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Un thriller politique au rythme narratif, où la fiction rencontre la réalité. Historique, plein de suspense et mystérieux : "Scribent Ose savoir !" de Wolfgang Armin Strauch est un thriller politique hors du commun. Le synopsis : l'étudiant allemand Friedrich Stein s'est vu poser un ultimatum par ses parents : S'il ne termine pas ses études, il n'aura plus d'argent. Il convainc l'étudiant belge François Gaspard de chercher un livre pour son mémoire de fin d'études à la bibliothèque universitaire. Ensemble, ils trouvent une cachette de livres. Dans l'un des livres se trouve une lettre que Stein détourne. Cela déclenche des événements qui n'étaient pas prévisibles. La famille Gaspard se retrouve prise entre les feux des catholiques fanatiques, des francs-maçons et des nazis. La fuite vers l'Argentine semble aider. Mais finalement, la révélation d'un secret est la seule chance d'échapper au tourbillon de la violence. C'est une entreprise risquée. Des amants meurent, des amis se révèlent être des ennemis, les services secrets ont leur mot à dire. Un tombeau profané, des indices sur des œuvres d'art, une constellation et une carte de Jérusalem résolvent le mystère. Partez pour un voyage à l'autre bout du monde et à travers 2000 ans d'histoire. Après avoir lu ce livre, vous aurez une autre vision et vous ferez désespérer plus d'un théologien, historien ou astronome, car la plupart des faits sont exacts.
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Seitenzahl: 936
Veröffentlichungsjahr: 2023
Mes remerciements pour leur soutien actif vont à Ingrid, Christine et Thomas.
Proverbe latin du poète romain Horace : "Sapere aude".
Interprétation d'Emmanuel Kant : „Ose savoir !“
Wolfgang Armin Strauch
Scribent
Ose savoir !
Thriller politique
© 2023 Wolfgang Armin Strauch
Version originale allemande : Scribent - Sapere aude
Couverture souple : 978-3-384-04839-4
Couverture rigide : 978-3-384-04840-0
Livre électronique : 978-3-384-04841-7
Impression et distribution pour le compte de l'auteur :
tredition GmbH
An der Strusbek 10
22926 Ahrensburg, Germany
L'œuvre, y compris ses parties, est protégée par le droit d'auteur. L'auteur est responsable du contenu. Toute utilisation sans son accord est interdite. La publication et la diffusion sont effectuées sur ordre de l'auteur, à joindre à l'adresse suivante :
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Abteilung "Impressumservice",
An der Strusbek 10
22926 Ahrensburg, Germany.
Couverture
Dédicace
Page de titre
Page de copyright
L'incendie
La menace de Stein
La fuite
Mots français
Émigrés
Le secret
La contrefaçon
Wilson du MI6
La vente aux enchères
Mort à Saragosse
Aides polonaises
Photos de pierre
L'ancienne bague
Retour en Argentine
Les nazis à Buenos Aires
Mossad
Action agence de voyage
L'arrestation de Stein
Adieu à Annette
La mission
L'évaluation
Traces à Rome
L'air de Berlin
Les images D'Adrian
La mort de Carlos
Le testament
Le temple
Le château de Wewelsburg
Le putsch
Le meurtre du général
L'horloge indiquait 13h52
L'action
Jérusalem
L'attentat
Nouvelles vues
Visite de L'Allemagne
L'analyse
Le tableau
Questions en suspens
Les symboles de L'horloge
Le frère de Lise
Amour, pouvoir et mensonges
La cassette
Réunion à Buenos Aires
L'héritage D'Adrian
Polyglotte compluténien
Le savoir secret de L'Ordre D'Alcántara
L'héritage des frères de L'Ordre
La reconnaissance de dette
La tombe D'Adrian
Meurtre et héritage
Géométrie et croyances
Les héritiers de la relique
Les secrets des images
Analyse de la relique
Lettre D'une Mère
Marie-Madeleine
Le tableau
Les symboles disparus
Triangles et croix
La CLé de voûte
Le Cœur
Ce qui s'est passé ensuite
Épilogue
Informations sur L'auteur
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Page de titre
Page de copyright
L'incendie
Informations sur L'auteur
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L'incendie
1914. Leuven en Belgique.
Friedrich Stein avait déjà dépassé de deux ans la durée habituelle de ses études. Au lieu d'étudier, il préférait traîner avec des amis de la Fraternité universitaire, qui se laissaient entretenir par lui. Ils le remerciaient par des flatteries qui servaient son ego. Il accordait une grande importance à son apparence. Son costume était fait de fil fin. Il tirait régulièrement sur sa chaîne de montre pour s'assurer que tout le monde puisse voir son chronomètre en or.
Il n'était certainement pas stupide. Il aimait parler de sujets dont ses camarades n'avaient aucune idée, mais évitait les discussions techniques. Lorsqu'il remarquait que quelqu'un s'y connaissait mieux que lui, il changeait rapidement de sujet pour radoter sur autre chose. Finalement, il ne trouvait plus d'auditeurs réceptifs que parmi les étudiants de première année. Son visage était plutôt moyen, si l'on excepte sa barbe qu'il avait tortillée comme l'empereur Guillaume II. Il n'était pas du genre à plaire aux femmes, car son attitude graisseuse était repoussante. Il n'avait donc d'autre choix que de fréquenter des établissements peu recommandables et d'y dépenser son argent.
Malheureusement, ce mode de vie a déplu à ses parents. Ce n'est que lorsqu'il a été arrêté lors d'une rafle et que la police locale a appelé le recteur qu'il s'est ravisé. Son père est venu de Berlin en voiture pour éviter l'expulsion au dernier moment. Il lui a posé un ultimatum. S'il ne terminait pas ses études cette année, ses parents lui couperaient les vivres. Début juillet 1914, il était déjà en retard pour son travail de fin d'études. En désespoir de cause, il se rendit chez François Gaspard, qui avait déjà réalisé plusieurs travaux pour lui, et lui demanda de l'aide.
Son professeur lui avait accordé un délai de grâce de trois semaines pour le rendre. Le problème, c'est qu'il n'avait pas encore écrit une seule ligne. Pour un sujet d'histoire, 21 jours, c'était plus que juste. Il s'est donc mis en tête de choisir un livre aussi peu connu que possible comme sujet. Le professeur n'aurait guère intérêt à tout lire si c'était suffisamment ennuyeux.
La situation de François Gaspard était totalement différente : le peu d'argent de la bourse ne suffisait pas. Durant ses études, il ne s'est pas rendu une seule fois dans un bar. Sortir avec des filles s'interdisait de lui-même, puisqu'il ne pouvait même pas leur offrir une bière. Mais cela ne signifiait pas qu'il n'avait pas de contacts. Par chance, il avait décroché un travail dans les archives de l'université, ce qui l'avait aidé à surmonter ses plus grandes difficultés. Son talent linguistique s'était répandu. Cela lui permettait de gagner occasionnellement un peu d'argent en effectuant des travaux de correction. Il aimait les livres et profitait de chaque minute de libre pour lire. Il voulait cependant terminer ses études le plus vite possible pour ne pas être à la charge de ses parents.
