Thomas Sif espace - Abdelkarim Belkassem - E-Book

Thomas Sif espace E-Book

Abdelkarim Belkassem

0,0

Beschreibung

Nous sommes en l'an 20 000 et Thomas s'embarque dans une expédition de sept milliards d'années-lumière !

Une photo de l’espace a motivé un challenge entre l’auteur et Thomas Pesquet, l’astronaute français. Durant son séjour dans la station spatiale internationale, le spationaute envoyait des photos de la terre et cela a donné l’idée à Abdelkarim Belkassem de proposer au scientifique de prendre des clichés de son pays natal, le Maroc, en échange d’un roman… Quelques jours après, 4 photos des montagnes de l’Atlas et de 3 villes marocaines ont été diffusées… Un héros, portant le prénom de Thomas, un de ses descendants en l’an 20 000 a alors vécu une aventure romanesque de science-fiction : Thomas Sif Espace. En cette année 20 000, la Terre est en danger et risque de disparaître. Thomas et six compagnons se lancent dans un voyage de sept milliards d’années-lumière. Une mission de sauvegarde de la Terre et des êtres vivants, aidée de la force extrême de la nature se déploie alors. Une lutte entre le bien et le mal, un duel pour préserver les créations et anime l’histoire entre vivre ou périr. L’homme est-il capable de vaincre son destin de mortel ?

Plongez-vous dans ce roman de science-fiction et vivez une mission trépidante aux côtés du descendant de Thomas Pesquet et ses six compagnons !

EXTRAIT

— Il y a toujours une solution. On prendra le temps qu’il faudra mais on trouvera un chemin. Il y en a au moins un, non ? Sinonnous sommes vraiment maudits par la Force divine et par nos ancêtres, remarque Maha.
— Gardons espoir ! Demandons à la Lampe quelle voie emprunter, celle du nord ou celle du sud, propose Thomas.
— La Lampe signale le sud. Rebroussons le chemin et écoutons–la. Nous avons confiance en elle qui nous a si bien guidés jusqu’à présent, dit le Petit Prince.
Alors ils changent de direction, encherchant l’air qui leur manque et rend leur mission plus difficile.
Ils ont assez perdu de temps et l’ennemi est partout, dans le ciel et sur Terre. Ils doivent éviter de s’exposer et de rallonger la durée du périple si dangereux. Ils peuvent tomber dans un guet-apens des soldats de la mort ou d’autres ennemis extraterrestres. La Terre est devenue plus hostile que ce qu’elle était. On la croit vide mais des yeux surveillent sans qu’ils s’en rendent compte. La menace et le danger sont partout.
Le groupe regarde le fond de la faille à la recherche d’espoir. Il semble que la profondeur soit sans limites.
— Peut-on calculer sa taille ? demande Sakouz.
— On pourrait dire onze mille mètres ! répond Thomas. On n’a aucune chance d’y descendre. On ne peut même pas s’accrocher aux rochers, lisses comme du verre.
— La collision a ouvert une grande brèche au fond de la mer. Comme si la Terre s’apprêtait à se couper en deux comme une part de gâteau d’anniversaire ! plaisante Sakouz.
De l’humour pour amuser un peu ses amis.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Franco-marocain, né à Safi au Maroc en 1963, Abdelkarim Belkassem est écrivain et professeur de littérature arabe et musicien classique. Oudiste dans un orchestre arabo-andalou, il est également ténor en chant arabo-andalou et oriental. Il se consacre à l’écriture de romans, pont entre ses deux cultures, et d’essais.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 240

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Abdelkarim Belkassem

Thomas Sif Espace

Roman

© Lys Bleu Éditions – Abdelkarim Belkassem

ISBN :978-2-85113-988-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants causes, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À ma mère, Amina Zouri, présente dans toutes ces pages.

