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Le site archéologique de Tipaza se situe à 70 kilomètres à l’ouest d’Alger. La proximité de la mer donne un aspect magique au lieu, au couchant le ciel rougeoie sur les vestiges romains…
En Août 1947, dans la chaleur d’une fin de journée, Pierre Bellegarde Inspecteur à la P.J. d’Alger, se baigne dans l’eau d’une crique en contrebas des ruines. Son amoureuse, Nelya, restée sur la rive est kidnappée par deux individus. Pierre, assiste impuissant à la scène.
Cet enlèvement le plonge dans un profond désarroi. Culpabilisé, il est convaincu que c’est lui que l’on cherche à atteindre. Le flic décide de faire appel à son ancien compagnon d’enquêtes, Léon Battesti, reconverti en détective privé. Les méandres de leurs investigations les mèneront des bas-fonds de la casbah aux hauts plateaux de Kabylie.
Jusqu’où peuvent-ils aller pour découvrir la vérité ? Vérité inattendue et surprenante jusqu’au bout de l’enquête… En quatorze jours chrono !
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Pierre YVORRA est né dans la banlieue d’Alger. Il regagne les Hautes-Pyrénées en 1962, puis Toulouse, où il obtient un diplôme de l’École des Beaux Arts. Il réside désormais à Cannes où il consacre l’essentiel de son activité à l’écriture et à la fiction policière. Il a déjà publié la saga algérienne
La Maltaise et
Sable rouge. L’auteur récidive avec ce troisième roman
Mystérieuse Tipaza.
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Jean Pierre Yvorra
Mystérieuse Tipaza
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean Pierre Yvorra
ISBN : 979-10-377-0789-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce livre est une œuvre de fiction, les noms, les personnages, les évènements sont le fruit de l’imagination de l’auteur, ou utilisés fictivement, de même quelques faits historiques ont pu être interprétés différemment. Toute ressemblance, avec des personnages réels vivants ou morts, serait pure coïncidence.
Avec toute mon affection à Catherine, à Éva
À tous les pionniers, les anciens d’A.F.N.
« Au printemps, Tipaza est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres… »
Albert CAMUS « Les Noces » 1938
En cette fin d’après-midi, les derniers visiteurs du site s’étaient éloignés depuis peu, les derniers baigneurs aussi. Dans le silence installé, seuls les gravillons multicolores roulaient sous l’écume, la chaleur encore pesante m’avait incité à plonger dans l’eau cristalline de la petite baie. Nelya se prélassait à l’ombre d’un olivier pendant ma baignade, ignorante de la menace qui la guettait.
Pierre !...Pierre !... Au loin sur la rive, des cris, des cris de détresse, hurlements me glaçant d’effroi. J’entendis à nouveau son appel, son exhortation, s’atténuant peu à peu pour devenir une plainte. J’avais la sensation de dériver, j’étais à une trop grande distance de la plage discrète qui s’étalait dans cette anse du littoral.
Je distinguais entre les vagues la silhouette de deux hommes qui tentaient de maîtriser Nelya. J’assistais impuissant à la scène, gêné par la salinité de l’eau qui me brûlait les pupilles. Je devinais à peine les acteurs de l’enlèvement qui se profilaient à l’ombre des pins maritimes.
En quelques secondes, ce petit paradis s’était transformé en cauchemar, je battais la vague de toutes mes forces, mais déjà les kidnappeurs s’éloignaient entraînant mon amoureuse sur le chemin. Ce sentier caillouteux desservait les vestiges de cette ancienne cité romaine, qui à quelques centaines de mètres, rejoignait les routes côtières de Mostaganem, Oran, Alger, et au sud les routes de Médéa et Affreville.
Comme j’atteignais le rivage, j’entendis son dernier cri… Pierre !… un claquement de portières, le toussotement d’un moteur souffreteux qu’ils tentaient de démarrer. Je sortis de l’eau ruisselant, essayant d’éviter les pierres du raidillon, qui me lardaient la plante des pieds tels mille aiguillons, ce qui eut pour effet de me transformer en une espèce de funambule voulant trouver son équilibre. Ruisselant comme mon slip kaki, extrait d’un vieux stock de l’armée américaine, une espèce de suspensoir en coton, qui mouillé ne suspendait que son propre poids, oubliant sa fonction première. Contrairement à la théorie d’Archimède où : Tout corps plongé dans un fluide au repos, entièrement mouillé par celui-ci ou traversant sa surface libre, subit une force verticale, dirigée de bas en haut et opposée au poids du volumede fluide déplacé, dans mon cas cette fameuse poussée s’orientait plutôt vers le bas, ralentissant ma course. Ah ! Il n’était pas très beau à voir le flic athlétique de la P. J. d’Alger, avec ses quelques kilos en trop ! Mais l’instant dramatique devait faire place à l’efficacité, peu importait la forme !
