tirait sur les deux hommes derrière l’arbre, debout sur ses étriers et la selle coincée entre les genoux afin d’avoir un meilleur équilibre.
Levant son fusil, elle tira une série de coups de feu devant lui, assez proches pour lui faire comprendre qu’elle ne plaisantait pas. Le cavalier masqué fit volte-face, surpris de trouver quelqu’un en train de lui tirer dessus de derrière. Le jeune homme caché derrière l’arbre profita de la soudaine distraction du voleur de bétail. Il contourna le tronc et tira, touchant l’homme au bras, le forçant à lâcher son arme.
Le tireur masqué hurla de douleur, serrant son membre blessé contre son torse. À présent désarmé, l’homme tira sur les rênes et fila vers ses deux complices, qui essayaient d’emmener le bétail. Il fila à travers le troupeau, qui revenait vers le camp, les deux chiens aboyant à leurs trousses et leur mordillant les jarrets.
Indy remonta le col de sa veste autour de son cou et enfonça un peu plus son chapeau sur sa tête. Elle devait aller voir si les deux cowboys allaient bien, mais ne voulait pas courir le risque qu’ils la reconnaissent. Elle préférait jouer la carte de la sécurité pour le moment et couvrir le plus possible son visage. Elle espérait que si ses frères avaient mis des affiches pour la retrouver, ils n’avaient pas mentionné ses compagnons de voyage.
Midnight se mit au pas, Kahlua sur les talons, tandis qu’Indy s’approchait de l’arbre. Elle ne voulait surtout pas se faire tirer dessus. Après avoir rengainé son fusil dans l’étui accroché à sa selle, elle leva les mains en l’air afin de montrer qu’elle n’était pas armée.
— N’avancez plus ! cria une jeune voix derrière l’arbre.
— Je ne suis pas armée. Je voulais juste m’assurer que vous allez bien, lança Indy, tentant d’adopter une voix plus grave. On dirait que l’un de vous a été blessé.
Une voix bourrue marmonna quelque chose au jeune homme.
— Descendez de votre cheval et gardez les mains en l’air, ordonna ce dernier.
Indy baissa lentement les mains le temps de descendre sans tomber avant de les relever et de faire un pas vers le jeune cowboy.
— Vous avez besoin d’aide ? demanda Indy.
Un jeune garçon d’environ quatorze ans émergea lentement de derrière le tronc. Il avait l’air effrayé, et son arme brandie vers la poitrine d’Indy tremblait dans ses mains. Il prit une profonde inspiration tout en étudiant Indy pendant un moment.
— Jake a pris une balle dans l’épaule. Vous vous y connaissez en balles ? interrogea le garçon.
Indy tenta de ne pas sourire.
— Je sais que si tu continues de pointer ton arme vers moi, il se pourrait bien que j’en apprenne plus sur elles que je ne le veux.
Le garçon rougit en abaissant son arme.
— Désolé. Je savais pas si vous étiez avec eux ou pas.
— Ou pas est la bonne réponse, dit Indy. Laisse-moi examiner ton ami. Les garçons vont ramener votre bétail.
Indy marcha lentement vers le garçon et contourna l’arbre, derrière lequel elle vit un homme âgé d’une cinquantaine d’années adossé contre le tronc. Du sang maculait son épaule et il tenait une arme dans son autre main.
— Hé, on dirait que vous passez une sale matinée, dit Indy d’une voix rauque.
Se penchant, elle examina attentivement l’épaule de l’homme.
— C’est un bel euphémisme, répondit Jake d’une voix grave et teintée de douleur.
— On dirait que la balle a traversé. J’ai des trucs d’urgence pour vous rafistoler en attendant de vous emmener voir un docteur, dit Indy.
Elle se leva et alla prendre ce qu’il lui fallait dans les sacoches de Midnight. Elle revint et déboutonna délicatement la chemise de Jake.
— Vous connaissiez ces hommes ? demanda-t-elle.