Friedrich Stein était au courant de sa détresse. Il lui proposa de l'argent pour un livre approprié. François hésita, car le prêt de livres historiques n'était autorisé que sur autorisation spéciale. De plus, l'indication "n'importe quel vieux livre ennuyeux" lui semblait trop vague pour qu'il puisse le rechercher de manière ciblée. Finalement, il a décidé d'emmener Stein aux archives pour qu'il puisse choisir lui-même un livre.
Ils sont allés jusqu'au fond des étagères. Bien que le nouveau système d'étagères Lipman ait déjà été installé partout, une vieille étagère se trouvait dans une niche. Cela n'avait visiblement pas valu la peine de commander une fabrication spéciale pour les quatre-vingts centimètres. Elle avait donc été laissée à sa place. Stein a sorti au hasard un gros livre de l'étagère. Le livre avait probablement fait office de clé de voûte. Deux planches cédèrent et se libérèrent de leur poids. Comme des dominos, les livres s'entre choquaient avant d'atterrir avec fracas sur le sol. La poussière se soulevait. Des toiles d'araignées flottaient dans le couloir. Ce n'est qu'avec peine que les deux étudiants parvinrent à remettre une planche sur son support et à la remplir de vieux écrits. L'autre était accrochée de manière tordue sur l'étagère et ne pouvait pas être déplacée. Pris de panique, ils l'ont secouée jusqu'à ce qu'ils se rendent compte qu'elle était reliée à l'étage supérieur. Une fente indiquait qu'il y avait un espace vide derrière. Ils ont soigneusement enlevé les inscriptions coincées et ont retiré la planche en forçant légèrement. La cloison pouvait maintenant être retirée. Toute une rangée de livres devint visible. François essaya de faire glisser la cloison à son ancien emplacement. Il n'y parvint pas. Le contenu s'était complètement coincé.
Ils décidèrent de vider les casiers et de les remplir à nouveau. Pour faire de la place, ils ont retiré une pile de livres, des écrits épars et un carton. Ils transportèrent le tout dans le vestibule. Là, ils les ont triés par taille et ont poussé les piles de papier informes dans le casier. Finalement, il ne restait plus qu'un livre qui ne pouvait plus être enfoncé.
"Je prends ça pour mon travail", a dit Stein.
François le regarda, stupéfait.
"On ne veut pas d'abord tout mettre en ordre ?"
Mais Stein avait déjà le livre sous le bras et a dit : "C'est pour cela que nous sommes ici. Tu peux faire le reste tout seul".
François l'a tenu et a dit : "Je dois encore l'inscrire dans le registre des preuves".
"Scribent I. Volume", écrivit-il sur la ligne. Pour déterminer l'auteur, il feuilleta les premières pages. Le livre était entièrement écrit à la main. Il était impossible de déterminer un auteur. Dans la reliure se trouvait une lettre avec une écriture illisible. On y voyait l'empreinte d'un sceau avec un blason. François compléta l'inscrip tion dans le livre de preuves : "Contient une lettre avec un sceau inconnu". Puis Stein signa et laissa François seul, qui se mit à classer les livres.
François était désormais certain d'avoir commis une grave erreur. Même si, à première vue, la vieille étagère était telle qu'ils l'avaient trouvée, le remords le taraudait. La nuit, son sommeil fut agité. Finalement, il se rendit aux archives une heure plus tôt. L'archiviste principal, Quentin Mertens, était déjà là.
"Je dois vous avouer quelque chose de très grave".
En racontant son histoire, il avait les larmes aux yeux. Il avait certainement perdu son travail. Peut-être même qu'il allait être renvoyé de l'université.
Mertens le regarda d'un air punitif. Puis il alla chercher le livre de prêt.
"C'était une grave erreur. Tu ne peux pas imaginer ce que vous avez fait. Mais je suis aussi coupable".
Il a arraché la page avec la mention du prêt.
"L'histoire doit absolument rester entre nous !"
Incrédule, François regarda son supérieur. Mertens l'entraîna dans les rangées d'étagères.
"Ce livre n'a jamais existé ! Promets-moi de n'en parler à personne".
"Oui, mais pourquoi ?"
"Ne demande pas. Va chercher la voiture, s'il te plaît. Nous devons nettoyer".
Déterminé, Mertens s'est dirigé vers l'étagère du compartiment secret. Il vida la première rangée et retira la paroi intermédiaire. Ils apportèrent le contenu caché dans le vestibule. Mertens a tout do cumenté sur une feuille de papier et a ensuite glissé le papier dans sa poche.
"Y a-t-il une chance que nous récupérions le livre et la lettre de Stein ?"
François réfléchit : "Il doit encore écrire son travail. Peut-être me demandera-t-il de l'aider".
"Va le voir avant qu'il ne confie cette tâche à quelqu'un d'autre. Je t'aiderai à faire le travail".
François n'eut pas à faire d'effort, car Stein était déjà devant la porte des archives lorsqu'il voulut rentrer chez lui. Il lui tendit le livre.
"Un mois de loyer si tu écris ce travail pour moi".
"Très bien. Quel sera le titre" ?
"Je m'en fiche de lui. L'essentiel est qu'il s'agisse d'histoire. Oui, et il me faut bien sûr un résumé du contenu".
Stein a remis le livre et s'est éloigné en sifflant.
François se précipita vers l'archiviste qui regardait le livre.
"Qu'en est-il de la lettre ?"
"Je ne le sais pas. Il ne me l'a pas donné".
"Oh mon Dieu ! Le livre n'avait aucune importance. Seule la lettre avait de la valeur. Je ne peux qu'espérer que Stein ne pourra pas déchiffrer l'écriture".
François a regardé Mertens avec inquiétude.
"Dois-je le lui demander ?"
"Pas question. Quand tu auras fini de travailler, tu auras une raison. Maintenant, la demande ne ferait qu'attirer l'attention".
François a ouvert le livre. "Qu'est-ce que ça a de si important ?"
"Tu reconnaîtras rapidement l'auteur du livre. Tu le comprendras alors. Face à Stein, tu affirmes que l'auteur n'a pas pu être identifié. Quand tu auras terminé ton travail, nous en parlerons. Je doute que son professeur s'y intéresse. Si cela devait arriver, il n'y aurait plus aucune trace du livre. Alors Stein a un problème. Je l'enlèverai, comme les autres livres de la vieille étagère".
Mertens le regarda fermement dans les yeux. François se contenta de hocher la tête.
* * *
C'était étrange. Le livre portait une mention stipulant qu'il ne devait pas être détruit. En dessous était collé un sceau en papier, authentifié par une signature illisible. L'auteur avait utilisé des versos vierges de tracts pour préparer ses cours. L'encre de l'écriture était partiellement effacée. On pouvait toutefois voir qu'il s'agissait de sujets mathématiques, linguistiques et théologiques. Entre-temps, il y avait quelques notes sur le comportement des étudiants.