1938-2017

— Pour renaître, il faut mourir ! affirme le sorcier Sakouz d’un air sérieux, effrayé par la vérité qu’il perçoit devant lui. C’est l’histoire de l’humanité éternelle, qui nous accompagne mais que nous ne voyons pas. Elle est cachée derrière les plaisirs de l’existence. L’homme l’aime plus que l’éternité jusqu’à en oublier son devoir. Nous ne sommes pas venus sur Terre pour y vivre indéfiniment. Notre vrai monde, c’est l’espace dans son entier. Sans exception. Il faut sortir de notre carcasse, de notre peau pour nous habiller avec de l’authenticité, celle qui fait de nous un être de l’espace. Comme auparavant.

Nous sommes en 20 000 !

Sakouz est un être étrange même s’il se prétend humain. Le climat de la Terre a évolué, tout s’est modifié et personne ne se reconnaît pas dans les livres d’Histoire.

Pas de publications sur Terre. Les évènements sont racontés oralement sur les places de la cité. C’est la nouvelle activité des hommes en ce temps de transition de la vie ici-bas vers une autre, inconnue, que Sakouz évoquera peut-être !

La population garde encore de l’humour et a, parfois, le fou rire. On dit que l’allure et les habits de Sakouz la font s’esclaffer avant même qu’il n’agisse. On dirait un fou, un aliéné, jamais vu selon les récits des grands-parents.

Il semblerait que la Terre a subi une guerre. Différente de celles qu’elle a déjà connues. Une attaque chimique, peut-être ? Personne n’en a les explications ni aucun détails.

Ils vivent dans cette cité, éloignés des autres, réunis dans les débris de constructions détruites par insouciance.

Les habitants ont bien d’autres choses à faire que de reconstruire ou réparer les dégâts du temps et des guerres. Ils se préparent au grand départ.

Mais personne ne le sait, sauf Sakouz !

L’un des spectateurs élève la voix pour poser une question entrecoupée d’éclats de rire.

— Dis-nous, notre cher prophète des temps derniers ! Comment va-t-on mourir et renaître ?

Il regarde son voisin et fait des signes moqueurs.

Les plaisanteries trouvent un grand écho dans le groupe et tous répondent.

Sakouz, patient, sérieux comme un pape ne voit pas, dans ce qu’ils prévoient, ce qu’il y a d’amusant. Il s’effraie de ce qu’il a deviné et il est certain de ce qui arrivera.

Sakouz attend qu’ils cessent de rire et de jouer la comédie. Il fait des signes pour qu’on l’écoute. Il tape avec un grand bâton qu’il tient le plus souvent à la main droite, comme Moïse.

On luidit qu’il est ce Moïse des derniers temps et qu’ils ne deviendront pas des dieux éternels. Qu’il ne faut pas retourner aux histoires des anciens et qu’il reste sérieux pour qu’on le croie !

La foule s’amuse autour de lui comme devant un comédien de rue ou un fou !On ne s’étonne plus. La folie est devenue la norme dans ce monde apocalyptique.

— Si vous m’écoutez, je répondrai à vos questions, dit Sakouz d’une voix altérée.

Il ne peut plus parler à force de se répéter. Personne ne l’écoute, le groupe n’entendque son propre rire. Leur vérité est ailleurs que dans la bouche de ce charlatan.

— Raconte-nous, menteur !propose l’un d’eux d’abord à voix basse puis plus fort.

Ils ne veulent pas que Sakouz prenne conscience de leurs moqueries. Ils s’amusent et aimeraient continuer. Ces moments sont un passe-temps à raconter lors de leur retour chez eux.

— Ne vous inquiétez pas, mes frères. Je sais que vous être sérieux et on ne peut que l’être dans ces circonstances. L’homme a un cœur qui ressent le bien et le mal sur terre.Il n’y a plus rien de positif, ici, pour l’homme. Seulement du mauvais alors il faut que nous partions.

— Le départ où, vers quoi ? interpelle l’un des spectateurs. Tu nous amuses sans t’expliquer clairement. C’est un voyage au centre de la Terre, comme l’ontfait nos ancêtresou quoi ?

De nouveaux éclats de rire, le groupe aussi s’agite un moment, avant d’écouter.

— Non !

Il attendavant de continuer mais il n’y arrive plus et là, c’est la fin de son discours, de ses voyances. Il n’a pas de réponse à la question.

