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Roman policier de Peter Haberl & Chris Heller Les sans-abri semblent être une proie facile pour un crime particulièrement macabre. Plusieurs corps retrouvés sont dépourvus d'organes. Les commissaires marseillais Pierre Marquanteur et François Leroc font alors le tour des hôpitaux où les sans-abri sont soignés gratuitement. Mais le succès est nul. Les deux enquêteurs s'attaquent alors à tous les établissements médicaux et fichiers de malades de la ville. Ils trouvent enfin ce qu'ils cherchent. Une piste les mène à une clinique privée.
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Commissaire Marquanteur ou La mort vient souvent à pas feutrés : France polar
Copyright
Prologue 1 : Ombres du passé
Pierre Marquanteur rapporte :
Prologue 2
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Roman policier de Peter Haberl & Chris Heller
Les sans-abri semblent être une proie facile pour un crime particulièrement macabre. Plusieurs corps retrouvés sont dépourvus d'organes. Les commissaires marseillais Pierre Marquanteur et François Leroc font alors le tour des hôpitaux où les sans-abri sont soignés gratuitement. Mais le succès est nul. Les deux enquêteurs s'attaquent alors à tous les établissements médicaux et fichiers de malades de la ville. Ils trouvent enfin ce qu'ils cherchent. Une piste les mène à une clinique privée.
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Alfred Bekker
Roman par l'auteur
© de cette édition 2024 by AlfredBekker/CassiopeiaPress, Lengerich/Westphalie
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Tout ce qui concerne la fiction !
C'était un froid matin d'hiver à Marseille lorsque Leroc et moi avons reçu les résultats de l'enquête médico-légale. Je me tenais à une grande table de conférence dans notre commissariat au carrelage sombre, entouré de documents et de photos de la mystérieuse découverte faite dans l'excavation. Les nouvelles que nous recevions étaient inattendues et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire.
Je marchais dans une ruelle étroite. Il faisait sombre et brumeux. Les lampadaires diffusaient une lumière diffuse.
Quelqu'un a tiré depuis la fenêtre d'une maison en ruine. Il y a eu un éclair de lumière. J'ai immédiatement riposté.
Je ne pouvais pas voir si j'avais touché quelqu'un. En tout cas, les tirs de riposte ont cessé. J'ai considéré cela comme un bon signe.
Mais bien sûr, on ne pouvait jamais en être sûr. Et puis, tout à coup, le calme est revenu. Un calme dangereux.
Je savais que je ne m'arrêterais pas plus longtemps. Il y avait un bruit qui m'irritait. Un coup.
Peut-être que de l'eau s'écoulait d'une gouttière défectueuse quelque part et qu'elle rencontrait quelque chose qui pouvait servir de caisse de résonance. En tout cas, cela m'a irrité.
J'ai essayé de concentrer mes pensées. Soudain, quelque chose a émergé du brouillard. J'ai vu des contours.
J'ai serré mon arme plus fort, je l'ai levée et j'ai attendu. Il s'agissait d'une femme avec une poussette. J'ai baissé mon arme.
Une erreur, comme cela s'est avéré. D'abord parce que ce n'était pas une femme, et ensuite parce que ce n'était pas non plus une poussette. En tout cas, pas au sens traditionnel du terme.
Si l'on entend par là une voiture dans laquelle un enfant est conduit. Dans ce landau, il y avait une mitraillette. Et la femme était en réalité un gars.
Comme je reconnaissais maintenant ses mouvements. Des mouvements rapides comme l'éclair, avec lesquels ce type a arraché la mitraillette de la poussette. Et le pointer sur moi.
Il avait un sourire en coin. Ses mouvements étaient ceux d'un homme. La mitraillette s'est mise à crépiter.
Des tirs de bouche à feu ont éclaté. Je ne sais pas combien de balles j'ai reçues. On pourrait le résumer ainsi.
J'ai été complètement criblé de balles.
"Éteint", dit une voix, éteint. "Simulation terminée. Monsieur Marquanteur, vous êtes mort. Vous l'avez remarqué ?"
Bien sûr, je l'avais compris. Je n'étais pas stupide.
Je m'appelle d'ailleurs Pierre Marquanteur. Je suis commissaire à Marseille. Je fais partie d'une unité spéciale qui s'appelle la Force spéciale de la police criminelle, ou FoPoCri.