François a comparé les données trouvées avec le programme des cours de la période allant de 1501 à 1508 environ. Il était finalement certain que l'auteur était le professeur Adriaen Floriszoon Boeiens, dit Adrien d'Utrecht, qui fut plus tard élu pape Adrien VI. Dans le livre 'Bibliotheca alcographica' de 1660, il a trouvé une gravure sur cuivre de Johann Theodor de Bry.
François est allé voir Mertens avec le résultat. "L'auteur est manifestement Adrien d'Utrecht, qui est devenu pape par la suite. Pour autant que je puisse en juger, il n'y a guère de documents sur lui de cette époque. Ne serait-il pas bon d'aller voir le recteur avec cette découverte" ?
"En aucun cas. Ce n'est pas sans raison que les documents ont été cachés. Mets-toi au travail et tu rendras service à l'humanité".
"Pourquoi quelqu'un a-t-il écrit Scribent sur le livre ?"
Gravure sur cuivre de Johann Theodor de Bry, tirée de 'Bibliotheca Chalcographica', Francfort, 1650 © Collection W. A. Strauch
Mertens a regardé François. "Il est possible que ce soit Adrien lui-même. Cela lui correspondrait, car il était modeste. Après tout, il s'agit de notes personnelles et non d'un livre. La racine du mot Scribent vient du mot latin pour 'écrire' et se retrouve, modifié, dans de nombreuses langues. Comme Adrian était néerlandais, je suppose qu'il se désignait lui-même de manière péjorative comme 'scribouillard'. Ce mot existe encore aujourd'hui en néerlandais. Il est toutefois peu utilisé dans le langage courant.
Mais en fin de compte, je pense que c'était dans le but de cacher les livres. Personne ne cherche un auteur qui se dit écrivain".
* * *
Au bout de deux semaines, François avait terminé un travail de fin d'études à peu près acceptable. Il portait le titre insignifiant de "Préparations de cours au début du XVIe siècle".
Pour des raisons pratiques, il avait indiqué quelques autres sources afin de ne surtout pas faire référence au véritable auteur. Mertens avait donné sa bénédiction et François s'était mis en route pour aller voir Friedrich Stein.
Mais il n'était plus là. La propriétaire a dit qu'il avait quitté l'appartement une semaine auparavant.
François en informa Mertens. Celui-ci a accusé réception du message en déclarant : "Alors il a déchiffré la lettre".
* * *
Quelques jours plus tard, la Première Guerre mondiale commençait. Beaucoup de choses sont devenues insignifiantes. C'était une question de survie. L'après-midi du 24 août 1914, un étranger se présenta à la bibliothèque et demanda des livres de Scribent.
Quentin Mertens a fait semblant de consulter le fichier. Puis il a informé le visiteur mécontent que l'auteur n'était pas dans le fonds. François se trouvait dans la salle de lecture et fut témoin de l'incident. Mertens a posé son index sur sa bouche et l'a tiré derrière une armoire.
"C'est un Italien. Sa prononciation l'a trahi. Il ne faut pas qu'ils mettent la main sur ce matériel. Pouvez-vous m'aider" ?
Le soir, ils ont sorti deux lourdes caisses de la cave et les ont mises sur la charrette à bras du concierge, puis ont transporté le tout à travers la ville jusqu'à un vieil entrepôt.
"T. Plummer" était écrit de manière délavée au-dessus de l'entrée de la cour. Un homme aux cheveux gris et au visage ridé les a accueillis à la porte. En revanche, il avait des doigts d'une extrême finesse. "Thomas Plummer", se présenta-t-il. Mertens remarqua son inquiétude.
"Tu peux lui faire confiance", a dit Mertens.
Plummer a ouvert un battant de la porte. Ils ont poussé le chariot à travers et ont caché les boîtes de livres dans un entrepôt derrière une montagne de vieux cartons.
"Mais ça ne peut pas rester ici", a dit Plummer.
"J'ai déjà appelé Egon. Il te contactera".
Plummer a hoché la tête. Puis il regarda François : "Tu fais maintenant partie d'un secret. Ne demande pas de quoi il s'agit. Moins tu en sais, mieux c'est pour toi".
Mertens a demandé à François de le raccompagner chez lui.
L'appartement avait l'air bien rangé. Ils entrèrent dans sa bibliothèque. Les murs étaient lambrissés de bois rougeâtre. Des meubles lourds dominaient la pièce. Une étagère informe, qui montait jus qu'au plafond, abritait des quantités de livres anciens. Le maître des lieux s'affaira sur le bureau et tint soudain une discrète boîte métallique dans sa main.
"Pourrais-tu les garder quelque temps ?"
"Qu'est-ce que c'est ?", demanda François en regardant de plus près la boîte en fer blanc. "Du tabac à priser ?"
Non, il y a une bague dedans". S'il m'arrive quelque chose, passe une annonce dans l'édition du week-end du journal 'Le Soir'. Voici de l'argent. Je vais te noter le texte".
Mertens a écrit sur la tranche d'un journal : "Le livre est ouvert. Cercle de lecture de Louvain".
"Une semaine plus tard, le journal publiera une annonce proposant la restauration de livres anciens. Derrière, un numéro de téléphone sera indiqué. En appelant, inverse l'ordre des trois derniers chiffres. Fixe un rendez-vous et remets la bague. C'est tout".
François est rentré chez lui avec des sentiments mitigés. Là, il ouvrit la boîte métallique. A l'intérieur se trouvait une bague sale enveloppée dans du coton. On aurait dit que quelqu'un l'avait placée dans de la cire sur laquelle de la poussière s'était fixée. En la frottant un peu, il vit que la bague était en or et portait une pierre bleu foncé. Il a soigneusement remis le bijou dans la boîte.
* * *
Dans la nuit, on entendait des tirs d'armes à feu. Bien que la ville ait été livrée sans combat, les soldats allemands couraient dans les rues et tiraient dans tous les sens. Le 25 août 1914 à 11h30, un incendie a été déclenché dans la bibliothèque universitaire. Les flammes ont dévoré des siècles de livres. Les pompiers n'avaient aucune chance. Des citoyens se sont rassemblés à une distance sûre et ont assisté au spectacle avec tristesse et colère. François fut informé de la situation par sa logeuse. Il s'est mis en route. Les flammes flambaient haut au-dessus du toit. Le terrain était bouclé par les pompiers, la police et des soldats allemands. Il a demandé à un pompier s'il y avait des blessés. Celui-ci le dirigea vers un officier.
"Ce n'est pas exclu. On peut à peine s'approcher des foyers d'incendie. En outre, il y a eu des coups de feu. Nous avons donné des soins médicaux à certaines personnes et les avons renvoyées chez elles".