— Ni la Terre ni le ciel ne seront notre destination, mes chers amis. Nous irons vers l’inconnu, comme la mort.

— Voilà ! J’étais sûr qu’il parlerait de la mort ! Il ne peut guère dire plus. Il répète ce que les autres connaissent déjà. Elle estl’ennemie des vivants depuis le début de l’humanité et au lieu de nous apporter un remède pour devenir éternels, il vientnous raconter qu’il faut accepter de mourir. C’est la seule chose que l’homme n’acceptera jamais ! La mort, on la subit, on veut rester vivant sur cette Terre. On désire notre paradis. On ne le quittera jamais, même s’il devient cendres.

— Oui ! Oui ! Oui ! répond la foule. On aime la vie et on déteste la mort. Va au diable avec ta théoriesur l’acceptation de mourir ! Ce n’est pasnouveau. Ce sontlesparoles anciennes, celles des ancêtres, on n’y croit plus.

C’est à peine si Sakouz entend ces phrases des spectateurs, en écho.

— La mort, dont je vous parle, est une vie ! Celle que l’homme ignore. Il ne l’a jamais connue sauf avant l’arrivée sur Terre.

— Il y avait donc une avant celle-ci ? Menteur ! Quand on meurt, on redevientterre… C’est la preuve qu’on est bien de la terre et qu’on y retourne.Y a-t-il plus clair que mes idées ? demande l’homme ense retournant vers les autres avec des signes moqueurs de singe. Il fait le clown pour amuser les autres.

— C’est une belle journée avec Sakouz, poursuit-il.

Sakouz est connu. Les habitants de la citécommencent à s’habituer à son délire. Ils patientent pour l’entendre tellement il les distrait. C’est un passe-temps, une pièce théâtrale.

— La mort dont je vous parle est une vie, mes amis ! Comme celle qu’on a vécue avant notre arrivée sur Terre. Quand on meurt, on ne se transforme pas en terre. On s’évade et on choisit son chemin. Celui de la vérité, celui qu’on suit depuis notre naissance. Tous les êtres le suivent, ils n’ont pas le choix. Nous sommes dirigéspar notre instinct, programmé de l’intérieur. On est vivantet on le restera toujours !

— T’es un fou, toi, Sakouz ! Tu ne vas pas nous dire qu’ondeviendrades anges ou des diables !

— Non, non ! Je ne parle pas dans ce sens-là

— Si, tu veux dire plus ! On est Dieu ! éclate un autre, moqueur.

— Pas dutout ! Vous avez mal compris mes paroles. On ne peut jamais être Dieu. Seulement des humains mais notre vie est infinie, comme avant et après notre mort ! Dieu n’a pas besoin de mourir pour être éternel mais l’homme, si. Il doitmourir pour le devenir. On meurt pour revivre !

Parmi eux, un homme a les yeux fixés sur Sakouz. Son regard et ses habits sont différents des autres. Il écoute paisiblement et réfléchit aux paroles du prophète sans avoirprononcé un seul mot depuis son arrivée. Il a décidé d’interpeller Sakouz et de lui mettre un bâton dans les roues. Sa question est intelligente, il prend Sakouz au sérieux mais veut le tester.

— Comment est-elle cette mort et comment nous expliques-tu que l’homme est capable de mourir et de renaître ?

Sakouz le regarde longuement comme s’il reconnaissait son visage ou un signe attendudepuis son arrivée. Il nemontre rien.

— Une graine, on la sème dans la terre et elle nous donne un arbre ! Avec le temps, il produira à son tour des graines qu’on séchera et conservera. On pense qu’elles sont mortes mais sorties de la dormance,la vie les réchauffe. Dès qu’on les remet en terre, elles nous redonnent de la vie ! Le vent l’emporte dans l’espace, large et sans limites, vers des mondes lointains. Des lieux qu’on n’a jamais vus et dont on n’a jamais entendus parler. Nous sommes arrivésainsi sur terre et on la quittera de cette façon pour un autre monde. Vers l’inconnu. Notre vie, c’est de durer dans l’espace et dans le temps, nous les hommes et les êtres vivants. Nous faisons un long voyage. C’est notre destin, comme celui du soleil dans le ciel, comme les planètes qui volent sans ailes ni eau. Nous sommes tous identiques. Nous nous croyons différents car nous sommes ignorants. On oublie ce qu’on a appris maisdès qu’on en a besoin, notre connaissance revient, comme la lumière qui éclaire le monde.