Abaissant la chemise, Indy nettoya soigneusement le pourtour de la blessure avant de sortir un flacon de novocaïne et une petite seringue munie d’une aiguille hypodermique. Emplissant la seringue d’une petite quantité de liquide, elle anesthésia la zone devant et derrière afin de pouvoir recoudre la blessure. Elle prit une aiguille extra-fine qu’elle désinfecta avec de l’alcool avant d’y passer un fil chirurgical. Sam lui avait appris à traiter les coupures et autres blessures lorsqu’elle était en pleine nature. La plupart du temps, si l’on se blessait, il n’y avait pas de médecin dans les parages, il était donc logique d’apprendre les premiers soins. Indy avait poussé les choses plus loin et était allée à l’université pour devenir infirmière. Elle avait obtenu son diplôme en seulement deux ans, un temps record, car elle détestait être loin de chez elle trop longtemps.
Elle recousit rapidement les deux blessures et les désinfecta avec un tampon d’alcool. Ramassant le matériel usagé, elle se dirigea vers le feu et y jeta tout, excepté l’aiguille hypodermique et l’aiguille à coudre, qu’elle déposa dans une boîte pour s’en débarrasser plus tard.
— Merde, je n’ai rien senti à part quelques pincements après que tu m’as piqué avec cette aiguille. Qu’est-ce que tu m’as fait ? demanda Jake, stupéfait.
Sa remarque fit rire Indy.
— Je me suis dit que vous préféreriez une façon moins douloureuse de vous faire recoudre. J’aurais pu opter pour la bonne vieille méthode à l’ancienne du bout de bois entre les dents en espérant que vous vous évanouissiez, si c’était ce que vous préfériez.
— Certainement pas, grommela Jake. Je m’appelle Jake Turner. Le garçon s’appelle Calhoun Tanner. Nous te remercions pour ton aide.
— Pas de problème. Je m’appelle Indy.
Indy observa attentivement les deux hommes afin de voir s’ils semblaient la reconnaître. Ne remarquant rien, elle se tourna vers le bétail. Tweed et Chester aboyaient comme des fous, regroupant le troupeau en un cercle serré. Elle émit un puissant sifflement, et les deux chiens s’arrêtèrent et la regardèrent. Sur un geste de sa main, ils la rejoignirent en trottinant.
— Tu as fait du bon travail, Cal. Je te dois la vie pour m’avoir mis hors de portée de tir comme ça, grogna Jake.
Le compliment du vieil homme fit rougir le garçon.
— Merci, Jake. J’en ai touché un, celui qui t’a tiré dessus. Je l’ai touché, s’enthousiasma-t-il.
— Je le sais, mon garçon. Bien joué. Les patrons seront fiers de toi, dit Jake avant de se tourner vers Indy. Ce sont de sacrés chiens que tu as là. C’est toi qui les as dressés ?
— Oui, monsieur. Celui qui a la tache noire autour de l’œil, c’est Tweed. Celui qui a la tête marron s’appelle Chester. Je les ai depuis leur naissance. Ce sont les meilleurs chiens de berger du pays.
Indy le savait depuis la dernière compétition de rassemblement de troupeaux à laquelle elle avait participé un an plus tôt, alors qu’ils n’étaient encore que des chiots.
— Les patrons cherchent toujours des bras en plus. Tu as besoin d’un travail ou tu ne fais que passer ? demanda Jake avec curiosité, examinant d’un peu plus près le gamin en face de lui.
C’était difficile de voir son visage, car il le gardait légèrement tourné, avait enfoncé son chapeau assez bas et remonté le col de sa veste. Il ne semblait pas beaucoup plus âgé que Cal, ses traits arborant encore les rondeurs de l’enfance comme lui.
— Je cherche un travail. Vous pensez que vos patrons nous embaucheraient, les garçons et moi ? demanda Indy en désignant Tweed et Chester du menton.