Nous nous occupons du crime organisé, des criminels en série et de la lutte contre les actes de violence terroriste. Notre service est basé ici à Marseille. Nos bureaux sont situés au commissariat central de Marseille.
Mon collègue, le commissaire François Leroc, et tous les autres membres du service essaient chaque jour de rendre les rues de Marseille un peu plus sûres. Nous y parvenons parfois mieux, parfois moins bien. Et nous nous entraînons pour cela.
Pour cela, nous nous entraînons à des situations critiques. Il existe des simulateurs pour cela. Et c'est dans l'un de ces simulateurs que je m'entraînais, apparemment pas avec autant de succès qu'il aurait été souhaitable.
"Il ne faut pas vous laisser abuser", Monsieur Marquanteur, a dit le directeur de l'exercice. Il avait une voix agaçante et ronflante. Elle ne sonnait pas bien.
Mais les résultats que j'avais obtenus aujourd'hui étaient encore moins bons. "Je ne suis pas en forme aujourd'hui", ai-je dit.
"Ça s'est vu, Monsieur Marquanteur."
"Je suis désolé."
"Vous savez quoi ? Vous reviendrez la semaine prochaine. Et nous reprendrons tout le programme depuis le début. Qu'en pensez-vous ?"
"Rien du tout", ai-je dit. "Parce qu'en fait, on a besoin de moi ailleurs".
"Oui, c'est ce que tout le monde dit. Et puis vous ne vous entraînez pas. Et lorsque vous vous retrouvez dans une situation critique, c'est exactement ce qui vient de se passer. Vous évaluez mal quelque chose et boum, vous êtes mort. C'est ce que vous voulez, Monsieur Marquanteur ? Est-ce vraiment ce que vous voulez ? Je ne pense pas".
Quoi qu'il en soit. J'ai compris que je ne pourrais pas éviter le rendez-vous de la semaine suivante.
C'est parfois le cas. Dans votre tête, quelque chose est clair. Par exemple, que ce qui ressemble à une poussette n'est pas forcément une poussette, mais peut peut-être être un moyen de transport pour une mitraillette.
Il faut imaginer l'impossible. Ce n'est qu'alors que l'on est vraiment armé pour le moment critique. J'avais négligé cet aspect, je dois l'admettre.
"On va voir", ai-je dit.
"Non, nous ne regardons même pas. Vous reviendrez la semaine prochaine", a déterminé le directeur de l'exercice. "Ou dois-je parler à votre supérieur ?"
"Faites ce que vous ne pouvez pas vous empêcher de faire", ai-je dit.
"Votre supérieur est bien M. Jean-Claude Marteau, n'est-ce pas ?"
"Oui, c'est lui".
"Je fais régulièrement du bowling avec lui".
Je n'aimais pas quand quelqu'un misait sur le fait qu'il avait des relations. S'il y a une chose que je ne supporte pas, c'est bien ça. Cela me rend vraiment défiant.
Alors je vous ai dit d'aller vous faire voir et j'ai pris congé. Peut-être pas de manière très polie, je l'admets. En tout cas, je suis parti peu de temps après.
Le lendemain matin, j'étais assis dans le bureau de notre chef. Monsieur Jean-Claude Marteau, commissaire général de police, m'a regardé avec un visage grave. Il a constaté que mes résultats n'étaient pas bons.
Mais je le savais moi-même. Et puis il m'a dit de venir à l'heure la semaine prochaine pour m'entraîner. Je lui ai demandé si c'était vraiment nécessaire.
Il m'a dit que oui, il fallait vraiment le faire. Parce que ça me sauverait peut-être la vie. N'était-ce pas un peu exagéré ? Le chef a dit que non.
J'ai pris une grande inspiration. La parole de Monsieur Marteau venait de faire loi. Que pouvais-je faire ?