« Le centre terrestre »

— Des soldats arrivent ! Des soldats arrivent ! crie l’un des spectateurs.

Le groupe se disperse comme des fourmis au-dessus desquelles on a enlevé une pierre sur le nid. Les gens courent à droite et à gauche, déboussolés.

Des hommes organisent la vie de la cité sous le commandement d’un prêtre de l’Église de la Nouvelle Religion. Ce bourreau se prend pour Dieu sur cette planète qu’on ne peut plus appeler de son nom, la Terre.

La verdure a disparu et on en parle comme d’un mythe. Plus aucun arbre, des montagnes nues et pelées. Cela fait des siècles que les gens entendent parler de cette nature si verte, perdue à jamais.

La nourriture, aussi, est différente. Aucun champ et l’eau est introuvable. La sécheresse règne partout.

Les moyens de relation avec l’autre bout du monde sont devenus impossibles. On ne voyage plus. On ne sait même pas s’il y a des êtres vivants à l’opposé de la cité.

Peut-être est-elle la seule à avoir survécue aux changements de la planète terrestre.

Les nuits se déroulent sous les ruines de la ville et on sort uniquement durant la journée pour respirer un peuet voir la lumière.

Mais de quelle lumière parle-t-on dans la cité perdue ? Selon Sakouz, cela s’est beaucoup modifié.Le soleil était plus clair, lumineux et chaud qu’en cet an 20 000. Tellement plus agréable et brillant pour la population initiale.

Les conteurs précisent que la planète s’est transformée mais ils en connaissent mal l’origine à part de rares traces écritessur des pierres.

La lecture est devenue rare. Il faudrait un don des dieux pour expliquer aux gens ce qui leur arrive. Personne ne lit.Il n’y a plus d’école puisque aucun maître ne pourrait se référer au passé et les enseigner. Aucune source de connaissances.

Alors qu’ailleurs, dans le monde… Des notables s’y sont cachés, selon Sakouz. Ils profitent d’une vie que le peuple n’a jamais connue, et n’y a jamais goûtée. Même les seigneurs de ce monde n’ont pas de temps avant l’Apocalypse et personne ne peut les sauver de la catastrophe.

— La fin du monde approche plus vite qu’un cheval au galop, dit Sakouz.

Qui peut leur expliquer ce qu’est un cheval ? Il n’y en a plus. Tout a disparu sauf les hommes. La dernière chose dont il se souvient, c’est que le soleil s’est rapproché de la terre. Il est devenu brûlant et tellement imposant. Rouge comme le feu puis il s’est divisé enpetits morceaux circulaires. Alors les hommes ont éprouvé un vertige, un tournis qui leur a fait perdre conscience.

Ceux qui se sont réveillés se sont regroupés dans un souterrain d’une obscurité absolue au-delà de celle qu’ils connaissaient.

La vie est plutôt de la survie, comme le racontent les anciens mythes.

Le changement a eu lieu loin d’eux. Personne n’est informé sauf par de petites histoires révélées de temps en temps. Des images apparaissent et constituent des légendes qui se transmettent. Au début, secrètementavec crainte puis,enhardis, à haute voix.

Personne ne croit aux racontars. Le seul qui ose révéler les choses, c’est Sakouz mais considéré comme un fou, on ne l’écoute pas.

Il croit que c’est une révélation du ciel et des forces de la nature. Une prophétie de cette nouvelle ère.

Personne ne donne crédit à ses paroles. On a appris à travers les récits des ancêtres qu’il n’y a plus de prophète.

Sakouz est certain de ce qu’il dit. Ce sera lui qui en sera le dernier avant la fin du monde. Mais qui peut dire où se trouve la Terre, le paradis perdu ? Nul ne le sait.