* * *
Le lendemain matin, François a trouvé l'archiviste Mertens inanimé dans une rue transversale. Souillé par la suie, il gisait à côté de la charrette à bras. Avec beaucoup de difficultés, il le tira sur le plateau de chargement. Ce faisant, il déchira sa chemise. Son cou était couvert de marques sanguinolentes et sa poitrine présentait des blessures circulaires, comme si on y avait écrasé des cigarettes. Il remarqua qu'il portait une épingle avec un compas et une équerre.
Des soldats allemands surveillaient les décombres fumants. François se demanda s'il devait demander de l'aide, mais il abandonna rapidement cette idée.
"Peut-être que l'un d'entre eux a causé les blessures", se dit-il.
En fait, il voulait apporter le corps à l'appartement de Mertens. En s'engageant dans la rue, il a vu qu'il ne restait de la maison que des débris fumants. Dans sa détresse, il a conduit la voiture avec la dépouille mortelle deux kilomètres plus loin, jusqu'au cimetière. Il a donné à un diacre le nom et l'adresse du défunt. Des porteurs de corps ont pris en charge le défunt et l'ont déposé sur une pelouse. Par mesure de sécurité, ils ont fouillé les sacs. Elles étaient vides.
Une file de personnes à la recherche de proches s'était formée sur le chemin principal. François voulait des réponses et s'est donc dirigé vers Plummer, qui était assis sur un banc devant sa maison. Lentement, celui-ci releva la tête et demanda sans saluer : "Est-il mort ?"
François hocha la tête. "On l'a torturé".
L'homme regarda tristement ses mains.
"Il n'a rien dit. Sinon, ils seraient déjà là".
Ils entrèrent dans la maison. François pensait que Plummer allait maintenant râler contre les Allemands. Au lieu de cela, il alla chercher une bouteille de vin à la cave et posa deux gobelets en argent sur la table. Ils portaient des signes de la franc-maçonnerie et l'inscription "Les Disciples de Salomon".
Au lieu de faire une déclaration sur la mort de son ami, l'homme dit : "Barbares". En silence, ils burent du vin et s'abandonnèrent à leur chagrin.
* * *
Deux jours plus tard, François s'est rendu au cimetière. Il voulait savoir quand l'enterrement aurait lieu. Le diacre consulta une liste. En effet, un membre de la famille s'était trouvé et avait convenu d'une cérémonie d'enterrement. Dans le cimetière, on voyait d'innombrables tombes ouvertes. Le clergé était débordé. Les survivants attendaient d'enterrer les membres de leur famille. Dans leurs vêtements, les ecclésiastiques ressemblaient à des points colorés au milieu d'hommes et de femmes vêtus de noir. Ils allaient de tombe en tombe pour rendre un dernier hommage aux défunts.
François avait trouvé la tombe après de longues recherches. Le nom de Mertens avait été gravé sur une croix en bois. Des femmes et des hommes, portant de minces bouquets de fleurs, se tenaient à côté du cercueil, qui avait été posé sur le sol excavé. Ils attendaient le prêtre. Les personnes présentes examinaient François et lui faisaient des signes de tête. Un homme un peu obèse, aux cheveux gris, demanda : "Vous l'avez emmené au cimetière ?"
François hocha la tête. L'homme se présenta comme le frère de l'archiviste et le remercia. Une vieille femme sanglota bruyamment. C'était la mère de Mertens. François se sentait mal à l'aise parce qu'il ne connaissait pas les personnes présentes. Il jeta un coup d'œil au diacre qui venait de terminer sa prière sur une tombe voisine en disant "Amen" à haute voix et qui attendait que le cercueil soit descendu dans la fosse. Un peu plus loin, il vit un homme qui n'avait pas sa place ici. Sans pouvoir le définir plus précisément, François a senti qu'il était un corps étranger. Il portait un chapeau melon et regardait trop souvent l'assemblée en deuil. C'est alors que François l'a reconnu. C'était l'étranger qui avait demandé les livres de Scribent à la bibliothèque. Discrètement, il bouscula le frère de Mertens.
"Connaissez-vous l'homme à côté de la sculpture ?"
"Non. Qui est-ce ?"
François posa rapidement son index sur ses lèvres : "Chut !"
Le diacre est arrivé et a récité son discours, qu'il avait déjà prononcé tant de fois. Il semblait avoir perdu toute compassion, car il avait du mal à se souvenir du nom du défunt. Il s'interrompait donc brièvement aux endroits prévus à cet effet pour regarder un bout de papier. François regardait régulièrement l'étranger, qui s'éloignait au bout d'un moment.
François a été invité par le frère de Mertens à la veillée funèbre. Il s'appelait Martin et était propriétaire d'une pharmacie. Les invités du deuil étaient assis autour d'une longue table ovale. Il présenta officiellement François aux personnes présentes. On porta un toast à l'archiviste et on raconta des épisodes de sa vie.
Avant le dîner, Martin demanda qui était l'étranger. François décrivit l'incident dans la bibliothèque, mais ne dit pas qu'il avait aidé à déplacer les livres. Martin devint blême. Il voulut demander quelque chose de plus, mais hésita. Puis il dit : "Le scribe écrit les péchés pour que le Seigneur ne les oublie pas".
Il connaissait visiblement le secret. François lui chuchota : "Mais que se passe-t-il si ce qui est écrit brûle ?".
"Alors tout cela n'aura servi à rien. Je crois que je vais te montrer mon pommier".
Martin l'a tiré hors de la pièce. Dans le jardin, il demanda : "Qu'est-ce qui s'est passé ?
"Ton frère m'a interdit d'en parler".
"Je te crois. Je veux juste savoir si tout a brûlé".
"Non. Le Seigneur ne l'a pas voulu et a envoyé un ange".
Il s'impatienta : "L'ange s'appelait-il Thomas Plummer ?"
"Oui".
Martin semblait désespéré : "Thomas est mort. On l'a retrouvé mort à Bruxelles. Il a été torturé. On lui a brûlé les yeux".
François a eu la nausée : "Thomas Plummer ?"
"Oui, j'ai eu sa mère au téléphone tout à l'heure. Nous avons subi une grande perte. Je ne parle pas seulement de Thomas".
François a dit : "Il y a peut-être encore de l'espoir. Je connais la cachette".
Martin le regarda avec reconnaissance : "Alors il faut se dépêcher".
Il a informé la famille, a sorti sa limousine du garage et s'est fait indiquer le chemin. Arrivés à destination, ils ont garé la voiture dans une rue latérale et sont entrés dans l'entrepôt. Avec un peu de mal, ils trouvèrent les deux caisses derrière les vieux cartons. Alors qu'ils étaient en train de monter, un grand bruit les a effrayés. Des étrangers fouillaient la maison. Des portes ont été enfoncées. Du verre a été brisé.
Martin et François se sont réfugiés dans la cave, se sont glissés par une fenêtre de la cave et ont atterri dans la cour de la maison. Par chance, la grande porte d'entrée n'était protégée que par un loquet. Dans la rue, ils marchaient très lentement. Ils avaient déjà atteint la rue latérale lorsqu'un groupe de soldats allemands s'approcha d'eux.