— Certainement, oui, après ce que tu leur as sauvé aujourd’hui. Ces maudits voleurs nous auraient tués tous les deux et auraient pris une centaine de têtes de bétail si tu n’avais pas été là, répondit Jake, crachant dans la poussière près de l’arbre.
— Il faut que je lève le camp. Je peux revenir avant la tombée de la nuit si vous pensez que vous pouvez m’obtenir un travail. Comme ça, ça équilibrera les chances si ces hommes décident de revenir, dit Indy, se levant et se dirigeant vers Midnight.
— T’es recherché par la justice, mon garçon ? demanda soudain Jake en l’observant attentivement.
Indy s’arrêta brusquement, ne se retournant pas immédiatement.
— Peut-être.
Elle finit par se tourner et regarda Jake dans les yeux. Elle ne mentait jamais si elle pouvait l’éviter et n’allait pas commencer à cause de ses frères.
— Je ne mens pas, je ne vole pas et je ne fais pas de mal aux autres. Je veux seulement qu’on me laisse tranquille. Des hommes me cherchent. Je préférerais qu’ils ne me trouvent pas. La raison pour laquelle ils me cherchent est entre eux et moi. Si ça vous pose un problème, je partirai et poursuivrai ma route.
Jake étudia Indy un moment, voyant la vérité et la fierté dans la posture du gamin. Il croyait qu’Indy ne mentait pas, ne volait pas et ne faisait pas de mal aux autres après l’aide qu’il leur avait apportée. Il était d’avis que si ce n’était pas ses affaires, il ne s’en mêlait pas. Il ne voulait simplement pas commettre une erreur qui coûterait cher à ses patrons.
— Je n’y vois aucun problème. Va chercher tes affaires, répondit Jake avec un signe de tête.
Indy arrêta de retenir son souffle. Elle était sérieuse. Si Jake avait eu un problème avec ce qu’elle lui avait dit, elle serait montée sur Midnight et serait partie sans se retourner. À présent, elle retournait à son camp pour rassembler ses affaires. Elle savait d’instinct qu’elle pouvait avoir confiance en Jake et Cal. C’étaient des hommes bien.
Indy ne mit pas longtemps à lever le camp, habituée qu’elle était à le faire depuis un peu plus d’un mois. En un rien de temps, elle redescendit le long du sentier et se dirigea vers le camp près de l’arbre. Il commençait tout juste à faire plus sombre lorsqu’elle y arriva. Cal, à cheval, tournait autour du troupeau afin de s’assurer que tout allait bien. Il fit un signe de tête à Indy au moment où elle passa devant lui, suivie de sa petite bande. S’arrêtant près du feu, elle se laissa glisser de la selle. Avec rapidité et efficacité, elle enleva les dernières provisions du dos de Kahlua et lui retira sa longe. Ensuite, elle enleva la selle et la bride de Midnight. Sur un signe de sa main, ils s’éloignèrent et allèrent paître avec le troupeau.
— Tu les as dressés, eux aussi ? demanda Jake, remuant un épais ragoût dans une marmite au-dessus du feu à une main, son autre bras en écharpe.
— Oui. J’ai quelque chose qui vous aidera avec la douleur, si vous voulez, dit Indy.
Elle fourra la main dans la sacoche de selle. Elle avait remarqué les lignes qui se creusaient autour de la bouche de l’homme à chacun de ses mouvements. Elle prit deux comprimés et les lui tendit.
— Ils ne vous feront pas dormir ni quoi que ce soit, ils calmeront seulement la douleur. Vous sentirez une différence dans environ quinze ou trente minutes, expliqua-t-elle.
Jake prit les deux comprimés verts gélatineux et les considéra d’un air perplexe. Il ne posa aucune question à Indy, mais avait l’air d’en avoir tout de même envie. Il les avala tous les deux avec une gorgée d’eau de sa gourde.
— Comment tu as appris autant de choses sur la médecine ? demanda Jake.