Ils entendent parler de choses qu’ils ignorent. Rien de tout celan’existe pour eux. Ils croient que leurs yeux, modifiés, ne voient plus la beauté. Pas de plantes, aucun arbre, pas de fruits… Il n’y a rien à distinguer dans leur environnement. Tout est différent, comme s’ils ne se trouvaient plus dans la galaxie de la voie lactée.

Le monde où ils se trouvent n’a rien à voir avec la connaissance des ancêtres. Ni mathématicien, ni physicien, ni astronome, personne… Le monde nage dans la stupidité.

C’est ce que Sakouz annonce. C’est l’ère de l’instinct.

— Quand le monde perd tous ses savoirs, l’homme n’a plus que ses impressions pour survivre. Rien n’est perdu, tout se transforme. La mort est le chemin naturel vers les autres mondes. La vraie vie n’existera qu’après notre disparition. La réalité se trouve ailleurs, la vie qu’on a connue avant de se poser sur terre. Il n’y a plus aucune hiérarchie entre les hommes et les autres êtres vivants. Nous sommes tous égaux dans ce monde, personne n’est meilleur qu’un autre. Il suffit de laisser son instinct parler puis le guider et on vivra l’éternité !

Mais quicroira les paroles d’un fou ? Lui – mêmereconnaît que ses dires n’ont pas d’origine. Les ancêtres annonçaientla même chose mais les livres et les écritures sont perdus.

— Peut-on croire un cinglé ? se demandent les habitants de la cité. Peut-on le prendre comme sauveur du monde ? Ce n’est pas raisonnable de le choisir !

Les gens qui ont guidé les peuples depuis le début des temps n’étaient pas des fous, comme Sakouz. C’étaient les meilleurs des hommes, les élites, les plusintelligents et les plus forts, physiquement.

Aucun signe de pouvoir ni d’élection divine avec Sakouz, le fou. Les gens n’entendent que sa voix cassée, ses cris qu’illibère dans les rues dès le lever du jour pour prévenir les hommes et leur montrer le chemin salvateur.

Toutes les contradictions s’entrechoquent dans les pensées des habitants. En même temps qu’ils fuient à la vitesse de l’éclair pour échapper aux hommes de l’ordre.

Quand les hommes se séparent,chacun sauve sa peau. Après le passage de la garde, ils ne comptent plus leurs morts.Peu importe, mais qu’attendent-ils donc de la vie ?

« Un rapide fuyard »

Sakouz est arrivé à s’échapper, un vrai miracle. Les rafales lui étaient destinées. Oui, pour lui, car les autres habitants sont impuissants et ne savent où aller. On ne peut dépasser l’entrée de la cité, une immense grotte sous une haute montagne.

Ils s’y sont retrouvés. Vivants ou plutôt survivants, peu importe. Ils vivent ensemble comme des zombies sans âme. Ils suivent à droite et à gauche des sons et des voix, comme s’ils déambulaient comme des malades dans un hôpital psychiatrique.

Ils cherchent à retrouver leur mémoire. Ils aimeraient bien comprendre ce qui s’est passé et comment ils sont arrivés sur cette planète à laquelle ils ne connaissent rien. Des terres et des montagnes nues, rien d’autre.

Ils ont eu la chance de découvrir cette grotte pour les abriter comme une mère poule, sous son aile. C’est l’origine de leur vie, l’origine de l’humanité. Sans cette échappatoire, il n’y aurait que le néant.

Les gens s’informent et croient tout ce qu’ils entendent, même s’ils n’ont pas confiance en quelqu’un comme Sakouz.

Des animaux-soldats fouinent dans les quartiers. Ils ont un pouvoir démentiel. Ils peuvent s’éloigner, se perdre là-haut derrière les sommets qui entourent la cité. Ils ne craignent pas les apparitions dont parlent les habitants. Des extraterrestres, des monstres sauvages qui mangeraient de la chair humaine.

Les gens n’ont plus le souvenir de ces animaux Ils peuvent avancer tranquillement vers la gueule de la créature sans se soucier des conséquences. Ils ont perdu toute sensation.