"Contrôle !", a crié un officier. Il se fit montrer les papiers. Puis il désigna les caisses. Martin les ouvrit volontiers.
"Que des vieux livres", dit-il en allemand.
On les a laissés partir.
Martin démarra la voiture : "J'ai failli mourir de peur. Mais maintenant, dégage".
Alors qu'ils passaient devant la maison de Thomas Plummer, ils ont vu un homme. C'était l'étranger du cimetière. Ils se sont rendus à la gare et ont enregistré les deux caisses comme bagages.
De retour à l'appartement, Martin montra à François une épingle maçonnique cachée sous le revers de sa veste. Il la sortit et la donna à François. "Nous te sommes redevables".
Celui-ci demanda : "Peux-tu me dire ce qu'il en est de ces livres ?"
"Il vaut mieux ne pas connaître le secret".
Le lendemain, François est allé au journal et a passé une annonce. Comme il l'avait annoncé, il a trouvé la semaine suivante une annonce avec un numéro de téléphone qu'il a appelé pour fixer un rendez-vous. A l'heure fixée, il se rendit dans le parc. Le banc était un peu éloigné, mais il avait l'avantage de n'être visible que d'un seul côté, car de grands arbustes se trouvaient à droite et à gauche. Un vieil homme donnait à manger à quelques moineaux. Il regardait de temps en temps une montre en or qu'il sortait de son gilet. Ses yeux contrôlaient les rares promeneurs.
Voyant François de loin, il alluma un cigare, se pencha en arrière, satisfait, et lança les miettes de pain restantes aux moineaux. François s'assit à côté de lui. Au lieu de le saluer, le vieil homme lui demanda : "Quentin est mort" ?
François regarda le sol : "Je l'ai trouvé et je l'ai emmené au cimetière. Il avait une mine terrible. La veille encore, il m'a demandé de prendre contact avec vous en cas de décès et de vous remettre la bague. Sinon, il n'a rien dit".
Il sortit la boîte métallique de sa poche et la tendit à l'homme. François sentit l'excitation de ce dernier lorsqu'il sortit la bague de son contenant et l'examina.
"Merci beaucoup. Vous n'imaginez pas à quel point ce dernier service a été important pour Quentin".
J'aurais voulu faire plus". Mais maintenant, il est mort. Les objets n'ont de valeur que pour les vivants".
Le vieux hocha la tête. "Mais parfois, vous faites en sorte que d'autres survivent. En tout cas, je n'oublierai pas ce que vous avez fait. S'il vous plaît, acceptez cette petite attention. C'est le moins que je puisse faire pour vous".
Il s'agissait de cinq pièces d'or de 20 francs chacune. François ne savait pas s'il avait bien fait d'accepter cet argent.
Le vieux se leva. "En temps de besoin, il est bon de posséder de l'or".
François resta assis encore un moment. Les pièces suffiront à payer le loyer impayé. Mais il voulait en garder au moins une en souvenir.
* * *
La guerre a laissé de profondes blessures en Belgique. Rien qu'en août 1914, 5000 civils sont morts. Battice, Herve, Visé et Diant ont été réduites en cendres. À Louvain, 200 personnes ont perdu la vie. La faim et la misère régnaient. Des centaines de milliers de Belges ont fui vers les Pays-Bas. Parmi eux se trouvait François Gaspard, qui venait d'apprendre que ses parents étaient morts du typhus.
À Utrecht, il survit grâce à des petits boulots jusqu'à la fin de la guerre. En décembre 1918, il retourne à Louvain. À partir de janvier 1919, il poursuit ses études d'histoire, qu'il termine en 1922. La même année, il se marie avec Juliane Broustine, qui travaille comme secrétaire à l'université. Julien est né le 30 janvier 1924.
La bibliothèque universitaire de Louvain a été reconstruite avec l'aide des États-Unis. Les étagères se remplissaient. Le traité de Versailles avait obligé l'Allemagne à remplacer les collections détruites de la bibliothèque. François s'occupait désormais des livres et manuscrits historiques. Les souvenirs des événements de 1914 s'estompaient. François se sentait heureux. Chaque jour passé avec Juliane et son fils Julien était un cadeau.
Ce n'est que parfois, lorsqu'il était plongé dans un vieux livre, qu'il levait les yeux et cherchait Quentin Mertens du regard, avant de se rappeler qu'il n'était plus en vie.
La menace de Stein
Début janvier 1939. Leuven, Belgique.
On sonna à la porte de l'appartement. Friedrich Stein sourit : "Bonjour François. Tu as bien survécu à la guerre ? J'ai cru comprendre que tu étais marié et que tu avais un enfant".
François le regarda et lui dit : "Je ne suis pas intéressé par une conversation avec toi".
"Voilà, voilà. Le crève-la-faim est devenu fier. Mais cela t'intéressera peut-être de savoir que je travaille sur un projet scientifique qui te fera gagner en un mois autant qu'un archiviste en une année. Le Reichsführer SS, Heinrich Himmler, s'intéresse à toi. L'Allemagne a généreusement offert des livres à l'université. On peut donc s'attendre à un peu de soutien".
Indigné, François rétorqua : "Tu n'es pas en Allemagne ici. Je n'ai pas oublié comment vous avez fait rage à Louvain. J'ai perdu deux amis".
Stein a haussé le ton. "Mertens n'avait qu'à s'en prendre à lui-même. Il n'aurait pas dû s'en prendre aux mauvaises personnes".
Il laissa passer un moment.
"Si tu te mets en travers de la route, toi et ta famille risquez de subir le même sort que lui. C'est à toi de décider".
Le coup de François était précis. Il entendit la fracture de l'os nasal et le choc sourd du corps. Sans se soucier de Stein, il ferma la porte et donna deux tours de clé.
François tremblait de tout son corps. Il ne s'était encore jamais battu. Sa femme est sortie de la cuisine et l'a serré dans ses bras. Puis Julien arriva à son tour. "Qu'est-ce qui s'est passé ?"
François est resté muet dans le couloir. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'il s'est ressaisi.
"Je suis désolé. Mais j'ai très peur. Peur pour vous".
Juliane le prit par la main. Dans le salon, il s'est assis sur le canapé qu'ils venaient d'acheter. Elle demanda si elle devait appeler la police.
"Non, elle ne peut pas aider. C'est compliqué".
Juliane lui prit les mains. "As-tu fait quelque chose d'interdit ?"
"Non. J'ai juste rencontré un meurtrier".
Il leur a ensuite parlé de Friedrich Stein, Quentin Mertens, Thomas Plummer et de la bague qu'il a donnée à un inconnu. Vous devriez le comprendre.