Sous le tapis de raphia, je réussis à démêler mon holster de mes vêtements, saisis fébrilement mon fidèle browning 6.35, quelquefois efficace, mais dans l’instant inutile. Mon rassurant pistolet à la main, je courus vers le véhicule pétaradant qui, dans un dernier soubresaut, toussa en expulsant un nuage de fumée noirâtre et s’éloigna lentement dans un crissement d’essieux. Je ne pris pas le risque de vider mon chargeur sur la camionnette. J’identifiais une Citroën à la couleur indéfinissable, vert armée, marron boueux, plutôt utile à un maraîcher ou à un poissonnier qu’à une bande de malfrats expérimentés. Le silence était revenu, spectatrices de l’action les cigales se sont tues, déçues par ce dénouement soudain. Pas un bruit, seulement en contrebas dans les rochers le clapot de la vague, le soleil sur son déclin, transcendait les couleurs du grès et de la pierre calcaire, vestiges du comptoir Phénicien. Moi, j’étais comme un couillon, le mot est juste, car mon maillot brun-jaune toujours dégoulinant, toujours soumis à l’attraction terrestre, s’était encore distendu, étiré par ma cavalcade. À cloche-pied, car en redescendant sur le chemin j’avais récupéré une douloureuse épine d’acacia ou d’arbousier, j’accrochais ma poche kangourou inutile et encombrante sur l’extrémité d’une feuille d’agave, où le slip entreprit sans pudeur un goutte-à-goutte prostatique. Nu comme un ver ou comme Adam, c’est plus poétique, donc nu comme Adam, difficilement, en équilibre sur une patte tel un flamand rose, je réussis à enfiler mon pantalon malgré la sueur qui brouillait ma vue.
Je remarquais que le sac que j’avais offert à Nelya, chez un boutiquier de la rue de la Lyre, avait disparu. Sac en laine et coton tressé, plus proche d’une musette fourre-tout, qu’elle portait en bandoulière, très près d’elle et d’où elle extrayait quelquefois, délicatement, ses produits de maquillage : son khôl, sorte de poudre grise qui donnait plus de profondeur à ses grands yeux verts, d’un vert lumineux tels deux émeraudes cernées par de lourdes boucles rousses, sa boîte de poudre couleur coquelicot, ou ses petits flacons d’huile d’olive et d’huile d’argan. Dans cet inventaire intime, je percevais souvent le cliquetis de pièces de monnaie contre son porte-bonheur, souvenir de sa maman me disait-elle, talisman qu’elle protégeait précieusement. J’avais osé il y a quelques mois, sur un ton ironique, faire un trait d’esprit à propos de ses croyances, la colère et la bouderie qui ont suivi, stoppèrent définitivement mes tendances à la plaisanterie sur ce sujet.
Pierre !… Pierre !... son dernier appel bourdonnait encore dans ma tête, l’air semblait vibrer autour de moi, le vent chaud et sec venu du sud faisait danser les tilleuls, les eucalyptus libéraient mille odeurs sucrées. À ma droite, un peu plus haut à l’ombre des palmiers, j’aperçus plusieurs chèvres réunies sans doute autour d’un point d’eau, elles aussi accablées par la chaleur qui plombait les collines du sahel Algérois. Une serviette-éponge sous le bras gauche, mon tapis de raphia enroulé sur l’épaule droite, l’holster battant le flanc, claudiquant, je regagnais ma voiture. Oublié, le slip kangourou qui se balançait encore sur la feuille d’agave…
Les deux roues avant perdirent de l’adhérence et firent gicler quelques cailloux sous la poussée des six cylindres en ligne de ma traction, la 15 comme la nommait un mécano de la préfecture. Dans ma précipitation après un dérapage plutôt incontrôlé, je faillis percuter un rocher qui bordait la route. Au loin, le massif du mont Chénoua s’estompait dans la tombée du jour…
Un cabanon, mi-épicerie, mi-bistrot, calé entre deux oliviers, me permet de téléphoner à la gendarmerie de Blida et de Staouéli, pour signaler l’enlèvement. Le maréchal des logis Sanchez semblait être en pleine digestion. Apathique, paraissant accablé par je ne sais quel problème de transit, il me répondit qu’il était en effectif réduit… mais qu’il allait essayer de faire quelque chose pour moi ! À mon deuxième appel à Staouéli, le brigadier-chef Pétruse me laissa peu d’espoir, la seule équipe disponible était partie dans l’arrière-pays pour résoudre un différend entre deux maraîchers qui avaient réglé leur querelle à coups de fourche. En réalité, j’étais comme un con avec un grand C. La situation m’échappait complètement. Qui étaient ces deux individus ? Des loubards opportunistes en quête de quelques billets ? Des détraqués sexuels ? Des truands cherchant à se venger, reliquats de la prison de Barberousse ? Des revanchards ?