La fin du monde ! Les gens se dirigent,groupés vers on ne sait quoi. Il faut qu’ils marchent, par un besoin instinctif. Ils cherchent à sortir de ce lieu qui les étouffe.

Ils se sentent pourtant mortels, menacés. Ils en ont l’assurance et n’attendent que leur heure.

Mais l’espoir, malgré tout,les motive. Peut-être ont-ils raison. Personne ne sait ce qu’il adviendra, sauf Sakouz.

Ce qu’il dit c’est la lumière, une infime espérance pour la survie et la renaissance. Alors les habitants se demandent ce qui pousse les soldats à chercher cet homme. Quel danger représente-t-il pour la cité ?

Un simple idiot ? Les gens ne le croient guère. Ils l’écoutentpour passer le temps, il n’a aucun pouvoir sur eux. L’intérêt des soldats pour cet homme les laisse cependant perplexes. Ce n’est pas anodin que la force soit ainsi mise en branle dans la cité.

Habituellement, les soldats surveillent de loin. Ils ont un pouvoir effrayant, ils connaissent ce que les personnes pensent, ce qu’elles imaginent. Ils lisent dans leurs pensées… Sans même un interrogatoire, les soldats appréhendenttout. Ils voient et ils perçoiventtout, sans se déplacer.

Il leur suffit de penser à la personne ou de ressentir ses mouvements pour visualiser et entendre. Images et son. Peut-être encore plus, qui sait ?

Les gens comprennent cette surveillance qui s’intensifie. Comme si leurs pensées étaient à nu, à découvert, au su des surveillants. Ils ne se trompent pas.

Sakouz dit que ces soldats sont des extraterrestres venus de loin, envahir la planète des hommes. Des animaux humanoïdes dénués de sentiments et de regrets. Ils mangent de la viande humaine, comme les carnivores. Ils ne respectent aucune loi sauf celle de leur chef, le Bourreau de la cité.

Celle de la fin du monde, comme le pensent les habitants, la cité de la disparition de la terre, le berceau des hommes, leur mère nourricière !

Ils se sont transformés eux aussi, sans le réaliser. Ils ont un don de communication étrange, une sorte de télépathie. Ils partagent des informations entre eux, seulement avec leur corps.

Ce changement, personne ne sait comment il leur est advenu et ils cherchent à le comprendre.En pensant simplement à quelqu’un, ils font les questions et les réponses.

Ils croient être ensorcelés et ont vite accepté cette singularité. Ils ont compris que c’est le réveil d’une fonction oubliée de leur corps.

L’homme peut tout entendre et tout voir ! Pour autant, on ne dit pas tout. Des éléments restent secrets.

Les soldats extraterrestres, eux, possèdentun autre moyen de communication et ça, les citoyens ne le partagent pas.

Les hommes simples peuvent cependant camoufler leurs connaissances, même dans ces circonstances de fin du monde. Ils protègent toujours leur paradis et peuvent empêcher un indésirable de s’introduire dans ce domaine intime. Il faut se prémunir contre les autres, surtout les ennemis par instinct de survie.

Sakouz explique cette capacité etindique comment procéder.

— Il faut bloquer les intrus. Rester vigilants, yeux grand ouverts. On ne sait toujours pas ce qui s’est passé et on ne reconnaît plus rien de l’environnement !

C’est pour ça qu’il est considéré dangereux par le Bourreau et les soldats car il voit loin, très loin plus que ce qu’ils admettent.

— Ce n’est qu’un fou qui crée son monde irréalisable, pourquoi les soldats lui courent-ils après ? Il s’échappe, ce qui paraît impossible à un homme sain d’esprit !

— Il n’est pas si fou que ça ! Il représente un danger pour la cité.

— Et s’il était le vrai sauveur ? On en a besoin… Mais un homme n’a pas de force devant les soldats.

L’assemblée se disperse. Tant qu’elle cède aux règles, tant qu’il n’y aura pas un décret du chef, elle sera saine et sauve. Les soldats n’interviennent donc pas.

La terreur domine quand elle aperçoit que des personnes en uniformes courent silencieusement. Pas une voix, seulement le bruit deleurs brodequins et de leurs protections. Celles-ci se confondent avecleur peau ou est-ce une carapace naturelle ?