— L’école et un ami, répondit succinctement Indy, ne voulant pas trop en dire. Parlez-moi du ranch et de ceux pour qui vous travaillez. Vous avez dit « les patrons ». Combien de personnes possèdent le ranch ?
Jake se retint de sourire. Il savait reconnaître quand quelqu’un se montrait évasif. Le gamin ne voulait pas parler de lui.
— Le ranch s’appelle les Rivières Jumelles. Il appartient à des frères jumeaux : Jacob et Jonathan Tucker. Ils élèvent principalement des chevaux, mais ils ont un bon troupeau de bétail pour leur propre usage. Ils ont l’un des plus grands ranchs de la région.
— Ils emploient combien d’hommes ? demanda Indy en se servant une tasse de café.
Elle posa ses mains gantées dessus afin de se réchauffer. La température avait considérablement baissé après le coucher du soleil.
— Une cinquantaine, répondit tranquillement Jake. Parfois plus, parfois moins. C’est difficile de trouver quelqu’un de compétent dans le coin. La plupart des hommes ne font que passer, cherchent à se faire un peu d’argent ou alors ne sont pas faits pour cette vie, ajouta-t-il, remplissant un bol d’épais ragoût et le tendant à Indy.
Ils se tournèrent en entendant Cal arriver. Il descendit rapidement de sa monture et retira sa selle.
— Ça sent bon, Jake. Comment tu te sens ? demanda Cal, prenant un bol et l’emplissant de ragoût.
Jake leva des yeux surpris vers Indy.
— Bien. Bon sang, gamin, ces pilules que tu m’as données ont fait disparaître la douleur comme tu le disais. Je pourrais presque croire que je ne me suis jamais fait tirer dessus ce matin.
Indy se contenta de sourire avant de prendre une nouvelle bouchée de ragoût. Cela ne lui avait pas échappé qu’il l’avait de nouveau appelée « gamin ». Le fait qu’il pensait qu’elle était un garçon l’aiderait peut-être à s’établir et lui donnerait le temps de s’assurer qu’elle ne craignait rien.
— Vous avez dit que les Tucker élevaient principalement des chevaux. Quel genre de chevaux ?
— Principalement des mustangs pour l’armée et les ranchs des environs. Ils ont quelques chevaux de courses qu’ils saillent et renvoient à l’est, répondit Jake avant de lâcher un rot bruyant.
Indy réprima un sourire. Elle se rappelait avoir fait des concours de rots avec les garçons de Sam. Elle n’arrivait jamais à gagner, parce qu’elle était incapable de manger autant qu’eux.
Ils l’appelaient « la puce », parce qu’ils la dépassaient tous d’une bonne tête. Sam était grand pour un Lakota. Il mesurait un mètre quatre-vingt-cinq. Ses garçons le dépassaient tous de quelques centimètres au moins. Claire disait que c’était grâce à tout le lait qu’ils buvaient.
Avec son mètre soixante-trois, Indy n’était, et de loin, pas aussi impressionnante. En plus de cela, elle avait les os fins, ce qui la faisait paraître encore plus petite. Elle avait hérité des traits de sa mère. Elle avait de grands yeux vert foncé encadrés de cils noirs. Son visage en forme de cœur donnait l’impression qu’elle était plus féminine qu’elle ne l’était réellement.
Elle avait tressé et couvert ses cheveux châtains aux mèches blondies par le soleil d’un bandana noir avant de poser son large chapeau de cowboy dessus. Sa silhouette était cachée sous plusieurs épaisseurs de vêtements. Elle portait un caleçon long thermique recouvert par son jean, lui-même recouvert par des jambières en cuir. Son manteau marron foncé lui arrivait presque aux genoux et possédait une épaisse doublure en laine. Une écharpe chaude rentrée dans le col de son manteau complétait sa tenue. Elle se disait qu’elle devait donner l’impression d’avoir le même âge que Cal.
Ce dernier regarda Indy, puis Jake.