Pierre !… Pierre !… Son appel de détresse, de bête blessée me hantait. Sur la route côtière, seuls les phares de ma fidèle traction éclairaient les 70 km qui me séparaient d’Alger. Derrière moi, les ruines de Tipaza, le forum, les fontaines taries, les sarcophages assoupis. De la grande nécropole et sa basilique funéraire jaillissaient les cris des morts…
Pierre !... Pierre !... Elle me parlait rarement de son passé, éludant certains sujets, ses parents, son enfance, son ambivalence entre culture chrétienne et musulmane. L’arabe et la bonne maîtrise de la langue française faisaient d’elle une parfaite bilingue. Souvent, elle me surprenait par son intérêt, son goût pour la littérature, toujours friande de poésie. Je me souviens qu’un soir face à l’espace argenté, sur une plateforme rocheuse de la Pointe Pescade, elle appuya délicatement sa tête sur mon épaule, puis doucement, dans une étonnante simplicité, me déclama des vers de Théophile Gautier.
La lune de ses mains distraites,
A laissé choir, du haut de l’air,
Son grand éventail à paillettes.
Sur le bleu tapi de la mer.
Pour le savoir, elle se penche
Et tend son beau bras argenté ;
Mais l’éventail fuit sa main blanche,
Par le flot qui passe emporté.
Au gouffre amer pour te le rendre,
Lune, j’irais bien me jeter,
Si tu voulais du ciel descendre,
Au ciel si je pouvais monter !...
Les premières lueurs des faubourgs d’Alger vacillaient dans la chaleur de la nuit, une petite voix me souffla…Pierre… Pierre… Je t’attends… J’éclatais en sanglots non retenus.
« Bonjour, inspecteur Bellegarde, vous êtes triste, comme je vous comprends, votre petite pute vous manque… Elle est jolie la fleur de casbah avec ses petits seins arrogants, j’avoue vous êtes un homme de goût… Vous n’êtes pas près de la revoir, je veille sur elle, je patiente un peu avant de la croquer, vous savez comme un chat avec une souris… Vous m’avez fait souffrir, à mon tour de vous faire endurer la douleur qui m’accable depuis des années… Je vous rappellerai… peut-être…, pour vous donner des nouvelles de la belle… En attendant, ne repassez pas trop souvent la bande magnétique, cela vous fait du mal… Alors, à bientôt, monsieur Bellegarde ! »
J’appuyais nerveusement sur le bouton-stop, les bobines marron cessèrent de défiler, j’avais pris l’initiative de faire enregistrer certaines communications qui aboutissaient sur ma ligne téléphonique. Une heure auparavant, la standardiste du central bascula un appel qui lui parut particulier.
— Il y a un monsieur qui veut vous parler personnellement, il dit que c’est important !
J’avais compris que ce n’était pas une plaisanterie, les appels de détraqués, d’anxieux pathologiques, d’insomniaques, encombraient tous les jours le réseau du commissariat.
Il me fut impossible de déterminer le moindre indice, la voix était déformée, aucun bruit de fond ne pouvait donner une indication sur le lieu de l’appel.
Dès les premières paroles de l’inconnu, je compris que l’individu était dangereux, d’autant plus dangereux qu’il me semblait décidé, calculateur, méthodique, le lieu avait été judicieusement repéré. Il avait voulu me faire comprendre que rien ne serait comme avant, mais ma détermination pour démêler l’affaire était plus forte, j’aimais ma petite rousse, rien n’entraverait les projets que nous avions imaginés ensemble. La bague qui dormait dans son écrin, je jure de la glisser à son doigt…
Accoudé à mon bureau la tête entre les mains, je murmurais :
— Je jure que je la délivrerai, je jure que je la serrerai dans mes bras… pour cela, j’utiliserai tous les moyens, tous les moyens…
Trois jours s’étaient écoulés depuis l’enlèvement de Nelya. L’avis de recherche accompagné d’un portrait de mon amoureuse demeurait infructueux, la camionnette s’était volatilisée, les occupants avec…
Au travers de Nelya, c’est moi qu’il voulait atteindre, l’homme me connaissait, j’avais certainement eu affaire à lui, mais comment mettre un nom, un visage, à partir des dizaines d’investigations, d’assassins arrêtés, de meurtres résolus, de violeurs internés, de pédophiles incarcérés ? Ma seule obsession était de retrouver la femme que j’aimais, je repoussais du coude les dossiers en cours, la rixe au couteau de la grande poste, l’empoissonnement du curé de la paroisse, le noyé du port pouvaient attendre.