Quand ils parlent, la voix est métallique. Les soldats se protégeraient-ils des criminels en la modifiant ?

Leurs armes sont puissantes, éclatantes de lumière et insonores. Les cibles touchées deviennent informes. Après leurs attaques, plus rien. Une terre de fumée et de cendres.Terrifiant.

Les habitants assistent avec étonnement à leurs entraînements. Ils se demandent où ils ont pu se procurer leurs armes dans un monde où rien ne fonctionne, ils possèdentdes instruments de destruction définitive.

— C’est comme de la magie !

Le silence règne sur la place. Certains soldats sontau garde à vous, d’autres ont continué leurs recherches. Ils ont recensé la population, mais le seul qui n’alaissé aucune trace, c’est Sakouz !

Est-il humain, ange ou diable ?

Y a-t-il espoir que la vie continue ?

« Le numéro inattendu »

Sakouz est prêt à affronter l’ennemi qu’il connaît mieux que tout le monde. Même s’il y semble étranger, il appréhende tous les coins de la ville. Y aurait-il déjà habité dans une autre vie ? Il n’est donc pas si fou que ça ! Sans doute moins qu’on le croit.

La folie, c’est l’inconscience du risque tapi autour de soi. L’ignorance du danger qui nous cerne de près.

Le Bourreau et les soldats, avant même la nature, annoncent-ils la fin du monde ?

Ils ont volé la terre et ils en exterminent les hommes désespérés.Pourtant l’espérance peut être illimitée sans se prendre pour des dieux.

L’hommerêve de créer sa vie. Il neprétend jamais d’en matérialiser d’autres mais de maintenir la sienne. S’il arrive à semer la graine de l’humanité, ce seraune réussite pour laquelle l’homme a une mission.

Surtout nepas laisser passer l’occasion, avancer main dans la main pour sauver la Terre.

Une seule personne ne pourrarien. Elle sera faible devant le gigantisme de la nature mais à plusieurs, sincères, elles seront dominerontle diable. Aucune force ne pourra résister devant elles, solidaires et unies.

Sakouz est très rapide. Il ressemble à un vieillard mais ses jambes sont celles d’une gazelle, comme ille raconte dans ses histoires. Sa course est identique à la coulée de l’eau sur du sable. Elle pénètre partout et les petits grains l’entourent et la rende invisible.

C’est l’un des missionnaires chargés de lutter contre la fin du monde. Il le ressent intimement et il s’engage pour cette cause. C’est dans ce but qu’il navigue inlassablement dans la ville et qu’il discourt pour prévenir les habitants de l’existence de l’ennemi.

Selon lui, si on est sur le bon chemin,des yeux nous surveillent et nous protègent du mal en guidant notre esprit.

Soudain, une main tire fortement sur l’épaule de Sakouz et l’emmène vers la grotte par un passage secret que seul un extraterrestre, normalement,peut voir.

L’homme qui l’a mitraillé de questions, le notable, Chanat, vient donc à son secours.

Un vrai ange terrestre, pense-t-il. Le seul, parmi les habitants, à ne pas le prendre pour un vieux fou.

« À la recherche du sage de la cité »

Sakouz n’a aucun souvenir sur la bourgade et les chemins qu’il faut emprunter dans la grotte. Il les découvre et la vie est comme une page blanche qui s’écrit peu à peu.

Les villageois, eux aussi, ont perdu tout souvenir et tout lien avec le passé. Pour le futur, ils ne savent pas que sa limite est atteinte.

Pour la première fois, Sakouz fait confiance à quelqu’un. Il se laisse guider par Chanat qu’il reconnait unique et peut être allié pour sauver la Terre et ses habitants.

Très prudemment, les deux hommes avancent. Les rues sont désertes et un silence de mort hante les lieux.

— On avance vers l’enfer ! explique Chanat. Pour le paradis, il nous faut traverser le chemin du feu. Nous n’avons pas d’autre choix. Nous sommes chanceux d’être les élus de cette mission impossible. Nous sommes assurés de sa réussite, si nousne commettons pas d’erreur irréparable. La vie des nôtres est entre nos mains, nous n’avons pas le droit de les mettre en danger. Soyons prudents. Écoute ton instinct, Sakouz. Moi seul, je ne pourrais rien.