Il n'était pas sûr d'avoir fait le bon choix. Mais à qui pouvait-il faire confiance, si ce n'est à ceux qu'il aimait ? Ils s'assirent à côté de lui. Il pleurait. Julien se leva et alla à la fenêtre, car il avait entendu quelque chose. "L'homme est en train de partir dans une grosse Mercedes. Il n'est pas seul. Les deux autres lui ont parlé à voix haute".
"Tu as compris quelque chose ?", a demandé François.
"Non. Je crois qu'ils parlaient allemand".
Les gouttes s'écrasaient contre les vitres. Une flaque d'eau se formait sur le rebord de la fenêtre. L'eau menaçait de se frayer un chemin jusqu'aux planches. Depuis longtemps déjà, il aurait dû remplacer le mastic de la fenêtre. Il l'avait sans cesse repoussé. François se sentait coupable. Un vide de plomb se répandait en lui. Il restait assis, incapable de faire le moindre mouvement. Il entendit son nom de loin.
Juliane le secoua. "François ! François !"
Il releva la tête. "Je ne sais pas quoi faire".
Vieux jeu, Julien s'en mêla : "Le franc-maçon existe-t-il encore ?"
François releva lentement la tête. "Peut-être. Je l'ai vu dans la rue il y a quelques années".
"Eh bien, alors. Ils ont une dette envers toi. Ils ne peuvent pas faire plus que refuser. Je t'accompagne".
François était content que son fils sûr de lui l'accompagne, car il se sentait faible et menaçait de s'écrouler à tout moment. La pluie s'était calmée. Leurs chapeaux enfoncés dans le visage, les cols de leurs manteaux relevés, ils se faufilaient dans les rues comme des voleurs. Les réverbères à gaz s'allumaient. Leur lumière était pauvre et se reflétait sur les pavés. Il leur fallut près d'une heure pour atteindre la banlieue. Bien qu'aucun nom ne soit inscrit sur la porte, François reconnut immédiatement la maison. Des sculptures gardaient l'entrée. Au lieu d'une sonnette, il y avait un heurtoir en laiton sur la porte. Le bruit semblait si fort à François qu'il craignait que les voisins n'ouvrent leurs fenêtres pour voir qui troublait la tranquillité.
Martin Mertens a ouvert. Il avait sensiblement vieilli, mais il avait toujours les yeux éveillés. Il voyait que quelque chose avait dû se passer.
"Entrez d'abord. Vous êtes complètement mouillés. Je suis content que tu sois là". Il examina Julien. "C'est ton fils ?"
Martin a serré la main de Julien. "Il te ressemble".
Avant qu'il ne puisse répondre, François a dit : "J'avais peur de sortir seul dans la rue. Il s'est passé quelque chose".
Martin cria : "Anne, nous avons de la visite. Fais du thé, s'il te plaît".
Une voix invisible répondit : "J'arrive tout de suite".
"Tu as eu de la chance. Nous venons juste d'arriver d'Utrecht. Vous avez failli nous manquer".
Gêné, François a dit : "Désolé de vous déranger".
"Mais non, bien sûr. Nous sommes toujours heureux de recevoir des visiteurs".
Martin a ouvert la porte du salon. De vieux tableaux étaient accrochés au mur. Dans le coin se trouvait une horloge qui semblait avoir attendu son entrée, car un gong annonçait l'heure suivante. Le buffet était rempli de photos de famille. Sur l'une d'elles, on pouvait voir Quentin diplômé de l'université. François la prit en main.
"Quand je pense à lui, je sens l'odeur âcre de la fumée des livres brûlés et je le vois étendu sur le chariot, inanimé et meurtri".
Pensif, il a remis le tableau en place. "Et voilà qu'apparaît l'homme qui a fait tout cela".
Martin le regarda avec effroi. "Qui est venu ?"
"Friedrich Stein est venu me voir tout à l'heure et a laissé entendre qu'il avait participé au meurtre de Quentin".
Comme Martin hésitait tout en regardant Julien, François a pris la main de son fils. "J'ai parlé à ma famille de cette époque". Il regarda Martin.
François a déclaré : "Stein m'a demandé si je voulais l'aider dans un travail de recherche pour les nazis. Quand j'ai refusé, il a menacé que ma famille et moi pourrions subir le même sort que ton frère et Thomas Plummer".
"Et comment as-tu réagi ?"
Fièrement, Julien a répondu pour lui : "Il lui a cassé le nez !"
Un léger sourire se dessina sur la bouche de Martin avant qu'il ne redevienne sérieux. "Prenez place et calmez-vous d'abord".
François a souligné ses propos : "Ce n'était pas une menace en l'air. Il y avait une telle froideur dans ses yeux".
Il regarda Martin d'un air interrogateur. "Je ne m'explique pas pourquoi il est venu me voir après tant d'années".
"Stein t'a choisi en toute connaissance de cause. Il a supposé que tu étais vulnérable au chantage parce que tu lui avais donné le livre à l'époque. Après ta réaction, il a craint que tu connaisses le secret. Nous avons appris par un intermédiaire que les SS avaient inscrit certains Belges sur une liste de recherche. On ignore toutefois ce que les Allemands savent. Malheureusement, une lettre est tombée entre leurs mains. C'est justement une lettre qui donne des indications sur le contenu explosif des livres. Et tu as lu au moins un livre".
Étonné, François a dit : "Mais le livre était complètement insignifiant. Quentin me l'avait confirmé et Stein n'a pas eu mon travail".
"Mais ça, Stein ne le sait pas. Il soupçonne certainement que tu es au courant du secret. Je pense qu'il t'a cherché mais qu'il ne t'a pas trouvé parce que tu t'étais enfui aux Pays-Bas".
"Tu sais que je suis allé aux Pays-Bas ?"
"Oui, nous voulions te revoir à l'époque parce que nous étions préoccupés par un objet que Quentin avait en sa possession. Cependant, il avait été retrouvé par la suite".
"C'était à propos de la bague ? J'ai suivi à la lettre les instructions de Quentin".
Martin haussa les épaules. "Nous ne le savions pas à l'époque. Nous craignions de le perdre avec l'appartement".
François a demandé : "Se pourrait-il que Stein soit en fait à propos de la bague ?"
"Je ne suis pas sûr de ce qu'il sait et de ce dont il s'agit. Pour l'instant, je pars du principe qu'il voulait les papiers. Cependant, je ne sais pas à qui nous avons affaire. Les nazis et le Vatican les recherchent. Il est possible que les deux parties coopèrent ou soient concurrentes. Mais il est aussi possible que Stein travaille pour son propre compte et qu'il veuille vendre les résultats de son travail au plus offrant".
Julien, agacé, demanda : "Quel est donc ce grand secret pour lequel on fait tant d'efforts ?"
"Je ne peux pas te le dire, car je ne le connais pas moi-même. Mais il doit être significatif. Les nazis ont démoli pierre par pierre une maison de loge à Hambourg, espérant y trouver la solution. Heureusement, tout a été mis en sécurité. Cependant, beaucoup de nos amis allemands ont été emprisonnés entre-temps. Tous les biens des francs-maçons ont été confisqués. Je peux imaginer que les nazis cherchent maintenant aussi à l'étranger. Cela irait dans le sens des déclarations de Stein".