En ce début d’après-midi, le sirocco semblait souffler quelques incandescences. À cette heure de la journée les rideaux étaient tirés, les volets clos, un vieux chien assoupi souleva une paupière quand je gravis les quelques marches de la petite terrasse du bistrot d’Ali. Le café était toujours aussi accueillant, la fraîcheur qui régnait à l’intérieur de la pièce contrastait avec la chaleur étouffante des ruelles de la casbah. Seuls deux hommes enrubannés s’échangeaient la pipe d’un narguilé. Indicateur de longue date, Ali, en échange de quelques passe-droits, était souvent à l’écoute de confidences, d’indiscrétions, commentées par certains de ses clients alcoolisés.
Nul n’aurait osé défier ou insulter ce petit homme malingre qui bénéficiait de protections. Je savais qu’il entretenait toujours certaines relations avec des personnages peu fréquentables, anciens barbouzes reconvertis, tenanciers de bordels, trafiquants de toutes sortes.
Connaissant les lieux, j’avais stratégiquement choisi ce moment où la casbah s’assoupissait, où les ruelles étaient désertes.
Ali, le vieux combinard rusé, éructa trois mots en arabe. Aussitôt, les deux fumeurs contrariés se dirigèrent vers le rideau perlé qui occultait la lumière.
Nous étions seuls, il me demanda des nouvelles de Battesti, évoqua avec nostalgie les précieuses informations qu’il avait délivrées à la résistance locale, car Ali avait choisi son camp, il n’aimait toujours pas les extrémistes à la solde de Vichy… Mais bon… me dit-il… C’est du passé !
Devant ma Pils mousseuse, je lui décrivis l’enlèvement de Nelya. Il parut réellement affecté, il se souvenait d’elle, il évoqua la belle adolescente aux cheveux rouges qui dévalait adroitement les escaliers tortueux, le Sabah alkhyr Ali… bonjour…, qu’elle lui lançait, le shukraan,… merci…, quand il lui donnait un verre de sirop d’orgeat.
— C’était une enfant qui attirait déjà le regard des hommes, moi je la considérais comme un père…
Ali prit le temps de la réflexion, pensif, il gratta son crâne presque chauve où quelques cheveux orphelins s’éparpillaient en touffes rebelles. Puis, dans un geste inattendu claqua la paume de sa main sur le comptoir et lâcha sur un ton déterminé :
— Je vais t’aider à retrouver la petite !
Je faillis renverser mon verre de bière, quand il s’écria :
— J’ai une idée !
Planté au centre de la salle, il venait d’interrompre plusieurs mouvements circulaires, un peu comme un chien qui essaie de se mordre la queue.
— Il y a un certain Almerino qui organise des parties de jambe en l’air avec de jeunes filles, c’est un drogué, un trafiquant porté sur la chair fraîche. Il y a quelques années, il fournissait des femmes aux officiers américains. Il habite une luxueuse villa perchée sur les rochers de la Pointe Pescade. J’ai un de ses sbires, un beau parleur, qui vient régulièrement boire quelques anisettes. Dès qu’il a un verre dans le nez, il crache quelques indiscrétions sur le commerce de son patron.
Surpris par ces révélations, je lui demandais si Almerino n’avait jamais était inquiété par le service des stups.
— Non ! Il doit avoir des protections avec des huiles du gouvernement ou de la préfecture. Moi ça me dépasse, il y a des limites à ne pas franchir, ça peut être dangereux pour tout le monde… Beaucoup de tes collègues ferment les yeux !
Souvent, le commissaire Battesti m’avait freiné dans certaines enquêtes, m’avait conseillé d’éviter certaines filatures, ou d’enterrer certaines conclusions. J’ai des ordres d’en haut me disait-il en levant le doigt vers le ciel, il y a des voies qu’il ne faut pas prendre !
Ali me suggéra sur un ton un peu paternaliste :
— Dans certains cas, il vaut mieux porter des œillères et oublier…
Bon… J’avais compris qu’Almerino était un intouchable, mais malgré cela mon entêtement était plus fort, je voulais retrouver ma petite gazelle. J’y mettrai tous les moyens, dans cet univers de tordus, j’utiliserai des méthodes de tordus, même les plus illicites !
Ali perçut ma détermination, il répéta :
— Je vais t’aider !
À mon grand étonnement, il se pencha vers mon oreille et murmura comme pour préserver un secret, alors que nous étions seuls dans la salle :
— J’ai trois inséparables baroudeurs, des durs, un peu spéciaux, qui peuvent peut-être apporter des informations sur l’enlèvement de Nelya, ils savent délier les langues… Bon leurs méthodes sont plus ou moins légales, mais très efficaces, trois anciens légionnaires de Boufarik.