— C’est ce que je pense, mon sauveur. J’ai confiance en toi même si de nos jours, il ne faut pas faire confiance aux étrangers. Je parle des soldats et de leur chef, le Bourreau ! Mais avec toi, Chanat, je suis serein. Tu m’as sauvé la vie, en me soustrayant aux guerriers de la mort. C’est déjàla preuve que tu me veux du bien. Ce n’est pas seulement pour moi car je n’ai pas de valeur personnelle et ce qui compte le plus, c’est la survie de notre monde, notre planète.

— Tout à fait. Tu as bien compris, tes interprétations sont raisonnables. Peu importe ta vie ou la mienne, devant celle de l’humanité. On ne peut exister, ni toi ni moi, sans la vie terrestre. Ce dont on est sûr c’est qu’il ne reste pas beaucoup de temps avant la fin. Nous n’avons pas besoin de preuves pour en être convaincus. Nousconnaissons la vérité etelle nous dirige vers les portes lumineuses, celles qui permettront de nous échapper pour sauver le monde et que la vie continue. Si on donne l’exemple, on n’aura non seulement préservé notre génération et notre Terre maisnous aurons démontré à l’homme comment survivre éternellement et résister aux éléments de la nature.

— C’est une noble mission et elle m’est chère. Mon nom sera écrit à jamaisdans l’univers. Le premier homme à réussir la recherche de la vie éternelle non pas des dieux mais des hommes heureux.

Ce ne sont que chuchotements entre les deux hommes. Leurs pieds caressent doucement la terre comme des amoureux dans les moments tendres ou comme la main d’une mère sur la peau de son nouveau-né.Dès qu’ils entendent un bruit, ils se taisent et se mettent à l’abri des regards, immobiles. Ils s’attendent, à chaque déplacement, à rencontrer l’ennemi.

« Les soldats de la mort »

Sakouz apprend que les soldats ne sont pas des êtres humains mais une espèce d’extraterrestres, desBêtes de l’espace, comme les appelle Chanat.

— Ce sont de nouveaux arrivants.

— J’avais un pressentiment. J’ai senti que cene sont pas des êtres normaux.

— Tu peux en être certain car j’étais l’un des invités de leur chef, le Bourreau Farrad. Il a convié les notables pour négocier un accord de paix. Il voulait aussi que les citoyens soient attentifs aux soldats pour éviter les malentendus et permettre à la loi martiale d’organiser la cité et la sécuriser.

— Je ne crois ni à sa paixni à ses accords, l’interrompt brutalement Sakouz.

— Je te comprends et je suis rassuré par ton raisonnement très sain. Le chef des soldats veut manipuler les habitants pour effectuer le programme de sa feuille de route. Les hommes ne sont que des bouchées de chair à manger, morts ou vifs. La prophétie de nos ancêtres est présente et donc la population des autres planètes n’est pas notre amie.

— Mais que veut-il des hommes ? Qu’ils les laissent vivre en paix ences temps difficiles ! On a besoin d’aide et non d’un vampire qui suce notre sang et nous rapproche la fin, crie Sakouzavec colère.

— Tu poses la question sur ce qu’il veut ! Tu as raison, car c’est la clé pour ouvrir la porte de la compréhension ! Ils veulent devenir des hommes ! répond Chanat avec un sourire malin.

— Ils veulent être humains en tuant des hommes ? Ce n’est pas ça l’humanité telle qu’on l’a connue, nos ancêtres et nous ! poursuit Sakouzle fixant les yeux écarquillés.

— Bien sûr qu’ils ne cherchent pas l’humanité et la civilisation. Ils veulent changer, passer d’animal de l’espace à l’être humain. Dans leur société et dansleurs valeurs, l’homme estle plus noble. C’est lui l’élu pour le paradis et la vie éternelle. C’est pour ça qu’ils s’acharnent. Ils veulent être, eux aussi, de cette noblesse.