*
Je suis entré au FoPoCri parce que j'ai toujours été très intéressé par l'élucidation des crimes. Depuis mon enfance, j'ai toujours aimé les romans policiers et j'ai toujours voulu découvrir qui se cachait derrière les actes malveillants. Ma passion pour le travail d'enquête m'a finalement poussé à faire ce métier. Je veux contribuer à ce que les victimes soient traitées de manière juste et que les coupables soient amenés à rendre des comptes. C'est un travail exigeant et parfois stressant, mais je ne peux pas imaginer d'activité plus épanouissante. Lorsque j'ai finalement obtenu mon diplôme, j'ai commencé une période passionnante, pleine de défis et de cas intéressants. J'ai rapidement appris l'importance de travailler méticuleusement et de suivre toutes les pistes pour faire éclater la vérité. Mon équipe et moi travaillons jour et nuit pour confondre les criminels et obtenir justice pour les victimes. Même si c'est parfois difficile et que l'on est touché par la cruauté des actes, il n'y a rien de plus gratifiant que de résoudre l'affaire à la fin et de veiller à ce que les coupables soient punis comme il se doit. Ma motivation grandit à chaque affaire résolue et je ressens une profonde satisfaction lorsque je vois les victimes et leurs familles obtenir enfin justice. Chaque jour apporte son lot de défis, qu'il s'agisse de relever des indices sur une scène de crime ou d'interroger des témoins. Mais c'est précisément cette diversité de tâches qui rend mon métier si fascinant et varié. Rien ne me motive plus que la certitude que chaque enquête résolue contribue à rendre la société un peu plus sûre. Et c'est ainsi que je me tiens prêt chaque jour à affronter les côtés sombres de la vie et à me battre pour la lumière de la justice.
Mon dernier cas concernait un vol à main armée dans une petite bijouterie. La propriétaire a été brutalement agressée et volée alors qu'elle était seule dans le magasin. L'enquête nous a menés à un suspect qui était depuis longtemps dans le collimateur de la police pour des délits similaires. Cela a été un processus laborieux de rassembler toutes les preuves et de finalement confondre le coupable. Mais lorsque nous avons finalement réussi à l'arrêter, j'ai à nouveau ressenti ce sentiment de satisfaction et de contentement. La propriétaire de la bijouterie pouvait enfin dormir sur ses deux oreilles et la justice avait triomphé. C'est ce genre de moments qui rendent mon travail si gratifiant et qui me poussent chaque jour à défendre les victimes et à me battre pour un environnement plus sûr.
*
Jean Beaulieu était assis à l'entrée de la gare centrale et mendiait. C'était le mois de septembre. Les journées étaient chaudes, mais les nuits, les températures descendaient en dessous de dix degrés. Le sans-abri avait des cheveux bruns et filasses. Une barbe noire poussait sur son visage creusé et aux joues creuses. Les yeux de l'homme étaient légèrement rougis.
Beaulieu s'était assis par terre et tenait une pancarte sur laquelle il avait gribouillé J'ai faim. Sa casquette de baseball était par terre. Quelques personnes compatissantes y avaient jeté quelques centimes. Mais la plupart des gens sont passés sans s'occuper du sans-abri.
Le soir approchait. La gare centrale ressemblait à une fourmilière. Des voix s'entrechoquaient, un bruit confus emplissait l'atmosphère. Il y avait de l'agitation. Tout le monde semblait pressé. Le premier gris du crépuscule descendait déjà dans les canyons des rues entre les immeubles et les gratte-ciel. Seuls les toits de ces édifices à l'allure de gratte-ciel étaient encore éclairés par un soleil éclatant.
Jean Beaulieu a eu faim et a décidé de s'arrêter pour la journée et d'aller chercher quelque chose à manger. Il connaissait un restaurant. Les poubelles y déversaient toujours quelque chose de comestible. Il vida sa casquette, mit l'argent dans la poche de son jean déchiré, la mit sur sa tête et s'en alla. Le sans-abri s'engagea dans une rue latérale et la suivit un peu à l'est. Il se rendit dans la cour du restaurant. Il y avait là six poubelles. Elles étaient la cible du sans-abri. Il ouvrit la première poubelle et fouilla à l'intérieur.
Jean Beaulieu a trouvé ce qu'il cherchait. Il y eut d'abord une part entière de pizza qu'il dévora, puis un autre morceau de pain de viande qui se retrouva également dans son estomac. Le sans-abri décida de se procurer une bouteille de vin et de se retirer à son domicile.
Il s'est rendu dans un magasin qui vendait notamment des spiritueux, a acheté une bouteille de vin bon marché et s'est dirigé vers sa cachette. Il s'agissait d'un immeuble de quatre étages qui n'était plus habité depuis des années et qui n'avait plus une seule fenêtre intacte. Beaulieu s'était aménagé un endroit pour dormir dans le sous-sol du bâtiment. Il y avait un vieux matelas par terre, recouvert d'une couverture trouée. Il y avait aussi beaucoup de détritus, surtout des bouteilles et des canettes vides, ainsi que de vieux journaux et magazines que le sans-abri avait récupérés dans des poubelles et qu'il collectionnait ici.