— Tu penses que ces hommes reviendront cette nuit, Jake ?
— Ça se pourrait, mais j’en doute, répondit l’homme, se grattant le menton, sa barbe émettant un son qui ressemblait au frottement du papier de verre sur un bout de bois. On va peut-être devoir monter la garde à tour de rôle.
Indy acquiesça d’un signe de tête.
— Vous n’avez qu’à prendre le premier tour de garde, Jake. Je prendrai le deuxième, Cal, si ça ne te gêne pas. Les garçons nous aideront aussi. Je vais leur demander de faire des tours et de tendre l’oreille.
Indy se tourna vers Tweed et Chester, qui partirent tels des fantômes dans la nuit sur un geste de sa main.
Cal considéra Indy avec émerveillement.
— Comment t’as fait ça ?
— Je les ai dressés pour me protéger ainsi que le bétail. J’ai étudié des vidéos de dressage et lu des livres, puis j’ai passé des heures et des heures à travailler avec eux sur les gestes. Tous les chiens ne sont pas aussi doués que ces deux-là. Les garçons et moi sommes ensemble depuis leur naissance, alors notre relation s’est construite avec beaucoup de confiance, expliqua Indy.
C’est dommage qu’on ne puisse pas en dire autant de mes frères, songea-t-elle tristement.
Jake vida le fond de son gobelet dans le feu avant de se lever.
— Allez vous reposer, tous les deux. Je te réveillerai à minuit, Indy.
Cette dernière acquiesça d’un signe de tête. Elle nettoya la vaisselle sale et la remit soigneusement dans la boîte à côté de l’arbre. Elle sortit son sac de couchage et l’étendit près du feu. Elle garderait ses bottes pour la nuit ; elle voulait éviter qu’il y ait des visiteurs surprise à l’intérieur lorsqu’elle les remettrait. Après avoir baissé la fermeture Éclair de l’épais sac de couchage, elle enleva son manteau, qu’elle roula pour s’en servir d’oreiller, puis se glissa à l’intérieur et le referma. Une fois allongée, elle s’aperçut que Cal la regardait avec des yeux ronds.
— C’est quoi comme couchage ? demanda-t-il, observant son épais sac de couchage avant de baisser les yeux vers sa fine couverture en laine.
— C’est un sac de couchage thermique conçu spécialement pour les pays froids. Au besoin, je peux m’enrouler dedans et rester bien au chaud malgré des températures négatives. Le pire, c’est d’en sortir. On est tellement bien dedans qu’on ne veut pas se lever le matin. Il est aussi un peu rembourré pour moins sentir le sol.
Elle ne put s’empêcher de sourire sur ces derniers mots avant de se tourner. Peut-être était-elle une mauviette, mais elle avait appris bien longtemps auparavant à ne jamais abandonner son sac de couchage.
Jake réveilla Indy à minuit, contemplant son sac de couchage avec envie tandis qu’il jetait une autre bûche dans le feu. Indy descendit la fermeture Éclair et siffla doucement pour appeler Midnight. C’était impossible de voir le cheval noir la nuit. Un instant plus tard, le bruit de sabots se fit entendre.
Indy le sella rapidement et l’éloigna de la lueur du feu avant de monter sur son dos. Elle descendit d’abord vers le ruisseau afin de s’occuper de ses petites affaires. L’une des choses qui lui manquaient désespérément, c’était une salle de bain. Elle tuerait pour un bon bain chaud et de vraies toilettes.
Elle passa les quatre heures suivantes à effectuer des rondes. Elle fit signe à Tweed et Chester de retourner au camp pour rester près des hommes. Si elle ne se trompait pas, les deux chiens iraient se blottir chacun contre l’un d’eux ; ils adoraient se coller à elle la nuit. À quatre heures, elle réveilla Cal et retourna dans son sac de couchage. Chester reprit rapidement son poste de garde rapprochée avec elle après avoir perdu Cal.