Julien a demandé : "Ne serait-il pas plus simple de laisser le papier aux nazis en échange de la libération des détenus ?"
"Non. Ce serait une catastrophe pour l'humanité".
Le garçon était étonné : "Si mal que ça ?"
"Encore pire que ce que nous pourrions imaginer. C'est pourquoi le Vatican nous persécute depuis des siècles".
"Et maintenant, c'est notre famille qui est dans le pétrin". François le regarda d'un air suppliant. "Vous pouvez nous aider ?"
Martin a fait une pause. Entre-temps, sa femme était arrivée et avait apporté du thé. "Je crois que je vais vous laisser et faire encore quelques biscuits".
Martin a déposé un baiser sur la joue de sa femme. Puis il se tourna vers ses invités. "Merci. Nous vous contacterons quand nous aurons faim". Sa femme den quitta la pièce.
"Je suis désolé que nous en soyons arrivés là. Nous évitons d'impliquer des personnes non concernées dans nos affaires. C'est précisément pour cela que nous avons des rituels d'admission. Chacun ne doit savoir que ce pour quoi il est assez mûr. Même après des années, il peut arriver que les gens suivent de bas instincts. Quentin t'a intégré dans l'urgence parce qu'il pensait que tu étais honnête et fiable. Cela nous met en dette avec toi. Je pourrais faire simple et me référer aux règles de la franc-maçonnerie. Mais il s'agit de bien plus qu'un rituel. La plupart des informations ne sont pas secrètes. Mais les tenants et les aboutissants ne sont pas évidents pour tout le monde. C'est comme un puzzle géant dont on ne trouve pas le début parce que les bords ne s'emboîtent pas. La nature est chaotique et pourtant elle a un ordre, même si nous ne le comprenons pas toujours".
François regarda son fils qui faisait semblant d'avoir tout compris.
Avant que son père ne puisse répondre, Julien dit : "Je ne sais pas ce que tu veux nous dire. Nous ne voulons pas devenir francs-maçons et vos secrets ne nous intéressent pas du tout. Nous sommes venus pour que soient éliminées les causes qui nous mettent en danger. Ni plus ni moins".
Martin s'est penché en arrière et a fermé les yeux, pensif. Au bout d'un moment, il les rouvrit et se pencha en avant. D'une voix étouffée, il dit : "Je vais vous aider, mais je ne peux pas m'empêcher de vous parler un peu des francs-maçons, pour que vous compreniez qu'il s'agit chez nous de choses plus importantes que les intérêts individuels. Je vous prie de me donner l'occasion de vous guider un peu dans le passé des francs-maçons. Dans les ouvrages de référence, on cite toujours le 24 juin 1717 comme date de fondation, parce que c'est le jour où la première Grande Loge d'Angleterre s'est réunie. Mais c'est un non-sens total, car des fraternités similaires existaient déjà bien avant. Elles réunissaient des savants, des ingénieurs et des artistes. Ils disséquaient des cadavres, réalisaient des expériences de chimie et de physique, mais remettaient également en question les déclarations de l'Église et dépassaient les limites.
Seule la confiance mutuelle et le secret convenu leur permettaient d'échanger leurs idées. De riches citoyens, mais aussi des nobles, ouvraient leurs portes dans l'espoir de profiter des résultats de ces recherches. En Italie, c'était la famille Médicis. Leur argent leur donnait du pouvoir. L'Église a toujours eu un problème lorsque le bien-fondé de sa vision du monde était remis en question. Qu'il s'agisse de la vérité de la Bible, des orbites des planètes ou de la revendication de la propriété des pays et des couronnes.
Les personnes qui avaient une vision différente et qui dépassaient les limites ont toujours trouvé des moyens de s'organiser. En 1312, l'ordre du Temple a été démantelé par le roi de France, Philippe IV, avec l'aide du pape Clément V, et leurs biens ont été confisqués. De nombreux membres furent capturés et tués, mais ils disparurent au Portugal, en Espagne, en Suisse et en Écosse, emportant avec eux leurs secrets.
Dans l'esprit, les francs-maçons sont toujours associés à des tailleurs de pierre qui voulaient protéger leur savoir et éviter les querelles grâce à un ensemble de règles. Leur forme d'organisation est certes devenue le modèle des loges, mais peu d'entre nous étaient et sont encore des tailleurs de pierre. Faire partie d'une loge signifie répondre à des exigences strictes en matière de connaissances, de compétences et d'honorabilité. Cette approche fondamentale, selon laquelle il ne s'agit pas de pouvoir, a toujours conduit à des tentatives d'instrumentalisation des loges. Les empereurs, les rois et surtout l'Église ont tenté d'infiltrer le réseau afin de l'utiliser à leurs propres fins.
Les Lumières et la Réforme ont modifié les orientations des sociétés secrètes, qui se sont trouvées confrontées au problème de savoir si, en tant que catholique, protestant, juif ou musulman, on pouvait débattre sans réserve avec des francs-maçons d'autres confessions. Or, l'échange sans distinction de personne était justement leur point fort.
C'est ainsi qu'il a été convenu d'abandonner toute contrainte religieuse. Au lieu de cela, la liberté, l'égalité, la fraternité, la tolérance et l'humanité ont été désignées comme objectifs suprêmes. En loge, on devait pouvoir apprendre de la sagesse des plus expérimentés et échanger sans réserve sur toutes les questions et opinions.
Avec cette orientation, les francs-maçons étaient en contradiction avec la prétention de l'Église catholique à représenter seule la religion, car des espaces de liberté s'ouvraient dans les loges, sur lesquels elle n'avait aucune influence. Cela ne signifiait pas critiquer les religions ou remettre en question la foi. Elle était tout simplement occultée. Une justification banale selon laquelle Dieu voulait quelque chose n'était pas acceptée. Toute preuve devait être vérifiable et répétable. Pour l'Église, c'était une hérésie et un blasphème.
Le pape a frappé les francs-maçons d'un interdit qui a été renouvelé à plusieurs reprises au cours des siècles jusqu'à aujourd'hui. En 1917, cela a été réaffirmé. Par la suite, l'entrée d'un catholique dans une association maçonnique l'excommunie automatiquement.
Cette détermination est l'expression d'une peur permanente du changement. Au plus tard avec les bouleversements politiques en France, en Russie, en Allemagne et également en Italie, lorsque Rome est devenue la capitale et que le Vatican a perdu son territoire, une peur criante de la perte de pouvoir, d'influence et d'argent s'est développée. La prétention à la vérité éternelle et à l'infaillibilité des papes semblait vaciller. En fin de compte, ils ont égale ment attribué le désastre aux francs-maçons, qui ne se laissaient tout simplement pas mettre sous tutelle. Avec cette attitude, l'Eglise catholique s'est toutefois retrouvée dans une situation où elle doit assister, impuissante, à la mise en pièces de sa vision du monde par des scientifiques indépendants, preuves à l'appui.