Beaulieu s'assit sur le matelas, dévissa le bouchon de la bouteille de vin et but une gorgée. Son larynx s'est mis à glisser de haut en bas. Il mâcha, s'essuya la bouche du revers de la main et se dit qu'en fait, il pouvait être satisfait. Ces jours-ci, il était allé chez le médecin, qui l'avait examiné. Il était en parfaite santé. Son estomac était plein, il avait du vin et un toit sur la tête. Que voulait-il de plus ?
Jean Beaulieu avait oublié depuis longtemps sa vie d'avant. Il avait travaillé comme mécanicien automobile et gagné suffisamment d'argent pour subvenir à ses besoins, à ceux de sa femme et de ses deux fils. Mais son mariage s'était brisé. Il a négligé son travail et a été licencié. Bientôt, il ne put plus payer son loyer et finit par se retrouver à la rue. Jean Beaulieu est devenu l'un des nombreux sans-abri de Marseille. Cela faisait maintenant trois ans qu'il vivait dans la rue. Il s'était résigné et la vie qu'il menait auparavant ne lui manquait presque plus.
Beaulieu but une autre gorgée. Puis il s'allongea sur le matelas et ferma les yeux. Le sans-abri ne pensait pas à l'avenir. Il vivait exclusivement dans le présent. La journée qui venait de s'écouler n'avait pas été mauvaise. Il avait mendié près de dix euros.
Dans la pièce du sous-sol, il y avait une petite fenêtre devant laquelle pendait la grisaille du crépuscule. Il faisait déjà assez sombre dans la pièce. L'odeur était entêtante. Mais Beaulieu y était habitué. Il s'assoupit.
Lorsque des pas se sont fait entendre dans l'escalier, il a sursauté. Des semelles en caoutchouc grincent. Deux hommes sont entrés dans la pièce. L'un était vêtu d'un costume en jean, l'autre portait une veste en cuir marron avec son jean. Aucun des deux n'avait plus de trente-cinq ans.
Jean Beaulieu s'était assis. Il regardait les deux arrivants, à la fois interrogatif et plein d'espoir. La méfiance brillait dans ses yeux. Quelque chose émanait de ces deux personnes qui l'inquiétait et le mettait mal à l'aise. Celui en jean s'est arrêté à la porte. Le sans-abri ne pouvait s'empêcher de penser qu'on voulait lui barrer la route. Celui qui portait le blouson de cuir s'est planté devant Beaulieu, les jambes écartées et les bras sur les côtés. Il avait les cheveux foncés et coupés court.
"Vous êtes Beaulieu, n'est-ce pas ?"
"Oui", marmonna le sans-abri. "Qu'est-ce qu'il y a ? Qui êtes-vous ?"
"Vous nous avez été recommandé".
"Recommandé ? Pour quoi faire ?"
"Vous voulez gagner cinq cents euros sur le pouce ?"
"Cinq cents euros ?", répéta Beaulieu presque religieusement.
"Vous avez bien entendu. Cinq cents euros. Il te suffit de te rendre disponible pour quelques tests. Ne vous inquiétez pas, il ne vous arrivera rien".
"Quels sont ces tests ?", a demandé Beaulieu.
"Il s'agit de tester un médicament. Vous êtes sous surveillance médicale. Le médicament a été jugé sans risque par la Sécurité sociale ..."
"Sécurité sociale ?"
"L'Assurance maladie, service des médicaments et des dispositifs médicaux. Cet organisme a pour mission de protéger la santé publique en France. Il faudrait que vous soyez hospitalisé pendant deux semaines. Trois repas par jour, un vrai lit, tout ce que le cœur désire. Et cinq cents euros par dessus le marché".
Beaulieu s'est passé le bout de la langue sur les lèvres. Il écouta les paroles. L'homme semblait savoir de quoi il parlait. Mais le doute s'est installé dans l'esprit du sans-abri.
"Je ne sais pas..."
Le garçon plongea la main dans la poche intérieure de sa veste en cuir, en sortit son portefeuille et en retira quelques billets.
"Tenez, voici cent euros d'avance". Il s'est penché sur le sans-abri et lui a tendu les billets.