Juste pour être clair : Je n'ai rien contre la foi. Dans notre loge, nous avons des protestants, des juifs, des musulmans, des athées et aussi des catholiques qui ne se soucient pas du pape. Et nous nous entendons tous très bien, parce que nous sommes des gens de bon sens. Vous avez certainement entendu des histoires d'horreur sur les rituels des francs-maçons. La plupart d'entre elles ont été inventées par le Vatican pour nous nuire. Au lieu de cela, ils nous ont aidés. Les gens sont curieux et veulent savoir si c'est vrai. Les conditions d'admission strictes sont nécessaires, car il y a toujours des tentatives d'infiltration. Une autre chose est restée au fil des siècles. Nous conservons un savoir secret que nous ne transmettons qu'aux frères les plus fiables".
Julien demanda avec impatience : "Qu'est-ce que mon père a à voir avec les querelles entre les francs-maçons et le Vatican ? La menace ne venait pourtant pas de Rome, mais d'un nazi. J'ai lu qu'Hitler rejetait l'Eglise".
Martin se gratta la tête. "Eh bien. Je ne peux pas répondre définitivement à cette question, mais je suppose qu'il y a des dangers des deux côtés. Il existe une alliance de circonstance entre le Vatican et les nazis. En 1929, le pape Pie XI a conclu ce que l'on appelle les accords du Latran avec Mussolini. Ce n'est qu'ainsi que le Vatican est devenu un État et a reçu en même temps de l'Italie de grandes sommes d'argent et des biens. En 1933, Hitler a conclu le concordat du Reich avec le pape, qui faisait en sorte que l'État perçoive l'impôt ecclésiastique pour l'Église. Indépendamment de ce que disent les représentants des deux parties, les actes parlent d'eux-mêmes. Le pape a dit : 'Mussolini nous a été envoyé par la Providence'.
En Italie, les Chemises noires et en Allemagne, les SA et les SS ont persécuté toutes les forces pensant en termes de liberté. Dès le premier jour, outre les sociaux-démocrates, les syndicalistes et les communistes, les francs-maçons ont également fait partie des victimes. Ils ont été exclus de toutes les fonctions publiques et nombre d'entre eux ont été emprisonnés. Nous ne savons pas actuellement s'ils sont encore en vie.
Malheureusement, il y a aussi des collaborateurs. Nous essayons de prévenir les dommages, mais on ne peut pas voir dans les gens. Pour nous, il a été surprenant que l'existence des livres de Scribent soit connue aussi rapidement, car Stein n'a pas publié l'ouvrage. C'est pourquoi mon frère a dû faire en sorte qu'ils disparaissent du fonds de la bibliothèque.
Lorsque l'inconnu nous a demandé les livres, nous avons compris qu'il venait de Rome. Nous avons même pu déterminer après coup dans quel hôtel il était descendu. Aujourd'hui, nous sommes certains qu'il faisait partie des assassins de mon frère et peut-être aussi de Thomas Plummer. Il s'appelle Mario Vico. Nous avons pu le localiser à Rome et avons établi des liens avec les Chemises noires de Mussolini et avec une organisation appelée Opus Dei depuis 1930 et fondée dès 1928 par le prêtre espagnol Jose Maria Escrivá de Balaguer y Albás. Elle a la particularité d'avoir des liens directs avec le pape et d'être composée presque exclusivement de laïcs. Beaucoup de choses restent obscures sur l'organisation. Il est toutefois important de noter que l'organisation entretient des relations très étroites avec le général Franco. Il existe des indices selon lesquels Escriva lui-même ou des personnes de son cercle d'amis proches sont impliqués dans les décisions importantes. Les membres doivent faire une promesse de fidélité. Parmi les rituels quotidiens, ils disent chaque matin, comme une prière : 'Je vais servir' !
Il s'agit de fanatiques qui franchissent les frontières pour leur foi. On peut se demander si Vico a agi sur ordre des Chemises noires ou du Vatican. J'ai tendance à penser que le Vatican a manifesté son intérêt pour les livres et a ensuite cherché des hommes de main appropriés. Je ne peux pas dire si Vico et Stein travaillent ensemble. Mais comme Stein a dirigé sa menace contre toi, tu devrais la prendre au sérieux. Les SS sont connus pour leur brutalité. Je vais voir ce que nous pouvons faire pour vous. Vous devez être vigilants".
Julien n'était pas satisfait des réponses. "Mon père n'est pas franc-maçon, mais il s'est retrouvé dans cette situation à cause de vous. Ne crois-tu pas que le conseil 'd'être vigilant' ne suffit pas ? Ma mère a peur qu'il se passe quelque chose, et tu nous parles de l'histoire et des intentions honorables des francs-maçons. Nous voulons simplement retrouver notre vie".
"Pour l'instant, je n'ai pas de solution. J'essaie cependant d'organiser quelque chose. Mais ce n'est pas pour tout de suite", a répondu Mertens, dont l'inquiétude était visible.
* * *
Mécontents et inquiets, François et Julien ont pris le chemin de la maison. En chemin, ils se demandaient ce qu'ils allaient bien pouvoir raconter. Ils espéraient que Martin Mertens s'occuperait du problème.
Quelques jours plus tard, il a rendu visite à François à son domicile et lui a demandé si sa femme avait été informée de la gravité de la situation.
François a dit : "Non. Je ne voulais pas trop vous inquiéter".
"Elle doit le savoir, car c'est bien pire que ce que l'on pensait. Si tu veux, je lui parlerai".
François a appelé sa femme et Julien.
Ils s'assirent à la table du salon. Martin Mertens les a salués. Puis il devint très sérieux.
Il y aura une guerre entre l'Allemagne et la Pologne". Nous avons des rapports concordants de frères fiables. Pour autant que l'Angleterre et la France remplissent leurs obligations d'alliance vis-à-vis de la Pologne, la Belgique sera prise entre deux feux. Je suis certain qu'Hitler ne s'arrêtera pas à la frontière belge. Certes, l'armée est cette fois mieux équipée, mais elle ne pourra rien faire contre l'Allemagne. Il y a des nazis en Belgique qui ont dressé des listes d'adversaires politiques. Friedrich Stein a veillé à ce que tu sois inscrit sur la liste comme franc-maçon. Le danger est là. Cette fois-ci, il ne suffira pas de se réfugier aux Pays-Bas, car la situation y est similaire. Actuellement, nous avons encore d'assez bonnes relations avec les représentations des consulats étrangers. Personne ne sait ce qu'il en sera dans quelques mois".
Juliane s'est mise à pleurer. François avait du mal à trouver les mots : "Vous pensez vraiment que ça va aller aussi mal ? Devons-nous vraiment fuir ? Je n'ai pas assez d'argent pour repartir à zéro".