Les traits de Beaulieu étaient tirés. Il n'arrivait pas à se décider et semblait porter le poids de son indécision. Sa main se leva, il la laissa retomber, se racla la gorge et déglutit. "Est-ce vraiment aussi sûr que vous le dites ?"
" Absolument. L'objectif de ce test est... Ah non ! Je le vois bien : vous n'êtes pas la bonne personne pour nous. Nous allons chercher ailleurs". Le brun retira sa main pleine de billets et voulut se détourner.
"Attendez", dit Beaulieu précipitamment. Le jeune homme s'arrêta net dans son élan. "Donnez-moi l'argent", s'exclama Beaulieu. La cupidité s'était réveillée en lui. Il tendit la main droite.
Le brun a éclaté de rire.
"Voilà. Pourquoi pas maintenant ?" Il donna les cent euros à Beaulieu. Celui-ci les glissa dans la poche de sa veste cabossée. "Allons-y !"
"Quoi ! Je dois venir tout de suite ? Mais ..."
Le brun hocha la tête. "Tu n'as pas besoin de te désinscrire de qui que ce soit. N'est-ce pas ?"
"Non".
"Le fait que vous vous rendiez immédiatement disponible est inclus dans le prix", a grogné le brun.
"Vous avez dit qu'on vous avait recommandé".
"Nous nous sommes renseignés. Vous avez vu un médecin il y a quelque temps et vous êtes en bonne santé. Nous recherchons des personnes comme vous. Nos médecins veulent faire une analyse du médicament. Mais cela suffit maintenant. Soit tu te lèves maintenant et tu viens avec moi, soit tu me rends mon argent et nous trouverons quelqu'un d'autre. Ils te donneront les explications nécessaires à l'hôpital. Les gens là-bas sont aussi beaucoup plus compétents que nous". Le brun semblait commencer à perdre patience.
Maintenant, le sans-abri s'est remis en question. Cinq cents euros, c'était un argument convaincant. Il se pencha à nouveau, prit la bouteille de vin et s'apprêta à boire une gorgée. Le brun l'a bousculé : "Laisse ça, bon sang ! Tu veux arriver bourré à l'hôpital ?"
"Le vin m'a coûté deux euros", s'est insurgé Beaulieu.
"Quand les tests seront terminés, tu pourras t'acheter deux cent cinquante bouteilles de cette gnôle. Pose la bouteille et viens".
Jean Beaulieu s'est exécuté, puis il s'est mis en route. Le garçon en jean a pris les devants. Le brun a rejoint le sans-abri. Ils l'avaient entre eux. Il faisait déjà assez sombre. Les gens se déplaçaient sur les trottoirs. Beaulieu a dû s'asseoir dans une Opel. Le brun prit place à côté de lui sur la banquette arrière. Le jeune homme en jean a pris le volant.
*
Lorsque nous sommes entrés dans le bureau du chef de la Force spéciale de la police criminelle, il s'est levé derrière son bureau, nous a salués d'une poignée de main et nous a invités à prendre place à la petite table de réunion. Une fois que nous étions tous assis, le chef a commencé : "Il s'agit d'une série de meurtres inexpliqués, messieurs. Des organes ont été prélevés sur les morts. Au commissariat de police, on pense qu'il s'agit d'un trafic d'organes. Pour être précis, il s'agit de cinq corps retrouvés à Marseille au cours des sept dernières semaines. Le nombre de cas non recensés est probablement plus élevé".
Le chef a ouvert un classeur à levier. Une fine liasse de papier y était classée. Mais il y avait aussi quelques photos qui étaient en vrac dans le classeur. Monsieur Marteau me les a tendues. Je les ai regardées une par une. C'étaient les photos des cinq corps. Ils étaient nus. Sur le torse, on voyait clairement les blessures par lesquelles les organes avaient été prélevés. Il s'agissait exclusivement d'hommes. J'ai donné les photos à François.
Monsieur Marteau a repris la parole et a dit : "Il semble que ces gens aient été tués sur commande. On a prélevé les reins de trois d'entre eux, le foie d'un autre, les cornées d'un autre".
"Sait-on de qui sont les morts ?", ai-je demandé.
"Deux d'entre eux ont pu être identifiés", a répondu le chef. "L'un d'entre eux s'appelle Guillaume Malpasse et l'autre Jean Beaulieu. Tous deux ont un casier judiciaire pour vol à l'étalage. Malpasse et Beaulieu étaient tous deux sans domicile fixe".